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[CLOS] Bienvenue au château de Beaufort, madame la Comtesse ! (ft Rebecca et Jane)
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Vincent ne voyait pas ses semaines passer, tant il travaillait. Pourtant ce vendredi après-midi, il regardait sa montre régulièrement comme s’il pouvait rater son avion. Celui-ci décollait à 17h00, le dernier vol pour Inverness. Son plan de charge débordait de partout, comme toujours, mais il tenait à se rendre en Écosse. Il avait promis à Violet de Hanovre de l’aider lundi, mais surtout, demain matin il accueillait Rebecca et sa fille Jane à Inverness. Il n’avait pas pris le même vol qu’elles, car il comptait leur épargner quelques détails organisationnels.

Plus impatient qu’il ne voulait se l’avouer, Vincent finissait les derniers dossiers. Il vérifia son agenda. Il n’avait pas précisé qu’il se rendait en Écosse et avait simplement mentionné du télétravail samedi et dimanche. Il ignorait encore que cela allait lui éviter le bûcher ! À propos de bûcher, en voilà un qui s’annonçait inévitable.

Son assistante l’avertit de son dernier rendez-vous de la journée. Il accueillait donc l’adjointe du service de communication. Une jeune femme a la silhouette très fine entra dans son bureau. Elle marchait sur des talons d’au moins douze centimètres, mais n’en restait pas moins petite. Elle allait pour faire le tour du bureau, mais Vincent la coupa dans son élan pour lui tendre la main par-dessus. L’assistante derrière l’invitée fronça les sourcils avant de refermer la porte.

En raison du congé maternité de sa responsable, cette jeune femme avait demandé à assurer l’interim. Son dossier était impeccable, une grande école, une expérience à enrichir, d’où ce poste. Sa responsable qui s’absentait pour un congé maternité la recommandait, mais le rapport était loin de la dithyrambe. De toute façon, Vincent n’appréciait pas cette assistante. Ses interruptions en pleine réunion, son arrogance, sa façon de mâcher le chewing gum en ce moment même le dérangeait beaucoup. Sur le plan professionnel, il voulait quelqu’un de plus réservé pour affronter la presse, quelqu’un capable de calmer l’insolence de Vincent, pas d’en rajouter.

Vingt minutes plus tard, le refus de Vincent était exprimé. Alors, elle quitta la pièce en feignant de pleurer.

— Que se passe-t-il ? demanda l’assistante à Vincent qui vint refermer la porte laissée ouverte.
— Elle n’assurera pas l'intérim.
— Oui, je m’en suis douté quand vous m’avez demandé de publier l’annonce. C’est bien de l’avoir prévenue.

*
* *
Le lendemain matin, Vincent recula au maximum le siège de sa voiture pour s’étirer . Il s’était garé sur parking de proximité de l'aéroport d'Inverness. En avance, Vincent se remémora les différentes étapes de leur escapade. Il avait longuement réfléchi à des activités pour Jane. Il ne la connaissait pas et ne savait pas ce qui pouvait intéresser une jeune femme de son âge. Il avait pensé visiter le château d’Édimbourg, réputé pour ses fantômes, mais les commentaires ne l’avaient pas convaincu. Et Jane n'avait pas quatorze ans non plus. Toutefois, cette première suggestion lui avait rappelé de vieux amis.

Il connaissait bien les propriétaires du château de Beaufort et il avait eu l’excellente idée de les appeler. Tout le programme coula alors de source. Ses amis se faisaient une joie de les accueillir. Leur fils, parfois décrit comme un idéaliste rêveur, cachait en réalité un génie de la communication. Il créait à l’heure actuelle un évènement où leurs hôtes étaient accueillis comme dans les années folles. Les invités étaient accueillis par un majordome, puis habillés en tenue d’époque par un valet de pieds ou une femme de chambre. Bien sûr, cela pouvait être amusant au début, mais rapidement ennuyant. Alors, il agrémentait cette reconstitution théâtrale d’une intrigue policière. David avait besoin d’amis pour tester en toute discrétion l’animation avant l'ouverture au public. Vincent s’était donc porté volontaire et réservait cette surprise à ses invités. Rien n’avait filtré sur le programme, sauf la randonnée du lendemain.

