_ « LUDO !! » Jessica crie pour se faire entendre par dessus la musique. Elle voit le barman tourner la tête dans sa direction et elle lui montre son shoot de tequila terminé. [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] lui fait un signe qu’il arrive. Il reprend sa conversation avec un autre client avant de venir au niveau. « Tu dragues déjà ? » S’amuse la rouquine à l’encontre de l’homme. Il est à peine minuit. Il est tôt en somme. Il lui tend lui prend le verre vide avec un sourire en coin. Mais il ne lui répond pas. C’est un silence qu’elle interprète à sa guise. Ils font ce petit jeu depuis un an ou deux. Elle aime cette complicité qui lui change des mecs lourds et sans cervelle. « Merrrci ! Allez retourne s’y avant qu’il s’échappe ! » Et elle s’éclipse en riant, montrant ses canines blanches.

Une vibration dans sa main droite. Elle a activé Tinder ce soir. Ce n’est pas l’appli qu’elle préfère. Mais c’est là qu’elle trouve les plans sans prise de tête. Depuis un quart d’heure les propositions défilent. Homme, femme, jeune, moins jeune, elle rit en voyant la photo d’un trans’ carrément provocateur. Il n’y a encore rien qui lui donne suffisamment envie. Elle n’a pas envie de faire d’effort. C’est son premier jour de vacance depuis l’hiver. Tout ce qu’elle veut c’est s’amuser un peu et sans regarder par dessus son épaule. C’est pour ça qu’elle est venu dans le bar de Ludo.

Keenan délaisse le verre vide sur un une table. La dose d’alcool lui brûle la gorge juste comme il faut. Elle écarte ses cheveux roux derrière ses épaules avec un sourire gourmand. Adios le trois pièces de l’avocate. Bonjour la robe sexy de chez Prada. Le rouge de toute façon, c’est sa couleur, et elle le sait pertinemment. Cela lui fait du bien de pouvoir sortir sans l’étiquette. Elle le faisait plus souvent à L.A. Elle jauge les danseurs et en choisit un qui bouge pas mal pour aller l’alpaguer et danser. Ils bougent bien ensemble. C’est à la limite entre la trans et le zouc, ce qu’elle aime bien.

Mais brusquement le DJ change de style de son. La piste ralentie. Les vibrations technonic disparaissent, pour un morceau qui se danse clairement sous LSD. Un truc qui est plus de la deb. Jess délaisse son cavalier avec un sourire un rien allumeur. Ici, les gens savent qu’il faut respecter les dames. Les vigiles suivent les ordres de Cruz. C’est un autre avantage dans le coin. Il n’y a rien à craindre de personne. Jessica commence à chercher l’un des dealer habituel voir si elle peut avoir quelque-chose. Mais, il n’a pas l’air d’être là. Ce n’est peut-être pas plus mal. Ca fait un moment qu’elle n’a rien pris de fort. Avec le boulot c’est trop risqué.

Dans un haussement d’épaule, elle retourne sur la piste. Elle est au tout début de l’ivresse. Juste assez détendue pour mettre le boulot de côté. Elle ne pense pas non plus aux billets d’avion que lui a envoyer sa tante pour qu’elle rapplique. Elle n’a pas envie d’aller en Californie cet été. Elle sait qu’ils vont chercher la dispute. Ce n’est pas de ça dont elle a besoin en ce moment. Les mains levées Keenan imite de vagues mouvements orientaux, en dansant seule. Les yeux fermés elle se laisse entraîner par le tempo. Une chaleur pas loin attire son attention.

Malgré le noir, la fumée, elle repère une jolie gueule blonde. Le visage lui dit quelque-chose. Il doit déjà être venu ici. Avec un petit sourire charmeur elle vient danser avec lui. Elle lui tourne le dos et ondule lentement pour accompagner ce qu’il fait. Il faut un temps pour accorder les violons. Ensuite c’est que du plaisir. Le corps à corps se prononce un peu plus. Jess sent le petit courant électrique qui vient.

