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[CLOS] Mais qu'est-ce que je fiche ici ? [ft Jessica]
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Invité
Four days ago

En avance sur son vol pour l’Écosse, Vincent patientait donc dans l’espace VIP, la tablette sur les genoux, il consultait la presse quand il tomba sur une publicité pour un site de rencontres. Il pensait à la jeune stripteaseuse que Peter avait cru bon d’amener chez lui.

Il devrait peut-être rencontrer quelqu’un. Le site était plutôt bien fait et avait attiré son attention.Le site s’appelait adopteunmec.gb et il incitait les femmes à mettre des hommes dans leur panier. Il trouvait le concept amusant et appréciait ce second degré carrément décalé. Il s’inscrivit, mais ne créa pas de profil.

Two days ago

Au retour d’Écosse, Vincent n’avait pas beaucoup d’avance à l'aéroport, mais les intempéries et notamment la violence des rafales retardaient son vol de plus de trois heures. Vincent patientait donc. En fait, il perdait patience ! Il avait lu toute la presse, il avait pris trois cafés, il s’ennuyait ferme. Il consulta encore une fois sa messagerie quand un mail publicitaire lui rappela qu’il n’avait toujours pas créé son profil sur le site de rencontre. Après quelques hésitations, il se décida à le rédiger, cela pouvait être marrant, après tout. Et ça l'occuperait !

Il relut sa première annonce : tout simplement nulle, on aurait dit un homme s'apitoyant sur son sort. Vraiment rien d’attrayant. Ce n'était pas demain la veille qu'il finirait dans un panier ! Il effaça tout avant de recommencer sur le ton de l’autodérision. De toute façon, il était convaincu que personne ne lirait son profil.

Citation :
Qualités : travailleur, mais vous pourriez découvrir que c’est un défaut. Franco-anglais. Si les français embrassent bien, cet homme a 50% de chance de bien embrasser.
Défauts : un seul exemplaire. Son ex-femme vous dira que c'est une qualité.

Fiche technique : En soldes ? Sûrement pas ! Collection 2026-2027, livré sans mode d’emploi, mais totalement autonome. Cet homme est divorcé mais pas bradé, preuve de son divorce à l’appui : la marque de l’alliance a d’ailleurs totalement disparu depuis près de trois ans.

Accessoires : Il ne vit plus chez sa mère depuis ses 18 ans, il possède son propre appartement, sa propre voiture, son propre dressing. Néanmoins, il recherche tout sauf une bobonne pour la maison.

Remarques : Il sait faire ses lessives tout seul, comme un grand et, à défaut, il a un très bon pressing en bas de chez lui. Il aime cuisiner et pas uniquement des pâtes.

Il accompagna sa fiche d’un selfie devant le panneau des départs de l’aéroport.

This evening

Vincent n’était pas retourné sur ce site de rencontre. Et à l’heure actuelle, ce site figurait au plus bas sur son échelle des priorités. Il avait été invité à un colloque d’avocats. Sur l’estrade, les avocats s'y auto-congratulent, mais en coulisse, certains manigancent pour se voler des clients.

Même s'il aurait aimé le contraire, Vincent ne faisait pas partie des gros poissons. Alors, personne ne l’approchait. Il s’était contenté d’écouter quelques discours, il avait dîné à la table de son avocate, mais celle-ci avait dû s’éclipser bien tôt. N’ayant personne avec qui parler, il s’ennuyait ferme. Autour de lui les moqueries envers les procureurs allaient bon train, mais elles ne le distrayaient pas du tout. Pour tout dire, il luttait contre son désir croissant de dégainer son portable pour lire ses mails ou la presse.

Vint une pause avant le dessert, la fin du repas approchait. Vincent sentait l’heure de la délivrance sonner, mais n’ayant plus la moindre femme à sa tablée, les blagues graveleuses commençaient à germer. Alors, il quitta la table et grimpa les quelques marches jusque l’étage supérieur. Il voulait rejoindre la terrasse extérieure. A un tel étage, il pourrait profiter de la vue, mais il espérait surtout surplomber le smog et profiter d’un air frais. C’était sans compter ce vigile qui l’invita avec politesse à rebrousser chemin. Accès à la terrasse strictement interdit. Vincent soupira, se retourna et s’avança vers la balustrade. Il surplombait la salle et observait les tables une à une. Sur l’estrade, un homme venait remettre le dernier prix, celui de la plus belle plaidoirie de l’année.

— Eh bien, je serai curieux de savoir sur quels critères vous vous basez, mon cher ami ! dit-il à voix basse, sans cacher cette pointe d'ironie.
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18.07.21 0:03
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Jessica Keenan
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Mais qu’est ce que tu fiche ici ? Feat Vincent Macaskill —


Une fois l’interminable anecdote de Maître Cunning achevée, Jessica se leva telle une seule femme, pour s’éclipser. Elle sent le regard glacé de Lawrens qui la poursuit, projecteur malin sur ses jambes de déesse. Ici, comme dans le Réseau, leur inimitié est de notoriété. Ils ont beau être de talent, rusé, ces traits communs les séparent. Jess n’a pas de doute sur le fait qu’il lui complique les choses dés qu’il en a l’occasion. Ses acointences avec le Directeur le rende intouchable. Ceci dit, personne n’est éternel, pas même M. Eirik. La revanche frappera un jour ou l’autre. Il ne sera pas le seul à tomber. Car s’il y a une qualité chez la rouquine c’est la ténacité.

L’avocate traverse la salle pour se rendre dans le patio le plus proche. Une petite dose de nicotine n’est pas du luxe. Le colloque lui paraît étrangement interminable. Keenan ne trouve pas le même plaisir que l’été dernier. A rabattre le caquet des jeunes premiers ou à torturer la libido des hommes mariés sous les tables. Quelque chose manque. En définitive, elle se trouverait mieux dans un bain parfumé à se faire des petits plaisirs solitaires. Ou même à revoir le beau Portoricain de l’autre soir. Elle saisit son smartphone et active Tinder. L’homme est hors-ligne.

Du coin de l'œil, elle voit les serveurs qui rabattent les chariots pour débuter une desserte des plats. Une moue écoeurée lui vient aux lèvres en repensant au goût du poisson. La cuisine laisse à désirer, en plus du reste. Il est clair que Jess n’est pas dans l’humeur qu’il faut. Elle attend patiemment la fin du mois pour rentrer au pays. La Californie va lui faire du bien. LA va lui faire du bien. Ne plus supporter le smog va lui faire encore plus de bien. Elle salue Juliet d’un signe le la voyant qui quitte la grande salle. Puisque l’amant est dans la salle, c'est vers le mari qu’elle court.

N’ayant aucune envie de retourner à la piètre compagnie de table, Jessica contourne vers l’extérieur. Une main sur la rambarde, elle grimpe les marches qui vont au premier étage, prenant bien garde à laisser les curieux observer sa silhouette de rêve. Il faut dire qu’elle a mis les frais et que le rouge sang trenche, dans les tenues ternes de l’assemblée. Les britanniques sont tristement sobres. Du coin de l'œil, la rousse regarde Adeane bavasser. Lui aussi finira de se manger tout cru.

Elle prend sa place, accolée à la balustrade, tournant le dos à la salle et surtout à l’estrade. Tendant l’oreille pour entendre les noms des nominés. De toute manière, ils connaissent tous leur visages. Londres est petite. La cour de justice est minuscule… Tout à son ennuie, Jess perçoit une présence sur sa gauche. Elle n’y prend pas garde, comptant mentalement et murmurant le nom du grand gagnant. Un octogénaire, noble, ami du roi.