Les points enregistrés dans le GPS, Vincent vérifia plusieurs fois que le contact de la voiture électrique était bien coupé. C’était la première fois qu’il louait cela et il était perdu. Quand il fut assuré de l’extinction complète du véhicule, il en descendit pour se rendre au terminal d’arrivée. Il passa devant les caddies à valises, sans faire de crochet pour en récupérer un. Jane et Rebecca ne venaient que pour un seul week-end, après tout. L’avion venait de se poser, il lui restait un peu de temps avant qu’elles ne le rejoignent. La tension de Vincent était assez palpable. Il arrivait bien à couper avec le travail, le courant passait bien avec Rebecca, mais plus que tout, il craignait plutôt que Jane ne s'ennuie. Ça le tourmentait. Il avait bien compris que Rebecca avait besoin d’un break et s’il voulait qu’elle se détende, il fallait qu’elle comme Jane se sentent à l’aise. Une tâche ardue pour un père qui ne s’était jamais vraiment occupé de sa fille.

Même si la relation entre Vincent et Rebecca était platonique, comment l’appréhendait-elle ? Vincent ne savait sur quel pied danser. Avant le divorce, Vincent n’avait pas été un père des plus attentifs, une erreur qui lui incombait. Totalement.

Une double porte battante s’ouvrit et un flot de passagers défila sans discontinuité quand, au milieu, il distingua Rebecca et une jeune femme à sa droite. Avec sa grande taille, elle l’avait sans doute déjà remarqué, mais Vincent leva la main.
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27.08.21 16:32
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week-end écossais
vincent


L’avion entama sa descente pour retrouver la terre ferme. La gravité fit son effet. Peterson plaqua son dos contre le dossier en prenant une bonne inspiration. Elle n’avait jamais été à son aise dans les airs. Le principe même d’être en suspension à des kilomètres du sol lui filait la frousse. Mais, comme pour d’autres peurs, Rebecca avait appris à les manier pour qu’elles n’aient pas d’emprise sur elle. Elle joua à faire rouler une de ses bagues en fixant obstinément le dossier devant elle. Il lui fallut un petit moment pour évacuer la boule de stress. Alors que Jane, sa fille, était déjà en train d’ouvrir le compartiment au-dessus de leurs têtes. Elles avaient regroupé leurs affaires dans un unique sac-à-dos et le second serait pour la randonnée.

-“ Il a l’air de faire beau. Ça va nous faire du bien! ” Becca attendit alors, en vain, une réaction de sa fille. Jane avait dit oui pour le week-end. Mais pour le moment le principal de son interaction était via les serveurs web. Elle avait déjà rallumé son téléphone portable pour envoyer des snaps à la terre entière. -“Tu m’as promis de le lâcher quand on serait arrivées. Tu te rappelles ? ” Toujours pas de réponse de la demoiselle. Chaque fois qu’elle rentrait de Paris, elles devaient remettre le cadre en place. Rebecca en venait parfois à se demander si elle avait bien fait de l’envoyer en France.

Elle la laissa passer devant, pour aller retrouver l’extérieur et une bonne connexion. Pendant ce temps Becca vérifie l’heure sur sa montre. Pas de retard. Vincent devait être au terminal pour les réceptionner. En pensant à lui, Becca s’arrêta pour regarder son reflet dans la baie du couloir. Elle scruta sa tenue d’un œil critique. La robe, les bottes, la veste, elle l’avait ressortie sur un coup de tête. Cela faisait des années qu’elle ne l’avait pas portée. Elle trouvait que cela lui donnait un air moins sévère. -“Bon sang on dirait une ado Peterson.” Ce qui la faisait rire. C’était exactement ce qui lui fallait pour mettre le service Compta de côté.

Les filles arrivèrent aux portes battantes. Rebecca rattrapa sa fille. Par réflexe, elle voulut lui dégager le visage de ses beaux cheveux bruns. Jane avait pris de la nature de cheveux de son père. Ses anglaises et ses yeux clairs avaient attiré les regards. -“ D’accord. J’arrête. J’arrête.” Elles avaient parlé de Vincent, de son métier, de ses prises de position. Jane pouvait être la plus vindicative et Becca espérait que tout irait bien. -“ Donne-lui une chance. D’accord ? ” Le hall était animé. Mais le Lord était reconnaissable. Peterson lui rendit tout de suite un signe. Elle fait un petit signe du menton à sa fille. Il y avait un air de famille. La demoiselle dégageait une belle énergie. -“Bonjour.” Il avait un beau sourire. Rebecca s’avança pour lui faire la bise, une sur chaque joue. Puis, elle se tourna vers sa fille pour faire des présentations dans les formes. -“Jane. Vincent. Vincent, Jane. ” Jane se montra polie et sans excès. Un doux sourire échappa à la syndicaliste. Elle se reprit tout de suite pour n’indisposer personne. -“Encore merci pour ton invitation!” Jamais, elles ne seraient parties ainsi sans son idée.

Rebecca sourit de plus belle. -“On a tout de notre côté.” Jane s’était décalée sur la droite pour aller voir la vitrine d’une boutique de Prêt à Porter. -“ Je ne sais plus si je t’en ai parlé. Elle étudie la Mode.” Becca ne comptait plus le nombre des boutiques visitées, les magasins de modes, les merceries, les ateliers. Ce n’était pas du tout son monde. Mais elle acceptait d’en être le cobaye de temps en temps pour les exercices de Jane. -“Comment vas-tu ? ” Vincent avait une bonne mine. Il avait l’air en forme. Le revoir, aussi vite, faisait plaisir à Peterson. Elle était curieuse de voir comment aller se passer ce petit séjour à trois. Il est vrai que depuis le divorce, aucun homme n’avait franchi cette étape avec elle. Mais, là Becca avait simplement eu un bon pressentiment. Et elle était du genre à écouter son instinct!


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04.09.21 14:54
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Jane Peterson
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FACE IDENTITY : Kristine Froseth
IDENTITE : Jane Peterson
GROUPE : London people
RANG :-
AGE : 18 ans
ETAT CIVIL : Célibataire
PROFESSION : Étudiante en design de mode
ETAT DESANTE : Bonne
LIENS : ici

Bienvenue au château de Beaufort
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La mode était un cycle qu’il fallait réinventer. En ce moment, les années 2000 et 90 revenaient en force. Acheter dans les brocantes et les marchés aux puces avait la cote. Une consommation responsable, en plus des nombreuses trouvailles uniques à prix fortement réduit, comme les bottes en cuir style militaire qu’elle avait aux pieds, et les pantalons style trousers. Pour le reste, elle portait un simple tshirt blanc, un blazer oversize qu’elle avait cousu elle-même, et son sac à main en cuir végane.

Jane suivait sa mère hors de l’avion. Un weekend en Écosse, pourquoi pas? Elle n’y était encore jamais allée, et on disait que les paysages étaient sympas. « Tu es très bien maman », dit-elle en la voyant inspecter son reflet. Simplement en ressortant quelques unes de ses vieilles fringues, sa mère avait réussi à être à la mode, ce qui n’était pas toujours le cas. Ça lui changeait de ses vêtements de travail, en tout cas. Jane s’écarta alors de sa mère lorsqu’elle voulut lui remplacer les cheveux, et s’écria en protestant « Maman! » Elle pensait encore qu’elle avait quatre ans, non mais!

Ainsi, elle voulait bien paraître devant ce mec… MacAskill. Elle ne lui avait pas beaucoup parlé de lui, mais sa mère lui en avait présenté une bonne image. Jane comptait bien en juger par elle-même. « Mais oui maman, j’essaierais de ne pas trop te faire honte, promis » rétorqua-t-elle moqueusement. Pour une fois, c’était elle qui avait le luxe de juger les futurs petits copains de sa mère, et non l’inverse. Elle ne s’en priverait pas. Ah! Ce que Florent lui manquait…

Sa mère fit signe à un homme aux cheveux poivre et sel, plus loin dans le hall. Il portait un costume, chemise, cravate et chaussure en cuir, et le tout lui allait comme un gant. Décevant. Un kilt aurait au moins été plus audacieux! Jane sourit à Vincent lorsque sa mère la présenta. «Bonjour!» répondit-elle avec son meilleur français. Elle avait beaucoup pratiqué depuis! « Je n’étais jamais venue en Écosse auparavant. Vous ne portez pas le kilt? »

Puis, en apercevant une boutique du coin de l’oeil : « Oh! Un Olivia Rose! » Jane regarda avec fascination les robes dans la vitrine, rose et flottant, avec de jolies manches bouffantes. Elle s’empressa de la prendre en photo. Monique et Catherine seraient vertes de jalousie en voyant ça!


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05.09.21 19:43
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La robe de Rebecca surprit Vincent. Il ne l’avait croisé que durant leurs interminables journées de travail. Il ne l’avait jamais vu un jour de repos. Il ne s’était pas demandé quelles tenues elle pouvait porter en dehors de son travail. En tout cas, il aimait beaucoup ce style, jeune, dynamique, aérien.

À ses côtés, Jane venait de lui dire bonjour en français avec un accent soigné, Vincent répondit en accentuant son accent des HighLands. Il n’avait pas l’habitude de plaisanter avec une adolescente, mais il ne voulait pas comparer leur accent français. Après tout, le français était sa seconde langue natale et sa mère lui en avait appris toutes les subtilités. Le bonjour de Jane était remarquable, il ne voulait pas donner l’impression d’en juger.

Mais sa remarque sur le kilt l'amusait beaucoup !

— Chaque chose en son temps, je n’ai même pas eu le temps d’enlever ma cravate.

