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You're my king and I'm your lionheart || (Peter)
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You're my king and I'm your lionheart
ft. Peter Adeane

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Silence.

Voilà comment on pourrait décrire le voyage qui les a conduit jusqu’à la dernière demeure de la mère de Peter. Une charmante petite maison dans la campagne anglaise. Ils y passèrent un certain temps, entre le tri des affaires de la défunte et toute la paperasse que l’avocat a dû remplir et faire passer pour pouvoir faire enterrer le corps de sa mère auprès de son père à Londres, et à travers tout ce temps passé loin de leur chez eux à Londres, le silence était maître mot. Pourtant, ils ont échangé, quand cela était purement nécessaire, quelques paroles, mais c’est comme si le silence était omniprésent. Un silence pourtant bien loin de celui, si oppressant, qui les accompagne à Londres. Non, ici, il n’a pas autant l’impression de se heurter à un mur quand il est auprès de son amant, celui-ci se montre plus “humain” qu’à l’accoutumée. Christian a la sensation, presque, de mieux le comprendre dans ce silence-ci. Une sensation qui ravive, timidement, la flamme de l’espoir au fond de son cœur. Celle qui lui fait dire que tout n’est pas perdu, finalement. Ca a eu aussi l’effet d’inquiéter l’artiste. Il a tendance à penser que les expressions d’humanité de Peter sont une conséquence d’un stimulus externe dont il ignore encore la nature exacte. Leur vie à Londres est si complexe et remplie qu’il est difficile de pouvoir mettre le doigt sur ce qui peut amener cette réaction en chaîne (et vu la loquacité habituelle de Peter sur ces sujets…). Ici...Ici il n’y a que le deuil qui lui vient à l’esprit, celui d’une mère, le ramenant douloureusement à ses propres onze ans, quand il a dû voir partir six pieds sous terre ses deux parents à cause d’un bête accident de voiture. Ce qui le pousse à remettre en question toute sa théorie, le laissant un peu plus perdu qu’avant sur ce front, alors que paradoxalement, il se sent plus proche de lui qu’il ne l’a été depuis bien longtemps. Mais tout a une fin.

Retour à Londres et retour de ces murs qui lui semble impossible à franchir sans aide de sa moitié. Le silence, ce jour-là, quand ils reviennent des obsèques de la mère de Peter, est pesant. Comme si la bulle qui s’était créée autour d’eux avait soudainement éclaté, les laissant en proie à cette lourdeur qui les entrave chaque jour un peu plus, les empêchant de réellement reconnecter ensembles. Le soupir las qui menace de s’échapper des lèvres de Christian est ravalé au profit de poser leurs sacs dans un coin du salon, alors que le silence assourdissant de leur vie l’assaille.

“Je vais faire un peu de thé.”

Une simple indication. Une dont il se demande l’utilité dans le fond. Est-ce que Peter se serait vraiment demandé où il allait s’il avait simplement commencé à traverser leur salon pour atteindre la cuisine? Ou bien serait-il simplement parti tout de go en direction soit de la chambre, soit de son bureau (Christian parierait sur le second)? La question s’efface de son esprit alors qu’il met l’eau à bouillir, qu’il sort la théière, une boîte de tisane (car il n’a pas besoin de théine à l’heure actuelle, quoi qu’il ait pu dire à Peter), deux tasses. Car il espère, malgré ce silence qui semble vouloir le faire plier sous son poids alors que lui résiste tel Atlas soutenant le monde, que Peter viendra prendre une tasse, partager juste quelques minutes de plus avec lui, avant de reprendre cette étrange routine qui forme leur quotidien londonien.

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10.03.21 14:00
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You're my king
and I'm your lionheart
Christian & Peter
Count my cards, watch them fall
Blood on a marble wall
I like the way they all
Scream
Tell me which one is worse
Living or dying first
Sleeping inside a hearse
I don't dream

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Dissimulé sous mon parapluie, je tente de fuir l'averse, de me retrancher, toujours plus, dans cette chair qui est si faible, si fragile, face à cette tombe que l'on rouvre pour y glisser un second cercueil, pour y mettre en terre, tout ce qu'il reste de cette enfance que je n'évoque jamais, de ce temps que je garde précieusement en ces souvenirs que je tais, que j'enterre en ce cœur qui bat trop lentement, qui semble mourant, sur le point de se fossiliser, d'être celui de cet homme que j'ai promis de ne jamais devenir, de cet être las de devoir marcher parmi les siens, de faire encore semblant de s'en soucier, de es vivants qui son trop souvent ingrats, juste bons à se laisser dominer par leurs pulsions, leurs ambitions, par ces envies qui m'échappent, qui en cet instant, ne sont que concepts s'étiolant dans le vent, dans les prières récités par le prêtre, dans ces psaumes qui ne sont que mensonges, qu'odieuses créations vouées à tromper les égarés, à donner un sens à cette vie qui n'en a point, à ces années que nous passons tous à nous user dans l'espoir d'être un jour récompensé, de gagner ce droit à le rencontrer, ce Créateur qui s'en fout bien de nos malheurs, ces anges qui ne descendent jamais pour nous sauver, pour nous pardonner d'être faillibles, de l'aimer, cette corruption qui pousse au terrible, au pire.

Mais tu ne me l'aurais pardonné, si j'avais osé te refuser ce droit à t'en aller, enveloppé du linceul de ces lamentations que les croyants adressent au Seigneur. Tu en aurais voulu à ma raison, à mon âme d'athée, de t'imposer un tel blasphème, de t'empêcher de le retrouver, ce mari fauché par les conséquences d'une vie de labeur. Tu m'aurais détesté, comme cela ne t'est jamais arrivé, n'est-ce pas?

Aux côtés de Christian, je me fais impassible, immobile, faux géant qui prétend être au-dessus de ce chagrin que je ravale par refuse de pleurer, de me faire homme pour ce marbre qui pourrait refléter mon image, me cracher au visage ô combien je ne ne suis si différent de ce que je méprise, que trop souvent je méprise comme ces archanges incapables de trouver la beauté en cette humanité qui n'est bonne qu'à se condamner, qui l'aime, cette destruction perpétuelle, cette désolation qui sera la cause même de sa disparition ; deviens fils indigne qui ne veut rien dire, rien montrer, qui attend, demande en silence à être seul, à pouvoir perdre secondes et minutes devant cette pierre lavée par la pluie, ornée de fleurs que je viens effleurer de mes doigts, déranger d'une caresse, d'un dernier contact qui n'a de sens, qui n'est que cet aveu que je ne parviens à formuler, ces derniers mots que j'aurais aimé échanger avec elle avant qu'elle ne me laisse, qu'elle ne s'en retourne à la terre, à ce néant auquel il me faudra un jour retourner.

Je suis désolé.

De n'avoir jamais été ce fils que tu méritais, ce gamin qui aurait été un moins brillant, un peu plus humain. Qui aurait été capable de t'aimer comme tu le méritais, qui aurait su bien plus apprécier ce que tu tentais de m'enseigner. D'avoir été cette énigme pour laquelle tu n'as cessé de t'en faire, à qui tu voulais trouver une jolie fiancée, à qui tu souhaitais cette vie que je ne suis capable de mener, celle d'un homme heureux d'être aimé, capable de laisser derrière-lui, des souvenirs que l'on voudra perpétuer, à jamais conserver.

Je suis désolé d'avoir été, et de n'être qu'âme mal formée, mutilée à la naissance, conçue de travers, façonnée par les vagues de cet océan auquel je ressemble tant. De n'être ce fils qui sanglote des heures durant, qui se lance dans ce pèlerinage que je n'ai le courage de faire, de crainte de succomber à l'appel d'une nostalgie bien nocive, de n'être capable de résister à l'envie de me complaire dans la douleur. De déjà vouloir avancer. De vouloir oublier, pour ne jamais les regretter, ces instants où j'étais enfant avec toi, ces moments que j'emporte avec moi dans mes silences, dans chacun de mes instants d'égarement.


A notre voiture, je rejoins finalement Christian, lui demandant en silence de conduire tandis que je m'installe sur le siège passager pour m'allumer une de ces cigarettes mentholées sur laquelle je commence à tirer, expirer de longues bouffées de nicotines que je regarde à peine danser dans l'air, former délicates arabesques chassées par nos deux souffles mêlés, par le poids de ces non-dits qui font naître sur ses lèvres, bien des questions qu'il a la gentillesse de tuer, de laisser mourir en son être, de conserver pour une autre fois, pour un jour qui ne viendra peut-être pas, pour ces autres vies que nous auront peut-être, par cette lassitude qui me pousse à contempler Londres au travers de cette fenêtre battue par la pluie glacée, de chercher dans le paysage brouillon, le courage, la force de me tourner vers cet amant que je fuis et dont pourtant, j'ai tant besoin, vers celui qui persiste, qui insiste à vouloir me trouver désirable, à voir en mes fuites, les preuves d'un amour, d'une passion que j'ai souvent l'impression d'éprouver de travers, de feindre parce que j'en ai besoin, de ses regards, de ses gestes, de sa présence, de son corps entre mes bras, au creux de mes draps, de cette échine contre laquelle je viens m'assoupir, de ce chaos qui m'ancre à ce monde, à cette réalité dont je ne cesse de me détacher, de m'éloigner, moi qui préfère contempler les miens au loin, de me faire cet élu qui observe les naufragés, drapé par le ressac des vagues, par l'écume, par ce sel qui enveloppe mon cœur incapable de s'affoler, d'en cet instant, être celui d'un fils endeuillé.

Merci d'être là.

Mais rien. Juste le chant de la braise, de nos respirations, de mes expirations polluées par la nicotine, par cette habitude que je dois à cette mère qui fumait à mes côtés, alors qu'elle cuisinait, qu'elle me regardait travailler en me disant qu'il serait bien que j'aille faire comme les autres gamins de mon âge, que je me fasse sauvage, qu'à la maison, je ramène parfois quelques égratignures, quelques récits d'aventure.

J'ai besoin de toi.

Je ferme les yeux, agacé, dégoûté par ma propre lâcheté, par cette pudeur idiote qui m'ordonne de toujours plus lui échapper, de sans cesse, m'en retourner à ce lointain où il ne peut jamais me rejoindre, à ce royaume d'océans et de silences où se cache les fragments de ce jeune étudiant qu'il aimait tant, de ce Peter qui se laissait volontiers distraire par cet homme qui était le premier à lui trouver ce charme que les autres ne décelaient point, qui lui donnait l'impression que l'on pouvait encore le sauver, ce cœur céleste prisonnier d'une chair bien trop terrestre.

J'ai besoin que tu me pardonnes, que tu ne m'en veuilles point d'être ainsi. Que tu l'entendes, que je t'aime, malgré tes doutes, malgré mes secrets. Que je n'aurais voulu personne d'autre que toi.

A la braise, j'arrache une autre plainte, acceptant ma défaite, laissant le trajet se faire sans qu'un mot soit échangé, sans que nos regards n'en viennent à se croiser, fumant en le fuyant, jusqu'à ce que nous arrivions à l'appartement, filant directement vers mon bureau, émettant à peine un son quand il m'annonce préparer un thé que j'accepte sans me retourner, sans un seconde, songer à venir l'aider, préférant de suite aller pendre mon manteau et me changer, abandonnant chemise et pantalon de costume pour un pull un peu ample, pour jean que j'enfile non sans contempler cette boîte de vieille dame qui trône au milieu de mes dossiers, qui semble faire tâche parmi mes affaires sagement rangés, soigneusement ordonnés. D'un pas, je m'approche afin d'effleurer le bois du coffret, de sourire de l'illustration si triviale qui l'orne, osant même effleurer les différent animaux représentés de mes doigts avant de l'ouvrir, d'en découvrir ce contenu jusque-là délaissé, rendu à cette poussière qui n'a eu le temps de s'y accumuler, et que pourtant, je fais mine de chasser, en un geste mécanique, alors que je commence à fouiller, à les aimer, ces reliques qui entre mes doigts, semblent retrouver cette valeur dont le temps les as privé.

Il est vertigineux de constater qu'une vie peut tenir dans une boîte aussi petite. Qu'il suffit de peu pour ramener à la vie, quelqu'un qui bientôt, ne sera qu'un corps de plus, prisonnier de la terre et du marbre, de l'indifférence des vivants, d'une éternité à être lentement oublié des survivants..

Au creux de ma paume, j’accueille bijoux et alliances, souriant en reconnaissant cette broche offerte il y a des années par mon père, tandis que je passe les quelques papiers me concernant qu'elle a pu conserver, ne jetant qu'un œil à ma lettre d’acceptation à Oxford, pour m'intéresser à cette photo qui traîne dans le fond, à cette unique rescapée qui n'a été mise dans l'un des nombreux albums qu'elle faisait le dimanche, à cette étrange et unique impression nous représentant, elle, moi et Christian. Entre mes doigts, je fais tourner le cliché, l'observant jusqu'à ce que les visages ne deviennent qu'esquisses, que les couleurs se mêlent et forment bien des concepts abstraits, dans l'espoir de lui trouver une signification qui ne vient pas, un symbolisme qui m'échappe et me fait avec moi, l'emporter jusqu'à la cuisine, jusqu'à Christian dont j'attire l'attention d'un rauque murmure, alors que face à lui, je dépose la photo, allant ensuite nous chercher deux tasses.

« T'en souviens-tu ? »

De cet été où, au bord de l'eau, il avait fallut prétendre n'être qu'amis, faire semblant devant ces parents qui devaient se douter depuis longtemps que je ne ramènerais jamais une belle fille à la maison, que j'étais âme à vouloir me trouver quelqu'un capable de rêver à ma place, de voir la beauté dans ce monde au sein duquel je me sentais comme un étranger, à qui je ne voulais offrir ces passions qui t'ont toujours été réservé ? Te souviens-tu, qu'il fut un temps où je n'étais présence éthérée pour tes paumes, où sous tes lèvres, sous tes prunelles, j'étais réel, homme à la peau brûlante, au cœur exposé, gorgé d'émotions aujourd'hui prisonnières de cristaux salés..

« C'était dans ses affaires. » souffle-je par besoin de me justifier, afin de ne point sembler être motivé par une envie de remuer le passé, de raviver des instants que je pourrais regretter. « Je me demande pourquoi elle gardait cela comme si ça avait la moindre valeur. » Détournant fugacement le regard, je feins de me préoccuper de la préparation du thé pour n'avoir à l'affronter, le regard de mon aime, pour ne point déceler dans ces iris, cette déception qui pourrait terminer d'embrocher mon cœur, de me confirmer qu'il regrette de s'être entichée d'une vague incapable de se laisser domestiquer, d'accepter que l'on puisse le posséder plus que le temps d'une étreinte, d'une pulsion charnelle.

« Peut-être tenait-elle à toi. » Sur le côté, je penche légèrement la tête. « Elle devait, à vrai dire. Elle me demandait souvent ce que tu devenais. »

Seulement j'étais incapable de lui avouer la vérité, de lui dire que tu souffrais en restant avec moi, que j'étais, et suis, ton plaisir masochiste, ta perte, celui qui finira par user ton cœur, par tuer cette beauté si unique, ton âme faite pour créer, pour rêver.

« Elle s'inquiétait. »

Parce qu'elle aimait, trop sûrement. Elle vivait dans l'excès des sensations, des sentiments. Comme toi, elle voulait sauver le monde.

Made by Neon Demon
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10.03.21 21:49
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You're my king and I'm your lionheart
ft. Peter Adeane

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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] Un regard qui se tourne vers l’entrée de la cuisine, alors qu’il a fini de sortir ce dont il aurait besoin, et une nouvelle déception qui se niche en son sein, approchant de plus en plus de son cœur, tel un morceau de shrapnel faisant sa route dans ses chaires. Peter ne l’a pas suivi pour un thé. Il ne devrait plus être déçu. Il ne devrait plus s’attendre au meilleur, depuis le temps. Il devrait avoir retenu la leçon; s’attendre au pire, il aurait plus de chance d’avoir une bonne surprise qu’en continuant d’espérer ce qu’il souhaite de tout son cœur, uniquement pour se le voir arracher avant même de l’avoir contre lui. La tisane en devient presque ridicule à ce moment-là...Il range les deux tasses, mais laisse la théière. Il peut toujours en préparer, ils le feront réchauffer à la casserole si jamais l’envie les prenait de se prendre une tasse, plus tard.

La veste du costume quitte ses épaules pour aller sur le dos d’une chaise d’un geste leste, son nœud de cravate est desserré, et les deux premiers boutons de sa chemise libérés. Il n’y a plus besoin d’une tenue aussi formelle, pas chez eux. Il s’appuie des deux mains sur le plan de travail, les épaules basses, comme si le poids de cette solitude à deux s’abattait soudain sur lui. Des fois, de rares fois, il se demande à quoi ressemblerait sa vie s’il quittait Peter. Quitter cette douleur lancinante, cette solitude alors qu’il n’est pas seul dans cet endroit, la longue file des déceptions qui s’enchaînent, l’inquiétude omniprésente de ne pas savoir comment ramener auprès de lui l’être aimé. Se laisser vivre, pleinement, plus de secrets, plus de mensonges, plus de tâtonnements autres que ceux de la découverte d’un nouveau corps...Son train de pensée est interrompu par une photo qui se place devant ses yeux, et la voix basse de son amant vient se loger dans son oreille, lui tirant un frisson. Il le voit partir sortir ces deux tasses que Christian venait de ranger, les ayant pensées finalement inutiles.

La réponse à sa question apparaît alors, si claire dans son esprit. Peut-être qu’il souffrirait moins, peut-être qu’il n’aurait plus à se cacher et à cacher ces instants de bonheur, mais il n’aurait plus ces mêmes instants de bonheur. Ceux de se rappeler que son amant, si lointain, si changeant, est toujours là, toujours attaché à lui, et que rien ne serait pareil sans lui. Sa vie n’aurait pas eu la même saveur. Sa vie aurait probablement fini par devenir une routine tout aussi oppressante par son manque de petites joies aussi vives, aussi fugaces que des feux follets, bien que peut-être plus confortable. Il ne dira pas qu’il ne changerait rien s’il le pouvait, une part de lui aimerait changer Peter pour le rendre plus accessible, juste un peu, pour ne pas le dénaturer. Une autre partie, masochiste mais majoritaire, voit cela comme déjà une dénaturation. Changer un iota de Peter reviendrait à ne plus avoir Peter, à avoir...quelqu’un d’autre. Semblable à son amant sans l’être.

Reposant son regard sur la photo, les souvenirs lui reviennent, lui tirant un petit sourire nostalgique, et il a même un rire dans une expiration au presque étonnement de l’avocat quant à pourquoi sa mère a gardé cette photo avec elle jusqu’à la fin.

“Pour les souvenirs.” s’il n’était pas dans cette humeur étrange consécutives à ce voyage, il aurait certainement lancé une pique à Peter, dans la lignée de ‘mais c’est vrai que les souvenirs, c’est optionnel chez toi’, mais pas cette fois “Après tout, c’était le dernier été où je l’ai vue. J’étais la première personne que tu ramenais avec toi chez eux.”

Et il avait été si fier de savoir ça. Si fier de savoir que personne d’autre n’avait réussi à suffisamment percer la carapace de Peter pour qu’il les pense dignes de rencontrer ses parents. Pour être honnête, même lui, à l’époque, avait été étonné de l’invitation. Il n’avait même pas bronché quand il a dû cacher sa relation avec Peter à l’époque; il savait que dans une famille, un aveu de cette envergure n’est pas toujours bien vu, il comprenait. Il se retourne, appuyant ses reins contre le bord du plan de travail, plutôt que ses coudes, la photo toujours en main. Bon sang, ce qu’ils avaient l’air gamins sur cette photo. Il n’était pas bien vieux il faut dire. Il se rapproche, à peine de Peter, cherchant à frôler son bras du sien, un simple contact de réconfort, pour lui ou pour Christian, c’est une bonne question…Il essaie de croiser son regard avant de reprendre la parole, espérant le trouver et le retenir.

“Je crois qu’elle tenait à nous deux. Mais tu étais son fils, tu as toujours eu priorité dans son coeur” et il n’en n’est pas amer ou jaloux, c’est la simple nature des choses “Et les parents s’inquiètent, ça fait partie du contrat quand on a des enfants: dix minutes de plaisir pour une vie d’inquiétude!” Ça lui tire un rire franc, et il repose la photo sur le plan de travail, s’y accoudant nonchalamment. “Qu’est-ce que tu as trouvé d’autres dans ses affaires?”

Il veut s’accrocher à ce moment qu’il sait fugace, un de ces moments où il peut parler avec son amant, de tout et de rien, sans hausser la voix, sans se perdre en dispute stérile, juste eux deux. Alors il pose une nouvelle question, il attend la réponse, mais il se retient de toucher, car il sait que ça, ce n’est que lorsqu’il en a l’autorisation.

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11.03.21 19:41
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Pour les souvenirs.

L’évidence, la simplicité de cette vérité me fait pourtant froncer les sourcils, douter, me pousse à tenter de trouver au fond des boîtes de thé que je ne cesse de fouiller, une autre explication capable de faire taire ses questions qui se bousculent en ma psyché, qui se font ouragan, tempête qui balaye et détruit ces certitudes que je troque pour les réminiscences de cet été où je n’étais encore que gamin, que jeune homme qui pensait que le monde pouvait être sauvé, que l’humanité avait le droit à cette chance qu’elle n’a jamais mérité, à cette absolution que les anges ne viendront jamais déposer à nos pieds, semer au gré de baisers sur les fronts des pénitents, des pécheurs et autres repentants qui craignent tant de rencontrer ce Seigneur entourré de leurs ancêtres, de ceux qui ont eu l’éternité pour s’énivrer du poison que sont les regrets, les remords, les possibles avortés, les vies gâchés, ces rêves et espoirs brisés que l’on a refusé de voir crever, disparaitre, enterrer avec cette enfance qui ne peut durer, qui se doit d’être un jour, n’être que le cimetières de ces instants capturés par la pellicule, par un être désireux de conserver la beauté de l’éphémère, de ce qui n’existe que pour se dissoudre dans le néant, être avalé par ce vide qui semble en cet instant, creuser ma cage thoracique, engloutir ce coeur qui se refuse à battre, à s’émouvoir à la mention de ce temps où je n’étais encore trop prisonnier de l’océan, de ce lointain qui m’appelle déjà, tente de m’arracher à la voix de Christian, à ces intonations, à cette douceur qui devrait me faire frissonner, me donner l’envie de me réfugier dans ses bras pour la retrouver, mon humanité sacrifiée, mutilée. Du bout des doigts, et en des gestes bien élégants, je tire d’une boîte en métal deux sachets que jette au fond des tasses, me renfermant, m’abîmant toujours plus dans une contemplation dont je n’émerge que pour cette sensation qui parcoure mon échine, qui se fait caresse éthérée, frôlement faussement accidentel, si calculé que j’en frémis, qu’en mes reins, je sens grouiller cette vipère qu’est le désir, ce serpent qui plante ses crochets en ma chair, m’inoculant son venin, cette impression qui me fait humain, m’oblige à m’incarner dans la réalité, a, à lui, revenir pour croiser son regard, m’étonner de sa bonté, de cette patience qu’il devrait accorder à un autre, à cet aimé qui serait capable de lui offrir autre chose que son silence, que ce battement de cils fugace, ce geste qui me fait verser l’eau désormais chaude dans les deux tasses, contempler les volutes danser, se faire monstres furieux qui, dans l’air, se fatiguent jusqu’à mourir en silence.

“Pourquoi celui-ci ?”

Pourquoi cet été en particulier, pourquoi toi à mes côtés, à prétendre n’être que cet élu digne de s’approcher de l’énigme que je suis, d’entendre ces récits que content mes silences, que fredonnent mes absences ? Pourquoi étais-tu important aux yeux d’une mère qui n’a jamais pu se faire à l’idée que je serais à jamais, l’esquisse mal formée d’un être qui ne sait éprouver ? Pourquoi t’enfermer dans le coeur même de ces souvenirs, si ce n’est pour s’assurer de ne jamais oublier, le visage de celui capable de le rendre humain, son enfant à l’âme écorchée ?

“L’instant n’était point exceptionnel, il était…”

Ne trouvant les bons mots et craignant de le blesser, de tuer un peu plus, son coeur que je ne cesse d’embrocher par cruauté, avec lequel je joue sans réaliser, sans même vouloir, penser à être sa perdition, ce démon auquel il vend cette vie qui ne devrait être rythmée que par la passion, que par ces folies que j’envie aux âmes sauvages, aux êtres faits de pulsions, de désirs qui me sont interdits, qui ne sont que fruits d’une rage de vivre qui n’est que forme de démence, qu’ultime aveu d’une peur de voir la fatalité arriver trop vite, se faire cruelle amante qui viendrait les cueillir trop tôt; je m’autorise un autre silence, une seconde où je ne suis bon qu’à soupirer, qu’à lui offrir cette tasse brûlante sans parvenir à croiser son regard, à affronter ce qui pourrait se dissimuler sous cette tentative qui est sienne, de me faire céder, de me faire admettre que je ne suis fait que de fêlures, de plaies vomissant ce chagrin immonde qui voile mes iris, donne à mon tabac, cette saveur fade, cet arôme de désespoir.

“Banal. Terriblement simple. Ce n’était qu’un fragment d’un instant qui fut si doux, qui fut beau. Vouloir le conserver, c’est étrangement cruel.”

Tout comme il est cruel d’enfermer des papillons derrière du verre, de vouloir capturer les marées.

“C’est égoïste, presque.”

D’une grimace, je confesse mon incompréhension, avant d’enfin, parvenir à croiser son regard, à lui avouer mon errance, cette peur qui gratte mon ventre, d’être la victime de cette impression qui me ramène à ma condition d’être qui n’est rien, de simple chair ballotée par le passage du temps, d’humain voué à disparaître.

“Mais j’ai conscience de n’être capable de comprendre, d’en saisir l’importance.”


J’ai conscience de n’être toi, Christian, de n’avoir ce coeur fait pour vaciller, pour trembler devant l’éther, devant les illusions nées de l’irréel, de ces rêves que tu passes tant de temps à vouloir invoquer au sein de ces carnets que tu noircis, que tu éparpilles dans l’appartement, qui trop souvent, s’égarent dans mes mains, se font ces trésors que j’enterre en mon antre, entre ces affaires qui en viennent toutes à se ressembler.

“Je sais que…” Autre soupir de ma part, tandis que je porte ma tasse à mes lèvres, que je reste à ses côtés pour apprécier ce contact qu’il m’offre. “Je sais que je ne pourrais jamais vraiment comprendre. Que c’est hors de ma portée, comme toutes ces choses qu’elle a pu mettre de côté, qu’elle n’a jamais voulu jeter, qu’elle avait peur d’égarer.”

Ces choses auxquelles je n’accorde que peu d’intérêt, que je sème dans des tiroirs, que j’offre à la poussière, à l’indifférence, parfaitement conscient que le moment venu, tout s’en retournera au néant.

Toujours contre lui, je me permets de rester, de profiter de cette fausse étreinte que nous partageons, de cette esquisse d’embrassade que nous n’avons connu depuis une éternité, qui semble me manquer, se faire douleur pour laquelle je serais prêt à cambrer les reins, à murmurer que j’en ai assez d’avancer seul dans l’obscurité, d’être aveuglé par le chagrin, par la perte de cette mère que j’aurais être éternelle, être celle qui se doive de me voir m’en aller, m’en retourner à cet océan qui n’aurait aucune peine à laver mes os de ma chair, à faire de mon squelette, un récif, le coeur même d’une vie bien trop fragile. Un instant, je songe à toujours plus me perdre contre lui, contre son corps prêt à m’acceuillir, mais me fais sage, me fais humble face à mes désirs, à face à la brûlure plaisante d’une envie familière, d’une pulsion primaire qui me fait souhaiter de n’être que créature d’instincts, que mâle poussé par le besoin de se perdre dans l’ivresse de l’extase, d’une jouissance qui transcende.

“Tu devrais la voir, cette boîte. Elle contient la vie d’une femme qui a été aimé. Qui a été heureuse.”

Les paumes réchauffées par le thé infusant, je rajeunis presque, redeviens ce gamin qui l’aimait tant, cette mère qui lui pardonnait sa différence, qui sûrement, devait se douter de ses préférences, de cet amour porté à un homme qu’il faisait passer pour un simple ami, pour ces mensonges qui étaient ceux d’un être qui ne sait tromper, qui n’est capable de s’inventer une autre vie, de prétendre parmi ceux à qui il ne veut ressembler.

“Dedans se trouvent leurs alliances, quelques bijoux offerts par mon père quand il avait mis assez de côté pour lui offrir de quoi la rendre belle, son épouse de toujours.”

A l’évocation de ce souvenir confus, de cette collection d’instants qui défilent en mes pensées, qui se font carousels furieux sur mes rétines, je m’autorise un léger sourire, un rire qui n’est qu’expiration, que discret soupir venant déranger les volutes qui se dégagent de la surface du breuvage aux arômes puissants.

“Elle a gardé ma lettre d’admission à Oxford. Tu imagines ? Elle est là, au milieu de ses affaires, au milieu des fragments de ce qui fut son existence, de ce qui fut cette mère qui voulait que je sois heureux, qui m’a élevé malgré les difficultés, malgré la misère, malgré tout.”

Et elle a fait de son mieux pour que je ne manque de rien, pour que je garde de mon enfance, que ces souvenirs qui parfois, se glissent en mes songes, tissent, brodent, ces instants où je me revois, gamin, à n’être presque rien, à les aimer, mes après-midi à la maison, à lire pendant qu’elle fumait en s’occupant à faire le ménage, quand elle me disait d’aller me faire des copains, de traîner dans les décharges et autres terrains vagues fréquentés par les gosses de mon âge, d’aller salir ma peau et mes vêtemetns, de collecter ces bleus que je n’ai jamais vu comme des trophées, comme les preuves que je suis bien fait de chair et de sang.

Un autre frisson se fait secousse à la surface de mon derme, séisme qui me pousse à me glisser un peu plus contre lui, à me presser toujours plus contre sa personne, à en silence, réclamer son indulgence, son pardon, le droit à être embrassé comme la première fois, d’être regardé comme ce jour où je l’ai vu succomber à ces charmes que je n’ai pas, être pris en otage par cet océan qui gronde en mon être, par le ressac de vagues qui battent mes veines.

“Elle est si petite, cette boîte, Christian.”

Minuscule, même. Comme si elle n’avait été que si peu, cette femme qui faisait tant pour rester en vie, qui luttait comme tant d’autres avant elle pour exister, pour rendre heureux ceux qui l’entouraient, qui comptaient pour elle.

“Il y a tout une vie là-dedans, et pourtant, je me sens comme un géant, à fouiller dans ses affaires, à décortiquer son passé comme si j’en avais le droit, comme si j’étais digne de me glisser dans son intimité, d’enfin rencontrer celle qui a toujours été cette mère a qui j’ai caché, à qui je t’ai caché.”

Parce que je suis laid, dans ma faiblesse, dans ma lâcheté. Parce que je ne vaux pas mieux que ces hommes qui trompent et mentent. Parce que je suis ce démon qui finira par le tuer, cet espoir qui brûle en toi.

“Il y a le coeur même d’une mère fière de sa famille, de cette vie qu’elle a construite.”

Les doigts rendus tremblants par une soudaine nausée que je peine à ravaler, par cette sensation pesante qui vient écraser mon souffle, fracasser ce qu’il me reste de mon coeur déjà étranglé par bien des émotions, je finis par reposer la tasse sur le comptoir, par l’abandonner, à ce silence qui s’amuse des volutes qui en émergent toujours.

“C’est le cadeau même de la fatalité, qui se trouve sur mon bureau, qui patiente, qui attend, qui vient triturer mes entrailles, me rappeler qu’un jour, je ne serais moi-même que cela, qu’une collection de petites choses abandonnés au fond d’un coffret, d’un carton. Qu’un nom qui finira par s’en aller. Un souvenir que l’on évoquera autour d’une tasse de thé.”

Quelqu’un que tu finira par oublier parce que tu en auras eu assez, parce qu’il t’aura été trop compliqué de le supporter, mon coeur d’eau salée.

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14.03.21 0:01
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un haussement d’épaules. Voilà tout ce qui lui vient au premier questionnement de Peter. Il voudrait lui répondre “parce que”. Parce que c’était important pour elle, tout comme le dessin et l’art sont importants pour Christian. Tout comme défendre ses idéaux l’est pour Peter. Parce qu’il n’y a pas de réelle logique dans ce que les gens considèrent comme importants dans leur vie. Surtout quand approche de plus en plus la fin de leur vie. Les souvenirs ont tendance à se mélanger, à disparaître, alors on garde ceux dont on se souvient, ou on garde ce qui peut nous rappeler ceux qu’on ne souhaite pas perdre. Il y a tant de raisons, toutes plus irrationnelles les unes que les autres, et c’est aussi ce qui fait la beauté des souvenirs. Ils ne sont pas rationnels. Ils sont émotionnels, intrinsèquement. Pourtant, même Christian peine à trouver les mots pour l’expliquer et c’est bien la preuve que ce n’est peut-être pas fait pour être expliqué par quiconque d’autre que la personne en question; on dit “explication claire à concept bien pensé”, après tout.

L’artiste mentirait s’il annonçait ne pas être, un peu, blessé par la notion de banalité que cet été si lointain. Lui, il s’en souvient comme tout sauf banal. L’excitation de devoir cacher leur relation, comme un défi lancé à demi-mot, l’adrénaline des moments volés d’autant plus secrets, et le sentiment si pur de l’amour naissant qui creusait déjà peu à peu son cœur. Non, rien n’était banal, durant cet été, pour lui. Cette blessure est panser, un peu, par la réalisation que pour son amant non plus, il n’a pas été totalement banal non plus. Il l’a qualifié de doux, de beau. C’est ces petites réalisations qui lui rappellent qu’il aime un homme et non une machine, ou une entité éthérée et inaccessible, comme aime à le penser Peter. Rapidement, une sensation froide veut prendre place dans son estomac, quand il insiste sur le fait que sa mère a été aimée, a été heureuse...Il ne peut s’empêcher de craindre quelque chose, mais il n’arrive pas à mettre le doigt sur quoi, précisément.

A ces prochains mots, Christian veut le rassurer, lui dire que ce n’est pas grave, qu’il l’aime quand même, malgré tout ça, parce qu’il est lui, juste lui. Mais il n'en a pas le temps. Peter reprend, et continue. Le galeriste se tait et écoute, profitant d’un de ces rares moments où son aimé se laisse aller à se confier, dans sa manière bien à lui, à vider une partie de ce qu’il a sur le cœur. Contre lui, Christian se fait immobile, mais accueillant, pas rigide, pas de pierre, simplement là, une présence rassurante, son corps se moulant à celui de son amant quand ce dernier s’appuie un peu plus contre lui. Il est là, il ne bouge pas, ne bougera pas à moins que la mort ne les sépare ou que l’avocat ne lui demande de partir.

Plus il parle, plus Christian a mal. Non pas à cause de lui, mais pour lui. Mal d’entendre ces presques remords à ne pas avoir pleinement connu sa mère, à le cacher, lui. De ce qu’il lui dit en tout cas. Il prend sa main quand il la voit trembler, et quand il a terminé, quand il fait une pause, gardant sa main dans la sienne, il l’écarte, l’incitant à se reculer un peu du comptoir, pour que Christian ne se glisse entre ce dernier et son amant, son amour de toujours, celui qu’il n’échangerait contre rien au monde. Ses mains vont entourer son visage, caressant ces pommettes une seconde et va prendre ses lèvres, doucement, chastement. Il veut le rassurer qu’il sera toujours là, quoi qu’il arrive, quand bien même il s’engueulent tous les soirs par la suite, il sera là.

"Ça nous ferait presque relativiser notre vie, pas vrai?” il sourit, relâchant le visage de son amant mais ne bougeant pas de là où il se trouve. “Si tu ne veux pas regarder plus longtemps dans cette boîte, rien ne t’y oblige. Tu peux la laisser dans ton bureau, quelque part, et ne plus jamais y toucher. Peu importe que ce soit parce que tu les penses hors de ta portée, ou parce que justement cela t’atteint bien plus que tu ne le pensais…” oui, c’est un véritable coup de poker qu’il tente là, mais il commence à le connaître, son Peter “En tout cas, quel que soit ton choix, je serais avec toi, toujours. Je t’aime Peter, et je refuse que tu puisses penser autre chose.”

Malgré l’arrangement, malgré la distance et la douleur. Il l’aime à en mourir et il l’aimera jusqu’à sa mort et peut-être même après.

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14.03.21 22:43
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Il n'a qu'un silence, cet amant autrefois doué pour m'enivrer de ses paroles, pour faire des évidences, les uniques sonnets capables de me faire vaciller, d'une seconde, m'ancrer sur cette terre que je hais pourtant, au milieu de cette humanité qui ne parvient à s'élever, à s'arracher à ses démons, à se transcender pour enfin ressembler à ces saints et autres archanges qui peuplent les cieux, qui se désolent de constater que la plus belle des créations de Dieu est aussi la plus décevante, la plus agaçante. Il ne dit rien, cet aimé qui attend, qui laisse au thé le droit de parfumer son mutisme, de semer fragrances et saveurs nos inspirations, ces expirations que je retiens par crainte de céder, de répondre à l'appel si tentant d'un chagrin qui s'amuse déjà des mes entrailles, qui ne cesse de creuser en mes viscères, ce gouffre vertigineux, ce vide au sein duquel j'aimerais chuter pour ne plus jamais avoir à faire semblant, à prétendre l'aimer, la chérir, cet intérêt que je porte à une espèce que j'ai renié, à ces semblables que je trouve ridicule à vouloir s'entêter à poursuivre des rêves, des illusions, des obsessions qui ne sont que pertes de temps, qui usent leur existence à vouloir effleurer l'éternité, la mériter, cette immortalité qui n'a de sens, qui n'intéresse que les vivants, que les angoissés qui craignent l'étreinte du néant, la venue de cette amnésie nécessaire, de cet oubli qui permet aux survivants d'exister, de ne point être prisonniers des griffes des défunts, de souvenirs qui ne veulent rien dire, qui ne sont que poison pour la raison, opium pour le cœur, drogue des infortunés qui ne savent juguler leurs émotions, passer outre leurs pulsions. Contre Christian, je me fais ainsi humble, l'acceptant la capitulation de celui qui doit en avoir assez de faire avec ces vagues qui dansent dans mes prunelles, qui façonnent la moindre de sensations qu'il m'est permis d'éprouver, de ressentir, d'exprimer, qui ne sait sûrement plus réellement comment l'aimer, mon âme d'écume, mon corps béni par l'indifférence des anges, par ce détachement permanent qui m'oblige à toujours plus sombrer dans les tréfonds de ma personne, de sans cesse, creuses cette distance qui me tient si loin de lui, qui m'empêche, de m'égarer avec lui dans cette beauté qu'il est seul à percevoir, dans ses bras, contre sa peau qui autrefois, fut ma salvation, mon unique moyen de le connaître, cet amour qui ne cesse de m'échapper depuis, de se faire concept qui semble m'être interdit, être réservé à cet autre qu'il mérite, dont il rêve sûrement, qui hante ses fantasmes et autres songes où je ne puis le rejoindre, qui en ses pensées, est cet incube qui doit lui promettre cette vie qui ne sera jamais, ces nuits qui n'ont jamais été odes à la luxure, mais simple soupirs timides pour un plaisir que je ne regrette que parce qu'il est mon seul moyen de le garder, cet homme qui mérite mieux que l'ombre que je suis, que ce mensonge qui prétend encore vaciller pour les tentations, pour ces caresses que nous échangeons en secret.

Je ne t'en veux pas, tu sais, de ne plus savoir comment faire, d'être devenu incapable de faire avec mes fêlures, avec ces tares que tu t'évertues pourtant à pardonner, à absoudre de tes baisers. Je le comprendrais, si le moment était enfin venu, si toi aussi, il me fallait te dire adieu, accepter l'idée que tu puisses être heureux avec cet autre qui n'aurait le cœur mal formé, l'âme mutilée.

Ainsi, je ne peux que sursauter quand Christian rompt son mutisme, émerge du silence pour contre moi, venir se glisser, de ses doigts effleurer ma joue pour mieux réclamer ce baiser que je ne lui refuse pas, que du bout des lèvres, je rends à peine, entre deux battements de cils, au détour d'un soupir qui se mue en froncement de sourcils, en ces interrogations que je ravale pour l'aimer, cette patience qui est sienne, cette tendresse, cette douceur qui parviennent à tuer la raideur de mon échine, pour lesquelles, j'ose même esquisser un sourire, une seconde, me fondre dans le creux de sa paume, espérer ne faire qu'un avec sa peau, avec les intonations de sa voix, avec cet aveux pour lequel je tremble comme au premier jour, redeviens, ce jeune homme qui n'y connaissait rien, qui n'en savait rien, de cette épine qu'est l'amour, de cette écharde qui fouille les valves de mon myocarde

«  Merci. »

D'avoir ces mots que je ne serais capable d'avoir pour toi, qui resteraient coincés en ma gorge, se ferait vipères qui s'amuseraient de mon incapacité à te donner ce que les autres seraient heureux de te donner, de t'offrir pour te voir sourire.

« Je ne sais quoi en faire. Je ne sais même pas si il serait sage que je la garde, si je ne devrais pas leur rendre. »

Si il ne serait pas plus sage que je la cadenasse avant de la déposer sur le marbre, de l'abandonner aux caprices de la pluie et du vent, que je sois pour de bon cet enfant ingrat, cette progéniture ratée.

« J'ai peur de mal faire, Christian. »

Cette confession n'est que soupir, aveu d'un cœur qui se fane, qui se momifie pour le passage du temps, pour ces secondes qui s'éteignent en silence, pour cette lâcheté qui m'empêche d'affronter son regard, de me faire vulnérable pour son jugement, pour cette déception que je n'ai la force de trouver dans ces prunelles en cet instant, que j'ai besoin de savoir n'être que le fruit d'une angoisse que je regretterais demain, que je haïrais au réveil.

« J'ai peur d'être humain de la pire des manières. »

Je ne peux m'empêcher d'esquisser un sourire, un rictus qui n'est que grimace, tandis que contre lui, je me love toujours plus, venant contre son front, déposer le mien, abandonnant pour de bon mon thé pour me permettre de venir chercher ses doigts, d'effleurer de mes phalanges les siennes, de tenter de recréer nos étreintes passées, les débuts timides de cet amour qui semble être souvenir d'un autre vie, d'un rêve dont j'aurais aimé ne jamais pouvoir m'échapper.

« Promets-moi une chose. »

Avec grâce, je m'éloigne pour mieux croiser son regard, pour enfin, lui permettre de la contempler, mon âme d'enfant endeuillé, d'être qui ne sait l'accueillir, cette peine que certains finissent par épouser, par faire cette amante qui ne connaît la trahison, que trop vénèrent pour la beauté seule de ne jamais se laisser de cette douleur qui broie mes nerfs et mes artères, pour d'une main, venir embrasser la courbe de son visage, permettre à mon pouce d'effleurer la commissure de ses lèvres que je me refuse à embrasser encore, conscient que je ne pourrais résister à l'envie de me perdre contre sa peau, de lui souffler de faire de moi, un simple être humain, simple carcasse faite pour fauter, pour succomber aux charmes de la luxure.

« Ne t'enferme jamais dans une boîte parce que tu crains que je puisse t'oublier, que ma dernière offense soit de te remplacer par l'inutile, par des banalités qui ne sont bonnes que pour les esprits paresseux, pour ceux qui mentent jusqu'à ne plus parvenir à discerner la réalité. »

Ne pense pas que j'aurais besoin d'objets, de choses matérielles pour te garder en vie avec moi, qu'il me faudra des photographies et autres fragments de notre vie pour continuer à t'aimer, de ma manière si laide. Car si je n'accorde point de valeur aux souvenirs, sache que tu es là, tous les soirs, que ta silhouette se détache parmi les vagues, qu'elle se dessine dans le ressac, sous la voûte de mes paupières closes.

« Les artistes ne sont faits pour ça, pas vrai ? »

Les rêveurs devraient être immortels, mon amour. Avoir le droit à cette seconde vie loin de ce monde gouverné par les hommes comme moi, par ces colosses qui n'existent que pour se plier aux attentes de la fatalité, en l'acceptant, cette mort qui finit par tout emporter.

A nouveau, je tente de sourire, de tuer la peur dans mes iris pour n'y laisser que cette insouciance qui ne trompe personne, que cette distance qui hurle pourtant le prénom de cet amant dont je viens réclamer un baiser, vers lequel je me penche pour l'embrasser, pour un instant, frissonner, le retrouver, ce frisson passionné qui vient creuser en mes reins, une envie que je réprime, que je ravale, que je tente de tuer, en vain.

« Je t'aime. »

Mais pas assez pour te quitter, pour te rendre ta liberté, pour la moucher, mon envie égoïste de traverser la vie à tes côtés, de mourir en me sachant aimé malgré mes péchés.

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18.03.21 21:17
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Il veut lui dire qu’il n’a pas à le remercier, que c’est normal. C’est à cela que servent les gens qui tiennent à vous, non? Là pour vous soutenir quand vous vous sentez sombrer, pour éviter que vous ne tombiez trop bas pour remonter. C’est ce que Christian veut faire pour Peter. Le retenir juste assez pour ne pas le perdre totalement. Égoïstement, il veut le garder avec lui aussi longtemps qu’il le peut, parce qu’il ne peut, ne veut, pas imaginer sa vie sans cet homme auprès de lui. Quiconque connaissant les dessous de leur relation, les vraies dessous, lui hurlerait de partir, de sauver le peu qu’il reste encore de son coeur et de son âme, sans comprendre qu’il est déjà damné, pris dans les flots de cet océan qui incarne son amant, telle la lave d’un volcan qui se solidifie au contact de l’eau salée. Il est pris au piège, de son propre chef en partie, et au diable ceux qui voudraient le sortir de là. Ca fait déjà trop longtemps qu’il est à ses côtés, il ne pense pas pouvoir aimer quelqu’un d’autre comme il a aimé Peter. Oh, certainement, quelqu’un d’autre, de plus en symbiose avec ses sentiments lui donnerait plus d’attention, plus de tendresse et peut-être plus de communication que ne le fait l’avocat, mais il ne serait pas lui. Son coeur est à jamais enchaîné à celui de Peter, pour le meilleur et pour le pire, quoi qu’il advienne.

Son océan qui aujourd’hui doute, se retrouve forcé à faire face à cette humanité qu’il s’acharne à fuir pour une raison qui a toujours échappé à Christian, mais qu’il n’a jamais tenté de changer, car il sait ce que ça fait d’être pousser à changer par tous les moyens, de se conformer à une forme qui n’est pas la sienne, obligé de compresser ou couper des partie de soi-même pour convenir à ce que l’on attend de vous. Jamais il ne soumettra cela à Peter. Oui il est frustré par certains de ses comportements qui lui donnent parfois envie de lui tordre le cou, mais sans ça, il ne serait pas lui. Le doute qui vient sous la forme d’une simple boîte avec quelques objets, rien de particulièrement significatifs, à part pour la femme qui en était la propriétaire jusqu’à sa mort récente. Une boîte qui met son amant face à ses lacunes dans le domaine humain et qui brise le coeur de Christian de le voir ainsi, incapable de savoir s’il doit le laisser ainsi ou essayer de le dirgier, quelqu’en soit la direction.

“Quoi?”

Une réponse douce, à peine un murmure, quand il lui demande de promettre. En cet instant, l’artiste serait capable de promettre beaucoup de choses, beaucoup trop de choses. Il attend et ce qu’il entend lui tire un sourire tendre, un sourire en partie soulagé, car il se rend compte, une nouvelle fois, de la profondeur des sentiments de son amant pour lui et ça le met en joie. Il sait parfaitement qu’il déchantera une fois le moment passé, une fois que son amant aura repris son masque de froideur qui interroge nombre de gens. Il le sait, parce qu’il l’a déjà vécu, mais rien que pour cette preuve, une que certains pourraient juger d’insuffisante, Christian est prêt à affronter la douleur qui, inévitablement, viendra lui rendre visite, telle une vieille amie. Il a même un petit rire à sa question et n’ose pas hocher la tête pour répondre, refusant de déloger sa peau contre la sienne.

“Tu as raison. Je te le promet. Mais toi, promets-moi quelque chose.” il donne une légère impulsion, le bout de son nez frôlant celui de Peter une seconde “Si tu ressens le besoin de garder quelque chose, quoi que ce soit, fais-le. Je ne le ferai pas pour toi, je ne choisirai pas ce qui devrait ma rappeler à toi, mais ne te prive pas de cela si tu en ressens le besoin…”

Et s’il n’en ressent pas le besoin? Tant mieux. Ou tant pis, peu importe, il ne sera plus là pour en être contrarié de toute façon.

Le baiser trouve sa réponse dans celles de Christian qui soupire contre ses lèvres, profitant de ces occurrences bien trop rares à son goût comme si chacune d’elle était la dernière. Jamais il ne prend pour acquis ce qu’il a avec Peter, car il ne sait jamais s’il en aura à nouveau, ou quand si cela arrive. Il reste contre lui, et caresse son visage, remontant à ses cheveux. Il voudrait lui dire qu’il sait, qu’il l’a toujours su, et que, bizarrement, il n’en n’a jamais douter, mais il ne le fait pas, souriant simplement.

“Pour terminer avec cette histoire de boîte…” il n’a pas envie de ramener ce sujet, mais il veut dire ce qu’il a à en dire “Il n’y a pas de ‘mal faire’ ou ‘bien faire’ pas réellement. Qui jugera? Les autres? Au diable les autres! Personne ne gère le deuil, ou leurs souvenirs, de la même manière...Tu fais ce qui te semble le mieux te convenir et si c’est renvoyer cette boîte? Soit. C’est toi qui a perdu quelqu’un, pas les autres. Ils n’ont pas à te dire comment agir.”

Il veut se faire rassurant, passant une main encore et encore dans ses cheveux en une caresse douce, son autre main entrelaçant leurs doigts ensemble, et il reste silencieux un moment, avant de reprendre.

“On a eu une longue journée, on mérite de se reposer un peu. Qu’est-ce que tu en penses? Soirée tranquille sur le canapé ou un bon bain pour se détendre?”

Son âme est affamée de cette intimité qu’ils n’ont que trop rarement, pas de celle qui vient avec la luxure qui trouble leurs esprits, juste...celle d’être proche de la personne qu’on aime, ces petites choses qui entretiennent ce lien doucereux qui est encore là, malgré tout.

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21.03.21 10:14
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Ne me le donne pas, ce droit, cette permission de te garder pour moi, de t'inscrire dans cet éternel que je connaîtrais jamais. Ne me laisse pas faire d''un fragment de toi, cette relique sacrée à laquelle je finirais de céder cette humanité qui ne me sert à rien, qui n'est là que pour m'encombrer, pour me faire regretter d'être né, d'être fait de cette même chair que la tienne, que celle de ces autres qu'il me faut au quotidien supporter, prétendre comprendre, aimer, vouloir sauver, s'épanouir et s'élever au-dessus de cette condition qu'ils aiment tant, nos semblables. Ne commets pas l'erreur de m'enchaîner à un souvenir de toi qui aura été façonné par le chagrin, par ce deuil que je ne sais faire, qui en cet instant, est déjà un étrange concept qui lacère mon être, qui déchire celui que je pensais être.

Le regard fuyant, le cœur déjà au bord de l'océan, je me fais lâche, reprenant mes distances avec cet amant qui tente d'apaiser mes maux, de cautériser ses plaies que je cesse de rouvrir dans l'espoir d'y trouver la preuve que je ne suis être terrestre, mais enfant d'un archange échoué sur cette terre si cruelle avec les égarés, avec ceux qui se refusent à se fondre dans la masse, à disparaître dans l'acceptable, dans cette foule que lui s'efforce, s'échine à aimer, en parfait artiste qu'il est en, en rêveur qui désire trouver la beauté dans le cœur de ses semblables, de ceux qui n'y comprennent rien, à son envie de sauver le monde, d'arracher l'humanité à ses travers les plus ancrés, les plus laid, à ces pulsions primaires qui poussent les hommes à s'entre-tuer, à vénérer cette destruction qui n'a de sens, qui n'est ultime fantaisie que pour ces suicidaires qui s'ignorent, pour ces dépressifs qui se refusent à admettre que la mort est leur passion, unique ambition, dernière manière pour eux de se transcender, d'enfin, atteindre cette perfection qu'ils n'arrivent à dénicher au quotidien, à trouver dans leurs actions, dans la banalité de cette vie qu'ils ont l'impression de gâcher à n'être rien, si ce n'est carcasse décadente dévorée par le passage des années, par ces heures et minutes perdues à travailler, à n'être qu'outils au services de la réussite des autres, d'une économie qui n'a de sens que pour les vivants, que pour les êtres avides de richesses éphémères que nous sommes. Face à lui, encore capable de me pardonner le moindre de mes péchés, la moindre de ces fautes qui auraient été ultimes offenses aux yeux d'autres, je me fais si petit, si vulnérable pour son regard qui semble me pénétrer, découper si aisément ma chair afin de mettre à nu, cette âme que j'aimerais rendre à l'océan, aux vagues, à la fureur du ressac, de cette écume qui ne s'éternise jamais sur le sable, qui glisse, inlassablement, entre les doigts de ceux qui aimerait la capturer, l'enfermer, la cristalliser en un instant précis, en faire trophée que l'éternité ne pourra jamais réclamer, l'essence même de cet homme qu'il est seul à connaître, à voir, sous les volutes de ces cigarettes que je fume dans l'espoir de dompter les passions de mon myocarde, de dresser cette chair qui aime ressentir, bien que de travers, se faire victime d'émotions, de sensations que je me tue à juguler, à enterrer sous l'indifférence, sous ce lointain que je maintiens. Pour lui je vacille, me plonge dans un mutisme qui devient unique réponse à sa tendresse, à ses paroles qui peinent à panser les plaies de mon être, à calmer cette douleur lancinante qui écrase mon cœur, qui se joue avec les valves de celui-ci, qui est cette écharde transperçant, embrochant cet organe qu'entre mes paumes, je souhaite tant broyer, écraser, afin de ne plus m'émouvoir, d'arriver, à l'accepter, la mort de cette mère qui se devait d'un jour s'en aller, qui n'aurait pu me survivre, qui à en juger par ses affaires laissés, avaient depuis longtemps fait sa paix avec l'idée de me laisser, de me confier à Christian, à lui dont je finis par croiser le regard, à qui je n'offre ni sourire, ni baisers, mais juste un murmure, un soupir, une confession odieuse que je m'en veux de lui souffler, de déposer sur la courbe de ses lèvres offertes.

« N'en parlons plus, veux-tu ? »

Parce que je ne veux y songer, à l'idée de te perdre, de devoir toi aussi, te rendre à la terre, à tes ancêtres, à ceux qui détesteraient ma manière de t'aimer, de te traiter, qui sûrement te diraient de te trouver un homme à l'âme si similaires à la tienne, un capable de rêver, de s'émerveiller, de comprendre ces dessins et esquisses qui noircissent les pages de ces carnets que je te dérobe, que je feuillette entre deux mentholées, entre deux tasses de thé, que j'admire, drapé de mon silence, de cette curiosité qu'on les sphinx face à une énigme qui n'est point née de leurs esprits tortueux, labyrinthiques. Parce que je n'ai le courage d'être adulte en cet instant, parce que j'ai envie de me perdre en toi, de n'exister que parce que tu es là pour me contempler, pour te désoler, pour me trouver cette beauté que je ne peine à trouver dans mon reflet, à cet homme que je contemple de moins en moins.

« Il est triste de t'imaginer réduit à ça, à une simple collection de petites choses, quand tu mérites que tout soit gardé de toi. »

J'expire une fois de plus, capitulant pour de bon, fuyant, alors que je m'esquive de notre étreinte, que je parviens, du bout des doigts, à récupérer cette tasse de thé que je porte à mes lèvres, que prudemment, je sirote, malgré l'envie de l'abandonner là dans la cuisine, de m'échapper, de m'en retourner aux quatre murs de ce bureau que je ne rejoins pourtant pas, restant à la place, à quelques pas de lui, à mi-chemin entre la cuisine et le salon, entre ma position et cette chambre au sein de laquelle je ne m'attarde que trop peu.

« Pardonne-moi, mais je crois n'avoir envie de rien. »

Si ce n'est de toi, de savoir que tu es là, que tu ne m'en veux pas. De ton corps, de ta peau, de cette intimité que tu m'offres malgré tes envies parfois, de me faire simple homme.

« Je suis fatigué. »

L'évidence formulée m'arrache un sourire, un rictus dénué de toute conviction, de toute envie de continuer à faire semblant, de prétendre que je peux un peu plus, me perdre au loin sans lui à mes côtés, ses mains pour venir dessiner les courbes de mon être, incarner cette silhouette qui semble prête à s'étioler, à disparaître, emportée par le silence, par son absence.

« Je t'avoue être perdu. »

Mais tu dois t'en douter, toi qui me comprend si bien, qui connaît les moindres recoins de ma psyché, la manières dont s'enchaînent mes pensées. Ca ne doit t'étonner. J'imagine même que ça doit t'amuser que je sois le dernier à le réaliser, à admettre l'apparent.

« Fatigué de devoir admettre que je suis comme tous les autres, comme ceux que j'aime prendre de haut, mépriser pour ses émotions qui dictent le moindre de leurs gestes, pour ses passions qui poussent trop souvent au pire, au vice. »

Je marque une pause, le temps d'un autre soupir, d'une autre gorgée de ce thé rendu fade par le deuil, par cette tristesse qui cloue mon cœur.

« Ce qui me rend le plus triste en réalité, c'est de réaliser que je ne suis pas si différent. Que je suis aussi fait de chair et de sang. C'est si bête Christian. Si idiot. Si humain. D'avoir un jour espéré que je puisse être en effet, autre chose, une entité qui n'a point sa place parmi vous, qui n'est là que pour vous observer vous perdre dans vos propres contradictions, dans vos ambitions. »

Abattu, comme mortellement blessé, j'ose faire un pas de plus, hésiter, puis me retourner pour à nouveau, me perdre dans ses iris, tenter de trouver dans ses pupilles, ce jugement que je n'accepterais que de lui, cette condamnation qui sera mon unique chance d'atteindre l'absolution.

« Je crois que je voulais être différent. »

J'y tenais à mon unicité, à mon cœur fait d'eau salé. Je le voulais être fascinante étrangeté, anomalie acceptée, protégée, sacralisée par ton regard, par cet amour que tu me portes alors que tu devrais me haïr, m'en vouloir de t'enchaîner à cette vie d'amant délaissé, d'éternel maltraité.

« Je voulais tant l'être, avoir le droit d'échapper à tout cela, de pouvoir traverser l'existence sans me soucier d'émotions, d'impressions que je ne maîtrise pas, que je déteste tant voir dominer mes contemporains, les contrôler. Je voulais tant être différent, Christian. »

Le long de mon échine, s'égare un frisson qui se fait tremblement, séisme qui fracasse ce qu'il reste de mes désillusions, de ces espoirs que je nourrissais en silence, que je gavais de cette nicotine qui me manque, de ce poison qui encrasse mes poumons, qui m'oblige à poser ma tasse à moitié consommée sur la table basse de notre salon, à faire ces quelques pas qui me permettent d'au sol, contre le canapé de m'installer, de me recroqueviller, me faire si petit, si jeune.

« Je ne sais plus quoi faire. »

Les bras croisés sur mes genoux remontés contre ma poitrine, je capitule une fois de plus, venant poser ma tête sur l'assise du divan, contemplant de ce fait le plafond de notre appartement en regrettant ce temps où je n'étais gamin pleurant la perte de sa mère, gosse qui se sent abandonné par des parents pourtant aimants.

« Une minute. » finis-je par souffler tandis qu'en un geste presque élégant, je viens couvrir mes yeux du creux de mon coude, et ainsi étouffer ces larmes que je me hais de devoir verser. « Une minute et je serais tien. Tu pourras faire de moi ce qu'il te plaît. »

Une minute et tu pourras m'oublier, si tu le préfères, l'enterrer, si tu en as assez, cette relation qui ne dure que parce que je suis incapable de m'imaginer être en vie loin de toi, parce que ton absence m'est insupportable.

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25.03.21 13:44
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L’inévitable frappe à nouveau à la porte, et l’éloignement reprend sa place entre nous. Cette place jalousement gardée, que Christian aimerait subtiliser pour être plus près de Peter, sans jamais y arriver bien longtemps. Une course qui tient plus du marathon que du cent mètres haies. On ne peut pas dire qu’il soit surpris, il savait utiliser du temps emprunté depuis le départ de cet échange. On ne peut pas dire qu’il ne soit pas déçu non plus, car c’est toujours une nouvelle blessure au cœur, à l’âme, que de le voir sortir de ses bras avec ce détachement qu’il en est venu à abhorrer avec toutes les fibres de son être. Un détestation qui aurait pu s’étaler à Peter s’il ne se forçait pas à se souvenir de tous les petits moments entre eux qui font cette relation, qui, aussi rares soient-ils, forment le ciment entre eux, ou ses chaînes selon certains. Des chaînes dont il n’a plus envie de s’évader depuis bien longtemps, masochiste de l’amour qu’il est devenu. Pourtant, son amant reste dans la pièce, alors que l’artiste s’attendait déjà à le voir partir pour son bureau, se préparant déjà à une nouvelle soirée en solitaire à deux. Rien que cela, lui donne un peu de réconfort, juste assez pour qu’il ne relève pas qu’il n’a pas souvent envie de quelque chose pour être honnête.

Il a ri dans une expiration, à peine là, si vite échappé, parce qu’il s’en doute un peu qu’il est fatigué, lui-même ne dirait pas non à horizontaliser le débat, après les heures de voiture qu’ils viennent de faire. Ce qu’il ne comprend qu’après, c’est ce que veut réellement dire l’avocat et quand ce dernier commence à expliquer, la pensée qu’il aurait dû comprendre avant le prend au tripe et lui met une baffe mentale pour son manque d’empathie sur ce coup. Ce n’est pas comme si Christian n’avait jamais remarqué cette envie de différence chez son amant, il l’a ressenti en première ligne, chose qu’il trouvait absolument adorable quand ils étaient étudiants, qu’il a cru être dû à la compétitivité qui existait dans cette prestigieuse université qu’est Oxford. Un besoin de différence qui n’a fait que s’affirmer, que se confirmer, et qui pourtant a continué d’attirer l’artiste à l’avocat, alors tel un papillon de nuit à une flamme, quitte à s’en brûler les ailes.

Mais aujourd’hui, cette envie de différence de son amant lui fait mal, parce qu’elle blesse directement celui qui détient son cœur à jamais. Qui lui fait mal parce que les mots aussi, sont violents à leur manière. Il n’a jamais cru au ton hautain de son amant, pas envers lui en tout cas, et pourtant le voilà qui le dit clairement, qu’il aurait voulu être au dessus de tout, même de leur relation, et ça fait plus mal que tous les silences réunis. Cette fois, c’est lui qui ne veut pas croiser le regard si bleu, trop bleu, car il sait ce qui se cache dans son propre regard bleu: douleur, ressenti, presque de la colère (celle qui lui colle à la peau quoi qu’il fasse), et ce n’est définitivement pas ce qu’il veut renvoyer à son amant en deuil à cet instant. Il n’en n’a pas besoin. Il pourra les lui balancer à la figure une autre fois, quand les circonstances seront différentes, mais pas maintenant. Même s’il sent son regard sur lui, cherchant réponse à ces propos qui lui percent le coeur.

Par automatisme, par magnétisme, le galeriste suit Peter jusque dans le salon, pour un spectacle auquel il n’a jamais été spectateur jusque là, et qui lui permet de renvoyer dans cette malle scellée tout le ressentiment quant à ses derniers propos, les reléguer loin dans son esprit, car clairement, ce n’est pas de cela dont son aimé a besoin en cet instant. Il s’approche, hésite un instant à s’asseoir juste à ses côtés, mais il préfère s’asseoir sur le canapé, dos à l’accoudoir, hanche au niveau de la tête de Peter, jambes tendues sur l’assise. Il est là, proche, mais pas tout à fait. S’il ne lui retire pas le bras qu’il a sur les yeux, il lui passe une main dans les cheveux, douce, juste une caresse rassurante, parce que Christian a besoin de ce contact, tant pis pour la minute.

“Non. Prends toutes les minutes qu’il te faut. Et ensuite, on verra. Ensemble.”

Un temps certain, mais inconnu, passe en silence, avant que Christian ne reprenne la parole.

“Quand bien même tu éprouves des sensations humaines, tout en te sentant détaché de tes semblables, ça ne veut pas dire que tu perds ton unicité, Peter. Est-ce que tu dirais que parce que deux affaires ont certains points en communs qu’elles sont identiques?” il soupire “Tu resteras toi, quoi qu’il arrive. Tu resteras cet océan insaisissable et changeant, sois-en sûr…Depuis le temps qu’on se connaît, tu as toujours été ainsi, et si même mon influence n’a pas pu te faire changer d’un iota, je doute qu’il y ait quelque chose sur cette terre qui puisse si intrinsèquement te changer.”

C’est une vérité dont il a lui-même pris conscience il n’y a pas si longtemps. Une vérité qui fait un peu mal, en un sens, de savoir que son amant restera immuable quoi qu’il arrive, quoi qu’il fasse. Alors lui, il tente de faire la planche pour se laisser porter par les courants de son aimé, de le suivre autant qu’il le peut malgré son humanité qui lui colle à la peau.

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04.04.21 14:58
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You're my king
and I'm your lionheart
Christian & Peter
Count my cards, watch them fall
Blood on a marble wall
I like the way they all
Scream
Tell me which one is worse
Living or dying first
Sleeping inside a hearse
I don't dream

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]J'aimerais sourire, m'amuser, l'aimer cette manière qu'il a de s'installer à mes côtés, de respecter les envies et caprices de mon cœur incertain, de ce muscle fouetté par les années, par le ressac d'émotions qui n'ont jamais pu se cristalliser en ma chair, qui n'ont jamais été qu'étrangères impressions, sensations que je m'évertue, aujourd'hui encore, à tuer sous ce détachement, cette feinte indifférence que je ne parviens à invoquer, à simuler quand contre ma tempe, je sens la courbe de sa hanche, le début de cette cuisse contre laquelle je viens me lover, me faire si peu, si petit pour ce corps que j'ai tant désiré, pour cet homme dont j'accepte cette vérité que je ne voudrais entendre dans la bouche de mes contemporains, de ces semblables qui prétendent comprendre toute la complexité de mon être, accepter ces travers que lui sacralise de ses lèvres, de ces caresses qu'il sème dans mes cheveux, qui se font absolution, ultime pardon auquel je succombe d'un soupir, d'un battement de cils docile, d'une ombre de désir se glissant dans ce geste que j'esquisse, en cette main qui vient effleurer son genou, lentement, remonter le long de la courbe de cette cuisse que de ma paume, je n'ose encore toucher, pleinement apprécier, tandis que les yeux mi-clos, je ne cesse de chercher dans le rien, ce courage qui me fait défaut, cette force si humaine qui pourrait me pousser à contre lui, m'égarer, à enfin, assécher cet océan perpétuel qui gronde entre nous, qui noie sous ses marées, cet amour que personne ne nous envie, cette union qui n'est belle que parce qu'elle est unique, celle de deux cœurs qui n'auraient dû se trouver, qui s'acharnent à vouloir se ressembler, à fusionner, à former cette hideuse chimère dont le bon-sens devrait le sauver. Silencieux, comme à mon habitude, je me laisse bercer par les accents de sa voix, par la beauté de ses pensées, de ce passé qu'il évoque dans l'espoir de panser cette plaie que je m'efforce de lui cacher, d'enterrer sous ces airs qu'il déchiffre si bien, qui ne sont plus des énigmes pour lui depuis bien des années, depuis cet instant, il me semble, où sous ses doigts, pour ses lèvres, pour ses désirs et autres pulsions que l'on n'exprime que dans les ténèbres, sous le couvert de l'obscurité, je me suis fait être terrestre, simple corps voulant être désiré, être aimé, homme qui voulait la connaître, la simplicité de cet amour que je pensais réservé aux autres, être le privilège de ceux écrasés par des passions destructrices, par ces travers que je ne saurais connaître, qui à jamais, seront concepts que je ne pourrais que mépriser, détester, quand je ne suis pas frappé par l'humilité, quand contre lui, je ne suis que cet amant qui s'effeuille en silence, qui calmé par ses caresses, expire, ose même sourire.

« Cela me terrifie, tu sais ? »

Que tu perces si aisément cette armure contre laquelle bien d'autres se sont fracassés, ont perdu leurs certitudes, qu'au sein de mes mensonges, tu perçoives cette détresse que tu es bien le seul à connaître, que tu l'aperçoives, cet homme amoureux qui ne sait éprouver, qui n'est bon qu'à se faire la victime de sa propre étrangeté, de cette âme mutilée qui n'est faite pour évoluer au sein de l'humanité.

« Cela me faisait déjà peur à l'époque. Dès le premier jour, je tremblais, croiser ton regard était une épreuve, me faire brave était un combat, une lutte contre ce que tu faisais naître en moi, contre ce désir que tu faisais fleurir dans le creux de mes reins. »

Je me souviens t'avoir détesté, Christian. T'avoir maudit, jugé, châtié, avoir entre deux soupirs brûlants, espéré que tu sois frappé par la fatalité, par les foudres de ces archanges si vertueux, si prompts à condamner les hommes. J'ai tenté de te mépriser, simplement parce que j'étais pétrifié à l'idée que tu sois celui capable de me faire chuter, de clouer au sol cette chair que je hais encore d'être si faible.

Toujours assis au sol, alanguis contre ce sofa sur lequel je ne le rejoins de suite, voulant encore un instant, prétendre l'aimer, cette distance qui m'interdit de me faire pathétique contre son torse, dans l'étreinte de ses bras que je sais si prompt à l'accepter, ma silhouette taillée, dessinée par les vagues, par les volutes de ce tabac qui noircit mes poumons, emplit mes veines d'une mélasse aussi puante que ce goudron au sein duquel j'ai parfois envie de me noyer, de crever pour n'avoir à affronter la laideur de mon cœur déjà fané par les années, par cette aigreur dont les enfants ne sont protégés que trop peu de temps, j'erre, à l'abri, caché, dissimulé sous ce derme qui frémit si peu, qui peine à désirer cette cuisse que je caresse désormais, que j'ose apprécier de ma paume, trouver si belle, à se contracter pour le passage de mes doigts, pour ces murmures que j'adresse pourtant à ce rien qui nous sépare, que j'offre à cet aimé qui ne devrait être enchaîné, qui aurait dû être vénéré, fait artiste dont tous veulent cueillir le talent, cette immortalité si sacrée qui éclot parfois sur la courbe de ses lèvres, que je mutile de mon ignorance, de cette indifférence qui, en cet instant, semble être encre glissant le long de mes vertèbres, coulant, au rythme d'une transpiration qui n'est qu'illusion, fruit d'une angoisse qui vrille mes entrailles, pousse ma main à toujours plus remonter vers son entre cuisse, vers cette virilité que je ne touche pourtant jamais, que je fuis, en ce geste qui n'est que vague qui se rétracte, l'aveu même d'un cœur si lâche.

« Tu sembles comprendre, ou tout du moins, tu l'acceptes, mon arrogance, la violence de cette différence que je m'évertue à imposer entre nous. »

Tu subis parce que tu m'aimes, parce que tu penses probablement, comme mes parents, qu'il y a quelque chose à sauver chez moi, qu'il est possible, peut-être, à ta manière, de réparer ce qui n'a jamais été fracassé, de redresser, une âme tordue depuis la naissance, défectueuse depuis la première minute.

« Rien ne t'y oblige tu sais. »

Enfin, je le trouve, le courage nécessaire pour me contorsionner, pour vers lui, tourner, tendre ce corps qui se fait si lascifs pour les assauts d'un chagrin que je ne parviens à tuer, qui broie ma trachée, rend tremblants ces aveux que je regretterais un jour prochain, qu'il finira par haïr, dont il me tiendra responsable quand il deviendra trop dur pour lui de supporter mon silence, cette vie que je mène sans lui, aux côté d'une solitude qu'il me semble, parfois, aimer plus que de raison, être ce saint à qui je voue ces impies désirs que sur la peau de Christian, je devrais semer, en bon mâle aux passions dictés par les pulsions, par ce besoin d'être fait nouvelles divinités, éphémères avatars d'un plaisir si intense qu'il pourrait être le dernier, l'ultime émotion éprouvée avant de rencontrer le néant, de s'en retourner à cette terre qui n'est tendre, ne berce que les ossements, que ces souvenirs que les vivants finissent par oublier, enterrer sous des envies égoïstes. Contre lui, je me fais beau, ou tout du moins, j'essaye, d'être à nouveau cet étudiant qui l'aimait, cette attention nouvelle, cet amour qui ne pouvait s'exprimer que sous le voile de l'obscurité, sous le couvert de ses nuits si rapidement consommées, j'essaye, de revenir homme, d'être ce Peter qu'il voulait tant faire prisonnier de ses paumes, de ces promesses qui avec le temps, sont devenus échardes piquant les valves de mon myocarde.

« Tu me détesterais que je t'aimerais tout de même. »

De ma chair, tu ferais la victime de ta colère, de ce courroux que je perçois parfois dans ton regard, dans cette manière que tu as, de prétendre ne détester mes raisonnements si agaçants, si odieux, de ne voir en mes paroles, ces offenses qui brisent pourtant ce qu'il te reste de patience, d'envie de me pardonner ce pourquoi je devrais être condamné, que je te vouerais cette même dévotion que j'exprime si mal, que j'enterre sous mes silences.

J'inspire, laissant dans le rien, peser cette confession que je ne pensais un jour lui faire, s'installer entre nous, ces non-dits et autres possibles que je tue en me redressant, en venant enfin, à ses côtés, trouver ma place, oser dans sa nuque, glisser mes doigts et sur ses lèvres poser un baiser qui a la saveur de ces derniers que l'on échange avant de se quitter, de ceux que s'échangent les damnés, les désespérés sur le point de sauter dans le vide, dans la gueule même de l'éternité.

« Je serais toujours là. Incapable de changer, d'éprouver autrement, de muer. Impassible face aux assauts du temps, je serais là. »

Pris au piège de sa propre nature, immortel, presque, aux regards de ceux qui se laissent façonner par les éléments, je serais inchangé, repère dans la course folle de ton existence, pour les battements furieux de ce cœur qui aime trop fort, qui ne sait se protéger des déceptions. Je serais océan qui t'attendra, qui ne t'en voudra de vouloir transcender ton être, de vouloir évoluer. Je serais là pour jalousement, repousser ceux qui pourraient vouloir t'arracher à moi, te convaincre que je ne suis celui capable de la porter aux nues, cette beauté qui n'appartient qu'à toi.

« Je t'aime, et t'aimerais, parce que justement, tu es différent. Parce que tu es terrestre, fait de pulsions, d'envies, de désirs que je ne pourrais jamais feindre, qu'il me faudra grossièrement imaginer dans l'espoir de comprendre la complexité de ce que tu es. »

D'un sourire, je tente de m'excuser, de me faire pardonner d'avoir été une fois de plus, cet être éthérée à la langue aiguisée, au cœur fait d'un sel qui aime se déposer sur les plaies, lui volant un autre baiser, une autre caresse que je dépose sur la courbe de sa joue, que je laisse mourir dans le creux de son cou, jusque sur ce torse tant embrassé par le passé.

« J'aimerais parfois te ressembler, juste assez pour qu'il te soit plus simple d'être là. »

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10.04.21 20:14
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Un frisson glisse le long de l’échine de Christian en sentant cette main contre lui, aussi légère soit-elle, elle est là, contre lui, initiant un contact dont l’artiste a terriblement besoin pour avoir l’impression d’avoir sa place auprès de son amant, lui qui installe toujours cette distance entre eux, sans que le galeriste ne puisse espérer lui demander une trêve. Cet éloignement est toujours présent, car quoi qu’il fasse, son amant en a besoin, et bien que ça le blesse à chaque fois, qui est-il pour lui refuser ce dont il a besoin? Alors il profite de ces moments entre eux, ces petits moments où l’armure de Peter tombe, un peu, juste assez pour que Christian puisse s’y glisser le temps d’une étreinte.

Un son d’interrogation est la seule réponse à la question de son amant. Terrifié? De quoi? C’est là les questions qu’il pose avec ce simple son, et Christian sait parfaitement que Peter a compris. Pour tout ce qu’il se dit incapable d’éprouver, qu’il est trop loin pour le comprendre, il sait le lire, lui aussi, plus souvent qu’il ne le pense. La réponse fait rater un battement au palpitant de l’artiste, quand il comprend l’ampleur qu’il a eu dans sa vie, alors qu’il ne se pensait pas si important à cette époque. Un premier, peut-être, mais il n’avait pas conscience de l’impact que cette rencontre, de ce que cette première nuit ensemble a créé chez Peter. Ca lui donne le vertige d’imaginer cela, autant qu’à la réalisation que tout comme son amant, il était perdu à ce coeur fait de sel de mer dès la première fois où ils se sont rencontrés, malgré les voiles qu’il a pu placer devant son regard pour ne pas accepter cette vérité, pensant ce genre de chute si abrupte et profonde impossible. Pourtant, il ne devrait pas être étonné, si Peter est l’océan, Christian est un feu de forêt, démarrant avec peu et brûlant vite, fort, à l’image de comment il est tombé amoureux de l’avocat dont la main se perd sur sa cuisse, lui tirant une inspiration soudaine presque surprise. Le genre de feu qui, quand on pense l’avoir éteint, n’est en fait que braise qui n’attend qu’un souffle pour repartir de plus belle.

“Je sais.”

Qu’il répond, alors que c’est un pieu mensonge. Il sait, rationnellement, que rien ne l’oblige à supporter cette différence, cette distance perpétuelle, cependant ce qui le guide dans cette relation n’a rien de rationnel. C’est la folie qui vient avec un amour qui transcende ce qu’il touche. Ce sont les chaînes qu’il a posées lui-même autour de son cœur. C’est la fascination pour cet homme océan qu’il possède depuis le premier jour. Toutes ces raisons expliquent pourquoi il reste, et restera jusqu’à la fin de ses jours très probablement, auprès de cet homme qui pourtant ne semble pas lui porter l’attention qu’il réclame. Il mentirait s’il disait que ça ne le meurtrit pas, ce manque d’attention de la part de la personne la plus importante dans sa vie. Pourtant cela rend leurs échanges d’attention d’autant plus précieux, des fragments d’éternité qu’il chérit de toute son âme.

Christian était déjà heureux de recevoir cette attention, alors quand Peter finit par se tourner vers lui, délogeant la main de ses cheveux dans le processus, l’artiste la pose sur le bras attenant à la main sur sa cuisse. Main qui se serre à la déclaration, suivie de ce baiser qui amène les larmes embuer son regard et il ne veut pas les rouvrir, ne veut pas que Peter ne le voit. Alors il l’écoute, en silence, essayant de reprendre le contrôle de ses émotions, pour enfin répondre à ce qu’il lui dit, alors qu’on lui vole une fois de plus son cœur, morceau par morceau. Lui qui avait déjà réussi à le lui voler une première fois, il récidive avec succès et le second baiser qu’il lui offre a un goût à la fois de trop et pas assez pour Christian, dont les mains s’accrochent au pull de son amant, comme effrayé que s’il le lâche, il repartira pour ne plus revenir. Peur irrationnelle alors qu’il vient de lui confirmer qu’il resterait, quoi qu’il arrive.

Finalement, il enfouit son visage dans l’épaule de Peter, y cachant ses quelques larmes solitaires dans le tissu. Il secoue la tête, indiquant sa pensée avant que sa voix ne retentisse.

“Non. Je t’en supplie. Ne change pas.” il relève finalement la tête, croisant le regard de Peter “C’est ta différence qui m’a attiré à toi. Je l’ai toujours acceptée, parfois sans même m’en rendre compte, parce qu’elle fait de toi...toi. J’ai eu cent fois l’occasion de partir, si je l’avais voulu, mais je suis resté. J’ai appris à te lire au travers de cette différence, j’ai appris à reconnaître ta façon de me dire que tu m’aimes…” il se mord la lèvre, parce qu’il n’a pas envie de risquer de l’éloigner avec cela, mais il a besoin de lui dire ce qui lui fait mal, lui faire comprendre que si ses sentiments sont toujours là, il n’est plus sûr de savoir aussi bien le comprendre qu’avant “Mais...depuis que tu as dis non, je ne suis plus si sûr de ce que j’arrive à lire de toi ou non. Puis l’arrangement avec Lowri...Tu me l’as annoncé, comme ça, un jour, entre deux tasses de thé! Je me suis senti mis de côté Peter. Insignifiant...Je ne suis même plus sûr des raisons qui t’ont poussé à faire ça. Tu as certainement d’excellentes raisons de l’avoir fait mais...À aucun moment tu ne m’en as parlé, est-ce que tu as seulement pensé, une seconde, que ça pourrait avoir un impact sur moi? Quand bien même tu sois incapable de savoir lequel?” il soupire, desserrant un peu sa prise sur le pull de Peter “Je ne veux pas te changer, Peter, tout comme je ne te forcerai jamais à rien, mais tu ne peux pas prendre ce genre de décision comme si tu étais seul dans cette histoire. Tu n’es pas seul. Je suis là, et je ne suis pas juste...une plante verte! Tu dois penser à ça, tu entends?” son regard s’est fait plus dur, bien que toujours brillant des larmes qui ont coulées un peu plus tôt “Il n’y aura pas d’ultimatum, car je ne suis plus assez naïf pour croire que je le respecterai, mais...parles-moi. C’est tout ce que je te demande, de me parler. De me dire quand quelque chose te tracasse, quand tu envisages ce genre de décision. Je ne veux plus me retrouver devant le fait accompli comme avec Lowri...S’il te plaît.”

Christian est tendu, il a peur de ce que peut lui dire son amant, en sachant pertinemment que quoi qu’il arrive, il restera, car il est incapable de vivre sans cet homme, plus maintenant. Cette peur qui se lit dans son regard bleu.

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18.04.21 17:19
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