Irina commençait à se repérer. Ce matin elle ne s’était pas trompée d’arrêt. Le bus venait de la déposer à peine 100 mètres de la fac. Elle venait de diviser son temps de trajet par deux. Ce qui faisait qu’elle était vraiment très très en avance pour son premier cours d’économie. C’était sur l’insistance de son père, qu’elle avait demandé cette option, alors qu’en réalité elle aurait aimé avoir de l’histoire de l’Art. Mais, Nina n’avait pas voulu lui tenir tête, redoutant qu’il menace de ne pas l’envoyer ici. Alors, voilà, maintenant elle devait faire un semestre entier avec cette matière trois fois par semaine.

Qu’allait-elle faire pendant une heure d’attente ? Elle n’en avait pas la moindre idée. Elle venait tout juste de commencer les recherches pour un emploi étudiant. Cela n’avait encore rien donné. Son anglais était un peu moins bon qu’elle ne l’espérait. Elle avait du mal à se mettre en avant pendant les entretiens. Irina voyait les employeurs se désintéresser très rapidement et ensuite elle perdait totalement confiance. Pourtant elle pouvait faire des tas de choses, à commencer par de la musique. Elle apprenait elle-même le violon, mais c’était déjà une très bonne pianiste. En plus, elle allait rapidement avoir besoin d’argent pour subvenir à ses besoins.

Une idée lui vint alors qu’elle avançait tranquillement vers la zone accessible de la fac. Elle n’avait pas encore regardé les petites annonces faites par l’association étudiante. Peut-être pourrait-elle trouver une piste ! Elle attrapait son sac par les deux sangles, alors qu’elle gravit les marches de la prestigieuse enceinte. Pile à cet instant le playlist passait sur un morceau de la Tosca qu’elle adorait. Cela ne fit que la ragaillardir un peu plus. Son pas se cala instinctivement sur la musique. Elle se guidait des panneaux pour trouver le local et les panneaux d’affichages en question.

Cet endroit était grand et ça même si une partie était en travaux. Nina se perdait au moins une fois par jour dans ces longs couloirs. Par chance il y avait souvent quelqu’un qui arrivait pour l’aider à s’orienter. Elle faisait de son mieux. Mais l’Angleterre et Londres étaient très différentes de son pays. Tout dans cette culture avait un peu d’étrangeté. Elle trouvait enfin son bonheur et se postait devant pour prendre connaissance des informations. Il y avait beaucoup d’annonces dont beaucoup étaient compliquées à comprendre pour elle. Il lui manquait tellement de codes de lecture encore.

Nina sélectionner deux options. Un poste d’assistant de langue française. Un poste d’aide bibliothécaire pour la bibliothèque de l'université. Elle parlait français et elle aimait les livres, enfin surtout les romans à l’eau de rose. Au moment de se retourner Irina manqua de rentrer dans un étudiant. Elle l'évite de justesse en faisant un pas de côté avant de se confondre en excuses. Lorsqu’elle relevait enfin le nez son regard se posa sur une silhouette familière. C’était Swan l’un des garçons qui l’avait aidée à trouver son professeur de musique quelques jours plus tôt.

-” … Bonjour Swan.” Intimidée par ce jeune homme, son aisance, son charme, Nina avait déjà envie de baisser les yeux. La beauté des autres avait tendance à l'impressionner. Elle se faisait violence pour ne pas se montrer timide devant lui. Elle ne voulait pas paraître aussi coincée. A Moscou elle n’avait rien de la fille qu’elle était ici avec les Anglais. “ … ça va ? Je ne savais pas que tu étais à cette fac. J’y suis moi aussi. Pour mes cours de musique… entre autres. Qu’est-ce que tu suis toi ?” Cela lui paraissait une bonne introduction pour ouvrir une conversation. Elle s’était assez exposée et avant relancé un sujet pour qu’il puisse parler. Cela devait aller.

