Evidemment toujours dans la délicatesse, s'il avait eu le mérite de calmer Louisa, il eut également le droit de la voir craquer. Marlon se maugréât intérieurement. Il avait aussi ce don de ne pas faire dans la demi-mesure parfois.
Il lui semblait qu'avec les années, il soufflait un peu moins le chaud et le froid, et qu'il arrivait à mettre le curseur parfois au milieu pour ne pas déstabiliser son monde, mais il avait des ratés encore. Et là, c'était était un exemple flagrant.

Pour autant, il n'arrivait pas à réellement culpabiliser. Pour le coup, même s'il n'y avait pas mis toutes les formes, il trouvait aussi que la jeune fille avait été pas mal injuste avec lui.
De là, à aller jusqu'aux excuses et de cette façon, c'était un peu sur-réagit une nouvelle fois à son gout.

Lorsqu'elle rejoignit le sol véritablement à bout de nerfs, il s'accroupit une nouvelle fois face à elle. Il sortit direct le drapeau blanc.
- C'est bon, t'inquiète. Excuses acceptées.

Il n'allait pas en faire une maladie, maintenant que de surcroit il appréhendait un peu mieux ce qu'elle pouvait vivre, parce que mine de rien il en savait déjà pas mal en un rien de temps, il l'excusait parfaitement de son emportement. Et en plus, il avait subi bien pires insultes, pas de quoi se vexer pour un vieux briscard comme lui.

Et puis elle restait une enfant. En pensant cela, il sourit parce qu'il savait parfaitement qu'elle détesterait être considérée comme telle. Et pourtant... Vu ce qu'il savait de son histoire, assurément elle devait manquer de repères et de bases, en tout cas les bons, pour entrer pleinement dans le monde adulte.

Ce n'était peut-être pas volontaire de sa part, mais il était clair aux yeux du Tank qu'il ne la laisserait pas comme ça dans le néant. Cette gamine avait l'âge d'être sa fille, et en aucun cas il aurait aimé qu'on laisse sa progéniture dans un tel désarroi sans rien faire.

Il soupira, se redressa, la saisissant gentiment pour la relever.
- Allez, relève-toi. C'est surement pas parterre qu'on trouvera une solution à tout ce merdier. Lui souriant pour dédramatiser un peu la situation.

C'était une sorte de promesse qu'il lui faisait à sa manière.

Bon, par contre, il se doutait que pour ses courses de noël, aujourd'hui c'était cuit! A chaque jour, ses priorités!

Louisa était perdu et se laissa pleurer de tout son soul. Elle était épuisée. Il y avait trop d'émotions, trop de choses. C'était devenue trop difficile. Elle ne savait plus quoi faire, ni vers qui se tourner. Le flic était toujours là, se mettant à sa hauteur. Louisa se sentit soulagée. Il n'était pas parti.

Il l'aida à se relever. Louisa se sentait tremblante. Elle passa de nouveau les mains sur son visage, essayant de nettoyer les larmes. Ses yeux la brûlaient d'avoir trop pleurée. L'homme essayait de dédramatiser la situation, mais Louisa n'avait plus la force de rire. Elle était juste épuisée et désespérée. Elle voulait croire qu'une solution était facile à trouver, mais elle n'en voyait pas. Ne sachant que faire, elle commenta très simplement "Il faut que je rentre dormir...". Il fallait qu'elle dorme pour récupérer et avoir de nouveaux les idées claires. Elle avait besoin d'une pause. Louisa donna l'adresse du foyer à Marlon, expliquant le trajet et qu'elle serait le bon arrêt.

La rame de métro entra dans la gare. Cet élément quotidien réconforta quelque peu Louisa. Certaines choses ne changeraient jamais. L'adolescente resta ensuite silencieuse. Le regard éteint, elle n'était que très peu attentive à son environnement. Louisa ne se sentait pas bien. Elle avait mal à la tête et se sentait vacillante. Son sac de guitare lui semblait désormais vraiment lourd. Il était nécessaire qu'elle se pose pour retrouver de l'énergie, parce que cette fois elle était vraiment à sec.

Louisa se mit donc en marche, lentement, vers son foyer. Elle n'avait pas le choix, il fallait qu'elle retrouve son lit. La présence de Marlon lui assurait au moins le fait qu'elle aurait un trajet tranquille. Ce n'était pas toujours de tout repos, surtout pour ceux qui le métro et la rue sont leur univers. Louisa était comme les autres, si elle avait réussi à se faire des allier, elle avait aussi des ennemis. Et dans cet état, elle n'avait pas la force de les affronter. Louisa demande au flic "Qu'est-ce qu'il faut je fasse ?". L'adolescente ne savait plus quoi faire, ni ce qu'il attendait d'elle. L'adolescente avait l'impression d'avoir déjà tout fait et déjà tout dit par rapport à la disparition d'Emily. Louisa ne savait pas ce qu'elle pouvait rajouter. Elle avait l'impression de tourner en ronds et que les dès avaient déjà été jetés. L'adolescente était réellement de bonne volonté, mais ne savait plus commet agir.

