Dès que les voix des surveillantes se sont éloignées je soulève les couvertures et je bondis hors du lit pour aller réveiller Megara. « Bichette.. allez debout. » C'est le moment où jamais pour faire une sortie en douce. Ça fait une semaine que je la bassine pour qu'on aille au concert. Je VEUX voir Peter chanter. Il est beau quand il chante. Tellement... hot. Il m'a vendu qu'il avait écrit une chanson pour moi. Je veux l'entendre ! Je secoue l'épaule de Magie pour la réveiller et lui chuchote de se dépêcher. On n'a pas beaucoup de temps entre les tours de garde. Ouais, comme en prison, parfois je me dis que c'est une façon pour maman de punir mon « impertinence ».

J'avais déjà préparé ma tenue pour la sortie. Je tâtonne sous le matelas et je retrouve la pile. Ça va ce n'est pas froissé. Je déteste les trucs froissés. Dans le noir quasi complet je passe ma petite robe noire, tout en faisant le guet. Je me suis déjà fait prendre une fois en février. La directrice du pensionnat a été claire. Encore une infraction et je suis renvoyée. Ce n'est pas une vie franchement. J'ai dix-sept ans. Je n'ai pas l'âge d'être retenue en cage. Bon je me maquillait dans le métro.

J'ouvre le tiroir, j'attrape la Bible et je prend la clef qui est cachée dans la reliure. C'est Zac qui m'a donné l'idée de cette cachette quand on était plus jeunes. Ce n'est pas la seule fourberie qu'il m'a filé. Je serre le bout de métal. « A nous les mojitos ! » De l'autre main je tiens ma paire de chaussures. Je ferais trop de bruits sur le parquet avec les talons.

« Prête ? » J'observe Magie dans la pénombre. Je devine sa silhouette. Je devine qu'elle est jolie. Si elle n'avait pas déjà mis le grappin sur mon frère... j'aurais certainement tenté un truc quand on s'est rencontrées. Maintenant je suis contente de ne pas l'avoir fait. C'est la seule véritable amie que je compte dans cet infernal pensionnat. Sans sa présence et notre complicité j'aurais fugué au bout de deux semaines. J'espère qu'elle ne disparaîtra pas après la fin des études. Je ne sais pas. Zac a l'air bien mordu. Mais bon avec Zac... Bref. Concentrons-nous. « Fais gaffe en passant devant le bureau. » Je l'encourage d'un sourire je pousse la porte et je prend les devants. J'ouvre le bal !

Pour sortir du bâtiment il y a deux options. J'ai choisi la plus simple. On longe les couloirs jusqu'à une porte de service au rez-de-chaussez. Là on passe la porte et on passe par l'arrière du jardin pour trouver la faille dans le grillage. Et hop à nous la liberté. J'ai été vérifié avant-hier. Ils n'ont pas encore trouvé la zone abîmée. Tant mieux pour nous parce que je n'ais pas le fric pour soudoyer. Papa m'envoie moins d'argent depuis mes conneries. C'est mieux que maman qui veut nous couper les vivres...

J'ai le cœur qui bat à deux-cent à l'heure. On passe devant le Bureau. Les filles regardent une retransmission de la Reine Mère. C'est bon avec ça on peut être tranquille. Moi je suis née en Indes. J'ai du mal à saisir la fascination Anglaise pour la Couronne. Je me penche, je passe, en faisant attention aux lattes. Ouf. Je marche vite pour atteindre la porte de la cage d'escalier. Je fais signe à Megara d'aller plus vite. « Vite! » J'ouvre la porte. On a deux étages à descendre. Je pose une main sur la rampe et là je fais mon exercice cardio de la semaine. Depuis qu'on est arrivés à Londres on fait moins de sport. Ça me manque.

Je ne m'arrête pas tant que l'on n'est pas à l'air libre. L'air me fouette la peau. Je grogne. J'ai froid. J'aurais du prendre mon petit pull noir. Ce n'est pas grave. On n'a pas le temps de faire un retour sur nos pas maintenant. Je me tiens les bras pour conserver un minimum de chaleur et j'avance vers le jardin. Je l’aime bien ce jardin. C’est le seul endroit que je trouve joli ici. J’attrape une fleur par la tige pour l’arracher et je la tend en arrière pour Meg. « T'as bien ta carte ? » Je viens d'y repenser. Un copain de Zac nous a fait des fausses cartes d'identité. Je lui ai filé la sienne la semaine dernière.