Le violon était resté dans la chambre, que Nina occupait chez sa tante. C’était une petite pièce. Ca n’avait rien à voir avec celle qu’elle avait dans sa maison de famille. Mais ça ne la dérangeait pas du tout. Elle n’avait pas besoin de tout ce qu’il y avait chez son père. Tout ce dont elle avait besoin c’était de pouvoir parler avec quelqu’un… vivre. Pour ça sa tante était parfaite. Elle était la plus jeune des soeurs de la mère de Nina. Tout ce qui concernait les Kasparov ne l'intéressait pas. Les filles se découvraient de nombreux points communs en apprenant à cohabiter.

-”Je suis venue ici parce qu’il y a un bon partenariat avec mon université à Moscou.” Est-ce que ce qu’elle racontait avait de l'intérêt pour un jeune homme aussi cool ? Irina ne savait pas encore très bien comment se comporter. Elle tâtonne. ”Je voudrais devenir professeur de musique.” Son père voulait la faire entrer dans le grand orchestre de Moscou. Mais ce n’était pas du tout dans ses ambitions. Elle ne voulait pas être exposée.

-” Ca te plait ? ” Parce qu’elle était sincèrement intéressée de savoir. En plus de se demander si l’économie pouvait lui plaire. Quand elle l’avait vue s’amuser sur ce toit Irina avait imaginé qu’il faisait plutôt dans l’Art. ”J’ai une leçon d’économie. ” Elle ouvrait son sac pour sortir le carnet dans lequel était soigneusement collé l’emploi du temps. Nina avait mis un code couleur et des traduction des icones pour mieux comprendre. ” Avec le professeur “Jackessonnn”.” Elle se doutait que sa prononciation n’était pas parfaite. Mais elle devait encore pratiquer. Il y avait des sons étranges dans cette langue.

-” Ca va oui. ” Ce qui était plutôt vrai. Il y avait tout à découvrir. Mais c’était ce qu’elle venait chercher ici. Depuis qu’elle était partie elle se sentait un peu plus libre. Même Irina pensait à sa mère. Même si la peine était bien là. Elle avait enfin arrêté de pleurer dans son sommeil. C’était un début. ” Maintenant je cherche un travail. ” Elle tirait sur la bretelle de son sac pour qu’il reste bien calé à son épaule. Son sourire n’avait pas décroché de ses lèvres. Ses grands yeux trahissaient un mélange de bonne volonté et de curiosité. Il y avait beaucoup de questions que Nina avait envie de lui poser. Mais, elle ne savait pas comment s’y prendre sans paraître… embêtante. Il fallait qu’elle prenne son courage à deux mains. ”Je voudrais découvrir la musique d’ici. Est-ce que tu sais où je peux aller ? ” Bien sûre, elle débutait par la musique. C’était sa passion.

Il avait été convenu entre le père et la tante d’Irina que la jeune fille finira l’année scolaire en Angleterre. Elle passerait l’été ici. Il serait temps de convenir de la suite au moment de l’automne. Beaucoup de choses pouvaient se passer d’ici là. Même si Nina ne voulait pas y prendre part elle savait que la situation de son oncle était devenue compliquée. Elle n’était pas vraiment pressée de retourner vers tout cela.

-” La musique oui. La danse aussi. La danse classique. Mais je ne suis pas très douée. Je m’en sors mieux avec les instruments. Je fais du piano. Beaucoup de piano. ” Il avait fallu pousser tous les meubles du minuscule salon. Le piano à queue entrait à peine. Mais les filles étaient d’accord avec ça. ” C’est ma mère qui m’a appris la base. ” Cette passion pour la musique ne venait pas de nulle part. Elle avait imprégné le monde de Nina depuis l’enfance. ” Est-ce que tu joues d’un instrument ? ” Le regard se dirige alors sur les mains du jeune homme pour trouver des signes d’entraînement. Les mains étaient forcément marquées par une pratique régulière. ”Merci. J’espère les rendre fière de moi là-bas. ”