Tout professionnel qu'il était, il y avait certaines situations où humainement Marlon ne savait pas trop comment réagir. En l'espèce, il voyait bien que la jeune femme en face de lui n'allait pas. Et en y songeant, il y avait plutôt de quoi.

Le seul avantage, pour l'instant, il n'était pas en service, même si dans sa conception du job, on est flic 24h/24 et 365 jours par an. Non, ce qui changeait un peu là, c'est qu'il n'y avait pas sa team avec lui, aussi personne pour se foutre de sa gueule, potentiellement.

Le duo hétéroclite se mit en mouvement pour rejoindre le foyer de la jeune femme en théorie.

Alors, plus que le flic, c'est l'homme, l'oncle même qu'il était qui prit le dessus et agît comme il le sentait, ressentait.

Devant le désarroi de la jeune Louisa, il lui prit la guitare qu'elle portait dans un geste naturel. Car plus que le poids de l'instrument, c'est sous le fardeau de son quotidien qu'elle croulait.
Alors qu'ils avançaient côte à côte, très gentiment, il l'attrapa par le bras, il la décala vers le mur de façon à ne pas gêner les gens qui arrivaient derrière eux.
- Hey!? L'homme se mit alors face à elle, cala la guitare sur son épaule, et ouvrit les bras dans un geste accueillant, avec un petit sourire en coin. Viens là.

Le ton était plus une véritable invitation, qu'un ordre impératif. Dans l'état où Louisa était, il savait bien qu'elle était à fleur de peau, et il voulait nullement la braquer.
- Tu sais quoi? On va aller manger un morceau, je réfléchis mieux le ventre plein. Et on va monter un plan d'action digne de ce nom. Ca te va?

Même si elle régissait mal, il ne lâcherait pas l'affaire comme ça. Il pouvait faire sans son aide, mais Marlon était persuadé qu'ils iraient plus vite si elle se livrait en confiance et totalement.

Selon ses valeurs, il ne supportait pas de la voir aussi anéantie.

Le flic prit la guitare de Louisa. Si c'était agréable que quelqu'un d'autre porte l'instrument, l'adolescente ressentait aussi de l'inquiétude. Cela représentait beaucoup pour elle. C'était presque toute sa vie. Il y avait tout ce qu'il y avait de précieux, au niveau financier comme affectif. Elle commenta très simplement "Attention, c'est fragile". Une partie de son esprit était tourné vers cet objet. Elle ne voulait pas perdre de vu ses affaires. C'était trop important.

Quand l'homme l'attrapa par le bras, Louisa se crispa. Elle ne pouvait pas s'empêcher d'avoir peur. Marlon était flic, il avait montré un peu plus tôt que c'était quelqu'un de bien... Mais c'était aussi un homme et Louisa ne lui avait pas donné toute sa confiance. L'adolescente avait eut trop peur et avait eut trop de mauvaise expérience pour se laisser totalement guider. Louisa se recula un peu, hésitante. Elle ne pouvait pas partir parce qu'il avait sa guitare sur le dos et elle ne pouvait pas l'abandonner.

Louisa se sentait en détresse et elle savait que cela se voyait. L'adolescente savait que certaines personnes pouvaient profiter de cette faiblesse... La jeune femme ne pouvait pas devenir une proie. La proposition de Marlon n'était pas forcément malveillante, mais Louisa envisageait toujours le pire pour se protéger. Néanmoins, avoir un repas chaud et gratuit représentaient de gros avantages.

L'adolescente répondit sur la défensive "Je n'ai pas de quoi payer.". Il valait mieux être clair directement. La musicienne n'avait pas un sous en poche, juste de quoi payer les transports en commun. La faute aux temps qu'elle avait utilisé pour retrouver son amie... Mais aussi au responsable de foyer qui se montrait de plus en plus agressif. Louisa enchaine ensuite, posant ses conditions "Je veux bien mais que si c'est sur le chemin du foyer... Et si c'est un endroit que je connais.". L'adolescente ne se laisserait pas entrainer dans un endroit inconnu. Il y avait trop de risques, de choses non maitrisés. Elle essuya de nouveau son visage. Elle se sentait épuisée. Elle était inutile dans cet état. "Il faut que je rentre au foyer pour dormir... Là je suis capable de rien...". Enfin même si elle avait été en meilleur forme auparavant, tous ses efforts n'avaient pas permis de retrouver Emily.

Louisa repensa à son amie, observant le flic, se demandant si quelque chose était réellement faisable. Que ferait Emily si c'était Louisa qui avait disparu ? Elle serait capable de remuer ciel et terre, profitant de toutes les aides possibles. L'adolescente n'avait pas une superbe image de la police, mais elle devait leur faire confiance et saisir cette opportunité.

Marlon se doutait bien que le guitare de la petite était son plus grand bien. Il était évident pour lui qu'il manierait l'instrument avec une grande attention. Aussi à son avertissement, l'homme lui répondit dans un hochement tête avec un petit sourire rassurant.