_ « Tu m’offres un verre ? » Propose-t-elle dans le creux de l’oreille du gars, avant de lui faire face, le prendre par la taille et entamer un mouvement plus suggestif. Du coin de l’oeil elle repère une alliance et ne peut pas s’empêcher de sourire en coin. Les hommes qui sont prêts à l’infidélité sont souvent les plus intéressants…

Keenan a une façon à elle d’évaluer le potentiel de quelqu’un. Elle fonctionne avec un système de grille. Une manie qui date de ses années de faculté. En droit, établir la meilleure des stratégies, passe par une évaluation minutieuse de TOUS les éléments. Puisque dans ce domaine, comme dans les autres, Jessica aime avoir accès au mieux elle a établi ses critères de réussites. Elle note donc que celui-ci n’a pas les mains baladeuses, qu’il tient visiblement l’alcool et en plus qu’il est observateur.

_ « … Pas mal. » Répondit la rouquine tout en suivant le mouvement initié. Elle penche vers un alcool aussi sec pour lui. Peut-être à cause de sa manière de tenir le verre qu’il a à la main.

Elle s’installe à côté du grand blond en tournant le dos au bar, pour avoir la salle devant les yeux. Ses yeux de tigresse fouillent la foule. Mais, quand elle entend l’homme interpellé Ludovic avec familiarité elle se retourne vers les garçons. Le sourire au coin de ses lèvres se teinte d’ironie. Elle le regarde faire, puis la fixer. Elle sourit un peu plus maligne et répond finalement.

_ « Un sans faute. » Approuve-t-elle, en entendant le rire du barman qui commence à préparer la commande.

_ « Observateur donc. » L’avocate pose sa sacoche sur le bar sans un regard. Elle sait que ses effets personnels seront toujours en sécurité dans cette boîte. Elle se tourne vers le seconde barman fait signe et attrape un bol d’olives noires entre eux. Ses doigts peints en rouge attrape l’une d’entre elles. Un autre sourire lui vient, joueur, moqueur. « Et bon buveur. Il faut ça pour connaître Ludo. »

Deux verres apparaissent sous leur nez. Les boissons sont faites avec rapidité. Chaque verre témoigne d’une attention particulière. Ludovic adresse un clin d’oeil à ce tandem atypique.

_ « Ceux là ils sont pour moi. » L’homme plonge une main vers le bas. Il sort de sa poche de jeans une carte de visite. Il la plaque sur le bar à côté du verre de Jessica. « Je lui ai parlé de toi. Il n’a pas de fric. Mais il est cool. »

Jessica, amusée par cette introduction habituelle des “Cas Cruz” jette un regard furtif sur la carte. Elle la prend pour la ranger dans sa sacoche.
_ « Hum. Je vais voir. » Mais la question d’une bonne action attendra une aube nouvelle, voire même quelques jours. Les vacances débutent. Le break elle l’a attendu depuis un bout de temps. Elle accepte le baiser sur sa joue dans un petit sourire. « Oui oui. Je suis la meilleure. Allez maintenant laisses-moi draguer. »

_ « Haha. Je te fais un burger Lev ? » Demande le gérant, en allant à deux mètres pour entendre un nouveau client. Jessica regarde sans commenter. Mais elle n’en pense pas moins. Elle connaît bien Ludo depuis le temps. Alors, elle repère quand un mec lui plait. Donc, elle commence quand même à se demander si l’alliance a un sens.

_ « T’as l’air d’être un favoris du coin. … T’aimes t’amuser… ? » Elle prend le verre de vodka et descend un quart.

La musique est forte. Mais elle ne casse pas les oreilles. Jess n'a pas à faire d'effort pour entendre son interlocuteur. Il a une façon de prononcer les "j" qui pique sa curiosité. Un Polonais ? Le regard circule du sourire, à la gorge, aux épaules plutôt musclées. Un sportif ?

_ « C'est ce qui se dit. » Glisse-t-elle avec un rien d'ironie féline.

Au style vestimentaire du beau blond Jessica se fait également une petite idée sur son niveau de vie. Il fait partie de cette classe moyenne et un peu laborieuse. Enfin cela s'observe surtout depuis la nouvelle gouvernance. C'est aussi assez visible dans la clientèle qui aborde son cabinet. Les riches sont de plus en plus riches. L'inverse est vrai aussi.

