FACE IDENTITY : Nicholas Skidmore IDENTITE : Kenneth Campbell GROUPE : London People AGE : 28 ans ETAT CIVIL : Délibataire PROFESSION : Emmerdeur ETAT DE SANTE : Discutable LIENS : Tyrgan Campbell
Quoi de mieux que de se réveiller, la tête sur le cul de sa pute préférée? Bien qu’il ne se souvenait jamais de son nom, Ken avait pris l’habitude de la reconnaître à l’anneau qu’elle avait dans le nez. Il embrassa les jolies fesses de la jeune femme, et roula sur le côté pour sortir du lit. Il s’étira de tout son long, et regarda l’heure. Parfait, se dit-il, avant de fouiller dans ses bagages, et y trouver son flacon. La blancheur de la poudre derrière le verre devenait presque aveuglante à la lumière du soleil. Il fouilla à nouveau dans ses bagages pour en sortir sa petite cuillère en argent, pas plus longue qu’un petit doigt. Ken n’était tout de même pas vulgaire au point de sniffer sa coke avec un billet de banque ou une paille. Il avait ses propres instruments. Il plongea la cuillère dans le flacon contenant la poudre. Pas plus qu’un ou deux grammes ne tenaient dans la cuillère; il préférait en prendre plus en plus petite quantité, que moins et plus grosses doses. Ça lui permettait de rester alerte, tout en profitant du buzz.
Il jeta alors le flacon sur le matelas, près de la fille dans son lit.
Essaies de ne pas tout prendre cette fois, dit-il, sourire en coin, avant de rejoindre la salle de bain.
Alors que la jeune femme grogna, il referma la porte, et passa sous la douche. Ce petit meeting avec le directeur de l’hôtel allait définitivement être intéressant, et Ken voulait faire bonne impression. Peut-être s’étaient-ils déjà croisés d’ailleurs. Kenneth croyait l’avoir déjà vu lire la rubrique hippique du journal au bar. Si c’était le genre de trucs que le directeur lisait, il y avait à parier qu’il n’était pas au courant de ses scandales. Enfin, «scandales». Le genre de faux-scandale dont raffolaient les magazines pro-monarchie. Peut-être avait-il déjà été en prison, et alors? Il avait payé sa caution, et était toujours comte. Ce qui serait vraiment étonnant, c’est que monsieur Eirik en ait quelque chose à foutre. Après tout, ce qu’il avait à lui demander était délicat. Malgré sa liste de contacts peu recommandables assez garnie, il lui manquait un assassin. Évidemment, lors de sa demande d’entrevue, Kenneth n’avait pas précisé la nature exacte de sa demande. Il avait seulement fait savoir que lorsque monsieur Eirik serait disponible pour recevoir le frère de ce cher duc d’Argyll, de lui faire signe.
Sortant de la douche, Kenneth se rasa de près et observa son reflet dans le miroir. Ces yeux, perpétuellement mis-clos, donnait à son visage une expression à la fois fatiguée, blasée, et selon son propre avis, sexy. Il enfila ses vêtements, embrassa la jeune femme qui dormait toujours sur la joue, et quitta la chambre pour se rendre au lobby de l’hôtel, pour attendre qu’on le conduise jusqu’au directeur. Il se rendrait à lui.
Le Directeur était figé abîmé dans la contemplation d’un portrait du Roi William. La photographie avait été prise peu après le couronnement de ce dernier. L’homme était grand, splendide, dans son habit de cérémonie. Il y avait en lui toute la dignité des Winstor et de sa majestueuse aïeule. Eliott n’avait pu revoir Elisabeth avait son trépas. Il en éprouvait du regret. Jeune, il l’avait rencontré. Elle l’avait ému, comme seule le font les femmes mûres, avec les jeunes hommes impétueux. Le Norvégien se souvenait avec précision de cette aura qu’elle dégageait. Il avait l’intime conviction que quelque-chose s’était éteint avec elle dans le Royaume d’Angleterre.
Il attendait un autre des représentants du pouvoir “divin”. En effet, le cadet des Argyll occupait une chambre du Rosewood. Il était sous bonne garde féminine. Eirik profitait, de cette visite, pour avoir ce petit entretien promit il y avait quelques temps déjà. Il connaissait d’avantage l'aîné de la fratrie qui était devenu un fournisseur régulier du Réseau en spiritueux et autres denrées prohibées. Ainsi, il était curieux concernant Kenneth.