Heureusement qu'il s'était méfié, se doutant que chaque contact physique pouvait être vu comme une potentielle agression par Louisa. Le flic avait bien sentit sa protégée se raidir. Il laissa donc tomber son intention de lui donner l'accolade qui l'aurait peut-être réconfortée. La jeune femme n'était visiblement pas assez en confiance. Il comprenait bien du reste, mais dans l'état où elle était, il avait pensé qu'elle y répondrait. Acte manqué. Il n'était pas vexé pour autant.

En revanche, Louisa sembla accepter son offre pour manger quelque chose plutôt facilement. Une nouvelle fois, il la rassura avec un petite sourire avant de préciser.
- Pas de souci. Je t'invite bien sûr.

Il se doutait bien qu'elle n'avait pas trop de quoi payer vue sa situation. Et en l’occurrence ce n'était bien sûr pas un problème pour le flic. Lorsque Louisa posa ses conditions, l'homme ne put retenir un petit éclat de rire.
- Comme tu veux, c'est ok pour moi.

De toute façon, Marlon n'avait aucun à priori, ni aucune idée précise d'ailleurs. Ils pouvaient bien aller où Louisa voulait.
- Pas de problème, je te raccompagne. Ca va nous permettre de discuter un peu en chemin, et au moins tu dormiras avec quelque chose dans le ventre.

Le duo prit la direction de la sortie. Arrivés dehors, Marlon précisa de suite ses conditions à lui, en quelques sortes.
- Je t'invite, alors profite un peu. Evite le Kébab du coin, j'en ai marre et fais-toi plaisir pour une fois.

C'était évidemment sincère et sans arrière pensée aucune. Si ce n'est qu'elle se détende un peu et se livre un minimum, afin qu'il puisse s’imprégner des éléments et mieux comprendre la vie des deux jeunes amies, en espérant trouver une stratégie payante pour retrouver Emily.

L'homme avait l'air de vouloir détendre la situation. Mais Louisa n'arrivait à changer sa vision des choses. Elle était trop sur la défensive pour agir autrement. Elle avait ce sentiment de peur qui ne la quittait jamais vraiment. L'adolescente ne se sentait pas en sécurité dans sa propre vie. Louisa n'avait pas de ressources financières et manquait profondément de personnes sur qui compter. Il lui manquait des repères... Et sans Emily, cette sensation d'être perdu s'aggravait.

Marlon avait laissé échapper un rire et l'adolescente ne le comprenait pas. La trouvait-il ridicule ? Louisa ne répondit que par un simple hochement de tête à sa dernière phrase. Le calme et la bienveillance du flic canalisait Louisa, la rendant plus tranquille. L'adolescente resta silencieuse pour la suite du trajet, expliquant seulement le chemin à suivre. Ils finirent par arriver dans un petit centre commercial, où ils montèrent à l'étage. Il y avait y avait un resto, un diner américain. Louisa aimait bien cet endroit, c'était un peu leur QG à Emily et elle. L'adolescente s'y sentait en sécurité. La cuisine n'avait rien d'exceptionnel. La décoration était typique des dinners américains, génial pour certain, horrible pour d'autre.

Arrivé devant le comptoir, la serveuse s'avança vers eux et reconnue immédiatement l'adolescente. C'était une femme d'une trentaine d'année au sourire commercial. "Bonjour miss." La serveuse regarda ensuite de haut en bas le flic, puis demanda à l'adolescente dans un argo rapide "Je croyais que tu suivais les même règles qu'Emily". Louisa répondit de le même façon "Ce n'est pas un client". Puis elle continua en anglais "Ca sera la même chose que d'habitude pour moi", elle se retourna ensuite vers Marlon "Je te laisse choisir, je vais m'asseoir". Louisa n'avait pas envie de continuer de parler avec la serveuse, Ines, surtout devant le flic. En tant qu'agent de terrain, il avait forcément compris leur échange et Louisa n'avait pas envie de se justifier. De plus Ines avait tendance à être assez bavarde, pouvant tenir de longues conversation. En bref, elle n'était pas méchante mais pouvait vraiment être lourde et désagréable.

Louisa savait exactement où s'asseoir, elle connaissait l'endroit par coeur. L'adolescente se posa près d'une fenêtre donnant sur la rue. D'ici, elle avait un excellent spot pour voir ce qu'il se passait sans être vu. Elle avait sciemment choisi une chaise au lieu d'une des confortables banquette du dinner. Cela lui permettait de se lever rapidement. Assise dans le coin de la pièce, personne ne pouvait arriver derrière elle ou sur le côté. La sortie de secours se trouvait à deux pas, donnant la possibilité de monter sur le toit ou de partir par la rue en cas de problème. Un extincteur n'était aussi pas loin, ce qui lui permettait de s'assurer un excellent moyen de défense au cas où. En centre fermé, Louisa en avait fait les frais une fois. Elle savait que le jet projeté de façon concentré pouvait repousser ou blesser quelqu'un assez facilement.