_ « C'est ce qui me perdra ! » Prédit Ludovic avec humour avant de rire franchement de cette idée. Ca ça pas l'air de lui faire peur. Cruz est connu pour être généreux avec les gens. Un homme généreux et bienveillant avec ceux qui en ont besoin. Il n'est pas dans le social. Mais c'est tout comme. Un héro ordinaire comme les journalistes aiment bien les appeler. Keenan apprécie cette bonté chez lui. De temps en temps, cela lui donne envie de participer à sa façon. « Je m'en doutais. » Il interpella la rouquine. Jess sourit à ce beau brun inaccessible. Il y a entre eux une complicité ancienne. Ludo a été présent à un moment, disons compliqué, pour elle. Il sait où elle en est, avec les cachets, la boulimie, le reste. Le revers de la cage dorée. « Jess ? » Mais, il tente toujours la chance.

_ « Va pour un burger. » Affirme-t-elle avec un sourire en coin. Soir de fête et de libertés, qui va lui faire du bien. Le barman a un regard rassuré pendant une petite seconde. Il disparaît pour aller faire la commande aux cuisines. La conversation reprend naturellement.

_ « L'air et le goût. » La malice décontractée du type ne la trompe pas. Il doit être aussi fêtard qu'elle. C'est quelque-chose qui se devine. Leurs verres s'entrechoquent. Keenan a un sourire amusé. Elle hausse un sourcil. Il est vrai qu'ils se sont croisés plus d'une fois. Elle se tourne vers lui, sert la main tendue. « Salut Lev. » Prénom aux consonnances russes constate la rousse en elle-même. Peut-être pas un Polonais finalement. Elle connaît les communautés présentes sur le territoire. Ca fait partie du job. Les gens de l'Est ne sont pas les plus nombreux. Elle garde un peu sa main dans la sienne, par jeu. « Jess. » Dit-elle en retour. "Jess" plutôt que "Jessica Keenan" pour cette nuit. C'est plus simple. Elle n'a pas envie de se prendre la tête. « Comme il vient de le dire. » Le regard et rieur. Puis, elle lâche sa main. Elle se cale tranquillement contre le bar.

_ « J'ai mes premières vacances depuis six mois. » Annonce-t-elle pour lever toute hésitation. Son oeil de tigresse brille. Généralement, dans ces cas là soit l'autre partie se dégonfle, soit c'est le départ d'une bonne soirée. Jess est là pour lâcher prise. En même temps le travail au parquet et ailleurs ne laisse pas dix-mille options. Heureusement que Keenan aime encore ce qu'elle fait et qu'elle a les bons produits pour tenir la cadence. Elle veut être la meilleure ni plus, ni moins. « Alors Lev ? Qu'est-ce que tu fais de beau dans la vie ? » En attendant le dîner ils doivent patienter. Et joindre utile et agréable c'est un peu une spécialité dans le coin.

Jess cache un sourire en coin en buvant une gorgée. Ce n’est pas Lev qui l’amuse mais la tendance des gens à rapporter tout à l’argent. Elle est née avec le capital d’un millionnaire. C’est son frère qui gère le pécule depuis quelques années. Mais elle est sûre de ne jamais manquer d’argent de sa vie. Alors ce n’est pas ce qui la motive dans ses choix.

_ « Pas mal oui. » Entre le contrat particulier avec la De Santis et les missions intérimaire au service du Réseau Jessica gagne plus que ses comparses qui sont en cabinet de ville. Ca fait partie de ces éléments qui agacent les chevaliers blancs de la justice. Mais chacun à choisi son camp en connaissance de cause. « Je le fais surtout parce que je m’éclate. » Lui dit-elle en croisant le regard de Ludovic. Elle sait très bien ce qu’il pense. Ce qui l’attire c’est le plaisir de jouer et surtout de gagner. Personne ne la changera.

_ « Pompier ! Je n’en connaissais pas encore. Un héros. » Remarque-t-elle amusée. Elle n’est pas contre qu’un homme comme ça la mette en feu d’ailleurs. Mais, il est un peu tôt pour lancer ce genre de messages. Jess fonctionne aux relations courtes et plaisantes. Elle utilise la modernité pour trouver ce dont elle a envie. C’est moins envahissant. « Tu fais le calendrier des pompiers de la ville ? » Il a l’air athlétique. De quoi prendre plaisir à regarder. Elle imagine vaguement ce qu’est le métier. C’est un peu comme de travailler en médecine ou dans la police. « Mmm. Mais je paris que tu sais comment décompresser. » Ils ont le même profil de soirée. Kenenan le voit bien.

Elle trouve l’idée qu’il propose bien trouvée. Il y a des promoteurs immobilier chez les Keenan; On lui avait prévu une belle place dans une boîte en or. Un poste qui n’aurait nécessité aucun effort. Elle repose son verre.

_ « Non. » Les yeux de la rouquine se teintent d’une lumière taquine. Elle aime quand elle peut mettre quelqu’un dans l’expectative. C’est une façon de contrôler le jeu. Avant que le silence devient trop long elle répond à la curiosité. « Je travaille dans le droit. » Elle n’a pas envie d’aller chercher ses cartes de visite. Ce sera pour plus tard. Elle n’a pas besoin de nouveaux clients de toute façon. Mais, elle sait que les femmes de pouvoir excite les hommes, plus qu’elle ne l’aurait pensé en commençant sa carrière. « Je l’aide de temps en temps. Il a tendance à avoir des amis qui ont des ennuis. » Cherche-elle indirectement l’absent autant que le charmant pompier; Pour elle ce n’est pas un problème. Les gentils garçons ont rapidement tendance à l’ennuyer.

_ « J’aime bien jouer avec le feu aussi. » Ajoute Jessica pour rebondir sur l’une des remarques. Bien qu’elle évoque surtout le plan privé c’est également vrai sur le plan professionnel. Son ascendance est surtout dû à des prises de risques. Sauf que quand on évolu au milieu des mafieux c’est à double tranchant. « En fait j’aime bien vivre à fond ce que je fais. Tu vois ? » Elle n’en doute pas.

Le lancement d’une musique attire son oreille. Un tube qui fait bouger. Jess lance un regard vers la piste. Elle pose son verre et libère les mains de Lev. Pour ce qui est de la prise d’initiative on peut compter sur cette rousse. Elle lui prend les mains et commence à reculer, vers la piste, en dansant. Elle est à l’aise, séductrice, joueuse. A mis chemin elle le lâche avec un sourire joueur et entame une danse en le regardant dans les yeux. C’est un regard tout feu tout flammes.

La charité n’est pas quelque-chose qui touche l’âme de la jeune avocate. Elle n’y croit pas. Elle a vécu entourée par des riches qui passent leur temps à jouer les samaritains. Ils font d’énormes chèques à une ONG. Ensuite ils vont injecter de l’argent dans la vente d’arme en Afrique. C’est pire que pendant la Royauté. Keenan demeure cohérente. Elle ne donne et ne prend à personne.

_ « Je le prendrais si tu viens me le vendre. » Voilà une réponse parfaite pour ménager la morale et le plaisir. Ce n’est pas dire non que de dire peut-être. En plus de quoi, elle a dans l’idée qu’il peut convaincre toutes les petites ménagères laissées pour compte d’acheter deux exemplaires.

Quant à relâcher la pression ce n’est pas compliqué quand on arrive à mettre de côté les bonnes moeurs britanniques. Jessica est encore régulièrement prise de court par le jugement facile des bons petits croyants. Ce genre de raisonnement est tellement loin de tout ce qu’elle peut penser.

_ « Pour ça, je veux bien donner de ma personne. » Taquine-t-elle pompier sexy. La bonne cause n’est toujours pas sa motivation. Mais le jouer ne fait de mal à personne. Certains devraient s’y essayer de temps en temps. Le monde serait un peu moins explosif.

_ « Pourquoi ? je porte bien le tailleur ? » Bien entendu Jess se moque d’elle-même en même temps. Il y a des codes dans la corporation. Même si elle trouve que certains sont dépassés. Ils peuvent rendre service. D’autant que pour elle l'apparat est une des clefs de son succès. « Oh non. » Elle non plus n’a rien d’une héroïne. Elle ne fait pas ça pour défendre la veuve et l’orphelin. Elle ne sauve personne non plus. Elle joue une longue partie. C’est parce qu’elle en a envie. D’ailleurs, elle revendique son égocentrisme et son manque d’empathie. Se sont depuis longtemps ses boucliers face au monde. Même quand elle charme, elle ne cherche pas à dorer son image. La seule chose qui doit plaire à un partenaire c’est son anatomie. « Ca me fait mon compte en probono. Tout le monde y gagne. »

L’une des premières vraies leçon que lui avait donné sa tante Savannah consista à savoir utiliser son corps pour asservir les hommes. La méthode pour attirer l’attention et ensuite la garder. Jess avait été assidue. Aucun journaliste ne peut dire avec certitude combien de banquier, de pdg, de criminels, ont terminé en mangeant dans sa main.

Mais c’est peut dire encore des partenaires anonymes comme Lev. Aucun.e n’a éveillé de sentiment chez cette femme. Comme si la machine à émotion ne fonctionne pas. Alors que le désir n’est jamais tout à fait assouvit ou alors peu de temps. Elle ne voit aucune raison de se priver de plaisir aussi facile à avoir. La danse est un moyen rapide de jauger où en est l’autre. Quand le beau blond prit les devant Jessica lui répondit d’un baiser fougueux.

_ « Tu m’offre un deuxième verre ? » Souffle-t-elle dans le creux de son oreille, en bougeant contre lui. Une main sinueuse caresse le poitrail plutôt musclé. L’appréciation se devine dans les yeux de la rouquine. « Je sens que tu vas me donner chaud. » Rit-elle en effleurant son entrejambe, avant de se décoller de lui pour finir la danse, avec un sourire en coin de bouche. Les vacances s’annoncent bien.

Les yeux de la Tigresse se mirent à pétiller de malice. Elle tombe moins souvent qu’on ne le pense sur des hommes marié qui ne se posent pas trop de questions. Il y a toujours un moment où le jeu prend une tournure plus sérieuse et pratique ce qui l’ennuie profondément. Mais, celui-ci ne se démonte pas. C’est ce qui la pousse à entretenir leur petite partie. Jessica attrape sa sacoche. Elle retrouve une carte professionnelle.

_ « Ludo! » Cruz tourne la tête dans la direction de ses deux potes. Jess lui sourit et mime la demande d’un stylo. Le barman arrive quelques secondes plus tard avec. La belle inscrit son adresse personnelle au verso de la carte de visite. « La pard pas. » Dit elle en tendant celle-ci au pompier. De une, elle sera déçue de ne pas avoir sa livraison. De deux son adresse n’est pas une info qui doit finir sur la place publique. Le métier amène tout de même un développement de la paranoïa. « Passe. »

Ils se reluquent chacun leur tour. D’autant que Keenan a un goût assez précis pour les hommes. Elle aime ceux qui savent ce qu’ils veulent obtenir et qui font en sorte de l’avoir. Même si elle a conscience de son effet sur eux, se sentir aussi clairement désirée, c’est un plaisir sans fin. Elle approche une main pour caresser doucement le torse du beau blond.

_ « On fantasme sur les femmes de pouvoir ? » Questionne-t-elle amusée. Sur ce point Jess rejoint le pompier. Les femmes qui ont du pouvoir ont tendance à l’attirer. Il y a une sorte d’excitation à être dans l’aura des femmes fortes. « Hum. » Inutile d’épiloguer sur les BA d’une femme comme Keenan. Cela risque de ternir la conversation ce qui serait dommage. Ils ont l’air bien partis. Ludovic n’aura qu’à faire la promotion de la rouquine plus tard.

Jess ne répondit pas tout de suite à Lev à son ouverture. Rien qui n’est à voir avec un jeu sadique. Elle prend le temps de la danse pour se remémorer l’état de son appartement. Il est sans dessus dessous. Il y a aussi les dossiers partout. Sans compter tout ce qui est en vente plus ou moins illégal dans les pharmacies des addicts comme elle. A la fin de la danse, elle a décidé. Elle s’approche, l’enlace par la nuque avec félinité.

_ « Hum. Je sens que tu vas y arriver. » Il ne va pas voir son domicile ce soir. Mais Keenan n’a pas besoin d’aller chez elle pour une bonne partie de sport. Elle a un compte dans des motels du centre-ville. Il lui arrive de voir des plans culs en pleine journée. Ca évite d’avoir à prendre la voiture, autant que de faire connaître son environnement privé. Elle revient embrasser sa proie sur la bouche pour bien lui faire saisir le planning. « Réserve-nous la bouteille beau gosse. » Le taquine-t-elle. Elle l’attire vers le bar avec elle pour prendre le verre offert. Sans sourciller, elle en liquide quasi les deux tiers. Ensuite, amusée, énergique, Jessica tire de nouveau Lev sur la piste pour une danse.