Ce qu’avait pu lui dire [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] sur ce jeune homme était tout à fait édifiant. Kenneth jouait sur tous les tableaux scandaleux offerts à la monarchie. Coqueluche de la mauvaise presse comme tout vilain garçon. Il lui rappelait quelque peu, la sulfureuse Margareth, qui avait été elle-même l’égérie d’une jeunesse dévergondée et surtout malheureuse. La richesse bien souvent rendait les gens malades. Cette mala vida que le Norvégien avait vue ronger les plus beaux princes du monde.
Mr Walsh se rendait en ce moment même dans le hall pour aller cueillir l’enfant sauvage. Il portait le costume noir, classique et sobre de sa fonction. Pourtant, aux épaules carrées et à la tignasse rousse on voyait que l’Irlandais avait eu une autre vie avant de servir “Odin”. Il approchait de l’aristocrate pour l’escorter, en silence, jusqu’au lieu du rendez-vous. Ils prenaient ensemble un ascenseur translucide pour grimper jusqu’au plus haut du bâtiment. Un long couloir sobre, de pierres grises. Une porte en bois qui donnait sur un escalier, puis une porte métallique qui était huilée.
Ils se retrouvaient sur le toit. Eliott Eirik était arrivé peu avant eux. Il posait sa veste blanche sur le dossier d’une chaise: « Merci Hector. A tout à l’heure. » L’Irlandais discret s’effaçait pour aller prendre son poste, de l’autre côté du toit. Il n’aimait pas que le Norvégien soit ainsi à découvert. Mais le vieil homme avait insisté. Pendant que plus bas, une employée frappait doucement à la porte de la chambre de Ken. D’un geste de la main le Directeur proposait la place libre face à lui. Il y avait sur la table un café fumant et de quoi escorter ce goût amer: « Approchez jeune homme. Venez. Profitons de cette belle journée. »
Eliott croisait ses jambes avec l’élégance d’un ancien dandy. Il était chic d’ailleurs. La chemise élégante, brodée, les longues chaussettes noires, les souliers en cuir, tout était là. Il faisait partie de cette classe sociale particulière, qui n’avait aucun titre, mais toutes les manières. Il aurait probablement été chevalier à une autre époque. Mais il était devenu un mafieux et pas n’importe lequel d’entre eux.
Il faisait signe au noble de savourer la ripaille, prenant lui-même son café noir: « Votre séjour au Rosewood se passe-t-il comme vous voulez ?» Une question rituelle pour le Directeur d'Hôtellerie. Il ne négligeait jamais cet aspect de son travail. Il n’en négligeait aucun. « Aussi dites-moi en coin puis-je vous être utile ? » La partition se faisait tout naturellement. Cela alors même que Eirik avait d’or et déjà toutes ces informations en main. Tout l’intérêt alors, était de voir la façon dont l’autre exposait son désir et surtout ses intentions.
FACE IDENTITY : Nicholas Skidmore IDENTITE : Kenneth Campbell GROUPE : London People AGE : 28 ans ETAT CIVIL : Délibataire PROFESSION : Emmerdeur ETAT DE SANTE : Discutable LIENS : Tyrgan Campbell
Dans le hall, un grand homme aux cheveux roux se présenta à lui, et lui demanda de le suivre. Kenneth sourit, et s’exécuta. D’après la carrure du type, il avait sans doute à faire à l’un des hommes de main du directeur du Rosewood. Un homme dans sa position ne pouvait pas être trop prudent, sans doute. Le rouquin qui l’escortait n’avait pas le moindre soucis à se faire en ce qui concernait Kenneth cependant. Il ne comptait pas causer d’ennuis. En tout cas, à personne qui se trouvait dans cet hôtel. Ou plutôt sur cet hôtel.
Le toit était un lieu de rendez-vous plutôt inusité, certes, un choix qui dérouta le cadet des Campbell. Prudent, mais un peu excentrique visiblement, se dit-il en approchant de l’homme bien habillé qui lui faisait signe d’approcher. En même temps, il était bien mal placé pour juger des excentricités des autres. Un fin sourire sur les lèvres, Kenneth tira sa chaise pour s’y assoir.
Merci. Belle journée en effet. On respire légèrement mieux en hauteur…
Accablée par le smog depuis quelques temps, Londres devenait de plus en plus difficile à apprécier de l’extérieur. Excepté en hauteur. Kenneth n’avait que peu faim malheureusement; l’un des effets du psychotrope consommé quotidiennement par le frère du duc. Cependant, il aurait sans doute été impoli de refuser le café.
Mon séjour se passe superbement, dit-il en buvant une gorgée du café complètement noir, mais j’imagine que vous ne vous attendiez pas à une autre réponse. Il n’y a pas de doute que vous prenez soin de votre établissement.
Un peu de flatterie gratuite, pourquoi pas? Et puis, vu le nombre de soirées que Kenneth avait passé dans cet hôtel, il n’aurait pas pu dire autrement. Assis droitement sur sa chaise, il croisa les jambes, posa les mains sur ses genoux, et se demanda par où commencer.
Monsieur Eirik. En l’homme informé et minutieux que vous êtes, je n’ai pas le moindre doute que ma réputation doit me précéder. Vous devez certainement connaître certains incidents dont j’ai fait l’objet dans certains journaux. Voilà pourquoi j’ai été extrêmement surpris que vous ayez accepté de me rencontrer, mais vous m’en voyez ravi.
Les yeux toujours mi-clos, Kenneth sourit de nouveau. Soit Eirik ne prêtait pas attention aux journaux à scandales, soit il était curieux de savoir ce que «le frère du duc» lui voulait.
Il serait mal venue de ma part de retarder la raison pour laquelle j’ai demandé à vous voir, alors voici : je cherche à tuer quelqu’un. Malheureusement, mon entourage ne contient pas le genre de personne qui peut s’acquitter d’une telle tâche. C’est pour cela que je vous demande si vous auriez quelques suggestions à m’offrir…
Sans doute était-ce présomptueux de sa part de présumer que le directeur devait connaître quelques tueurs à gage. Cependant, que serait la mafia sans eux?
Eirik reposa la soucoupe sur la table qui les séparait. Il détendait son visage en un sourire de vieux loup averti. Il avait été jeune et flagorneur, lui aussi, en un autre temps. A présent, il ne comptait plus, le nombre des cajoleries glissées à ses oreilles. Celles-ci avaient essentiellement pour dessein de l’adoucir. Mais il était trop connaisseur pour être aveuglé. D’autant que ce jeune homme avait tout à fait raison. Eliott savait très bien quel était la qualité du service rendu ici.
Il balançait lentement un pied dans le vide, tel un félin, qui patiente à l’heure chaude: « Il est une chose que le temps m’a enseigné. C’est que de croire une chose acquise ne vous la fait pas plus conservée.» Un philosophe l’avait formulé d’un verbe plus élégant il y avait longtemps. Le principe était là. Il avait sans aucun doute participé au fait que ce vieil homme n’avait pas encore été écarté du pouvoir qu’il avait lui-même créé.
Une introduction en disait beaucoup sur la façon de faire des affaires. Eliott écoutait donc patiemment celle du noble. Bien entendu il y avait dans un dossier tout ce qu’il y avait à savoir sur toute la dynastie de ce jeune homme. Mais, s’il aidait Eliott à cerner le personnage, il n’était pas suffisant. Kenneth le lui démontrait en exposant clairement sa motivation personnelle.
Elliot ne cilla pas là non plus. S’il devait se remémorer le nombre de client venu chercher une main sanglante, il aurait pu éditer un registre. Il observait attentivement Ken avait de lui répondre : « Nous pouvons, en effet, vous mettre en contact avec l’un de nos exécutant. »
Le Directeur n’avait pas assez de temps pour suivre tous les contrats en cours sur Londres. Il y avait une équipe dédiée à cela. Cependant, il pouvait faire une exception lorsque c’était une première pour le client. D’autant plus quand ce client était un si particulier.
Le vieux loup se pencha donc pour saisir un carnet noir et un stylo plume. « Je suppose donc que c’est la première fois que vous faites appel à un de ces services ? Vous avez bien fait de le faire avec le Réseau. Notre protocole est beaucoup plus sécure que celui des mercenaires indépendants. D’autant que nous nous portons garants. Je n’ai pas besoin de connaître le nom de votre cible. Dites-moi précisément ce dont vous avez besoin. Nous allons définir ensemble le profil le plus adéquat pour faire ce travail. »
C’était l’une des règles de la maison. Un contrat était un contrat. Il n’y avait pas de différenciation entre les missions. Chaque client profitait du même service. Chaque cible était traitée avec les mêmes égards. C’était grâce à cela que le Réseau avait obtenu sa notoriété et qu’il était toujours actif.
Odin était un peu curieux. Il était même amusé. Ken n’était pas interlocuteur classique. Cela changeait. « Bien sûre pour avoir accès à cette gamme de service vous devrez passer à un nouvel abonnement. Je demanderais à Hector de s’en occuper. » Contrairement aux apparences de cet endroit Eliott était un capitaliste raisonné et raisonnable. Il ne courrait pas du tout après la richesse. Mais il considérait qu’il était important, symboliquement, de s’engager financièrement quand on désirait un ouvrage de qualité. Tout bon labeur mérite récompense.
FACE IDENTITY : Nicholas Skidmore IDENTITE : Kenneth Campbell GROUPE : London People AGE : 28 ans ETAT CIVIL : Délibataire PROFESSION : Emmerdeur ETAT DE SANTE : Discutable LIENS : Tyrgan Campbell
Aaaah. Quelqu’un de pragmatique. Kenneth était on ne peut plus satisfait. Monsieur Eirik avait clairement le sens des affaires et ne tournait pas autour du pot. Excellent. Qui aurait cru que se procurer les services d’un «exécutant», comme le disait si bien le Directeur, pouvait être si simple quand on connaît les bonnes personnes?
Tout sourire, Ken écouta attentivement le Directeur, tandis que celui-ci saisissait un carnet noir. Ken se félicitait également d’avoir eu l’idée de faire affaire avec lui, et son réseau de contacts. Utiliser des mercenaires pour se genre de boulot, selon lui, c’était un peu démodé… D’autant plus qu’ils n’étaient pas tous très dignes de confiance. On ne peut faire confiance à personne de nos jours, mais monsieur Eirik était certainement la meilleure des options possibles dans ce genre de situation. Il n’avait même pas besoin de connaître sa cible! Kenneth en était presque déçu; il aurait bien aimé connaître ce que le Directeur pensait de son cher frère.
De toute façon, tôt ou tard, Eirik le saurait. Il l’apprendrait soit dans les journaux, soit en se rendant compte qu’il ne ferait plus affaire à Tyrgan pour se procurer leur whisky, mais avec lui. Un homme pragmatique comme lui n’y verrait sans doute pas le moindre inconvénient. Du moment que ses hôtels soient approvisionnés, qu’est-ce que ça pouvait bien lui foutre de qui était aux commandes?
Évidemment. Vous et vos collaborateurs pourrez vous attendre à être payés rubis sur l’ongle. Je veux que la tâche soit bien faite après tout, ce n’est pas pour rien que j’ai songé à vous, dit-il en hochant la tête, sourire en coin.
Chez les Campbell, l’argent n’avait jamais été un problème. Jamais. Depuis le moyen-âge, leur famille avait toujours été particulièrement minutieuse à propos de leurs finances. Se ranger systématiquement du côté des vainqueurs et savoir se montrer brutal en temps de guerre avaient certainement contribué à leur fortune et leur bonne fortune.
Quand on y pense, Kenneth ne faisait rien de plus que ce que son clan avait toujours fait : se montrer brutal, et se ranger du bon côté… le sien.
En ce qui à trait à ce dont j’ai besoin, permettez-moi de parler platement, commença-t-il en croisant les jambes. Je veux que la cible meure sur le coup, et je ne veux pas d’empoissonnement. Le plus rapide sera le mieux. Mis à part ces deux conditions, je laisse le choix du moyen et du moment à la guise de celui ou celle qui s’en occupera. Cela convient?
C’était une conversation que M. Eirik avait orchestré mainte et mainte fois et ce aux quatre coins du monde. Une opération financière de ce type ne laissait pas de place à la fantaisie ou à l’improvisation. Les règles et les documents du Réseau avaient été éprouvés de très nombreuses fois et pourtant jamais changé. Une preuve que la mécanique était absolument bien huilée.
