Je dois reconnaître qu’à mesure que l’heure approche, je me sens de plus en plus nerveuse. Tout ce qui touche de près ou de loin à ma famille me rend nerveuse à présent. J’ai espéré que le rendu du jugement ouvre la voie pour une conciliation. Mais, ni père, ni mère n’ont eu de réaction. Je me demande si l’article que j’ai proposé à Prem est encore une bonne idée. Mettre Edward devant ses actions est important, évidemment. Mais, si cela ne faisait que raviver la colère de Papa ? Pourquoi ais-je cette impression qu’il tient davantage à protéger les intérêts du Baron plutôt qu’à me croire ?

Je vérifie une deuxième fois que la ceinture est correctement attachée autour du siège-enfant. -“ Voilà mon petit cœur. ” Chuchote-je doucement en rendant un sourire à notre fleur. Je ne peux pas résister à poser un baiser sur son nez. Sa robe lila lui va à la perfection. J’ai eu raison de convaincre Prem de l’acheter pour cette rencontre. Je sors de l’habitacle et me tourne vers lui. -“Je t’envoie un message pour te dire que je suis bien arrivée.” Je l’attrape par le cou, pour échanger une embrassade. Lovée contre lui, je peux entendre nos coeurs battre doucement. -“ Souhaite-moi bonne chance ?”

Une fois qu’il a pu dire au revoir à Dalia, je prends le volant. Il faut un peu plus d’une heure pour aller chez les de Lascelle. J’active donc le GPS intégré, avant de passer la première. Je roule tranquillement. Cela doit faire trois ou quatre ans que je ne suis pas allée à Lechlade. J’avais certainement profité de l’un de leur passage en Angleterre. Je me souviens que Tommy me racontait l’histoire de Robert de Gloucester premier détenteur du titre et comment il avait soutenu Mathilde sa demie-soeur dans son ascension vers le trône.

Les problèmes de succession d’Henri I avaient provoqué un véritable chaos. Mon grand-père m’avait dit que c’était toujours cela qui provoque les chutes des Monarchies. Je m’étais juré de donner un héritier à mon époux dans l’année de nos noces. A présent, je ne peux imaginer quelle vie nous aurions eu cet enfant et moi, avec un homme comme Edward. Ma petite Iris aurait bien plus de chance dans l’affaire et j’en serai profondément soulagée.

J'aperçois le clocher du village. -“ Nous arrivons bientôt ma chérie. ” Je passais le village, prenait la route à l’est pour aller retrouver la propriété. Elle me parut plus modeste que dans mon souvenir. Je vis des chevaux au loin. Si Caleb acceptait, peut-être pourrais-je lui reparler de mon projet. Enfin, là n’était pas le plus important. Nous passons le portail en fer. -“ Prête ma Lili ?” Je reconnais Joy. Elle avait le teint halé et elle me semblait plus mince.

Je coupa le moteur une fois garées. Je guettais, mais aucun signe de mes parents. Doucement je défie ma ceinture. Etait-ce Mallory là-bas ? Je sortis de la voiture et récupéra ma princesse chérie à bras. -“C’est une autre partie de ton monde tout cela. ” Une fois le sac en bandoulière sur mon épaule, nous nous mimes en route pour entrer dans le manoir. Je souris en voyant la silhouette de Zenon se dessiner sur le perron. Ils souriaient. Il avait l’air aussi avenant que lors de notre séjour en Inde. Mais, je devinais que ce qui c’était passé à l’Ambassade de Serbie l’avait marqué. Eux qui allaient si rarement aux mondanités…

-“ Bonjour Parrain ! ” En quatre mois de temps Dalia a beaucoup grandi. Les photos ne rendent pas justice. Je m’attendais donc à ce qu’ils soient surpris. -“ Nous ne sommes pas trop matinales ? ” Lui demandais-je, en sentant Lili réagir. Dans le dos de Lord de Lascelle apparu un homme. J'identifie leur fils, Zac. Nous ne nous étions pas vues depuis une éternité. -“Oh eh, joyeux anniversaire Zenon.” J’embrassais le comte avec affection. Prem m’avait prouver que les démonstrations d’amour n’étaient pas un crime. Qu’il était bon de se montrer tendre avec ses proches. -“ Prem vous embrasse. Si vous avez un peu de temps, nous aimerions vous inviter à déjeuner un samedi ? ” Mais, peut-être allaient-ils rentrer chez eux après cet affreux attentat.

