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Waffles are just pancakes with syrup traps. | Cassidy
Invité

CITATION

Waffles are just pancakes with syrup traps.
Cassidy & Llewyn

Il ne neigeait pas encore à Londres, et les rares flocons qui s’étaient risqués à tomber ces derniers jours avaient fondu à peine le sol effleuré. Les températures, pourtant, frôlaient déjà dangereusement le zéro, donnant à la ville une aura hivernale qui la rendait plus grise et morose encore. La brume, la pluie et la pollution ambiante pesaient lourdement au-dessus de la capitale anglaise et sur l'humeur de Llewyn qui ressassait encore ses pensées poisseuses une heure plus tôt.

Les derniers jours sur la route n'avaient pas été faciles : frontières presque impossibles à passer, contrôles de plus en plus réguliers et rage grandissante du côté des routiers. La rousse était rentrée plus éreintée et lasse que jamais. Elle souriait, pourtant. Ses lèvres étirées échappèrent un mince filet de buée quand elle remercia le vendeur, et elle échangea quelques livres contre deux gaufres fumantes.

L'Irlandaise pivota sur ses talons, tornade de mèches orangées. Elle se fraya rapidement un chemin entre les passants, inspirant pour s'en saouler les odeurs d'épices et de vin chaud qui flottaient dans l'air. Le marché était bondé à cette heure de la journée, le brouhaha et la cohue des locaux et rares touristes venus profiter de l'ambiance de Noël couvraient les musiques terriblement entêtantes qu'on entendait partout en ville depuis le début du mois. Si elle aurait préféré flâner entre les chalets un jour moins fréquenté, Llewyn savait qu'elle n'aurait pas trouvé d'autre moment cette année. Elle passait trop de kilomètres derrière le volant et si peu d'heures chez elle ces derniers temps que, même avec toute la bonne volonté du monde et en réorganisant son planning, l'occasion ne se serait pas représentée.

Elle balaya la place des yeux lorsqu'enfin elle émergea de la foule et, bien vite, repéra Cassidy et Alfie. Elle les avait abandonnés sur un banc aux couleurs défraîchies pour leur permettre de faire connaissance. À la manière dont le chiot s'accrochait à l'armurier depuis qu'ils s'étaient rejoints, quelque chose lui disait que la manœuvre était inutile ; le sac à puces l'avait déjà adopté. La coursière esquissa un sourire vaporeux derrière son cache-nez. Ses orbes clairs se fichèrent doucement sur le visage de son compatriote, et son palpitant achoppa légèrement. Il lui sembla, à cet instant précis, que rien ne pourrait plus altérer son humeur.

« Tiens ! »

Llewyn tendit sa pâtisserie à l'expatrié, enfonça son bonnet jusqu'à ses sourcils et se laissa tomber à ses côtés. Emmitouflée de pied en cap, seul son nez couvert d’éphélides et ses grands yeux clairs perçaient les différentes couches de tissus dans lesquelles elle s'était glissée. Elle n'avait jamais été particulièrement frileuse, mais l'humidité qui régnait à Londres avait le don de lui percer la peau pour la glacer jusqu'aux os. Impatiente, elle retira ses gants, baissa son immense écharpe kaki aux allures de plaid et releva ses jambes pour s'installer un peu plus confortablement, en tailleur, peu gênée d'être elle-même avec un homme qu'elle connaissait depuis si longtemps qu'elle ne parvenait plus à se souvenir sa vie sans qu'il ne soit dans les parages.

La rouquine avait attendu cette fin d'après-midi avec impatience. Leur dernier échange lui restait encore en travers de la gorge. Tout était allé de travers si rapidement qu'elle n'arrivait même pas à expliquer comment la situation avait pu virer d'une simple soirée entre amis à une engueulade en bonne et due forme à l'écart des oreilles indiscrètes dans le jardin de Liam. Elle lui avait promis - était-ce seulement une promesse ? - de l'appeler lorsqu'elle se sentirait le courage de s'occuper de sa vie privée. Rien n'allait réellement mieux, pourtant. Son monde ne tournait toujours pas rond depuis le mois dernier, ses projets ne s'étaient pas concrétisés, sa sœur ne lui adressait pas la parole, ses cartons n'étaient pas intégralement défaits. Elle n'avait plus la force de lutter contre le sentiment crasse de ne pas se sentir chez elle à Londres et avait abandonné, ainsi, par lâcheté ou facilité : en se raccrochant à une bribe de son passé à laquelle elle tenait, et pour qui elle comptait visiblement tout autant.

« C'est, objectivement, les meilleures gaufres du monde, jura-t-elle avant de croquer dans la sienne. »

Le goût sucré du dessert lui réchauffa immédiatement le cœur et l'âme. Le rituel était le même chaque année pour la rousse : elle attendait, des mois durant, l'ouverture du marché de Noël pour s'offrir cette douceur. Dieu savait pourtant qu'elle avait goûté son lot de gaufres par le passé, mais aucune ne valait celles que le vieil Anglais au sourcils broussailleux préparait tous les hivers à ce stand précis.
Elle lança un regard suspicieux à son accompagnateur pour vérifier qu'il apprécierait la dégustation.
CODE BY ÐVÆLING

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Mar 5 Jan - 13:51
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Waffles are just pancakes with syrup traps
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] & Cassidy Gallagher

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]
Cassidy était un homme. Une affirmation somme toute assez évidente mais qui avait son importance. Cassidy avait commencé à réfléchir sur sa vie il y avait seulement quelques années. Quand la mort était venue noircir la photo de famille aux allures de photos de classe que la mère Gallagher s’était enorgueillie d’accrocher sur un mur de l’entrée, pour que tout le monde voit bien cette famille, cette horde, cette fratrie, ce clan. Le Clan Gallagher. Parfait pensait-elle. Elle avait tort. Elle avait tort et elle le savait. Elle savait que Ciaràn partait à la dérive, qu’il rentrait tard, parfois blessé, parfois bourré, qu’il avait de nouveaux amis, un certain « nouveau job » qui lui prenait beaucoup plus de temps et rapportait beaucoup moins, elle savait que ce garçon qu’elle avait élevé partait là où elle ne pouvait plus l’atteindre. Et un jour, il était parti. Parti pour Londres, pour le boulot. Elle l’avait cru. Parce qu’elle l’avait toujours cru, parce que tout le monde croyait Ciaràn. Et puis un jour il était vraiment parti.


Il y avait Boyd, Boyd dont elle ne s’était même pas inquiétée une seule seconde. Boyd était parfait, Boyd était le fils prodige, lui, faisait rentrer de l’argent dans la famille de l’argent et une bonne réputation, un fils qui aurait dû la rendre fière. Mais depuis la disparition de Ciaràn, elle était très vite devenue une coquille vide, une épave qu’on réanimait à coup de sourires forcés pour les anniversaires et les photos de famille.


Aisling était à peine épargnée par cette morosité dans laquelle semblait baigner les Gallagher jusqu’au cou par son genre. Elle était la seule fille, une fille pour trois frères ou plutôt deux maintenant, une seule fille qui faisait peur aux garçons de son collège parce que dans son sillon marchaient les ombres menaçantes de sa fratrie. Mais au fond, elle savait bien que Boyd n’aurait rien fait. Au fond, elle savait que celui qui aurait été prêt à déplacer monts et montagnes pour elle, c’était Cassidy.


La mère Gallagher éprouvait énormément de sentiments partagés pour son deuxième fils. Pas facile de passer après le chef d’oeuvre qu’avait été son aîné, pas facile de se démarquer mais il avait réussi. Elle adorait Cassidy, elle adorait tellement quand il foutait la merde, elle l’adorait pour tenter d’injecter un peu d’adrénaline à leur vie, elle en avait été presque déçue quand il s’était casé avec Laoise et qu’il était rentré dans l’armée. Mais au fond, elle était heureuse pour lui. La fille était mignonne, le job était stable, bien payé, enfin un avec une situation avait-elle pensé. Et puis, il était parti lui aussi, dans les pas de son frère, il avait quitté Laoise, il avait quitté l’armée, il avait tout quitté pour Londres. Un nouvel appartement, un nouveau job, de nouveaux amis, enfin presque.
Cassidy aimait rigoler en avançant que certains morceaux de crasse ne voulaient pas tomber de ses chaussures, que certains l’aimaient tellement qu’ils ne partiraient certainement jamais et bien entendu, il visait Llewyn. Llewyn. Toujours Llewyn.

Llewyn avec qui il ne savait plus communiquer, Llewyn qu’il avait blessé simplement en ouvrant sa gueule. C’était d’ailleurs sa grande spécialité, d’ouvrir sa gueule et de réfléchir après. Après tout, c’était quelque chose qu’il avait commencé à faire que très récemment : réfléchir.


« Jsuis désolé. »


Un murmure qui se perdit presque dans le vent.
Assis sur un banc aux côtés de la rousse, les jambes tendues formant un pont sur lequel les passants lorgnaient avec agacement, un bras tenant le collier d’Alfie, souriant, sincèrement attendri en voyant les petits crocs du chiot tenter vainement de mordre dans la gaufre qu’il tenait dans sa deuxième main et qu’il avait sérieusement entamée, emmitouflé dans une paire de Dr Martens noire, un jean sombre et limé par le temps et l’usure, un hoodie et son éternel blouson en cuir. Seule addition à son look : une écharpe noire en laine qui faisait le tour de son cou et, pour laquelle, il avait relevé ses cheveux en chignon derrière son crâne.


« Jsuis désolé, » reprit-il dans un soupir, inspirant de nouveau pour continuer et finir sa phrase


« Pour l’autre fois j’veux dire. T’avais pas besoin de ça. Enfin, pas comme ça. »



Un sourire amusé étira ses lèvres, le sortant un instant de son état presque végétatif qu’il avait à fixer droit devant lui quand Alfie, tentant de le doubler et restant calme depuis plusieurs secondes avait décidé de tirer exagérément fort pour tenter d’atteindre la pâtisserie. Attendri, il déchira un bout de gaufre de la taille de la moitié d’un de ses pouces pour le lui donner, avant de lever les yeux vers Llewyn, plantant son regard dans le sien


« Désolé. »

Codage par Jibunnie sur [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
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Mar 5 Jan - 15:35
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