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See the fire in your eyes. {ft. Mila & Seamus}
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See the fire in your eyes.
Mila & Seamus

« The day is done, time has come. You battled hard, the war is won. You did your worst, you tried your best. Now it’s time to rest. »
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Je n’entends plus rien si ce n’est ce sifflement. La tête tourne. La vue est brouillée par la poussière, la sueur et le sang. Je peux distinguer ces silhouettes s’agiter et applaudir autour de nous. Et ce type, cette baraque en face de moi qui dans sur ses pieds. Il m’en a placé quelques bonnes dans la tronche. Il pense me dominer. Il pourrait avoir raison s’il était tombé sur un autre adversaire. Il doit voir un combattant mûr, prêt à être cueilli. Il se fourre le doigt dans l’œil s’il pense qu’un irlandais se couche aussi facilement. Un rictus naît sur mon visage, dévoilant des dents recouvertes de ce liquide rouge au goût ferreux. Je lui en crache à la figure, il s’exclame, s’essuie et je l’enchaîne de deux taquets en pleine poire. Il recule, veut se ressaisir.

Mon pied gauche quitte la terre ferme et vient heurter son tibia. Dans un bruit sourd, il s’étale au sol, le dos le premier. Je me recule à mon tour, reprenant ma garde et essuyant mon visage de mon avant-bras. Il tente une attaque, je tapote sa main avant de glisser mes doigts sur son poignet, le tirant vers moi et me décale sur le côté. Il se prend un crochet du gauche et un coup de genou dans les bourses. Ma main quitte son poignet pour le prendre à la gorge et mon front fini les travaux de démolition sur sa petite tronche, éclatant le cartilage lui servant de nez. Je le laisse de nouveau tomber et écarte un peu les bras. " C’est tout c’que t’as dans l’bide, mh ?! Relève toi !.... RELEVE TOI ! " mon hurlement avait couvert un court instant les réactions du public. Il se redresse. Je vais encore pouvoir m’amuser, expier ma rage et ma peine sur sa jolie petite tronche ensanglantée. Oh merde… ce regard qu’il a…

Je n’ai pas le temps d’envisager quelconque esquive qu’il me charge, m’attrape au bassin, me fait décoller un court instant avant de me claquer contre le sol, le dos le premier. Ça, c’est bien vu. Assez pour que je sois sonné et qu’il se mette à califourchon sur moi. Il commence à me frapper. Je tente de le repousser, d’éviter ses assauts, mais certains de ses taquets finissent directement sur mon visage. Ça ne peut pas finir comme ça. Et ça ne peut pas durer non plus. Je redresse mon buste, l’entoure de mes bras et bloque ses attaques. Ceci dit, je bloque aussi les miennes. Hormis une… Je lui attrape le bout du nez déjà bien à vif entre mes dents et le mords de toutes mes forces. Il hurle de plus en plus fort. Il tente de se relever, mais d’un mouvement des hanches, je retourne la situation. Il se retrouve au sol à son tour. Et je le frappe au mien. Un coup. Puis deux. Puis trois… Et ainsi de suite jusqu’à temps que sa respiration soit à peine perceptible et que mes mains soient bien plus douloureuses que le restant de mon corps. Je me laisse glisser sur le côté, j’observe le plafond reprends mon souffle avant de me retourner et m’aider d’une barrière en bois pour me relever.

Cette même barrière qui définissait notre ring de combat clandestin. Je titube jusqu’aux portes à double battant sous un silence de plomb. Je m’approche du type gérant les paris et lui tends la main. " Tu m’dois un paquet d’oseille… " Il met un moment avant de placer cette liasse dans ma paume. J’écarte quelques personnes, rejoint le bar et m’assied sur un tabouret pour m’étaler sur le comptoir. " Whisky… Bouteille… Et plein de glace… Pour les mains. " Je ferme les yeux, entendant au loin qu’on a envoyé des types pour dégager le gars que j’ai laissé sur le ring tandis que de nouveaux concurrents entrent sur celui-ci.

Si je n’ai pas avancé d’un poil sur ce qui m’a amené ici, et que cette situation me frustre au plus haut point, on ne peut pas dire que je perde mon temps. Je peux même affirmer que j’ai trouvé un moyen très rentable d’évacuer cette colère grandissante.

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18.04.20 22:49
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Let it burn
avril 2025
Vaughan a fini par trouver des pistes. C’est son boulot, après tout. Mais quand même, je suis impressionnée. Bon en même temps, lui connait la ville. Moi pas. Forcément, c’est plus compliqué de se repérer. Sans parler de repérer un mec que j’ai pas vu depuis huit ans. Le privé m’a laissé une liste d’endroits que Ryan - enfin Seamus - peut fréquenter. La botte de foin est moins grande qu’avant, mais ca fait quand même pas mal de coins à voir. Et il faut encore que j’y sois en même temps que lui. Putain, c’était une connerie de venir, en fait… J’avais la belle vie à Boston, pourquoi je me suis barrée pour suivre cet abruti, hein ?
Parce que t’es amoureuse, connasse.
Ta gueule. T’en sais même rien. J’EN sais même rien. Et si je suis vraiment conne de venir chercher un mec qui m’a peut-etre joué la comédie pendant deux ans ? Peut-être qu’il voulait juste mettre mon père mal… Je sais pas pourquoi ni comment, mais ca peut être ca… Et puis en huit ans, on change… Sans parler de huit ans en taule.
Ta gueule et vas-y.
Merde…

Et je commence par quoi ? Ce sont surtout des bars sur la liste de Vaughan, tous susceptibles de coller. Alors j’ai pris le début de la liste, et j’en ai fait un par soir, autant que je pouvais. On est le huitième jour, et je commence à bouillir. C’était débile, c’était inutile, c’était très con…
Je suis entrée dans ce bar, le Black Lion, sans vraiment y penser. Ca en devient machinal. Il y a un truc de particulier : des mecs qui se mettent sur la gueule. J’ai d’abord cru que c’était une bagarre de bar bien classique, bien badigeonnée de testostérone, mais c'est un poil plus subtil. Les autres types autours sont bien trop excités, et brandissent beaucoup trop de billets. Ca sent le combat clandestin. Je suis pas la seule nana, mais quand même largement en minorité, il vaut sans doute mieux faire profil bas. Alors je reste à la périphérie de la meute excitée. J’essaie de regarder les visages dans le public, je glisse sur les combattants sans vraiment les voir. Ce n’est pas vraiment mon trip.
Et puis un je ne sais quoi me file un pincement au coeur. C’est un geste ? Une façon d’armer le bras ? La façon de marcher ? De se tenir ? Et si je me trompe ?
Bah tu repars et tu continues à chercher…
Oui bon ta gueule…
Je continue à contourner doucement la troupe en rut, cette fois le regard braqué sur les deux hommes qui s’échangent des coups comme si leur vie en dépendait. C’est peut être un peu le cas, me direz-vous. L’un est trop grand, trop large. Mais l’autre… Ils se tournent autours, ces cons, ce qui fait que j’arrive jamais à le voir en face. Ca peut pas être possible…
Et puis soudain, il se prend une beigne, et le coup le place face à moi - si on peut dire. C’est comme si le coup m’avait touchée moi. Je sursaute. Je crois même que j’ai reculé d’un pas.

C’est lui.

Bordel c’est lui.
Après tout ce temps, il est là.
Et maintenant je fais quoi ?
Pas lui sauter au cou, en tout cas…
Non clairement, il est un peu indisponible.
Les lèvres serrées, je le regarde échanger des coups avec l’autre armoire à glace. C’est un vrai jeu de massacre… Il essaie quoi ? De faire un steak haché ?
Quand Ry… Seamus se met à brailler, je sursaute une nouvelle fois. Si j’avais encore un doute, sa voix me confirme que c’est bien lui. J’ai des papillons dans le bide et les pieds cloués au sol. Alors qu’il semblait penser avoir gagné, son adversaire a encore de la ressource. Bordel, il va l’achever, si ca continue… Mais non. Seamus retourne la situation. Et la baraque, par la même occasion. Ils finissent au sol tout les deux, mais c’est lui qui se relève seul. Je pousse un soupir de soulagement. Merde, j’avais même pas capté que j’avais arrêté de respirer… L’autre type… Je sais pas s’il se relèvera un jour, et je m’en cogne. C’est pas lui que je bouffe des yeux.
Putain et maintenant, je fais quoi ?

Je le vois tituber jusqu’au bar, après avoir récupéré ses gains. Je sais toujours pas quoi faire, encore moins quoi dire, mais visiblement, mes connards de pieds ont décidé tout seuls : je le suis. De loin. Mais je suis sur ses pas. Il s’affale sur le comptoir et je suis assez proche pour l’entendre commander une bouteille de whisky. Machinalement, je lève les yeux au ciel. Une bouteille ? Il sera sous le comptoir au troisième verre… ou alors son foie ne fonctionne plus comme avant…
Je me perche sur un tabouret à une distance raisonnable de l’épave en train de décéder en attendant sa boisson. Je peux pas juste rester là. Faut que je dise un truc, mais quoi ? J’en sais foutre rien… Maintenant que je suis assise, j’ai l’impression que mes jambes se sont fait la malle. Et j’hésite toujours entre l’embrasser jusqu’à ce que mort s’ensuive ou juste l’achever directement d’une beigne.
« Un verre, pour commencer, ca serait pas mieux ? »
Oui ou ca. Un conseil à la con. Ca marche aussi. Je soupire intérieurement et lève un doigt en direction du barman.
« Une bière pour moi. »
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19.04.20 22:28
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See the fire in your eyes.
Mila & Seamus

« The day is done, time has come. You battled hard, the war is won. You did your worst, you tried your best. Now it’s time to rest. »
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Les mains posées à plat sur le bar, tout comme la joue gauche, je parviens difficilement à garder un œil ouvert, tandis que je me suis résigné à maintenir le second fermé. La glace arrive, enrobé dans des torchons que le barman dépose sur mes phalanges. Je grimace un peu mais la douleur laisse place à une sensation agréable. Sensation qui s’évapore lorsqu’il voix s’élève au-dessus des discussions animées en fond sonore. Je la connais bien trop, cette voix. Je lève l’œil en sa direction et peine à la distinguer, la vision encore troublée. Est-ce réel ? Ou une hallucination ? Mon esprit tente de me demander de freiner sur l’alcool ?

Puis elle commande une bière et je sais. Je sais que c’est elle. La mise au point s’effectue. Le temps n’a pas eu prise sur ce visage. Mon cœur fait un raté. Mes larmes bordent mes yeux. C’est tout moi, ça. Un déchet difforme, couvert de sang et de sueur, me faisant alpaguer par Mila. Mila, la seule qui a réellement changé quelque chose en moi. Celle qui m’a offert de l’espoir pour cette vie. Je me redresse sans la quitter du seul œil fonctionnel. Je dois dire quelque chose. Répondre à son conseil, parler, je n’en sais rien… mais montrer qu’elle me fait réagir en n’importe quelle circonstance. J’ouvre la bouche et c’est un filet de sang qui en découle, suivi d’une quinte de toux, me faisant me pencher dangereusement en avant.

Lorsque je me reprends, je pose un pied au sol, ma main toujours sur le comptoir du bar. Je m’approche d’elle. Lentement mais surement. Je la fixe. J’avance un pied. Je ne détourne pas l’œil. Le second pied se place devant. Et ainsi de suite jusqu’à ce que je sois entre elle et un tabouret libre. Je lève ma main, l’approche de sa joue doucement mais m’arrête avant quelconque contact. Je souffle un " Toi… " Ma main retombe sur le bar et je détourne les yeux. Comme si sa présence m’avait ramené quelques années en arrière et que soudainement, la raison me rappelait, me jetait à la tronche que bien du temps s’était écoulé. Un soupir inaudible franchi mes lèvres. Je me fais force pour ne pas serrer contre moi ce corps que j’ai aimé. Elle ne le veut peut-être pas.

Je suis interrompu dans le brouillon de mes pensées par une bouteille qui se pose sur le bois. Je tourne la tête et voit ma commande trôner fièrement à côté de sa bière fraîchement servie. " Pourquoi… Pourquoi es-tu venue ici ? " Je me laisse tomber sur le tabouret, le dos courbé. Je lève de la glace et l’applique sur mon œil gonflé en grognant.


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25.04.20 1:00
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Let it burn
avril 2025
Je ne sais pas ce que j’avais espéré en venant ce soir. Encore moins en décidant de rester après le combat. C’est vrai, il s’est pris une dérouillée. Même si c’est volontairement, ça ne le rend pas plus frais. Qui plus est, je ne suis pas sûre d’être plus en état de faire… ça - définir le « ça » est déjà une gageure en soi.
C’est con hein ? C’est pas comme si j’avais eu le temps d’y penser. Depuis qu’il est sorti de taule - et que je le sais -, depuis que j’ai décidé de venir à Londres, depuis que je sais où le trouver… Je devrais avoir eu le temps de trouver quoi dire, et comment le dire. Quoi faire et comment le faire.
Pourtant, d'être là, face à lui - façon de parler - , je me sens tout sauf sure de moi. Tout ce que j’ai pu imaginer, préparer, envisager s’est envolé...
J’aurais du me barrer quand je l’ai reconnu... C’est vrai, je sais maintenant que les infos de Vaughan sont fiables, j’aurais pu le capter à un autre moment, dans un autre lieu même, plus calme, plus...
Mais ç’aurait été nier deux choses. La première, c’est que malgré la fiabilité des infos, des adresses ne sont pas un emploi du temps. Comment savoir où et quand je retomberai sur lui si je pars maintenant ? La deuxième... la deuxième, ç’aurait été omettre à quel point rien n’a changé, en réalité. Autant que la première fois, le voir me rend dingue. Rien n’a changé, mais tout est différent... Et ça me fout la trouille…
J’aurais du me barrer… Je peux encore, vous croyez ?

Sauf qu’entre temps, Seamus a réagit. Lentement mais sûrement, je le vois se redresser. J’essaie de me donner l’air indifférent, mais en vrai, je n’arrive pas à m’empêcher de planter mes yeux dans les siens. Enfin dans son œil, parce que l’autre est fermé par un hématome, hématome qui n’avait peut-être pas fini de gonfler...
Faudrait être aveugle pour ne pas voir qu’il est perturbé par mon apparition surprise. Perturbé, ou touché ? Parce qu’à moins d’halluciner, j’ai bien l’impression que ce sont des larmes qui pointent… Bordel ça fait longtemps qu’on m’a pas regardée comme ça... Depuis cette foutue nuit, derrière ce foutu grillage, en réalité. Ce regard, même au milieu de cette gueule démontée, m’a tellement manqué... J’ai du mal à respirer, d’un coup, et le cœur qui voudrait se barrer de ma cage thoracique… mais qui marque un temps d’arrêt parce qu’il ouvre la bouche. Merde, il va dire quoi ? Il va me dire de me barrer, je suis sure... Avec un filet de sang en guise de bave... très classe, mais en réalité, je m’en fous. C’est toujours lui...
Pitié, m’envoie pas bouler…
J’aurais pas du venir...

Il tousse.
Ok… C’est bon, le coeur est reparti...
Mon premier mouvement est d’aller le soutenir, mais je me ravise. On n’en est pas là. Je sais même pas où on en est.

Oh la... il fait quoi là ?
Il se rapproche... ok. On reste calme...
Il prend son temps - il a pas tellement le choix - et ça me va. Pendant ce temps, tout est possible. Il est là, on est ensemble et il se rapproche. Je le bouffe des yeux, l’air de rien. J’ai une furieuse envie de lui sauter dessus, qu’il me saute dessus. L’envie de l’achever se dissipe progressivement, se muant en une autre violence. Mais d’un autre côté, j’ai peur qu’il me touche, ou de le toucher, et ce qu’il se passerait alors. Du coup je reste immobile, fébrile. Il s’arrête tout près et je vois sa main se lever et s’approcher de moi.
Et ce geste me terrifie encore plus. Et je lui en veux toujours aussi, faut pas que j’oublie tiens. Et pourtant je ne bouge pas, ni dans un sens, ni dans l’autre. Faute de savoir quoi décider, autant ne pas choisir, n’est-ce pas ?
Je me contente de regarder ses doigts avancer puis retomber sur le bar et braquer à nouveau les yeux dans le sien.

« On dirait... » J’arrive à sortir à sa question - qui n’en est pas vraiment une, d’ailleurs - mais je crois que ma voix est bien moins assurée que l’instant d’avant. Elle me fait l’effet d’un coassement. En tout cas, c’est pas la déclaration enflammée des romans à l’eau de rose. Je sais même pas par quel bout commencer. Je vais quand même pas lui demander comment ça va. Je coule un nouveau regard sur ses blessures : ca ne peut pas aller, il doit avoir hyper mal...
Nos conso arrivent, et je remercie le barman d’un sourire de circonstance.
Sourire que je perds quand Ry… Seamus ouvre finalement la bouche en se laissant tomber sur le tabouret. Pourquoi je suis là. La question est légitime, et pourtant ça m’irrite un gros coup. Alors je balance le premier truc qui me vient.
« J’ai encore des affaires à toi à la maison, je voulais te les ramener. » Je réponds sans réfléchir, acide.
« Mais si je dérange, je peux me barrer. »
Je penche la tête en le regardant. C’est de la provoc et c’est un jeu dangereux. J’ai de nouveau la trouille : et s’il disait oui, casse-toi ? S’il ne voulait pas de moi, et que c’était pour ça qu’il avait quitté les USA ?
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26.04.20 21:58
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See the fire in your eyes.
Mila & Seamus

« The day is done, time has come. You battled hard, the war is won. You did your worst, you tried your best. Now it’s time to rest. »
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Cette douleur ne m’empêche pas de remarquer ces silences qui durent et qui sont un supplice à mes oreilles. Ou aux siennes ? Qu’est-elle venue faire ici ? Elle a qui j’ai menti sur mon identité, que je n’ai pas eu le temps de retrouver à ma libération. Elle avec qui je ne suis jamais certain de rien. D’autant plus que son père m’a envoyé croupir en taule. J’aurai juré qu’elle serait passée à autre chose. Elle pourrait m’en vouloir. Elle devrait. Elle le fait sans doute mais pas de la manière dont je m’y attendais. Elle a traversé l’Atlantique, a sans doute passé des jours pour me retrouver. Des semaines ? Sans doute. Elle ne serait pas venue pour de simples affaires à me ramener. FedEx peut se charger de ça. Mais lorsqu’elle me dit qu’elle peut se barrer, mon cœur se resserre et répond inconsciemment par la négative à sa suggestion. Je ferme mon seul œil valide, détourne la tête, soupire. " J’t’ai cherché mais… Je ne savais pas si… Et puis ma… Ma sœur est… " Incapable de le dire, l’œil toujours clos, une larme perle au coin de celui-ci. Je ravale ma salive et pose le pain de glace pour attraper la bouteille de whisky.

Je l’ouvre difficilement d’une main et en porte le goulot à mes lèvres pour en boire une bonne gorgée. Je grimace un instant et mes traits me sont douloureux. J’expire une haleine alcoolisée, incapable de finir ma précédente phrase. Je tourne la tête vers elle, l’avise de l’œil. Sa présence ici déclenche en moi une vague de doutes, de questions. De peur. Elle pourrait bien me faire craquer en quelques syllabes. " J’ai essuyé des merdes. Et apparemment tu les as suivies pour venir ici. A Londres. A l’autre bout de ton monde. Mila… Je… " J’allais m’excuser. Vraiment. Voici qu’une nouvelle quinte de toux m’en empêche et je vacille dangereusement sur le tabouret.

Lorsque je me ressaisis enfin, je crains le pire à l’idée de croiser son regard. Je maintiens le mien détourné de son visage. " C’est pas le bon endroit pour se retrou… Pour se voir… " Et ce qui me motive à dire ça, ce n’est pas les hurlements de l’arrière salle, encouragements destinés à deux combattants. Ni la musique bruyante. C’est d’avantage le fait que j’avais tellement espéré des retrouvailles plus… intimes. C’était mon espoir dans cette cellule au fin fond de ce pénitencier de Louisiane. " Laisse… Laisse-moi m’expliquer. "

(c) DΛNDELION


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26.04.20 23:16
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Let it burn
avril 2025
Je suis une idiote. Je n’aurais jamais du le provoquer de la sorte. Qu’il me dise de dégager, et j’aurai tout gagné, tiens… C’est pas ce que je veux… Je ne sais pas exactement ce que je veux, ok, mais je sais que je ne veux pas qu’il me rembarre. J’ai l’impression d’attendre une éternité, le coeur battant, et pourtant, son temps de réponse est bref. Trop bref pour qu’il ait eu le temps de trop réfléchir, et cet automatisme me rassure. Il a dit non trop vite pour que ca ne soit pas sincère. Je reprends une nouvelle fois mon souffle comme on remonte à la surface. Je ne sais pas s’il s’en rend compte, mais j’essaie de pas trop le montrer. J’ai pas envie d’avoir l’air de quémander, le fait de lui avoir couru après sur la moitié du globe donne déjà assez l’impression d’être désespérée comme ca. Pas la peine d’en rajouter.

Bon par contre, il a peut-être dit qu’il ne voulait pas que je parte, mais il se détourne quand même. Ca y’est, je flippe à nouveau. Mais pour faire comme si, je m’accoude au bar pour prendre une gorgée de ma bière, quand il se met à parler. J’arrête mon geste, la bouteille en l’air, un regard en coin dans sa direction, et la bouteille rejoint brutalement le bar.
« Tu m’as cherchée ?! Tu déconnes ou quoi ?! » J’ai commencé à râler avant même qu’il ait fini, mais la fin de sa phrase - de ses explications ? - parviennent quand même jusqu’à mon cerveau. « Ta… » J’étais à deux doigts d’exploser mais un truc m’arrête. C’est une larme ? Il a vraiment une soeur qui… qui quoi d’ailleurs ? Parce que c’est pas forcément limpide, en l’état… Et puis ca peut être aussi une larme de douleur. Après tout, il a quand même l’air d’être passé dans un sèche-linge géant… Je fais quoi avec ca, moi ? Et c’est qu’il s’arrête là pour écluser son whisky, en plus ! Bordel, que j’ai envie d’exploser, là… Bon y’a un peu de monde pour ca, et il n’est pas vraiment en état. Mais ca n’empêche… Je me tourne vers le bar, énervée, et descend une part non négligeable de ma bière. Du coin de l’oeil, je le vois galérer à déboucher sa bouteille de whisky et y aller directement au goulot. Bien fait, tiens… Quoi ? Oui, c’est petit, mais on se console comme on peut…

Lorsqu’il a fini sa rasade, il me regarde à nouveau et poursuit. Evidemment, il me sort les violons. Il va se trouver toutes les excuses du monde. Mais quelle sera la part de vrai ? Et qu’est-ce que je vais bien pouvoir excuser ? J’ai passer huit ans à me sentir abandonnée et trahie, respectivement par celui que je… que je, et par mon père. J’ai à peu près fait le deuil de mon père, mais j’ai toujours une relation compliquée avec les grillages…
Et puis il prononce mon nom. Ca me fait comme une décharge électrique. Parce qu’on ne m’a que peu appelée comme cela ces huit dernières années. Parce que lui ne m’a pas appelée par mon nom pendant tout ce temps. Je ne pensais pas que ca me ferait cet effet, que ca me ferait presque mal… Sur le coup, j’ai tourné vivement la tête vers lui. Au temps pour l’indifférence, même feinte… Cela dit, il est peut-être trop occupé à cracher ses poumons pour s’en rendre compte ? Et est-ce qu’il faut que j’appelle une ambulance ? Comment on appelle les secours, dans ce pays, d’ailleurs ?

Et puis tout en prenant soin de ne pas me regarder, il reprend. Je lâche un vague rire amer : ce n’est effectivement pas le bon endroit ni le bon moment pour… pour tout ce qu’il y aurait à dire. Mais lorsqu’il finit, je secoue la tête.
« Expliquer quoi ? Tu m’as tellement cherchée que j’ai pas eu le temps… j’ai eu le temps de rien, tu étais déjà à Londres ! Ici ! Et pourquoi ici ?! Tu me parles d’une soeur, mais t’as une soeur, maintenant ?! Ou c’est juste l’excuse de merde que tu viens d’inventer ? » Ok, c’est un peu en-dessous de la ceinture, mais c’est sorti tout seul. Ou peut-être pas, après tout. Je n’ai jamais rien sur de sa famille. « Oui, je t’ai cherché, mais je sais même pas vraiment pourquoi, Ry… Sea… Merde, je sais même pas comment t’appeler ! J’ai un nom, mais finalement, comment je sais que c’est le vrai ? Tu sais quoi ? » Je lève les mains en me reculant. « En attendant que j’ai décidé ce que je crois dans ce que tu me dis, je vais choisir moi-même, ok ? Au moins je serai sure que c’est un faux ! Je vais t’appeler Bob et on verra plus tard ! Parce que c’est effectivement pas une bonne idée ! Mais j’ai pas vraiment choisi cet endroit, aujourd’hui. Je suis tombée là par hasard, en espérant… En me disant que peut-être j’allais tomber sur toi… Mais j’aurais pas du rester, en fait. T’es pas en état de parler. Bordel, mais regarde-toi… tu tiens pas debout... » J’avais baissé la voix et ma main s’était avancée en direction de son visage. Réflexe. Comme lui l’instant d’avant, mais j’arrête mon geste, ramène ma main et baisse les yeux. « T’as besoin de te soigner et t’as besoin de te reposer. T’as pas besoin de… » de quoi ? De moi ? J’ai relevé les yeux pour croiser les siens. Je lui en veux terriblement de ces années passées et d’être parti à peine sorti de prison, mais tout me crie de l’embrasser jusqu’à ce que mort s’ensuive - et plus encore - en le suppliant de me reprendre. « … t’as pas besoin de remuer la merde ce soir. Je suis pas sure que ca sera très constructif, ou sensé... »

Je devrais partir maintenant. Qu’on fixe un rendez-vous en terrain neutre, peut-être. Je suis là pour ca, après tout. Mais à le regarder là, instable et borgne - même temporairement - je ne peux pas me résoudre à le laisser.
« Tu comptes rentrer comment ? »
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29.04.20 0:00
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Mila & Seamus

« The day is done, time has come. You battled hard, the war is won. You did your worst, you tried your best. Now it’s time to rest. »
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J’ai beau n’avoir qu’un œil, je me rends compte qu’elle n’a pas l’air au mieux de sa forme en face de moi. Elle semble être sous tension. Je remercie momentanément mes plaies de masquer la majorité de mes traits qui, dans le cas contraire, ne seraient guère plus rassurants. Mais la douleur me rappelle de ne pas témoigner trop de gratitude à mes récentes blessures. Ma réponse non-verbale à sa suggestion de partir semble la soulager. En tout cas, jusqu’à ce que je parvienne à ouvrir les lèvres. C’est à son tour de réagir à mes propos et son étonnement en dit long. Elle remet en doute mes propos. Je suis las d’essayer de me plier en quatre pour faire au mieux. Je viens de sortir de huit années d’enfermement, je n’ai pas eu le temps de la retrouver que j’ai dû rentrer à Londres, enterrer ma sœur et retourner tout ce que j’ai pu retourner pour obtenir la moindre information. Le visage tuméfié, je n’ose me confronter à son regard. Pour reprendre un peu de contenance, j’avale une larme de whisky à défaut de pouvoir retenir celle à mon œil de découler sur la partie la moins amochée de mon faciès.

Reprenant du courage, je me tourne vers Mila et essaye de lui expliquer ce que je n’arrive même pas à ordonner dans mon esprit. J’essaye de m’excuser et une quinte de toux m’en empêche. Et lorsque mon discours s’arrête sur une suggestion : partir et lui fournir les explications qu’elle mérite d’avoir, elle reprend la parole à son tour. Elle refuse les explications, remet en doute jusqu’à l’évocation de ma sœur. Cette partie ne manque pas de me blesser, me faisant l’effet d’un coup de poignard en plein cœur. Elle ne sait plus comment me nommer, me donne un prénom ridicule. Je suis bien trop occupé à détailler ses traits, à me demander si elle est ma sauveuse ou ma tortionnaire. Cette colère qu’elle refoule, cette fausse indifférence… Je les mérite. Je les ai bien cherchés. Elle n’a pas besoin de me renvoyer à mon image pour que mon esprit visualise bien de quoi j’ai l’air. Je fronce les sourcils -ou ce qu’il en reste pour mon œil gauche- lorsqu’elle parle de ce dont j’ai besoin ou non. Et je suis de nouveau le coupable de mon état dans cette conversation. J’inspire et souffle un " L’excuse de merde repose six pieds sous terre, en petits morceaux à cause d’une foutue explosion. Elle n’avait rien à foutre là mais c’est tout ce que je lui ai laissé. Alors en état ou pas, les merdes n’attendent pas pour débarquer. Dis-moi ce qui est censé lorsque peu après ma sortie de prison, alors que je sillonnais le pays à ta recherche, on m’a appelé sur un foutu portable pour me dire que ma sœur a… A été vaporisée par le souffle d’une bombe ? " Mais non, ce n’est pas de l’énervement ni de la colère qui teinte ma voix. Ce sont des regrets et de la peine.


Et lorsqu’elle achève enfin son monologue par une simple question : le moyen de rentrer, un semi-rire agite mes épaules d’un soubresaut. " J’ai pas vraiment réfléchis à ça. J’ai nulle part où rentrer. " J’inspire calmement, essayant de reprendre le contrôle sur mes émotions et ma douleur physique. Et tout en prenant soin de ne pas croiser ses prunelles, je souffle " Mais j’ai pigé le message. C’est déjà l’heure des au revoir, c’est ça ? " J’agite la tête comme pour essayer de faire taire cette négativité et tente de me lever péniblement. Lorsque j’y parviens, mon tabouret tombe vers l’arrière. Et toujours plié, le coude ancré sur le comptoir, je prends quelques instants pour me ressaisir et reprends mes propos " Tu n’es pas venue pour voir ça. Pour voir ce qu’il reste d’un Ryan que tu cherches à enterrer et d’un Seamus dont tu ignores tout… " Je lève les yeux droit devant moi et redresse mon buste pour tenter de me tenir droit. " Et tout ce qui pourra sortir de ma bouche ne seront que des paroles en l’air à tes yeux. J’ai pigé. Alors contente toi d’un Bob qui n’est qu’un déchet. Au fond, je ne vaux pas vraiment mieux… " Je tente de me reculer du bar et pour la première fois depuis que j’ai évoqué ma sœur, je tente de confronter mon regard au sien. " T’es venue pour faire quoi si tout ce que je dis est retenu contre moi ? " Cette question finale vaut-elle vraiment une réponse ? J’en doutes. Je tente de partir mais ma tête tourne et le sol me semble bien instable. Je ne vais pas plus loin que le coin du bar que je m’effondre sur celui-ci. Je tente désespérément de me relever mais glisse et me retrouve sur le sol, allongé sur le dos.



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01.05.20 3:23
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Let it burn
avril 2025
La partie rationnelle de mon cerveau entend ses explications et le ton sur lequel elles sont données. Non il ne déconne pas, et ment encore moins. Merde maintenant je me sens conne. De toute les excuses qu’il aurait pu me sortir et que j’ai pu imaginer, ce n’est pas vraiment le premier truc qui m’est venu en tête. Ne serait-ce que parce qu’il aurait fallu que je sache qu’il a une soeur. Bon on va essayer de laisser ca de côté, dans le dossier « je sais rien sur toi parce que tu m’as jamais rien raconté » et ravaler l’énervement qui remonte.
Sa soeur est morte. Et visiblement pas dans son lit. Ou si ? Est-ce qu’elle était dans son lit quand la bombe a explosé ? L’histoire ne le dit pas… Je vais peut-être pas poser la question… En tout cas pas tout de suite… J’ai déjà tapé assez sous la ceinture sur ce sujet.