_ « Le temps de fermentation. » Propose-t-elle à son voisin sans même le regarder. Un sourire espiègle confirme sa mauvaise pensée. Keenan a un rire léger, nimbé de sarcasme. « … C’est moi qui aurait dû être en bas. » Reprend-t-elle avec l’assurance d’une tigresse sur son territoire. Mais puisqu’elle est femme et pire que tout Américaine, on ne lui donnera rien ici. Elle fait volte-face pour dévoiler son visage. Un visage public. Keenan est connu au barreau comme dans la vie scandaleuse du tout London. L’exemplaire de la femme vénale.

_ « Jessica. » Lui dit-elle pour la forme, en tendant sa main de femme fiche. Ongle carmin, manucure parfaite, peau douce et parfumée. Tout est là pour éveiller l’attention masculine. Jess l’observe. C’est étrange, mais son visage lui dit quelque-chose. Mais aucun nom ne lui vient encore. Son regard fauve détaille le costume, l'allure, l’âge. Il n’est pas avocat. « Vous voulez parier pour le prochain ? » Une proposition maligne. Keenan s’ennuie. La belle a envie de jouer.






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Jessica Keenan
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21.07.21 22:27
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Le premier moment distrayant de cette soirée survint avec cette réponse aussi franche que insolente. En quelques mots, sa voisine venait de balayer l’ennui de Vincent. Ainsi, pour la première fois de la soirée, il ne luttait plus contre l’envie de regarder son téléphone.

Cette amusante intruse se targua de mériter le prix. Insolente et arrogante, Jessica Keenan n’avait pas besoin de se présenter, sa réputation la précédait. S’il n’avait jamais vu de photo d’elle, il avait deviné son nom. Elle lui tendit la main et Vincent la lui serra, comme l’Ecossais qu’il était. Le baise-main ne lui plaisait pas et il paria que cela devait être réciproque. Une poignée de main assurée sans excessive fermeté. Il la fixait dans les yeux, s’interdisant de la détailler — à nouveau. En vérité, lorsqu’elle avait gravi les marches, Vincent avait pu observer sa beauté et sa silhouette élégamment mise en valeur par cette robe remarquable.

— Vincent, il répondait en omettant volontairement son nom de famille.

L’entrepreneur savait bien que peu d'avocats ne le connaissaient ici, il n’avait pas la prétention de croire qu’elle devait le connaître, mais il n’avait surtout pas envie de dérouler son CV. Aucune chance qu’il ne l’intéresse d’ailleurs.

— Parier sur le prochain ? Pourquoi pas !

Il observa la scène alors que le grabataire feignait de chercher ses mots. Il n’avait pas échappé à l’insolence de Vincent cette porte ouverte. Insolence s’engouffra donc dans la brèche ouverte par Jessica.

— Déjà, ce ne sera pas vous ! Vous vous êtes vue ? Vous n’avez aucune chance.

Il laissa une courte seconde en se demandant si la tigresse allait sortir ses crocs. Tout en reprenant avec la même insolence, il se concentrait sur la foule en bas et cherchait un autre grabataire.

— Une femme et qui en plus a le toupet d'avoir du caractère. Au.Cune.Chance ! D’ailleurs, vous leur faites tellement peur qu’ils font courir les plus folles rumeurs à votre sujet. Tant qu’il y aura des hommes dans le jury, vous pouvez vous épargner la peine de préparer un discours. Au mieux dans dix ans, ils feront comme à Cannes, des catégories distinctes. Qu’on ait jamais à comparer le talent d’une actrice à celui d’un acteur ! Faudrait pas que les femmes fassent de l’ombre aux hommes, n’est-ce pas ?

Il lui jeta un coup d’oeil avant de pointer du doigt une table sur le devant de la scène, plus précisément un homme, pas encore grabataire. Il enfonça le clou de l’insolence :

— Cet homme, Lawrence Torres. Si les membres du jury ne font monter que des vieux blancs décrépis, on va les taxer de racisme. À en croire ses honoraires, Lawrence Torres n’a pas démérité, mais ce sont ses adversaires qui vont voter pour lui. Et, surtout ils vont s’arranger pour que ce soit le seul homme de couleur à avoir un prix, évidemment ! Comme cela, s’il leur fait de l’ombre, lui aussi, ils pourront prétendre qu’il n’a eu ce prix qu’en raison des quotas positifs.

Cynique ? Vincent savait l’être, mais il était surtout lucide quant à la nature humaine. Est-ce que le jury allait donner raison à Vincent ? Peu probable sur ce prix, mais Vincent connaissait bien ce genre d’arcanes. Il mettra sa main coupé que, d’ici à la fin de la soirée, Maître Torres aura un prix et qu’il sera le seul homme de couleur à monter sur l’estrade.

— C’est à vous, Jessica ! Qu’est-ce qu’on mise ?
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23.07.21 13:53
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Jessica Keenan
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Mais qu’est ce que tu fiches ici ? Feat Vincent Macaskill —


A la poignée de main, l’homme d’affaires est épargné d’être Anglais. Et puis, Vincent, un prénom pas si courant que cela, dans le Royaume de Shakespeare. Cependant l’avocate fait des liens rapides. Ce peut-il qu’il soit l’amant de sa camarade Juliet Potter ? Ses yeux passent du visage, à la carrure, pour terminer sur la main gauche. Pas d’épouse à trahir dans le lot. C’est un bon point.

Jessica reporte son attention sur la fosse aux zombies. On dirait une scène de mauvais téléfilm. Tout est si bien cadré, orchestré, qu’on aurait pu repasser l’enregistrement de 2025 sans voir la différence. L’impertinence de Vincent fait son petit effet, durant, environ trois secondes. Mais, c’est plus de la surprise. Il n’y a pas de doute en elle. Elle est hautement au fait de ses compétences...dans tous les domaines. Alors elle scruta le profil de l’insolent, en attendant la répartie suivante, savoir s’il voulait la guerre et le jeu.

Donc en plus, monsieur est un franc féministe. Une caractéristique notable dans ce milieu de vieux croutons.

_ « N’est-ce pas.» Acquiesce-t-elle en lui montrant combien il l’amuse. C’est un état des lieux plutôt juste. L’empire britannique est sclérosé jusqu’aux os. Ce n’est pas le Brexit qui l’a aidé à se rajeunir. Peu importe dans le fond, la clientèle connaît le talent de leur employée. Il lui suffit d’aller faire un tour dans un pays voisin pour rafler des statuettes. Il n’a pas tort. Il y a un gros dossier sur le sujet au Palais. « C’est en projet. Depuis 2023. Mais les lobbies résistent. » Un petit ricanement moqueur pour la clique de perruques, qu’elle fusille, de leur perchoir. Ils sont là dégager de la naphtaline dès qu’ils ouvrent la bouche. « Elisabeth morte, vous pouvez dire adieu au progressisme. » Ce ne sont pas les duchesses actuelles qui vont faire bouger les lignes.

Jess a à peine un coup d'œil pour Torres. Ils se croisent assez au Rosewood. Pour un peu, ses ongles griffent la pauvre rambarde. _ « Pas mal. » La discrimination positive est dans la culture américaine. Ce qui ne fait ni chaud, ni froid à la rouquine. Cela n’a rien à voir avec l'égalité des chances. C’est tout le contraire, des jeux de pouvoirs et d’influences, de la politique. _ « Mais vous oubliez, le jeune des banlieues, sauvé par le droit. » Jess échange un coup d'œil malicieux. _ « Il est en discussion avec Netflix pour un biopic. » Alors quoi de mieux que de valider sa notoriété par un prix du plus grand colloque de la capitale. De toute façon ces deux hommes auront un prix. Reste à savoir dans quel ordre.

_ « Un dîner-chambre.» Propose donc la belle avec juste ce qu’il faut d’espièglerie. Elle couve Vincent d’un regard provocateur, attendant cette fois sa réaction. Keenan n’a pas besoin de faire le jeu des faux-semblants dans ce genre de jeux-là. Les repas ne l’intéressent pas. Elle a accès à la meilleure cuisine du pays quand elle le veut. Mais la seconde partie de soirée l’intrigue toujours.

Voyant un plateau passer du coin de l'œil, la belle se retourne pour interchanger coupe vide et pleine. Elle frappe le verre contre celui de Vincent, pour acter leur pari. Le champagne pétille sans réellement l'abreuver. La maître de cérémonie revient derrière son pupitre. Il montre l’enveloppe close à l’assistance. Jessica sourit en coin alors qu’il lit le nom en silence. _ « J’aime la bonne viande.» Souffle-t-elle en anticipation de sa victoire.

_ « … est Alec Burney ! » Le jeune homme de vingt-huit ans est mis en lumière dans le public. Il a l’air mal endimanché. Le travail de mise en scène est là. Keenan reprend une gorgée de champagne pour cacher son sourire cynique. Cette île est décidément sans surprise. _ « Vendredi soir ? » Susurre-t-elle ravie d’avoir gagné.





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Beaucoup d’humour, un humour caustique contagieux. Elle perdit Vincent quelques secondes quand elle évoqua la Reine. La première duchesse se conformait au diktat de la Monarchie et elle saluait en se gardant bien de prononcer le moindre mot, comme feu Philippe de Grèce. La seconde avait fui avec son époux vers le Nouveau Monde, eux aussi en déclin, le mari comme le Nouveau Monde.

— Et quand on sait que les progressistes de la famille se sont exilés…

Comme dans leurs loges, tous deux regardaient un opéra avec dans la fosse, de piètres artistes trop engoncés dans leurs costumes pour jouer correctement. Quand le premier rôle arrivait sur scène, sa prestation n’aidait pas du tout ces deux spectateurs à s’imprégner de l'œuvre.

Un fiasco. Tant l’opéra que le pronostic de Vincent. Quand elle l’avait désigné, ils avaient échangé un regard et Vincent avait compris aux arguments présentés par Maître Keenan qu’il avait un carré, mais qu’elle tenait une quinte en main.

— Un dîner-chambre, répéta-t-il.

Toutefois, il avait dû lutter pour ne pas finir sa phrase sur un point d’interrogation. Peut-être vieux jeu, il se demandait ce qu’elle sous-entendait. Bonne idée pour ne pas être dérangé par les autres convives du restaurant. Puis il se projeta mentalement la scène…

Vincent réfléchissait déjà à un alibi. Il n’était pas marié, ne voyait personne, mais il ne voulait pas que ses assistantes découvrent qu’il réservait une chambre d’hôtel, encore moins qu’il finissait son travail avant 22 heures. Il travaillait tellement, qu’il avait deux assistantes. L’une dès l’aube, l’autre jusque tard le soir Et toutes deux semblaient très curieuses, il les avait déjà surprises en train de partager leurs découvertes durant la pause méridienne : la stripteaseuse à domicile, “offerte” par Peter.

— Gagner en laissant croire à son adversaire qu’il a bien joué. Les rumeurs ne vous rendent pas si bonne gagnante.

Le manège avec les coupes de champagne l’amusa. Trinquer avec du Perrier, les Américaines seraient-elles tombées aussi bas que les Anglaises. Il pouffa face à sa propre naïveté quand il goûta le champagne.

— Je me disais bien que ce n’était pas le spectacle qui enivrait les convives. Dans la fosse, on nous sert du Perrier en coupe, mais c’est à l’étage qu’on trouve le champagne. Les Anglais…

Vincent posa sa coupe sur la balustrade et fouilla dans sa veste. Il en sortit un portefeuille pour y chercher quelque chose.

— Je n’ai pas réagi sur la bonne viande. Je connais un endroit parfait, il mentait à moitié.

De toute façon, la qualité des plats n’intéressait ni l’un ni l’autre. Il extrait finalement un billet de 5 livres qu’il tendit à Jessica. Il ne justifia son geste que lorsqu’elle le prit.

— Pour vos honoraires, histoire de vous soumettre au secret professionnel le temps de la conversation. Choisissez ce que nous boirons. J’importe tout ce qu’il faut.

Au moins Vincent pourra se vanter d’avoir soumis pendant une demie seconde Jessica Keenan. Encore faudrait-il qu’il partage cette confidence avec quelqu’un. Il ne voulait pas et n’avait pas d’amis pour partager de fausses vantardises.
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25.07.21 10:39
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Mais qu’est ce que tu fiches ici ? Feat Vincent MacAskill —


_ « Qui pourra le leur reprocher ? » Maître Keenan lance alors un regard sur le parterre endimanché. Le reflet d’une monarchie en perdition. Ils s’accrochent pour ne pas disparaître. Mais il est déjà trop tard. « Cette île est un tombeau. » Murmure-t-elle d’un ton prophétique. Nonobstant la présence des organisations mafieuses pour créer de l’animation… Londres tombait dans le sommeil.

MacAskill parvint à conserver un visage neutre alors que Jess avait cru pouvoir le déstabiliser. Juliet lui a parlé de ce client, plus particulièrement. L’effet du Brexit, le divorce, la garde séparée, et cette histoire de stripteaseuse. De l’avis de Jessica Vincent n’avait rien fait, si ce n’est quelques nuits sans honoraires avec son avocate personnelle. Une hypothèse que cette dernière n’a jamais démenti.

_ « Ha ! les rumeurs. » Elle s'en moque, au mieux elle en joue, sinon elle les oublie. Londres est bourrée de rumeurs, de légendes, des alligators dans les égouts, des Jack l’Eventreur ressuscité, des cimetières hantés. La faute à Macbeth ou au Brontë d’avoir donné le goût du fantastique au fan d’Harry Potter. Comment prendre tout cela au sérieux ? Les anglais sont de grands enfants. Mais, ils ne savent pas jouer et c’est bien triste. « Et vous Vincent, les rumeurs vous rendent justice ? » Demande-t-elle en retour. Parce qu'elle, au moins, assume tout ce qu'elle est, même le mal.

_ « C’est assez bien résumé “les anglais”. » Faisant bien sentir toute l’ironie, que peut porter cette nationalité. Mais avec un Écossais cela peut trouver un écho. Combien de temps qu’ils cherchent à se libérer des chaînes divines ? La belle porte le verre à ses lèvres rieuses.

La loi de prohibition sautait. C’est en partie pour cela que les Travaillistes ont gagné en février. Au plus tard début 2027. Les instances juridiques sont déjà sur le pied de guerre. A parler -débattre- sur l’abrogation. Le palais de Justice se divise en deux camps. Le semestre qui arrive sera animé. Keenan se laisse encore un an avant de décamper de là. Juste le temps pour finaliser le carnet d’adresse et corrompre deux trois personnes.

Alors la mise en scène du petit lord déconcentre la rouquine de la scène. Elle tourne le dos à la fosse pour le regarde faire. On n’avait encore jamais fait ce coup-là. Jessica regarde le billet, puis son propriétaire. Dans un rire sarcastique, elle saisit l’argent, plie le papier en deux, et le glisse dans la baleine droite de son soutien-gorge.

_ « Disons le meilleur whisky de votre pays. » Là Jessica ménage un silence, buvant un peu avant de reprendre d’une voix douce. « J’apporte celui du mien. » Deux cent ans que leurs nations sont dans une belle compétition sur le malte et toutes ses saveurs. En vraie dégustatrice Keenan compte bien profiter de cette occasion pour mettre sa région à l’honneur. Elle se décroche de la balustrade, désinvolte et séductrice. « Je m’occupe de la chambre. 20h00 ? » Lentement la rousse approche, elle ouvre la veste de Vincent et cherche la poche intérieure dans laquelle se trouvera certainement le téléphone portable. Elle le saisit et pianote, lui faisant déverrouiller l’écran, pour ensuite entrer son contact dans le répertoire. Elle presse l’écran pour faire sonner dans le vide son propre téléphone. Juliet risque de lui faire la tête. L’opération menée, la belle rend l’appareil à son propriétaire.

_ « Vous voulez fuir ? » Propose-t-elle, encore plus dans l'optique de laisser ce mausolée.






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26.07.21 20:31
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Jessica comparait la Grande-Bretagne à un tombeau, une expression récurrente chez les Américains. De Vieux Monde, l’Europe passait à tombeau. Du moins, la Grande-Bretagne !

Vincent profita de sa position surélevée pour prendre du recul. Une scène mythique du Titanic se déroulait à leurs pieds : des artistes s’évertuaient à poursuivre leur musique alors que le bateau sombrait. Mais dans cette fosse, ici, les musiciens ignorent encore que le bateau s’enfonce dans les eaux de l’oubli. Jolie photo d’époque ! D’ailleurs, nul besoin pour un photographe de supprimer la saturation, on croirait une image en noir et blanc d’un album du siècle dernier.

Il s’accorde un second coup d’oeil sur la tenue carmin de Jessica, un coup d'œil dont il ne se cacha pas.

— Oui, et pour ces funérailles, vous êtes la seule convive en couleurs.

Le spectacle l'attristait — celui de l’étage inférieur évidemment — et il se demandait bien pourquoi Juliet l’avait invité. Sans compter que cela allait jeter le doute sur leur relation ! Même si les rumeurs prétendaient autre chose, leurs emplois du temps respectifs avaient rendu impossible les rendez-vous à des horaires habituels.

— Si les rumeurs me rendent justice ? Joli jeu de mots !

Cette fois c’est à Juliet qu’il jeta un coup d'œil en contrebas.

— Je dirai que rumeurs et justices font bon ménage. En tout cas, on ne me reprendra plus à m’en défendre.

Longtemps Vincent avait tenté de rétablir la vérité. Convaincu que son épouse n’aurait jamais la preuve de quelque chose qui n’existait pas, il avait tenté de lutter contre les rumeurs et les accusations. Il n’avait pas vu venir le complot avec le faux témoignage de son assistance et s’était ridiculisé au tribunal. Sa fille avait quitté la salle d’audience en larmes, sous le sourire complice de son épouse.

Plus personne ne lui accordait de crédit quand il défendait sa fidélité. Peut-être aurait-il dû trompé sa femme pour s’offrir du bon temps et être accusé à raison ? Après ce témoignage, il a changé d’avocat pour choisir Juliet. Sa mission : sauver les meubles.

— Seriez-vous une compétitrice née, Jessica ?

Vincent accepta le défi en se demandant déjà quel cru choisir parmi sa réserve personnelle. La main sur la balustrade, il acquiesça et laissait donc Jessica organiser la soirée. Tout en regardant sa table en contrebas. Juliet venait de lever les yeux vers eux deux. Le manège de Jessica l’amusa, il la laissa faire et profita de son parfum. Il respirait le danger et l’adrénaline.

— Vous voulez fuir ?
— Ce pourrait être plus prudent, surtout vu le regard de Juliet.

Mariée, Juliet n’avait jamais osé franchir le pas et Vincent n’avait ni envie de détruire un couple ni envie de jouer les ramasseurs de balles perdues. Parfois, la fatigue des rendez-vous tardifs aidant, elle avait confié ses difficultés personnelles avec son époux. Les rumeurs allaient bon donc train et Vincent ne s’en défendait plus. De son propre aveu, Juliet en profitait même. Il ignorait comment et pour quelles raisons.

Vincent fit quelques pas vers les escaliers, invitant Jessica à l’accompagner. Tant qu’ils étaient à l’étage, Vincent échangea sa coupe déjà vide, contre du champagne, du vrai.

— Je vais d’abord aller remercier mon hôtesse pour cette… veillée historique.

En bas des marches, Vincent se dirigea aussitôt vers Juliet, elle les cherchait encore à l’étage. Plus il s’approchait des convives, moins il s’y sentait à sa place. Pour quelle raison Juliet l’avait-elle invité ? Faire enfler la rumeur ? Plus aucun doute.

Il lui offrit la coupe de vrai champagne en la déposant devant elle, sans plus de précision. Puis ce sont ses mains qu’il déposa ensuite avec délicatesse sur ses épaules dénudées par cette robe bustier noire. Il se pencha à son oreille pour lui dire au revoir, suffisamment doucement pour que personne d’autre n’entende, que le doute s’installe, que la rumeur enfle.

Vincent fit demi-tour sans attendre de réponse ni saluer les autres convives. Il quitta les lieux sans un regard en arrière. Il ignorait si Jessica l’avait attendu. Peu probable. Dehors, il traversa la place, vers la route, cherchant du regard un taxi à héler.
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27.07.21 18:48
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Jessica Keenan
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Mais qu’est ce que tu fiches ici ? Feat Vincent MacAskill —


Le regard de la Tigresse alla en contrebas. Elle voit très bien l’objet de l’attention de M. MacAskill. Pas d’étonnement à voir la silhouette de Juillet dans sa ligne de mire. Une jolie femme, la petite quarantaine fièrement portée. Le genre que la rouquine dévergondait bien le temps d’un après-midi entre copines. Une femme mûre, qui redécouvre les plaisirs de la vie, a un goût de bon vin.

_ « Franchement, on est à la limite d’un plagiat Shakespearien. » William est bien trop verbeux pour une franche Américaine. Jessica ne l’a lu qu’en étude secondaire et avec du mal. Mais elle a admiré l'adaptation avec Léo et Claire. Elle sait comment se passe la scène du Balcon. Ils sont loin d’avoir le même air féérique sur le visage. « Est-ce qu’elle vous donne un petit nom ? Quelque chose comme “Vince” … pour donner un air plus rebelle. » Le mieux est encore de ne pas être mariée du tout. Pas de complications inutiles.

_ « Les personnes qui comptent ne se préoccupent pas des rumeurs. » Souligne alors l’avocate d’un clin d'œil. Une théorie qui ne se dit que dans certains milieux. En fait, ceux où il y a un cercle d’influence. Là où les coucheries et autres passades de vie n’ont pas droit de citation sur le CV. Jess l’a appris par son père et son frère. Par le milieu dans lequel elle a grandi. _ « Réjouissez-vous. » Le provoque-t-elle un peu.

_ « Pires. Une survivaliste. » Ironise la belle; Bien qu’elle puisse aussi bien dire survivante. Les traumatismes l’ont aussi bien forgée que déformée. Elle est faite de bleus et de paillettes. C’est une guerrière sur talons hauts. C’est bien pour cela que personne ne lui marche sur les pieds. Surtout pas les hommes. _ « Mais j’adore gagner. Presque autant que de m’amuser. Et vous ? » Même si elle pense avoir la réponse.