-” Est-ce que tu sais ce que tu vas faire après les classes ? ” Ils étaient jeunes. A l’heure était-ce évident de savoir à quoi on veut dédier le reste de son existence ? Nina savait que son cas n’était pas le plus courant. Elle avait beaucoup d’ami.es à Moscou qui n’avaient absolument aucune idée pour leur futur. Le jugement de Swan donnait un semblant de motivation à la jeune artiste pour aller affronter l’économie. -” Oh j’espère! Celle de Moscou … me donnait du sommeil. ” Elle voulait dire par là qu’elle était laconique et totalement inintéressante.

-” C’est tranquille ici. ” Non, là encore tranquille n’était pas le bon mot en anglais. Irina manquait de vocabulaire pour partager les nuances de son état d’esprit. Elle voulait lui dire qu’elle ne sentait pas la même tension que quand elle était dans les rues de Moscou. Mais pouvait-elle le dire sans que cela soit étrange pour un anglais ? ” Merci. ” Elle n’hosait pas lui dire qu’elle venait juste de regarder sur ces mêmes panneaux. Cela lui paraissait impoli alors qu’il acceptait de l’aider.

-” Il est sur ma liste ! Est-ce que tu y a été ? ” Nina avait découvert le Bolchoï à douze ans. Une des plus prestigieuse salle. Ses parents l’y avait emmené ensemble. La grandeur du théâtre l’avait beaucoup impressionnée. Elle avait eu l’impression d’être dans un conte. Le spectacle l’avait fascinée. Elle était tombée amoureuse des costumes, de la musique, de tout. Les années suivantes elle s’était cultivée d’elle-même. Elle aurait adoré emmener sa mère dans celui de Londres. Mais, elle ne s’attardait pas sur ce fantasme impossible et douloureux. ” Je ne connais rien aux comédies. Est-ce que tu aimes ça ? ” Ils ne savaient rien des goûts de chacun. Irina se disait que peut-être le gentil Swan pourrait aussi lui donner un conseil sur le meilleur spectacle à voir.

Le nom de Gold fit naître une flamme dans les yeux de la jeune fille passionnée. Elle avait passé des heures à s’exercer au clavier dans l’espoir d’approcher ce maître. Elle était studieuse et dévouée, mais sans doute encore trop consciencieuse pour exprimer son véritable amour pour la musique. C’était du moins ce que suggérait le nouveau professeur qu’elle avait rencontré sur Londres. Mais elle n’avait pas encore compris ce que cela voulait dire exactement.

-”C’est très exigeant d’être un artiste.” Ce qui sonnait comme un constat dramatique dans la bouche de Nina. Elle aurait aimé être encore meilleure que ce qu’elle était. Mais elle ne pouvait pas non plus nier que la vie dans cette ville la distrayait pas mal. Elle avait négligé sa pratique. ”Oui. Je te comprends. Parfois je pleure. Quand c’est beau je pleure.” La musique avait toujours été une porte vers les émotions pour cette jeune fille. Tout ce qu’elle ne pouvait pas montrer à son père ressortait sur les notes de Chopin. Heureusement qu’elle avait cela pour s’échapper parfois de la réalité. La remarque de Swan la déstabilisait un rien. Tout de suite Nina tendait son dos pour se tenir bien droite. Comme si un Kasparov aurait pu être là à les surveiller. ”Ici il n’y a que ma tante et moi.” Dire que sa mère était décédée était encore compliqué pour Irina. Cela rendait triste et en plus après les gens étaient mal à l’aise avec elle. Donc elle préférait le passer sous silence.

-”Oui, j’ai mal au visage le soir.” Passer une journée entière à baigner dans une autre langue était éprouvant. D’autant que sa chère tante voulait intensifier son imprégnation et elle essayait de limiter le Russe à la maison. Les jours de fatigue Irina parlait un mix étrange de ces deux langues. ”Peut-être tu peux m’aider avec l’anglais ? Moi je t’aide avec le Russe ?” C’était un des premiers conseils que lui avait donné le CPE de l’université, trouver des camarades avec qui apprendre ce qui ne serait pas dans les cahiers de cours.