Sa soeur est morte et c’est pour ca qu’il est venu ici en quatrième vitesse. Je baisse les yeux sur ma bière. Ca ne rentre dans aucun des scénarios envisagés, et du coup, je sais plus quoi dire. Ou faire. Donc je soupire.
« Merde… » est le seul mot que j’arrive à lâcher, avant qu’il ne me réponde qu’il n’a nulle part où aller. Formidable… Moi qui comptait le raccompagner chez lui, ou le faire raccompagner, histoire qu’il se remette… Même s’il semble plutôt candidat pour un lit à l’hopital. En réanimation peut-être...
« Mais… » Je n’ai pas le temps de continuer, mais la question reste en suspend dans un coin de ma tête. Il faut qu’il m’explique quand même en je ne sais combien de temps qu’il est là, il a été infichu de trouver un endroit où dormir… Et qu’il m’explique aussi en quoi il a compris que je pensais me barrer comme ca.
« J’ai dit ca quand ?! »
Et il se lève. J’ignore royalement le tabouret qui se casse la gueule. D’abord parce que je me fous du mobilier, ensuite parce que c’est… lui qui m’intéresse. Il est debout, et je sais pas trop ce qu’il compte faire, surtout dans l’état dans lequel il est. Il a raison, je ne suis pas venue pour le voir se faire démonter la gueule, ni en admirer le résultat. Je ne suis pas non plus venue faire disparaitre celui que j’ai connu autrefois et qui m’a hantée tout ce temps. ESt-ce que je suis venue pour qui il est réellement ? Aucune idée. Sans doute. Il faudra bien, non ? Outre le fait qu’il ne cache plus son identité, le temps a passé, il a forcément changé. On a changé tous les deux…
Quoi qu’il en soit, il évite soigneusement mon regard tout en tentant laborieusement de se redresser. Regard que j’ai gardé braqué sur lui, autant parce qu’il m’est toujours difficile de faire autrement en sa présence que parce que je m’inquiète pour son état de santé. Et la fin de sa phrase me file un coup au coeur. C’est vraiment ce qu’il pense de lui ?
« Arrête tes conneries… » Celui que j’ai connu n’avait rien d’un déchet. Paumé peut être, mais pas un déchet. Ou alors il m’a trompée sur ca aussi ?

Et puis il me pose la question à laquelle je n’avais toujours pas répondu moi-même. Que fais-je là ? Le fait qu’il ponctue ca en me regardant enfin droit dans les yeux renforce ma réaction : je suis muette. J’ai beau ouvrir la bouche comme un poisson crevé, y’a rien qui sort. Tout simplement parce que je ne sais pas quoi lui répondre exactement. Et visiblement, il ne veut pas entendre la réponse, car il part. En tout cas, c’est l’impression qu’il donne. Juste avant de vaciller une dernière fois et s’effondrer sur le bar, puis au sol.
« Merde ! Ryan ! » Je saute de mon tabouret sans y penser. Le temps de tourner la tête vers le barman « Appelez les secours ! » sans vérifier qu’il le fasse effectivement, et je m’agenouille à côté de lui. Je repousse une mèche de cheveux avant de chercher un pouls - difficile de savoir s’il a perdu connaissance avec son oeil poché et mes cheveux dans le chemin. Rassurée par la pulsation sous mes doigts, je pose mes mains sur ses joues en essayant de capter son regard. Il est out ou pas ?
« Ryan ? Tu m’entends ? » Je relève la tête vers le bar.
« Elle arrive quand l’ambulance ?! »
« Aucun service officiel mettra les pieds ici, vous êtes tarée ou quoi ? Si vous voulez l’emmener à l’hosto, démerdez vous. »
« C’est une plaisanterie ?! » Et puis ca percute : on n’est pas vraiment dans un établissement légal. Tout le monde ici - Ryan et moi comprise - pourrons passer un petit temps derrière les barreaux rien que pour être dans le bar. Et moi un aller simple pour les USA, sans espoir de revenir un jour... Le barman va pas prendre le moindre risque.
« Eh merde... » Je repousse une nouvelle fois mes cheveux sur le côté.
« Ryan ? Répond moi… Tu pas pioncer sur ce parquet dégueu... » Je réalise d’un coup que j’ai aussi oublié le problème d’identité. Les habitudes ont la vie dure, semble-t-il… On règlera ca plus tard...
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03.05.20 20:55
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Mila & Seamus

« The day is done, time has come. You battled hard, the war is won. You did your worst, you tried your best. Now it’s time to rest. »
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Tu n'as pas besoin de parler Mila. Tu n’en as jamais eu besoin. Ce que tu ignores encore, c’est que moi non plus. Tu as bien plus percé à jour mes mystères que quiconque en ce monde. Alors je décide de me lever et de partir parce qu’elle semble bien peu satisfaite du fantôme qu’elle voit ici-même. On se fout de ma gueule ou quoi ?! Pourquoi Led Zeppelin résonne sur « Baby, I’m gonna leave you » dans ce foutu rade de mes deux ? Elle tente bien de me retenir, mais en vain. Je n’ai que le temps de lui poser une dernière question avant de me diriger vers l’extrémité de comptoir en vu de quitter le bar. Et là, c’est le drame. Je glisse, tombe et me retrouve au sol, déséquilibré par les coups et l’alcool. Je ne capte qu’à moitié Mila qui se précipite sur moi. Je sens ses doigts sur mon cou et fronce les sourcils. Elle me demande si je l’entends mais n’attends pas ma réponse qui est bien plus constitué d’un grognement qu’une phrase construite.

Elle s’inquiète d’une ambulance et s’offusque de la réponse du barman. J’ouvre les yeux et voit son visage inquiet, au-dessus du mien. Elle m’appelle par ce prénom que j’ai porté. Ce prénom sous lequel elle m’a connu. Elle veut une réponse ? Elle va avoir une réponse. " Je m’appelle Bob. " Je me fais force, me redresse, tousse de nouveau en me tenant les côtes qui me font atrocement mal. Je m’aide d’un tabouret pour me maintenir assis. " Je crois que je vais avoir besoin d’aide si je veux sortir d’ici. " est la seconde phrase normalement constituée que je parviennes à sortir depuis ma chute.

Je me tourne un peu plus, me retrouvant le dos contre le bar et regarde Mila. Je ne dis rien, mais toutes mes pensées sont clairement lisibles dans le seul œil valide que je puisse lui offrir. Sa façon dont elle s’est précipitée sur moi. Ce contact physique qui a enfin eu lieu. Son inquiétude… J’émets mille et une théories dans mon esprit. Est-ce une pointe d’amour ? Est-elle passée à autre chose malgré les années ? Non. Bien sûr que non. Et son excuse de vouloir me ramener mes affaires… Si elle veut mettre les choses au clair, ça n’est pas pour rien. Elle veut savoir si un nous est toujours viable. Cette pensée fait naître un sourire en coin sur mes lèvres amochées. Pour lui faire comprendre à quelle conclusion je suis arrivé, je débute simplement une expression, la laissant inachevée pour qu’elle comprenne le sous-entendu, ou plutôt qu’elle prenne conscience qu’il y en a un. " Chassez le naturel, hm ?... "

Les visages autour de nous, nous toisent. Parfois amusés de voir le précédent champion à terre. D’autres fois dégoûtées de voir un vieil ivrogne couvert de plaie et de sang. Et pour la plupart, indifférents. Je soupire et baisse les yeux. A demi-mot et simplement à l’attention de Mila, je souffle " Allons ailleurs… " J’aurai pu insister sur le « Ensemble » mais libre à elle de le vouloir ou non. Quoiqu’il en soit, je le veux. Elle a hanté et hante encore mes pensées. Et sans les malheurs de ma sœur, je serais encore là-haut, de l’autre côté de ce foutu océan. Peut-être même avec elle, à ramper à ses pieds pour qu’elle pardonne mes mensonges, qu’elle comprenne que c’état ça ou me faire expulser et potentiellement revenir aux emmerdes judiciaires en Irlande.


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05.05.20 0:25
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Let it burn
avril 2025
Il va crever là, sur le parquet crasseux d’un bar clandestin à cause d’une commotion cérébrale consécutive à un combat clandestin pourri. Sans qu’on n’ai pu rien se dire, rien discuté, rien pardonné - pardonner quoi ? Des années de silence et de souffrance ? - et je n’aurai plus qu’à tourner la page comme une pauvre conne. Fin de l’histoire, retour à la case départ.