Ils regardent alors l’avocate à quatre yeux. _ « Ce n’est pas ça qui l’empêchera de penser à vous en s’endormant. Coquin. » Bien entendu Keenan n’a que des morceaux de l’histoire. Sa consoeur ne lui donne pas le menu détail de son aventure extraconjugale. Mais c’est une histoire classique. L’être humain fonctionne avec des bases similaires. Une fois que le connaît les schémas il est facile d’anticiper les comportements, de prévoir les réactions. Un jeu d’enfant.

Ce qui relit Vince et Jessica c’est cette femme nerveuse qui les cherche. Cette femme de droit un peu perdue dans sa propre vie. Elle est alors pendant une poignée de secondes l’objet des regards. Les convives ne disent rien à voix haute. Mais demain et pendant encore quelques jours, ils vont évoqué cette romance. De quoi faire le petit feuilleton de l’état à la cour de justice de la capitale. Jessi quand elle profite que les regards soient ailleurs pour soudoyer l’un des serveurs. Un billet glissé au bon endroit. Les ordres murmurés l’air de rien. Il faut bien qu’elle sache comment la soirée va se terminer.

Une cigarette entamée, la rousse attend tranquillement un taxi sur la place. Elle a un sourire en voyant la silhouette de l’Ecossais qui se dessine sur sa droite. _ « Vous me déposez ? » Une question rhétorique dans sa bouche. La belle fait le tour par le cul de la voiture et ouvre la portière arrière droite. Elle ne sait pas encore si elle se rend à son domicile, au night-club où chez son comparse de paris nocturne. Peut-être au fond est il un homme de fantasmes et non de réalité. Il y en a. Les pauvres.

Le moteur ronronne dans la nuit fauve. _ « Vous devriez lui dire. » Argue la Tigresse qui active son téléphone en lui parlant.






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28.07.21 23:20
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Vincent ne connaissait pas cette référence shakespearienne, il préférait les auteurs français. Il comprit néanmoins la remarque puisqu’il associait — à tort ? — cet écrivain aux auteurs britanniques de l’Ancien Monde, ceux qui vieillissent mal. Il avait donc gardé le silence. Idem, il s’était tu à la remarque sur le prénom, préférant laisser la rumeur courir. Quoi qu’il en soit, Vince avait une intonation trop américaine pour ses oreilles écossaises et il aimait tant le prénom que sa défunte mère lui avait choisi qu’il n’aurait pas permis qu’on le déforme. Cela va le déranger, il reviendra sur le sujet. Peut-être vendredi soir, s’ils ne se revoient pas avant.

Avant vendredi soir, finalement ! Dehors, Jessica attendait elle aussi. Vincent leva la main et un black cab traversa les voies pour s’arrêter à leur hauteur.

— Avec plaisir.

Elle fit le tour du taxi pour emprunter la seule porte latérale et s’installa, mais Vincent resta dehors quelques secondes. Par dessus le toit, Il cherchait Juliet du regard. Juliet était-elle toujours assise à sa table ? Après lui avoir laissé plus de temps qu'il n'en aurait fallu pour quitter la soirée, Vincent s’engouffra dans le taxi. Oui, certaines femmes aussi préfèrent le fantasme à la réalité. Une attitude plus prudente.

Ils se retrouvèrent donc à deux à l'arrière de ce black cab des plus traditionnels. Vincent préféraient les taxis américains, plus intimes. Cet espace superflu offrait de la place pour les bagages, mais il lui donnait le sentiment d’être assis dans un minibus.

Pour l’heure, la survivaliste lui faisait oublier ce genre de considération. De survivaliste à mante religieuse, il n'y avait qu'un pas ses adversaires, quelques hommes éconduits avaient déjà dû franchir. Quelques femmes peut-être... Il se tourna vers la guerrière à haut talons. Amusé par sa remarque, il eut un petit rire, le premier depuis si longtemps qu’il en avait perdu l’habitude !

— C’est déjà fait, une confession avant mon départ, les mains sur ses épaules. Victor Hugo a écrit que la rumeur est la fumée du bruit.

L’histoire de Vincent et Juliet fait partie des belles histoires parce que celle-ci n’a jamais commencé. Le premier bruit, ce fut cette bouteille que Vincent lui offrit pour la remercier de mettre sa famille entre parenthèses pour gérer son divorce à des heures impossibles. Une collègue l’apprit. La rumeur s’éleva comme la fumée et vint obscurcir les couloirs des bureaux.

Avant vendredi, disais-je pour le prénom.

— Trois personnes seulement me tutoient. La première n’utilise plus mon prénom mais des insultes. La seconde ne me parle plus et la troisième est Juliet.

À sa grande surprise, Juliet avait aimé cette rumeur. Entourée de ses collègues, Juliet vit naître en elles de la jalousie à mesure que la fumée se répandait dans les bureaux. Cette jalousie ne trouvait pas sa source dans Vincent, mais dans une aventure adultérine avec un client, qui plus est, dans les bureaux VIP. Peu importe qu’il s'agisse de Vincent ! Flattée, attisée, Juliet y retrouva du sex appeal, le regard de certains hommes changea. Elle ne démentit jamais et s’offrit même le luxe d’ouvrir cette bouteille avec son mari tout en lui en expliquant son origine. Histoire de le rendre jaloux à son tour.

Vincent avait vu la fumée se répandre, mais avec son propre divorce, il avait bien compris que de jouer les pompiers ne faisait que dégager plus de fumée. Alors, il ne fit rien. Au contraire de Juliet qui faisait toujours plus de bruit pour jouer de cette fumée !

— Mais, Jessica, pensez-vous que Juliet se permettrait le moindre écart, ne serait-ce qu’avec mon prénom ? Quand on se contente des faits, mon ego en prend un coup : je ne lui ai pas donné l’envie de me rejoindre à la sortie du mausolée.

Le taxi avait pris la direction des boulevards et au premier feu rouge, le chauffeur se retourna pour demander leur destination à Vincent. Vincent laissa Jessica répondre puisqu’il était question de la déposer.

— Vous pensez qu’elle vous aurait suivi si c’était vous qui l'aviez prévenue ?

Voilà un défi pour la guerrière à haut talons !
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29.07.21 11:36
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Mais qu’est ce que tu fiches ici ? Feat Vincent MacAskill —


_ « Hugo. Je n’ai pas lu. » Lui répond alors l’Américaine sans la moindre gêne, ou complexe. Elle n’est pas une lectrice. En plus de cela, elle n’a pas misé sur la culture générale pour réussir. Alors Jess a appris quelques éléments essentiels pour tenir une conversation qui lui permette d’attirer les vieux aristocrates à elle. La connaissance est une arme et ça ils l’ont tous intégré. « Vous êtes dans les romantiques. » Conclut donc la trentenaire en entendant son voisin. Neutre de ton et d’attitude, si bien qu’on ne peut savoir si elle fait un compliment ou bien une critique. Bien qu’en son for intérieur elle a bien du mal à voir l’intérêt des jeux de cours; autre que celui de l’excitation qu’il procure sur le coup.

_ « Des femmes, vous avez dit “personne”. Mais je parie que ce sont trois femmes. » Taquine la consoeur de Juliet. Elle ne s’encombre pas souvent de la bienséance des petits bourgeois et encore moins après des flûtes de champagne. Elle observe le profil de l’Ecossais en se demandant s’il attisera encore les fantasmes de son avocate le lendemain. S’il a déjà eu une aventure avec une femme depuis son divorce. Si cela aurait une utilité de provoquer le destin ou pas.