Car, comme beaucoup d’hommes d’affaires, il n’existait pas une journée de repos que le travail ne vienne troubler. Ce matin, il avait pris le petit-déjeuner avec le service RH suite à leur entrevue avec des représentants syndicaux. Les rumeurs d’énergies vertes inquiètent les mineurs pour leur emploi. Jane s’envola aussi vite qu’elle était venue pour prendre des photos. Aucun doute, il s’agissait vraiment d’une passion pour la mode et sûrement pas l’horrible architecture de la galerie marchande.

— Oui… D’où les études à Paris !

Un sourire immense se dessinait sur ses lèvres, car sa surprise avait encore plus de chance de plaire à Jane. Il n’expliqua pas ce sourire, mais osa un clin d'œil à Rebbeca. Il changea aussitôt d’attitude et se tourna vers elle, l’air à nouveau sérieux.

— Pendant qu’elle n’est pas là… J’ai reçu ton message à propos des billets d’avion. Je comptais vous inviter toutes les deux, mais…

Il ne voulait pas être impoli, mais il devait finir sa phrase.

— … si c’est pour des raisons professionnelles je comprends. Si pour ta carrière politique, tu ne veux pas recevoir un cadeau d’un PDG, je le comprendrais. On fera comme tu préfères, mais ça me fait vraiment plaisir que vous ayez accepté de venir toutes les deux. Vraiment !

Jane revenait déjà, alors Vincent n’insista pas, il n’avait pas envie de créer de malaise et cette opportunité de parler seul à seul était tombée à pic. Ce détail d’organisation réglé, ils passeraient tous un meilleur moment.

Ils rejoignirent la voiture et Vincent glissa leur sac dans le coffre. Il en profita pour défaire sa cravate et l’abandonner dans le coffre, se maudissant de ne pas l’avoir fait plus tôt. D’autant que tous allaient devoir se changer…

Il les invita à monter dans la voiture et chercha à l’allumer. Il l’alluma, mais l’éteint aussitôt par inadvertance.

— Les voitures électriques, c’est bien, mais faudrait quand même un signal sonore pour nous dire que le moteur a démarré !

La situation l’amuse visiblement, mais pas une seconde, il ne retirait son pied de la pédale de frein. Mieux valait être prudent avec ces bestioles là. Tous installés, ils quittèrent le parking et Vincent les emmena vers une petite autoroute.

— Il y en a pour une vingtaine de minutes en voiture.

Il entretenait le mystère, espérant capter l’attention de Jane. Il se risqua à lui parler.

— J’espère que tu aimes les modes très rétro Jane !

Y compris celle des années trente… Il profita du trajet pour proposer à Jane de se connecter au wifi de la voiture afin de ménager son forfait, essayant de ne paraître ni lourd ni ennuyant. C’était compliqué pour lui, car il n’avait jamais pris vraiment soin de sa fille.

Il prit finalement une route de campagne suivant l’itinéraire du château de Beaufort. Après quelques kilomètres, il abandonna toutefois cet itinéraire pour s’engager sur une route communale, peut-être même privée. La route s’était rétrécie, les voitures ne pouvaient plus se croiser, mais la fréquentation de cette route avoisinait le zéro absolu.

Après un petit kilomètre, des arbres bordaient la route. Vincent ralentit encore plus l’allure après une borne kilométrique comme on en faisait plus. Un dégagement apparut, il s’y arrêta sur le bas-côté, sur un sol argileux, presque boueux. Cela correspondait exactement à la destination indiquée par le GPS. Un lieu improbable où on avait la vue que sur des arbres, pas forcément joli d’ailleurs. Ils avaient visiblement souffert du climat écossais. Il descendit de voiture, un petit sourire aux lèvres, espérant que ses hôtes se demandent ce qu’ils fichaient là !

— Nous sommes invités par le comte de Beaufort. Notre hôte va nous rejoindre d’ici peu.

Il se dirigea vers le coffre et sortit sa valise, le sac à dos, mais il y laissa sa cravate. Alors qu’il rejoignait la chaussée, un bagage dans chaque main, une vieille voiture approchait. Mais alors une bien vieille voiture, digne d’un musée. Aucun pare-brise ne protégeait le chauffeur qui portait donc des lunettes de protection. Il n’y avait d’ailleurs aucune vitre. Elle ressemblait plus à une diligence sans chevaux qu’à une voiture d’ailleurs. Elle faisait un boucan de tous les diables et l’ère moderne avait éclipsé combien ces vieilles tractions empestaient l’essence mal brûlé !

Tom, le chauffeur, en descendit. Un jeune homme au charme fou qui portait des vêtements d’une autre époque comme si le temps s’était figé depuis près d’un siècle en Écosse. Il s’avança et marqua un temps d’arrêt pour retirer ses lunettes de protection et son béret.