J’enjambe la marche et je me glisse dans le wagon avec Magie. Il y a moins de monde que ce que je redoutais pour un vendredi soir. Je n’aime pas être dans le monde et la foule. Enfin non, c’est plus que je n’aime pas les endroits où il peut y avoir du danger. J’ai entendu des drôles d’histoires sur ce qui pouvait arriver dans le métro. Je lance un regard vers Magie. Elle n’a pas l’air angoissée du tout. Je prend la trousse et je commence à chercher de quoi me faire une beauté quand elle me pose la question. Je cache un sourire. C’est tellement drôle de les regarder se draguer tout les deux.

« Il a dit “peut-être”. » Je ne vais pas faire comme si je n'avais pas compris la question derrière la question. Je pose un regard taquin sur elle. En vrai, je trouve ça plutôt chouette de voir Megara dans cet état. Je n’aurais juste pas parié sur mon jumeaux pour provoquer ça.  « Tu veux que je lui envoie un message ? » Je la cherche à moitié. Si cela lui fait vraiment plaisir ça ne me dérange pas de jouer les messagères. Et puis comme cela si Zac fais l’idiot je serais là pour le remettre à sa place.

A la quatrième station un groupe de sportif montent dans notre wagon. Ils sont six. Ils portent le blouson de leur équipe de foot. Ils sont sûrement d’un club de lycée public. Je les regarde bruyants, en train de dire des conneries… J’avoue que pendant une seconde seconde de les envie. « Qu’est ce que t’as dit la Conseillère ? » Elle avait rendez-vous ce matin avec la Mrs Prudence. Elle ne m’a même pas raconté comment ça s’était passé.

On arrive enfin dans le coin de la ville que l’on vise. J’ai eu le temps de passer du fond de teint rosé, un fard-à-paupières noir charbonneux pour aller avec ma petite robe et la touche finale, le rouge-à-lèvres noir corbeau. Ce soir je veux être grunge pour plaire à mon futur mec. « Donnes-moi la main ! » Debout, prête, j’attrape la main de Magie et l’on sort en courant du métro. Une fois dehors, je regarde autour de nous pour nous repérer. Je vois la petite boutique de piercings de la dernière fois. C’est par là ! Je colle mon épaule à celle de Meg en marchant et je vais lui embrasser la joue dans un bruit sonore. j’éclate de rire. Je suis tellement excitée que j’ai bien du mal à tenir en place. Ca fait des semaines que je me suis pas sentie aussi… libre. « Ca va être trop bien !»

Je pense que le videur a capté qu’on est mineurs. Je fais de mon mieux pour ne pas paraître intimidée par sa tête de biker. Mais je pense qu’il pèse au bas mot 130 kilos. Je presse la main de Meg un peu plus fort. Je sursaute, une main vient de se serrer sur mon épaule. « Salut les gonz’. » Jack. Jack Palmer l’un de nos cousins au second degré. Le meilleur pote de Zac à l’internat. Qu’est-ce qu’il fait là celui-là. Il presse mon épaule et s’avance d’un pas vers le grand barbu. « Hey Joey. Ces filles je les connais. Y a pas de bléme. Tu nous laisses entrer l’ami ? » Je secoue la tête dans un petit rire. Pourquoi ça ne me surprend pas qu’ils se connaissent ? Ca veut dire que Zac aussi vient là. Il ne m’en a rien dit le cachottier. Je lance un regard de connivence à Megara. On entre tous les trois. Jack nous accompagne. Il ne semble pas surpris qu’on soit là. Les mains dans les poches il zigzague dans la foule. Il y a déjà pas mal de monde.

Je prend les devant et j’avance en tirant Magie par la main. Je veux que l’on ait une table devant pour bien voir mon musicien. Du coin de l’oeil je vois que Jack nous suit avec un sourire de guingois. Punaise, j’espère que ce n’est pas Zac qui l'envoie faire le chaperon ! « Là ce sera très bien !»

« Ouais. Elle ne nous aime pas. » Je l’ai compris à la première fois qu’on l’a vue quand elle est venue se présenter devant notre classe au début de l’année. Je l’ai regardée, elle m’a regardé et il y a eu comme un éclair. Je pense qu’à partir de là on a été d’un commun accord elle et moi. On ne peut pas se piffrer. C’est tout il ne faut pas chercher. « M’aman peut t’avoir ce stage à l’Ambassade américaine. » Ouais mon père est britannique jusqu’au bout des ongles. Il n’y pas de doute. Ma mère est une américaine pure sang elle. Le Maryland, Baltimore, tout ça, elle a fait sa jeunesse à New-York. Là où je rêve d’aller dés que j’aurais ce diplôme à la con.