La question de Vince attira un sourire sur les lèvres de la rouquine. Un petit sourire, que le carmin de sa bouche rend encore plus dicernable. Sans doute se moque-t-elle cette fois du romantisme d’Hugo. Fadaise, qui est loin de la réalité d’une femme qui s’ennuie dans son mariage. _ « Elle a envie que vous la preniez par la main. » Jess incline la tête sur le côté. Elle parle plus bas, comme pour confesser un de ces savoirs anciens dont on ne parle qu’en murmures. _ « Que vous preniez les choses en main, pour l’amener dans une jolie chambre d’hôtel, avec le bouquet de fleurs sur la table et les capotes dans le tiroir de la table de nuit. Qu’elle se fasse bercer. Les femmes adorent qu’on les libère de la décision. » Enfin, les femmes comme Juliet. L’indépendance du féminin ne soustrait pas à ce besoin d’être guidée, dans les pas de l’interdit.

Une fois l’adresse donnée, dans le quartier le plus huppé de Londres, l’avocate cessa de s'intéresser au chauffeur de la voiture. Ce trajet, elle le fait tous les jours. Elle connaît la densité du trafic et elle sait qu’il lui reste douze minutes pour accrocher cet homme dans son filet. Ne serait-ce que pour voir s’il serait capable de se laisser aller, de tromper le fantasme de Juliet, d’oublier sa sainte trinité.

_ « Oui.» Souffle-t-elle après deux secondes. Le temps de prendre une respiration. Juste cela, car Keenan sait qu’elle peut manipuler quelqu’un comme Juliet sans avoir à trop en faire. Les femmes délaissées ont une fragilité qui est si facile à exploiter. _ « Mais, elle se rétractent avant d’arriver au bon moment.» La peur de l’inconnue en tétanise plus d’une sur le chemin de la nouveauté. Or Jessica supporte mal qu’on la prive de dessert. _ « Et je n’aime pas qu’on me retire le pain de la bouche. » Jess concède tranquillement que la femme a des jolies hanches. _ « Dommage. »

Un nom de rue attire le regard de la belle. Elle sait où ils sont maintenant. Combien de temps il faut pour mettre en place la scène d’introduction. Tranquillement, son pied le plus haut se balance contre la jambe de “Vince”. _ « Vous voulez monter... » Jess sourit en coin. Il n’est pas question de lot de remplacement, mais plutôt d’une jolie improvisation nocturne. _ « Je peux vous montrer tout ce qu’il y a d’excitant dans mon métier.» Une fois qu’on entre dans le monde de Jessica, on s'ennuie un peu moins. _ « J’ai une bonne bouteille de champagne en stock. » Un clignotant résonne du côté du conducteur. Ils progressent dans la nuit.

D’une main, elle attire celle de “Vince” sur son genou. Telle la sorcière qui envoûte l’aventurier imprudent. _ « On appellera un autre taxi après. Si tu le veux.» Pourquoi pas briser la trinité et toutes les règles qui vont avec ? Ils n’ont qu’une seule vie.






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Vincent n’aurait peut-être pas dû citer Victor Hugo. D’ailleurs, il ne connaissait que certaines de ses citations, tout juste avait-il dû lire “Le château de ma mère” du temps de sa scolarité. L’association aux romantiques le fit sourire.

— Non, plutôt Malthus, Marx, Keynes, Shumpeter, Stiglitz. Je ne crois pas qu’ils aient été romantiques, mais ils réservent parfois quelques surprises.

Il avait dévoré ses auteurs économiques. Ses livres étaient bourrés d’annotations, de remarques tantôt acerbes, tantôt admiratives. Certains de ses hommes se montraient visionnaires, comme la théorie des marges de Marx. D’autres se montraient plutôt réactionnaires comme les constats de Stiglitz. Si Malthus était visionnaire sur la mondialisation, il ne faut pas oublier qu’à son époque, le Monde était plus petit qu’aujourd’hui et surtout beaucoup moins rapide. Stiglitz avait la critique facile, mais il faisait au moins le constat des erreurs de notre époque. Erreurs à l’origine de l’isolement britannique.

L’heure n’était clairement pas aux auteurs économiques, mais elle ne l’était pas non plus aux auteurs romantiques. D’ailleurs les explications de Jessica quant aux attentes de Juliet n’allaient pas vers le Grand Romantisme.

— J’ai bien peur d’être bientôt responsable de bien des déceptions, alors.

Il étira les jambes et jeta un rapide coup d'œil au ciel étoilé de Londres, mais la chape de béton du smog les cachait depuis plusieurs nuits. Depuis longtemps, les romantiques ne se baladaient plus la tête vers les cieux dans le Kensington Park.

Il reporta son attention sur Jessica se concentrant pour ne pas laisser son regard dessiner les contours de sa silhouette. Juliet se serait-elle rétractée au dernier moment ? Vincent en doutait. Son mari avait été le seul homme de sa vie, il était convaincu qu’elle voulait connaître les bras d’un autre ou d’une autre. Selon lui, Jessica se trompait faute d’ignorer ce point.

— Je ne suis pas si sûr qu’elle vous aurait fait faux bond à la dernière seconde.

À mesure que le taxi s’approchait de sa destination, Jessica se faisait plus directe, même si on ne pouvait décemment pas lui reprocher de prendre des détours. Le contact de son pied fut plaisant, la décharge d’adrénaline tout autant.

— Oui. Je serai curieux de découvrir ce que votre métier peut avoir d’excitant, car l’autosatisfaction de ces ronds de cuir et leurs statuettes bombées à la peinture dorée me donnent un a priori rance d’entre soi.

Il trouva plus impertinent ce tutoiement que cette main qui guida la sienne sur son genou. Sa peau était douce et fraîche. Vincent avait comme toujours les mains brûlantes. Le taxi s’arrêta, Vincent n’avait pas fait attention à la route, mais visiblement, il attendait devant un immeuble dans un quartier huppé de la ville. Il ne le reconnut même pas. Vincent s’accorda un geste de galanterie ou de romantisme en réglant le taxi directement depuis son téléphone mobile.

Sans répondre il descendit du taxi, tint la porte ouverte pour Jessica. Allait-il remonter dans le taxi ? Non, il n’aurait pas réglé. Il repoussa la porte et le taxi disparaissait dans le smog.

— Je te suis, ajouta-t-il en lui offrant son bras.

Il leva les yeux et fronça les sourcils, on ne voyait même pas le troisième étage dans ce brouillard de pollution. Même les beaux quartiers devenaient lugubres à Londres.
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19.08.21 19:30
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Mais qu’est ce que tu fiches ici ? Feat Vincent MacAskill —


_ « Je pourrais dire qu’ils sont pires que les aristocrates. Mais ils cumulent les deux tares très souvent. » Le sarcasme n’étouffe pas cette rousse sulfureuse, au contraire, ça lui procure une aura qui excite bien des mâles. Quant à savoir si cela marche sur les écossais ? Elle n’en est pas encore sûre. Elle aime arpenter des terres moins connues et découvrir les petits trésors.

La résidence est sous vidéosurveillance, les caméras sont disposées de façon à être visibles. L’entrée dans l’immeuble se fait avec trois sas de sécurité successifs. Le hall, immense, héberge un gardien et un vigile. Une équipe de jour et une équipe de nuit se succèdent. Une personne extérieure ne peut pas activer l'ascenseur ou ouvrir la porte des escaliers. Ce niveau de sécurité est devenu indispensable pour l’équilibre mental de l’avocate. Fort heureusement, elle en a les moyens.