Assise, Louisa posa un coude sur la table et reposa sa tête sur une de ses mains. Elle ne quittait par le flic du regard, restant attentive. Dans cet environnement, elle se sentait plus sereine, mais cela ne l'empêchait pas de rester en alerte. Elle attendait que le flic vienne s'asseoir lui aussi, puis elle expliqua "J'aime bien cet'endroit.". Puis elle laissa la conversation en suspens, ne sachant que dire ou que faire.

Assurément la confiance était encore loin d'être de mise. Marlon le notait dans presque chaque geste, chaque posture de la gamine. Avec les années, il avait l'oeil pour voir ce qui cloche dans le comportement des gens. Il avait beaucoup appris de son métier de flic.

Pour autant, il comprenait aussi, et il n'en voulait nullement à Louisa. Donc il ferait en sorte de ne pas la brusquer, de lui laisser le temps de faire connaissance. S'ils arrivaient à un certain niveau de confiance, sans doute serait il plus efficace. En tout cas, il ne lâcherait pas l'affaire si facilement.

Le duo insolite rejoignit un resto que le flic ne connaissait pas.
- Sympa, ici. Dit-il dès l'entrée, alors qu'il regardait la déco vintage du lieu qu'il appréciait assurément.

L'homme laissa faire l'habituée du lieu. Il ne fit pas de commentaire à la façon dont la serveuse le détailla fort peu discrètement et l'échange qui suivit. Ca ne lui avait pas vraiment plût, mais il ne voulait fâcher personne. Et il se fit la réflexion qu'il avait bien fait quand il comprit que Louisa était connue comme le loup blanc ici.

Il la laissa passer commande et disparaître, puis regarda le menu. Son choix fait, il attendait qu'on prépare le plateau.
- Désolée pour toute à l'heure. Fit la serveuse.
- Pas de souci, je comprends. Ces gamines ne méritent pas ce qui leur arrive... Il commençait à ne plus trop savoir quoi dire, car il ne savait trop comment appréhender leurs relations au juste, mais le flic se fit couper la parole par la serveuse. Ouf!
- M'en parlez pas, j'en suis malade pour Emily. Pauvre gamine.
- Justement, je suis là pour aider à la retrouver.
- Vous pensez qu'elle est toujours en vie?
- J'espère bien! Voyant que le plateau était prêt, Marlon sortit de son portefeuilles de quoi payer et une carte de visite neutre. Je vous laisse ma carte. N'hésitez à m'appeler ou à m'envoyer tous les détails qui pourraient vous paraître intéressants pour retrouver la petite. Ca me tient à coeur pour Louisa... Comme la serveuse voulait lui rendre la monnaie. Non, gardez tout.
- Merci... Regardant la carte. Marlon! Je vous apporte le dessert un peu plus tard.
- Ca marche, à toute à l'heure. Avec un petit clin d'oeil.

Il voulait jouer la carte du mec sympa. Il avait dans l'idée que ce serait sans doute plus payant.

Marlon rejoignit sa protégée. Il repéra de suite l'endroit stratégique. Lui-même, sans doute pas exactement pour les mêmes raisons que Louisa aurait choisi la même place. L'homme posa le plateau sur la table et s'assit en face de la jeune fille.
- Dis-donc, tu t'es pas lâchée. Fallait en profiter! Montrant du doigt ce qu'il estimait être une maigre ration avec un sourire en coin.

Il attrapa sa boisson, et se retourna un peu pour embrasser l'endroit du regard du point de vue de Louisa.
- Alors, c'est votre QG ici à toi et Emily?

Il en doutait. Mais en revanche si c'était le cas, c'était déjà une bonne preuve de confiance.

En tout cas, le flic trouvait que c'était des plus importants de se retrouver dans le quotidien de la disparue pour essayer de trouver un début de piste.
Il allait appeler JB pour faire le point dès qu'il aurait 5 minutes, mais là, tout de suite, il avait du boulot.

Louisa regardait l'échange entre le flic et la serveuse. De sa place, elle ne pouvait pas comprendre ce qu'ils disaient. Mais l'adolescente n'était pas inquiète. La serveuse était peut-être maladroite mais pas méchante. Elle vit le flic lui laissait sa carte. Louisa ne savait pas vraiment si c'était une bonne ou mauvaise chose. Elle avait besoin d'aide mais ne vouait pas non plus être compromise. L'adolescente n'était pas totalement clean et espérait que cela ne lui porterait pas préjudice. Elle n'avait pas envie de se retrouver en garde à vu ou pire, en prison.

L'homme finit par venir s'asseoir et Louisa eut un petit sourire devant sa remarque. C'était déjà un bon repas pour elle. Prenant sa boisson, Louisa répondit à l'affirmative à la question de Marlon. Ce dinner était un endroit important pour elles deux. C'était leur refuge. L'adolescente avait déjà dormi dans le restaurant, un soir où elle avait été beaucoup trop ivre pour rentrer. Le responsable du foyer n'acceptait pas ce genre de comportement, et elles avaient trouvé refuge ici ce soir là.

Louisa commençait à se détendre un peu plus. Elle n'avait pas encore totalement confiance à en Marlon, mais elle voulait vraiment retrouver son amie. Si ce flic pouvait l'aider, alors elle devait tout faire pour que cela se passe bien. Elle demanda "Est-ce que tu peux me passer mon sac s'il te plait ?". Puis, récupérant l'objet, elle le plaça à côté d'elle. Louisa cala son sac contre le mur puis ouvrit une petite poche où elle en sortit une carte de Londres, elle l'a posa sur la table puis expliqua. "J'ai cherché Emily partout où elle pouvait se trouver." Il y avait de nombreux points, autant de lieux où elle s'était rendu pour trouver son amie. "J'ai montré sa photo à tout le monde, mais personne ne l'a vu.". Louisa passa sa main sur la carte, essayant de lisser le papier froissé. Elle finit par de nouveau s'enfermer dans le silence. Elle avait tellement peur pour son amie.

Manger et être assise au chaud lui faisait un bien fou. Il était toujours aussi nécessaire qu'elle dorme, mais elle avait retrouvé un peu d'énergie. Louisa avait accumulée une grosse fatigue émotionnelle, il était nécessaire qu'elle se repose. Louisa continua son explication "J'ai donné toutes les infos, mais aussi la carte, à Lemoine." Puis elle demanda "Tu le connais ?". Quels étaient leur lien ?

A son nouveau trait d'humour, Marlon crut voir le premier sourire digne de ce nom de Louisa depuis leur rencontre. Ils avançaient doucement.

Comme la jeune fille confirmait que c'était leur refuge, le flic regarda un peu plus en détails, voulant s’imprégner un peu mieux du lieu. Cela pouvait parfois sembler idiot, mais Marlon y trouvait souvent une sorte d'aide. C'était assez subjectif mais pas dénuer d'intérêt pour lui.

Lorsque Louisa demanda après son sac, l'homme s'exécuta.
- Bien sûr.

L'instrument et le reste passa de l'autre côté de la table. Louisa en sortit une carte de la ville tandis que Marlon commençait son repas. En même temps, il regardait un peu les quartiers marqués. La zone était déjà grande, sans compter que Emily pouvait être bien plus loin encore.
- Vous rayonnez pas mal dis donc. Il s'abstient de rajouter que les quartiers n'étaient pas toujours des plus sûrs.

Il imaginait bien qu'à vivre de débrouilles, les gamines faisaient comme elles pouvaient et que forcément ça pouvait comporter de prendre quelques risques.

L'homme remarqua que son vis à vis était bien songeuse. Son moral semblait bien bas, et là encore il comprenait. Il allait poser quelques questions quand Louisa le questionna sur son collègue. Marlon sourit légèrement avant de lui répondre.
- Si je le connais? Il hocha affirmativement la tête. Et comment. Accessoirement c'est mon chef, et c'est ce que j'ai de plus proche comme meilleur pote.

Il enfourna une frite, et commenta.
- Pas mauvaises du tout, dis-donc. Dommage que ce soit loin du Yard, on pourrait en faire notre cantine aussi.

Ouais, le lieu lui plaisait bien, assurément.

Mais voyant bien que ce genre de digressions n'était pas du plus grand intérêt pour Louisa, il rebondit vite.
- Il est justement ce genre d'ami que s'il disparaissait, je remuerais ciel et terre pour remettre la main dessus. Aussi, je comprends parfaitement ce que tu peux ressentir, et ta frustration.

Les disparitions n'étaient pas la spécialité de l'équipe. Mais ils avaient quelques bonnes bases, et des moyens. Trêve de plaisanterie, l'homme se décala un peu en regardant mieux la carte.
- Bon, montre moi où tu l'as vu la dernière fois et où elle t'a dit aller.

Suivant sa réponse, il enchaina aussitôt.
- Et tu l'as pistée jusqu'où? Savoir où on avait perdu sa trace précisément. Comme Marlon connaissait pas mal Londres depuis le temps, ça pouvait aider.

Louisa était attentive à ce que disais son interlocuteur. Ainsi donc les deux flics étaient collègues et amis ? C'était une bonne chose, cela pouvait simplifier les recherches. L'adolescente avait aussi une image plutôt positive de Lemoine, alors le fait qu'il soit collègue avec le flic la rassurait un peu plus.

Le commentaire sur la nourriture la fit sourire une peu plus, elle répliqua "Trop tard ! C'est déjà le QG d'une équipe !". Pas besoin de transformer le dinner en poulailler. Pour le reste, Louisa n'aimait pas la police, mais pour Emily ce sentiment était plus fort. L'adolescente était peut-être plus instable que son amie, mais Louisa était beaucoup moins extrême. Emily pouvait aller beaucoup plus loin et savait faire mal lorsque c'était nécessaire. La vie pouvait être dure.

Louisa laissa échapper un soupir de frustration et de culpabilité avant d'expliquer "Justement, c'est ça le problème.". Tout son travail n'avait mené à rien. L'adolescente avait cherché pour ne finalement ne rien trouver. "Le soir où Emily a disparu, elle m'a juste dit qu'elle sortait...". Louisa avait pensé et repensé à cette conversation de nombreuses fois. Elle aurait pu savoir, mais n'avait même pas posé la question. Tout aurait pu être évité. La disparition, la peur, l'angoisse... Tant de choses pour une si petite erreur. "Je ne lui ai pas demandé ou elle allait." Louisa essaya de se justifier "Je ne pensais pas que ça pouvait mal se passer. C'était une soirée normal, tout était normal !" Laissant revenir la frustration, elle jura "Putain...".

Louisa montra l'emplacement du foyer sur la carte "Voilà où s'arrête la piste, aux portes du foyer." L'adolescente avait fait de nombreux scenario, elle avait spéculé pour finalement arrivé à la conclusion qu'elle ne savait rien "A partir d'ici, elle a pu aller n'importe tout, à pied, en transport en commun ou encore en voiture.". Emily n'avait pas évidemment pas de voiture, mais les clients pouvaient en avoir. Mais ce n'était pas du style d'Emily.

L'adolescente continua, se laissant porter par le récit. "En fait, je ne me suis pas inquiété au début. C'était normal, je veux dire, ça lui arrivait parfois de disparaître un ou deux jours. Mais elle finissait toujours par me prévenir". Louisa était en confiance, elle expliquait plus facilement les événements. "Emily ne peut être partie définitivement sans me prévenir. C'est ma pote de foyer.". Puis repensant au vide affectif et familial, elle continua "Elle a pas de famille, personne sur qui compter... ou qui peut s'inquiéter pour elle... Il n'y a que moi.". Et pour Louisa c'était la même chose. Si elle disparaissait aujourd'hui, personne ne s'inquiéterait réellement de sa disparition. Peut-être Marlon et Lemoine désormais, mais c'était tout.

Lorsque Louisa se défendit d'en avoir déjà fait leur lieu à elles, et ne voulant pas partager, Marlon étouffa un léger rire. En revanche, le flic reprit son sérieux quand elle précisa la situation lors de la disparition d'Emily. Evidemment, ça n'aidait pas vraiment pour donner un vrai début de piste. Mais chaque détail, aussi insignifiant semblait-il, avait son importance.

Louisa s'en voulait aujourd'hui. Avec le recul, elle l'aurait bien sûr questionnée si elle avait sût. Alors qu'elle jurait, le Tank essaya de la tempérer un minimum.
- Hey, cool. Tu ne pouvais pas savoir.

Il comprenait qu'elle se sente aussi coupable qu'inutile. La jeune fille continua son récit avec application. Marlon avait noté mentalement l'emplacement du foyer. Il la laissa continuer prêtant attention à tout.
- Dis m'en plus sur ton foyer... C'est quel genre d'établissement? Le tôlier, il est comment avec vous?

Ca pouvait largement avoir son importance. Et si le gars n'était pas réglo, peut-être que Marlon aurait à intervenir. Et une petite visite ne serait pas superflue, quoiqu'il en soit.

L'homme regarda encore la carte attentivement, et ajouta.
- Je connais du monde dans ces quartiers, il y a forcément quelqu'un qui sait ou qui a vu quelque chose.

Même s'il avait un peu peur de la réponse, Marlon avait besoin d'en savoir le plus possible.
- Ca fait longtemps que tu zones avec Emily?

En attendant, le flic mesurait parfaitement le sentiment d'impuissance de cette gamine. Déjà avec des moyens ça pouvait vite devenir frustrant ce genre de recherches, mais alors seul et sans aucune oreille attentive et compréhensive, il y avait vraiment de quoi péter un cable.

Marlon avait beau dire qu'elle ne pouvait pas savoir, ce que n'était pas de sa faute, Louisa se sentait tout de même coupable. Elle aurait dû savoir et agir avant de se retrouver dans une telle situation.

La question du flic par rapport au foyer était évidente. Elle devait forcément arriver à un moment. Louisa n'avait pas très envie de parler de tout ça. Pourtant elle savait que c'était important, le responsable du foyer était un de ses premiers suspects. Au moins, pour une fois, ce n'était pas quelqu'un qui l'avait déjà rencontré et qui était tombé sous son charme. Phil Wilson était connue pour être quelqu'un de gentil et de généreux. La réalité était tout autre. Ce mec était une vermine manipulatrice et cruelle. Louisa commença par expliquer la fonctionnement de l'établissement "C'est un foyer pour les jeunes de 15 à 25 ans. Il est dédié aux gens qui ont vécu en famille d'accueil. Genre, ça ressemble à une résidence étudiante. Chacun à une chambre avec un petite salle de bain, la cuisine est commune." C'était un lieu bordélique et par toujours correct niveau hygiène, ce qui n'était pas surprenant quand c'était habité que par des jeunes en manque de repère. "Le responsable du foyer, tu dois le voir régulièrement pour voir si tout va bien... Si tu respecte les règles : pas d'alcool, pas de tabac, pas de drogue, pas d'embrouille avec la police. Faut aussi que t'es un taff ou alors que tu fasse des études. Si c'est pas le cas et que t'es majeur, le mec et mets dehors.". Les règles étaient simples, la réalité aussi, tout était fait à la tête du client. Auparavant, en étant mineure, Louisa était énormément protégé par la loi. Désormais, chaque mois était compliqué à boucler. L'adolescente avait peur de finir à la rue. Elle savait que cela finirait mal. "Normalement, c'est gratuit". Sauf ici, sauf à Londres avec cet enfoiré de Phil Wilson. La jeune femme s'était retrouvée au pied du mur à cause de lui. Elle avait du voler un porte-monnaie, s'était faîte percuter par une voiture et retrouvée commissariat. Au final, tout s'était terminé de façon totalement inattendue et Louisa avait pu payer son loyer.