Dans le club indépendant on arrive à trouver une bonne place. Je suis contente. Je vérifie que ma coiffure tient encore la route. Je veux qu’il me voit de suite. Les musiciens sont là. Ils font les derniers réglages. Ca ne va plus tarder. Je vois du coin de l’oeil que Meg et Jack discutent. Tant mieux… Jack est un cool. Il est plus sérieux que mon frère. Mais bon je ne vais pas le dire à Megara maintenant ça va la braquer.

« Les filles, je reviens ! Il disparaît en deux deux dans la foule. J’attire Magie vers moi que nous ayons le même point de vue. Je lui désigne le grand blond avec un catogan et une barbe aux reflets miels. Il porte un blouson en cuir clouté. Il a des bijoux énormes en métal un peu partout. A un moment, il tourne la tête vers nous, pile alors que je le regarde. Il a des yeux verrons. L’oeil droit est bleu et celui de gauche est vert. Je sens mon corps se réchauffer brutalement. « Regarde ce sourire... » Il nous adresse un clin d’oeil. J’ai envie de sauter sur la scène pour aller l’embrasser. C’est rare qu’un mec me fasse de l’effet comme ça. « J’ai fais des rêves, Meg… Des rêves... » Je sais qu’elle comprend sans que j’ai a dire qu’il n’y a ni vêtement, ni silences dedans.

Un homme avec des cheveux gris entre sur la scène. Je reconnais Matin l’un des gérants de la boîte. Il attrape un des micros de pieds et balance un message à la régie qui est en fond de salle. Il y a du monde. Le bruit augmente parce que les gens commencent doucement à s’impatienter. Je vois que les musiciens se mettent en plus. Martin regarde par dessus son épaule. Il échange hors micro avec le batteur. Les lumières baissent lentement. Ca y est le groupe est présenté. Le concert est lancé. Dès que Martin quitte les planches les instru se lâchent. La foule hurle. Le sol se met à vibrer sous les pas déchaînés. « Prête ! » Je lève mon poing en l’air. Je me met à bouger plus qu’à danser. « Whouuu Houuuu ! »

Ca bouge pas mal autour de nous. Il ne faut pas deux minutes pour qu’on soit tous dans une espèce de communion déjantée. J’entraîne Megara dans la danse avec moi. Ca fait tellement du bien de se défouler comme ça. J’avance, je recule, je la fais tourner sur elle-même, je lui embrasse la joue au passage. « C’est cool hein ! » Je lui demande pendant qu’ils débutent un nouveau morceau. Il est aussi vif que le premier si ce n’est plus. Un petit groupe nous sépare l’une de l’autre. « MEG !! » Je pousse un gars pour passer.

Je pose le verre de vodka sur le comptoir. Je prend la voie la plus directe pour arriver dans le dos de Megara. Je la prend par la taille pour l’attirer contre moi qu’elle soit protégée des remous. J'en profite pour déposer un baiser dans son cou. Rien de bien méchant. « Besoin d’aide ? ! » Je souris. J’aime provoqué son goût pour l’autonomie avec ce genre de petites phrases. Je nous fais reculer jusqu’à un espace un peu plus éclaircie. Je lâche sa taille et je m’éclipse avant qu’elle n’ait le temps de se retourner. Je reviendrais.

« AH T’ES LA ! » Je vois enfin Megara derrière un grand roux. Je lui attrape la main et on retourne vers la fosse. La prochaine chanson ce sera la mienne.

Je lui lance un regard torve. J’y n’y peux rien leur choix me fait flipper. Je n’aime pas l’idée qu’ils aillent risquer leur vie pour des inconnus comme ça. Sous prétexte que ça va rendre le monde meilleur. Et après ? « Toi aussi. Je m’en doutais. … “Super” … » Zac a déjà commencé une formation volontaire l’été dernier. A part quelques presque bagarres avec un mec de Brixton il s’en est tiré avec des bons scores. Les parents n’ont rien dit. Je sais que maman déteste l’idée qu’il devienne un soldat, ou un policier. Mais Zac Sanders ne se laissera rien dicter. On le sait tous. « Tu sais que selon les stat’ un flic sur trois meurt pendant son service ! » En vrai c’est un peu moins que ça. Mais si j’exagère les chiffre peut-être que ça la décourager.