L’employé du syndic est là, assis sur le fauteuil rehaussé, une page de journal ouverte sur des mots-croisés. Un homme à l’uniforme lisse, imberbe, à la calvitie naissante. Il lève le nez de sa grille et adresse un sourire à l’avocate. Il glisse à peine un regard sur l’homme qui est à son bras. C’est récurrent que Miss Keenan rentre accompagnée, très récurrent.

_ « On appellera un autre taxi après. Si tu le veux.» Maintenant ses mauvaises manières, cette impolitesse tout à fait américaine. Le “Tu” pour mieux happer l’animal et le coincer dans son filet de voix. C’est plus ou moins efficace selon le spécimen. Jess salue poliment le gardien de ce phare. La cage de l'ascenseur est déjà là. Un modèle très high-tech, silencieux, doux et qui grimpe au dernier étage de l’immeuble.

Le luxe est dans tous les détails. Un luxe qui n’a rien de dater comme dans les hôtels particuliers. Un luxe qui trahit toute la vanité et le désir de conquête d’une classe sociale. L’avocate les fait avancer lentement, jouant du tintement de son trousseau. Tout est un jeu et encore plus ici. La porte s’ouvre sur un splendide appartement disproportionné, éclatant. Cette femme est riche. _ « Mets toi à l’aise. » Pendant qu’elle désactive les deux alarmes. Tout un grand, neutre, sobre. On dirait un catalogue.

_ « Comme tu t’en doutes, ici la prohibition n’a pas cours. Un petit plaisir coupable à assouvir ? Gin ? Scotch ? » C’est d’un pas déterminé qu’elle expose une réserve d’alcools, aussi variés qu’ils sont onéreux. Seulement du haut standing et en quantité. Son palais n’aime que cela. _ « Ou bien un autre verre de vin… » Suggestion un peu moins enthousiaste.

Une fois les boissons préparées et offertes à leurs palais, Keenan l’attire dans le gigantesque salon. Il est haut, clair, avec des meubles assortis, lustrés. Ce n’est pas elle qui fait l’entretien. Elle allume la stéréo pour mettre un fond de musique. La basse fréquence permet de repérer du Pink Floyd. Jessica montre la voie en allant se poser dans l’un des sofa. Assise en oblique, les cuisses croisées, le regard perçant.

_ « Alors Vincent ? Qu’est-ce que tu cherches ? Dans la vie. » Le taquine-t-elle, avec un sourire au coin des lèvres. On sent que la tigresse s’amuse de la situation. Qu’elle y prend un un malin plaisir. C’est tout de même plus intéressant de cuisiner un écossais que d’écouter des ampoulés. La dégustation se fera dès qu’elle saura à quel point elle peut se servir de lui et de Juillet. Ce qui ne l'empêche pas de commencer à jouer. Sa main caressant tranquillement son genou, dévoilant parfois un bout de peau clair. Suggestion de mille et une gâterie en devenir.






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Le directeur d’Alcatraz enviait sans nul doute le système de sécurité de cette tour. Les sas témoignent de l’échec de la police londonienne, mais, une fois en sécurité, le luxe reprenait immédiatement sa place grâce à un atrium aux dimensions hors normes. À l’abri des larcin, le luxe reprenait sa place, le véritable luxe se révélait dans les détails, comme la douceur de cet ascenseur. Cette souplesse créa un léger malaise chez Vincent, mais ce sentiment allait laisser à son tour sa place à un amusement, amusement qui tournera bientôt à la cocasserie.

Jessica l’invitait à se mettre à l’aise, alors il s’aventura dans le salon découvrant un appartement au standing sans égal.

— Cela me rappelle mon monde d’avant.

Chez les Français le monde d’avant avait une bien étrange signification depuis qu’un président avait “volé” une élection en profitant de la chute des partis traditionnels. Pour l’Écossais, cette expression avait une toute autre signification, une signification qui ne plairait à aucune femme dans de telle circontance. Elle lui rappelait son ex-femme, ou plus exactement son monde d’avant symbolisait sa vie d’avant le divorce. Une vie où seul le paraître comptait, une vie où on ne choisissait pas une décoration en fonction de ses goûts mais en fonction de ce que le style renvoyait au visiteur.

Loin de lui l’envie de juger Jessica. Selon lui, elle ne devait pas être de ses femmes à n’accorder d’importance qu’au paraître, mais cela comptait visiblement. Les bips émis à chaque pression sur l’alarme l'étonnèrent plus encore. Pourquoi diable aurait-elle un système d’alarme ici. Les biens d’une grande valeur suscitaient la convoitise, mais si Jessica perdait tous ses biens, ce ne serait que l’occasion de changer de décoration. Et de toute façon, quel cambrioleur arriverait jusqu’ici ? Alors, craignait-elle pour sa vie à ce point ? Avait-elle des ennemis qui lui en voulaient ou pourraient dérober des dossiers qu’elle ramènerait chez elle ? Vincent se posait des questions. Cela l’intriguait même s’il n’avait pas remarqué l’installation d’un second système d’alarme en plus de l’original.

— Tu vantais les qualités de ton whisky, tout-à-l’heure, non ?

Il relevait le challenge avec plaisir. Il aimait beaucoup les défis où il ne pouvait que sortir vainqueur. Non que nul ne pouvait égaler le whisky écossais, mais si le breuvage américain s'avérait meilleur, il aurait eu le plaisir d’y goûter. Il prit son verre, mais ne s’assit pas. Il approcha la fenêtre et constata qu’on ne voyait ni le sol, ni les autres immeubles à travers le smog.

En choisissant Pink Floyd, Jessica fit resurgir les goûts musicaux de son ex-femme. Elle lui ressemblait. Non, méchanceté gratuite, trop facile. La décoration ressemblait à ce que lui, Vincent MacAskill aurait pu choisir à l’époque. C’était un peu facile de tout reprocher à son ex-femme, de projeter ses propres défauts sur quelqu’un qu’on a détesté.

Le Vincent du monde d’après détestait le Vincent du monde d’avant. La situation devenait de plus en plus cocasse. Sa langue claqua.

— Merde… s’exclama-t-il, ce whisky va être bien difficile à battre.

Il aurait aimé s’asseoir à côté de Jessica pour profiter du nectar, mais elle avait un corps splendide, dommage qu’elle se soit assise. Il soutint longuement son regard. Elle lui demanda ce qu’il recherchait. Il répondit par instinct.

— Ma fille, Vittoria.

Il prit un dessous de verre sous le verre de whisky sur la table basse et se donner le temps de la réflexion. Il ne voulait pas livrer de faiblesse à cette inconnue aussi attirante soit-elle, mais il avait changé et ses priorités aussi. Sa priorité première : retrouver sa fille. Rien d’autre. Alors, il ne s’en cachait pas.

— Perdre un divorce, ce n’est rien, mais elle est partie avec ma fille. Et aujourd’hui, elle a littéralement disparu.

La peine n’avait d’égale que la culpabilité. Vincent se moquait désormais des injustices tant qu’elle ne touchait que le portefeuille. En revanche, quand elle touchait sa fille ou sa réputation, il en était autrement. Malheureusement, Vincent n’était pas au bout de ses peines.

— Et toi ? Qu’est-ce qu'une avocate du Nouveau-Monde recherche dans cette aristocratie à l’agonie ?

L’argent ? Elle l’a déjà. Le succès, elle n’en manque pas. La notoriété ? Est-ce que cela importe pour elle ? Il ne la connaissait pas. Connaître les ambitions de quelqu’un en disait long.

Quant à l’aristocratie, Vincent ne se faisait pas d’illusion, l’économie britannique agonisait. Le No-Deal allait faire perdre l’Irlande puis l’Ecosse au Royaume. C’était une question de temps… L’économie allait s’effondrer et faire de cette île un paradis fiscal n’était qu’une menace face à l’Europe, mais les gouvernements, travailliste comme conservateur, craignaient trop les conséquences.

Même si elle venait de s’asseoir, il lui tendit la main. Il aurait pu prétexter n’importe quoi pour l’inviter à se lever, mais pourquoi mentir ?

— J’ai rarement vu une avocate avec une aussi belle silhouette. Me permettrais-tu ?
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14.09.21 21:04
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Mais qu’est ce que tu fiches ici ? Feat Vincent MacAskill —


La compassion ne fait pas partie du monde de l’avocate. Elle est même dure. _ « S’il te manque tu n’as qu’à le reconquérir. » Réplique Jessica sans aucun état d’âme. Les hommes sont élevés pour faire ça. Ils savent très bien, comment prendre, sans demander la permission. Celui-ci a clairement assez d'intellect pour revenir sur ses bases. Autrement, elle ne l’aurait pas amené dans son antre. C’est assez peu commun qu’elle invite ici-même. Mais en faisant ce choix elle plante tranquillement les graines d’une rumeur dont elle pourra se servir. Sans compter qu’il est plutôt bel homme et qu’elle n’a pas souvent goûté à l’Ecossais.

Jessica leur sert deux verres ambrés, sans glace, cela va de soi. A la différence de Vincent elle alla s’asseoir. Elle profita qu’il soit sur pied pour l’observer à son aise. Loin des autres regards, elle se perdit sur les courbes masculines. _ « Je te l’avais dit.» Une réplique malicieuse et dite uniquement pour le plaisir. C’était le genre de vérité qui lui faisait du bien.

N’ayant pas d’enfant, ne voulant pas en avoir, Jess ne connaît rien de l’instinct parental. Elle ne l’a jamais vu chez ses parents non plus. L’amour filial apparaît plus comme une chimère, un truc romantique que s’inventent les plus faibles. Pour elle, un enfant est un parasite. Une bête curieuse qui après avoir détruit les hormones ruine la liberté. Mais parfois, ils peuvent être de bons levier dans une négociation. Aussi reste-t-elle attentive. Elle lâche ce qu’il faut pour le faire parler: _ « Navrée de l’entendre. Depuis quand ? » Il faut y aller doucement. « Je connais du monde.»

A l’inverse, on demande rarement à cette femme pourquoi cette migration. Pourtant Vincent le fait et c’est intéressant. Elle prend le temps de sourire en coin, affectant les silences mystérieux. _ « Je m’ennuyais chez moi.» Los Angeles est moins exaltante que ne le dit le rêve Américain. Surtout quand on est l’héritière de Shun Keenan. Là-bas, la vie de Jessica était déjà toute tracée, une vie de luxe, d’oisiveté… de vides à remplir encore et encore et encore. A dix-huit ans, son envie de vivre se meurt déjà. Elle n’aurait pas tenue là-bas. C’était rester et perdre ou bien disparaître et survivre. « Enfin, parfois, je m’ennuie ici aussi. » Il lui arrive de penser à une nouvelle migration quelque part où le jeu redeviendrait excitant. Cuba ? Moscou ?

Amusée, la rousse pose sa main sur la sienne. Elle se lève sans un faux pas. Ce que peu savent ici c’est que Jess a eu une première carrière. Une juvénile et destructrice carrière de mannequinat. Chaque jour, elle utilise ce savoir-faire pour mettre la clientèle dans sa poche. Comprenant, le désir l'attente de son invité, elle s’offre à ses yeux. _ « Permet-toi. » Ses doigts se posent sur la poitrine de Vincent. Ils jouent tranquillement sur le tissu. « Tu peux même toucher. » Le provoque-t-elle alors que son regard s'éclaircit. Elle se rapproche de son oreille pour demander. « Tu veux que je déambule pour tes beaux yeux ? » Elle pose son verre dans le creux de sa main et commence à lui tourner autour. Le tout en prenant son pas le plus sensuel et prometteur. Ce jeu là aussi est vieux comme le monde, mais personne ne s’en lasse.

_ « Alors Vincent ? … Tu aimes ce que tu vois ? Tu en veux plus ? » Quand à savoir les limites… encore faudrait-il que la belle de feu en ait déjà eu.






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— Il ne me manque pas du tout.

Les priorités de Vincent ont changé depuis son divorce. À plusieurs reprises même. Après avoir écarté toute vie sociale, il s’est d’abord consacré à son travail, en totale exclusivité. À force de rentrer seul et en raison des vacances estivales, Vincent a réalisé qu’il n’avait plus de vie sociale ni de vie de famille. Sa fille lui manquait. Sortir de cette addiction au travail restait difficile, le réveil douloureux.

À ce sujet, Jessica lui offre son réseau de contacts.

— J’en prends note.

Pour le moment, il comptait s’appuyer sur la détective privée, Damia Kapoor, pour retrouver la trace de sa fille. Pour le moment, elle restait injoignable, il espérait tout de même que son nom l’aiderait. L’argent ne lui manquait pas. Ses honoraires avaient la réputation d’être élevés, mais il préférait faire appel à une détective surchargée qu’à un incompétent qui attendait avec désespoir que le téléphone sonne enfin.

Quant à Jessica, ses motivations restaient insondables. Elle s’ennuyait en Californie. Vincent n’aurait pas cru cela possible dans ce pays survitaminé, mais il connaissait peu le monde outre-atlantique. Qu’elle s’ennuie au Royaume-Uni l’étonnait moins en revanche. La réunion de ce soir en était le meilleur exemple. Les Américains n’avaient pas cette tradition conservatrice. Elle aurait certainement été primée dans ce pays.

Sa dissertation sur les différences culturelles s’arrêta devant le spectacle de Jessica marchant vers lui. Ses jambes se croisaient à chacun de ses pas, ses hanches ondulaient avec grâce et le contact de ses fines mains sur son torse l’électrisèrent. Alors, comme il pouvait la toucher, du revers de la main, ses ongles glissèrent le long de son cou. Elle lui échappa, glissant derrière lui, pour revenir devant avec lenteur et sensualité.

— Alors Vincent ? … Tu aimes ce que tu vois ? Tu en veux plus ?

Ces questions ne pouvaient souffrir d’une réponse aussi courte qu’un oui, alors autant ne prononcer aucun mots. Ses doigts glissèrent sur la robe et, avec adresse, il fit glisser la fermeture éclair. Il aimait ce qu’il voyait et en voulait plus, lui aussi. La garder contre lui, mais il ne la voyait plus marcher. La laisser faire le tour de lui, du salon, mais il ne sentait plus son parfum, ni sa peau… Il aimait aussi la découvrir par la parole, non qu’il cherchait à briser ou retirer une armure. Ce n’était pas du tout son objectif.

— Pour la plupart des gens, les États-Unis sont plus distrayants, en général. Il y a quelque chose ici que tu ne trouves pas là-bas ?

Vincent pensait avoir compris quelque chose entre les lignes. Il précisa sa pensée.

— Ou bien y a-t-il quelque chose là-bas que tu ne veux pas ?

Il imaginait mal que quelque chose puisse faire peur à Jessica, Vincent ignorait qu’elle évitait l’oisiveté.
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