Je souris à Zac qui se rapprochait. Il ressemblait énormément à son père… à sa mère aussi. -“ Maman est-elle debout ?” Justement, ce fut Amélia et …Hans qui arrivèrent. Lui et maman sont des amis très proches. Je lui devais une partie de ma passion pour l’équitation d’ailleurs. -“ Bonjour! ” Les saluais-je contente de revoir l'une comme l'autre.

Dalia reconnaissait bien les gens depuis quelque temps. Je vis dans son regard que Parrain lui rappelait des souvenirs. Je ne m’y trompais pas, car elle attrapa tout de suite la main sur sa joue. Sa menotte s’accrochait à lui pendant que nous échangions. -“ Oui. Nous y sommes allées doucement. ” La route était chaotique par endroit. Nous étions encore plus dans la campagne ici. Ce qui me faisait plaisir. J’avais plaisir à me trouver dans la nature. Je m’y sentais bien. Le chahut de la ville devenait inconfortable rapidement. Surtout depuis que j’avais eu Dalia en fait. -“ Oh. Très bien. ” J’avais essayé de faire un beau cadeau en me limitant financièrement. Cela me paraissait plus dur que de gérer les traites de la maison. Je n’avais jamais eu à me restreindre dans mes présents avant. -“Ce n’est pas grand chose, je sais.” Je lui souriais tendrement. Nous pourrions leur faire un bon repas et leur montrer l’aménagement de la maison. Ce serait agréable de les avoir à notre tour.

Nous passâmes le seuil du manoir. Le hall était haut. Dalia montrait le lustre en babillant. Je comprenais pourquoi. Le cristal était beau. Il y en avait un semblable dans la maison de mon enfance. Je souriais à Zac. -”ZAC: Je me souviens. ” Le fils de Zenon possédait un certain charisme. Ou bien était-ce parce que je l'associe au de Lascelle ? Je senti de la sincérité dans son sourire. Il ressemblait beaucoup à son père. -”Hellow Violet. … T’as changé depuis les classes d’équitation. ” Tout de suite, il approcha pour une enlaçade. Franche et rassurante, comme avec mon parrain. -” C’est cool que tu viennes. Papa avait envie de vous voir toutes les deux. Salut Dalia. ” La manière dont il sourit à notre fleur me parut douce.

-“ Oh? Nous sommes contentes aussi oui… ” Nerveuse, mais contente de relever ce défi personnel. Nous les suivâmes vers un salon. -“ Un thé? S’il vous plaît. Merci. ” Dalia continua de papoter avec Zac dans mes bras. Je souriais en voyant le siège enfant en bout de table. Il me suffit de croiser le sourire de lady de Lascelle pour avoir la réponse. Madame avait anticiper.

En venant ici je ne savais pas très bien à quoi m’attendre. Caleb se montrait prévenant et Zenon affectueux mais pour les autres je n’avais aucune idée. Alors, la chaleur dans la voix de Hans me rassura un peu. -“Longtemps oui. Le temps passe très vite. ” Je lui souris. Lui aussi avait l’air en assez bonne forme. Même s’il avait encore plus de cheveux gris aux tempes. -“ Merci. Je vais bien en effet. ” Maintenant que Lili fait ses nuits c’était magique. Le stage était un peu fatigant. Mais ça n’avait rien à voir que pendant ma grossesse… évidemment.

-“ C’est elle oui. ” Je rendis un sourire à Hans, puis un à la ronde. Après un regard complice avec Zenon, je proposais tranquillement. -“ Voulez-vous faire connaissance ? ” Je fis un pas pour nous approcher de lui. -“ Dalia. Dalia Hadid. ” Lui précisais-je pour que le cadre soit posé. Je croisa un sourire de Zac qui me fait immédiatement penser à sa mère. Je la vis qui passa dans le dos de Parrain et lui frotter le bas du dos en posant un ramequin de salade de fruits sur la table. Ce n’était donc pas Bellary qui produisait cette intensité de l’air. C’était eux. -“ Comment allez-vous depuis le temps ? ” Mère évoquait parfois la santé capricieuse de ce sportif.

Ils avaient l’air de s’être amusés. -“ La soirée fut bonne ?” Demandais-je aux quatre fêtards présents. Je n’osais pas leur poser plus de questions sur mes parents ou bien sur les autres convives. Du coin de l’oeil je vie que Joy et une femme arrivaient tranquillement dans la salle. Il y avait l’air d’avoir eu du monde. Tant mieux pour Parrain qui le méritait mille fois. Je repris ma fille à bras pour l’installer dans le siège. Je sortis son biberon de lait. -” AMELIA: Je peux ? ” Je ne fus pas surprise de découvrir la comtesse juste près de nous pour prendre le relais.

Je lui répondis quand une voix m’arrêta net. -”OLIVER: Violet… ” Je pivota sur moi-même pour voir Père. Il avait une tête fatiguée. Prem pouvait être témoin. Je m’étais préparée à ce rendez-vous. Mais, tout ce que je pu faire ce fut de pleurer. -“ Vater. ” Dans mon dos j’entendis Dalia babiller “Va va”. Oui, elle connaissait ce mot dont je désignais son propre papa. -” … Qu’est-ce que ? Zenon ? ” Il avait l’air totalement désemparé par la situation. Je ne l’avais jamais vu ainsi. Perdu…

J'inspire à fond pour prendre la défense de Parrain. Mais alors, mes yeux accrochèrent ceux de maman. Cette fois, son nom resta bloqué au fond de ma gorge. Je lui en voulais encore de ne pas m’avoir entendu dans ma peine. Je l’observa. D’abord observer Parrain avec incrédulité. Puis, avoir un instant de confusion partagé avec Hans. Enfin avancer pour mieux voir notre Lili qui babillait “Mu Mu”. -“ Mutter. ” Mon instinct m’incita à venir prendre ma petite dans mes bras.

-”ZAC: Okay… Bon café pour tout le monde ? ” La question de Zac me passa au-dessus. Je scrutais surtout les parents, prête à mordre s’ils se permettaient une seule remarque. Mère fut la première à avancer.


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J’eu un demi sourire pour mon parrain, ainsi que pour mon ancien professeur, car ils avaient l’air tous les deux satisfaits de cette fête d’anniversaire. Quand la comtesse d’Avon m’avait indiqué la liste des invités j’avais été surprise. Ils avaient réussi à regrouper le bataillon militaire de papa, tout du moins ceux encore vivants avec qui il s’entendait bien. Je crois bien que cela n’était pas arrivé depuis qu’Iris et moi étions petites. -“ Je comprends le plaisir de retrouver des vieux amis. ” Ce qui me fait penser à mon cas. Mes plus proches confidents avaient quitté l’Angleterre pour des raisons diverses. Quant aux autres, il faut croire que nos relations ne leur convenaient plus. Je n’avais pas eu de nouvelles de leur part. En fait, depuis que j’avais abdiqué. Au fond, j’en étais blessée bien entendu. J’arriverai, sans doute, à faire de nouvelles connaissances. Et puis, il y avait Rose et Tyrgan.

S’ils n’étaient si vieux, peut-être que j'aurais pu avoir Zenon et son épouse comme amis ? Je m’en sentais bien plus proche que leurs enfants. Joy et Zac me donnaient l’impression de venir d’un autre monde. -“ Avez-vous décidé de votre date de retour Parrain ? ” Tout comme leur ami bavarois, j’étais un peu attristée à l’idée de leur départ. J’aurai préféré les connaître en Angleterre avec nous.

Wittelsbach posait une question plus pertinente qu’il ne se l’imaginait sans doute. Le séjour chez les de Lascelle m’avait fait me poser la question d’une migration sur le continent. J’en ai ouvertement parlé à mon fiancé. -“ Oh non. Non. ” Je caressa doucement le dos de Dalia. -“ Nous allons rester ici pour le moment. Les parents de Prem sont installés à Londres. ” Nous voulions veiller sur eux, d’autant, qu’ils allaient vers leurs vieux jours. Je souris à ma fille et baisa son petit front mâte. -“ Ce petit trésor va grandir avec des grands-parents. ” Même si les de Lascelle auraient pu aussi prendre ce rôle d’une certaine manière. Notre vie était ici. -“ Mais, nous y retournerons! ” Probablement pas avant quelques années, le temps que Lili grandisse et que je m’établisse.

- OLIVER: “ Dalia ? ” J’avais tenu ma langue. Ce malgré mon grand désir de partager la nouvelle avec Mère et Père. Le sourire confus de Papa m'emmena les larmes aux yeux. Mais, je ne bougea pas d’un cil. Mes mains entouraient mon bébé avec protection. -“ Alexia, entends-tu ?” Papa, comme moi, nous tourner vers la Princesse d’Hanovre. C’était sans doute, elle qui m’en voulait le plus des deux. Je ne serai pas sa digne héritière. Je n’étais pas la fille prodige qu’elle avait espéré. Avait-elle eu connaissance des intentions du Comte de la maisonnée ? Il faudrait tout de même que je pose la question à Parrain.

Dalia percevait le changement d’ambiance dans le salon. Je la sentais qui s’agitait dans mes bras. Elle tendait les bras vers Amélia, puis vers Zenon… Je sais que l’absence de son père la perturbe à ce moment précis. Je lui frotta tendrement le dos pour la calmer. -“ C’est votre petite-fille. ” Dalia était une magnifique enfant. Je comptais sur leur intelligence pour ne pas avoir de remarques déplacées. Mais, je n’en savais rien.

Maman et Dalia se regardèrent l’une l’autre. Elles avaient la même expression de surprise et de curiosité. La même petite moue de la lèvre face à un imprévu. Les voir ainsi me gonfla le coeur. J’aurai voulu que Prem soit là avec nous et qu’il puisse le voir aussi. - ALEXIA: “ Sie hat Papas Kinn. ” Le menton de Grand papa Helmut ressemblait en effet beaucoup au sien. Je la vit échanger un sourire avec Hans. Papa aussi le vit et n’en dit rien. Maintenant que je connaissais l’amour. Maintenant, oui, je comprenais beaucoup de choses, que je n’avais jamais remarquées plus jeune.

- ALEXIA: “ Hallo kleiner Schatz… ” J’étouffe un sanglot de soulagement. Dalia me regarde avec de grands yeux et mime le signe du bisou avec sa bouche. Oui, elle est vraiment notre petit trésor. Très doucement, je fais le dernier pas, qui nous sépare toutes les trois. Dalia tend les bras vers sa grand-mère, qui la réceptionne naturellement. “... Kleiner Schatz… Hallo. ” Je les observe faire connaissance. J’attrape vite le mouchoir pour essuyer mes yeux. Papa fait la distance pour aller dans le dos de maman et observer notre fleur.

J’entends, un petit “clic”. Amélia de Lascelle baisse son appareil photo et me fait un clin d'œil. J’en ris doucement. Prem me manquait terriblement. Je voulais lui tenir la main. Partager mon soulagement. J’allais peut-être m’éclipser pour l’appeler et entendre sa voix ? Joy et la femme étaient maintenant avec nous aussi. Elles avaient amené de la tarte semblait-il. Le frère revenait avec le café noir. Lentement, mais sûrement, ils prenaient tous et toutes une place à la table. - OLIVER: “ Mmm, il faut qu’elle soit baptisée.” Ils étaient tous les deux de bon catholiques. Mais, je fis comme si je n’avais pas entendu.

Autant rester en terrain neutre. - ZAC: “ Tout le monde reste à midi ? C'est un barbecue! ” Les convives de Parrain répondait, un à un. Moi, je cherchais son regard pour lui sourire avec une profonde reconnaissance. Il semble que leurs terres soient toutes propices à la paix. Comme c'était étrange de savoir que je profitais d'une bienveillance dont il avait été lui-même privé. J'espèérais que Dalia serait de la génération qui briserait enfin tous les tabous. Une génération libre de faire ses choix.

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Je conserve toute mon attention sur Dalia et mère, enfin réunies. C’était un tableau sans égal. Une vision que j’ai souvent imaginée pendant ces mois passés. Bien entendu, Noor est une femme formidable. La voir avec sa petite fille est un spectacle merveilleux. Je ne me lasse pas de les observer. Cependant, c’est bien normal que je sois émue de voir ma mère, avec ma fille, n’est-ce pas ? Maintenant que Dalia rencontrait ses grands-parents, il ne manquerait plus que de lui présenter sa chère tante. J’avais tout autant hâte d’assister à cela.

Intérieurement, je fus touchée qu’Hans se réjouisse de notre installation anglaise. J’ose croire que c’est pour moi aussi, et pas seulement pour le plaisir de Maman. Je sais combien il est attentif à cela. Je souris en quoi, d’entendre Parrain temporiser concernant la chrétienté. Une bonne chose, car je ne me sentais absolument pas prête pour une telle conversation. Prem et moi étions encore en discussion. J’avais assez fois, en notre capacité au compromis, pour trouver une solution. Enfin cela pouvait attendre.

Je me tourne vers le nouveau commandant. Mais ce fut maman qui posa la question qui me brûla les lèvres. -“ALEXIA: Si vite ? ” Il était encore tôt! Zac venait de faire une invitation officielle. Pourquoi ne pas profiter de ce climat apaisé, tous ensemble ? Je sondais mon parrain du regard pour avoir une réponse. - “ZAC: Okay, bon courage chef. ” Les jumeaux avaient l’air beaucoup plus imperméables à tout cela. Comment faisaient-ils ? - ”A demain!” Il est vrai que maintenant Hans travaille dans un autre département de la police.

Du coin de l'œil, je vis qu’Amélia quittait son cher et tendre. Elle prenait le pas d’Hans. - AMELIA: “Hans. Attends-moi. Je te raccompagne. ” Eus-je simplement le temps d’entendre. Tiens ? Je n’avais pas idée que ces deux-là étaient aussi familiers l’un avec l’autre. Amusée, je voyais la chienne malinoise qui allait à leur suite, pareille à une ombre protectrice. Nous n’avions pas (encore) de chien à la maison. Mais qui sait…

Joy m'a servi un bon thé bien chaud. Je laissais Dalia et maman ensemble. La petite avait atterrit sur ses genoux. Les voir ainsi me faisait penser à Iris et elle. J’avais quelques images de notre enfance. -” VIOLET:... Merci. ” Mimais-je tout bas pour mon cher parrain. Rien n’aurait été possible sans son concours. Il avait fait un gros travail pour que ce rendez-vous se concrétise. Je posais ma main sur mon cœur en signe de tendresse.

Dans notre dos, je voyais Zac et celle qui s’appelait Valentine, qui s’activaient pour préparer le futur déjeuner. Mon dernier barbecue remonte à une éternité. Il est vrai que, je n’avais même pas songé à le proposer à mon fiancé végétarien. Cela m’aurait paru indélicat. Je songeais à lui et me permit de prendre une photographie des filles et de la lui envoyer. Était-ce le bon moment pour annoncer nos fiançailles à Papa, maman ? Aux Blakemore ? A M. Colman ?

Je n’osais pas. Je n’avais pas envie que cette belle nouvelle soit gâchée par de la colère ou du mépris parental. Prem m’en voudrait-il de ne rien dire ? -”Nous sommes très fiers d’elle. ” Car nous étions deux à l’avoir conçus. Il n’était pas là par stratégie. Pourtant son père avait toute sa place.

-”OLIVER: Quel nom porte-t-elle cette petite ? ” Une question qui me figeais sur place. Pourquoi Père se sentit-il forcé de la poser ? Il connaissait déjà la réponse. Prem avait reconnu sa fille. Même s’il m’avait proposé de la faire nommer par mon nom, moi je tenais à suivre la tradition, j’étais fière de sa mixité. Je sentais que mon corps se crispait. D’instinct, j’eu envie de saisir la main de Prem… -”Elle porte le nom de son père. Dalia Hadid, papa. ” Je vis mes parents se figer en un instant.

Ils avaient eu une parfaite synchronisation. -”... C’est une erreur. Hadid n’a aucune valeur dans ce monde. ” Malheureusement, je comprenais ce qui amenait mon père à penser ainsi. Cela n'excuse pas son raisonnement ceci dit. Je me rappelais des conversations avec Prem. Comme il refusait que Dalia soit mêlée à la vie de l’aristocratie. J’étais la plus optimiste de nous deux. Cependant, cette première remarque me prouvait que mon idéal était loin.

Je pris Dalia des bras de maman. -”Je ne veux pas de ce genre de discours en sa présence. Si vous n’êtes pas disposés à raisonner autrement nous partons. ” Tout de suite, je sentis le corps de maman se contracter aussi. -“ALEXIA: Oh. Non. Violet… S’il-vous-plaît ? ” Mes bras enlaçaient Dalia et ma bouche dépose des baisers protecteurs sur son front. La peine de la Princesse ne m'atteindra pas. Je fixais mon père dans l’attente de ses excuses.

-” Comment ? Je ne vais pas m'excuser d’avoir du bon sens! ” S’exclame-t-il, en allant chercher le secours de notre hôte. Qu’avais-je imaginé en venant ici ? Ils ne voulaient pas sortir du cadre. C’était… perdu d’avance.

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Je ne sais pas comment te décrire fidèlement tout ceci. La discussion n’avait rien de facile et encore moins de spontané. Je pouvais voir que Mère pesait chacune de ses paroles avant de les dire. Ce qui paraissait dispensable pour Papa. A chaque fois que la tension baissait d’un cran une remarque la faisait revenir. J’avais la désagréable sensation de me retrouver devant une personnalité importante dont je devais ménager la susceptibilité. Mais est-ce normal quand il s’agit de son propre père ? L’on m’a enseigné à bien me comporter devant des politiciens, des diplomates, des monarques. Pourquoi ne pouvions-nous avoir une paisible conversation ?

Je n’en reviens pas que Papa reste campé sur sa position. Cela malgré ma mise en garde. Je l’observais. Soudain, je me demanda, si je connaissais bien cet homme. Il m’apparaissait différent. Moins lumineux… Sans doute, avais-je mis un peu trop d’espoir dans cette rencontre. Nos mondes étaient séparés maintenant.

Je caressais les doux cheveux de ma fille. - “ALEXIA: Oliver … halt die Klappe. Du wirst sie verscheuchen. ” J’eu un regard pour Mère. D’aussi loin que je puisse me souvenir, je ne l’avais jamais entendu parler allemand en dehors de la famille. Je ne fus visiblement pas la seule à être désappointée par cette incongruité.

-“ZENON: Bon sens ou non, Oliver, tout comme la religion, ce sont des choix propres aux parents. Choix que vous vous devez de respecter. N'est-ce pas non plus le propre d'un aristocrate, de savoir être noble dans l'âme? C'est votre petite-fille, qu'importe le nom qu'elle porte, elle est de votre sang, j'ai l'impression que c'est le plus important... et si nous nous montrons sous notre meilleur jour, elle voudra sans doute passer du temps avec nous tous.” Le Prince d’Hanovre, mouché par deux fois, se renfrogna d’un seul coup. Je vis son corps se redire et son visage se fermer. Cela me peina. Même si je faisais de mon mieux pour ne rien lui montrer. Je ne voulais pas lui donner raison concernant ma “sensiblerie”.

Je savais qu’il se drapais dans son indignation. Ce que je redoutais plus que les cris c’était le silence. -”OLIVER: Soit. Je-me-tais. ” Je sentis ma nuque se glacer. Ce genre de contre-attaque me rappelait Edward.

-” VIOLET: Comme vous êtes injustes. ” J’avais tenu tête à Prem à leur sujet. Je m’étais élevée contre son jugement. Nous nous étions disputés parce que j’avais défendu leur attitude. -” Vous ne voulez pas de réconciliation. Vous voulez nous imposer vos règles. ” Je visais davantage Papa sur ce point. Il ne bougeait pas d’un cil. J'aurais pu parler à un mur que cela aurait été pareil.

-”... Zenon merci … d’avoir essayé. Mais, vous voyez bien. … C’est peine perdue. ” Lui dis-je bien désolée devant autant de fermeté. J’entrevoyais la silhouette de la Comtesse qui revenait dans le jardin. Je me rappelais bien de ce qu’elle m’avait conté sur ses difficultés à intégrer l’aristocratie. Je commençais à réellement comprendre. Était-ce utile que nous restions ? Je ne le croyais pas.

Amélia se postait dans le dos de son mari. Je pouvais voir la complicité qui les reliaient, à sa manière de poser sa main sur l’épaule du comte. C’était à la fois tendre et protecteur. Un peu comme ce que je voyais quand Aziz était avec son épouse. Mais, avais-je vu cela chez mes parents ? -” AMELIA: Kī tusīṁ ailāna kītā sī? ” Je leur offrais un sourire navré. Je n’allais pas me battre contre les Hanovre. J’avais déjà donné beaucoup pour que cette occasion se présente.

-” Merci à vous. Mais je pense qu’il vaut mieux que l’on reparte. ” Je n’avais pas envie de me défendre de mes choix devant eux. J’avais fait ce qu’il fallait pour respecter mon bienêtre. -” AMELIA: Comment ? ! Mais non! ” L’Américaine braqua son regard sur la Princesse Allemande. -” Qu'avez-vous encore fait ? ” Lui souffla-t-elle méfiante.

- “ALEXIA: … mais… enfin… ” La lèvre pincée de Mère lui rendait un peu de son humanité profonde. Pendant une seconde je m’en voulu de ne pas avoir un peu plus d’endurance. Pour elle… -”OLIVER: Ah ! Bien sûr. Nous autres sommes coupables de tout. ” Je ne reconnais pas le rire de Papa. Il sonnait mal, agressif. Un duel visuel avorta, quand la dame de la demeure décrocha ses yeux bleus de mon père. Je sentais une tension entre eux. Quelque-chose que je n’avais encore jamais remarqué.

Bon sang, mais que leur arrivait-il ? Je lançais un regard vers Zenon. Je vis Amélia s'asseoir en silence et attraper un cigarillo pour le glisser entre ses lèvres. Mère qui attrapait son mouchoir pour le triturer. Elle me paraissait plus petite, fragile. - “ZAC: Combien de brochettes ? Maman ? Une ? ” Je scrutais le Fils de Lascelle d’un air perdu. Comment pouvait-il être aussi tranquille maintenant ? -” Oui, très bien fils. Mangeons. ” Joy me fit un clin d'œil tandis qu’elle me servit un verre de rosé de jolie couleur. Mon éducation se rappela à moi et je la remercie. Dalia s’agita dans mes bras pour applaudir. Mon cœur se réchauffa et je ris des larmes au coin des yeux.

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La tension de mon corps semblait se diffuser dans le cercle. Je n’arrivais pas à me retirer de la tête qu’Hans était parti rapidement. Une dérobade qui ne pouvait s’expliquer que par une gêne intense. Pourquoi était-ce ainsi ? Pourquoi ne pouvions-nous pas avoir un moment apaisé ? N’avais-je pas obéi à la règle ? Je ne pouvais plus dégrader le nom des Hanovre… je ne le portais plus! - “Vous êtes aussi têtu que moi… ” Une vérité sur laquelle je m’accordais avec dame de Lascelle. - “Si ce n’est davantage. ” Cette fois, même ma mère se garda de faire le moindre commentaire. - “Ces différents valent-ils de se priver d’un enfant ? ” Question de bon sens que tout le monde ici appuerait sans aucun doute. Mais, bien entendu Papa demeura muet. J’avais déjà remarqué qu’il ne prenait pas tout le temps la peine de répondre à Amélia. J’ignorais pourquoi. Y a-t-il un passé entre eux ?

Les jumeaux ne participaient pas à la conversation. Néanmoins, je les vis avoir un échange de regard. Ils étaient attentifs à ce qui se passait. Leur silence n’était pas de l’indifférence. J’aurai aimé connaître leur point de vue. -”Oliver, cette mauvaise foi ne vous ressemble guère. Un peu d'honnêteté intellectuelle ne fera de mal à personne.... ” Je reste médusée par ces mots. J’étais à la fois choquée et reconnaissante. Dans ma famille, ni mère, ni père, ne sont aussi directs. En en cela Parrain est plus proche de mon cher fiancé. Je vis que ma mère réprima sa réaction, alors qu’à l’inverse lady de Lascelle sourit à demi. C’était certainement de bonne guerre ?

J’observa mon père se rebiffer. Il m’eu l’air plus vieux et vulnérable. Je remarqua qu’il avait de nouvelles rides. -” De l'honnêteté intellectuelle… Zenon. Qu’allez-vous sous-entendre là ?” L’effarement de mon père sembla dés plus sincère. Je reste déconfit. Comment se faisait-il qu’après ces mois de conflits, il poursuivait dans son obstination ? Je ne l’avais jamais vu aussi obstiné. Pourquoi était-ce dans une attitude contre nous ?

Mère et moi les suivirent du regard, tandis qu’ils s’écartaient de la table. J’étais soulagée que Zenon intervienne. Pour une fois, il y avait des témoins. Des personnes qui n’étaient pas de la sphère juridique qui pouvaient voir de leurs yeux ce qui se passait. Peut-être que cela allait aider à améliorer la situation ? Je n’en savais rien. Devais-je espérer ? Même après toutes les critiques que nous venions d’entendre ?

Je me concentre sur Dalia pour ne pas les écouter. Ce n’était pas respectueux. Pendant que la viande diffuse ses parfums, j’échangea un sourire incertain avec la maîtresse de maison. -”Pourquoi agissez-vous ainsi, Oliver? N'êtes-vous pas, au moins, un peu content de la voir? Qu'est-ce que cela vous apporte de continuer à vous montrer aussi hostile? N'y a-t-il aucun terrain d'entente possible?”

-”Hostile ? Je ne suis pas hostile.” Que pouvaient-ils se dire tous les deux ? -”Je m’inquiète pour Violet. Je m’inquiète aussi pour cette enfant.” Je me replaça pour bercer ma Fleur. Je sais bien que ma nervosité ne lui faisait pas du bien. -”Violet n’est pas faite pour le monde des prolétaires Zenon.” Ils avaient des expressions graves au visage. Mais qu’étaient-ils en train de se dire ? -” D’ailleurs, vous le savez, toutes les femmes qui se sont arrachées à leur milieu ont eu des vies… désastreuses. Ces unions ne durent jamais. Les femmes en pâtissent le plus. Je ne peux cautionner son attitude en sachant cela. ” La tristesse que je lis dans le corps de mon père me fait l’effet d’un coup dans l’estomac.

Il ne voulait pas voir. -”Notre fille doit revenir à la raison. Zenon… ” Si seulement, mon père m'avait parlé de son histoire...

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