Tout ce dont parlait Swan avait l’air passionnant aux oreilles de cette étrangère. Elle avait envie de tout voir, de tout entendre, d’apprendre un millier de choses ici. Cependant, elle n’avait pas les moyens de sa passion. Chez les Kasparov il n’y avait pas beaucoup d’argent. C’était son oncle qui gardait son butin de mafieux. Mais son père était un simple menuisier et il travaillait dur pour pas grand chose.

-”Je voudrais voir toutes ces choses. Ca a l’air très bien. ” Les yeux d’Irina étaient brillants de fascination. Voilà qui allait la booster pour se trouver un job au plus vite.

Irina n’avait pourtant pas cherché de plan b pour sa vie professionnelle. Elle n’envisageait pas de faire autre chose de son existence. C’était comme si cela ne dépendait pas d’elle-même. Elle n’était pas sûre de grand chose dans sa vie mais de cela oui. Elle allait faire de la musique et rien d’autre.

-”Je n’ais pas peur de ça.” Il n’y avait aucune trace d’arrogance en elle. Elle avait peur de beaucoup (trop) de choses dans sa vie. Mais elle avait cette certitude pour l’aider sur son propre chemin. Sans cela, elle serait sans doute morte de chagrin.

-”Mon père écrit des mails. Il me donne les nouvelles. C’est bien comme ça.” Dans le fond elle n’était pas certaine qu’il était le rédacteur de ces mails. Ils étaient trop doux pour lui ressembler. Pour l’instant Nina s’en contentait bien. Il ne lui manquait même pas. Celle qui lui manquait c'était sa mère. Certains jours elle aurait même souhaité que ce soit lui qui soit mort à sa place. Mais ce genre de pensée lui donnait honte. Elle le gardait pour elle et essayait d’oublier. ”Tu as tes parents ici toi ? ”

Les bases d’un accords étaient donc lancé. Ils allaient pouvoir s’entraider. C’était quelque chose de motivant. Le visage d’Irina s’illuminait de joie en entendant parler sa langue natale dans la bouche d’un autre; A part sa tante et son tuteur ici, il y avait peu de monde pour communiquer en Russe. Elle écoutait et corrigeait uniquement la syntaxe pour marquer le conditionnel.

-”Je veux bien… venir… aller ? Je veux bien aller boire un jus avec toi à la cafétéria. Merci Swan! ” Elle réhaussait alors la bretelle de sac sur son épaule pour marcher sans la crainte de le faire tomber. Irina le suivait donc dans les arcanes de cette battisse. Cela faisait du bien d'avoir un guide qui n'avait pas encore de cheveux gris sur la tête. Les traits de la jeune fille se détendait un peu plus. -”Tes amis vont bien ? Ceux de la piscine ?”

Là-bas chez elle, il y a une salle de musique, un espace entièrement dédié à cet art. La mère et la tante d’Irina avaient passionnément négocié pour avoir le droit d’y entreposer des instruments onéreux. Il arrivait que de prestigieux choristes et musiciens viennent faire des concerts privés, par simple affection pour sa mère. Beaucoup d’entre eux ont manifesté leur affection envers la jeune fille, au décès de la dame.

-”Mon professeur pense que je serais prête pour les auditions de septembre.” Un délais qui pouvait paraître court. Mais quand on était une perfectionniste comme l’est Irina, trois mois ne sont rien. ”Je répète dans l'auditorium tu peux venir..” Les conditions ne sont pas aussi confortables qu’à la maison, mais l’isolation phonique est de qualité. La musicienne a même passé un accord avec le gardien pour avoir le droit de rester un peu plus tard le jeudi soir. Elle aurait été contente d'avoir quelqu'un d'autre pour lui faire un retour sur ce qu'elle jouait.

-”Tu as deux maisons ? ” Demande-t-elle avec une pointe de surprise dans sa voix fluette. Bien entendu elle a remarqué que Swan ne manque pas forcément de moyens. Mais, elle n’avait pas compris qu’il appartient à la classe des privilégiés. ”Nous aussi il y avait un repas les dimanches.” Mais ça n’était sans doute pas aussi idyllique que l'image que se fait Irina d’un repas de famille anglais. Elle adresse donc un petit sourire gêné à son camarade un peu comme si ses pensées peuvent se deviner malgré elle.

-”Vous avez l’air de bien vous entendre. Vous êtes des amis depuis longtemps ? Il y a aussi des filles dans ta bande ? ” Lui dit-elle encore après une correction faite. Rien d’aussi gravissime que ce qu’elle entend parfois de la bouche de ses camarades de cours de langue depuis qu’elle est arrivée. Swan a un niveau correct. Nina a un sourire franc de congratulation avant de regarder le petit encas devant elle. ”Je te dois la moitié de l’argent.” Elle ouvre son sac de cours pour retrouver le petite porte-monnaie en laine que sa grand-mère lui a offert pour ses seize ans. Che elle il n’y a pas beaucoup de mots. Mais les gestes eux ont une forte symbolique. Tous les objets que possède Kasparavov sont imprégnés de messages qu’elle tente de bien garder en tête. Cependant, il est vrai aussi que les distractions sont nombreuses dans ce pays.

-”J’aime patiner. Je sais faire les saltos..” Évidemment la Mère Russie est un terrain de jeu idéal pour cela. Nina a eu une paire de patins presque avant de savoir marcher correctement. Elle voulait tout le temps aller sur le lac pour pour patiner. Elle doutait de pouvoir en faire sur Londres néanmoins. ”Qu’est-ce que tu aimes ? A part nager ?” Le ping-pong du question réponse lui plait bien.

Irina était figée sur place. Elle était totalement surprise par Swan. Il était tellement encourageant alors qu’ils ne se connaissaient pas encore beaucoup. Ca ne lui arrivait pas ce genre de “gentillesse”. Dans sa famille on attendait toujours de voir le résultat avant de féliciter. Elle ne savait pas ce qu’il fallait dire après ça.

-”Je voudrais que ma mère soit fière de moi. Ma tante aussi. Parce que c’est grâce à elle que je peux faire de la musique et que je suis venue ici.” Les deux soeurs avaient en effet tout fait pour que cette jeune fille puisse vivre de sa passion. Maintenant que la mort de Nina n’était plus de ce monde le défi avait même une portée symbolique. Mais tout cela elle ne voulait pas en parler à Swan.

-”Je fais ça souvent ici le mercredi soir vers 19h00. Comme ça c’est aprés les cours. Ca ne gêne pas. Viens mercredi si tu veux oui..

Lentement Kasparov saisissait qu’elle était devant une personne d’un autre monde que le sien. Elle était devant quelqu’un de riche. Quelqu’un de très riche. Ce qui n’était pas du tout son cas. Chez eux c’était son oncle qui profitait des “bienfaits”de la Bratva. Le reste de la famille était modeste. Les cours de musique était d’ailleurs onéreux.

-”Tu es un “Monsieur” ... On ne pouvait savoir quoi de la curiosité ou bien de la timidité ressortait le plus maintenant. Irina se demandait si elle se comportait convenablement devant ce jeune homme qui devait avoir beaucoup plus de respect et d’influence dans cette fac. Si son père apprenait qu’elle froissait les mauvaises personnes il serait mécontent. ”On fait un repas le samedi soir avec ma tante.

Irina approuvait doucement du chef pour montrer qu’elle comprenait bien ce qu’il lui expliquait. C’était d'ailleurs ce qu’elle avait sentit en les rencontrant. Ils avaient la complicité de ceux qui se connaissent depuis longtemps ou les sourires et les regards en disent plus long que les mots eux même. Nina avait partagé ça pendant un temps. Mais depuis le décès elle s’était renfermée sur elle même et n’avait plus beaucoup vue ses amies.

-””Une bande” ?Je pense que c’est ça que tu veux dire. Pour vérifier la demoiselle sortait un dictionnaire de poche et chercha le mot avant de le tendre à Swan à la page correspondante.

Elle baissa doucement sa main à la demande de Swan. Un petit hochement de tête timide montrant qu’elle comprenait l’idée. Elle n’allait pas insister pour payer. Parce que oui elle était à compter ses sous pour le moment. Alors elle soufflait un petit “merci” pudique. Elle se promettait qu’un jour elle pourrait l’inviter sans rougir à son tour.

-”Je comprends oui. Ca peut être dangereux quand on ne sait pas faire. Mais ça peut être bien de recommencer un jour. Elle ouvrait les lèvres pour faire une proposition en ce sens mais finalement se décourageait. Maintenant qu’elle était consciente d’être devant un jeune homme riche ce n’était plus aussi facile. Elle secouait négativement sa jolie tête. ”J’en ai vue dans les champs chez moi. Mais je ne suis pas montée dessus. Mon père ne voulait pas. Les pères Russes n’étaient pas connus pour être les plus tendres. Malheureusement ce n’était pas une légende dans son cas.

Irina trouve que Swan décrit très bien son propre ressenti à propos de ses devoirs et du respect. Elle aime l’entendre dans sa langue maternelle. Cela fait du bien au coeur. Surtout que même si elle a pris la décision de partir c’est tout de même plus dur certains jours.

-” Cela me fait plaisir si tu peux venir Swan. Cela fait longtemps que je n’ai pas joué devant quelqu’un. Ce n’est pas pareil.

-” Ah. Oui. Je te comprends. Moi aussi je veux être invisible. C’était dit d’une voix ténue et timide. Nina ne parlait jamais beaucoup d’elle-même avec les autres. Pourtant elle aurait eu des choses à partager. Mais elle se sentait proche de Swan quand il disait toutes ces choses. Elle s’y reconnaissait. Son souci n’était pas lié à l’argent. Cependant, elle aussi préférait habiter les ombres. La Bratva était en Angleterre. Avec elle tous les dangers qu’ils pouvaient imaginer. Que ce soit chez elle ou ici, la demoiselle devait faire attention.

-” Oh Tant mieux. Un sourire venait agrémenter le visage de la Russe. Elle avait l’air encore plus innocente quand elle était heureuse. Elle ne le faisait pas exprès d’ailleurs. Elle était faite de cette bonne nature, exactement comme sa tendre mère. ” Moi aussi, je suis contente de ma journée. C’est gentil de m’avoir parlé Swan. Et puis merci pour le jus !

-” J’aimerais beaucoup faire cela avec toi oui! On peut le faire mercredi après la répétition ? Nia aimait beaucoup ce plan. Elle apprendrait encore plus de choses avec lui. Cela lui permettrait sans doute de s’adapter plus rapidement ici. Ce ne serait que bénéfique ! Il y avait de quoi se motiver. ” Si j’ai le temps je te ferais une pâtisserie de chez moi. L’occasion de reprendre cette activité était toute trouvée. Nina et sa tante avaient plaisir à partager cela. C’était vraiment une chose agréable d’être elle sans avoir le poids de son nom propre sur les épaules. Sans doute était-ce qu’elle préférait le plus dans tout ce périple.

La sonnerie de l'intercours retentissait annonçant un début de cours dans les dix minutes. La jeune étudiante se redressait comme un ressort. Elle devait encore trouver l’amphi où se tenait le fameux cours d’économie. Rapidement la boisson fut terminée pour ne pas avoir à l’embarquer dans la zone cours. Miss Kasparov saluait amicalement son tout nouvel ami avant de filer vers un nouveau défi intellectuel.

-” A mercredi Swan !!