— Lady Peterson, Lady Jane, bonjour ! Lord MacAskill ! Vous alliez vous rendre au château à pied ?
— Notre voiture est en panne, mentit Vincent, un jeu d’acteur programmé, mais Vincent mentait très mal.
— Une chance que je passais par là. Il reste plus d’une lieue. Permettez-moi !

Tom ouvrit la porte cochère de la traction. Il y avait quatre places à l’arrière, deux dans le sens de la marche, deux à contre-courant.

— Mes ladies, Tom tenait la porte ouverte leur prêtant main forte pour grimper, la marche était particulièrement haute.

Puis, il se dirigea vers l’arrière de la voiture. Il retira les sangles de cuir et libéra deux valises en bois. Il les ouvrit et y glissa la valise de Vincent puis le sac de Rebecca et June. Refermées, elles furent solidement sanglées à nouveau à l’arrière de la voiture. Tom ouvrit ensuite la porte à Vincent qui prit place.

Tom démarra à nouveau la voiture, elle reprit aussitôt son tintamarre infernal. Propulsant la voiture à une vitesse incroyable (elle frisait les dix kilomètres par heure), le moteur prouva qu’il avait encore du coffre et pouvait donner plus de voix. Tom prit la parole en criant presque pour que ses trois passagers puissent l’entendre

— Veuillez m’excuser je ne me suis pas présenté. Je suis Tom Branson, le chauffeur du comte de Beaufort. Je reviendrais réparer et récupérer votre voiture Lord MacAskill. Lady Peterson, Lady Jane, sachez que je serai aussi votre lien avec le monde extérieur.

C’était difficile de s’entendre, alors Tom s’arrêta à une intersection que personne n’avait dû emprunter depuis un moment. Il se retourna.

— En dehors de vos vêtements, je vais vous demander de placer dans cette besace tout ce qui a moins d’un siècle ! Montre, objet moderne, etc. Si vous voulez les utiliser, il faudra venir me voir. Je suis à l’atelier derrière le château, mais vous ne pourrez pas les emmener au château. C’est important.

En même temps et pour les rassurer sans doute, il leur tendit des papiers d’identité à leur nom. Leur date de naissance était fausse et datait de la fin du XIXème, début du XXème pour Jane. Il leur donna également un journal à Vincent, un journal en date du 13 mars 1932. Hitler faisait malheureusement les gros titres en emportant 30% des suffrages. Il offrit également deux journaux qui augurent des futures revues de mode. Il déclinait la mode de cet été 1932.

Tom répondait à leurs éventuelles questions. En tout cas, Vincent n’en avait pas. Il espérait que Jane ne lui en veuille pas d’abandonner son téléphone portable. Le chauffeur reprit alors la route, heureusement, l’air empestait l’essence. Il prit un dernier virage et devant eux, s’étendaient l’immense château de Beaufort, récemment rénové “à l’ancienne”.

Alors que la voiture passait les immenses grilles en fer forgé, deux domestiques sortirent du château. Un homme aussi grand que la femme était petit. Ils attendirent que Tom s’arrête à leur hauteur, l’homme presqu’au garde à vous.

Le premier domestique, un grand homme grisonnant avec un peu d'embonpoint les accueillit avec grande déférence, alors que Tom, vif comme l’éclair, leur ouvrait déjà la porte.

— Lady Peterson, Lady Jane, Lord MacAskill, si vous voulez bien vous donner la peine, l’éloquence du majordome n’avait d’égale que son élégance.

Quand tous avaient regagné le plancher des vaches, Madame Hughes s’avança vers mesdames. Tom avait remarqué le regard intrigué de Carson, le majordome, mais c’est Vincent qui prit la parole.

— Notre véhicule nous a fait faux bond à une lieue d’ici. Merci beaucoup à Tom de nous avoir aider.
— Je vous en prie, Monsieur. Tom est également notre mécanicien, il ira voir votre véhicule et vous le ramènera. Thomas…

Sorti de nul part, Thomas était un valet de pied habillé lui aussi habillée d’une veste en queue de pie impécable.

— Je suppose que je m’occupe des bagages, Monsieur Carson.

Monsieur Carson lui jeta un coup d’oeil en coin, il n’était visiblement pas du tout satisfait de la réponse de Thomas.

— Madame Hughes ici présente va vous conduire à vos chambres respectives. Nous montons vos valises. Nous déjeunerons à midi. Monsieur le comte et sa fille Lady Mary sont au village, ils vous recevront à la bibliothèque une demi-heure avant le déjeuner.

Madame Hughes fit entrer les hôtes par la grande porte, révélant un atrium magnifique. Des tapis importés d’Inde recouvrait intégralement le parquet en bois. Des armoiries aux couleurs de Beaufort ornaient les piliers et, sur leur droite, un immense escalier s’élançait vers le premier étage.