J’étais un peu inquiète d’avoir perdu Megara de vue. Je ne pense pas que l’on s’en prendrait à elle. C’est un club bien surveillé. Mais, je garde la petite hantise que les parents ont implanté. Chez nous avant, une fille ne pouvait pas sortir seule une fois que le soleil est couché. L’Indes et ses grandes joies… « Hein quoi ? Il aurait pu prévenir au moins ! Rhooo! Bon bah il se montrera. ! » Je lui attrape la main. Que l’on trouve un espace où reprendre notre tranquille alcoolisation. « Il me pose de plus en plus de questions sur toi. Il essaye de faire genre. Mais il mène son enquête. ! » Un peu comme elle le fait parfois le concernant. Je me demande combien de temps ils vont tenir à ce petit jeu ces deux-là. A leur place j’aurais déjà craqué depuis un sacré bout de temps. Quoique pour un gars comme mon frère! « Biche… surtout je ne veux pas te décourager, ni rien de ce genre. Juste faut que tu saches un truc. Il ne m’a jamais présenté aucune de ses copines. ! » Personnellement je trouve ça chelou. Qui cache ça à sa jumelle ? Vraiment ce n’est pas logique. Je suis quand même la mieux placée pour le conseiller. Je sais comment il fonctionne si ça peut marcher ou non.

Il y a un fort grésillement dans les micros. Je me cache les oreilles pour atténuer le son désagréable. Puis c’est la voix de mon musicos d’amour qui prend le micro. Je sens mes poils se hérisser à ce son que je trouve le plus sexy de la planète. Il annonce une autre chanson avec une dédicace cachée pour moi. Je le sais que c’est pour moi. « Oh mon dieu Magie. Il vient de me donner rdv ! T’as entendu ! Oh mon dieu ! Il faut que tu me couvres ! Steuplait !! ! » Je lui prend une main pour la serrer de toutes mes forces. Je lui fait le coup du chat potté. Ca marche souvent avec elle. Je me rapproche et je vais souffler à son oreille. « J’ai mis la petite culotte noire... » C’est le code entre filles pour dire qu’on est prête. On est prête à sauter le pas, à coucher.

Je l’attire avec moi vers la scène cette fois. Je veux croiser le regard de l’homme qui va me… déshabiller ce soir. Je me sens un coup de fouet et je me retiens de roucouler comme une bécasse quand je vois son clin d’oeil. Je suis mordue. « Oh mon dieu Meg chérie… ! » Je l’attire pour danser avec elle. Je me lâche niveau sensualité. Là je reconnais que c’est surtout pour attirer son attention à lui.

Je les vois bien de là où je suis. Elles sont près de la scène encore. C’est donc lui le fameux guitariste dont Iza ne veut pas me parler. Il est plus âgé qu’elle. Je vois bien le profil du gars. Je n’aime pas trop le genre biker sur le retour. Mais si je dis quoique ce soit je vais la pousser dans ses bras. Donc faut que je laisse le soin à la meilleure amie de gérer l’affaire. Je la regarde. Elle est belle. Plus que ça…

Megichou si tu crois que le noir m’empêche de savoir que tu es rouge comme une tomate. Le truc c’est qu’aucun des deux n’arrive à vraiment me cacher ce qu’il ressent pour l’autre. Ca fait un moment qu’ils en sont à se regarder en coin. Si j’avais totalement confiance en mon frère je les aurais déjà poussé dans les bras l’un de l’autre. « … merci ma belle ! » Moi je dis que qui ne dit mot consent. Tout le monde le sait. Je vais pouvoir passer à l’acte cette nuit. Mon dieu enfin. Je vais pouvoir enfin expérimenter un truc nouveau, un truc adulte. « Je te le revaudrai . » J’adresse un clin d’oeil à mon beau blond. Qu’il sache que c’est okay.

Je dois dire que Meg me surprend à se lâcher de plus en plus dans la danse. C’est cool. « Je le savais ! » Je ris avec elle. Je suis contente. Ce n’est pas que à cause de mon toréador chéri. C’est l’ensemble. Pouvoir enfin m’éclater avec elle sans que les bonnes soeurs nous tombe dessus. Il y a des mecs qui se joignent à nous. Je sens une main sur mes fesses. Je me retourne direct et je claque la main. « Dégage ! » C’est vrai que les mecs savent moins jouer que les filles. L’autre se met à rire. Je le regarde comme s’il est demeuré fini. Il n’a pas l’air frais d’ailleurs. Il me refait une tentative… Non mais sérieux. « J’ai dit DÉGAGE ! »

J’arrive juste à temps pour intercepter la main du gars avant qu’il s’approche pour la troisième fois de tes fesses. Je vois mes deux potes qui sont là. L’un de fait dégager celui qui est collé contre Megara. Les mecs râlent un peu. Moi, je me concentre sur le mec beurré. Je le regarde dans les yeux en lui tordant la main bien comme il faut. « Elle vient de dire non . » Je sens qu’il veut en venir aux mains. Vas-y mon gars. Ca m’échauffera un peu. « Zac ! » Quoi ? « Arrête. Tu te bat pas ici. J’te préviens ! » Punaise elle est sur les dents. C’est à cause de son viking à la con je suis sûre. De toute façon je n’ai pas de temps à perdre. Je vire le gars d’un coup d’épaule et je le glisse près de Meg’. « Ca va ? » Je dégage son visage de ses cheveux. Je hoche du chef. « Allez, vous avez assez joué avec le feux les filles. On va vous raccompagner. » Je souris à la belle. Je viens plus près pour la protéger de l’agitation de la foule. Son parfum arrive à mon nez. Cette petite odeur que je retrouve parfois sur les pulls de ma soeur…

« Pas question ! » Je le regarde qui se colle à Meg. Non mais il n’a qu’à lui sauter dessus au moins ce sera plus clair. Je déteste quand il vient mettre son nez dans MES affaires ! Son délir de grand frère protecteur commence à me taper sur le système. « On reste. Et t’es pas invité ... » Je siffle entre mes dents. Je vois ses potes du coin de l’oeil. A leur tronche je sais qu’il se marrent. Ca m’agace encore plus. Merde! Je ne suis pas une gamine bordel. « Meg ? Tu viens. On y va ! » Je choppe la main de ma copine pour la tirer hors des bras de Zac. Il ne va pas nous gâcher la soirée. Ce soir c’est LE soir.

Megara fait de la résistance pour ne pas avancer. Je me retourne pour la regarder. Pile à ce moment j’intercepte le sourire narquois de Zac dans son dos. J’ai directe envie de lui foncer dedans parce que je sais très bien pourquoi il sourit. Il est trop content que sa future copine me contredise. Sauf que sa future copine c’est d’abord MA meilleure amie. « On avait dit soirée entre filles tu te souviens ? . » Je n’ai pas envie que mon frère soit en mode ours protecteur autour de nous. Ça reviendrait au même que d’avoir mon père en chaperon.

« Izaline, écoute ta pote! . » Voilà Jack qui s’en mèle. Je le toise histoire de lui faire comprendre qu’il ferait mieux de ne pas trop la ramener. Je sais très bien qu’il dit ça seulement parce que Zac lui a fait promettre de nous surveiller. Ils me prennent pour une écervelée. Je le sais. Ca me gonfle. « Si on se casse de l’Internat c’est justement pour changer de décor. . » Je lance un regard d’appel à Meg. Mais je sens bien qu’elle a plutôt envie de rester avec eux. C’est le problème quand le cruche tombe sur un gars de la famille. Après, on est forcé de supporter tout le groupe. « Bien sûre fallait que tu débarques CE soir.... »

J’hausse un sourcil moqueur. Parce que tu me fait rire. Evidemment que je ne vais pas te laisser aller en boîte de nuit, un soir de semaine, sans être dans les parages. D’une je n’ai pas envie de me faire étriper par maman. De deux, je sais comment tu fonctionnes. Je n’ai aucune confiance pour ce fou qui s’agite sur scène. « En fait pas des caisses Iza . » Je viens prendre Megara par la taille. « Meg, elle ça la dérange pas... » Je glisse un petit sourire à l'intéressé. « Pas vrai Meg ? » Sur ce le troisième pote décrète que c’est réglé et va chercher de quoi boire au bar. Bon. Au moins pour ça c’est réglé. Je prend l’une des mains de Meg et je l’attire un petit peu plus loin. Juste assez pour que la bande n’entende pas ce que je vais lui dire. « Ca fait de moi ton cavalier ce soir. » Je lui déplace de nouveau les cheveux. Sur une impulsion je l’embrasse en venant lui tenir le menton. Je sens la saveur de l’alcool sur sa langue. Les cris du public nous coupe. Je me marre et je l’attire pour danser au corps à corps sur le morceau. Ce con sait jouer de la musique.

