Louisa aurait presque pu sourire devant l'incompréhension du flic. Il ne comprenait pas. Il ne pouvait pas comprendre. Personne ne pouvait imaginé qu'elle avait enfermé ses camarades de classe avant de provoquer un incendie. Heureusement pour elle, les pompiers étaient vite arrivés et il n'y avait pas eu de drame. Ce jour là, Louisa avait voulu les voir brûler. Est-ce qu'elle regrettait son geste ? Oui, c'était une action idiote réalisée sous la colère. Est-ce qu'elle regrettait le mal qu'elle leur avait fait ? Non. Ils avaient mérités de souffrir. C'était de leur faute. Louisa n'était peut-être pas la parfaite petite victime, elle savait aussi être le bourreau.

L'homme avait parlé sur le ton de la confidence. Il se voulait joueur, mais Louisa n'était pas dans le bon état pour réagir. Inès finit par venir, apportant le dessert. Les brownis au chocolat, c'était les meilleurs gâteau du monde pour l'adolescente. Elle récupéra sa cuillère et prit un bout de la glace à la vanille. Elle ne pouvait pas gaspiller... Et si le reste, elle pouvait voir pour l'emporter, la glace allait fondre avant.

L'offre de Marlon était belle, elle répondit "D'accord.". Les choses pouvaient vite changer et savoir qu'il existait une porte de sortie pouvait être salvateur. Elle le remercia "Merci de m'avoir proposée une telle offre... Et puis pour le reste aussi.". C'était rare aussi. Louisa n'avait pas foi en l'humanité et encore moins dans les mecs. Mais elle était obligée de reconnaître que Marlon était sympas. Son calme était apaisant. Il ne s'était pas énervé et lui avait payé un repas. Louisa resta silencieuse, ne sachant pas vraiment quoi dire. Devait-elle parler d'Emily ? Poser des questions à Marlon ? Son regarda balaya la rue. Elle pense à la suite de sa journée. Pour cette fois, elle se laissait une journée complète de repos. Elle en avait besoin. Ce n'était pas normal de réagir aussi mal... Et puis, pour le reste elle s’adapterait à la suite des événements. Elle demanda "Ca compte vraiment comme du travail ce que tu fais, là ? Enfin, je veux dire, ça compte dans tes heures de service ?". Puis, Louisa expliqua "Si tu cherches des cadeaux de Noël, il y a tout ce qu'il faut comme boutique ici. La librairie est très bien.". L'adolescente aimait y passer du temps. Elle n'y achetait presque rien, mais elle aimait voir les nouveauté, les feuilletés, et aller demander à la bibliothèque de les commander.

Elle regarda son dessert et expliqua "Je finis ça et je rentre.". Il lui manquait pas mal d'heure de sommeil. Passer le reste de la journée à sommeiller lui ferait le plus grand bien.

C'est de bon coeur que Marlon finissait son dessert quand Louisa le remercia de son offre et pour le repas. Il hocha simplement la tête pour lui signifier qu'il n'y avait pas de quoi. Et c'était sincère, il serait ravie de lui filer un vrai coup de main, et en plus de pouvoir soulager sa belle-soeur en lui enlevant une épine du pied!

L'homme remarqua bien que son invité était quand même un rien mal à l'aise. Après c'était logique, un peu près tout les opposaient. Et son métier n'était surement pas la moindre des bizarreries. D'ailleurs la jeune fille posa un question qui arracha un sourire amusé à son aîné.
- Pas vraiment. C'était mon jour de repos en fait aujourd'hui. J'étais partie pour trouver des cadeaux pour mes neveux. Mais pour autant il ne se départit pas de son sourire, même si sa journée avait tourné autrement. Mais j'aime bien sauver les demoiselles en danger à mes heures perdues!

Pour autant, maintenant que JB et lui avaient un lien avec Louisa, ils allaient surement bosser là dessus. C'était pas vraiment leur domaine mais il y avait de grandes chances que les deux hommes aient à coeur d'aider la gamine à retrouver son amie. En tous les cas, Marlon pousserait de ce côté là.
Comme cela semblait tenir à coeur de Louisa, il précisa.
- Tu sais, flic, c'est pas le genre de job où on compte ses heures. Déjà, on est censé pourvoir intervenir dès qu'on a besoin de nous. Et justement pouvoir aider en cas d'accident. Enfin, perso, je le vois comme ça.

L'homme avait son idée du service publique. Peut-être un rien à l'ancienne, mais il était comme ça. Servir son pays, c'était un sacerdoce chez lui. Il avait cela dans le sang.

A son conseil pour ses achats de noël, le regard du colosse glissa vers la rue.
- Bonne idée, je vais sans doute aller y faire un tour. Mais il sont plus jouets que bouquins en règle générale.

A moins que ce soit Marlon qui soit un peu déconnecté à ce niveau...

La jeune fille sonna la fin de leur pause. Le flic, lui, avait fini son repas. Il se sentait mieux après cette petite collation.
En la regardant finir, il se disait que la vie était quand même injuste parfois. Louisa était encore une gamine, et là où elle aurait encore presque dû être dans l'âge de l'inconscience ou tout du moins commencer ses études pour construire sa vie, elle était obligée de lutter pour survivre. La société pouvait être très cruelle pour certains.

Marlon soupira, et demanda.
- Je vais te ramener. Mais tu es sûre que tu veux rester chez ce profiteur de Wilson?

Il se doutait qu'elle y avait se marques, mais rien ne disait que son tôlier n'était pas à la source des problèmes d'Emily. Il fallait vraiment qu'il en parle avec JB pour savoir s'il avait trouvé même un semblant de piste.

Le flic prit son portable et lui envoya un message. Les jours de repos étaient tout relatifs pour la Strike...

Marlon était sympas. Il avait pourrai sa journée de repos pour empêcher une fille qui allait se jeter sous un train, puis avait offert le repas à une autre gamine. Si c'était une habitude pour les jours de repos, alors les vacances devaient êtres calamiteuses.

Louisa finit par se lever. Elle était dans un bien meilleur état qu'auparavant, bien que son corps trahissait toujours un état de fatigue profonds. Elle avait besoin de calme, d'une bulle pour se poser et rêver. Mais ses pensées étaient souvent très terre à terre. C'était des questions simples mais essentiel, quel serait son prochain repas ? Ou beaucoup plus douloureuse, où était Emily ?

L'adolescente prit l'instrument, et déclina l'aide de Marlon "Non, c'est gentil, mais je vais rentrer toute seule. Le foyer est pas loin, je vais rien réussir à y aller... Et puis, vu l'heure, il n'y aura probablement personne. Je serai tranquille.". Bien qu'il y ait des règles de vie établies, les autres habitants du foyer étaient souvent envahissants. Ils avaient eux aussi leur propre problème et cela pouvait vite devenir compliqué à vivre. Elle expliqua "T'as pas besoin d'aller plus loin. Dans ce centre commercial, il y a tout ce qu'il faut niveau magasin. Tu devrais bien réussir à trouver de quoi faire des cadeaux de Noël.". D'ailleurs, Louisa n'en avait préparé aucun et ne s'attendait pas à en avoir. Ce n'était pas sa préoccupation. Elle se sentait bien loin de cet esprit festif et plein d'espoir.

Louisa finit par récupérer les restes de son repas. Inès lui tendit avec un sourire, complétant le geste par un mot gentil. L'adolescente la remercia et fit même l'effort de faire un sourire. Puis en sortant du restaurant, Louisa finit par répondre à la dernière question du flic. "Ouais, je vais rester au foyer pour le moment.". Louisa n'avait pas changé d'argument "J'attends Emily... Elle a toujours sa chambre la-bas. Si je suis pas là pour garder un œil, il y aura plus rien à son retour." Si la part de loyer d'Emily n'était pas payé à la fin du mois, cela risquait d'arriver. Et même avec tout les efforts du monde, Louisa n'arriverait probablement pas à réunir la somme nécessaire. Elle galérait déjà suffisamment pour payer son propre loyer.

L'adolescente continuer de dérouler le file de sa pensée à voix haute "Un jour, si j'en ai vraiment marre, j'irai à la gare et je prendrai le premier train pour partir loin d'ici.". Un voyage sans-retour, une fuite avant. "Genre, juste pour m'éloigner le plus possible de Londres. Et essayer de bien faire tout comme il faut cette fois." Sur un coup de tête, elle pourrait très bien se retrouver à le faire. Personne ne s’inquiéterait vraiment de savoir où elle serait passée. Elle laissa son esprit divaguer, en étant plus positif et commenta avec un sourire "Ou alors, je partirai en jet privé parce que je serai devenue un rock star.".

La jeune fille déclina poliment mais plutôt fermement sa proposition pour la raccompagner. Soit, il ne forcerait pas les choses. Surtout tant qu'il n'avait pas de nouvelles de JB. Cela pouvait être contre-productif s'ils se court-circuitaient en ne se concertant pas.

Marlon se leva à la suite de Louisa et jeta un oeil sur son téléphone qui était resté muet avant de le ranger dans la poche arrière de son jeans.
- Ca marche, on fait comme tu le sens. Il sortit un stylo, et nota sur son ticket de caisse son numéro de téléphone qu'il griffonna en faisant attention qu'il soit bien lisible.

Louisa lui indiqua qu'il pouvait très bien trouver son bonheur dans ce centre commercial pour ses achats.
- Ok, je vais voir si je trouve quelque chose ici, merci. Il lui tendit le morceau de papier. Tiens, voilà mon mobile. Pas de nom, rien qui puisse te compromettre si quelqu'un le trouve. N'hésite pas à appeler. Quand tu veux. JB a ton numéro bien sûr?

Ils resteraient en contact de toutes les manières.

Alors que la jeune femme argumentait toujours sur le bien fondé de rester au foyer, le duo sortit du Dinner, non sans que Marlon ait salué Inés d'un signe de tête, accompagné d'un sourire sincère.
Les arguments de Louisa amenèrent une réflexion au flic.
- Tu ferais sans doute bien de planquer ses affaires dans ta piaule. Si le bruit court qu'elle est absente, j'imagine que certains ne vont pas se gêner...

Pourquoi est-ce qu'il se sentait redevable avec Louisa, il n'en savait rien. Dans sa vie, de par son passé de militaire comme de policier, il avait croisé tellement de gens, dans tellement de circonstances, mais là c'était différent. Ou peut-être est-ce lui, la différence. Les changements récents dans sa vie, lui faisait voir les choses sous un nouveau jour peut-être.
Bref, pour l'instant il était bien incapable de comprendre lui-même, mais il ressentait le besoin de lui proposer son aide. Libre à la jeune femme d'accepter ou non.

Mais Louisa était sans doute plus sauvage qu'il ne pensait. Quand on avait gouté à la liberté, dépendre des gens était une chose qu'on redoutait sans doute. Quand elle parla de ses projets, puis de ses rêves. Il la sermonna gentiment.
- Hey, c'est Hype de griller du kérosène juste pour délirer! Mais il lui sourit, sincère, avant d'ajouter. Pour autant je te souhaite d'en avoir un jour les moyens.

Alors qu'ils arrivaient dehors, au moment de se séparer, pour rester dans le mood du moment il ajouta.
- J'aimerais assez t'entendre un jour. Envoie moi un mesage, quand tu joues, ok?

Il ne lui avait même pas demandé quel genre de musique elle jouait. Mais peu importe, il prendrait le risque. Ses goûts étaient plutôt hétéroclites au final.

Mais là, il se doutait qu'elle n'en avait pas le coeur. Elle avait franchement l'air fatiguée.

Louisa récupéra le numéro et fourra le papier dans la poche de son pantalon. Une fois arrivée au foyer, elle prendrait le temps de le rajouter dans son téléphone. Un papier, ça se perdait facilement, mais son téléphone non. L'adolescente confirma que Lemoine avait bien son numéro. Elle savait qu'il fallait appeler au besoin et elle n'hésiterai pas à le faire.

L'adolescente prit note du conseil de Marlon. Il n'avait pas tord, mais déplacer les affaires d'Emily lui donnait l'impression de l'enterrer. Son amie avait disparu, Louisa avait toujours l'espoir de la retrouver au foyer ou au tournant au coin d'une rue. Louisa avait de l'espoir et en même temps, elle savait très bien que les chances de la retrouver diminuaient drastiquement au fil du temps. Ne pas savoir était la pire des choses. C'était une attente insupportable.

Louisa confirma "Je ferai ça." Elle inviterai Marlon, afin donnerai les dates de ses prochains concerts. Il faudra juste qu'elle fasse attention au lieu. Un bar qui vendait de l'alcool illégal n'était clairement pas le plus approprié.

La guitare sur le dos, Louisa le salua "Salut Marlon... A la prochaine.". Elle fit un signe de main, puis s'éloigna. L'adolescente ne se retourna pas, avança d'un pas tranquille. D'habitude, elle marchait beaucoup plus vite, mais là, elle était juste très fatiguée. Malgré tout, elle arriva rapidement au foyer. Comme elle l'avait prévu, il n'y avait personne. La sensation d'avoir les locaux pour elle seule lui fit du bien. Louisa passa par sa chambre, posant ses affaires, puis elle se rendit jusqu'à celle d'Emily. Elle hésita, toqua à la porte et finit par ouvrir. Elle avait toujours l'espoir fou de retrouver son amie. Mais il n'y avait personne. Aucune affaire n'avait bougé. Louisa s'avança jusqu'au lit, puis se posa, prenant le temps d'observer. Emily lui manquait terriblement. Les doigts de Louisa se crispèrent sur le tissu. L'adolescente sentait qu'elle se faisait du mal gratuitement. L'absence d'Emily était criante. Louisa se releva et sortit de la chambre, elle n'avait pas la force de récupérer les affaires de son amie maintenant. Elle avait tellement besoin de la retrouver...

Alors, l’adolescente se réfugia dans sa propre chambre. Après, avoir pris le temps de se changer, elle se coucha sous les couvertures. Allongée, Louisa ne fermait pourtant pas les yeux. Elle se sentait profondément épuisée, de genre de fatigue qui pèse sur tout le corps et l'esprit. Elle savait que prendre ce temps pour se reposer l’empêcher d'être ailleurs pour gagner de l'argent. Dans cette course effrénée, Louisa avait l'impression de se consumer trop vite. Elle se força à essayer de trouver le sommeil, même si elle savait pertinemment qu'elle allait cauchemarder. Une peluche dans les bras, Louisa n'était qu'une gamine perdu. C'était beaucoup trop difficile de devenir adulte.