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(Lowri) ▼ Melancholia
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Lowri Conway

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Melancholia
Peter & Lowri
Sortie à la galerie d'art

C'est une sorte de moment de grâce, quelques secondes, minutes même où la tempête Peter se calme, peut-être l'oeil du cyclone, et sa houle piquante de sel s'apaise comme un cheval fougueux avec qui on a enfin réussi à trouver les mots pour justes. Ce soir la marée est basse, ce soir l'eau s'est retirée, assez loin on dirait, pour que je puisse voir le fond marin et admirer les trésors qu'il recèle mais qui sont cachés, la plupart du temps, loin des regards curieux. Sous les jupes faites d'écume déchaînée j'entrevois des épaves et des galions, des cargaisons d'or et de la vaisselle Chinoise, des statues antiques mais aussi des monstres qui se débattent, horrifiés d'être mis à nus et offerts à des regards impurs. Je me sens privilégiée qu'il m'offre ça, une parenthèse que je n'arrive pas à définir, si on est loin de lui, ou s'il s'offre à moi sous son vrai jour pour la première fois. Le fait est que c'est un autre Peter que j'ai face à moi, un peu espiègle, un peu plus doux, peut-être parce qu'il ne se sent pas menacé par ce monde de toiles et de pinceaux auquel il ne comprend rien et dans lequel il se jette pourtant par amour... Un drame digne d'une tragédie grecque. Une histoire d'amour qui fait mal, de rêves non partagés et de beaucoup de sacrifices. Deux coeurs qui s'aiment comme des fous mais qui dont les yeux regardent dans deux directions différentes. Et ça me fait mal, parce que je sens qu'ils sont bien ensemble, mais que c'est presque comme s'ils ne parlaient pas la même langue, ce qui est terriblement triste...

Le voilà qu'il lance ses souvenirs dans l'eau paresseuse, comme on jetterai des pétales de marguerite en égrainant le "un peu, beaucoup, passionnément..." dans une façon de les partager, dans une connivence pour laquelle je m'estime privilégiée. Je l'entends même rire quand je lui propose de lire son avenir, un rire amusé et innocent, loin du rire poli qu'on se sent obligé de laisser échapper de sa gorge en société pour ne pas passer pour un mufle. Un joli rire, un peu comme des bulles de savon.

Oui j'insiste... Parce que tu as l'air perdu et que ça pourrait être une façon de t'aider ... d'y voir plus clair... de dissiper un peu la brume qui t'entoure... Jouer les phares, en quelque sorte...

Je hoche ensuite la tête, résignée quand il me dit qu'il n'y aura pas de séance ce soir, et lui souris simplement.

Très bien, je ne veux pas te forcer. Sache juste que si un jour tu es totalement dans l'obscurité, je serai là pour jouer les lanternes...

Et là, alors que je ne m'y attendais pas, je sens sa main se poser sur la mienne, puis serrer doucement mes doigts. Et ce qui est agréable avec lui c'est que je sais qu'il n'y a absolument rien derrière ses gestes et ses attentions. Je sais qu'il ne me voit que comme une alliée, ce soir, peut-être un peu aussi comme une confidente, mais rien de plus... Rien ne vient entacher ça, même l'argent, car ce qui se passe est plus profond qu'une liasse de billets qui passe de main en main ou un chèque qu'on déchire d'un carnet et qu'on fait disparaître dans une poche. Peut-être que parce que je ne lui dois rien (à part de m'aider financièrement), que je n'évolue pas dans le même monde que lui, que je ne connais personne de son univers à part Léandre maintenant il se sent plus à l'aise qu'avec les requins qui l'entourent habituellement. Peut-être que je représente le calme d'un port familier où se mettre à l'abri d'une violente tempête, un phare qui sera toujours allumé pour éviter les récifs, nuit après nuit, saison après saison.

Tout n'est pas que fatalité Peter... La vie n'est pas faite que de coups de massue, mais au contraire de cadeaux et d'opportunités. Par contre je suis d'accord avec toi, parfois ces petites chances, ou ces coups de pouce sont presque invisibles, et il faut un oeil entraîné pour les repérer... Alors que les emmerdes ressemblent plus facilement à un 33 tonnes qu'on se prend en pleine face. Mais juste... ça me rend triste de t'entendre dire que rien de bon ne pourra t'arriver, ou que tu ne mérites rien de bon... Vraiment. J'ai l'impression que tu es arrivé au bout d'un chemin, mais ça ne veut pas dire qu'il n'y en a pas d'autre que tu peux emprunter...

J'ai un léger rire en sentant son index sur mon nez, avant de secouer la tête, faisant voleter mes boucles blondes dans l'air du soir.

Ne dis pas de bêtises! Je ne t'en veux pas. Et tu ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour toi... Je sais que tu ne va pas bien... Je le sens. Et je n'aime pas voir les gens que j'apprécie dans cet état. Tu es quelqu'un de bien Peter, même si tu es persuadé du contraire...

Et je suis encore une fois surprise quand il parle de moi, quand il me pose des questions sur mon enfance. Est-ce que c'est pour détourner le vent et chasser les vagues le temps que la marée remonte et engouffre avec une tendresse de mère trop protectrice ses trésors? Avec la précipitation honteuse de quelqu'un qui en a trop dit ou trop montré et qui s'en veut? Peut-être... Je ne sais pas et je crois que je ne le saurai jamais... Comme personne ne saura jamais de quoi la mer est faite, et comment la dompter parce que c'est impossible. On sait faire avec, on sait lire les signes de son calme ou sa rage, mais on ne peut jamais l'obliger à rien. Pourtant je réponds, penchant légèrement la tête de côté.

Très heureuse... J'ai eu deux vies en fait... Une ici, en Grande Bretagne, à Glasgow puis Londres, avec mes parents, une vie normale de gens normaux, avec une mère médecin et un père comptable... Et il y avait ma vie là-bas, en Ecosse, sur l'île de Coll chez ma grand mère... C'est d'elle que je tiens mon don, et c'est elle qui a appris à m'en servir... Des vacances à cavaler dans la lande, à me baigner dans l'eau glacée, à faire des tours en bateau et d'autres trucs du genre... mais j'avoue que j'ai été un peu tiraillée... entre ces deux vies là. Parce qu'une fois ici, en ville, je devais cacher mes dons, une partie de ce que j'étais, alors qu'avec ma grand mère, ce pouvoir était au centre de nos vies. Enfin ça doit te paraître bizarre, et je ne veux pas t'embêter avec ça..


eden memories
Lowri Conway
Lowri Conway
LONDON PEOPLE
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Date d'inscription : 05/04/2020
Profession : Medium, tient une boutique ésotérique
Etat Civil : En couple avec le beau Tyrgan <3
01.12.20 18:54
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