Comme partout, d’élégants tapis couvraient les marches en marbre. Ils donnaient tout son sens au terme feutré, chaque bruit de pas était absorbé, chaque son perdait son écho dans ses tapis qui agrandissait en quelque sorte l’atrium, du moins sa musicalité.

Madame Hughes brisa le silence religieux et expliqua pourquoi en haut des escaliers elle tournait à droite et non à gauche :

— Nous installons l’électricité dans l’aile ouest. Durant les travaux, vous serez dans l’aile est.

À l’étage, trois domestiques les attendaient devant chacune des trois portes.

— Lady Peterson, voici votre femme de chambre, Madame Bates, Lady Jane, voici et Monsieur Bates sera votre valet de chambre.

Chacun fut dispatché dans chacune des chambres. Rebecca, dans la chambre mitoyenne avait deux portes communicantes, l’une fermée vers celle de Vincent, l’autre grande ouverte vers la chambre de sa fille. Thomas frappa et entra avec les valises de Rebecca. Et ce n’était pas du tout les mêmes. Il les ouvrit et suspendait dans une immense armoire victorienne de magnifiques robes des années trente. Il fit ensuite de même avec d’autres valises pour Jane.

— Quelles robes préférez-vous pour le déjeuner ? Je vous conseille…

Les femmes de chambre suivraient leurs choix et si elles avaient des questions sur ce qui se tramait, Madame Hughes qui se plaçaient entre les deux chambres communicantes se montrerait d’une grande tendresse pour les conseiller de se laisser porter par la magie du moment.

Thomas les salua et quitta la pièce pour aller chercher la valise de Lord MacAskill, lui aussi surpris de se retrouver si vite séparer de Jane et Rebecca. Monsieur Bates lui conseilla un simple costume des années 30, évidemment. Il réservait le smoking pour le dîner.
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09.09.21 18:28
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week-end écossais
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-“Quoi ? Je peux toucher, quand même! ” Rebecca était étonnée par les métamorphoses de sa fille. Elle avait changé pendant cette année à Paris. C’était une jeune femme maintenant. Dire qu’elle l’avait eu à cet âge. Fort heureusement, sa fille semblait un peu plus prudente à ce sujet. Le temps passait tellement vite que cela donnait parfois le tourni. Becca leva les yeux au ciel avant de rétorquer tranquille. -“Tu ne me fait jamais honte. ” Le père arrivait parfois à la faire sortir de ses gongs. Parfois. Mais David était loin. Ils ne se voyaient pas souvent.

Rebecca se pinça la lèvre face à l’humour de sa fille. Elle avait un sacré franc parler, qui n’épargnait personne. Sa mère avait toujours fait attention à ne pas brimer son esprit. Elle ne pouvait s’en prendre qu’à soit même. -“Oh, rien d’ennuyeux ? ” Le travail de l’écossais était rapidement envahissant. Si bien que Peterson se demanda s’il elle n'aurait pas dû anticiper un minimum et prévoir un plan b. Il était un peu tard pour cela maintenant. -“ Jane! ” Mais la joie de sa fille faisait plaisir à voir.

-“Il y a de ça oui. Merci de le comprendre. ” C’était un petit poids en moins pour l’esprit de la jeune femme. Elle appréciait que Vincent soit assez fin et délicat pour ne pas en parler devant Jane. -“ J’en suis contente aussi. ” Elle garda un oeil périphérique sur sa fille, tandis qu’ils se mettaient en mouvement. Elles n’avaient pas eu beaucoup de détails sur le week-end. Ce qui avait de quoi rendre curieuses.

Rebecca prit le côté passager à l’avant pour pouvoir tenir compagnie au conducteur. Elle se pencha vers le volant dès qu’il eut un souci. Elle était une femme indépendante, qui vivait seule avec une fille. Elle avait pour habitude de tout réparer elle-même, une petite panne ne pouvait pas l’impressionner. -“Ce n’est pas hyper intuitif. ” La voiture roula en silence et Becca profita d’être posée pour prévenir David. C’était un accord entre eux. Savoir où leur fille se trouvait quand elle quittait le territoire. Elle éteignit ensuite le téléphone et le fit disparaître. Elle avait compris que le projet était une surprise et donc garda pour elle toutes ses questions. Le plaisir de contempler le paysage était suffisant. -“ Si tu nous mettait un morceau de jazz chérie ?

