Heureusement que Marion retenait Eliott. Gabrielle n'aurait su quoi réellement lui dire, pour ne surtout pas risquer de l'inquiéter plus ou de manquer de dire quelque chose qu'elle pourrait regretter ensuite. Dans les toilettes, elle se passait énergiquement de l'eau sur le visage, pour tenter de calmer les émotions qui venaient en rafales. Pourquoi fallait-il que cela arrive maintenant? Etait-ce un signe d'arrêter? De ne pas pousser plus loin la mise en danger? De le livrer aux autorités et de reprendre sa vie, loin d'ici? Elle se le demandait, tout en observant son reflet dans le miroir. En effet, elle était pâle, pas bien... peut-être pourrait-elle trouver une bonne excuse pour filer à l'anglaise.
La porte s'ouvrait alors, Amélia. Une personne en qui elle avait confiance. Avec qui, peut-être, dans d'autres circonstances, elle aurait pu parler un peu de son secret. Mais tout l'intérêt d'un secret, était de ne pas le dire. Moins partagé, moins de risque qu'il soit su. Pourtant, elle voyait bien que cette femme avait repérer quelque chose chez elle. La main dans son dos rajoutait du poids à cette peine sourde, qu'elle poussait loin, au plus profond de son être, pour pouvoir travailler correctement. Et la question était un clou que l'on enfonçait. Elle sentit quelque peu ses muscles se relâcher, comme si tout son corps lui faisait défaut, un besoin de s'assoir, les jambes lourdes, sans force.
- ...
Pourtant, elle tenait bon. Face aux tempêtes, c'était ce qu'il fallait faire. Elle tentait un petit sourire et se repassait encore un peu de l'eau sur le visage.
- Une vieille histoire... qui n'intéresse personne.
Bien qu'en parler pourrait lui faire du bien. C'était bien trop se mettre en danger. Kylian pouvait l'écouter, lui. Elle aurait voulu le voir. Elle poussa un petit soupire, se séchant le visage avec une serviette. Reprenant un peu contenance.
- J'espère qu'il n'est pas trop inquiet...
Eliott était un homme qui prenait soin des gens qu'il appréciait, fort protecteur. Elle le savait. Elle ne voulait juste pas que cela pousse sa curiosité ou son besoin d'en savoir plus. Autant trouver une parade. C'était plus important, que de parler de cet amour perdu et de ce qu'elle était vraiment.
Caleb hochait tranquillement de la tête, tout en sirotant son verre.
- Faisons cela. Ça nous permettra d'éviter des remarques désobligeantes.
Il connaissait la comtesse... Amélia avait ce talent pour user de sa langue de vipère, même quand ils n'avaient rien fait. Et ce n'était pas parce qu'il y avait un certain armistice entre eux, que Blakemore était du genre à se montrer tendre, quand il était en présence d'autres membres de la société.
Croyez en moi, autant que je vous adore. ft. Gabrielle Caplan
Ils étaient chacun de leur côté et la frontière, invisible, leur épargnait un moment désagréable: CALEB: Faisons cela. Ça nous permettra d'éviter des remarques désobligeantes. En périphérie, Oliver vit la jeune femme qui l’avait interpeler passer non loin. Elle se dirigeait vers les toilettes pour dames. Sa démarche avait l’air un rien précipitée. C’était intriguant… Pas moins que de voir lady de Lascelle suivre dans son sillage. « C’est un fait… C’est un fait. » Acquiesça le Prince tout en lorgnant la porte qui venait de se refermer.
Ces femmes se ressemblaient. Bien plus que Gabrielle ne pouvait le voir. La seule différence était leur expérience de la vie: -”Une vieille histoire... qui n'intéresse personne.” C’était une affirmation erronée. Il y avait, dans ce théâtre, deux personnes au moins qui se souciaient de Miss Caplan. Toutes deux plus âgées, peut-être plus sages… Mais surtout encore plus têtues, que cette sportive de haut niveau, au cœur noble. Aussi, cette réponse n’était pas satisfaisante. La belle n’allait pas s’en tirer aussi vite.
-”- J'espère qu'il n'est pas trop inquiet...” « Quoi Eliott ? » Non, ils n’étaient pas intimes. Seulement, Amélia appelait les gens par leur nom. Les êtres humains étaient égaux en droits et en traitement. Leur fonctions honorifiques, leur statut, ou leur aura ne l’intéréssaient pas. « Eliott est un grand garçon. Un peu angoissé. Il survivra! »
Amélia de Lascelle était une hônnéte femme, doublée d’une femme hônnéte. Elle exécrait les secrets et les mensonges. Elle avait vécu en demeurant au plus proche de ses valeurs. Quant bien même le prix que cela lui avait coûté. Dans le même temps, contre tout ce qui la constituait, elle avait accepté -par amour- de vivre avec un énorme secret. Un secret qui a habité toute sa vie. Un secret qui avait bien failli détruire son monde. Alors, elle n’était peut-être pas formée comme son espion d’époux. Mais, oui, elle pouvait reconnaître le poids d’un lourd secret sur les épaules d’une femme. Fût elle une femme sportive et solide…
Doucement, elle tira une petite fiole de sa pochette. Elle se faufile derrière sa compatriote. Un parfum de menthe monte dans l’air tandis qu’elle appliqua une goutte d’huile essentielle sur ses doigts. Doucement, telle une soeur, elle appliqua le produit sur les tempes de la jeune femme. Or, la comtesse était -entre autre chose- une bonne masseuse. Elle adorait prendre soin des membres de sa meute par ce soin. -« Respire. Doucement. Par le ventre. » Elle posa une main à plat sur le ventre de la boxeuse pour lui indiquer la voie du souffle. « Et relâche par le nez. » Elle l’invita à recommencer ainsi cinq fois de suite.
Tranquillement, la comtesse posa ses mains sur ses épaules pour les malaxer un peu: « Cette histoire m’intéresse.» Ce n’était pas le lieu pour faire un bon massage. Encore moins l’endroit pour se faire des confidences d’âme à âme. Mais, ce n’était pas grave. La porte était entrouverte. Les yeux d’Amélia souriaient au reflet de Gabrielle. Il n’y avait pas de danger ici. Elles étaient entre soeurs. « La vie m’a appris une chose. Ce n’est que quand on accepte de partager sa peine qu’elle perd l’emprise qu’elle a sur nous. » Jamais la dame n’aurait dépassé la perte de son frère sans l’aide des autres. « Tu en sera plus forte. Et plus heureuse. » C’était son doux conseil.
Les mains s'arrêtaient tranquillement. L’Américaine souria à sa consoeur: « J’ai passé ma vie avec un militaire en opération spéciale. » Un petit rire vola de ses lèvres. « Crois-moi. Je sais garder la langue dans ma poche. » La précision n’était pas superflu. Madame de Lascelle avait, par nature, une langue bien pendue. « Uniquement quand il le faut! » L’autodérision faisait tout le temps du bien. C’était une bonne manière d’évacuer la pression. « Si un jour tu as besoin d’une oreille attentive… tu viens me voir. Promis ? » Dans un élan d’affection, Amé posa un baiser sororal sur la tempe de la boxeuse.
« Prends ton temps. On s’occupe de lui. » Un petit clin d'œil solda la promesse féminine. « Et si tu veux un alibi, tu m'envoies un message. On trouvera quelque-chose. Sois ta priorité. » Les femmes avaient beaucoup trop de mal à faire ça. C’était pourtant le premier acte féministe à avoir! La comtesse range ses petites affaires avant d’aller vers la porte de sortie.
Légende: Eliott Eirik - Hector Walsh- Gabrielle Caplan - Amélia de Lascelle - Marion Charpentier - Felicia Watson - Oliver Hanovre - Caleb Blakemore
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Eliott Eirik
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27.07.23 19:17
Gabrielle Caplan
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Eliott Eirik & Gabrielle Caplan —
Caleb remarqua rapidement qu'Oliver semblait pensif, alors qu'il suivait les dames des yeux. Il lui tapota doucement l'épaule en se levant. Il était peut-être temps de mettre les voiles.
- Elle vous a tapé dans l'oeil mon ami.
Le charriant ainsi légèrement. Le juge savait parfaitement la situation dans laquelle se trouvait le Prince, mais cela n'empêchait pas de parfois secouer un peu son interlocuteur. Il était beaucoup trop sur la défensive et dans une phase dépressive. Ce n'était pas pour rien qu'ils sortaient ensemble, allaient au club. Pour qu'il arrête de se ronger les sangs ainsi.
Gabrielle ne souhaitait pas que l'on creuse dans son historique. Elle ne voulait pas parler de ça. Ce n'était pas une histoire qu'elle partageait. Encore moins quand elle se trouvait en infiltration. C'était bien trop dangereux. Ce qui arrivait là, était une vraie erreur. Il fallait vraiment qu'elle arrive à se reprendre. Alors si Amélia insistait, elle ne lui donnerait pas les cartes en main pour qu'elle puisse s'en sortir. Et heureusement, elle n'insistait pas.
- Oui, c'est un homme qui fait attention, trop peut-être.
La boxeuse fût un peu surprise de la façon de faire de sa compatriote. Voilà qu'elle se retrouvait à se faire masser les tempes, sans avoir rien demandé. Même si elle pouvait être surprise, elle ne repoussa pas Amélia. Les deux mains posées sur le rebord du lavabo, elle profita un instant de cette attention, qui, mine de rien, lui fit du bien. Baissa son angoisse, sa tristesse. Permettant cette concentration dont elle avait tant besoin. Le contact physique ne la dérangea pas, elle suivait la voix, les indications, en toute confiance avec cette femme. Respirant lentement.
Même si elle tentait de se détendre, quand Amélia repris la discussion, elle sentit quelques muscles de son dos se tendre. Parce qu'elle disait être intéressée par son histoire, lui faisant comprendre qu'elle devrait en parler, pour aller mieux. Pourtant, ce n'était pas réellement vrai. Gab' en avait parlé, ce n'était pas un secret pour tout le monde. Pourtant, ça n'empêchait pas parfois, la nostalgie, la tristesse, le manque, de se faire sentir. Là, c'était cette bêtise d'avoir cru le voir, qui la rendait ainsi. Elle ne fit pas de remarque pourtant, la laissant parler, sans la contredire. Elle ne pouvait pas entrer dans cette discussion, pas sans risquer sa couverture.
Pourtant, pourtant, le fait qu'elle utilise le terme "opération spéciale" pour parler de son mari, ne manqua pas d'attirer toute l'attention de la flic. Elle chercha dans le reflet d'Amélia dans le miroir, si elle lui disait la vérité. Elle la savait honnête, franche. Etait-ce vraiment vrai? Le comte avait-il lui aussi une double vie? Pourrait-elle vraiment trouver des alliés en plus de Kyl' sur cette île? Elle hocha alors doucement de la tête avec un petit sourire.
- Promis... dans un souffle. C'était une sorte de bouffée d'air qui serait incroyable. Mais pouvait-elle vraiment y croire?
Le baiser sur la tempe marquait cette promesse. Elle se sentait un peu mieux. Sans doute que le massage faisait son effet. Amélia avait sans doute raison, il fallait d'abord penser à soi. Pourtant, aux vues de l'homme avec qui elle était, elle ne pouvait se permettre pourtant de trop lui faire se poser de question la concernant. Il ne fallait pas éveiller les soupçons. Elle ne pouvait donc pas disparaître ainsi, sans l'avoir revu. Elle allait prendre sur elle.
- Merci Amélia. Sincère. Ça va aller. Prenant une bonne inspiration, avant de remettre un masque plus tranquille. Je te suis. Sortant alors des toilettes avec son amie, pour rejoindre la table, s'installant aux côtés d'Eliott. Lui offrant un petit sourire tranquille, pour le rassurer. Excusez-moi, tout va bien. Elle n'allait pas entrer dans les détails, ne sachant guère ce qu'elle pourrait inventer comme excuse, attrapant la carte du menu. Que prenez-vous? Me proposez-vous? Hop, meilleur moyen de faire tout oublier, pour noyer le poisson.
Croyez en moi, autant que je vous adore. ft. Gabrielle Caplan
Finalement, ces dames revenaient dans la salle de restauration. Miss Caplan avait l’air un rien apaisée. Par respect son cavalier ne revint pas sur le sujet. Il surveillait simplement qu’elle n’était pas à nouveau mal à l’aise par la suite. Eirlk ne saurait pas ce qui s'était dit. A moins de vérifier la vidéosurveillance du théâtre. Il pouvait le faire bien entendu. Mais, il n’avait pas envie de franchir cette ligne. « Prenez le rizotto. Il est réussi. » Proposait notre homme à sa compagne.
Leur dîner n’avait pas été comme prévu. Cependant ça n’avait pas été désagréable. Odin aimait trop les dames de ce monde pour aller contre cette présence féminine. Ils ont discuté de beaucoup de sujets. Mais, il était surtout question de différences cultuelles, d’art et de sport. Cette Mme Charpentier était vraiment amusante. «Merci pour cette délicieuse compagnie mesdames. Comtesse saluez votre époux pour moi. Une très bonne fin de soirée à vous. »
Bras dessus, bras dessous, Eliott l’attirait doucement hors du théâtre. Ils se retrouvaient dans la rue. Une belle voiture noire blindée se présente pour les prendre. Hector prenait tout de suite la place du chauffeur de la voiture. C’était une danse rodée. Les agents communiquent entre eux pour annoncer le départ du “flamant-rose”. Le codename était changé de façon régulière. Si ce vieux loup avait toujours sa tête sur ses épaules c’était en grande partie grầce à sa prudence.
Il était plus tard. La route était dégagée à cette heure. Ils roulaient tranquillement vers l’autre quartier. Le vieux loup prit la main de sa compagne dans la sienne. Il croisait les doigts. Ils étaient bien dans cette relation. Ils avancent tranquillement. Le mafieux n’avait pas idée de tout ce qui se passait en souterrain. Il avait définitivement baissé sa garde face à cette femme. Elles avaient toujours été sa plus grande faiblesse.
Eliott était en paix avec cette vérité. « Voulez-vous parler de ce qui s’est passé avant le repas ?» La fuite n’était pas dans les habitudes du mafieux bien au contraire, il désirait savoir…
Ils approchaient finalement de la rue dans laquelle se trouvait le Rosewood. Un homme armé d’un appareil photographique professionnel était calfeutré dans l’ombre. Il mitraille la voiture de son objectif. Il était là pour faire un buzz dans un magazine à scandale. Tandis qu’Hector ouvrait la porte passager à miss Caplan, un homme de main se déplaçait vers l’ombre pour en extraire le fouineur. Il saisit son matériel, arracha la carte mémoire et garda le tout. Puis, en un coup bien placé l’homme fut assommé. Il s’effondra sur le sol. A cet instant précis l’Irlandais fixa la boxeuse. Le message était on ne peut plus clair.
Eliott arrivait alors, juste après, il sourit à sa charmante compagne: « Si nous prenions un dernier verre sur la terrasse ? » Un homme leur ouvra les portes du lieu. Ils étaient les maîtres de ce monde nocturne. Le majordome les saluait avec déférence autant l’un que l’autre. Gabrielle était intégrée parmi eux à présent. Pour le meilleur ou pour le pire.