Ou pas.
Sa réponse me laisse immobile un temps. Il a bien dit « je m’appelle Bob » ? J’ai bien entendu ? J’ai le droit de l’achever ? Je suis venue pour ca à la base. Je crois… Nan ? Merde…
« Va chier… » Que je marmonne pendant qu’il essaye de se redresser comme il peut. Ca en serait risible si je n’étais pas si inquiète pour lui. Il demande de l’aide pour se relever, et effectivement, il n’ira nulle part tout seul.
« Je crois, ouais… Et j’imagine que je m’y colle ? » Question rhétorique, je sais. J’ai pas eu l’impression qu’on était quarante à se bousculer en s’inquiétant de sa santé. Il s’adosse au bar, et son regard me transperce. Il a plus ou moins esquivé depuis tout à l’heure, et moi aussi, d’une certaine façon. Mais là, on est à quoi ? cinquante centimètres ? Moins ? L’un de l’autre, et je peux le regarder à loisir pour la première fois depuis 6 ans. Il s’interroge, il cherche pourquoi je suis là. Logique. Les conclusions viennent d’elles-mêmes, après tout. Si vraiment j’en avais rien à foutre de lui, je le laisserais s'éteindre sur le plancher au lieu de pourrir le barman de pas vouloir laisser venir du personnel médical dans son précieux bar. Je le regarde, et je comprends que si on a changé avec les années, au fond rien n’a changé. Je le savais déjà pour moi, mais les questions se posaient pour lui - sans parler de tout ce qu’il y aurait à expliquer.
Rien n’a changé, je l’ai toujours autant dans la peau, et d’être aussi proche de lui éclipse tout le reste. Mais lui ?
Et puis ca vient… Un sourire. Pas grand chose. Mais suffisant. Je sais à quelle conclusion il est arrivé. Il me connait trop pour ne pas savoir.
Rien n’a changé et on le sait tout les deux. Et comme il le fait justement remarquer, on ne chasse pas le naturel. Mais j’ai pas forcément envie de tout lâcher d’un coup. Si le coup de l’indifférence glaciale n’est plus de mise, je ne vais pas non plus me pâmer sous prétexte que j’ai dévoilé mon jeu trop vite.
« Va chier… » Que je répète. Wow, j’ai de la répartie moi, c’est dramatique…

Les gens autours de nous m’indiffèrent. Ma préoccupation, c’est de savoir comment sortir Ryan/Seamus de là sans me flanquer un tour de rein.
« Plus facile à dire qu’à faire… va falloir que tu m’aides... » Je lui saisis le poignet pour lui passer un bras autours de mes épaules et je passe un bras dans son dos pour l’attraper solidement. God même si j’ai pas imaginé que nos retrouvailles se passent comme ca, cette proximité avec lui me coupe le souffle. Y’a rien de sexy ou d’érotique, et pourtant… J’ai réagit au quart de tour…
Bon… Faisons abstraction, hein…
« Allez débout ! » Je pousse un coup et parviens à le remettre sur ses pieds. On titube jusqu’à la sortie du bar.
« Je t’emmène à l’hosto. » J’essaie d’avoir un ton catégorique, mais je ne pense pas que c’est le type de distraction qu’il avait en tête en proposant qu’on quitte le bar. Et je sais qu’il peut être têtu...
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10.05.20 22:57
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Mila & Seamus

« The day is done, time has come. You battled hard, the war is won. You did your worst, you tried your best. Now it’s time to rest. »
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Elle n’a rien perdu de son sang d’italienne. Elle démarre au quart de tour à ma réponse pour attester que je suis vivant et joue de son sarcasme quand je lui quémande indirectement de l’aide. Mila et sa fierté… Fierté qu’elle a su ravaler en venant jusqu’à moi, alors que je n’étais plus sûr qu’elle m’attende après mon mensonge par omission sur mon identité et mon départ pour Londres après l’emprisonnement. Elle répète son « va chier » une seconde fois, ce qui me vaudrait un rictus si mon corps me le permettait. Elle m’aide, hisse mon bras par-dessus son épaule et je m’appuie contre le bar pour me relever. Je peine à progresser vers la sortie du bar. Sans elle, je n’y serai sans doute pas arrivé. Elle m’annonce ma destination et je grogne un " Si on peut éviter… J’ai vu pire en taule. M’faut juste un endroit où me poser et un coup de main. " La porte franchi, je tente de me redresser un peu plus pour ne pas donner l’impression d’être un déchet aux rues londoniennes. C’est un échec cuisant et je m’effondre de nouveau sur Mila, me forçant à ne pas la faire chuter sous mon poids. Tout d’abord, où va-t-on ? " Un… Un type m’héberge mais… Si je peux éviter de te le présenter ça m’arrangera pas mal. "

Avant d’enchaîner sur la question que je me pose intérieurement, je pense qu’elle a besoin de justifications. " Il a un casier aussi lourd que le mien si ce n’est plus… Je ne veux pas qu’il se serve de toi d’une manière ou d’un autre, Mila… Cette ville… La Nouvelle-Orléans c’était une thalasso à côté. " Maintenant que le sujet de la destination est lancé, on doit aborder le « comment y allons-nous ? » Elle va me traîner sur combien de mètres ? Et les transports en public sont trop voyants. Dans mon état, je vais en alerter plus d’une. De ma main libre et douloureuse, je viens chercher quelques billets dans ma poche et lui tends. " Nous faut un taxi. "

Ça ne se voit sans doute pas -ou alors ça crève les yeux, je n’en sais rien- mais je peine à rester éveillé. L’alcool, l’effort, les coups… Ce monde tourne de plus en plus. Et un ricanement fait remuer mes épaules. " Sinon tu peux aller acheter une pelle, des sacs poubelles et m’enterrer sous un pont ou dans un parc… " Mais je regrettes ce ricanement qui m’offre un nouveau pique de douleur. Après m’être débarrassé des billets, ma main vient se poser sur mes côtes comme si ça allait me soigner. " Si seulement je m’attendais à te venue, j’aurai ménagé mes efforts… " Je crois bien que je me répète en disant cela, mais c’est sincère. J’aurai vraiment souhaité être en pleine possession de mes moyens pour nos retrouvailles et ne pas être une espèce de loque dégoulinant de sang et de sueur.



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17.05.20 23:12
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avril 2025
Evidemment, il refuse l’hôpital. Ces mecs… Il peut pas mettre un pied devant l’autre et il a une tête de déterré, mais pas question d’aller se faire soigner à l’endroit dédié.
« Bah voyons… »
Bon OK, il n’est pas la victime d’une agression dans la rue, justifier sa tronche démolie ne serait pas le plus évident. L’évocation de ce qu’il a pu subir en prison me fait tiquer, par contre. Je lui jette un regard en coin, et je peux pas m’empêcher de me sentir coupable. C’est ma faut s’il a atterri en taule. Parce qu’il a voulu me protéger. Parce que je suis la fille de mon père, aussi. Pour moi et à cause de moi, il a passé six ans dans des conditions que je ne peux qu’imaginer - et j’ai pas vraiment envie d’avoir les détails, si l’allure qu’il a là n’est qu’un amuse-gueule de ce qu’il lui est arrivé en détention.
Pour ces deux raisons, je me résigne à faire ce qu’il me demande.
Rendus sur le trottoir, il tente je ne sais quoi avant de se ramasser sur moi. Heureusement que j’ai laissé les talons dans le placard, on se serait retrouvé le cul dans le caniveau. Au lieu de cela, campée dans mes godillots, j’arrive à peu près à nous tenir debout. Mince exploit, qu’il m’a aidée à accomplir : j’ai la nette impression qu’il n’a pas pesé de tout son poids.
« Je t’accompagne chez toi alors. »
Sauf que non.
Il me dresse un portrait fort sympathique de son colocataire. Génial… Donc pas l’hôpital, ni chez lui. Il conclut en me mettant en garde contre cette ville.
« J’en ai eu un aperçu… Je sais me défendre, tu sais… Il a bien fallu que j’apprenne à me débrouiller... » Merde, ca fait pas accusation, quand même ? Que je me sois retrouvée toute seule à me planquer de mon père pendant les six dernières années n’est en rien sa faute. Enfin… Si, un peu… Je sais pas… Question de point de vue, j’imagine ?
Vas-y, règle tes comptes.
Nan mais ca va pas ?
Ah bah c’est le bon moment pour lui broyer tout ce que tu veux, là…
Mais ferme la ! C’est carrément pas le moment ! Faut que j’arrête un taxi !
Je prends les billets qu’il me tend.
« Ouais, c’est pas une mauvaise idée... » Je me vois pas du tout le trainer sur je ne sais pas combien de distance. Surtout qu’il ne tient pas debout, c’est de pire en pire. Je le sens vaciller contre moi, faudra pas trainer pour lui faire rejoindre l’horizontale.
Carrément ?
NON PAS CELLE-LA ! Pfff saleté de subconscient…
« Si tu veux bien, pas ce soir. Je suis pas en tenue pour creuser. Même si ca doit être plus facile à faire ici que dans la boue des bayous... »
Je le vois grimacer de douleur. Bon ils sont où ces taxis ? Ah j’en vois un. J’espère que ca marche comme chez nous. Enfin chez moi… Comme aux Etats-Unis quoi…
Le taxi s’arrête à côté de nous quand il poursuit. Je secoue la tête avec un pauvre sourire.
« Si j’avais su que je te trouverais là ce soir… Je serais venue plus tôt... » Histoire qu’il soit en état de parler. Et d’encaisser une baffe. Rien d'autre. Sisi.

J’ouvre la porte du taxi et je m’efforce d’aider Ryan/Seamus à entrer dedans, et puis je m’installe aussi.
« Tu devrais… » Il a l’air tellement mal en point que j’hésite qu’une seconde. « Allonge-toi. » Je l’aide à s’installer, la tête sur ma cuisse, quand je réalise que le chauffeur nous a - enfin m’a, c’est pas Ryan/Seamus qui va pouvoir répondre - demandé la destination. J’ouvre la bouche, l’air bête. On va où ? Le ramener chez moi me parait un peu précoce, mais j’ai pas vraiment de quoi prendre un hotel, et des scrupules à l’y laisser seul pour la nuit. Je referme la bouche et jette un coup d’oeil à mon blessé du jour. Et puis y’a un autre moi qui prend le contrôle et qui donne mon adresse.
« Repose-toi le temps qu’on arrive. Y’aura des escaliers à grimper... » Ca va être tellement marrant…

On fait la route en silence. J’ai une main posée sur sa poitrine, l’autre sur sa tête. Avant que je m’en rende compte, mon pouce commence à le caresser machinalement. Saleté d’habitude. Evidemment que je m’inquiète pour lui, et ca ressort. Je croise son regard et lui fait une grimace.
« Va pas te faire trop d'idées… » Ok, c’est pour la forme. Si seulement il n’avait pas été dans cet état… Rester indifférente et en colère aurait été sacrément plus facile…

On finit par arriver devant mon immeuble. Je règle le taxi et j’extirpe Ryan/Seamus de la voiture. Le troisième étage de mon appart me parait extrêmement haut…
« Allez faut s’y mettre... »
Je le traine jusqu’au pallier, ouvre la porte de l’immeuble, et on commence le calvaire de l’ascension. Je sais pas combien de temps ca nous prend, mais je suis HS devant ma porte.
« On y est presque... » Je déverrouille et le fait entrer. Je claque la porte du pied et finit par laisser Ryan/Seamus s’effondrer sur le canapé. Pendant qu’il s’installe comme il peut, je vais chercher une serviette et une bassine - enfin un saladier, je suis pas encore aussi bien équipée - d’eau, histoire de le nettoyer un peu, il a du sang de partout. Je lui ramène aussi un oreiller à défaut de coussin dans le salon.
« Lève la tête, ca sera toujours mieux que cet accoudoir... »
Une fois qu’il est installé, j’arrive encore à poser une fesse sur le canapé pour pouvoir lui essuyer aussi délicatement que possible ce qui peut être retiré du sang qui lui orne le visage.
« T’es sacrément amoché… Quel besoin t’avais de faire ca ? » La question est rhétorique. En fait, je meuble un peu le silence, parce que j’en profite aussi pour le bouffer des yeux. Ca m’énerve qu’il soit dans cet état. Je n’ai pas eu l’occasion de le voir d’aussi près depuis six ans, et il n’est pas vraiment en condition. J’ai du mal à retrouver ses traits, évidemment. Pourtant il est là. Je ne sais pas pour combien de temps, je ne sais même pas où on en sera demain. Est-ce important ?
« Je suis désolée. Pour ta soeur. »
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21.05.20 23:24
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Mila & Seamus

« The day is done, time has come. You battled hard, the war is won. You did your worst, you tried your best. Now it’s time to rest. »
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Oh non, pas de chez moi, pitié. Lorsque je lui parle de mon colocataire momentané et du danger que représente cette ville j’ai un genre de pique qui m’arrive en plein cœur. Oui je suis coupable d’avoir masqué mon identité. Mais ça n’était sûrement pas dans mes plans de finir en taule… Je lui présente un semblant de plan et même une alternative. Son cynisme fend l’air et me vaut un rictus. Rictus vite effacé par la douleur. Si elle avait su… Comme si c’était le moment de refaire le monde. Si j’avais su, je ne me serais pas pointé à la Nouvelle-Orléans sous un faux nom pour y trouver l’amour et le perdre. Si j’avais su, je serais resté en Irlande à veiller sur ma sœur. Et si j’avais su… Non, ça je n’aurai pas pu l’éviter dans tous les cas. Je la regarde un instant en coin avant de soupirer et je lâche en guise de réponse : " Si on peut éviter les remords au moins le temps que je sois sur pied… ça devrait aller vite… C’est plus impressionnant que ça ne l’est réellement… " J’espère, en tout cas, vu la masse que j’ai affronté, je risque d’avoir quelques souvenirs pendant plusieurs jours. Mais je suis presque sûr qu’une bonne douche et un peu de repos feront le gros du travail.

Un taxi salvateur ! Nickel ! Je rentre dedans, aidé par Mila. Assis au fin fond de celui-ci, le front contre la vite, elle me somme de m’allonger. Je tourne la tête vers elle un instant, hésitant. Mais… puis-je encore longuement repousser ce contact ? Je m’exécute et dépose la tête sur sa cuisse, fermant les yeux au passage. J’ai l’impression que le temps s’arrête un instant, elle cherche une adresse à fournir au chauffeur. Ça fait bien mon affaire car pendant ce temps elle ne voit pas ce visage d’où des larmes découlent et imbibent son pantalon de liquide lacrymal. Un moment hors du temps, oui. Heureusement que je peux compter sur elle pour me ramener les pieds sur terre lorsqu’elle me lâche de ne pas me faire d’idée. Ma main se porte sur mes joues et efface les larmes. J’aurai dû le faire avant de rouvrir les yeux et de croiser son regard. " T’en fais pas, va. J’ai bien compris que tu étais du genre à abandonner les chiens blessés sur le bord de la route une fois ceux-ci soignés. " La chercher ? Pas du tout. Pas mon genre.

Je referme les yeux, sombre même dans un semi-sommeil, bercé par les tremblements du véhicule. Mais on arrive. La voiture s’arrête, elle me l’indique et le chauffeur annonce le prix. Je me redresse tant bien que mal pour finir par m’extirper de la cage de taule. On reprend cette même posture qu’en montant dans le taxi : elle sous mon bras, me trainant à moitié dans la rue et nous enfonçant dans un immeuble. L’ambiance s’alourdirait presque si elle n’était pas là pour m’indiquer que l’arrivée est proche. Je m’effondre sur le canapé une fois la porte franchie, ne cherchant même pas à observer autour de moi, je me recroqueville, ferme les yeux de nouveaux. Je lève la tête lorsqu’elle me le demande, inapte à débattre. Puis je sens cette eau passer sur mon visage. Cette douceur. Et cette question… " Parce que c’est tout ce que je sais faire… " Je rouvre les yeux, l’observe en contre-bas. Dure réalité que d’affronter cette vie, endeuillé, sous le regard de l’être aimé qui ne sait même plus ce qu’elle doit faire. " Je… Je suis désolé aussi… Pour ton père. " Je ravale ma salive, détourne le regard. Ça a dû être un deuil pour elle d’avoir à manager un connard pareil dans sa famille. Il a joué avec les sentiments de sa propre fille pour la « préserver ».

Mais il est temps de lui donner quelques explications. Il est temps de lui donner la vérité qu’elle mérite après ces années à douter. Je racle ma gorge et tente de me redresser mais en vain. Je m’effondre de nouveau sur le canapé. Au moins, cette fois-ci je ne suis plus sur le côté mais sur le dos. " Seamus. C’est… C’est le prénom que mes parents m’ont donné. Seamus McCreary. Ils sont morts pour une cause juste, laissant l’injustice tomber sur deux orphelins. J’ai dû fuir l’Irlande avec comme seul compétence que de voler, me bagarrer, picoler et m’attirer des emmerdes. " Cette histoire va l’ennuyer. Elle doit déjà la savoir si elle a réussi à me retrouver, non ? Mais… Elle a peut-être besoin de l’entendre de ma bouche. " J’ai fui jusqu’à New-York. C’était la merde là-haut. J’ai dû fuir encore et camoufler mes traces pour faire table rase et survivre… " Mon regard s’humidifie bien trop à mon goût. Et pourtant elle mérite d’en savoir plus…. " Mais j’y ai fait bien plus que survivre. J’ai appris à m’ouvrir à quelque chose de vraiment nouveau pour moi et j’ai découvert qui j’étais vraiment… Tout en abandonnant un peu plus ma sœur chaque jour ce qui l’a conduit directement dans la tombe. " C’est niais. Ça ressemble à des paroles de beau-parleur. Je soupire, ferme les yeux, tourne la tête sur le côté et lâche pour finir " Si cette vérité ne te convient pas, prends celle que tu veux. J’aime bien l’idée de m’appeler Bob. "


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01.06.20 14:45
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Let it burn
avril 2025
Je prends mon temps pour le décrasser. C’est un moyen comme un autre de m’occuper les mains. Je sais pas vraiment ce qu’il pourrait se passer si je m’arrête. On est dans une sorte de trêve, j’ai l’impression. Je relève les yeux vers lui quand il me répond. C’est tout ce qu’il sait faire… C’est faux, mais il n’a pas l’air vraiment d’humeur à entendre quoi que ce soit. Par contre, qu’il balance des regrets à propos de mon père me tire un rire amer.
« Tu déconnes ? D’abord, il est pas mort. Ensuite… Il ferait mieux de l’être. Tu sais que c’est lui qui nous a mis dedans ? » Je serre les lèvres. J’ai pas vraiment envie de parler de lui, mais d’un autre côté, il faudra bien, j’imagine… Il faudra bien raconter ce qu’il s’est passé après notre séparation à ce foutu grillage. Enfin… Si ca l’intéresse.

En attendant, je ravale ma verve en triturant la serviette entre mes mains. Je me demande de quoi on va pouvoir parler, dans l’immédiat. Je me souviens pas que ca ait jamais été difficile de discuter avec lui. Mais le temps a passé. Est-ce qu’on se connait encore ? Je sais pas. J’imagine qu’il va falloir un peu recommencer à zéro… Je relève vivement la tête en l’entendant bouger et se ramasser sur le canapé. Pas de haut, mais ca suffit à ce que je lui sorte :
« Tu ferais mieux de rester allonger… » Mais je vais pas plus loin. Il s’est peut-être fait aussi la réflexion du reboot, parce qu’il répond aux questions que j’ai pas encore posées.
L’entendre prononcer son nom - son vrai nom - me file un coup au ventre. Je le savais déjà, bien sur. Mais qu’il prenne la peine de se présenter me remue. J’ai plus vraiment envie de rire. je l’écoute attentivement. Je crois que j’ai pas bougé d’un iota pendant qu’il parle. C’est simple, c’est direct. C’est peut-être ce qui lui donne plus de force. Ca et le fait qu’il a l’air au bord des larmes… Au moins il ne me baratine pas. L’avantage de m’être spécialisée, ces dernières années.
Je réalise aussi qu’il parle de moi. De nous. Je savais qu’il n’était pas le type le plus joyeux de la planète quand on s’est rencontrés. Je ne savais pas pourquoi à l’époque, évidemment. Mais je n’avais pas eu conscience que j’avais pu lui apporter quoi que ce soit, ni l’éloigner de sa seule famille. Ca me fout mal à l’aise, mais c’est trop tard pour y changer quoi que ce soit.

Il finit par refermer les yeux et détourner la tête, avant de conclure. Conclusion qui me fait râler. Aussi sec, je lui retourne un coup de serviette sur l’épaule. C’est juste une serviette, mais j’ai quand même le temps de souhaiter que ca lui fasse un peu mal, pour la peine.
« Arrête tes conneries ! Tu crois vraiment que j’étais sérieuse ?! » Je soupire pour la forme et pose mes coudes sur mes genoux. Je le regarde en silence un moment qui me parait super long. Je sais pas trop comment continuer. Comment on reprend à zéro une relation la notre ? Ce qui nous unissait n’était pas juste une histoire de fesses, on n’efface pas ca comme ca, surtout que ca n’a jamais été fini. Mais nous avons été séparés longtemps, nos chemins ont été différents. Est-ce qu’on peut se baser sur ce qu’on connait l’un de l’autre ?
Comment on recommence quelque chose qui n’était pas terminé ? Comment on poursuit quelque chose d’interrompu ?
Ca m’énerve, parce que je n’ai pas vraiment de réponse. Je sais même pas s’il y a une foutue réponse à ces questions…
Alors je dis la première chose qui me vient.
« Salut, Seamus McCreary. Contente de te connaitre… » J’esquisse un sourire. Et maintenant ?
« J’imagine que j’ai plus de leçon à te donner sur les fausses identités… Ca fait six ans qu’on m’appelle Sophia Clarke. Histoire que mon père me retrouve pas... » Je rebaisse le nez, et je fixe la serviette que je me remets à maltraiter. J’avais pas forcément imaginé en parler maintenant. Mais c’est sorti, autant en finir avec ce volet là, non ?
« Après que tu… qu’on se soit séparés, je me suis planquée, le temps que tout le monde quitte le coin. J’ai réussi à revenir à mon appart, et mon père m’y attendait. Avec Luigi, Gianni et Alfonso. » J’imagine que Seamus n’a pas oublié les molosses les plus fidèles de mon père et les remettra sans problème. « Quand j’ai compris que c’était de sa faute si on s’était fait griller, je me suis barrée. J’ai atterri à Boston, et je me suis débrouillée comme j’ai pu. » Je finis par relever les yeux et croiser son regard. Bon d’accord, j’ai fait plus que me débrouiller, mais s’il veut des détails, on a encore le temps pour ca, non ?
« Je t’ai pas vraiment répondu sur ce que je fiche là, hein ? » Je fais une petite grimace. « Je suis venue pour toi. Je voulais… Je sais pas vraiment, en fait… Je voulais savoir pourquoi tu ne m’avais jamais dit qui tu étais... » Je fronce les sourcils. « Enfin… Ton vrai nom… Et puis... » Nouveau soupir. Difficile de faire le tri dans tout ce que je ressens et ce que j’aurais envie de dire et de faire. « Savoir pourquoi tu ne m’avais pas cherchée, mais ca, je le sais maintenant... » J’ai de nouveau un petit rire, pas vraiment joyeux, même carrément amer. Je le bouffe de nouveau des yeux, mais au fond, j’ai peur. Je sais pas vraiment de quoi. Qu’il ait changé ? Qu’il n’ait pas changé ? De m’être foutue dedans ? Je pourrais toujours retourner à Boston, dans ce cas. Mais maintenant que je l’ai retrouvé, je réalise à quel point fermer définitivement notre chapitre serait douloureux. « J’avais aussi besoin de savoir… Ce que tu étais devenu... » Ca sera un bon début...
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16.06.20 22:23
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