L’Ecossaise lui était peu connue. Cela faisait du bien de voir autre chose que de la ville. Peterson se sentait plus détendue déjà. Une fois la voiture arrêtée, la jeune femme se contortionna pour regarder autour d’eux. Il n’y avait rien de spécial ici. -“ Un Comte ? Tu vas nous présenter un comte ? ” Voilà bien quelque-chose que Rebecca ne se serait pas imaginée. Elle glissa un sourire à sa fille avant de descendre de voiture. Sans dire un mot, elle prit l’un des sacs de la main de Vincent et le rassura d’un sourire. Il était galant. C’était agréable, certes, mais elle avait ses principes. Etre une féministe épanouie était parfois compliqué.

L’arrivée d’une voiture de collection et d’un jeune chauffeur costumé fit son petit effet sur les filles. Elles le regardaient avec un doux mélange de curiosité et d’amusement. Becca glissa une oeillade interrogative à leur guide. Qu’avait-il fait ? C’était un jeu de théâtre que firent les garçons. La jeune comptable incita discrètement sa fille à monter à bord.

-“ Merci bien… Monsieur ? ” L'immersion était plutôt réussie. On pouvait sentir un effort d'authenticité. Peterson n’avait pas fait de jeu de rôle depuis la fin de ses années secondaires. Cependant, elle avait plaisir à faire ce genre de grandeur nature plus jeune. Elle décida donc de se laisser porter. -“ Je vous en prie M. Branson, appelez-moi Rebecca. Vous êtes venu à notre rescousse cela crée du lien. ” A la demande de M. Branson Becca scruta le profil de sa progéniture. Un sourire taquin vint sur son visage. Tranquillement elle commença par retirer sa montre poignet, sortir le smartphone de son sac-à-main. -“ Très bien. … Cela ne peut pas nous faire de mal de déconnecter un peu. ” La Une de la revue de mode répondit à l’une des questions de la dame. Elles venaient de remonter le temps de près 94 ans, autrement dit l’époque de la naissance de l'arrière-grand-mère de Jane.

-“ Hitler… ” Voilà un nom qui faisait froid dans le dos. Rebecca avait énormément lu sur cette période de l’Histoire pendant ses études. Elle se demandait comment ces comédiens allaient traiter du sujet. En attendant, elle du faire la démarche de se laisser porter dans ce grand théâtre. Elle se tourna vers la dénommée Mme Hugues pour la saluer. Peterson n’avait aucune idée de l’heure puisqu'elle venait de donner sa montre, elle n’aurait qu’à se fier à tout ce beau monde! -“ Pourrez-vous me prévenir de l'heure ?

-“ L’électricité ! Vraiment ? Prodigieux... ” C’était une façon de donner le change. Cec dit, ce devait être quelque-chose d’avoir vécu l’arrivée de l’électricité dans les foyers. Les Peterson était une famille de basse extraction et la grand mère de la syndicaliste n’avait pas eu accès à l’école ou encore à la lecture. Quand elle y songeait Becca était atterrée. -“ Par contre pour la femme de chambre, je ne suis pas sûre. Je pense que je peux me gérer toute seule… ” Il n’y avait rien contre cette mise en scéne très élaborée. C’était simplement impossible pour elle de savoir qu’elle soudoyer quelqu’un. Ce même de façon fictive. Elle fit un sourire désolé à la dame.

Ils allaient dans le fond du détail. Cela devait coûter une petite fortune. Mais visibement ces gens avaient des moyens. Peterson sourit à Thomas tandis qu’il repartait faire son office. Tout ceci allait au-delà de tout ce qu’elle pouvait imaginer. Becca alla faire coulisser les ceintre sur la tringle de la penderie. Toutes les tenues étaient belles. Elle n’avait aucune idée de ce qui pourrait convenir pour le jeu. Alors, elle suivit le premier conseil de la dame qui se trouvait avec elle. La robe était jolie et lui allait plutôt bien. -“ Merci… Moi c’est Rebecca. ” Rebecca refusa qu’on la coiffe décrétant qu’elle pouvait le faire elle-même.

Elle alla devant la porte commune avec la chambre de Jane: -“ C’est moi. Je peux entrer ? ” La demoiselle était une jolie fille et elle pouvait tout porter. Peterson était curieuse de voir le résultat. Elle pénétra lentement dans la pièce. Celle-ci était tout aussi belle que le reste. C’était spectaculaire. Elle glissa dans le dos de sa fille pour lui caresser les cheveux. -“ Alors ? Tes premières impressions ? ” Cette question était assez générale pour que Jane choisisse son angle. Son avis était important. C’était avant tout leur voyage et non le sien propre.

