Repéré lors d’un vernissage d’une galerie réputée, le client vivait dans un luxueux appartement situé tout en haut d’un immeuble moderne et racé. Lyov s’était renseigné sur l’homme, d’abord sur internet puis à la bibliothèque afin de lui garantir un certain anonymat bien que comme tout bon geek moderne, Lyov dispose d’un vpn lui assurant un certain anonymat sur le net. Il avait réussit à obtenir son agenda en scrutant sa vie mondaine sur les réseaux sociaux professionnel. L’homme étant un PDG d’une bonne dizaine de star-up, qu’il ne tarderait à revendre avant d’en créer d’autre, il était fatalement très présent sur les réseaux sociaux, et donc, facile à suivre. Lyov s’inquiétait d’éventuels employés mais le client était plutôt du genre à faire confiance à des objets connectés plutôt qu’à des êtres de chair, ce qui facilitait l’opération. Lyov avait son petit kit de hackeur. Même s’il n’avait jamais été un génie de l’informatique, il avait passé suffisamment de temps derrière les écrans pour pouvoir gérer à minimat sur place son petit kit. Ce dernier n’avait été fabriqué par Lyov lui-même mais par l’un de ses rares amis du lycée avec qui il avait gardé un lien, un petit génie de hackeur. Tout ce qu’il avait à faire était de hacker le système domotique, et le lieu serait à lui.

Le jeune homme s’était glissé dans l’immeuble sans encombre. Il était encore suffisamment jeune pour qu’on le laisse entrer à peu près n’importe où sans poser de question, l’âge d’être le neveu, le fils, le petit cousin. L’âge où il était normal d’entrer à pas d’heure. Cela lui permit de naviguer dans l’immeuble sans être questionné ni même arrêté. La porte d’entrée ne résista pas à son jeu de passe qu’il s’était acheté. L’alarme piratée rapidement grâce au système qu’il avait mis en place, enfin, plutôt au kit que son pote lui avait fourni. En moins que cinq minute la machine craquait n’importe quel code, et en dix, elle s’introduisait dans le système. Tout ce qu’il avait suffit était de pirater la box internet du propriétaire, chose faisable de l’extérieur. Lyov avait un sourire béat, content d’être rentré si facilement et de ne trouver d’opposition sur son chemin. Il espérait seulement que le riche collectionneur aura centralisé toute sa sécurité. Certains préféraient utiliser des systèmes différents, surtout pour protéger des œuvres coûteuses. Il s’était déchaussé afin de ne faire aucun bruit, et marchait à pas de loup, presque dansant sur le parquet luisant.

Soudainement, il stoppa net en entendant un bruit provenant d’une pièce de l’appartement. Il avait étudié les plans de l’appartement, disponibles sur google en cherchant bien même si les plans avaient été retirés après l’achat de tous les appartements lors de la vente du promoteur, google photo gardait en mémoire beaucoup de choses supposées supprimées. C’est pour cela que Lyov gardait ses réseaux sociaux sous bonne garde. Il observa silencieusement l’appartement devant lui, cherchant des yeux et des oreilles le signe d’une autre présence. Un animal peut-être ? Il n’avait pas vu de photo d’animaux sur les réseaux sociaux du client, mais on n’est jamais à l’abri d’une mauvaise surprise. Si c’était un chat, il pourrait gérer, mais un chien ? Il s’avança jusqu’au séjour et là, il la vit.

Le chat était adorable. Ce n’était qu’un chat. Lyov se senti soulagé. Il se baissa pour caresser la petite tête de l’animal se frottant à lui. Il savait pourtant, que les chats ne font cela que pour marquer leur territoire, mais au moins, l’animal ne l’a pas attaqué. Lyov glisse un doigt derrière l’oreille et le caresse. Il sent un autre regard posé sur lui, et cherchant des yeux, distingue un autre chat. Bizarre qu’il n’y avait aucune image d’eux en ligne, les gens adorent poster des photos de leur chat, bien plus que de leur chien. Le jeune homme murmure à l’animal « Où étiez-vous caché ? » Il caresse le chat tout en réfléchissant. Est-ce que l’animal représente un danger ? Les caméras et le système de sécurité a été coupé, il en est certain. Un chien aurait pu aboyer, révéler sa présence, inquiéter les voisins, mais un chat ? Surtout lorsqu’il ronronne en se frottant à vous ne représente pas un danger… en revanche, il répand ses poils et donc une preuve sur sa jambe, le jeune homme songe qu’il lui faudra nettoyer ce pantalon au plus vite.

Alors qu’il réfléchit, les chats l’abandonnent au moment où résonne un miaou si humain. Surpris, il se retourne. La terreur l’habite un moment. Il pensait se retrouver nez à nez du propriétaire ou de son fils, la main dans le sac, et voyait déjà sa carrière compromise, son avenir également, entendait déjà ses parents l’engueuler, mais la femme lui tenant face ne fait pas parti de la famille vivant ici, et sa tenue ne laisse aucun doute sur sa fonction. Lui en revanche, a l’air d’un débutant il est vrai. Elle tourne autour de lui en commentant son interruption. Il se raidit, et réfléchit à toute vitesse. Si elle est cambrioleuse comme lui, ils pourraient s’entre-aider. Il espère qu’elle n’est pas du genre à tirer l’alarme et à se tirer en le laissant dans la panade. A dire vrai, il n’avait encore jamais rencontré de collègue. Il ignore quel parti adopter. « Moi, te voler… non, pas du tout… je… » il s’emmêle les pinceaux. Son regard court autour de lui, cherchant une issue, une solution.

« Ecoute, on n’est pas obligé d’être ennemi. Nous pourrions nous partager le butin. » proposa-t-il sachant qu’elle pourrait très bien refuser. Vu la tenue qu’elle porte, il est évident qu’elle est plus professionnelle qu’il ne le sera jamais. Aurait-elle envie de partager son butin avec un adolescent ? Il savait de quoi il avait l’air avec son polo à rayure et son jean troué. Oh lui avait parfaitement choisi son look, celui de l’adolescent typique, de bonne famille, celui qui passerait aisément pour un ami du fils du propriétaire si des questions devaient se poser. « D’ailleurs, qu’étiez-vous venu chercher ici ? Nous avons peut-être un but différent… » tenta-t-il sachant que ce qui l’intéressait était les œuvres d’art ici, et qu’il était venu pour une toile précisément.

Lyov espérait qu’elle était venue vider le coffre qui devait certainement y avoir ici. Lyov en était même certain puisqu’il avait vu lors de son décryptage, un fichier correspondant à un code à chiffre. C’était différent du code de l’alarme, trop long pour cela, et pourtant trop court pour un code wifi. Pour avoir fait plusieurs fois cela, il savait parfaitement ce que cela voulait dire mais il s’en fichait, ce n’était pas l’argent liquide et quelques diamants qu’il venait chercher même s’il ne voyait pas cette famille posséder des diamants, plutôt des objets technologiques de grande valeur. Certainement quelques innovations qui pourraient se revendre à prix d’or mais il ne voyait pas non plus la demoiselle lui faisant face revendre ce genre de choses. Et merde, elle venait sans doute pour le tableau elle aussi. Comment pourrait-on le rater ? Sa valeur sur le marché vaut son pesant de diamants et sans doute tout ce qu’il peut y avoir dans ce fichu coffre. Le jeune homme se mordille la lèvre inférieure. « Pas vraiment. » souffle-t-il d’une voix à peine audible.

La femme lui fait signe de le suivre, et comme le pauvre idiot qu’il est, il la suit. A dire vrai, c’est elle qui mène la danse. Elle est plus âgée, plus expérimenté et certainement plus sûre d’elle également. Les chats la suivent, et vraisemblablement, sont à ses ordres. Qui donc vient faire un cambriolage ainsi vêtue accompagnée de ses chats ? Qui était cette créature impossible ? Lyov l’observait fasciné jusqu’à ce qu’elle le mette au défi d’ouvrir le coffre. Là, le pincement aux lèvres se transforme en un petit sourire amusé. Lyov a toujours aimé les défis mais là, c’est presque trop facile. Il a vu un code qui ne peut être que celui d’un coffre fort, mais… et c’est là le hic, le coffre peut présenter une double sécurité. Il s’avance prudemment, sortant son téléphone portable de sa poche. « Ouvrir le coffre ? » fait-il plus à lui-même qu’à la voleuse de haute voltige. Il observe autour de lui le mur s’étant ouvert, la porte blindée, énorme à dire vrai. Peut-être qu’il y a plus que quelques babioles. Son regard se rive sur l’écran. Il espère ne pas se retrouver derrière une reconnaissance rétinienne ou à empreinte digitale, et il compose nerveusement le code. Pas d’alarme, pas de piège fatal, juste un petit bip, et une clenche qui s’ouvre, la porte qui s’entrouvre.

« Je… je l’ai repéré à une galerie d’art. » murmure-t-il sans vraiment faire attention à ce qu’il dit. Ses yeux sont rivés sur l’intérieur du coffre, et ce qu’il s’y cache. Il s’attendait à bien des choses, de l’argent, un prototype d’une intelligence artificielle ou un robot tueur peut-être, avec les magnats de star-up qui pensent révolutionner le futur, on sait jamais. Mais ce qu’il avait sous les yeux était bien plus inquiétant. Des petits sacs blancs, les uns sur les autres. Il n’était pas un expert dans le domaine, mais ça ressemblait bien à de la drogue. « Merde. » lâche-t-il en reculant.