Elle regarda le flic droit dans les yeux puis continua "Phil Wilson, c'est le responsable du foyer. Faut pas le brusquer." Louisa finit par faire glisser son regard vers la rue, observant les passants. "Déjà, si la police se ramène, il va être certain que c'est moi... Et je vais me faire virer du foyer.". Elle ramena ses mains sur ses jambes, gestes presque inconscient. Cette possibilité la terrifiée. "J'ai nul part où aller. Le foyer, même si ça peut être merdique, c'est chez-moi.". C'est là qu'elle avait rencontré Emily. C'était le lieu qui lui assurait un minimum de stabilité. Sans pied à terre, Louisa risquait de partir complétement en vrille. La vie de l'adolescente était précaire, mais il y avait une certaine routine. Un certain sentiment de sécurité émanait du lieu, même si Louisa évitait tout contact avec le responsable du foyer. Cet homme lui faisait terriblement peur. Il avait la main sur sa vie et il le savait.

Louisa espérait que le flic avait raison, que quelqu'un savait bien quelque chose. Mais l'adolescente commençait lentement mais surement à perdre espoir. Puis, la jeune femme finit par répondre à la dernier question de Marlon. "Ça fait quasi 2 ans". Depuis que Louisa était sortie du centre fermé.

Plus les minutes passaient, plus il semblait au flic que la jeune femme en face de lui se détendait. Ce n'était pas encore la fête, surtout vu le sujet, mais l'hostilité de Louisa s'atténuait gentiment mais surement. Marlon comprenait bien que l'autorité qu'il représentait était un handicap à leur relation. Pourtant il voulait que leur coopération fonctionne, surtout si ça permettait de retrouver Emily.

En attendant, le Tank appréciait son repas. C'était franchement pas mauvais, et il n'était pas fâché de manger quelque chose de correctement cuisiné. Ca faisait un moment qu'il n'avait pas pris plaisir dans un repas. Même si ce n'était pas un quartier qu'il ratissait régulièrement, il ne manquerait de revenir à l'occasion.

Il écoutait Louisa avec attention. Il cernait un peu mieux la situation. Et surtout il mesurait à quel point sa vie devait être compliquée au quotidien.
L'homme avait froncé les sourcils lorsque la jeune femme lui avait dit qu'en principe le foyer était gratuit. Le flic comprit bien l'allusion à son logeur et au fait qu'elle risquait de se faire virer du foyer s'il le titillait un peu trop.
- Et ce serait si catastrophique que ça?

Louisa lui expliqua alors que malgré tous ces défauts, c'était son chez elle. Il comprenait bien. Il attrapa son portable et envoya rapidement un message. La jeune fille lui précisa alors que ça faisait effectivement un bon moment qu'elle vivait tout ça avec son amie disparue.
Montrant l'assiette de Louisa.
- Tu manges pas beaucoup dis-donc. Il comprenait que son appétit ne soit pas au sommet avec le tracas qu'elle se faisait, mais déjà qu'elle n'avait pas pris grand chose.

Le mobile de l'homme bipa, lui arrachant un sourire quand il lut la réponse.
- Ma belle-soeur cherche une fille au pair pour s'occuper de ses deux gamins. Logée, nourrie, une petite paye, et pas mal de temps au final. Ca te dirait?

Pas certain que la jeune femme soit mûre pour un tel changement, mais ça ne coutait rien d'essayer, et si ça pouvait arranger la famille au passage...

L'homme lui fit une remarque par rapport son repas. Louisa avait pris quelques frites, mais c'était tout. Même si elle savait qu'il fallait qu'elle mange, elle n'avait pas faim. Son estomac était noué. L'adolescente avait la tête lourde et se sentait épuisée.

La proposition de Marlon la déstabilisa. Elle n'avait pas imaginée une seule seconde faire ce métier, et encore moins que quelqu'un lui fasse confiance de la sorte. Louisa ne savait pas s'occuper d'enfant. Et pour le reste, au vu de son passé, cela lui paraissait impossible. Elle avait un casier judiciaire et avait passé pas mal de temps à centre fermé. Et puis au quotidien, Louisa avait du mal à se gérer elle-même. C'était particulièrement le cas au niveau de sa santé ou pour tout ce qui était administratif. Elle galérait à ranger ses papiers. Non, vraiment, s'occuper d'enfant lui paraissait impossible. Et puis, cela demandait aussi de se rendre dans un lieu qu'elle ne connaissait pas, rencontrer des gens inconnus... Les avantages étaient importants, voir casi miraculeux. Mais la peur restait plus forte que l’appât du gain.

