Maxyne presque impatiente de voir son interlocuteur entrer dans son petit jeu, donnait envie de s'y plongeait davantage. Encore et encore. Il avait soulevé quelque chose, néanmoins, elle s'accordait à dire que ce n'était ni le lieu, ni le moment pour faire plus amples connaissances. Du moins, pas de cette façon-là. Elle nota tout de même qu'il ne broncha pas, ou plutôt qu'il l'invita à essayer de plus belles. Était-il du genre à aimer à ce qu'une femme prenne toute sorte de directive ? à ce qu'elle impose ses choix ? La curiosité à ce sujet la démangeait, prenant durement son mal en patience. Acceptant de le suivre, gentiment. Son petit sac entre les mains, sa veste sur les épaules, elle lui emboîta le pas jusqu'à la sortie. Rassuré de ne voir aucun être indésirable l'attendre sagement.
Maxyne n'avait pas pris sa voiture pour ne pas s'encombrer de ses clés. Elle monta dans celle de Lemoine et, silencieuse, observa le chemin qu'il leurs faillaient prendre jusqu'à sa demeure. Ou péniche, fut plus exact. Au cours de sa vie, elle n'avait probablement jamais côtoyé quelqu'un qui vivait de cette façon-là et, à y réfléchir un peu plus, il n'y avait pas grand-chose de différent, si ce n'était les jours de pluies qui devaient être mouvementés.

Elle pris soin de ne pas se cogner la tête du haut de ses talons en descendant et observa l'intérieur qui paraissait refléter son propriétaire. Elle ne jugea pas les affaires traînant d’un individu supplémentaire, elle-même passait déjà son temps a ramasser les fringues de sa propre colocataire pas plus haute que trois pommes. Il semblerait qu'importe le lieu, l'âge, les parents ne pouvaient y couper. Ses accoutrements déposés sur le canapé, elle retira sa perruque détachant ses propres cheveux qui purent enfin respirer. Être rousse, ce n'était pas encore la couleur adéquate. Puis, elle s'installa sur l'un des tabourets en croisant élégamment les jambes. Bien qu'elle eût formulé des avances auparavant, elle n'était pas contre le fait d'apprécier un verre partagé sagement, catholiquement, presque innocente alors que ses yeux brillaient encore.

« Merci, dit-elle une fois le verre remplit. Vous trinquez en français ? Pourquoi pas. Santé, alors ! Elle s'exclama de son accent qui résonna au timbre de sa voix. »

La danoise lui sourit, avant de porter sa collation à ses lèvres. Le plaisir de l'alcool fort fut une danse plus qu'agréable sur ses papilles. Elle en avait oublié la chaleur et l'amertume qui en ressortait. Une bien triste chose que les distilleries ne soient plus en activité. Un bon verre en fin de journée, mérité, à oublier ses propres tracas. Il lui faudrait peut-être investir dans une réserve secrète et plus complète.

« Je ne suis jamais monté sur quelque chose comme ça où les personnes y vivent vraiment. C'est original. »

Le voisinage, si tant est qu'il y en avait réellement un, ne devait pas être contraignant. S'il lui était possible de déplacer sa maison, il était facile de changer ce dernier à tout moment. Pratique quand la tête du voisin ne vous revient pas.

« Vous êtes installé ici depuis longtemps ? Je veux dire sur Mojo. Vous et votre... hum... colocataire adolescente, c'est ça ? »

             La brune caressa le haut du verre de ses doigts. Elle imita le cercle en sens inverse des aiguilles d'une montre, tandis que son oreille garda l'attention sur les récits de son voisin.
Un léger sourire sur les lèvres à l'entendre parler de sa maison mobile. Un investissement tout à fait honorable pour de telles conditions offertes. Pour si peu, elle voudrait bien que sa demeure puisse prendre ses jambes et quitter le quartier de temps à autres. Quand ses voisins deviennent un peu trop bruyant, ou simplement trop curieux à reluquer par-dessus la petite grille du portail. Quand monsieur Pers frappe encore et encore et réclame de l'aide pour retrouver son vieux chat s'étant fait la malle. Quand madame Briey fait retentir la sonnette d'entrée, un plat de tarte en main, l'excuse pour passer le seuil et juger l'intérieur de son intimité, juger ses rentrer tardive le soir qu'elle observe par-delà la véranda. Pensant que personne ne s'en douterait. Elle insiste, mais jamais cette dernière n'a pu mettre un pied dans son couloir. Pour ces petits détails qui tâchent son habitation d'ordinaire paisible, elle ne serait pas contre de pouvoir partir facilement avec l'intégralité de ses biens.

Un jour, peut-être, finira-t-elle à son tour dans un bateau pour y finir ses jours à l'air calme. Encore faudrait-il que le mot « calme » est un sens dans son cas.

« Je peux revenir sur Maxyne ? Maintenant que la perruque est tombée ?
- Je note que le roux n'est pas la couleur qui me va le mieux. Vous auriez dû me voir en blonde il y a quelques années, c'est stupéfiant. Rit-elle. Mais nous sommes, chez vous. Je vous l'accorde. »

Blonde. Elle n'a jamais vraiment apprécié cette couleur de cheveux qui paraissaient être sienne. Ou qui avait cette tendance à donner à ses racines des nuances fortement étranges. Trop clair pour son teint de peau déjà bien pâle. Le brun avait au moins la bonté de rentre ses traits bien moins enfantins. Elle avait grandi, changé, c'était bien ce qu'il y avait de mieux.

« Encore un verre ?
- Avec plaisir. »

Maxyne n'avait plus envie d'être Joy pour ce soir, celle-ci avait assez donné et puis, pourquoi continuer à mentir alors que de toute évidence la vérité n'allait pas être crié sur les toits de Londres. Il n'en était pas non plus choqué, des adultes qui comprenaient et, à moins qu'il n'aime surveiller ses propres lieux, elle pouvait bien se détendre un instant et se sentir elle-même. Au mieux possible.

La Danoise glissa doucement de son siège pour retrouver la terre ferme. Ses talons claquèrent légèrement ce dernier pour s'approcher des petites décorations qui lorgnaient la pièce. Même s'il n'y avait peut-être pas grand-chose, elle aimait observer l'environnement dans lequel elle se trouvait et l'ambiance que dégageait celle-ci. Vu le personnage, elle ne s'attendait pas vraiment à ce qu'une bibliothèque géante s'impose dans tout l'habitacle, ni un gigantesque bureau forgé en or massif recouvert de bibelots de toute sorte, de trophée de tailles différentes. Ça, ce n'était pas l'image qu'il renvoyait au quotidien, bien que les apparences étaient souvent trompeuses, elle en savait quelque chose.
Elle virevolta sur elle-même, observant la porte qui devait être celle de son adolescente, elle imagina vaguement une vie avec une fille trop grande pour un espace si petit. Jouer les bons samaritains avait du bon, bien qu'il y eût tout un tas de structure à disposition, adéquate pour des filles comme elles. Pauvre petite, pensa-t-elle. Cependant, qui était-elle pour se permettre de juger ? Après tout, Max ne connaissait rien de sa vie, ni les choix qui les poussèrent réellement a être ici. Tout ce qu'il fut possible de retenir, c'est que la péniche était vide. Libre et silencieuse pour un temps indéterminé.

« C'est donc ça votre passe-temps ; prendre en charge une adolescente en détresse et faire honneur à vos racines ? Sympa. Même si entre nous, je ne vous imagine pas vraiment avec des origines Françaises. Probablement... Allemande, pourquoi pas. »

Il n'en avait pas vraiment les traits, d'un Français, mais elle en avait côtoyé que très peu pour les différencier d'un simple coup d'œil. Allemand oui, Américain au mieux. Des lignes du faciès plus banales, qui se fondent parmi les autres. Ils ne courent pas tant les rues actuelles.
La jeune femme cessa de tourner autour de la pièce, avalant quelque gorgée alcoolisée, elle se rapprocha à nouveau du comptoir. Ses jambes frôlèrent celle du français, son corps se pencha à proximité du sien, trop près pour ne pas laisser la vue ouverte sur son décolleté. Trop loin pour ne pas sentir les effluves de son parfum. Elle s’attarda un instant dans son mouvement, le prolongea volontairement, échangeant son verre contre la bouteille et jaugea la qualité de la marque. Le choix n’était pas mauvais, même loin de là, il avait du goût, du bon goût.

« Et donc qu’est-ce que vous cachez d’autres comme mystère ? D’autres cachettes aussi improbables que celle-ci ? »

            La brune se demanda ce que ses placards cachaient d'autres. Ce qui pouvait être rangé d'aussi important, à la vue tous. Jamais elle n'aurait osé mettre ses bouteilles à porter de nez et en même temps, qui chercherait quelque chose à un emplacement aussi grossier ? Était-ce le même pour le reste ? Ses petits secrets sous les regards de tout le monde sans que personne n'y prête réellement attention ?
Ses idées volèrent rapidement au loin, l'attention portée à nouveau sur son voisin. Elle le laissa prendre les rênes de leur petit jeu.

Le whisky fut ôté délicatement de ses doigts, leur donnant le champ libre. Elle senti sa main se poser contre sa taille, attiré vers l'attraction de son corps. Les yeux pétillants de malices observaient le mouvement de ses lèvres, sur les siennes se dessinèrent un léger sourire, satisfaite et victorieuse alors qu'il détruisit la distance qui n'avait plus besoin d'être si immense. Tout son être se laissa emporté par le baiser qu'il lui offrit, presque chaste et innocent, faisant durer le maigre supplice qu'ils s'étaient chacun renvoyé. Mais la joueuse en elle ne demandait qu'à sortir, qu'à être relâché et profiter de cette intimité. Maxyne en profita pleinement pour coller son buste, ses lippes s'accrochèrent aux siennes, goûtant les derniers effluves d'alcool qui donna du piment. Il n'y avait rien de plus appréciables que la saveur d'une bouche rauque d'un homme, se laissant happer pour pouvoir s'y perdre entièrement. Avec douceur elle fit descendre ses doigts sur son flanc, cherchant à relever légèrement le tissu pour s'y faufiler. Le bout de ses ongles traça délicieusement les contours de sa chair, remontant dans un geste des plus lent, pour finalement redescendre et s'arrêter à la limite où commença le haut de son pantalon.
Au plus profond l'attente commençait à faire sentir, elle voulait de lui, de son corps, de ses mains contre sa peau bouillonnante. Cependant, elle se fit violence pour mettre finalement fin à cette embrassade.

La jeune femme s'éloigna de son hôte, souriante, se dandinant gracieusement. Elle recula jusqu'au centre de la pièce et se débarrassa de ses chaussures qu'elle fit glisser d'un coup de pied sur le côté. Sans ses talons la belle paraissait bien plus petite, mais elle avait toujours apprécié ça, probablement comme la majorité des femmes de ce monde qui ne voulaient pas paraître plus haute que leur amant. Le souhait de se faire désirer se reflétait dans les iris sombres, on aurait pu lire tous ses noires desseins, toutes ses idées malsaines, obscènes qui frémissaient à l'intérieur. Elle resta silencieuse, alors que ses doigts se promenèrent de façon aguicheuse, quasi désinvolte, sur ses accoutrements. Un bouton de son chemisier sauta, puis un autre et encore un autre, laissant les premières vues de son sous-vêtement à dentelle. Laissant l'imagination faire son œuvre quant au reste qui n'était encore qu'un mystère. Mais elle ne pris pas la peine de terminer, s'arrêtant à mi-chemin, amusé, une main passant dans sa chevelure les ramenant d'un côté. Elle se mordit la lèvre inferieur, les doigts titillant les boutonnières de son habit.

« Vous allez rester là, sagement, à me regarder ? »

            Maxyne aurait très bien pu terminer le travail elle-même. L'amadouer de sa peau dévêtue, ne gardant que la dentelle saillante qui s'accordait si bien. Elle aurait pu, continuer à jouer avec sa patience, le faire languir davantage jusqu'à le voir craquer. Mais il s'agissait d'un homme dont la patience devait probablement être le mot d'ordre dans sa vie – ou du moins professionnellement parlant – elle avait un grand doute à le voir céder ainsi en premier. Et en même temps, elle ne désirait pas lui mâcher le travail. Le laisser prendre simplement ce qui était offert sans le moindre effort. La brune avait tout autant envie de sentir à nouveau les mains de son hôte contre sa chair.

Elle jubila intérieurement à le voir se déplacer alors, que son tact était bien plus provocateur. Si la déception de ne pas pouvoir profiter amplement du spectacle lui avait traversé l'esprit, elle se promis de faire oublier ce petit détail. La brune eut vaguement le pourpre aux joues à son compliment. Il était facile d'en recevoir, mais tous ne venaient jamais d'un homme qui, de prime à bord, n'était pas fait pour devenir aussi intime. Les mots furent bien plus plaisants à apprécier. Ils lui donnèrent même plus de goût à profiter pleinement de cette distance réduite a nouveau. De ressentir la chaleur de son corps. Les lèvres sur sa chair qui firent montait doucement en température. Un instant la tête penchée en arrière pour lui laisser un libre accès. Chaque baiser déposé lui donna une décharge, délicieuse, qui longea son échine. Un léger sourire amusé sur la commissure des lèvres pris place, alors que ses mots résonnèrent à son oreille, fallait-il comprendre qu'il avait un petit côté dominateur finalement ? Il lui tardait d'en avoir un aperçu. La tension n'en serait qu'accrue. C'était bien là l'effet escompté.

« Ne jouait pas avec ma patience monsieur Lemoine. Ça c'est mon rôle. »

Sa langue clapa contre son palais, un faible soupire s’extirpa de ses lippes, soulevant sa poitrine qui implorait la liberté. Elle ne niait pas l’effet qu’il produisit sur tout son être. Le cœur battant, le bas du ventre s’échauffant dangereusement. Les ongles de Maxyne se faufilèrent sous son habit et griffèrent le bas de son dos. Ils laissèrent des traces invisibles sur ses hanches, descendirent le long de l’aine et partir à la rencontre des boutons de son pantalon. Elle fit sauter le premier, sa bouche s’approcha à son tour de sa nuque, le souffle chaud le caressa. Ses dents mordirent faiblement sa chair, quand une main aguicheuse glissa discrètement à l’intérieur du jean. Trop sage encore, ses doigts glissèrent lentement sur le tissu du boxer, cherchant un contact viril.

« On peut être deux à rendre la progression… Difficile. »

Elle murmura ses quelques mots à son oreille. L’amusement dans le timbre de voix. Ses dents titillèrent son lobe puis, dévalèrent la courbe de son cou. Tandis que ses doigts prenaient plaisir à s’imposer plus bas.