Jack attire mon attention avec une blague à la con pendant que Zac s’éloigne. Est-ce que c’est leur plan depuis le début ? Nous séparer pour que Zac puisse conclure son affaire ?! J’ai envie de lui dire ma façon de penser. Mais les gars sont là pour me barrer la route. J’en repousse un. Puis je repousse le deuxième. Mais, ils sont là. J’hésite entre les mordre ou crier. A ce moment les lumières baissent. Un spot monte pour se poser sur le groupe. Je vois mon lion sur la scène. Je le fixe et de nouveau nous regards se croisent. Le frisson dans le creux de mon ventre me fait oublier le reste. Qu’ils fassent ce qu’ils veulent ! Moi je vais me taper le plus beau mec de la salle.

Après deux morceaux il y a un entracte. Je profite du mouvement de foule pour me glisser. J’entends les gars qui m’appellent. Trop tard les balourds. Je cherche le chemin le plus rapide pour aller vers les coulisses. Je profite de l’avancement d’un groupe pour avancer derrière eux. Deux gars du staff sont là pour surveiller les entrées et sorties. Je remet mes cheveux en place. J’avance en prenant un air assuré. « J’suis la copine de Peter. J’peux le voir ? » Ils échangent un regard. Il y en a un qui parle dans son micro. Ils me laissent passer. Yes !!

Je longe le couloir. Une pointe d’excitation me mord le ventre. J’essaye de contrôler mon impatience. Je croise une ou deux personnes du staff sur le trajet. Elles passent sans me prêter un regard. Je sais que ça doit aller vite dans la fourmilière. Les bruits de conversations remontent peu à peu. Je reconnais la voix de Peter parmi elles. Je me sens sourire. Je vérifie que ma robe est bien placée. J’inspire et j’avance dans la lumière. Le sourire qu’il me sert me fait vibrer. « Yeah ... » Il pose sa guitare et vient. Je vois les autres gars du groupe qui se marrent. J’en ai rien à faire. Je veux juste…

Je relâche Megara pour qu’elle aille prendre de quoi boire. J’en profite pour aérer mon t-shirt. La session danse m’a donné chaud. Elle revient vers moi assez vite. Elle a peut-être oublié son fric. Je lui souris. Mais à son air je deviens automatiquement sérieux. « Comment ça ? » Je la contourne en grondant. J’aurais dû me douter… « Sais pas. ? » Je cherche Jack et les autres des yeux. Je vais les retrouver. Je chope Jack direct. Yeux dans les yeux et je demande en aboyant sur sa gueule. « Où elle est hein ! ? » Je le fusille du regard. Je passe aux deux autres. « On peut rien vous confier. ! » Je me détourne pour fouiller la foule. Même si je sais qu’il y a trop de monde pour que ça soit efficace. « FAIS CHIER ! » J’en chope un par le col. Rien à foutre des convenances. Je connais Izaline. Merde ! « On se sépare et on la retrouve. » Je le lâche un peu trop vivement. « Grouillez ! » Moi, j'écoute l’idée de Meg. Direction les coulisses.

La porte de la loge se referme et coupe le bruit. J’avance lentement dans l’antre du musicien. Il y a du bordel partout. J’effleure les vêtements qui passent sous mes doigts. J’aime bien le monde de la musique. Cette vie de bohème ça m’a toujours attirée. « T’es canons même sans ton uniforme dis donc... » Je rosie. C’est vrai que les autres fois je sortais du lycée quand on s’est vus. Je le regarde par dessus mon épaule. Il a l’air d’un fauve. J’ai toujours aimé les félins. C’est un truc de famille. Il approche dans mon dos. Je me sens électrisée quand il écarte mes cheveux pour embrasser mon cou. Il a ses mains qui me touche… Mon coeur accélère. « Je t’avais dit que je viendrais... » Il est tellement plus sûre de lui que les autres gars. Ca me plait et en même temps ça fait un peu peur. J’adore ça. Sa main va relever le bas de ma robe sur ma cuisse. Je retiens mon souffle. Tout à coup, je me sens avancer vers la psychée. J’entends Peter qui gronde. Quand il vient appuyer sur ma nuque pour me pencher en avant l’excitation disparaît. « Peter, qu’est-ce que tu fais ... ? »

Les deux balèzes croisent les bras. Ils se croient dans un film de gangster. Ma parole ! « Ecoute Winny je ne vais pas le répéter deux fois. Tu me laisses passer. Ok. » Il s’avance d’un pas. Il glisse un regard sur Megara qui me plait pas. « T’es sourd gros lourd !» Je sais. Je le sens. Iza est là bas. Je ne vais pas attendre. Je le fixe et je serre le poing.

Brusquement Megara prend les devants. Je sais que c'est pour faire barrage d'avec le gars. C'est une sale manie qu'elles ont toutes les deux, de se mettre en travers de mon chemin. Mais là, je suis halluciné par ce que je vois. Le numéro de l'allumeuse. J'ai beau piger que c'est pour entrer sans casser la porte. J'aurais préféré enfoncer mon poing dans ce molosse. Putain Iza... « Ouais. Sorry mec. C'est de famille. On est des chauds. Pas de rancune ! . » Je lance un regard assassin à la "cousine" par la même occasion. Franchement, la technique de la pouffe ? L'important, allez, c'est que les ours nous accorde le droit de passage. Ni une, ni deux, je chope Meg par la main et on avance dans le couloir.

« IZALINE ! ? » Zac ? « ZAC ! » J'ai un regain de courage en sachant que tu es là pas loin. Je crois que je n'ai jamais été aussi contente que tu sois collants. Je force de mes mains pour me dégager de l'emprise de Peter. « IZALINE ! ? » Oui! Je suis là ! Trouve s'il te plaît... Zac... « ZAC ! » Je sens une main qui vient se coller sur ma bouche. Je panique. Je cris. Mais il est étouffé. « Ta gueule... » Je crois que mon coeur va sortir de ma poitrine tellement il bat fort. J'ai peur. Je comprends que le truc dur contre ma cuisse c'est son pénis en érection. Pitier. Non... Pas comme ça. ZAC !

Je sens la peur dans ses cris putain. Pourquoi les gens ne font rien. Je donne un coup d'épaule dans la porte d'où vienne les cris. Elle est fermée à clef. Le métal vibre. Mais ça ne céde pas. « OUVREZ LA PORTE ! » Enfin, une des filles du staff nous regarde. Elle doit avoir capté parce qu'elle se ramène fissa. Je regarde ses mains qui tremblent pour ouvrir la porte. Enfin ça s'ouvre. On tombe nez à nez avec...

Il y a plus de poids sur mon dos. Je me redresse en panique et je cours loin de Peter. Je tire avec force sur ma robe pour me cacher. Je pleure. Je ne m'étais même pas rendu compte que je pleurais. Dans l'agitation je ne sais pas quoi faire. « JE VAIS TE TUER! » Zac et Peter se battent. Ou plutôt Zac cherche à garder le dessus sur le grand blond. Il est moins musclé que lui. Mais il est en colère. Moi, je sais que la rage chez Zac ça peut mener loin. Il y a des personnes qui arrivent dans la loge pour les séparer. Je me pousse. J'ai peur pour Zac. « Lui faites pas de mal ! Zac ! ZAC ! ARRÊTEZ! ! »

Je veux tuer ce porc. Mais on m'arrête. Ils sont deux. J'ai beau lutter y a rien à faire. Ils me repoussent hors de la loge. Y en a un qui me plaque contre le mur et me coince. « L CHE-MOI ! » Le chef de la sécurité arrive. Il a appelé la police. Une unité est en route pour le club. C'est terminé qu'il dit. Qu'il croit ! Ca ne va pas s'arrêter là. Je vais lui couper les couilles à ce connard. « Zac... Zac tu saignes... ! » Ouais, j'ai senti l'arcade péter. Rien à foutre. Je cherche Megara des yeux. Je sais que je peux compter sur elle. « Meg. Meg t'écoutes ? Tu prend les trois autres gars. Tous les 5 vous allez au commissariat. Elle porte plainte contre cet enfoiré. C'est clair ? Hein ? ! » On me retourne face contre le mur. Le type me tord les bras pour les mettre dans mon dos. Des menottes aux poignets. Okay. Ca pue.