La télévision était un formidable outil de diffusion des idées. Pour un Russe des années 2000 c’était surtout celui d’une propagande étatique. Il y avait eu une télévision assez tardivement dans la vie d’Anton. Il n’y avait trouvé qu’un intérêt limité. Il trouvait les programmes souvent inintéréssant et la publicité grossière. Cela avait été un des sujets de désaccord avec sa première compagne de vie. Il faut dire qu’il était difficile et rechigne aussi à aller dans une salle de cinéma.
« Je chercherais ça. Je ne suis pas très série. Je préfère tout ce qui est documentaires. Je trouve qu’on apprend beaucoup par ça. »
Anton accompagnait alors son hôtesse dehors. Il plongeait de nouveau les mains dans les poches pour les préserver du vent. Ses doigts jouèrent de nouveau avec l’anneau à l’annulaire. Il inspirait lentement pour apprécier les senteurs particulières de cette saison. La terre qui était humide, le bois, la pluie, tout ce qui parfumait l’air.
« Manger ce que l’on cultive de ses mains ça n’a pas de prix. » Il avait fait une bonne partie de sa vie d’étudiant sur la capitale. Mais Anton lui avait préféré la campagne. Il aimait la campagne Russe. Là où la modernité et les machines n’avaient pas la même prise sur la vie humaine. Il se sentait toujours un peu prisonnier de la ville, des bâtiments, de l’accélération de la vie citadine. « Est-ce que tu jardines ? »
« Mmm. C’est l’endroit idéal pour une femme d’action qui a besoin de décompresser on dirait. »
Rien ne pressait dans cette promenade. C’était encore le début de l’après-midi. La lumière était belle. Un jaune presque cru que les arbres colorés adoucissaient. Markov se sentait bien dans ce genre d’endroit. Il avait même cherché quelles étaient les propriétés en vente dans la campagne environnante de la capitale. S’il devait rester plus longuement sur Londres il avait envie de trouver un endroit qui serait davantage le sien.
« En dehors de l’aviation ? J’aime bien lire. Comme on se le disait l’autre jour. J’apprécie aussi les longues marches, les randonnées, je trouve que ça aide à se vider la tête. Je suis assez casanier de nature. Je n’ai pas besoin de faire grand chose pour être bien. »
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Cette promenade digestive est des plus agréables. Tous les deux on est sur la même longueur d'onde sur pas mal de choses. J'avais peur que comme tout homme d'affaires, tu sois pressés de repartir. Mais apparemment non. Et je ne t'ai pas encore fait fuir ! Je me demande si on pense à la même chose. Maison et grand jardin, pour moi cela évoque la famille tels le petit bambino qui joue au football ou sa soeur qui fait de la balançoire. J'ai l'impression que pour moi c'est un rêve hors d'atteinte. Dans quelques jours, je vais bientôt avoir 28 ans. Les années passent à une vitesse. Avec Swan, je pensais avoir trouvé l'homme de ma vie. Je m'étais déjà projetée avec lui pour fonder une grande et belle famille. Et maintenant je pouvais mettre probablement une croix sur ce rêve. Plus les journées passaient sans ses nouvelles, plus je me faisais une raison de ne plus y croire.
Ta question sur le jardinage me sort de mes pensées tristes que j'essaie de te cacher par une petite sourire.
- Je ne jardine quasiment plus depuis que je travaille maintenant à Londres. Je me dis que je devrais plus souvent y venir ici car l'air y est plus respirable. J'appréhende déjà le prochain Smog. Le dernier m'avait conduit à l'hôpital suite au surmenage et à des problèmes respiratoires. Et maintenant que je me suis trouvée un chez moi à Londres, un super appartement avec le caché de l'ancien, j'ai pas mal de travaux à faire pour l'aménager.
Je suis assez contente de cet investissement qui me permet de me changer les idées et de me projeter sur quelque chose de positif. Curieuse, je reviens sur la raison pour laquelle tu as souhaitée faire un petit tour.
- Je suppose que tu as souhaité visiter mon jardin pour te projeter dans l'avenir et dans l'idée de fonder une grande famille. Je te préviens ma maison n'est pas vendre !
Je ris aux éclats de ma petite blague. En fait je n'ai jamais eu l'idée que tu sois intéressée une minute même une seconde à acheter ma demeure. J'inspire fortement pour reprendre mon sérieux.
- Moi aussi j'aime les grandes balades. Marcher cela aide à penser sur soi. On ne pense bien qu'avec les pieds. C'est Nietzsche qui a écrit que « les orteils se dressent pour écouter ».... Roh n'hésite pas à me le dire quand je deviens chiante. Je suis parfois un peu perchée... En tout cas pour faire de très grandes et magnifiques ballades, il y a à peine une heure de route le Sutton Park, un immense parc urbain et naturel où tu peux y faire d'immenses balades. On passe aux desserts maintenant ? Et j'avoue que j'aurai peut être du mettre un petit gilet car je me crois encore en été...
