_ « Bonsoir. La réservation au nom de Edgeworth, s’il vous plaît ? » La rouquine sourit au Maître d'Hôtel un Britannique à la mine sévère, qui consulta l’interface tactile d’un oeil grave. Une légère inclinaison du menton, puis il tendit sa paume vers l’avant en invitation. Une jeune femme en uniforme noire, apparue dans la seconde, pour conduire Maître Keenan au coeur de la salle de restauration déjà aux deux tiers remplie.

Jessica marcha un pas en retrait de sa guide. La sacoche de cuir noir se balance doucement au bout de sa main droite. Un imperméable noir lui aussi -de chez Jacobs la nouvelle coqueluche des States- est ouvert sur une robe rouge aussi élégante que voyante. Certes c’est un dîner d’affaires en ville. C’est aussi dans l’un des endroits les plus huppé de la capitale. Là où chaque apparition compte comme une campagne promotionnelle. D’ailleurs quelques personnes du gratin sont attablés ce soir.

_ « Merci. … apportez-moi un paquet de Lucky-Strike. » Annonce Jess en faisant glisser le manteau de ses épaules. La robe rouge est échancrée en forme de “V” qui s’arrête juste au-dessus des reins. La chaîne en argent d’un long collier sautoir glisse sur la naissance du dos. De quoi attirer le regard de tous les milliardaires à la prostate défaillante. C’est une provocation dont on lui reconnaît les secrets. Les tabloïdes adorent écrire sur cette émigrée Américaine à la sulfureuse jeunesse. Cependant, depuis qu’elle est sur cette île maudite, la belle héritière contrôle tout ce qui se dit avec une main de fer.

Elle tire discrètement sur le bas de sa robe pour s’installer, les chevilles croisées placées en arrière de la chaise. Un jeune et joli serveur approche, avec un plateau d’argent, où se trouve cendrier et cigarettes. Jessica saisi le paquet tout en étudiant l’étudiant au teint clair. Elle lui décoche un sourire séducteur, amusée par la façon dont il la dévore des yeux. Elle attrape l’objet avec une sensualité suggérée. Les ongles carmins déchirent délicatement l’opercule autour du paquet.

_ « Merci… Calvin. » Souffle-t-elle après avoir lu le nom sur le badge noir aux lettres dorées. Le jeune homme fait un effort pour ne pas déglutir. Il peine à détacher ses yeux de la bouche pulpeuse et prometteuse de l’avocate. Elle sourit et ses dents blanches ressemblent à celles d’une splendide Tigresse. Le jeu s’arrête au moment où deux silhouettes approchent. Henry est là. Jess porte la cigarette pour une première aspiration. Elle relâche la fumée vers le plafond. Un sourire carnassier lui vient alors qu’elle sent l’homme faire le tour pour s’installer devant elle. Elle observe son costume d’un oeil amusé.

_ « Jolie cravate. » Se moque-t-elle du motif exotique qui tranche avec le reste de la tenue. A son regard, elle semble lui dire “C’est ton petit prince qui l’a choisi je pari.” Si la vie privée de Jessica intéresse les médias celle d’Henry aussi. Quand est marié avec l’un des membres de la famille royale anglaise on devient une sorte de sommité.

Mais, ça reste que le parquet du tribunal, que leur faits de gloires sont les plus connus. Deux camps opposés, deux méthodes, deux battants, qui passent leur temps à se faire la guerre. Le cabinet de ce charmant british est celui qui mène le plus la vie dure à Keenan. Une fois encore une affaire les amène au pied du mur. C’est un peu plus compliqué que les fois précédentes. On parle de quelqu’un de la Chambre. Jessica n’aime pas les politiques pour ça. Le pouvoir et l’argent leur montent vite à la tête. Ils commencent à faire n’importe quoi. Comme s'amuser avec la mauvaise fille au mauvais endroit, au mauvais moment. Un classique des affaires de moeurs. C’est ensuite à elle de nettoyer sur leur passage. Autant dire que ce n’est pas ce qu’elle préfère faire dans le métier.

_ « Alors…. » Le mot plane entre eux. La rousse n’en dit pas plus. Elle savour l’ouverture de cette nouvelle partie de poker juridique.