Les précisions venaient donc agrémenter les termes d’un accord oral. Eliott traçait quelques lignes à la dictée de conditions: « Tout peut convenir M. Campbell. » C’était une demande très simple pour leur partie. Il n’y avait pas de mise en scène à organiser. Il n’y avait pas de secret à protéger. Une bonne vieille balle dans le front telle qu’elles fuesaient à l’époque des Duels de Rue.
Le carnet n’avait donc plus d’utilité. Le Norvégien refermait lentement le cahier. « Souhaitez-vous connaître l’exécutant ?» La réponse n’était jamais la même. Chaque client avait son propre fantasme concernant la Mort. Le vieil homme ne s’en formalisait pas. Il voulait avant tout que le travail soit fait correctement et en bon accord. C’était la seule façon pour que ce genre de meurtre et surtout ses conséquences soient sous leur entière contrôle. Seulement ainsi, le Réseau pouvait défier les autorités légales sans craintes et sans reproches.
Ils s’observaient avec politesse. Cet homme pouvait avoir l’âge d’un fils. Mais il ne serait point ménagé: « De même, souhaitez-vous que la cible sache que vous êtes l’employeur de son bourreau ? » Là encore chaque cas était différent. Pour autant Eirik n'épargnerait pas à sa clientèle ce petit examen de conscience. Si la procédure pouvait être banalisée. La Mort n’avait rien d’anodine. Il s’agissait de ne pas l’oublier. « Il est possible de transmettre un message. » Conceptualiser l’acte était une partie importante de ce genre d’entretien. D’ailleurs, il n’était pas si rare que cela, qu’après discussion, le quémandeur ou la quémantrice se rétracte. Bien que ce n’était pas le but de ce vieux loup, il ne rechignait jamais à annuler ce genre d’engagement.
La tasse tiède revint dans la main du Directeur. Il demeurait aussi imperturbable que s’ils avaient parlé des spiritueux de la famille: « Généralement, nous exécutons ce genre de contrat sous une quinzaine. » La temporalité était de ces autres éléments de conscience. Ken était-il prêt à envisager la mort de son ennemi de façon aussi concrète et définitive ? Eirk n’ordonnerait rien avant d’en être intimement persuadé.
FACE IDENTITY : Nicholas Skidmore IDENTITE : Kenneth Campbell GROUPE : London People AGE : 28 ans ETAT CIVIL : Délibataire PROFESSION : Emmerdeur ETAT DE SANTE : Discutable LIENS : Tyrgan Campbell
Ses demandes n’avaient en effet rien d’extravagant, surtout pour une organisation telle que celle-là. Son cher frère méritait la mort la plus banale qui soit. Une mort très ordinaire pour un homme des plus ordinaires. Ça serait vraiment parfait. Lorsque monsieur Eirik lui demanda s’il souhaitant connaître celui ou celle qui s’occuperait de l’affaire, Kenneth fut surpris par la demande, qui piqua sa curiosité sur le sujet.
J’apprécie l’offre, mais je préfère utiliser mon imagination. Peu importe à quoi l’exécutant ressemblera, je souhaite seulement qu’il fasse le travail. Il y a vraiment des gens qui souhaite rencontrer personnellement l’exécutant? Pourquoi donc? Personnellement, l'exécutant peut aussi bien être un unijambiste nain, borgne et sourd que James Bond en personne.
Du moment que le travaille était bien fait, ce dont il ne doutait pas le moins du monde. Ainsi, à quoi bon vouloir savoir à quoi ressemblait l’homme engagé pour le boulot? Visiblement, si Eirik posait la question, c’est que certains devaient avoir leurs raisons pour formuler ce genre de demande.
Non seulement il pouvait connaître l’exécutant, mais en plus, il pouvait demander à ce que la cible sache qui avait donné l’ordre. Faire passer un message que le condamné entendrait avant de trépasser. Cette fois, Kenneth réfléchit, le poing serré devant sa bouche, pensif. Quel genre de message pouvait-il bien transmettre à son frère? La première chose qui lui venu en tête fut la devise du clan, mais ça aurait été beaucoup trop évident pour Eirik de deviner la cible. Il fallait être plus subtil, plus fin. Une phrase passe-partout donc Tyrgan comprendrait le sens… Lorsque Kenneth retira sa main couvrant sa bouche pour se mettre à parler, il s’exclama :
Tch. Désolé, se doit être le fait d’être en hauteur, dit-il en retirant une tissu en soie de sa poche pour essuyer le sang sur sa main qui était coulé de son nez pendant qu’il réfléchissait. Qu’on lui dise simplement que c’était moi.
Kenneth replia le carré de tissu noir dans la poche intérieur de son veston, aussi naturellement que s’il ne s’était rien passé du tout. Il était coupable d’avoir complètement détruit les petits vaisseaux sanguins de son nez, depuis un bon moment déjà, et avoir un mouchoir et soie sous la main était devenue une nécessitée. C’était le prix à payer. Ça, et le fait de ne presque plus rien sentir… quoi que ça pouvait être pratique parfois.
Le plus tôt sera le mieux. Il est en vie depuis beaucoup trop longtemps de toute façon. Nous n’avons pas encore discuté du prix. Dites-moi, de combien son vos honoraires?
Le jeune noble avait un minimum d’esprit. Une bonne chose car l’humour était l’un des meilleurs remèdes à la noirceur de l’âme. Il en aurait donc besoin pour avancer après avoir explicitement condamné un homme à mort. Mais c’était une leçon que tout à chacun devait vivre par soi-même. Malgré tout le directeur n’était pas un confesseur, uniquement un intermédiaire.
Il lui répondait néanmoins avec une certaine bienveillance: « Cela peut arriver oui. » Sans pour autant aller vers des détails qui ne regardait personne. Kenneth allait découvrir les arcanes de l’ombre au fur et à mesure. Il n’était pas utile de précipiter son initiation à toutes ces choses.
Il était visible que l’ennemi était une personne importante dans la vie du client. Quoiqu’il ne posait pas de question M. Eirik pouvait faire des déductions personnelles. Il pourrait catégoriser ce genre d’exécutions. Il avait remarqué qu’il existait des profils pour les victimes et les bourreaux. Il se demandait si Campbell n’allait pas s’en prendre à une personne qui lui était… chère
Une approbation visuelle faisait force de loi chez le Directeur. Il pouvait donc dès à présent mettre ce nouveau contrat en règle et le mettre à la signature du client. Il avait déjà en tête le nom du mercenaire qui serait engagé: « Le contrat sera porté à votre signature d’ici à la fin de matinée. » Le service juridique d’Eliott était efficace. Torres maniait ce genre de papier à la perfection. Pour autant le vieil homme avait toujours le dernier mot.
En bon maître de maison Eliott se redressait tranquillement pour servir un verre d’eau au jeune homme. Sans un mot il attrapait un petit bocal dans lequel se trouvait une petite poudre jaune. Il en mit trois pincées dans l’eau. Il poussait ensuite le verre devant son interlocuteur. Il s’agissait d’une plante médicinale aux vertues thérapeutiques. C’était une médecine écartée dès pharmaceutique qui avait fait ses preuves depuis bien des année.
Une fois la solution homogène le Norvégien ordonnait tranquillement : « Buvez. » Il n’était pas du tout dans son intérêt de voir un jeune héritier mourir avant son heure. Il ne se privait donc pas de lui remémorer l’existence d’un autre service entre ces murs. « Puis je vous recommande de passer voir le médecin de l'hôtel ? Nous avons tout ce qu’il faut pour traiter ce genre de contre effet. »
La conversation revint tout de suite sur des considérations financière. Eliott eu un léger sourire. Il se sentait amusé par cette impétueuse jeunesse. Il prenait le temps de reprendre une gorgée de sa boisson.
Puis enfin il répondait à la curiosité de Ken: « Le tarif sera fixé à la finalisation du contrat. Dans le même temps je vous libère. Je vais voir avec le Majordome pour qu’une cabine de spa soit mise à votre disposition. Profitez donc du Rosewood mon jeune ami. » C’était là une charmante façon de congédier le garçon tout en l’encourageant à se reprendre en main. Il n’était pas question d’avoir deux morts pour le prix d’un.
