Eileen avait beau connaître Liam -plus que très-personnellement, et le solliciter pour des bisous magiques meme pour un pauvre petit bleu, il était des fois où il lui était nécessaire de passer par la voie officielle pour avoir un vrai rendez-vous médical. Et le certificat qui allait avec. Aujourd’hui était un de ces jours.

Un suspect lui avait envoyé valser un porte dans les dents et si iel doutait fortement d’avoir à se rendre aux urgences, on lui avait quand même fortement conseiller de voir un médecin pour s’assurer qu’iel ne souffrait pas de séquelles après quelques jours. Par fortement, ils voulaient dire obligation. C’est ainsi qu’iel se retrouva d’un côté du combiné pendant que, de l’autre, la secrétaire lui apprenait que Liam avait mis son cabinet en pause pour quelques temps.

Son sang ne fit qu’un tour.

Iel tenta de joindre directement le médecin, sans succès... A peine eut-iel raccrochée qu’iel se retrouvait dans la cabine d’ascenseur à essayer d’enfiler à la fois ses chaussures et son manteau, ses clés à la bouche. Ça n’était pas très efficace mais iel paniquait très légèrement. Après tout, Liam avait été étrange ses derniers temps. Il passait le plus clair de son temps à regarder par dessus son épaule et semblait souvent bien plus pâle qu’à son habitude. Et s’il lui était arrivé quelque chose? Il était âgé, miné de rien; même s’il était encore performant. Et l’espèce de parano qui l’avait pris avait finit par contaminer la flic. Ça n’était pas habituel pour lui de ne pas décrocher. Encore moins de prendre des jours de congés! C’était comme Eileen et les enquêtes, on imaginait difficilement l’un sans l’autre. Voire pas du tout. De vrais bourreaux de travail. Et pourtant, la secrétaire avait été claire. Il avait mis en attente toute nouvelle consultation. Et elle n’avait pas voulu lui dire pourquoi. Une histoire de vie privée ou un truc du genre.

C’est donc en imaginant les pires scenarii possibles que l’inspectrice se mit en chemin pour les appartements de cet amant. Et rarement le métro lui paru prendre autant son temps pour passer d’une station à une autre. A croire que les minutes s’allongeaient pour la narguer. Finalement, la voix robotique annonça pour une énième fois de faire attention à l’intervalle entre le marche pied et le quai et Mill Hill. Iel pu enfin se mettre en direction de la petite maison qui lui servait à la fois de cabinet et de domicile.

Une fois devant, iel entra le code d’entrée pour grimper vers la partie habitation. Eileen allait frapper sur la porte à l’étage, quand iel se rétracta. Peut-être avait-iel eu une réaction exagérée en accourant ici? Pourtant, il y avait quelque chose qui ces derniers temps attisait ce je-ne-sais quoi étrange qui lui dressait les petits cheveux sur la nuque concernant la situation de Liam. Iel décida de frapper. Timidement. Sans réponses, iel finit par l’ouvrir iel-meme. A aucun moment l’idée de le retrouver dans une position délicate ne lui traversa l’esprit plus que tant. Iel en avait oublié ses bonnes manières, si tant est qu’iel en ait jamais eu.

Iel entra.

Poussant la porte de son habitation, iel entre dans le salon comme une furie. Une vraie tornade. A croire que c’est iel qui est en danger. Et iel s’arrête net. Il est là. Il a l’air d’aller bien. Il lui sourit même. Avec le même grand sourire qui a su la charmer lors de leur première rencontre. Le même sourire qu’il lui adresse toujours. Simple mais apaisant. Alors stoppée net, iel se retrouve sans savoir comment réagir l’espace de quelques secondes. Puis iel se mets à rire. A rire nerveusement. A rire d’iel-même. A rire de soulagement. Il va bien, tout va bien.

Tirant maladroitement sur la manche de son manteau, iel finit de s’approcher. Refermant les quelques mètres entre eux, non sans force. Le serrant dans ses bras, malgré le dossier du canapé qui les sépare. Ils sont amants, d’accord, mais ils sont aussi amis. Amis avec bénéfices comme qui dirait. Et sans prises de tête. Du moins pas entre eux, à voir comment iel s’est agitée en craignant pour sa santé. Ou sa sécurité, iel n’es pas sure. Réflexe de flic ou simplement d’amie, iel n’en sait rien, mais le fait est qu’iel tient à lui, c’est une certitude. Pas au point de vouloir une relation différente mais suffisamment pour s’inquiéter et débarquer en trombe chez lui. Quitte à le retrouver dans une position compromettante. Ce qui l’aurait surement plus gêné lui, qu’iel.

La tête blottie dans le creux de son cou, iel prend quelques respirations avant de reculer.

▬ Tu vas bien ! lache-t-iel finalement, soulagée, riant à nouveau. Tu…. Tu m’as fait peur à fermer ton cabinet comme ça, sans prévenir ; j’ai cru qu’il t’était arrivé quelque chose de grave ! ajoute-t-iel en passant sa main sur son visage, puis en l’auscultant brièvement. …Tu vas bien, n’est-ce pas ?

Par les temps qui courent, qui pourrait la blâmer d’un petit excès de paranoïa ? Surtout avec les cas qu’iel doit traiter. Néanmoins, iel finit par remarquer qu’il était tout simplement en train de compléter un puzzle. Pas de mafieux qui en voudrait à sa vie. Pas de problème de santé qui l’aurait envoyé aux urgences. Du moins pas dans l’immédiat. Juste un puzzle. Un simple puzzle. Et c’est certainement mieux comme ça !

Contournant le meuble, iel finit par venir s’assoir sur ses genoux comme iel en a pris la mauvaise habitude et souris.

▬ Je me suis donc inquiétée alors que toi, tu vivais ta meilleure vie. lance-t-iel avec un rire et une moue, tout en pointant le casse-tête de la main. Alors comme ça, tu as décidé de tout lâcher pour devenir un professionnel dans ce domaine ?

La question, aussi innocente qu’elle puisse paraître, n’est pas sans laisser transparaître un petit reste d’inquiétude. Ou de souci. Après tout, il avait beau aller bien, il n’en reste pas moins qu’un Liam Hawkins qui ferme son cabinet médical de façon aussi abrupte n’est pas normal. Loin de là même. Il doit y avoir une raison, et Eileen à bien l’intention de la découvrir. Qu’iel doive lui extirper l’information de gré ou de force. Iel sait y faire avec lui. Un certain avantage, quand on est amants.

Si Liam aurait pu écrire à la tornade qui venait de débarouler dans son salon, il n’avait pourtant pas à s’en sentir coupable. Après tout, ils avaient beaux être amants – et amis –, il avait aussi le droit à un peu de liberté. De ne pas avoir à se justifier ou prévenir les autres. Pour autant, on ne pouvait pas non plus tout à fait reprocher à Eileen de s’être inquiéter. Liam et son cabinet c’était comme elle et son insigne : on ne tenait l’un loin de l’autre quand cas d’extrême urgence, et encore. Pourtant à le voir, à le serrer contre iel, il était réellement là, et semble allez bien. Si on omettait le fait qu’il est fermé son cabinet jusqu’à nouvel ordre.

Pourtant, Eileen prit le temps d’apprécier. La présence chaude et rassurante dans ses bras. La main contre sa joue. Les lèvres sur ses cheveux. Après l’ascenseur émotionnel qu’iel s’était iel-même créé, c’en était d’autant plus agréable. La tranquillité se réinstallait doucement. Dans la pièce comme dans son esprit. Et lorsqu’il répondit enfin, sa voix résonna contre iel. Des problèmes de santés. Bénins, certes mais tout de même. Et lorsqu’il finit par préciser qu’il s’agit de son cœur, iel intègra la réponse en silence. Iel ne savait pas quoi répondre de toute façon. Qu’iel en était désolée ? A quoi bon ? Au lieu de ça, iel préfèra se rediriger vers quelque chose qu’iel maitrisait mieux : le charrier.


▬ On va tacher de pas trop te fatiguer alors. lança-t-iel, avec un sourire en coin, alors qu’iel se redressait. Je m’en voudrais que ton petit cœur en souffre.

Alors même qu’iel venait s’installer sur ses genoux comme iel en avait pris la sale manie. Assurément le meilleur moyen de ne pas faire pomper du sang à son palpitant, pour sûr...

▬ Là, je pensais à celui des casse-têtes et autres puzzles. Haussant d’abord un sourcil en montrant celui qui parsemait la table. Mais si tu as une autre idée en tête, je suis toute ouïe.

Laissant le manteau glisser de ses épaules, iel répondit au baiser qui ne tarde pas à suivre avec une once de soulagement toujours ancrée dans ses mouvements. Qui sait, iel aurait pu ne plus jamais en recevoir… Cela aurait été bien triste.

Pourtant, voyant que l’inquiétude se dessinait toujours quelque peu sur ses traits, il l’autorisa à poser toutes les questions qui pourraient encore lea turlupiner. Il savait qu’iel en avait le besoin, et se pliait volontiers à l’exercice. Pour cela, iel le gratifia d’un nouveau baiser, puis chercha par quelle question commencer.

▬ …hum… Dis m’en plus sur ta santé, et si je peux faire quelque chose, commença-t-iel simplement. Le reste pouvait attendre. Et oui, je vais bien, si ce n’est un petit bobo. fit-iel, tout sourire.

Cela étant dit, iel entreprit de remonter la manche de son t-shirt pour découvrir un bleu qui prenait gentiment forme sur le bas de son épaule. Eileen pouvait être douée pour bien des choses mais se prendre les rambardes d’ascenseur en tentant de mettre ses chaussures à la hâte n’était clairement pas quelque chose dont iel aurait voulu pouvoir se vanter. Et pourtant... Outre cela, qui pouvait se régler d’un bisou magique, iel allait bien. Certes, des cernes se dessinaient sous ses yeux mais avec le Londres qu’ils connaissaient actuellement, comment ne pas ?

▬... est synonyme de sagesse? compléta-t-iel avec un énorme sourire. Un de ses sourires qui voulaient tout dire.

Car si Liam était vieillissant, et en vacances forcées à cause de son petit cœur, Eileen n’en ratait jamais une pour autant. Cela lui était bien trop jouissif d’embêter le médecin de la sorte. C’était un petit jeu entre eux, et il n’était pas du genre à s’en plaindre, bien au contraire. Surtout quand les petites piques étaient suivies d’une petite flic sur ses genoux. Pour autant, jeu ou non, le bon docteur attrapa sa main pour la poser contre son cœur. Sous ses doigts, iel sentit les palpitations de celui-ci. Régulières. Rassurantes. Relevant les yeux pour les plonger dans l’azur des siens, iel ne put retenir un doux sourire. Iel s’inquiétait, c’était dans sa nature, néanmoins c’était rassurant.

Quelques palpitations plus tard, leur attention fut ramenée sur les pièces du puzzle qui jonchaient la table. Il était amusant de voir qu’on pouvait toujours en apprendre plus sur une personne. Même si ce genre de passetemps n’avaient rien de surprenant chez Liam, quand on prenait le temps d’y réfléchir cinq minutes. Il était homme à chercher des solutions. A résoudre les énigmes qu’étaient les gens. Et ceux de leurs corps. Rien de réellement curieux donc, du moins pas pour l’Inspectrice dont le sourire redoubla à la mention de ses idées. Iel en avait bien une en tête. Une qu’il apprécierait très certainement. Une qui commençait effectivement par sceller leurs lèvres. Une fois. Puis deux. Puis trois.

Une main vint se glisser contre sa peau alors que son propriétaire finissait de la rassurer. Et le fait que cette faiblesse au cœur ne soit pas assez importante pour nécessité un traitement n’y manque pas. Un peu de repos et d’air frais l’aiderait déjà beaucoup. C’était plutôt bon signe.

▬ On va prendre grand soin de toi alors, déclara-t-iel en collant son front à celui de son amant.

Et iel en avait bien l’intention, même si chasser le naturel le faisait revenir au galop. Liam commença donc en premier à s’occuper d’iel. A grands coups de bisous magiques. Un pour commencer, sur l’origine du mal puis d’autres encore. Lorsqu’il arrive à son cou, c’est pour demander le coupable du bleu sur son bras et il sait pertinemment qu’il s’agit plus que certainement d’un meuble ou autre élément inerte. Iel ne pu s’empêcher d’en rire, jouant les demoiselles outrée quand en vérité, sa première hypothèse était la bonne.

▬ Hééé ! Je te ferai dire que c’était une poignée de porte très véhémente, d’abord, Mr. Je-me-prends-jamais-de-meuble-moi ! protesta-t-iel en riant, ne sachant pas tenir une moue.

Et puis iel n’en avait pas vraiment envie. Iel préfèrait de loin profiter de sa présence, de sa chaleur, après les sueurs froides qu’il lui avait données. Certes, iel chercherait à savoir la raison pour laquelle il regardait autant par-dessus son épaule dernièrement mais pas tout de suite. Car il faut bien l’avouer, avec ses lèvres contre sa peau... iel était légèrement distraite. Il a beau le taquiner sur son âge, il n’y a pas à dire, il savait s’y prendre avec iel. L’expérience des années n’avaient clairement rien à envie à certains.

D’ailleurs, de l’expérience la concernant, il en avait à revendre. Il savait que lui proposer à manger était toujours une bonne idée. Un vrai ventre sur pattes. Et si l’idée d’un bon petit plat était bien plus qu’alléchante, iel en avait une autre en tête.

▬ Hum… Manger peut-être. Un baiser. Surement même. Un autre. Mais pas tout de suite.

Non, pas tout de suite. Le sourire en coin qui nait sur ses lèvres ne laissait aucune place au doute. Néanmoins, si le docteur aurait pu encore en avoir un, la voir changer de position les oblitéra tous. Sans quitter ses genoux, iel changea d’assise pour le califourchon. Bien plus confortable pour venir glisser ses doigts froids sous son tshirt. Plus confortable pour les faire remonter doucement. Iel devait bien l’avouer, iel avait eu peur. Bien trop peur pour ne pas vouloir profiter de lui alors qu’il était encore là. Après tout, iel ne savait pas réellement encore combien de temps ils auraient tous les deux.