Une fois parées de leurs atours, Becca ouvrit la porte pour elles. Elle essayait de ne pas penser au mail que Tyler devait lui envoyer en fin de journée. Ou bien, encore au fait qu’elle n’était pas maquillée. Ce n’était pas quelque chose d’important dans son monde. Mais dans celui ci les apparences étaient au premier plan. Becca se rassura en se disant que ce n’était pas un “rendez-vous” et se mit à chercher Vincent. Elle avait envie de savoir la suite. Est-ce qu’ils allaient avoir du gibier pour le déjeuner ?! -“ Quelle imagination il faut pour se lancer dans tout ça. Comment les as-tu connus ? Fais tu cela souvent ? ” Jamais, Peterson n’aurait cru tomber dans un endroit comme celui-ci. Il la surprenait et c’était agréable. -“ Jusqu’à quel point puis je inventer la vie de lady “Peterson” dis-moi ? ” Ce n'était pas les idées qui manquaient!



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15.09.21 0:12
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Jane Peterson
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FACE IDENTITY : Kristine Froseth
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Bienvenue au château de Beaufort
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Jane prit place sur la banquette arrière tandis que sa mère s’asseyait à côté de son petit copain aux cheveux gris. Enfin… son « ami ». Sa mère était assez discrète sur ses relations intimes, et Jane l’en remerciait. Peut-être était-elle discrète parce qu’il ne s’était rien passé à ce niveau-là depuis des années. Après tout, sa chère maman prenait son travail à coeur, tout comme ses valeurs. Gare à l’homme qui faisait la moindre tentative de galanterie avec elle! D’ailleurs, Jane se demandait bien comment son père avait fait pour la séduire. Quoi qu’il en soit, ce monsieur MacAskill avait intérêt à aimer les défis. Il avait tout de même réussi à amener sa mère jusqu’ici, et à la faire quitter son boulot quelques jours, ce qui n’était pas rien!

Levant le nez de son téléphone lorsque la voiture s’arrêta, Jane regarda sa mère d’un air interrogateur. Être au milieu de nul part avec un inconnu ne la rassurait pas. Encore moins la perspective de rencontrer un comte. « Quoi? Mais je n’ai rien à me mettre pour ça! » dit-elle en sortant de la voiture. Elle n’avait rien apporté de chic. Comment pouvait-elle se douter qu’elle allait passer ses vacances sur le domaine d’un comte? Comment sa mère pouvait être si enthousiaste?

Sur la route arriva alors une voiture… très vieille. Jane n’en avait jamais vu de pareil. Ou uniquement dans les musées d’Histoire. Le chauffeur, un jeune homme, semblait lui aussi sortir tout droit des archives, mais avec un petit quelque chose d’élégant. Jane lança un regard hésitant à sa mère avant de grimper à bord. Qu’est-ce que tout ça signifiait? Peut-être ce comte de Beaufort aimait les voitures de collection, se disait Jane, avant d’entendre la demande de monsieur Branson, qui plongea la jeune femme en plein désarrois « Mais… »

Ils allaient donc être coupés du monde pendant leur séjour au château du comte pour remonter dans le temps. Elle serait coupée de ses amis. De Florent… À contrecœur, Jane remit son téléphone au chauffeur, après un dernier message. Quelle drôle d’idée tout de même. Sa mère pourtant semblait ravie, et tandis que celle-ci lisait un magazine, Jane regardait le paysage défiler. Comme elle se sentait toute nue sans son téléphone… Ce serait insupportable!

Apercevant le château du comte de Beaufort, ils y arrivèrent peu après, et furent accueillis par les domestiques et le majordome. Une chose était sûre, c’est que le comte de Beaufort avait fait ses recherches concernant les costumes des employés du château. Ils semblaient authentiques et étaient conformes à la mode de l’époque. Combiné à l’ambiance du château, Jane devait avouer que le tout était impressionnant. Vivaient-ils tous de cette manière en permanence? En même temps, avec un tel décor, cela devait être tentant. Peut-être le comte cherchait à retrouver l’époque grandiose de ses ancêtres? En regardant un peu partout dans ce château immense tandis que madame Hughes les menaient à leur chambre, Jane oubliait peu à peu sa morosité.

Madame Bates leur présenta alors leur valet de chambre et leur femme de chambre, sur quoi sa mère refusa toute aide de sa part. Quant à Jane, elle ne refusa pas un coup de main pour se faire coiffer selon le style des années 30. Puis, surprise, toute leur garde-robe avait été transformée. Jane toucha le satin d’une robe avec le sourire. Des lignes droites et pourtant flottante, légère et surtout pratique. La mode n’était plus aux robes pailletées des années folles, mais à la sobriété et l’élégance. Les tenues pour le déjeuner étaient ravissantes, mais pas autant que celles du soir.

Sa bonne humeur retrouvée, Jane revêtit une jupe plissée tombant sous le genou avec son haut assorti et des mocassins. Après que la femme de chambre eu terminé de la coiffer, Jane la remercia, et s’attela à son maquillage, lorsque sa mère l’appela « Entre! » