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Qui accepte le verre contracte une dette. [Pv : Llewyn]
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Qui accepte le verre contracte une dette.
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]J'attrape la serviette négligemment pendue au radiateur et la passe dans mes cheveux trempés de manière tout aussi négligée, ce qui suffit presque à les sécher. J'enfile un jean sombre et un t-shirt propre avant de faire le tour de l'appartement pour remettre la main sur mon blouson. Merde, où est passé mon sens de l'organisation ? De l'ordre ? De retour dans la chambre, mes pas s'interrompent brutalement et je pousse un soupir désespéré : c'est quoi ce bordel !?
J'ai passé la soirée de la veille, la nuit, et une grosse partie de la journée chez une amie. Elle l'est plus ou moins maintenant, mais j'admets qu'hier encore il s'agissait d'une cliente. Quoique ça ne compte pas vraiment, nous nous sommes vus pour clôturer l'affaire, le rapport professionnel était donc terminé.

En rentrant il a fallut que je rattrape le retard. Ces trois dernières heures ont été relativement rentables. D'abord perdu entre les archives et les standardistes téléphoniques imbuvables - ou niaises, voire les deux - j'ai fini par trouver suffisamment d'éléments pour être satisfait. La suite au prochain épisode, j'ai maintenant besoin de prendre l'air car les fouilles informatiques ne sont ni ma spécialité, ni ma tasse de thé.
En parlant de thé, je récupère le mug à moitié plein du liquide refroidi que je balance dans l'évier.

vingt et une heures, les lieux enfin plus structurés, j'attrape mes lunettes, mon casque et les clés avant de me figer. Je pose un regard craintif et rancunier sur le dossier sans nom, posé là au milieu du salon. J'ai à ce point détesté le faire que je n'ai pas su m'installer comme habituellement devant mon bureau ni procéder selon mes propres méthodes ;
Il m'a posé bien du souci. Si je prétends que l'information à l'intérieur est ordonnée, claire et précise, je n'en suis en réalité pas certain.
Les irlandais ne m'ont pas demandé un travail, nous n'avons pas passé de contrat. Ils exigent des infos secrètes qui me mettent en danger !

" Foutus terroristes ; "

Dis-je en ouvrant la porte, abandonnant le document à son sort. Je le relirai plus tard. Ça fait deux jours que j'ai envoyé un message pour dire que j'étais prêts à le remettre, s'ils veulent me faire poireauter autant en profiter, peut être, pour alléger la donne...

Après avoir descendu les quelques marches devant l'immeuble, je fouille mes poches à la recherche d'un paquet de clopes, tout en contournant le bâtiment pour atteindre le parking situé sur la gauche.
Pas de cigarettes, pas assez d'éclairage, pas de SMS pour confirmer la soirée et, bordel, on me suit ?

" 'soir... ? "

Je me retourne pour lui faire face et plisse les yeux afin de mieux détourer la silhouette avant de l'accoster plus concrètement, pas sûr de vouloir passer pour un paranoïaque. Il est possible que cette fille se baladait simplement, rejoignait son domicile ou son amant - inutile donc de lui sauter à la gorge, mais je ne la quitte pas des yeux et son silence me fait chier.
Puis elle traverse le maigre halo de lumière émanant d'un appartement éclairé et je la reconnais. Un soupir de soulagement plus tard, mon ventre se tord. Un peu.
Nouvelle menace ?

" Oz ? Je suppose que t'es pas dans le coin par hasard. Tu pouvais sonner, tu sais. Maintenant, je ne crois pas avoir le temps de parler affaire."

J'ai tout mon temps, à défaut d'avoir un programme précis. L'inconvénient de fréquenter des gens pas si francs, de ne pas savoir s'entourer de personnes de confiance. Mais ma moto doit s'impatienter dans son box.

J'abandonne l'idée de la clope dans un juron et place mes mains dans le casque pour jouer avec la sangle. Je ne peux pas lui tourner le dos, hein. Ce serait bien imprudent.

" ... T'es juste coursière, rassure-moi. Ils ne t'envoient jamais pour tuer de braves enquêteurs ? J'ai envoyé un message, ils l'ont eu ? "

Ok, je panique un peu.
(c) princessecapricieuse


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18.04.20 9:12
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Llewyn regarda son téléphone, l’adresse inscrite noir sur blanc, leva le nez pour comparer les chiffres sur la façade du bâtiment et sur son écran, et coupa finalement le moteur. La voiture s’endormit dans un ultime ronflement à quelques mètres de la destination alors qu’elle se décrochait en soupirant. Ealing, c’était un quartier plutôt sympathique dans lequel elle ne se perdait somme toute jamais volontairement. Il n’y avait rien à faire ici. Pas pour elle, en tous cas. Loyers hors de prix, population calme et rangée, affreusement londonienne. Avec la prohibition, on ne pouvait pas même compter sur une bonne bière pour redresser la barre et donner un peu de vie à ce coin de la capitale. S’il était des speakeasies dissimulés dans les tréfonds de certains restaurants ou sous le planchers des bars, elle ne les connaissait pas.

La rouquine ramassa ses affaires sur le siège passager et sortit de l’habitable. Elle fit immédiatement crisser la fermeture éclair de son gilet noir jusqu’aux omoplates pour se protéger de la fraîcheur douce de la nuit et claqua la portière derrière elle au moment où celle du petit immeuble s’ouvrait. La gueule de métal cracha la silhouette de l’homme qu’elle était venue voir, et l’Irlandaise regretta instantanément de n’avoir pas grillé ce feu rouge interminable, deux kilomètres plus haut. Elle aurait eu une minute d’avance sur la sortie du détective, soit le temps de se s'aérer les poumons à grands renforts de nicrotine avant de partir à sa rencontre.

Les mains enfoncées dans les poches, les doigts noués autour des clés de la voiture et du paquet de cigarettes qui l’appelait avec force, la rouquine pressa le pas pour rattraper l’Anglais qui s’enfuyait déjà à grandes enjambées, sans savoir qu’on le suivait. Son allure ralentit cependant après quelques mètres. Sans doute avait-il senti le regard clair qui s'accrochait à son dos : il s’immobilisa brusquement et pivota sur ses talons, forçant sa suiveuse à s’arrêter net si elle ne voulait pas finir dans ses bras.

« 'soir... ? »

Llewyn lui répondit d’un simple signe de la tête qu’il n’aperçut probablement pas. Le lampadaire du coin avait rendu l’âme, et la lumière projetée par celui quelques mètres plus loin n’était pas assez puissante pour venir ronger l’ombre de l’Irlandaise. On avait cessé depuis un moment de compter sur la lumière sélène pour éclairer les nuits ; le brouillard épais, poisseux, chargé de pollution, qui servait de couvercle à la ville de Londres, masquait les étoiles et la lune un soir sur deux. Un peu plus souvent que ça, même. La jeune femme continua sa course lente pour approcher le quadragénaire. Elle s’immobilisa à une distance respectable quand il l’eut reconnue.

« Oz ? Je suppose que t'es pas dans le coin par hasard. Tu pouvais sonner, tu sais. Maintenant, je ne crois pas avoir le temps de parler affaire. »

Elle fronça les sourcils et détailla de ses prunelles mordantes et graves la tenue du détective pour tenter de déterminer quel rendez-vous pouvait plus importer qu’une dette à régler. Tombant sur le casque, elle se prit à imaginer, dans un réflexe comme seuls les motards en avaient, quel type de bécane il pouvait conduire.

« ... T'es juste coursière, rassure-moi. Ils ne t'envoient jamais pour tuer de braves enquêteurs ? J'ai envoyé un message, ils l'ont eu ?
- Aucune idée ... J’étais dans le restaurant d’à côté, elle pointa derrière elle la vitrine du bouge devant lequel elle s’était garée, quand tout à coup, qui vois-je sur le trottoir ? C’est fou comme cette ville est petite et propice aux rencontres impromptues ! »

Elle ponctua sa pique d’un sourire grinçant. Fallait-il qu’elle ajoute plus de sarcasme dans son intonation pour être sûre qu’il comprenne ? Détective, peut-être. Pas bien prompt à la réflexion pour autant, avec ses évidences qui feraient rougir de jalousie le fantôme de la Palice. Il ne fallait pas être une flèche pour se douter qu’elle n’irait jamais se perdre au hasard dans cette rue, encore moins marcher dans ses pas par pure coïncidence.

« Désolée de contrecarrer tes plans de soirée, mais je ne compte pas repasser. »

C’était une manière polie de dire qu’il avait tout intérêt à retourner chez lui pour lui remettre ce qu’il devait à la True IRA, et vite. Llewyn avait bien des qualités, la patience n’en était pas une. Elle l’avait épuisée à l’adolescence de Tadgh et de Rhys et peinait, dix ans plus tard, à la retrouver. À dire vrai, elle n’avait jamais réellement cherché à le faire.

La rousse se décala, se plaçant de profil. D’un signe de main, elle indiqua la direction au brun, fendant l’air d’une voix chaude et autoritaire, teintée d’un sourire vaporeux :

« Après toi. »
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18.04.20 23:47
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Qui accepte le verre contracte une dette.
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La pression imposée par l'IRA se fait plus forte et plus concrète en présence de la rouquine. Comme la première fois, j'appréhende de la voir sortir une arme ou de constater la présence de deux gorilles blonds-roux qui l'accompagneraient pour effectuer le sale boulot. Mais Oz semble seule et, fidèle à elle-même, me répond avec insolence et dédain.

Tant pis, je ne vais pas lui expliquer pourquoi, lorsque j'ai peur, je me mets à enchainer les questions rhétoriques et autres réflexions vaines. Le merdier n'était pas présent que dans l'appartement, il l'est aussi dans mes pensées depuis que mon père est décédé et que ces ritals se sont invités dans ma vie quelques jours plus tard. "Surprise" ! Je suis désormais orphelin mais je découvre une famille complètement givrée qui détestait le vieux ;
Et maintenant la moitié irlandaise de mon sang voudrait me causer du tort...
Non ce n'est évidemment pas le hasard qui l'a menée jusqu'à mon appartement et je n'ai pas non plus l'impression d'avoir le choix. Ils ne m'ont jamais répondu, impossible de savoir où et quand il fallait leur remettre le dossier, mais je dois me plier à leur créneau ?
Je peine à comprendre pourquoi le père a si vaillamment défendu la cause de ces ingrats à travers des dizaines de procès ;

« Désolée de contrecarrer tes plans de soirée, mais je ne compte pas repasser. »

Ah oui, l'amabilité est une autre de ses qualités.
Je soupire, sans dissimuler ma contrariété. Si la belle y avait mis les formes, j'aurai été souriant et poli, courtois, je me serais pressé pour lui remettre la pochette et la soirée aurait repris son cours normalement. Pourtant Oz amène avec elle des tensions qui réveillent rancœur, méfiance, anxiété. Et je rumine intérieurement quand je lui passe devant pour remonter au trot les marches qui séparent la rue de la large porte. Tandis que je tape le code, je tente de me raccrocher à une pensée sympa. N'importe laquelle, du moment que cette visite imprévue n'entraîne pas mon moral plus bas.

" Au fait, ça tombe bien qu'ils t'envoient toi. Je te dois une bière ! T'es dispo ? "

La porte s'ouvre dans un cliquetis prouvant son vieil âge. Tout en la maintenant ouverte du bout du pied, je l'interroge du regard.

" Tu m'attends là je suppose ? "

Je ne sais pas si elle comptait m'accompagner mais la froideur de ses traits m'incitent à monter seul. L'ouverture se verrouille après mon passage et je file au deuxième. La lumière de mon salon doit projeter d'autres couleurs sur ses tâches rousses et se refléter dans ses jolis yeux. Pas le temps de lui faire signe - bien que l'idée me fasse sourire, elle pourrait définitivement me prendre pour un toquard - je survole les premières lignes des informations à transmettre avant d'abandonner la correction ;
Ils feront avec.

" ... voilà mam'zelle. "

De nouveau à l'extérieur, je lui cède difficilement le porte-documents. Je suppose que je pourrais considérer ma dette payée dans quelques jours, le temps de les laisser apprécier le cadeau. Sinon, Oz reviendra. Si cela doit arriver... je ne sais vraiment pas comment me tirer de cette histoire.
Je n'en suis pas là. Ce soir, j'ai fait mon taf.

Et maintenant ?

" Alors, dispo ? "

J'enfonce mes mains libérées du casque dans mes poches et jette un œil dans la rue calme.
(c) princessecapricieuse


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19.04.20 17:38
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Une amertume à peine dissimulée traversa le regard du brun. Même à cette distance, Llewyn pouvait y lire toute la mauvaise foi qui l’enserra. Elle leva les yeux au ciel quand il passa devant elle pour retourner sur ses pas. Un peu plus et il croisait les bras sur sa poitrine en prenant une moue renfrognée pour marquer davantage le mécontentement qu’elle choisit d’ignorer royalement, comme on ignorait le caprice d’un enfant. L’Armée aurait pu faire un effort, elle en convenait : prévenir d’un créneau d’arrivée, signaler à l’homme qu’on passerait le soulager de sa dette entre vingt heures et vingt-deux heures. Mais l’IRA aimait se faire imprévisible. Et de toute manière, la transporteuse n’avait pas à discuter des méthodes qui fonctionnaient depuis cent ans. Silencieuse, elle lui emboîta le pas, un mètre derrière lui, jusqu’à s’immobiliser au bas de l’escalier qu’il gravit rapidement.

« Au fait, ça tombe bien qu'ils t'envoient toi. Je te dois une bière ! T'es dispo ? »

Llewyn tiqua et, se rappelant leur dernière rencontre, la bière qu’elle lui avait tendue sans rien demander en retour, elle haussa faiblement les épaules en lâchant :

« Tu ne me dois rien. »

Vaughan ne l’entendit cependant pas. Déjà il passait la porte, s’assurait qu’elle ne comptait pas l’accompagner. La jeune femme opina du chef, ne souhaitant guère s’infliger une volée de marches inutiles pour suivre à la trace l’enquêteur. Quand il eut disparu dans le hall de la résidence, elle s’installa sur la large rambarde de pierre qui bordait l’accès à l’entrée. Dos à la porte, ses orbes glacés balayèrent la rue pour s’assurer qu’aucun regard indiscret ne viendrait se ficher sur eux. Il y avait un peu de vie derrière les fenêtres des bâtiments alignés sur le trottoir d’en face, des ombres projetées à travers les vitres éclairées, des mouvements discrets et étouffés qui tiraillaient ses réflexes d’adolescente guetteuse. Rien de bien pertinent, en tous cas. Aucun homme en fauteuil roulant muni d’un appareil photo à l’objectif long comme un bras derrière les carreaux.

Elle attrapa son paquet de cigarettes et coinça une Lucky Strike entre ses lèvres tachetées. La légère bise qui refroidissait l’air lui compliqua sérieusement la tâche quand il fallut l’allumer, mais elle parvint finalement à tirer une bouffée asphyxiante de nicotine. Son clou de cercueil n’était pas terminé quand le détective revint, son dû en main. Il dévala les marches et lui tendit sans plus attendre.

« ... voilà mam'zelle. »

Llewyn pesa, à l’œil, le poids des informations glissées dans la pochette, choisissant de ne pas rebondir sur la familiarité désinvolte et dérangeante dont l’homme la congratula. Il devait croire à un jeu, une vaste mascarade dans laquelle elle n’incarnait qu’une petite interlocutrice qu’il ne fallait pas prendre au sérieux. Bien-sûr, elle le concédait à n’importe qui, son mètre soixante-dix et ses soixante kilos tout mouillé n’étaient pas bien impressionnants. L’Irlandaise, quand on la plaçait à côté de l’une des armoires à glace envoyées pour sonner les cloches des mauvais payeurs - et son frère était de ces gars-là -, ne payait pas de mine. N’en restait pas moins qu’on lui devait le même respect que celui, trouillard, accordé à un malabar large et haut comme une maison.

« Alors, dispo ? »

Ses doigts mangés d’encre se serrèrent autour des documents pour éviter qu’un coup de vent ne les emporte au loin. Elle noua sa main libre autour de son poignet et posa l’enveloppe sur ses cuisses. Llewyn considéra l’enquêteur une longue seconde puis clapa sa langue contre son palais.

« Je croyais que tu n'avais pas le temps pour les affaires. »

Elle ne demandait pas, sa voix ne monta pas dans les aigus comme pour marquer l’interrogation en fin de phrase. Elle affirmait, comme il avait affirmé lui-même : maintenant, ce n'était pas le bon moment. Maintenant, il ne croyait pas avoir le temps. Mais il y avait eu plusieurs minutes entre un maintenant passé et celui qui se présentait à eux, maintenant, en toute simplicité.

L’esquisse d’un sourire mutin réorganisa brièvement les taches de rousseur de l’expatriée. Elle glissa de son perchoir, donna un coup de talon au bitume lisse du trottoir et leva la main qui tenait les précieuses informations pour appuyer sa réflexion.

« Certains d'entre nous ont encore du travail. Sauf si tu as envie de m'attendre sagement. »

Elle raillait plus qu'elle n'était sérieuse. Il faudrait une vingtaine de minutes, en comptant les écarts de route liés aux radars, pour apporter son petit paquet à celui qui devait le récupérer, le même temps pour le retour, et au moins un quart d’heure pour espérer trouver un zinc qui se fichait suffisamment de la loi pour la contourner en servant une bière fadasse. En d’autres termes, Vaughan risquait d’attendre longtemps pour s’acquitter d’une énième dette qu’elle annulait de bon cœur.
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20.04.20 13:25
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Qui accepte le verre contracte une dette.
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] A sa remarque sur mon temps impossible à consacrer aux affaires, j'acquiesce. Je ne pensais pas non plus pouvoir parler dette mais quoiqu'il en soit : elle est réglée. Désormais, il ne s'agit plus de travailler mais bien de profiter de la soirée. Je dois une bière à Oz, et si en réalité elle m'a offert la dernière, je me sentirais mieux lorsque j'aurais à mon tour payé la tournée.
Malheureusement l'invitation fait un joli flop.

L'irlandaise quitte habilement son assise pour me faire face, pochette en main - que mon regard lui interdit de perdre. Ses tâches autour de ses lippes renforcent son sourire, plus cru, plus vrai. Le visage penché sur le côté dans l'attente impatiente d'une réponse, je grimace en l'écoutant :

« Certains d'entre nous ont encore du travail. Sauf si tu as envie de m'attendre sagement. »

" Pourquoi pas. La sagesse est une définition bien vague mais, admettons. Sauf si c'est plus pratique pour toi de m'emmener. Promis, je supprimerai tout les souvenirs du trajet emprunté dès qu'on aura une pinte dans les mains. "

Non, elle ne prendra jamais ce risque. Mais c'est ridicule de la faire revenir jusqu'à ce quartier calme. De toute façon Oz s'apprête à me faire une nouvelle remarque cinglante, moqueuse ou hautaine pour me signaler que nous ne nous connaissons pas. Je m'y attends. Puis-je encore me tromper sur son compte ?
J'aimerai tant.
Les mains au fond des poches, je me dis qu'une virée en moto était la meilleure idée. Je n'ai plus qu'à aller chercher mon casque. Pourtant, la curiosité est trop forte.

" Hm et si... si on se donnait rendez-vous, pas trop loin de là où tu comptes déposer mon dossier. Un coin qui t'évite de faire la route deux fois. Je t'y rejoins. "

Ça me paraît une option sage, pour le coup. Je sonde son minois décoré mais me laisse encore distraire par ses cheveux fous balayés par la brise, la clarté anormale de ses yeux et cette odeur fraiche de tabac qui enrobe sa fine silhouette. La proposition me semble honnête et judicieuse ; reste à savoir si ma chevauchée me conduira jusqu'à la rouquine ou s'il me faut trouver un autre point de chute.

En attendant qu'elle se décide - il lui faut certainement peser le pour et le contre, évaluer les risques - même si je n'ai pas l'air dangereux - s'assurer que toutes ses missions ont été exécutées, choisir un établissement arrangeant mais pas trop proche de sa première destination... - je m'approche du muret sur lequel elle s'était perchée pour y donner quelques coups légers, du plat du pied.

Je suis libre comme l'air, prêts à saisir l'occasion, celle-ci, une autre, qu'elle importance à ce stade ? Je me persuade que la coursière est une rencontre banale comme il y en a tant.
Pourtant je ne suis pas dupe, ce charme est unique.
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20.04.20 18:58
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Elle se gorgea les poumons de nicotine en songeant déjà qu’il déclinerait la mauvaise proposition. Pourquoi diable perdrait-il son précieux temps à patienter qu’elle daigne repointer le bout de son nez dans ce coin trop tranquille, trop plat de la ville ? Llewyn le détailla de haut en bas, le temps d’un battement de cils, se figurant trois réponses probables. Il n’avait aucune confiance en elle et préférait donc s’assurer qu’elle livrait les informations potentiellement délicates qu’elle tenait en main - ce qui revenait, à peu de choses près, à l’insulter - ; il craignait un retour de flammes quelconque de l’Armée véritable et se pensait à l’abri tant qu’il traînait non loin d’une de leurs coursières ; il avait un penchant assumé pour les rousses à l’accent criard.

« Pourquoi pas. »

La jeune femme ne put masquer l’éclair de surprise qui passa sur ses traits. Elle rendit au vent un nuage blanc chargé de tabac, prenant garde à ne pas enfumer son interlocuteur qu’elle fixa, incrédule.

« La sagesse est une définition bien vague mais, admettons. Sauf si c'est plus pratique pour toi de m'emmener. Promis, je supprimerai tout les souvenirs du trajet emprunté dès qu'on aura une pinte dans les mains. »

Il pouvait aussi voyager dans le coffre. C’était toujours une solution : plié en deux, les genoux contre le torse, elle devrait bien réussir à l’y encastrer. L’image du détective, coincé comme un malheureux à l’arrière la voiture lui traversa l’esprit en lui tirant un sourire qu’elle s’empressa d’effacer pour ne pas qu’il l’interprète de la mauvaise manière.

« Hm et si... si on se donnait rendez-vous, pas trop loin de là où tu comptes déposer mon dossier. Un coin qui t'évite de faire la route deux fois. Je t'y rejoins. »

Vaughan se détourna pour aller user sa chaussure contre le muret qui lui servait de siège, une minute plus tôt. Elle le suivit des yeux, les sourcils froncés, prise dans les méandres de ses réflexions. Les itinéraires défilèrent en pensées. Depuis quatre ans qu’elle vivait à Londres, elle avait appris à connaître les artères principales, les boyaux majoritaires qui les coupaient. Certains quartiers n’avaient plus le moindre secrets, si bien qu’elle pouvait les parcourir les yeux fermés, s’y diriger sans mal, quel que fût le côté par lequel elle y entrait.

Arrivée à la fin de sa cigarette et de sa décision, l’expatriée laissa tomber le mégot au sol et l’écrasa sous son talon.

« L’Electric Ballroom, Camden Town. Disons, dans trente minutes ? »

Elle se laissait une petite marge de manœuvre, aussi bien pour s’éviter un retard en cas de discussion après remise du dossier que pour ne pas trop presser le brun. Dieu savait qu’il avait peut-être un rendez-vous à annuler. Il ne devait pas être bien important, de toute manière, pour qu’il le sacrifie de la sorte.

« Attends-moi devant. Tu as mon numéro si tu te perds. »

Llewyn pivota sur ses talons et engloutit les quelques mètres qui la séparaient de sa voiture de fonction - en quelque sorte. Elle jeta les documents sur le siège passager, vida ses poches pour n’être pas gênée durant la conduite, et quitta bien vite les rues propettes d’Ealing.

*

Quelques minutes d’avance. Deux, peut-être trois. Le pavé bourdonnait de monde devant la salle de concerts. D’une foule mêlée d’étudiants, de vieux punks en mal d’un autre temps, de trentenaires nostalgiques. On s’encrassait vaillamment les poumons entre deux sets musicaux, de ce qu’elle avait cru comprendre. D’où elle se trouvait, Llewyn ne parvenait pas à lire les affiches placardées de part et d’autre de la gueule de métal bleue qui avalait et recrachait un public couvert de sueur par intermittences.

Libérée de ses obligations, et après avoir refusé une bière avec ses compatriotes, prétextant un autre rendez-vous qui n’avait pas manqué réveiller la curiosité déplacée de certains, la rouquine avait remonté les rues jusqu’à Camden High Street pour se poster en face de l’établissement bien connu des Londoniens. Nonchalamment adossée à un réverbère, la tirette de son unique protection contre le vent remontée jusqu’au nez, sa capuche vissée sur le crâne, elle consultait sur l’écran de son téléphone les dernières nouvelles du monde. C’était dire les dernières conneries repostées en boucle sur les réseaux sociaux.

Le ronflement gras d’une moto lui percuta les tympans. Elle releva le nez à temps pour voir passer une Harley surmontée du blouson de Vaughan. La jeune femme enfouit son portable dans sa poche, se découvrit puis se redressa alors que l’Américaine se taisait. Elle fit quelques pas pour rejoindre l’enquêteur et l’accueillit d’une pique douce :

« Tu es ce genre de personne, alors … »

La moue faussement ridée qu’elle tirait témoignait de sa moquerie. Rien de bien méchant, rien de foncièrement agressif, qu’une taquinerie simple entre une amatrice de moteurs anglais et un Britannique passé du côté de l’ennemi, outre-Atlantique.
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20.04.20 21:30
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Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Quelques secondes s'allongent, pas pesantes mais silencieuses. Le bruit de ma chaussure qui caresse le béton, le réverbère qui grésille en souffrance et ses soupirs plein de tabac sont les seuls sons qui accompagnent la réflexion de la rouquine.

« L’Electric Ballroom, Camden Town. Disons, dans trente minutes ? »

Mon regard s’illumine presque mais je le contrôle avant de le replacer sur elle. Mains toujours au fond des poches, j'acquiesce en montant lentement les marches - de nouveau seul. Récupérer mon casque, profiter de cette demi-heure en tête à tête avec ma Harley puis partager un bière devant des musiciens ? C'est assez parfait comme programme finalement.
Je ne me perdrai pas en route.

" A dans trente minutes. "

♠

Malgré la qualité de l'engin et ma passion pour ces moments de liberté, je mets quelques minutes avant de savourer. Le paysage partiellement éclairé par les artifices qui daignent fonctionner défile sans que je sois capable d'apprécier la vitesse. Pas totalement. J'ai une pensée pour l'ancien, sa voiture écrasée contre un mur, les nombreuses marques suspectes à l'arrière, son visage crispé... Je pense à ce grand-père tombé de nulle part qui m'a quasiment torturé pour s'annoncer et maintenant l'IRA. J'aimerai croire que l'échange avec ces extrémistes est terminé. Qu'ils ne viendront plus rien me demander et je dirai désormais non à toute perche tendue par les juristes : ils iront titiller les terroristes eux-mêmes.

Je n'ai jamais eu d'ennemis autres que ces avocats moins bons que moi, rivaux professionnels logiques. Admettons quelques jaloux côté perso mais aucun ne m'a causé du tort. Et voilà que je fais rentrer dans mes contacts deux gangs en moins de quelques semaines !
Le pire, c'est cette appréhension : il ne s'agit que d'un début.

Finalement j'arrive à chasser le vieux rital et ses sbires, le dossier, les plaideurs coincés et même Oz de mes pensées. La Harley vibre plus fort comme si elle était dotée d'une conscience et de sentiments, elle valide le lâché prise et la distance que je parviens à imposer aux problèmes.
Le crissement des pneus, l'air qui claque le cuir, la sensation de voler ;
Après quelques pointes grisantes je reviens au cœur de Londres, côté Camden, laissant les regards traîner sur la moto qui circule calmement. Je savoure ici son équilibre parfait, le son chaud de l'échappement, la qualité des amortis ; puis je coupe le moteur pas loin de la salle. Je retire mon casque et fais aussitôt face à une irlandaise piquante - sans surprise.

" Si ça te permet de me classer dans une première catégorie. "

Il y en aura d'autres, peut être, j'espère ? Après tout son jugement n'est pas faussé, seulement incomplet. La nature de notre rencontre ne joue peut être pas en ma faveur mais quelle importance ? Je lui souris en désignant l'entrée de l'établissement, encerclée par un public varié, bruyants, éméché. Je ravale mes envies de calme et de solitude et l'entraîne avec moi d'un coup léger d'épaule.

" Changement de groupe on dirait. On passe au bar ? "

Timing assez bon. Le temps de faire la queue derrière les pseudos ivrognes, une nouvelle bande de musiciens aura pris place et nous pourrons les écouter attentivement - s'ils en valent la peine. Pour pouvoir passer les portes nous jouons d'abord des coudes puis, plus grand, j'impose ma carrure à quelques étourdis qui ne savent déjà plus ce qu'ils font, ni où ils sont. Je laisse ensuite la coursière passer devant moi. Il me suffit de suivre sa tignasse de feu.
Le service est assuré avec rapidité. La jeune femme est bientôt face au jeune homme qui lui offre un sourire ravageur et même un client d’œil.

" A nous jolie rousse, qu'est ce que j'te sers à toi et ton barbu ? "


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21.04.20 14:08
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Vaughan ne s’offusqua pas, soit qu’il était habitué à ce qu’on le pique sur son choix de moto, soit qu’il était trop confiant pour se trouver blessé dans son égo. Il se démasqua et abandonna sa Harley, retrouvant sa hauteur qui rappelait à Llewyn qu’elle n’était pas si grande qu’elle l’aurait voulu.

« Si ça te permet de me classer dans une première catégorie. »

Elle soupira, amusée. Qui disait qu’elle ne lui retirait pas justement une première étiquette pour lui en coller une nouvelle, tout aussi resplendissante ?

Le brun contempla la porte de la salle de concerts, le public attroupé, l’effervescence qui trahissait l’ambiance entre les larges murs de béton. Il désigna l’entrée d’un signe de tête et se mit en branle. Son épaule percuta sans violence celle de l’Irlandaise avant qu’il ne disparaisse de son champ de vision. Elle pivota sur ses talons pour marcher dans son ombre, se glissa à sa suite dans la file qu’il fendit sans mal jusqu’à les mener au cœur du bâtiment, évitant deux ou trois Londoniens dont le sang était déjà chargé d’alcool. Elle les observa d’un œil perçant en les dépassant, tentant de lire en eux, de découvrir le secret de leur ébriété. Le bar de l’Electric Ballroom ne servait rien qui soit interdit, rien qui soit répréhensible. Ils avaient trouvé leur bonheur ailleurs : avant de venir assister au concert ; dans la foule, la fosse, puisque certains courageux revendaient sous le manteau de petites flasques dégotées on ne savait où ; ou à l’endroit exact où Llewyn comptait passer sa soirée.

L’air, à l’intérieur de la grande salle, était chargé de cette ambiance électrique et humide de concert agité ; la rouquine prit une claque de chaleur à l’instant où sa semelle toucha le sol collant de l’endroit.

« Changement de groupe on dirait. On passe au bar ? »

Ses yeux bleus coururent de la scène sur laquelle des techniciens s’affairaient à changer instruments et câblages au bar devant lequel une petite queue se pressait avec plus ou moins d’ordre. Elle passa devant le brun et se faufila comme elle le put jusqu’au premier barman venu. L’attente ne fut pas longue ; les serveurs étaient efficaces, et sa fluidité lui permit de dépasser un trio qui n’avait rien vu venir.

« A nous jolie rousse, lui lança l’homme derrière le zinc dans un sourire charmeur, qu'est ce que j'te sers à toi et ton barbu ? »

Le clin d’œil était osé compte-tenu de la proximité de Vaughan qui lui appartenait déjà, semblait-il. Mais l’absence de réaction de l'accompagnateur suffit à démentir les suppositions du barman dont la grimace aguicheuse s’aggrandit. La rouquine posa ses coudes sur le bois et se hissa sur la pointe des pieds pour se pencher à son oreille et murmurer :

« Deux mazes, s’il-te-plaît. »

Tant pis pour l’instant séduction, elle aurait tout le loisir de repasser par ici si la compagnie du détective lui était désagréable. L’homme, malgré cela, ne ravala pas son sourire. Son regard s’illumina au contraire à cette commande qui ne figurait pas sur la carte des boissons. Il disparut un instant derrière son bar et reparut pour y enfoncer deux gobelets réutilisables que rien ne distinguait, à première vue, de ceux dans les mains des autres personnes présentes ce soir. Cinq secondes plus tard, il les remplissait de coca et les échangeait contre une poignée de livres. Trop de billets pour de simples sodas.

Llewyn renfouit son portefeuille dans la poche arrière de son pantalon et s’empara des deux godets pour en presser un dans les mains de l’enquêteur. Elle trinqua indolemment avant de lui indiquer de la suivre. La jeune femme trempa ses lèvres dans la boisson dont le goût ne trompait pas : coca, tout ce qu’il y avait de plus classique. C’en était presque décevant. Elle contourna un groupe de trentenaires à l’accent gallois reconnaissable entre mille et fondit vers le côté gauche des lieux. Là, une coursive accessible à tous grimpait le long du mur et le longeait jusqu’aux coulisses. Le pont métallique s’étendait en toile d’araignée au-dessus de la salle, à cinq mètres ou si mètres de hauteur, loin des mains et des idées lumineuses du public. Le duo gravit les escaliers, le contact de leurs semelles sur les marches produisant un bruit métallique qui ne manqua pas de parvenir aux tympans de la transporteuse malgré le brouhaha ambiant. Suspendus au-dessus de la grande pièce, ils passèrent devant les loges gardées par deux types à l’air patibulaire, bifurquèrent sur la droite pour s’engager sur la passerelle qui surplombait la foule, et fendirent droit jusqu’à une porte donnant sur un escalier de secours et un coin fumeur généralement peu fréquenté.
La rouquine ouvrit brutalement le panneau coupe-feu qui partit se fracasser contre le mur extérieur. Elle sursauta sous le bruit, jura de sa maladresse, ravala ses insultes en même temps qu’une longue gorgée de soda et laissa passer le brun. Elle dévala les marches une seconde après lui jusqu’à atterrir dans une cour intérieure bordée de bâtiments aux volets clos. Une trentaine d’âmes en manque de nicotine y entretenaient leur cancer des poumons sous l’œil sévère d’un physionomiste qui semblait aussi sympathique que ses confrères à l’intérieur.

La jeune femme reprit les devants et, son verre en évidence pour ne pas être arrêtée par le videur, fila doucement vers une petite ruelle à peine plus large qu’un homme. Enfoncée entre ce qui semblait être l’arrière d’une boutique de vêtements et un entrepôt à la façade crevée de climatisations, le boyau donnait sur un immense mur d’une bonne dizaine de mètres de hauteur. Llewyn jeta un coup d’œil par-dessus son épaule pour s’assurer que son accompagnateur lui emboîtait bien le pas. S’il avait le moindre doute quant au fait de mourir égorgé par les Irlandais en gage de gratitude pour son paiement, l’endroit n’était pas prêt de le rassurer.

Arrivés au tiers du passage, l’expatriée s’immobilisa devant une lourde porte métallique et se retourna pour faire face à son poursuivant. Moins d'un mètre les séparait, son parfum rampa jusqu'à elle. Un sourire malicieux se peignit sur ses lèvres. Elle tapota le cul du verre de Vaughan, son ongle rencontrant le motif étrange gravé dessous.

« Bois. »

La jeune femme vida son gobelet d’une traite et attendit que son interlocuteur en ait fait de même pour frapper du poing contre le panneau qui leur barrait l’accès à la suite de la soirée. La porte grinça sur ses gonds lorsqu’elle s’entrebâilla, un grand blond au regard fatigué y passa le nez, puis le visage, jusqu’à ce qu’enfin sa tête entière apparaisse, comme suspendue dans l'air. Llewyn chaparda le godet vide du quadragénaire et le tendit en même temps que le sien au Cerbère peroxydé. L’homme les retourna, passa son doigt sur le petit labyrinthe en glyptique qu’on y avait dessiné puis les empila pour s’en débarrasser d’une main dans un seau derrière lui tandis qu’il ouvrait grand la gueule du speakeasy de l’autre.

« Bonne soirée à vous. »
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21.04.20 18:07
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Qui accepte le verre contracte une dette.
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Le barbu de la jolie rousse emmerde clairement le serveur, mais se retient. Je préfère ne pas être vulgaire, je déteste les grossièretés, c'est laid entre toutes les lèvres. Je me contente de laisser Oz gérer, pas par fainéantise ni par ce fameux machisme que certains aiment laisser traîner partout. La masse de clients agglutinés contre le bar m'empêche de me mettre aux côtés de la rouquine et le brouhaha masque la plupart des mots. Pire encore lorsqu'elle se penche vers son séducteur ;
Mes sourcils se froncent imperceptiblement et en détournant le regard j'évite de le laisser s'agripper à sa croupe. Un soupir nostalgique vide mes poumons puis finalement, la belle me confie la boisson. Je la remercie avant de me souvenir que, dans l'idée : c'était à moi d'inviter ! Même en payant une banale boisson gazeuse. C'est la deuxième fois que l'irlandaise règle la note et clairement, ça me déplait. Pas vraiment vis à vis d'elle mais plutôt de ma sécurité et mon rapport à l'IRA.
Ils me rendent parano.

" Oz ; "

Ses pas l'éloignent, accélèrent, je ne suis pas sûr qu'elle m'entendent. J'ai une autre certitude : elle sait où elle va. Et ce n'est visiblement pas le prochain groupe de musique qui l'intéresse. Sauf si elle les connait personnellement car - puisque je me sens obligé de la suivre - nous grimpons les escaliers grinçants en direction des loges et je ne cesse de me retourner pour vérifier si nous sommes les seuls à emprunter ce chemin.

" Oz ? Je devais payer tu sais. On va où comme ça ? "

Si vraiment son petit manège me déplait, il me suffit de l'abandonner. Sauf que je n'en ai pas envie. Je porte le verre à mes lèvres tandis qu'elle passe ses nerfs sur un panneau de sécurité pour finalement me laisser passer. Le tabac vient remplacer l'odeur tenace de transpiration qui planait et les degrés perdus ne me manquent pas. Elle voulait fumer ? Simplement ? Un brin rassuré, je sens mes épaules se dénouer...
Pas le temps d'avaler une autre gorgée, ni de songer à imiter les cancéreux, la jeune femme repart aussi rapidement, déterminée. Lorsque nos pas résonnent dans un couloir étroit je commence à ralentir la cadence. Soit elle a une envie pressante de stup, sexe ou autres drogues ; soit elle me conduit à un coupe-gorge.

« Bois. »

Je manque de la percuter. Encore.

La résolution dans son regard, l'autorité plaisante de sa voix et le comportement bizarrement complice qu'elle affiche font avorter mes questions. Je ne cerne pas bien son jeu, mais je n'ai pas froid. Je suis trop curieux de toute façon pour savoir freiner quand c'est judicieux ;
J'acquiesce et obéis sans la quitter des yeux.
Les deux gobelets en guise de laissez-passer sont remis à un portier. Je reste sur le cul, étonné de ne pas connaître ce bar clandestin. Il faut dire qu'il y en a de plus en plus et à Camden, c'est presque tous les cent mètres. Un serveur pressé me passe dans le dos et m'oblige à saisir Oz par l'épaule pour ne pas lui mettre un coup de buste et je souris intérieurement de nous comparer à des aimants.

" Ah ok, c'est ici que je règle la dette que je te dois ? Cool. "

Dis-je en laissant traîner mes yeux sur les consommations bien plus attrayantes que les précédentes. Si elle connait les lieux, je peux quand-même la pousser jusqu'au comptoir. J'ai bien l'intention de m'alléger de quelques livres pour elle - je suis têtu.

" Qu'est ce que tu veux ? "

Après le barman aguicheur c'est la jolie serveuse qui se penche vers nous. Le bruit ici est plus étouffé, l'espace un rien cloîtré. Je lui rend son sourire agréable en lui proposant de me servir ce qu'elle souhaite. J'aime être surpris et je déteste jouer les difficiles ; de toute façon dans les clandestins, soit ils savent se fournir en bon alcool - et tous les choix sont sympas - soit tout est dégueulasse. Comme la dernière bière partagée avec Oz.
Je me penche vers celle-ci :

" J'ai eu peur que tu m'entraînes jusqu'à un repère de roux anti-détectives. "

Ce n'est pas le cas, pour ce qui est de la toison. Sont-ils tous irlandais ? Anti-enquêteurs ? Sont-ils moins innocents et détachés qu'ils en ont l'air ? La scène me replonge dans un polard crade mais j'espère ne pas ressembler au personnage principal dans son jour de malchance, début d'intrigue.
Ni à la victime de la première scène.

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21.04.20 20:34
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Llewyn se faufila dans l’entrebaillement la première, rapidement suivie par l’enquêteur qui n’évoluait pas à plus de trente centimètres d’elle, comme par crainte de la perdre ou de la voir s’éloigner pour laisser place à des Irlandais revanchards. Fort heureusement pour lui, le feu de sa chevelure la rendait aussi repérable qu’un phare dans la nuit ; et elle n’avait aucune raison de l’envoyer droit dans la gueule du loup. On ferma la porte derrière eux, tous les sons semblèrent aussitôt étouffés, si bien que la rouquine eut la sensation d’entrer dans un écrin. Une poche de coton, un paysage enneigé où les bruits semblaient plus légers, asphyxiés.

Elle fit quelques pas pour s’éloigner de l’entrée et se plonger pleinement dans la suite de la soirée. Plancher lourd, rayé et éreinté, tables de bois et de métal, fauteuils et tabourets bardés de cuir usé, bar flanqué d’étagères croulant de bouteilles de contrebande jouant les cartes des consommations, murs de pierres couverts de gribouillis confus. Du sol au plafond, sur les quatre parois qui fermaient l’endroit, se trouvait dessinée à la manière d’un labyrinthe une carte de Camden. Le bon chemin menait tout droit à ce petit cocon d’ivresse : le Maze.
Le speakeasy avait ouvert trois mois plus tôt et fermerait sans doute dans moins de temps que cela si le patron ne graissait pas les bonnes pattes. La longévité des bars clandestins ne tenait qu’aux relations entre les tenanciers et les condés, ce n’était un secret pour personne. Par chance, les flics du coin étaient comme les chiens : si on pouvait dresser un cabot à fouiner où on le souhaitait, on pouvait aussi lui apprendre à regarder chez le voisin plutôt qu’ici.

Douze semaines d'existence pour cet établissement, donc. La rouquine lui espérait une longue vie.

Un serveur débordé frôla le duo, déséquilibrant Vaughan qui dut se raccrocher à l’épaule de sa guide pour ne pas lui tomber dessus. Les doigts masculins sur son gilet transférèrent immédiatement leur chaleur, tirant un frisson à l’expatriée que tous ces changements de température dérangeaient.

« Ah ok, c'est ici que je règle la dette que je te dois ? Cool. »

Le détective ne se décrocha que pour glisser une main dans son dos et l’entraîner vers le bar. La rouquine laissa dériver ses yeux sur les différentes étiquettes alignées sur les étagères. Grands classiques, noms moins connus et productions locales au goût de poison étaient sagement rangés, attendant qu’on vienne les vider. Ici, toutes les consommations étaient marquées d’un sceau gaélique. Deux grands fournisseurs se partageaient Londres : les Russes, et les Irlandais. Llewyn, en bonne compatriote, ne fréquentait pas volontairement les rades sous étendard communiste ; il fallait généralement l’y traîner de force. Chauvine de son état, elle mettait d’ailleurs toute la mauvaise foi du monde à se laisser emmener.

« Qu'est ce que tu veux ?
- Pinte d’IPA, lança-t-elle quand son regard tomba sur les tireuses, merci. »

Elle revint au quadragénaire, occupé à sourire à une serveuse pour le moins attrayante qui s’enquit des commandes.

« J'ai eu peur que tu m'entraînes jusqu'à un repère de roux anti-détectives. »

Llewyn échappa un rire muet. Elle aurait pu, par mesure de sécurité. Ou parce qu’on lui aurait demandé de garder l’enquêteur à l’œil. La jeune femme se plaça dos au comptoir et croisa les bras sous sa poitrine avant de laisser ses orbes clairs parcourir la salle. Elle accrocha quelques visages quand un accent et des termes de son île natale lui venaient, mais aucun faciès ne lui était familier. C’était justement pour ça qu’elle avait choisi le Maze plus qu’un autre blind pig habituellement fréquenté par la racaille irlandaise qu’ils formaient tous. Elle n’avait pas besoin que ses collègues et camarades sachent tout ce qu’elle faisait, et avec qui elle le faisait. Surtout lorsque la nationalité du qui ne se pliait pas à ses règles de base.

« Je ne sais pas s’ils sont particulièrement hostiles aux types exerçant ton métier, répondit-elle sur un ton léger. Par mesure de sécurité, tu devrais éviter de scander ce que tu fais de ta vie. Je suis transporteuse, pas garde du corps. Je ne te protègerai pas si tu te fais égorger ici ce soir. »

Elle ponctua sa promesse de non-intervention d’un sourire pétillant. La barmaid revint discrètement derrière eux, posa leurs consommations et annonça la note. Llewyn, bien que le réflexe lui mordit les trapèzes, ne porta pas la main au porte-monnaie. Elle laissa Vaughan régler l’addition et essuyer la première partie de sa dette.

Dans un geste souple, la jeune femme débarrassa le comptoir de sa pinte et partit vers une table haute. Elle posa sa bière et son téléphone sur la surface boisée, enfouit ses réserves financières dans l’une des poches de son gilet qu’elle ferma précautionneusement, puis s’en défit pour le poser sur le tabouret, dévoilant un débardeur noir d’une écrasante simplicité.

« Il y a quand même quelque chose que je ne m’explique pas, commença-t-elle en s’installant. L’alcool, c’est un trésor national chez vous. Vous y tenez plus qu’aux bijoux de la Couronne. Comment vous avez pu accepter qu’on vous l’interdise, comme ça ? Passez-nous une Prohibition comme la vôtre en Irlande, et on vous fout le pays à feu et à sang ! Elle leva son verre en direction de son interlocuteur. Sláinte ! »
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22.04.20 0:13
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Qui accepte le verre contracte une dette.
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] « [...] Par mesure de sécurité, tu devrais éviter de scander ce que tu fais de ta vie. Je suis transporteuse, pas garde du corps. Je ne te protègerai pas si tu te fais égorger ici ce soir. »

J'attrape ma pinte en remerciant la charmante derrière le comptoir avant de pencher le visage, perplexe, vers celui de la non garde du corps. Croit-elle vraiment qu'il y a un seul endroit où il est pertinent de clamer ma profession ? Le but est de rester discret car même si j'exerce sans jamais prendre partie, je ne veux pas risquer d'éveiller les soupçons. Et puis ceux qui ont des trucs à se reprocher ont tendance à penser que le privé fait du copinage avec la police. Paradoxalement, les policiers me voient d'un très mauvais œil et acceptent difficilement la collaboration qui, pourtant, s'avère toujours efficace.
Je ne suis dans aucun camp - et aucun camp ne m'apprécie - mais l'heure n'est pas à l'exposé, souvenez-vous : discrétion.

" Je ne t'en voudrais pas ; "

Dis-je en jetant un œil curieux dans l'ambrée qui m'a été servie.

Je ne m'attends jamais à voir élan de solidarité ou geste de soutien. Sur le principe, je considère les gens égoïstes et peureux, sans parler des sadiques, des arrivistes. J'ai déjà assisté à un assassinat en pleine rue sans que personne ne daigne bouger - pas même le chat en pleine toilette intime à pas dix mètres.
Le voile brumeux qui est tombé sur Londres a renforcé la vanité, l'indifférence et la lâcheté de ses habitants. On court à l'abri, on suspecte les minorités qui, tout aussi injustement, manigancent à l'encontre de la majorité soumise ; chacun ses arguments valables, aucune plaidoirie ne serait pourtant recevable. Triste monde.
Si je suis égorgé ce soir, Oz aura le bon réflexe de se tenir éloignée pour ne pas être injustement considérée comme une proche. Puis elle partira.

A défaut d'abandonner mon cadavre elle s'éloigne néanmoins jusqu'à la petite table qui accueille ses effets. Je vérifie avec la serveuse que le compte y est, puis je rejoins la rouquine. J'en aperçois une autre, au loin, mais la couleur paraît fade en comparaison. Les cheveux de Oz sont-ils naturels ?!
Mes yeux sombres glissent sur la peau tatouée de ses bras qui ressort si claire à côté de l'encre.

Après une critique délibérée faite aux Anglais, elle s'attaque à sa boisson.

« Sláinte ! »

Ah, le gaélique. L'ancien en connaissait quelques termes mais je n'ai jamais réussi à les retenir. Je saisis néanmoins celui-ci sans mal et lève ma bière en évitant de tenter l'imitation et plus encore le salute italien.

" A la tienne, Oz. "

Il m'énerve ce sobriquet. Il est trop vague, lui va pourtant si bien. J'ai peur de ne jamais pouvoir me faire à l'idée d'un prénom à force de penser ces deux lettres insignifiantes en voyant son minois. Oz ramène forcément mes souvenirs vers le fameux magicien et je m'amuse à penser que cette irlandaise est une sorte d'ensorceleuse ;
Ses tatouages pourraient se mettre à danser, se détacher de sa peau sous les incantations tandis que ses yeux si bleus brilleraient davantage, envoûtant tous les hommes, faisant d’eux des pantins sans conscience.

L'amertume de la boisson me raccompagne au cœur du clandestin.

" Tu as l'impression que l'interdiction a été acceptée ? "

Suffit de regarder où nous sommes et - sans aucun doute - de lister tous les lieux similaires qu'elle a déjà fréquenté. Sans parler des heurts réguliers, certes bien plus vigoureux au début de la prohibition. Tout ce que la presse ne dit pas, les arrestations plus ou moins légales, les mises en silence, les disparitions et accrochages que les politiques tentent maladroitement de rattacher à d'autres motifs.

" Ne le prends pas mal mais, honnêtement, vous n'auriez peut être pas réagit différemment. Si tu m'avais parlé de prohibition, même dix mois avant sa mise en place, j'aurai affirmé comme toi. Pays à feu et à sang, têtes pensantes accrochées à des piques et preuves de liberté à chaque coin de rue. "

J'avale une gorgée et secoue lentement la tête.
Pas nostalgique, juste un peu résigné.

" Et puis, le côté clandestin a son charme ! "

Faut voir le positif, j'imagine. Je ne fais pas partie de ces gens impliqués dans la lutte. Elle, en revanche, est affiliée aux extrémistes. Comment vit-elle son combat national depuis un autre pays ? Depuis cette ville particulièrement embourbée dans la noirceur et les conflits ?
Je l'observe, sentant à peine le rictus posé sur mes lèvres.

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22.04.20 10:47
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Les Anglais avaient été assez stupides pour voter leur Brexit en premier lieu, personne ne s’était donc étonné de voir l’absence de réaction réelle quand la loi d’interdiction de vente et consommation était tombée. L’organisation souterraine s’était faite ; mais à la surface, le calme plat. On avait posé des bombes pour moins que ça. À la place des Britanniques, les Irlandais auraient fait sauter le Parlement, la Tour de Londres, et le trône du Roi au passage, pour lui faire comprendre proprement le message. C’est qu’on ne plaisantait pas avec certaines institutions ; et sur l’Île d’émeraude, l’alcool était sacré. Dieu merci, à Belfast, on se saoulait encore à la Guiness et au pure pot still.

« A la tienne, Oz. »

L’ébauche d’un sourire se dessina sur les lippes de la jeune femme. Elle adorait l’accent des Londoniens, cette manière toute particulière qu’ils avaient de prononcer son pseudonyme, de l'écorcher doucement. Ces deux lettres, pourtant si simples, sonnaient si différemment dans la bouche d’un Anglais. La voix de Vaughan, pour amplifier le charme, faisait vibrer son surnom comme une corde. Elle fit disparaître sa grimace amusée dans une gorgée de bière et reporta son attention sur le liquide malté. Le goût n’avait décidément rien à voir avec celle de leur dernière pinte échangée. Le bar s’était imposé comme un choix de facilité compte-tenu de sa proximité du lieu où elle avait terminé sa journée de course ; il se révélait d’autant plus judicieux que les boissons étaient de bonne qualité.

« Tu as l'impression que l'interdiction a été acceptée ? »

Llewyn promena un nouveau regard indiscret sur les visages alentours. La clientèle était plutôt diversifiée : un pilier de comptoir d’une soixantaine d’années noyait son alcool dans le chagrin au bar, un quintuor de jeunes à peine majeurs riait grassement de l’autre côté de la salle tandis que leurs voisins directs, un couple de trentenaire, disputait avec un sérieux presque professionnel les whiskies japonais. La Prohibition emmerdait royalement tous les âges, toutes les catégories sociales, mais était soulagée par le marché noir qui nécrosait tous les quartiers de la ville. On avait autant de facilité à trouver un rade clandestin lorsqu’on croulait sous les dettes qu’un speakeasy de qualité quand on roulait sur l’or. La seule différence résidait dans les alcools qu’on y buvait. C’était au choix : déboucheur de canalisations distillé dans une baignoire au clair de lune ou rhum hors d’âge directement importé de la Barbade par quelque contrebandier qui connaissait les trous aux frontières et vous livrait jusqu’à dans votre salon.
D’une certaine manière, les Anglais avaient accepté leur sort. Ils toléraient, légalement, qu’importe le nombre de lieux comme celui-ci. Officiellement, les effets de la loi étaient engageants et ne donnaient guère envie de revenir en arrière. Les politiques évitaient cependant de parler de la hausse de l’influence du crime organisé et du retour de l’opium en ville. Il ne falait pas ternir un blason à peine redoré.

« Ne le prends pas mal mais, honnêtement, vous n'auriez peut être pas réagit différemment. Si tu m'avais parlé de prohibition, même dix mois avant sa mise en place, j'aurai affirmé comme toi. Pays à feu et à sang, têtes pensantes accrochées à des piques et preuves de liberté à chaque coin de rue. »

Et pourtant, ils étaient là ce soir. Installés dans un établissement sur lequel on ne pouvait tomber par hasard, à savourer une bière apportée par des étrangers, puisqu’en plus d’être restés sagement assis devant leur télévision à s’insurger verbalement des décisions du gouvernement, les Rosbifs n’avaient pas été foutus de trouver une solution eux-même. Le chauvinisme incendiaire qui brûlait dans les veines de l’expatriée lui laisserait toujours penser que son pays aurait réagi différemment. Les émeutes étaient une de leurs spécialités, après tout.

« Et puis, le côté clandestin a son charme !
- Si on aime avoir à se casser le cul pour trouver un endroit décent, effectivement. »

Llewyn était partisane de la simplicité, aussi regrettait-elle le temps où lui suffisait de se traîner jusqu’à la supérette la plus proche pour en ressortir un pack de bières à la main. Elle convenait cependant qu’il était parfois plaisant de jouer d’un réseau et de relations pour pouvoir profiter d’une blonde ou d’un spiritueux, comme elle accordait au quadragénaire qu’avoir à se creuser les méninges pour découvrir un tel lieu était amusant. Un temps tout du moins. Avoir à se décarcasser était éreintant, à la longue. Comme tout : on se lassait de la normalité.

« L’ambiance colle plutôt bien à ton boulot, en fait, réfléchit-elle à voix haute en plaquant ses mèches rousses vers l’arrière. On le voit tous, le type reclus dans son cabinet noyé de fumée, à siroter un whiskey sur chacun de ses cas, contraint de sortir, d’affronter la pluie et le brouillard dégueulasse pour se réfugier dans un blind pig et y laisser traîner ses oreilles. Très film noir dystopique, tout ça. Surtout quand tu te mets à suivre des Irlandaises dans des ruelles sombres pour t’acquitter d’une malheureuse dette inexistante. Elle clappa sa langue contre son palais, avala une gorgée de bière et se fendit d’un sourire vaporeux, mutin. Je ne t’aurais pas harcelé si tu ne me l’avais pas rendue, tu sais. »
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22.04.20 17:04
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Qui accepte le verre contracte une dette.
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Je m'attendais à ce qu'elle défende son drapeau avec plus de vigueur que la moue peu convaincue qui nait sur son visage. Mais je ne suis pas déçu. Les tâches sur sa peau jouent avec les lignes qui apparaissent et disparaissent au grès de ses réactions. Si Oz est relativement discrète, prudente dans son comportement, je commence à cerner les petits froissements du nez, la plissure du regard face aux paroles qui ne lui conviennent pas.
Cette absence de révolte enterre le sujet sans me donner raison, sans m'accuser pour autant. Non, les anglais n'auraient pas du être si indifférents, si flegmatiques. Ce trait de caractère est une réputation qui nous précède malheureusement ;

Qui sait ce qu'il s'est réellement passé ? Qu'en est-il des attentats déjoués restés secrets ? Des groupuscules rebelles si vite démantelés ? Je refuse de condamner tout un peuple sachant que certains ont payé le prix fort.
Moi, à mon échelle, je suis peut être fautif.

« L’ambiance colle plutôt bien à ton boulot, en fait. »

Dit-elle avant de développer. J'adore les mots qui s'échappent d'entre ses lèvres gourmandes. L'intonation employée, l'accent et ces cassures sèches sont des détails fascinants. En dehors du boulot je ne suis pas constamment dans l'observation malgré une perspicacité aiguisée. Avec une autre, je n'aurais probablement pas prêté attention aux particularités de la voix ;
Mais Oz a un truc différent.

J'aime m'imaginer comme le héros du film qu'elle dépeint avant de regarder nos boissons, sans cesser de sourire :

" Ouais, je me doutais que tu n'attendais pas une contrepartie. Mais ça m'fait plaisir. "

J'avale une autre gorgée pour atténuer un peu la courbe trop joyeuse de ma bouche. Puis mes sourcils se froncent sous la curiosité, presque contrariété.

" Si je n'ai pas droit à ton prénom, je peux savoir pourquoi ce surnom ? C'est joli, ça te va bien. Mais je m'attendais à une appellation plus, chantante. "

Replaçant le large verre sur la table, près du centre, je me penche vers la demoiselle pour glisser à son oreille un rappel sur un ton espiègle :

" Tu as mon nom et mon prénom, mon adresse. J'estime mériter un peu plus que deux lettres en compensation. J'sais pas, ta boisson préférée, ton idole de jeunesse, le prénom du chien ! "

Ça m'intéresse moins bien entendu, mais je ne suis pas en train de lui réclamer quoique ce soit, je m'amuse simplement de la situation. Je n'ai pas envie de ramener le discours sur la prohibition et parler des gangs - bien que nous soyons concernés tous les deux - me paraîtrait ennuyeux.

" T'as le choix ! "

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22.04.20 21:04
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Llewyn aurait certainement oublié l’ardoise. Elle ne tenait pas les comptes, la dernière fois, et se fichait en réalité d’offrir une bière de mauvais goût, d’autant qu’elle avait chamboulé les plans de soirée du quadragénaire, à l’époque. Il espérait peut-être profiter d’un instant de solitude, de quelques minutes paisibles pour pouvoir espionner une cible. Il avait fallu qu’elle lui téléphone, qu’il se décroche du bar et la rejoigne le temps de quelques mots.

« Ouais, je me doutais que tu n'attendais pas une contrepartie. Mais ça m'fait plaisir. »

Les paupières de l’Irlandaise se plissèrent imperceptiblement, elle darda un regard inquisiteur sur son interlocuteur, tentant de le sonder, d’entendre ses pensées. Son sourire avait une inflexion charmeuse, son ton était trop léger pour témoigner la méfiance, ses épaules n’étaient pas assez tendues, pas assez crispées. Les principales raisons pour lesquelles elle le pensait là s’écroulèrent lentement. Vaughan n’avait pas tenu à ce verre pour s’assurer qu’il ne risquait rien. Si l’idée lui avait traversé l’esprit, il l’avait certainement abandonnée à la seconde où ils avaient franchi les portes de l’établissement. Ne restait que la dernière supposition, par ailleurs confirmée par l’un ou l’autre regard : un goût à peine voilé pour les rouquines.

Vaughan se rinça le gosier pour ravaler le sourire qui lui barrait le visage. Ses yeux s’assombrirent, ses traits prirent un air grave et concentré alors qu’il demandait :

« Si je n'ai pas droit à ton prénom, je peux savoir pourquoi ce surnom ? C'est joli, ça te va bien. Mais je m'attendais à une appellation plus, chantante. »

Llewyn tiqua, singea s’offusquer du manque de respect dont il faisait preuve. Son pseudonyme lui collait à la peau depuis des années ; depuis les rues de Short Strand et ses premières courses pour les grands gars de l’IRA quand, haute comme trois pommes, elle traversait le quartier d’un bout à l’autre en un temps record, au risque d’y laisser ses poumons. À Belfast, c’était une seconde identité, à Londres un moyen comme un autre de ne pas s’user les dents à corriger la prononciation foireuse de son prénom. Le double -l posait bien des soucis aux Anglais. Elle avait tenté, les premières semaines, de leur apprendre à causer correctement, mais la jeune femme avait rapidement baissé les bras. Le temps lui manquait déjà assez pour ne par vouloir le perdre inutilement.

La transporteuse enfonça son coude sur la table et posa son menton sur son poing fermé. Elle n’avait pas ouvertement refusé de lui livrer son prénom. Il avait supposé qu’elle garderait le secret, et elle n’avait pas cherché à démentir sur le coup. Mais les jours et sa méfiance moins tranchante pourraient la faire changer d’avis.

« Je suis une magicienne, lança-t-elle, pleine de mystères. Ça rattrape ta déception ? »

Ses talents de prestidigitatrice ne valaient pas ceux d’un Houdini, mais elle se défendait en matière de disparitions : s’évaporer dans la nature ou s’évanouir au petit matin sans laisser de traces étaient de loin ses tours favoris.

Elle releva le nez lorsque le brun abandonna son verre pour s’approcher d’elle. Son palpitant manqua un battement. Réflexe instinctif. Le muscle repartit aussi brusquement qu'il s'était arrêté, tambourinant avec une lourdeur caractéristique contre sa cage d'os. Llewyn se fit attentive, réceptive à la voix rauque de l’homme qui lui faisait face. Son parfum lui revint, insidieux, plus entêtant que dans la ruelle. Les notes sombres et brûlantes l’enserrèrent doucement, glissant sur sa peau couverte d’encre et de traces de rouille.

« Tu as mon nom et mon prénom, mon adresse. J'estime mériter un peu plus que deux lettres en compensation. J'sais pas, ta boisson préférée, ton idole de jeunesse, le prénom du chien ! T’as le choix ! »

La jeune femme recula à peine son visage pour lui répondre, si bien que leur nez se touchaient presque. Un centimètre de plus - de moins - et leur lèvres se frôlaient. Elle planta un regard brillant de défi dans ses yeux noirs.

« Je tiens à rappeler que je n’ai jamais demandé ces informations, elles me sont tombées sur le coin de la gueule sans crier gare. Je t’ai, techniquement, confié plus de choses que l’inverse. Mais soit, allons-y ! Elle se redressa brusquement, s’éloigna, leva les yeux au plafond le temps de la réflexion et lista finalement d’une traite : tonic en sans alcool, IPA pour les bières, et je me suis récemment découvert une passion pour le gin. Pas d’idole de jeunesse, mais j’en pinçais sérieusement pour Eminem puis pour Rhys Ifans en Gavin dans Good Morning England. Je n’ai jamais eu de chien. »

Une expression satisfaite illumina ses traits. Elle s’hydrata à coup de malt et de houblon et reposa son verre, l’air ravi. Le cul du godet tinta sourdement sur le bois de leur table.

« Tu me dois donc quatre informations, en plus d’un coca. Je te laisse choisir la première. Ce qui te vient en tête ! »
CODE BY ÐVÆLING
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23.04.20 2:27
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Qui accepte le verre contracte une dette.
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Magicienne assumée donc. Je hausse un sourcil, entre curiosité et intérêt - attraction ? Non il n'y a point de déception et je suis de toute façon trop souriant ce soir pour qu'elle en doute. Certes on se connaît peu. Oz n'est pas censée savoir que le Vaughan est un animal solitaire et méfiant, critique et arriviste. Qui n'a presque rien à faire ici, par exemple. Presque. Parce qu'elle sait au moins par son métier qu'il à les oreilles qui traînent et des yeux de chasseurs.

Je n'ai pas proposé le verre pour creuser mes enquêtes, encore moins entamer des recherches sur son cas. Au contraire, finalement. La rouquine est un parfait prétexte pour oublier le boulot, les ennemis et la famille criminelle.

À quelques centimètres de son visage je m'accroche au regard océan sans quoi je pourrais me perdre sur les dizaines de schémas proposés pas les tâches mutines de sa peau. Carte au trésor non déchiffrable et envoûtante qui laisse pour seule autre option la noyade dans ses orbes.
L'idée me fait froid dans le dos.

Puis elle s'écarte et rompt la contemplation. L'enchantement. Le vertige.
En effet elle n'a rien réclamé me concernant, elle a été obligée de me rencontrer pour servir sa cause. Les infos obtenues doivent lui faire une belle jambe.
Mais je m'amuse de la voir accepter la danse des confessions.

« [...] tonic en sans alcool, IPA pour les bières, et je me suis récemment découvert une passion pour le gin. Pas d’idole de jeunesse, mais j’en pinçais sérieusement pour Eminem puis pour Rhys Ifans en Gavin dans Good Morning England. Je n’ai jamais eu de chien. »

Ces vérités - normalement - tombent aussi sûrement que son acceptation de soirée. J'ai été surpris mais ravi. Cette fois je suis ravi, mais surpris.
J'essaye de visualiser la jeune irlandaise en baver pour ses crushs ou notre prochaine soirée autour de ses préférences gustatives malheureusement j'oublie aussitôt, protégé par un réflexe de survie. Ses goûts ne doivent pas compter. Fréquenter même aussi froidement une fille de l'Armée c'est grotesque et risqué !
Et puis, elle balance ça, gratuitement ? Est-elle plus joueuse que prudente, au final.

Quatre infos en paiement, je devrai pouvoir m'en sortir.
À mon tour j'avale une gorgée pour m'inspirer, et frôle brièvement sa main en reposant le verre.

" Ok... Je, ... je me débrouille en espagnol. "

Je ne vois pas l'intérêt. Jamais vu du moins. Mais je tiens à cette particularité, héritée de l'une de mes nombreuses nourrices. Je souris un brin nostalgique en repensant à cette femme tendre.

" Isabel s'est occupée de moi quand j'avais... Entre quatre et dix ans. J'ai d'abord retenu les insultes et autres réflexions impulsives, mais j'ai vite saisi le reste. "

Surtout parce que je l'ai voulu, pour lui faire plaisir et continuer d'échanger avec elle.

" Ça compte, comme première information ? Ah et tu sais que j'ai été élevé par plusieurs femmes, ça fait deux infos d'un seul coup. "

(c) princessecapricieuse


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25.04.20 21:53
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