La sensualité de la rouquine augmente en allant. Un peu plus alcoolisée et surtout détendue, elle s’amuse.Elle palpe, embrasse, sourit, comme autant de préliminaires à un échange plus charnel. Alors qu’elle tient le beau blond par les hanches elle lui embrasse l’oreille, la mordille. Les intentions sont là et le plaisir aussi.

_ « T'es à pied ? » Lui demande-t-elle, un peu plus tard, afin de pouvoir sélectionner la chambre la plus adaptée pour la seconde partie.

_ « Ah non ? » Réagit la rouquine entre questionnement et amusement. Elle note que ce n’est donc pas un terrain qui favorisera forcément l’imagination de ce futur partenaire.

Il y a tant de facettes avec lesquelles Jessica peut jouer pour séduire que ce n’est pas un souci. Elle aime même plutôt quand ça peut quitter le cadre consensuel. C’est souvent comme ça qu’elle arrive à relâcher toute la pression accumulée dans le quotidien. Maintenant, avec l’expérience, elle a établit une grille de critères simples. Ils lui servent principalement pour éviter les hommes/femmes malsain.es. Les profils décalés lui ont créé assez de soucis par le passé. Dont certains l’ont marquée plus qu’elle ne veut bien se le dire.

Ce soir la cible n’a rien de dangeureuse. Un pompier est même à l’opposé, des petits mafieux, ou des petits pdgs en mal de sensations fortes. Keenan le laisse gérer les contingences avec Cruz et en profite pour jeter un coup d’oeil à son téléphone. Plusieurs notifications sont évacuées d’un mouvement rapide. Ce qu’elle veut c’est l’appli pour appeler un taxi. Elle range l’appareil et balance un clin d’oeil malin au barman. Elle est presque sûre que Ludovic a eu idée de tenter sa chance avec l’homme du feu.

_ « Taxi oui. Je ne prend pas le métro. » Précise la rousse tout simplement. Elle n’a pas confiance en les transports en commun. Elle n’a pas envie d’avoir des ennuis. Dernier point, oui, elle aime son confort par dessus tout. « J’ai des gouts de luxe pour pas mal de choses. » Les mains de Keenan se glissent sur le corps de Lev pendant la fin de la chanson. Elle lui prend ensuite une main et l’attire encore plus sous les stroboscopes. La chaleur et les consommations ont clairement des effets sur elle. Elle vient lui sussurer qu’elle doit passer aux WC et ensuite ils peuvent y aller. Belle anguille elle se faufile aux toilettes des dames.

Pendant qu’elle est sur le WC, l’avocate lance la réservation du véhicule. C’est ça de gagné. Elle va se pencher pour boire au robinet jusqu’à plus soif. Elle se relève pour examiner son reflet et remet de l’ordre dans sa chevelure de feu. Elle tâte son corps pour s’assurer que tout est en place. Voilà qu’elle ressort, Tigresse conquérante, pour aller retrouver le beau Russe.

_ « Le taxi est là dans 5 minutes. » Jess sourit en coin. Elle se penche par dessus le bar pour récupérer son menteau mis de côté par le patron. Elle le passe et le referme. Il sent le parfum, le café, un peu de tabac. Elle salue rapidement Cruz en signant un baiser.

_ « Amusez-vous bien ! A tout ! » Ludo leur fait un clin d’oeil taquin avant de retourner voir les autres clients. Jessica s’avance vers la sortie amusée. Elle évite la foule en ondulant avec aisance. Lorsqu’elle passe devant le videur elle lui offre un sourire mutin. Le genre de complicité que l’on a quand on est un client zélé. Keenan a une vie nocturne active.

Dehors, il fait plutôt doux. La rue est calme après le club. Des groupes sont autour de l’entrée pour discuter tranquillement. Une voiture arrive presque aussitôt. Jessica se dirige vers elle sans hésiter. Elle a l’habitude que tout soit à sa portée. Elle ouvre la porte arrière gauche et monte.

_ « Le Artesian. » Nom d’un bar à cocktail renommé pour ses chambres agréables pour des amants de passage. Jess sourit au coup d’oeil du chauffeur dans son rétro. Elle l’invite à remonter la fenêtre arrière pour faire une séparation. Elle remarque un petit frigo à leurs pieds et ouvre pour fouiller le contenu. Ceux sont des produits de basse gamme. La belle a une moue. « Bof. Autant attendre là-bas. » Elle referme la porte d’un léger coup de pied. Elle s'assoit sur le côté pour regarder Lev dans les yeux. Ses doigts arrivent pour caresser son thoraxe. « T’es vraiment marié ? » Parce qu'honnêtement Jess y croit de moins en moins.

Dans les jeux de séduction, Jessica aime quand la personne en face sait employer le double langage. Il peut passer autant la parole orale que celle du corps. C’est un jeu de décryptage. Elle y est plutôt bonne à force de côtoyer les personnalités les plus viles. Lev ne dégage aucune ambiguïté. Il a l’air facile. Ce qui favorise ce lâcher prise auquel elle est en recherche.

_ « Pas dans les transports... » Répète l’avocate au tempérament de feu. « Pour le corps à corps je préfères les endroits sombres. » En cela le Red Corner donne un bon terrain.

Cruz sourit à son ami. Mais, il s’arrange pour ne rien lui livrer sur l’avocate. Il est le gardien de ce phare ainsi que de tous les petits secrets de ses habitués. Un peu un psy, un peu un prêtre, un peu le grand frère dont on a besoin. Il s’adapte à la personne qu’il a en face de lui. C’est, parce qu’il sait les protéger, que les gens ont confiance en lui. Pour ces deux là, il est confiant. Il les connait assez pour savoir qu’ils sauront prendre ce que la vie leur offre.

Ainsi le taxi londonien se met en route. Il roule lentement. La nuit induit un certain calme. Le quartier défile derrière les vitres. La rouquine n’y fait pas attention. Elle se moque de l’esthétique, du patrimoine. La seule raison qui l’a faite migrer ici et celle du gain.

_ « Oui. » Souffle-t-elle avec en plissant les yeux de malice. « La vie est trop courte pour accepter autre chose. » D’ailleurs, elle n’est pas la seule à le penser. Les crédits à la consommation ont été inventés à cause de ce désir de luxe. Les gens n’en ont pas les moyens et pourtant ils veulent des vies de pachas. Pour ce qui est de cette tigresse elle a juste la chance d’être bien née.

La promiscuité et le calme de la voiture créent autre chose. Maintenant elle perçoit mieux l’accent délicat, les petites expression faciales, les gestes posés. Aussi, Keenan le sait, elle est devant un autre félin. Elle sent un doux petit frisson dans le creux de ses reins. Son regard brille d’une flamme maligne.

_ « Non. » Répond-t-elle en étirant ses lèvres. Sans détacher son attention de lui, elle attrape la main gauche pour libérer l’annulaire de la tromperie. Elle a un air de défi. « Ni partenaire de vie, ni enfant. » Le regard de Ludovic ne l’y a pas trompée. Ils ont partagé plus que des bières ensemble. Jessica est amusée. Cela ne s’est pas encore produit. Pourtant à eux deux, ils en ont eu des aventures anglaises. « A toi. Que te dis ton instinct ? »

Pour le déstabiliser et gagner aussi ce petit jeu, la rouquine pose sa main sur sa cuisse, pour la palper de façon explicite. Jessica sait très bien ce qu’elle veut. Pour l’obtenir, elle sait comment découvrir et satisfaire les envies de l’autre. Elle partage avec les prostituées, une ouverture de pensée et d’action, qui rendent les nuits chaudes. Elle revient mordiller un lobe, féline et susurre :

_ « Ce soir tu vas goûter au luxe. Ça te dit ? » Sa bouche est à un centimètre à peine de la jolie bouche du pompier. C’est à qui cédera le premier.

L’appel, l’attraction, occupent le trajet vers le refuge aux milles éclats. Jessica prend plaisir à ce petit voyage. Savoir qu'elle peut agir sans se soucier du lendemain donne une saveur supplémentaire à cette aventure nocturne.