S'il y avait une chose à laquelle le Tank n'arrivait pas à s'habituer depuis son retour au pays, c'était bien les jours de repos. Et ce jour en était un, justement. S'il avait eu la chance de retrouver de suite un job, il l'avait grandement apprécié car rester à ne rien faire le plongeait quasiment dans un état de stress permanent.
Aussi ces jours là, il avait deux occupations majeures quand il n'y avait pas de match de foot. La première, il lisait quantité de rapports de ses collègues pour s'informer au maximum, et quand il n'en pouvait plus il avait pris pour habitude de marcher, et ainsi aller voir les lieux de crime, de trafic, etc. Aucun quartier n'y coupait. Il voulait refaire de sa ville, qui avait bien changé en presque dix ans d'absence quasi continue, son nouveau terrain de jeu, bien décidé à en connaître tous les recoins pour ne rien manquer quand il était de service.
Il s'était fait rincer un quart d'heure plus tôt par la énième averse de la journée. Aussi quand la suivante s'était annoncée, il avait sauté dans un bus pour s'en protéger. Quelques minutes plus tard, le grain passé, il était redescendu pour poursuivre sa marche. Il venait de faire quelques mètres quand au croisement suivant, il reconnut le nom de la rue citée dans un rapport qu'il avait lu le matin même concernant un trafic de stupéfiants. Evidemment cela affuta sa curiosité, et il bifurqua dans la dite rue.
Se balader seul avait un avantage certain, on se faisait bien moins remarquer qu'à se balader avec toute la team. Même s'ils avaient presque plus l'air de malfrats que de flics, la Strike passait rarement inaperçue. Cela ne faisait que quelques semaines qu'il avait rejoint le Yard, mais déjà une certaine alchimie s'était créé. Chose que le Tank appréciait tout particulièrement.
Mains dans les poches, l'air de rien, ou presque, Marlon avançait en observant son environnement. L'endroit n'avait rien de spécial au demeurant, quand le flic approcha du numéro cité, et reconnut la devanture de la pharmacie. Ses sens s'affutèrent comme dans une zone de combat. Vieux réflexes militaires auraient dit certains.
Le colosse sentit un regard sur lui qui le suivait. Son attention fut attirée de l'autre côté de la rue. L'homme fronça les sourcils en reconnaissant son chef d'équipe qui visiblement l'avait également reconnu. Mais qu'est-ce qu'il foutait là?!
Aussitôt, Marlon bifurqua pour traverser, laissa passer une voiture, et pressa le pas pour ne pas gêner la suivante qui arrivait déjà. Arrivé devant son collègue, il le questionna sans vergogne.
- Qu'est-ce tu fous là un jour de repos?Il ne se doutait évidemment de rien. Mais pour le coup, sa curiosité était piquée au vif. Cela pouvait-il être une simple coïncidence? Assurément si on devait lui poser la question, il répondrait, non.