Louisa répondit lentement "C'est gentil, mais non. Je ne peux pas accepter." Pour le flic, cela devait paraître totalement absurde. Comme si elle se complaisait à être dans une situation difficile. Mais c'était juste que Louisa préférait rester sur une situation connue, bien que précaire, que de prendre le risque d'être dans une situation bien plus difficile. La peur prenait beaucoup de place dans sa vie. Elle tenta de se justifier "Je galère déjà à me gérer moi-même, comment je pourrai m'occuper d'enfants ?". Niveau exemple à suivre, l'adolescente n'était pas la mieux placée. Et puis, elle n'était pas certaines que l'éducation qu'elle avait reçu de ses parents était une bonne chose, au vu de leurs actions. Louisa ramena ses mains sur ses jambes. Elle avait un peu baissée les épaules, l'adolescente n'était pas vraiment fière d'elle. Elle avait fait pas mal de conneries... Et risquait d'en faire à l'avenir. L'adolescente finit par dire, presque à demis-mot. "J'ai un casier..." Beaucoup de gens avaient un casier, la majorité étant pour des choses minimes : excès de vitesse, ivresse sur la voie publique. Mais pour Louisa, elle avait évité la prison et une plus longue durée de peine car elle était mineur lors des faits. Elle soupira "J'ai fait de grosses conneries.". Elle n'expliqua pas plus, elle n'avait pas envie de le faire. S'il le souhaitait, Marlon pouvait tout savoir en discutant avec Lemoine. C'était lui qui l'avait arrêté à l'époque.

Se sentant mal à l'aise, Louisa finit par conclure "Et puis, il faut que j'attende Emily.".

Même s'il s'y attendait un peu, Marlon vit bien que sa proposition de job avait un peu cueillie la jeune. Proposition qu'elle refusa nette. Oh, il comprenait. La vie de Louisa était probablement une telle bataille au quotidien que se voir offrir une telle proposition par un quasi inconnu, ça devait être franchement déstabilisant.

Evidemment, elle souhaitait se justifier. Le premier argument qu'elle offrit n’était guère convaincant pour le policier. Ca ressemblait plus à un prétexte. Lui voyait ce qu'elle pourrait apporter aux jumeaux. Une touche artistique, un esprit de débrouillardise justement, le sens de l'amitié, le courage... Marlon voyait bien les qualités de Louisa. Des qualités à transmettre, assurément.

Le flic allait répliquer que ce n'était que foutaise, quand elle sortit son deuxième argument... massue! Marlon regarda la jeune fille avec un sourire en coin. Qui n'avait jamais fait de connerie?! Et elle avait surement un paquet d'excuses, la première étant des parents défaillants. Preuves en étaient sa présente situation.
Gardant son air amusé, il se pencha un peu au dessus de la table, et dit sur un air de confidence.
- Ne le dis à personne, mais moi aussi j'ai fait quelques conneries à ton age... J'ai juste eu un peu plus de chance!

Autre temps, autres moeurs, mais il n'avait pas toujours été très sage adolescent. Des conneries de son âge, mais des conneries quand même! Lui aussi aurait pu avoir un casier si les flics de Watford à cette époque avait été un peu plus malins. Ca lui aurait sans doute fermé les portes de l'armée. Ouais, il avait quand même eu de la chance...

La serveuse choisit ce moment pour ramener les desserts. Deux superbes parts de brownies maison avec une boule de glace vanille, et joli petit parasol en papier multicolore planté dessus. Cliché!
- Merci, Inès. Fit le colosse en se redressant avec un petit sourire. C'était super bon, mais la miss dit que les fl... les vieux ne peuvent pas avoir le même QG que les jeunes! Il s'était reprit juste à temps. Dommage, parce que j'aurais ramené un max de clients! Envoyant à la jeune femme un clin d'oeil blagueur.

Elle le prit comme tel, et retourna à son comptoir amusée en secouant la tête.

Le dernier argument de Louisa le ramena au présent. Il redevint sérieux, et soupira.
- Ecoute, la proposition tient toujours en tout cas. Réfléchis-y, tu veux? Il aurait pu répliquer que peut-être ils n'auraient plus jamais de nouvelle de son amie, mais c'était quand même trop cruel. Et mine de rien, il espérait vraiment avoir tord.

Pourtant si Louisa s'était détachée du foyer, il aurait pu secouer sérieusement le Wilson, et lui faire cracher ce qu'il savait. Car même s'il n'était pas responsable directement du sort d'Emily, ce qui restait à prouver, le flic se disait qu'il devait en savoir surement plus que quiconque sur les trafics du coin.