AccueilDernières imagesRechercherMembresS'enregistrerConnexion
-17%
Le deal à ne pas rater :
Casque de réalité virtuelle Meta Quest 2 128 Go Blanc (+29,99€ ...
249.99 € 299.99 €
Voir le deal

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
Enquête, thérapie et jeu de rôle [Pv : Llewyn]
Aller à la page : 1, 2  Suivant
Invité

Enquête, thérapie et jeu de rôle
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Il est près de midi quand je me décide enfin à appeler Oz. La rouquine dont j'ignore toujours le prénom - et l'essentiel, en fait - est une option que j'ai envisagée la veille. Je vous remets dans le contexte :

Un couple a sollicité mes services pour la disparition inquiétante de leur fille. La jeune femme de vingt-deux ans et son compagnon sont parti un weekend en amoureux dans la campagne à moins de trois cents kilomètres du centre de Londres. Ce sont les dernières informations en possession des parents. Voilà plus de dix jours que les deux amants auraient du rentrer et s'ils ont parfaitement le droit de s'éloigner de leurs proches, ça n'a pas l'air de ressembler à leur comportement habituel. J'ai conseillé aux parents de guetter prudemment - ils n'avaient connaissance d'aucun ennemi particulier, pas le moindre problème.
De mon côté j'ai surveillé les appartements respectifs, les réseaux sociaux puis les employeurs des jeunes gens. Il s'avère qu'ils ne sont pas retourner bosser. Pas une seule fois dans la semaine. Ils ne sont pas non plus passé par chez eux. Si c'est suspect ça n'a rien de prohibé.

Ça a commencé à sentir mauvais lorsque je me suis rendu au commissariat pour prêter attention aux avis de recherches. Ils ne sont pas le seul couple manquant à l'appel.

Armé des identités, de quelques éléments près du voisinage, des collègues et des familles bien entendu, j'ai trouvé un autre point commun. Les conjoints disparus ont tous consulté un psychologue spécialisé dans les thérapies de couple. Le docteur Simon, installé à Londres depuis plusieurs décennies, semble être une référence en la matière.
Sur lui malheureusement je ne trouve rien d'intéressant. Divorcé depuis quinze ans, boulimique de travail, honoraire trois fois supérieurs aux miens... J'ai rendez-vous demain.

Sauf que je n'ai pas de petite-amie.
A moins que :

{ Allo ?
Salut Oz, j'te dérange pas ?
Elle marque une hésitation.
J'imagine que ça dépendra de ce que tu veux ...?
Je souris et me frotte nerveusement le front.
Il faudrait qu'on se voie. J'aurai besoin de toi pour une enquête et, ce n'est pas seulement un service que je te demande : je pense que ça peut intéresser des amis à toi
Wow, tant de mystères. Tu pourrais être un peu plus explicite, par contre ?
Un peu, mais je ne sais pas où ni avec qui tu es, comprends que je sois... discret. Ça concerne des disparitions. De couples.
Si ça peut te rassurer, je suis seule, personne autour. Et des disparitions de couple ? C'est à dire ?
Je me redresse dans le canapé en masquant un soupir :
Je n'en sais pas bien plus pour le moment, j'ai simplement réussi à remonter jusqu'à un psy qui, hem, suit des couples pendant des thérapies un peu bizarres. J'aimerai qu'on tente le truc... toi et moi ;
Grand silence. Elle reprend d'une voix railleuse après quelques secondes:
Tu sais, si tu voulais m'inviter quelque part, un restaurant faisait l'affaire. J'ai du mal avec les thérapies de couple comme premier rencard. Je passe, merci.
Pas surpris, j'esquisse un sourire.
Je sais, je m'y suis mal pris. Est-ce qu'on peut alors partager un repas ou même un café en guise de premier rencard plus conventionnel ?
Je fronce les sourcils en regardant les documents sous mes yeux.
Tu connais les O’Brien ?...
Je ne sais pas, tu connais les Smith ? En quoi est-ce que ça pourrait intéresser les personnes que je connais ?
Je lève les yeux au ciel face à son cynisme et me jette à l'eau :
Je ne sais pas, ils ont retrouvé leur fils et sa copine ? ...
D'accord, je vois de quels O'Brien tu parles. Pourquoi est-ce que tu enquêtes là-dessus ?
Je n'enquête pas sur eux, mais sur deux autres disparus. J'ai seulement fait le lien. Et ces quatre là ne sont pas les seuls. J'ai conscience que la demande est étrange et probablement dangereuse, mais j'ai quand-même pensé à toi..
Pourquoi ? Tu vas me faire croire que tu n'avais pas une autre amie à traîner à ta séance ?
Heu, non ? Je ne veux pas entraîner mes proches dans des emmerdes - désolé. Et les moins proches auraient eu peur ,de toute façon
Tentative désespérée pour me rattraper :
Je pense que la disparition du fil O'Brien te touche, un peu. Et je pense que t'es assez téméraire pour me suivre
Mais donc, tu n'as aucun souci à entraîner une parfaite étrangère qui n'a rien demandé dans tes histoires ? Merci, vraiment. J'adore me sentir considérée. Écoute, le gosse O'Brien s'est juste tiré avec sa gonzesse, d'accord ? Des jeunes qui foutent le camp façon tragédie shakespearienne, y en a des tas, je ne compte pas me soucier de chacun d'entre eux. Trouve quelqu'un d'autre pour jouer les amantes éplorées en t'accompagnant ...
Bien sûr que ça me pose problème, mais je n'ai pas l'intention de t'entraîner dans un coupe gorge ! Ils n'ont pas fugué crois-moi... Une séance, pour rencontrer le psy, s'il te plait ?
Qu'est-ce que j'y gagne ?
Se frotte la nuque La moitié de mes honoraires, pour le reste je suppose que la vérité sur la disparition des gosses a de la valeur. Je ne sais pas. Ecoute, parlons-en ce soir. J'invite, tu auras au moins gagné ça.
D'accord ... Je te donnerai ma réponse définitive ce soir. Où est-ce qu'on se rejoint ?
Deal. Je te file l'adresse par message. Merci
Ouais, ne t'emballe pas, je n'ai pas dit oui. À ce soir ... }

Quelques minutes pour choisir le bon restaurant - un petit établissement discret, clientèle familiale et connu des habitués, pas trop proche du centre mais suffisamment pour ne pas inquiéter mon invitée. Je lui fais parvenir l'adresse ainsi que l'horaire et ajoute dans le message :

Promis, ce n'est pas de la provocation.
A ce soir.


Bon sang, je suis quasiment sûr que la jolie rousse va refuser ma proposition. Elle a raison, je suis culotté de vouloir entraîner une inconnue dans une affaire potentiellement risquée. Surtout que sans un complice de confiance il y a peu de chance pour que je sois capable de tirer les bons éléments de l'enquête. Pour ce que j'en sais, Oz est frigide, méfiante, pincée. Tellement irlandaise. Son jeu d'actrice doit être pitoyable et je viens de lui donner toutes les arguments pour m'en vouloir. Ça n'était ni malin ni galant, encore moins séduisant.
Et pourtant, mon intuition veut me faire croire que ça peut marcher.
Elle et moi.
Pour faire semblant.

Il est vingt heures trente. J'entre dans le restaurant occupé par une dizaine de gourmands et vais aussitôt saluer Toni près de son four. L'italien - qui n'a rien à voir avec ceux de Birmingham, rassurez-vous - est une figure du quartier. Il m'a réservé une table dans un coin sur lequel il a déposé une fleur. Aïe. Je parviens à lui fausser compagnie pour aller m'installer - et retirer ladite fleur - mais la porte s'ouvre sur la jolie coursière avant que j'atteigne la table.

" Eh, bonsoir."
(c) princessecapricieuse


Invité
avatar
Invité
02.05.20 16:41
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Londres était une petite ville, quand on y réfléchissait. Tout se savait très vite, les informations circulaient à une vitesse monstrueuse quand on connaissait les bonnes pipelettes. Ce fait se vérifiait d’autant plus dans la communauté irlandaise, véritable mafia du ragot et des dernières nouvelles en date qui distribuait les potins en gaélique pour s’assurer qu’aucune oreille indiscrète ne surprendrait une conversation à laquelle elle n’était guère conviée. Dernièrement, on ne parlait que de deux choses. Declan et ses affiliations à l’IRA étaient sur une majorité de lèvres. Les dernières enquêtes des officiels sur l’incident de l’université avaient pointé du doigt cet habitant de l’Île d’Émeraude. Dans les rangs, on avait rapidement laissé entendre que l’homme avait été radié de l’Armée. Mais tout le monde n’était pas au fait de ce léger détail ; et comme souvent, les agissements d’un élément isolé retombaient sur l’intégralité d’une minorité. Quand on ne causait pas de cette raclure en se jurant qu’elle paierait, on évoquait les O’Brien, les parents éplorés qui n’avaient eu de nouvelle de leur fils depuis un long, trop long moment, et qui le pensaient disparu.
Si on avait demandé son avis à Llewyn, elle aurait répondu sans hésitation que le gosse avait pris la poudre d’escampette avec sa dulcinée pour se nourrir d’amour et d’eau fraîche dans un pays moins étriqué que celui-là. Elle ne s’était d’ailleurs pas gênée pour partager son opinion avec Vaughan, un peu plus tôt dans la journée. Elle la lui remartèlerait probablement ce soir.

La rouquine immobilisa la Norton à quelques mètres seulement du restaurant où ils devaient se retrouver, entre une Vauxhall à moitié parquée sur le trottoir et une berline allemande dont l’un des feux avant - à en juger les égratignures bleues sur la peinture anthracite - avait souffert d’une rencontre inopinée avec une autre carrosserie. La transporteuse enfouit ses clés dans sa poche, ses gants dans son casque, coinça son couvre-chef sous son coude et foula le pavé en direction de la trattoria.

Elle ne fut pas étonnée de trouver les lieux plutôt remplis vu le jour et l’heure. Un bourdonnement agréable emplissait le restaurant, percé par moments d’un éclat de rire ou d’un haussement de ton jovial. L’enquêteur était planté entre deux tablées, visiblement surpris de la voir pousser la porte de l’établissement. Renfrognée, comme à son habitude, Llewyn se dérida brièvement face au sourire poli d’une serveuse qui l’accueillit dans « Buonasera ! » enjoué avant de froncer à nouveau les sourcils en rejoignant le quadragénaire. Est-ce qu’il s’attendait à ce qu’elle lui pose un lapin ? Il avait parlé de pizza. Rien ne pouvait la retenir ailleurs quand on lui promettait ce plat.

« Eh, bonsoir.
- Hey. C’est notre table ? »

Elle pointa du doigt les deux chaises abandonnées à leur triste sort vers lesquelles Vaughan semblait se diriger et, sans attendre la réponse, le dépassa pour aller s’installer. Llewyn abandonna son blouson sur le dossier et son casque non loin, dans un coin où il ne gênerait pas le passage des serveurs. Elle se laissa tomber plus qu’elle ne prit place, rassembla ses cheveux en torsade d’un côté de son visage et balaya la salle du regard pour se plonger dans l’ambiance. La décoration était sans prétention, les lieux conviviaux et chaleureux. Les photographies en noir et blanc aux murs décrivaient des scènes de la vie en Italie, probablement dans les années soixante. Souvenirs de famille ? Tirages en série manquant de personnalité ? Elle voulait croire à la première solution. Quelque chose semblait terriblement authentique dans le sourire des hommes et femmes immortalisés sur papier glacé. Finalement, les orbes métalliques de l’expatriée se fichèrent sur la fleur en bordure de table, coincée entre le moulin à poivre et l’huile pimentée. Elle reporta son attention sur le détective qui s’installait et railla, pour briser la glace :

« Romantique ! »
CODE BY ÐVÆLING
Invité
avatar
Invité
03.05.20 4:02
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Enquête, thérapie et jeu de rôle
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]- Hey. C’est notre table ? »

" C'est ; "

Notre table, mais certainement pas ma fleur. La sienne, à la limite, puisque Toni l'a placée au centre de la table non seulement pour agrémenter la décoration - encore plus grotesque - mais aussi et surtout pour pouvoir attiser la sympathie d'une jeune femme et gagner de la sorte au moins un sourire. C'est qu'il est malin, l'italien.
Oz ne s'embarrasse d'aucun doute et trace tout droit jusqu'aux deux chaises installées face à face. Une fois installée je m'interroge sur les raisons qui donnent à son visage des lignes si renfrognées - encore.

« Romantique ! »

" N'est-ce pas ? J'suis désolé, ça fait longtemps que je ne suis pas venu et Toni croit que ; "

Qu'importe. Elle aura esquissé un premier sourire pour la soirée et ça me convient parfaitement. J'appréhendais qu'elle me reproche la présence de la triste rose mais elle semble au fait des attentions lourdes venues de la Sicile. Elle est probablement indifférente, en fait, Oz. Mais elle est venue et c'est le maigre intérêt qu'elle porte à ce rendez-vous que je dois trouver.
Et alimenter.
Jusqu'à la faire céder.

" Comment tu vas ? Depuis ce matin."

Je m'assois et déplace le vase sur la droite pour mieux observer ma vis-à-vis. Minois toujours aussi indéchiffrable, joli, irlandais. Très peu de certitudes la concernant ce qui continue de renforcer l'impression de mauvaise idée. La petite voix au fond de mon crâne ne cesse de se répéter depuis hier : c'est une erreur d'en parler à cette inconnue.

Mais j'ai un autre point de vue. Oz est une professionnelle assidue, ponctuelle, discrète. Ces qualités seront bénéfiques à la mission. Pour le reste, je ne peux pas la catégoriser aussi froide qu'elle le montre. Les expériences douloureuses du passé qui ont écorché notre dernière soirée l'ont indéniablement rendue méfiante. Dure. Insensible ? J'en doute, un rien de compassion ressortait du téléphone et puis au pire, elle est venue pour l'argent.
Déchiré entre une prudence nécessaire et cet instinct douteux, je choisi pour une fois d'être audacieux. Je dois la convaincre de m'aider.

" Je te conseille la calzone. Je vais prendre ça Maria s'il te plait. "

Dis-je quand la fille de Toni vient nous remettre les cartes.
Dans l'esprit modeste du restaurant, les tables sont étroites, le menu abimé, les carafes d'eau légèrement usées. Je remplis nos verres en attendant de savoir si un soda ou je ne sais quel jus aura les faveurs de la rousse. Ceci fait, je rapproche mon siège - shoote contre la chaussure de l'irlandaise - et pose finalement les coudes sur la table en attendant que nous soyons servis.
Je suis pressé, anxieux, nerveux.

" Pardon. Est-ce que tu as pu réfléchir à ma proposition ? Je prends 100 livres de l'heure à mes clients, s'ajouteront les frais de la consultation chez le psy et toutes éventuelles dépenses annexes. Comme je te le disais, tu auras la moitié."

J'anticipe un approbation tout en sachant que la balance ne penche actuellement pas de mon côté. C'est évident au moment où mes yeux sombres se placent dans les siens. Ah, cet océan. Je souris malgré moi et me détache des orbes luisants pour faire mine de surveiller les alentours.

(c) princessecapricieuse


Invité
avatar
Invité
03.05.20 14:36
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Elle s’attendait à voir surgir de derrière le comptoir un Italien aux moustaches retroussées, armé d’un accordéon, pour lui grincer aux tympans quelques notes d’une sérénade fleurant bon la dolce vita. Nul doute qu’elle éclaterait de rire si c’était le cas, ne serait-ce que pour applaudir le stéréotype et éviter à son interlocuteur un quelconque embarras.

« N'est-ce pas ? J'suis désolé, ça fait longtemps que je ne suis pas venu et Toni croit que … »

Llewyn jeta un coup d’œil par-dessus l’épaule de son interlocuteur et tomba sur la figure d’un quinquagénaire en fin de décennie qui devait être le Toni en question. L’homme croisa son regard et lui adressa un sourire auquel elle répondit de la même manière. Il ne devait pas savoir que Vaughan comptait la payer pour jouer les petites amies, loin de là. Le concept, à présent qu’elle l’analysait ainsi, la mit mal à l’aise. Ce n’était pas tant l’indécence de la proposition qui lui noua la gorge. L’Irlandaise se fit l’effet d’une escort qui réalisait pour la première fois le monde de merde dans lequel elle était entrée ; et elle réprima un frisson d’inconfort.

« Comment tu vas ? Depuis ce matin.
- Bien, merci. Et toi ? »

Elle sentait déjà la conversation s’enliser dans une méfiance et une gêne justifiées. Llewyn poussa un soupir imperceptible en regrettant d’être venue. C’était une mauvaise idée. Pas uniquement parce qu’elle avait la sensation de vendre son âme au diable ; mais surtout parce que l’affiliation du détective le rendait instantanément nocif. La transporteuse ne travaillait que sous deux étendards : irlandais ou neutre. Toute bannière autre que celles-là lui faisait l’effet d’un répulsif particulièrement efficace. Elle se tenait éloignée des autres gangs, des autres causes et courants de pensée, par principe comme par instinct de survie.
Qu’importe s’il n’était pas directement lié à la mafia italienne, le détective travaillait pour eux et leur rendait des comptes. Il leur était fidèle, d’une certaine manière et, qu’il le veuille ou non, se trouvait donc rattaché à leur combat. Le simple fait de lui adresser la parole en dehors des courses mandatées par l’IRA posait déjà problème à la transporteuse. Elle n’avait que trop conscience de l’entorse qu’elle faisait à son propre règlement. Les factures à payer justifiaient-elles cet écart de conduite ? Sans être plus vénale que son prochain, la jeune femme ne crachait pas sur quelques livres de plus pour arrondir les fins de mois. Elle n’aurait jamais commencé à travailler pour Eirik ou la Castelli si tel avait été le cas. Quelque chose lui disait que les honoraires de l’enquêteur valaient le détour. L’appartement à Ealing l’avait peut-être mise sur la voie …

Une serveuse au cheveux sombres et bouclés tirés en queue de cheval, celle-là même qui l’avait accueillie, se présenta avec deux cartes. Vaughan regarda à peine la sienne, déjà décidé de son plat. L’expatriée parcourut rapidement les propositions, passant vite les plats de pâtes pour se concentrer sur les pizzas.

« Je te conseille la calzone. Je vais prendre ça Maria s'il te plait.
- Et comme je n’ai aucune personnalité, je vais prendre la même chose, plaisanta-t-elle. Avec un … jus de tomate ? »

Elle claqua le petit livret et le rendit à la jeune femme qui acquiesça avant de disparaître. Elle baragouina quelques mots dans son verbiage natal à l’attention de Toni qui s’exécuta en lui répondant dans la même langue chantante.

Llewyn fut tirée de ses pensées par la rencontre de sa Dr Martens avec la chaussure de son interlocuteur. Elle lui accorda toute son attention, suivant son mouvement quand il remplit les verres et attrapant son regard quand il commença.

« Pardon.
- Aucun problème.
- Est-ce que tu as pu réfléchir à ma proposition ? Je prends 100 livres de l'heure à mes clients, s'ajouteront les frais de la consultation chez le psy et toutes éventuelles dépenses annexes. Comme je te le disais, tu auras la moitié. »

Il y eut un instant de flottement durant lequel Llewyn crut qu’il poursuivrait son argumentation pour la faire céder. Mais le brun se tut, se fendit d’un sourire indéchiffrable puis détourna brusquement les yeux. Le front de la rouquine se barra d’un froncement, pour ne pas changer.

« C’est à dire … la moitié sur les heures passées en compagnie du psy, ou la moitié jusqu’à la fin de l’enquête ? »

Puisqu’il attaquait directement avec les chiffres, autant qu’elle ait toutes les cartes en mains pour prendre sa décision.

« Tu disais que le type propose des séances bizarres. Tu entends quoi par là ? »
CODE BY ÐVÆLING
Invité
avatar
Invité
03.05.20 17:27
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Enquête, thérapie et jeu de rôle
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Je bosse seul, autant que possible. D'abord parce que j'accorde difficilement ma confiance, ensuite car un coéquipier entraîne un partage des gains, enfin parce qu'il s'agit alors d'organiser une tactique totalement différente qu'en opérant en solo. L'habitude m'a donné des réflexes particuliers et précis, des méthodes qui me permettent de compenser les désavantages d'une enquête sans soutien. Je sais que de nombreux privés bossent à deux, voire trois. Pratique pour les filatures, je l'admets. Pour le reste, ça ne correspond pas à ma personnalité ;
Autrement dit : c'est la première fois que le contexte m'oblige à réclamer de l'aide. J'ai déjà partagé une enquête mais jamais dans les heures sur le terrain.

Et cette alarme qui sonne inlassablement dans mes pensées.
Je ne la connais pas.
Elle pourrait me fausser compagnie, gâcher le travail.
Elle pourrait se mettre en danger.
A cause de moi.

J'envisage presque un abandon pur et simple de ma requête. C'est totalement déplacé de l'utiliser. Qu'elle soit tentée par compassion, curiosité ou convoitise, Oz n'est pas une personne dont j'ai envie d'abuser ;
Sa réponse me prend de court :

-« C’est à dire … la moitié sur les heures passées en compagnie du psy, ou la moitié jusqu’à la fin de l’enquête ? »

" La moitié de toutes les heures que tu voudras bien passer avec moi. "

Dis-je en retrouvant son regard méfiant. Mon sourire s'accroche obstinément à mes lippes. Je le vire et tente de préciser avec sérieux : la demoiselle a le droit de connaître tout les tenants et aboutissants de cette prochaine collaboration. Si collaboration il y a.

" Jusqu'à la fin de l'enquête, ce serait bien. La séance chez le psy ne doit pas durer si longtemps... je n'ai jamais été voir l'un de ces pro. C'est plutôt ce qui suit le premier rendez-vous qui m'intéresse."

« Tu disais que le type propose des séances bizarres. Tu entends quoi par là ? »

Une grimace tord cette fois ma bouche. Si seulement je savais.

" Eh bien justement, je crois qu'après la séance, le psychologue propose à ses patients un, séjour ? Une cure ? Un weekend disons. C'est ce que la fille de mes clients a expliqué à ses parents. Les couples partent dans la campagne, au nord de Londres, pour mettre en pratique les conseils du vieux. J'imagine. Et, ne reviennent pas. "

Je me frotte le menton avec concentration, perdu dans les dizaines d'interrogations que je me suis déjà posées. Toutes ces hypothèses, les dizaines de folies que peuvent créer les plus tordus d'entre nous. J'essaye de repousser la plus sordide des possibilités mais je sais qu'éventuellement, je ne trouverais que le cadavre de la fille ;

" Je sais, ça craint. O'brien fils a consulté ce docteur lui aussi, il y a quinze jours. Je n'ai pas pu avoir la confirmation pour deux autres couples déclarés disparus mais ça en fait bien assez pour rendre le type suspect. "

Maria dépose le jus de tomate devant la rouquine et se retire comme si elle craignait d'entendre ce qui se trame entre nous.

" ... Je veux le voir, je veux essayer de comprendre le rapport entre les disparitions et ce soit-disant spécialiste du couple heureux. Il faudrait qu'on le pousse à nous proposer son weekend spécial ! Au moins pour avoir une adresse. "

Et après ?
Oz doit bien saisir l'inutilité de la séance si nous ne creusons pas davantage les pistes ouvertes par la suite. Néanmoins, ce pourrait être un échec dès le départ. Nous ne correspondons peut-être pas au stéréotype qu'il cherche. Je suis peut être trop vieux ? Elle pas assez grande ?
Quels sont les critères ? Le but ? Le trafic derrière son cabinet ?!
Ça mérite des heures de réflexion, presque une préparation pour la comédie à jouer, la sécurité à prévoir, une anticipation minutieuse des démarches mais...

" Et je, hem, j'ai réussi à avoir un rendez-vous pour demain matin..."
(c) princessecapricieuse


Invité
avatar
Invité
03.05.20 19:17
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Quitte à passer quarante-cinq minutes à une heure coincée sur le canapé d’un conseiller conjugal en compagnie d’un homme qu’elle connaissait à peine, Llewyn aimait mieux savoir à quelle sauce elle risquait d’être mangée. Ou kidnappée. Ou les deux. Les psychologues ou psychiatres cannibales devaient bien se trouver à Londres. Les rues étaient déjà hantées d’un nouveau Jack l’Éventreur, après tout ; qu’un Hannibal Lecter officie en toute impunité l’aurait à peine étonnée.

La situation lui parut surréaliste. Llewyn fit passer l’appréhension qui lui nouait la gorge dans une lampée d’eau en attendant sa boisson. Quand bien même elle luttait pour ne pas y penser depuis que Vaughan l’avait appelée, elle ne pouvait s’empêcher de songer à Russell. À toutes ces fois où il avait proposé de faire appel à une aide extérieure pour régler les tensions qui naissaient doucement entre eux, avec les mois. Ces petits riens, s’ils avaient été pris à temps, n’auraient sans doute pas évolué de la sorte. Elle serait peut-être encore mariée aujourd’hui. Et la question d’accompagner l’enquêteur sur ses affaires ne se poserait même pas.

Dans un réflexe qui lui prenait dès qu'elle songeait à son ex, l'expatriée passa son pouce gauche sous son annulaire, à l'endroit exact où se trouvait encore, six ans plus tôt, une alliance qu'elle faisait tourner cent fois par jour. Elle surprit cet automatisme et, presque honteuse, croisa les bras sur la table pour éviter de le reproduire.

« Eh bien justement, je crois qu'après la séance, le psychologue propose à ses patients un, séjour ? Une cure ? Un weekend disons. C'est ce que la fille de mes clients a expliqué à ses parents. Les couples partent dans la campagne, au nord de Londres, pour mettre en pratique les conseils du vieux. J'imagine. Et, ne reviennent pas. »

Elle échappa une expiration désabusée. Scénario classique de film d’horreur, décidément. Le quadragénaire, lorsqu’il avait précisé qu’il la paierait aussi longtemps qu’elle resterait à ses côtés, avait-il déjà en tête une escapade romanesque à l’extérieur de la ville ? Est-ce qu’il prévoyait les armes à feu pour se défaire du grand méchant loup qui rôdait dans le coin ?

« Je sais, ça craint. O'brien fils a consulté ce docteur lui aussi, il y a quinze jours. Je n'ai pas pu avoir la confirmation pour deux autres couples déclarés disparus mais ça en fait bien assez pour rendre le type suspect.
- Tu vas juste frapper à sa porte, te faire passer pour un client et espérer qu- »

Llewyn s’interrompit à l’approche de Maria. Elle déposa discrètement une petite bouteille en verre, une coupelle débordant de morceaux de citron et les épices qui accompagnaient habituellement le jus de tomate avant de filer à l’anglaise.

« ... Je veux le voir, je veux essayer de comprendre le rapport entre les disparitions et ce soit-disant spécialiste du couple heureux. Il faudrait qu'on le pousse à nous proposer son weekend spécial ! Au moins pour avoir une adresse. »

Tout ça n'augurait rien de bon. Ses tripes se tordaient à l'idée de prendre part au plan douteux du brun. Le bouchon claqua sourdement quand la rouquine le fit tourner. Elle prépara son mélange, y noya deux rondelles d’agrume et mélangea le tout, pensive. La longue cuillère qu’on lui avait amenée raclait les bords du verre, créant un petit tourbillon au centre du liquide rouge qui l’hypnotisa.

« Et je, hem, j'ai réussi à avoir un rendez-vous pour demain matin… »

Elle suspendit son geste, interdite. Llewyn braqua ses orbes métalliques sur le quadragénaire, l’air grave, tandis qu’un orage éclatait dans son esprit. Il lui fallut un battement de cils supplémentaire pour être certaine d’avoir tout compris. Quand son cerveau parvint à établir les bonnes connexions, elle se lança :

« On se calme, détective. Je n’ai jamais dit que j’acceptais de venir. Et si je n’étais pas libre demain ? Et si je n’avais juste pas envie de t’accompagner parce que je la sens mal, ton histoire ? Elle se pencha vers lui en baissant le ton. Merde, pour ce que j’en sais, ça pourrait très bien être toi qui les enlève, ces couples ! Et cette histoire de psychologue à la con ne serait qu’un prétexte pour les attirer. »

Elle clappa sa langue contre son palais et soupira, exaspérée. Son regard fuit vers la table voisine avant de revenir se ficher froidement dans celui de l'Anglais. Elle secoua la tête.

« Si le but était de gagner ma confiance pour que j’accepte de te suivre, il va sérieusement falloir que tu revoies tes méthodes. »
CODE BY ÐVÆLING
Invité
avatar
Invité
03.05.20 21:53
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Enquête, thérapie et jeu de rôle
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]« On se calme, détective. Je n’ai jamais dit que j’acceptais de venir. Et si je n’étais pas libre demain ? Et si je n’avais juste pas envie de t’accompagner parce que je la sens mal, ton histoire ? Elle se pencha vers lui en baissant le ton. Merde, pour ce que j’en sais, ça pourrait très bien être toi qui les enlève, ces couples ! Et cette histoire de psychologue à la con ne serait qu’un prétexte pour les attirer. »

Le peu d'informations dont je dispose peignent déjà un tableau sombre et inquiétant. Les propos de l'irlandaise sont encore plus effrayants. Personne n'accepterait de se jeter dans la gueule du loup si facilement, le traquenard que j'ai l'air de tendre est grossier et insultant. Je ne voulais ni la vexer, ni la piéger.
Tandis qu'elle s'agrippe à la boisson fruitée, je la scrute avec un léger étonnement. Non, je ne m'offusque pas de la savoir si méfiante, c'est même plutôt rassurant. La jeune femme a la tête sur les épaules et des sens en éveil, sur le qui-vive. C'est un point positif de sa candidature au poste de complice pour l'enquête ; candidature qu'elle ne me soumet pas de son plein gré, n'empêche qu'elle est ici.

Il faudrait probablement étaler un flot d'excuses pour paraître atténuer le côté rustre de mes manières. Sauf que je n'ai pas l'intention de déguiser ce que je suis. Pas à une - peut être - future alliée.

Si elle refuse... Parce que son planning de demain est déjà bondé. Parce que je ne lui inspire pas confiance et qu'elle n'avale pas un seul des faits que j'ai énoncé. La disparition de deux amoureux rouquins ne font pas forcément du psychologue un tueur sanguinaire. Mais le privé acharné n'est-il pas plus louche ? Est-ce que Oz se sent harcelée ?
Je me détache légèrement de la table, espérant lui donner l'espace dont elle a besoin pour se sentir plus en sécurité.
Tout est flou dans les formes, dans le fond. Chaque enquête est différente et celle-ci me donne des vertiges. Ça pue le meurtre, la façon d'aborder le seul suspect me dérange et cette p*tain d'obstination pour entraîner l'inconnue avec moi... surtout que je mise sur le hasard et la précipitation.
Mais si je loupe le rendez-vous de demain...

« Si le but était de gagner ma confiance pour que j’accepte de te suivre, il va sérieusement falloir que tu revoies tes méthodes. »

" ... Non, je n'ai pas la prétention de penser que j'inspire confiance, pas en trois rencontres. Ce n'était pas la stratégie pour te faire accepter la proposition. J'espérais... je ne sais pas, que le paiement promis t'intéresserait assez pour ne pas t'attarder sur l'absurdité de ma demande. "

Autant être honnête, qui peut se targuer d'inspirer confiance à une fille de l'IRA ? Je suis détective, j'inspire toujours scepticisme et modération. Comme si j'étais capable de lire entre les lignes, de deviner les pensées à chaque battement de cils. Les gens sont prêts à me donner des milliers pour que j’apporte la vérité - celle qu'ils veulent entendre - mais pour le reste, plus je me tiens éloigné mieux ils se portent et leurs secrets avec eux.
Ça ne me dérange pas, d'ordinaire.

" Écoute, si tu refuses je me débrouillerais autrement. " Pas le choix. J'ai pensé à Jessica, mais l'avocate aurait des intérêts bien moins éthiques, bien que notre proximité nous ferait sans mal passer pour des conjoints. Non, il me faudra trouver une autre option. " ... Sache que je n'ai pas pensé à toi pour me jeter sur la première inconnue à exploiter. T'es pas la plus chaleureuse mais tu m'as fait bonne impression, l'autre fois et ; Le cas O'Brien, ta répartie, ce rendez-vous disponible si rapidement : ça m'paraissait évident de t'appeler. Je comprends ta réserve et, promis, je ne suis pas rancunier si tu refuse. Mais s'il faut repousser le rendez-vous, combien de couples doivent encore disparaitre ? "

Pour ce que l'on sait, ils sont peut être dans un hôtel de luxe où l'usage des téléphones et des autres réseaux de communication est strictement interdit afin de mettre en place une thérapie isolée.

" Mes clients me doivent déjà cinq-cent livres. Si on se rend chez le psy demain c'est au moins ce que tu vas empocher. "

Et si Oz était pleine aux as ? Des parents qui ont réussi, un héritage, un conjoint dans les hautes sphères industrielles ?! L'argent que brasse l'Armée sert forcément, en partie, à choyer ses agents.
Je me sens stupide et gauche, c'est bien rare d'être à ce point désarçonné dans mon domaine de prédilection. D'un point de vue professionnel, l'investigation me réussi aussi bien que la plaidoirie, côté personnel cela me convient mieux.
Est-ce que je fais face à ma plus coriace affaire ? Le criminel est-il particulièrement doué cette fois ?
Ou est-ce à la coursière que je dois ce malaise ?

(c) princessecapricieuse


Invité
avatar
Invité
04.05.20 17:58
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Llewyn n’aspirait qu’à terminer son verre d’une traite et à se sauver avant qu’il ne parvienne à la faire changer d’avis. Elle avala une première gorgée de jus pour essayer de défaire le nœud qui lui comprimait la trachée.

« ... Non, je n'ai pas la prétention de penser que j'inspire confiance, pas en trois rencontres. Ce n'était pas la stratégie pour te faire accepter la proposition. J'espérais... je ne sais pas, que le paiement promis t'intéresserait assez pour ne pas t'attarder sur l'absurdité de ma demande. »

Au moins Vaughan reconnaissait-il le caractère complètement stupide de sa proposition. L’odeur de l’argent ne parvenait pas à l’effacer et ne faisait que raviver l’incompréhension de la rouquine. Pourquoi elle quand il aurait pu demander à l’une de ses connaissances de l’accompagner ? Pour ne pas risquer de mettre en danger une amie ? Ou parce qu’il n’avait aucune autre gonzesse sous la main du fait d’un caractère insupportable ?

« Écoute, si tu refuses je me débrouillerais autrement ... Sache que je n'ai pas pensé à toi pour me jeter sur la première inconnue à exploiter. T'es pas la plus chaleureuse mais tu m'as fait bonne impression, l'autre fois et ; Le cas O'Brien, ta répartie, ce rendez-vous disponible si rapidement : ça m'paraissait évident de t'appeler. »

Elle eut beau retourner la chose dans tous les sens, Llewyn ne voyait pas l’évidence qui semblait pourtant crever les yeux noirs de son interlocuteur. Elle s’était arrêtée au vent glacial qui avait soufflé sur leur dernière conversation, et cette impression brusque de n’être plus à sa place quand elle se sentait presque à l’aise en compagnie du brun, une minute plus tôt. Elle secoua le nez. Comment pouvait-il croire qu’elle ferait une bonne actrice ? L’Irlandaise était trop franche, trop brute pour parvenir à cacher son jeu correctement. Ses pensées - souvent orageuses, d’où cet air renfrogné qui lui allait si bien - se lisaient avec une facilité déconcertante sur son visage. Et il attendait d’elle qu’elle joue les compagnes dont le couple était à la dérive ? Elle n’était même pas certaine de pouvoir feindre une quelconque complicité entre eux.

« Je comprends ta réserve et, promis, je ne suis pas rancunier si tu refuse. Mais s'il faut repousser le rendez-vous, combien de couples doivent encore disparaitre ? »

Llewyn siffla entre ses dents avant de tremper ses lèvres dans son verre pour ravaler les remarques qui lui brûlaient la langue et risquaient de la faire passer pour la pire des ordures antipathiques. La carte de l’affect ne fonctionnait que rarement avec elle tant que la situation ne concernait pas ses amis ou sa famille. Elle se montrait solidaire avec les membres de l’IRA, bien évidemment, mais son taux d’implication et d’inquiétude diminuait à mesure qu’on s’éloignait de son cercle social proche. Ce n’était pas qu’elle manquait de cœur ; mais elle passait tant de temps à se soucier de sa fratrie qu’elle ne pouvait décemment accepter d’accorder le peu de liberté qu’il lui restait à penser aux enfants des autres. L’expatriée n’avait jamais rencontré le fils disparu, ses parents encore moins. Tout au plus connaissait-elle quelqu’un, qui connaissait quelqu’un, qui connaissait quelqu’un, qui fréquentait les géniteurs éplorés. La communauté irlandaise fonctionnait en second degrés par alliance de germains, et ce monde était petit.

« Mes clients me doivent déjà cinq-cent livres. Si on se rend chez le psy demain c'est au moins ce que tu vas empocher. »

Le tiraillement de sourcil qui suivit l’annonce de la somme trahit l’étonnement doublé d’intérêt de la transporteuse. Voilà qu’elle passerait pour une femme cupide. Llewyn se maudit intérieurement d’être si expressive et fit passer la mauvaise foi qu’elle dirigeait envers elle-même dans une lampée de tomates mixées.

« Qu’est-ce qui te fait croire que ça fonctionnera ? Est-ce que … Elle soupira. Est-ce qu’il y avait un point commun entre les couples qui ont disparu ? Autre que le psy ? Je ne sais pas … Est-ce qu’ils avaient le même âge ? La fille était Irlandaise ? Elle se pinça l’arête du nez. J’ai l’impression d’être dans un mauvais épisode d’Esprits criminels. »
CODE BY ÐVÆLING
Invité
avatar
Invité
04.05.20 21:00
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Enquête, thérapie et jeu de rôle
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Elle me demande de tempérer mes ardeurs, la jolie rousse, mais je suis on ne peu plus inquiet. Motivé. Inspiré plutôt, par l'enquête et ses enjeux. Évidemment Oz n'est pas concernée par mes clients, ce psy, les disparus. Pas encore. Sa réserve est palpable et je me mords la lèvre inférieure de ne pas être bon vendeur.
Où sont mes talents de plaideurs ? La jeune irlandaise est hermétique à mes tentatives. Mes mots sonnent vides de sens et je sais qu'ils le sont malheureusement. Il n'y a pas de cohérence dans mon souhait de collaboration. Juste l'urgence et sa relative disponibilité. J'ai choisi d'ignorer son avis et ses possibles compétences pour travailler ces deux points pourtant importants plus tard.

Sans la convaincre il sera inutile de vérifier ces éléments.

« Qu’est-ce qui te fait croire que ça fonctionnera ? Est-ce que … [...] Est-ce qu’il y avait un point commun entre les couples qui ont disparu ? Autre que le psy ? Je ne sais pas … Est-ce qu’ils avaient le même âge ? La fille était Irlandaise ? [...] J’ai l’impression d’être dans un mauvais épisode d’Esprits criminels. »

" J'ai bien peur que ce soit pire encore. "

Non, je n'en sais rien. Je n'ai jamais réussi à être accroché par le scénario d'un seul des épisodes de cette série. Mais aucun réalisateur ne se risquerait a mettre en scène mon histoire. Soit je fais erreur sur toute la ligne, soit c'est clair comme de l'eau de roche : le psy est coupable.
Sinon quoi ?

Elle a la logique de s'intéresser aux profils des potentielles victimes. Je secoue lentement la tête, dépité, avant d'admettre :

" De ce que je sais les couples sont en bonne santé et, d'après l'entourage, ils n'avaient pas de soucis entre eux. Pas connus du moins. "

Pourquoi une thérapie dans ce cas ? Que propose ce médecin ?! Il me manque des pièces mais je finirai bien par les attraper. Des couples heureux sans ennuis médicaux vont chez un psy et partent deux jours pour ne jamais revenir ? Le mystère reste presque entier et je me persuade qu'infiltrés en deux patients, nous pourrions approcher de la vérité.

" S'il te plaît. "

Ce n'est pas parce que c'est elle. Ce n'est pas pour me faire plaisir et je tire un trait définitif sur l'évolution positive que j'espérais de notre relation - qui est pro, bien sûr. Si elle quitte ce restaurant sans avoir touché la calzone, c'est foutu.
Tant pis, je n'imagine pas pour autant Oz me vendre à son Armée comme un danger ;

Maria s'excuse en déposant devant nous les deux pâtes fumantes aux parfums de pain, de tomate et de basilic.

Je replace mon regard dans les orbes bleus avec une gourmandise mal placée. Elle était destinée au repas.
Mais l'avidité que j'ai lu chez la rousse en évoquant le paiement me laisse penser qu'elle pourrait se laisser tenter par deux heures face à un spécialiste de l'amour.

(c) princessecapricieuse


Invité
avatar
Invité
08.05.20 14:47
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Cette série-là, ou n’importe quelle autre fiction mettant en scène une parfaite inconnue se trouvant mêlée à de sombres histoires qui ne la concernaient absolument pas en premier lieu. Llewyn, malgré sa curiosité, avait toujours fait preuve d’une grande discrétion dans sa vie professionnelle et communautaire, apprenant à ne pas laisser traîner ses yeux et ses oreilles où il ne fallait pas, à ne pas fourrer son nez dans les affaires qui pouvaient avoir de sordides répercussions. On pouvait prendre des risques lorsqu’on était un quadragénaire célibataire arrogant qui n’avait rien à perdre. La rouquine, elle, n’avait pas ce luxe.

« J'ai bien peur que ce soit pire encore. »

Il avait une drôle de manière de rassurer ses interlocuteurs et de les pousser à considérer sa proposition pour le moins indécente. L’Irlandaise peinait à croire qu’il avait un jour pu être avocat. Ces gens-là étaient doués pour faire cracher ce qu’ils voulaient entendre à la personne qu’ils confrontaient. Dix bonnes minutes qu’ils se trouvaient l’un en face de l’autre, et Vaughan n’avait fait qu’éloigner son interlocutrice de la réponse positive qu’elle aurait été susceptible de donner en début de journée.

« De ce que je sais les couples sont en bonne santé et, d'après l'entourage, ils n'avaient pas de soucis entre eux. Pas connus du moins. »

Llewyn fronça les sourcils, interloquée, en attrapant son verre. Pourquoi diable consulter un psychologue si le couple ne battait pas de l’aile ? Elle ne parvenait déjà que difficilement à comprendre qu’on souhaite impliquer quelqu’un d’autre dans ses affaires lorsque tout allait mal ; qu’on puisse vouloir se confronter à un regard extérieur quand la machine fonctionnait parfaitement lui paraissait plus aberrant encore. Avait-on à ce point besoin de l’approbation d’un tiers pour se sentir parfaitement épanoui ? Cette société partait en vrille.

« S’il te plaît. »

Llewyn prit une lourde inspiration, mais ses mots restèrent coincés dans sa gorge, étouffés par l’arrivée impromptue de la serveuse qui glissa leur commande sous leur nez avec une discrétion mêlée de gêne, à croire qu’elle avait la sensation de briser quelque chose. Les odeurs douces et entêtantes de la calzone lui vinrent au nez en lui soulevant le cœur. Elle n’avait plus faim, malgré son ventre vide. Son appétit s’était perdu avec les derniers mots de son interlocuteur ; les parfums italiens les plus tentants du monde ne parviendraient à rectifier le tir. La jeune femme attendit que Maria soit à bonne distance pour tourner le nez vers Vaughan. Une seconde sauta. Une lueur désagréable brillait dans le regard du brun, achevant de la mettre mal à l’aise. Elle fronça les sourcils, secoua la tête.

« Je ne peux pas … Elle échappa un soupir las. Désolée, détective, mais je ne compte pas prendre de risques pour les gamins de quelqu’un d’autre, qu’ils soient Irlandais ou non. »

Son patriotisme n’avait de limite que son instinct de survie. Et ce dernier lançait un tas de signaux d’alarme pour la forcer à refuser la proposition de l’enquêteur. Llewyn avait trop à perdre à s’associer de la sorte avec un homme comme lui. Sa réputation, sa place, son salaire, sa vie, … Dieu seul savait ce qui l’attendait si elle acceptait.

Elle vida son jus d’une traite en reculant sa chaise, leva doucement la main pour rappeler l’Italienne en charge de leur table et s’excusa platement lorsqu’elle fut à leur hauteur.

« Je suis navrée, je dois y aller. C’est possible de la prendre à emporter ? »

Maria jeta un regard furtif à l’Anglais avant de remporter l’assiette de la rouquine pour lui accorder sa demande. Llewyn, toujours sur son siège, s’agita doucement. Elle se pencha pour récupérer son casque, se leva pour enfiler sa veste, fouilla ses poches à la recherche de son portefeuilles et glissa un billet sur la table. De quoi régler sa partie de la note, à peu de choses près. La serveuse ne tarda pas à revenir, la pizza parfaitement emballée dans une petite boîte en carton devenue chaude et fumante.

L’expatriée tourna un regard désolé vers son compagnon de soirée avortée. Elle haussa les épaules à défaut de savoir quoi faire d’autre, attrapa ses affaires qu’elle glissa sous son coude et lâcha d’une voix monotone :

« J’espère que tu trouveras un moyen de boucler ton affaire. »

Elle s’esquiva sans plus tarder, passant devant Toni dont le regard rond d’incompréhension passa de son profil à Vaughan. L’air frais de la soirée lui mordit les joues lorsqu’elle fut sortie, et la jeune femme pressa le pas pour retourner à sa Commando. Ses épaules se soulevèrent sous le long soupir qui lui déchira la poitrine. Llewyn déverrouilla la selle de sa moto pour glisser la pizza dans le petit compartiment faisant office de coffre. Le carton rentra tout juste, par chance. Un claquement de cuir plus tard, elle tritura la poche gauche de son blouson pour extirper un paquet de cigarettes. Un clou de cercueil coincé entre les lèvres, elle fit crisser la pierre de son briquet pour profiter d’une dose de nicotine seule avec ses pensées avant de reprendre la route.

Le bruit de la porte qui tournait sur ses gonds en laissant passer les éclats de voix à l’intérieur du restaurant la fit tiquer. La rousse braqua immédiatement son regard vers l’entrée de la trattoria qui crachait la silhouette du détective.

« Pitié ne me dis pas que tu es l’une de ces personnes qui n’abandonnent jamais … »
CODE BY ÐVÆLING
Invité
avatar
Invité
09.05.20 1:20
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Enquête, thérapie et jeu de rôle
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Si j'ai envie que nous formions ce binôme improbable - désaccordé ? - je sais pertinemment que cette motivation n'a rien de raisonnable. Sensé. Logique. Prendre des risques inconsidérés ça ne me ressemble pas ; entraîner une inconnue dans ma chute encore moins.
Mais je me suis toujours fié à cet instinct timbré. Irrationnel. Névrosé.
Car souvent plus il est dément plus il s'avère pertinent.

Je me flagelle intérieurement en entendant mes mauvais arguments qui font ma superbe condamnation tandis que les beaux yeux de l'irlandaise se voilent d'incrédulité.
La tentative de persuasion est un échec cuisant mais c'est pire encore que de la déception qui m'étouffe quand les calzones fumantes sont placées sous nos yeux.

« Je ne peux pas … [...] Désolée, détective, mais je ne compte pas prendre de risques pour les gamins de quelqu’un d’autre, qu’ils soient Irlandais ou non. »

D'un mouvement bref j'acquiesce, bien conscient qu'insister davantage ne va rien arranger. Oz ne sera pas ma partenaire d'enquête. Je suppose qu'elle ne sera pas plus une partner in crime pour un verre d'alcool à l'avenir. Un sourire amer s'attarde sur mes lèvres malgré moi et je hoche la tête une seconde fois pour bien faire entrer dans mon crâne sa décision.
Normal, son choix. Prudent et avisé. Sans surprise en fait ;
C'est là que j'ai fauté. Je m'attendais à être étonné.

Mes doigts se sont refermés sur les couverts alors que la belle s'arrange avec Maria pour emporter avec elle le chausson fumant. Pourquoi se donner ce mal ? Ma main frappe la table lorsque j'essaye d'attraper mon portefeuille en hâte mais les billets sont déjà sortis et mon ridicule à son paroxysme.
Toni se mord la lèvre derrière son comptoir et sa fille se concentre sur le moindre de ses gestes professionnels pour ne pas croiser mon regard. Lorsque la rouquine est prête, je daigne relever les yeux jusqu'à la nuée de ses tâches de rousseur.

« J’espère que tu trouveras un moyen de boucler ton affaire. »

" Pareil. "

Dis-je plus sèchement que je l'aurai voulu.

Oz se retire, enfin ai-je envie de dire, elle semblait souffrir le martyr à m'écouter vendre - si mal - une enquête imprudente et maladroite qui promettait de nous guider jusqu'à un médecin fou et des pairs de cadavres. Me, guider. Moi, et moi seul, je ne peux pas choisir d'entraîner quiconque là-dedans ;
Je suis navré d'avoir du infliger cette supplication à la coursière pour m'en rendre compte : c'est suicidaire. C'est donc un truc à abandonner ou puisque je suis têtu, à gérer en solo. Je gère tout mieux ainsi de toute façon, comment ai-je pu penser que cette filoute ferait la différence ? Foutue inspiration ; saleté d'envoutement. Elle est presque responsable à cinquante pourcents.

Seul - puisque c'est le statut qui me va le mieux - face à une calzone appétissante, je reste immobile jusqu'à ce que Toni lui-même s'approche avec un carton pour emporter ma commande. Je lui souris, légèrement honteux, et lui promets de manger d'ici cinq minutes que la contrariété soit passée ;
Il ne veut rien entendre et me fout presque dehors avec l'emballage dans les mains. Je comprends son empressement lorsque je rejoins la silhouette aux cheveux roux sur le parking.
Il me le paiera.

« Pitié ne me dis pas que tu es l’une de ces personnes qui n’abandonnent jamais … »

" ... C'est vraiment un défaut ? "

Effectivement je suis ce genre de personne. Mais j'allais m'abstenir de toute couche supplémentaire ; même si le chef s'est arrangé pour que nous échangions d'autres mots.

" Je vais y aller demain. Si j'arrive à faire croire à la secrétaire que ma conjointe a un peu de retard, je serais peut être reçu par le psy et je choperais toutes les infos possibles. Ce sera déjà ça ! "

Je lui souris avec sincérité et résignation avant de désigner la jolie Norton d'un hochement du menton. Elle marque un point et un nouveau conflit s'opère en interne, entre le très méfiant anglais et l'italien amusé. Ma part irlandaise quant à elle voudrait me souffler un peu d'intérêt ; je ne sais pas l'écouter. Pas encore.

" Sympa ! J'ai trahi mon pays une seule fois. "

Dis-je en désignant ma Harley.

(c) princessecapricieuse


Invité
avatar
Invité
09.05.20 18:41
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Les lèvres de l’Irlandaise laissèrent filer une longue colonne de fumée derrière laquelle la silhouette du brun s'évapora un instant. Les volutes blanches se dissipèrent sur son cuir noir alors qu'il approchait doucement, un petit paquet respirant l’Italie sous le bras lui aussi. Son départ lui avait-il à ce point coupé l’appétit ? Ou était-ce qu’il ne se sentait pas à son aise dans ce restaurant lorsqu’il n’était pas accompagné ? Toni devait être passablement déçu de voir son client faire fuir son rencard du soir avant même le dessert. La jeune femme se fit brusquement la réflexion qu’elle n’avait jamais quitté une table de la sorte.

« ... C'est vraiment un défaut ? »

Elle haussa les épaules. Ça l’était s’il s’obstinait tout particulièrement à tenter de la faire changer d’avis. Du reste, Llewyn était une véritable tête de mule qui refusait de lâcher son idée lorsqu’elle l’avait en tête ; elle ne le blâmerait pas de partager ce trait de caractère tant qu’il en faisait la démonstration avec quelqu’un d’autre. Si les rôles avaient été inversés, elle aurait assommé Vaughan sous son insistance jusqu’à ce qu’il accepte.

« Je vais y aller demain. Si j'arrive à faire croire à la secrétaire que ma conjointe a un peu de retard, je serais peut être reçu par le psy et je choperais toutes les infos possibles. Ce sera déjà ça ! »

Optimiste, il se consolait maladroitement avec les cendres de son plan. Pourquoi ne pouvait-il simplement pas trouver quelqu’un d’autre ? Inviter Maria, qui ne devait pas être bien plus jeune qu’elle ? Prendre le risque d’être accompagné par une de ses amies ? S’il devait y avoir le moindre danger, l’ancien avocat serait plus prompt à réagir pour couvrir les arrières d’une personne qu’il connaissait. On s’affolait plus de savoir un proche en péril qu’un parfait inconnu, la discussion du soir en était l'illustration parfaite. Llewyn se contrefichait du fils O’Brien quand elle aurait déjà remué ciel et terre si Siobhan, Tadgh, ou même Ailbhe avaient mystérieusement disparu. Dieu savait qu’elle ne se serait pas contentée de mettre un enquêteur privé sur le coup. C’est la communauté irlandaise entière, du nord du pays aux bords de la Manche, qui aurait été sollicitée.

« Sympa, lança le détective en avisant la Norton. J'ai trahi mon pays une seule fois. »

Llewyn suivit son regard et retrouva la cylindrée qui lui avait déjà valu ses moqueries, parquée à quelques mètres de là. Elle pinça sa cigarette entre ses lippes, tapissa ses poumons de goudron et d’additifs pour favoriser l’installation d’un cancer et hocha la tête. Elle souffla, sa voix rendue plus grave par la fumée :

« Je ne t’aurais pas imaginé sur autre chose qu’une Harley, de toute manière … »

Pique ou compliment, Vaughan était libre d’interpréter ses mots comme bon lui semblait. Il n’avait pas l’allure type du gentleman anglais - quoi qu’elle ne doutait pas un seul instant qu’il portait bien le costume trois pièces -, une Triumph ou une Norton lui serait bien moins allée au teint. Un instant elle tenta de l’imaginer sur une sportive asiatique, mais l’exercice fut un échec. Sans même le vouloir, son esprit attachait déjà trop son interlocuteur à un moteur lourd, bruyant, peu raffiné et terriblement ostentatoire.

« Ça aurait pu être notre premier sujet de discorde. Pourquoi êtes-vous là ? - Je ne supporte plus mon compagnon qui refuse d’admettre que les motos anglaises sont largement supérieures aux américaines en terme de qualité et d’efficacité. Elle ponctua ses mots d’un sourire mutin. Merde, c’est vrai que les couples n’avaient pas de problème apparent. Elle corrigea donc d’une voix claire et joueuse : c’est infernal, doc’, tout va bien entre nous, faites quelque chose ! »
CODE BY ÐVÆLING
Invité
avatar
Invité
10.05.20 17:54
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Enquête, thérapie et jeu de rôle
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] « Je ne t’aurais pas imaginé sur autre chose qu’une Harley, de toute manière … »

Pas étonnant, je m'imagine difficilement sur une autre deux-roues moi-même. Pourtant la Harley n'est pas ma seule monture ; mais de loin ma favorite. Mes yeux sombres la couvent un instant avec admiration puis je souris à l'irlandaise. Décidément il n'y a rien de banal dans nos rencontres. De toute façon une fille de l'Armée ne peut rien offrir d'ordinaire, n'est-ce pas ?
Jusqu'à ma rencontre avec Oz, coursière frigide et méfiante, j'avais du mal à imaginer les extrémistes irlandosh laisser une femme, si jeune, gérer une mission. Même une mission aussi insignifiante que celle de traiter avec un privé Londonien inoffensif aux dernières nouvelles. Je ne me soupçonnais pas si macho. Quoique ça n'est pas vraiment le sujet, disons plutôt que je me laissais influencer par les ragots qui décrivent ces gens comme une bande de gros bras musclés et tatoués - elle a au moins ça - articulant plus aisément leur patois que l'anglais et coiffant leurs cheveux blonds aussi longs que leurs barbes.
Certains correspondent inévitablement à cette description mais je suis ravi qu'on m'ait envoyé Oz.

Et navré, à la fois.
Mon appartenance à une mafia italienne fait automatiquement de nous des antagonistes. J'aurai tellement aimé que Nonno m'ignore et ne me révèle jamais l'histoire de ma mère.

La rouquine entre alors dans une projection de notre faux couple face au psy et je pouffe en secouant la tête. Croit-elle pouvoir me faire passer ainsi son estime des pétulantes anglaise, en douce ? Les Harley sont les meilleures bécanes qui soient mais je n'entre pas dans le débat. Pas celui-ci ;
Puisqu'elle ramène le sujet, j'en profite !

« [...] Merde, c’est vrai que les couples n’avaient pas de problème apparent. [...] c’est infernal, doc’, tout va bien entre nous, faites quelque chose ! »

J'émets un rire grave et léger avant de corriger.

" Pas de problème selon les proches ; ils avaient bien des choses à dire devant le doc. Je ne t'aurai pas laissé insulter ma belle devant ce clown de toute façon... On aurait créé le conflit en direct ! "

Ç’aurait été accidentellement bien joué. Amusant. Peut être même pertinent, qui sait, le psychologue doit bien avoir besoin d'un prétexte pour proposer sa thérapie aux amoureux.

Je m'approche d'elle en désignant la dose cancéreuse entre ses jolies lèvres. Ce n'est pas vilain, une femme qui fume, ça a son charme - qui ne se démode décidément pas - malgré le caractère nocif de la chose. Néanmoins sur elle, je suis partagé entre la jalousie et la contrariété. Cette bouche mérite mieux. Et puis les arabesques de fumée qu'elle souffle m'empêchent d'apprécier parfaitement ses traits.

" Je peux t'en taxer une ? "

Quelques pas m'emmènent devant ma selle sur laquelle je dépose provisoirement le carton de pizza.

" Elle fume trop, docteur. Ses clopes, sa Norton, sa famille ! Tout passe avant moi ! "

J'attrape la cigarette en la remerciant.

" Non, je n'aurais pas attaqué ta peuplade, même en simulation. "
(c) princessecapricieuse


Invité
avatar
Invité
16.05.20 18:20
Revenir en haut Aller en bas
Invité

L’ironie était une alliée de choix pour masquer l’inconfort. Le rire rauque et franc de son interlocuteur fut la preuve qu’il était bon public, d’une part, mais surtout qu’il ne lui tenait pas rigueur d’avoir refusé de prendre part à ses combines. Comment pouvait-il lui en vouloir, après tout ? Lui-même trouvait son plan complètement bancal. Foireux, à dire vrai.

« Pas de problème selon les proches ; ils avaient bien des choses à dire devant le doc. »

Le soulèvement entendu des épaules de la jeune femme trahit sans difficulté ce qu’elle pensait de cette petite nuance. On mettait toujours un point d’honneur à ne rien laisser paraître aux yeux des autres. Dans le couple, on gaspillait une énergie considérable à tenter de peindre un tableau parfait, sans le moindre défaut apparent. Pas uniquement par pudeur, pas seulement pour éviter aux autres de se trouver le nez dans des affaires qui ne les concernaient pas et pouvaient les mettre mal à l’aise ; davantage pour ne pas les laisser se rendre compte de nos échecs. Pour ne pas rendre réel ce qu’on mettait tant de cœur à dissimuler. La fierté souffrait des problèmes conjugaux mais pâtissait encore plus lorsqu’ils étaient exposés en public. Personne n’aimait se montrer faible ou faillible.

« Je ne t'aurai pas laissé insulter ma belle devant ce clown de toute façon... On aurait créé le conflit en direct !
- Ça aurait été à tes risques et périls, je suis une mauvaise actrice. »

L’Irlandaise était bien trop expressive pour se targuer de savoir jouer la comédie, lui demander d’improviser était une mauvaise idée. Son visage n’était déchiré que par la colère, la frustration, l’agacement ou le dépit. On ne faisait pas carrière avec quatre émotions à son arc.

Vaughan désigna nonchalamment le clou de cercueil qui lui collait aux doigts et qu’elle s’empressa de coincer entre ses lippes pour fouiller ses poches et lui offrir de quoi sustenter son besoin de nicotine. Elle ne le savait pas fumeur. Quoiqu’une fois de plus, qu’il ne le soit pas l’aurait presque déçue. La cigarette allait parfaitement à ce genre d’hommes et complétait idéalement la panoplie blouson-en cuir-Harley-Davidson-sourire-ravageur, au moins autant qu’elle convenait à son propre teint griffé de rouille.

« Elle fume trop, docteur, lança-t-il en revenant après s’être débarrassé de sa pizza.. »

Un rire cassé et noyé de tabac fit vibrer la gorge de l’Irlandaise. Trois rencards, et il la connaissait déjà par cœur ! soit qu’il était particulièrement perspicace et observateur, soit qu’on pouvait lire en elle comme dans un livre ouvert, auquel cas elle espérait qu’il se lasserait bien vite de la lecture et ne se hasarderait pas à fourrer son nez dans les chapitres précédents.
Llewyn, incapable de se défendre sur ce point, ouvrit les mains vers le ciel en signe de reddition. Elle ne pouvait pas même s’offusquer qu’on pointe du doigt son tabagisme de la sorte ; il y avait si longtemps qu’elle vivait une cigarette au bout des lèvres qu’elle se sentait incomplète lorsqu'aucune ne se trouvait là.

« Ses clopes, sa Norton, sa famille ! Tout passe avant moi ! Il récupéra la Lucky Strike qu’elle lui tendit. Non, je n'aurais pas attaqué ta peuplade, même en simulation. »

Faussement défiante, la rouquine lui confia son zippo.

« C’est mieux pour tes affaires. Tu aurais eu du mal à résoudre ton enquête en étant mort. Et j’aurais eu du mal à te servir de faire-valoir en étant en taule pour homicide … J’aurais joué la carte du crime passionnel, à la rigueur, le juge aurait été moins dur. Elle expira une longue colonne de fumée. Sache que je suis désolée, Love, elle se moqua de ce sobriquet terriblement anglais en le faisant rouler sur sa langue avec l’accent du coin. Pour nous. Pour toi vis-à-vis de nous, précisa-t-elle. Quoique je t’avais prévenu dès le début : j’ai d’autres priorités. Mais reste avec moi quelques mois de plus et je te ferai peut-être passer devant la moto. »
CODE BY ÐVÆLING
Invité
avatar
Invité
01.06.20 18:01
Revenir en haut Aller en bas
Invité

Enquête, thérapie et jeu de rôle
Llewyn & Andrea
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Elle se dit mauvaise actrice, Oz, mais je ne suis pas sûr de pouvoir confirmer. Je ne la connais pas assez. Ses mimiques certes explicites lorsqu'elle est contrariée ou méfiante sont des éléments trop insuffisants pour permettre une conclusion. Admettons : elle ne sait pas forcément dissimuler certaines émotions. Cela ne veut pas dire que l'irlandaise est incapable d'en improviser d'autres, de jouer sur des sentiments différents que ceux qui l'oppressent au quotidien.

Pourquoi tant de colère d'ailleurs ? D'impatience ? De déception ;

Je chasse ce départ d'investigation fouineur et dangereux. Trop se renseigner sur une jolie donzelle, c'est s'attirer à coup sûr des emmerdes et la plupart du temps sans qu'il n'y ait finalement rien de positif à en tirer ;
Et puis je ne suis pas indiscret.

A ma demande, la rouquine daigne se délester d'une clope tandis que je fanfaronne. Ç’aurait été dangereux, ridicule et totalement inconscient comme mission. Mais ç'aurait pu être drôle.
J'utilise le joli briquet avant de le replacer entre ses doigts fins et tire une bouffée de tabac avec soulagement.

« [...] J’aurais joué la carte du crime passionnel, à la rigueur, le juge aurait été moins dur. »

Fait-elle, maline, se sentant visiblement en mesure de me faire disparaître. Le plus ennuyant, c'est que j'en suis personnellement persuadé. Elle aurait probablement recours à une aide pour exécuter son crime. Quoique. Sa petite taille ni sa voix déchirée ne font d'elle une femme fragile. Je l'imagine sans problème se défendre à coup de coudes et de morsures ; pas le genre à se laisser faire sans se battre.
Mais mes suppositions restent subjectives et indéniablement influencées par le charme violent qu'elle dégage. Ses cheveux lumineux, son parfum, son regard assassin, les éclaboussures cuivrées sur ses joues, cette répartie brûlante, l'arrogance mesurée ...
Je retourne à la conversation en glissant la cigarette entre mes lèvres comme pour couper le fil de mes pensées.

[...] Quoique je t’avais prévenu dès le début : j’ai d’autres priorités. Mais reste avec moi quelques mois de plus et je te ferai peut-être passer devant la moto. »

" Wah, je n'en demande pas tant. Mais tu as raison, j'étais prévenu ! Excuse mon obstination. Et merci pour, la dégustation de ma calzone devant la télé. "

C'est tout de suite moins sympathique qu'en sa compagnie. A table dans un restaurant familial, chez un cuistot de renom ou devant un film niais : j'aurai savouré sa présence.

" ... à la prochaine alors ? "

J'ai bien assez abusé de son temps et le mien n'est pas moins précieux. L'enquête doit avancer coûte que coûte, je dois trouver un autre plan. Près de la Harley, je dépose mes gants sur la scelle, apprécie encore un peu le poison dans mes poumons et guette, malgré moi, le départ de la belle.
J'ai été risible ce soir.

(c) princessecapricieuse


Invité
avatar
Invité
03.06.20 17:55
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: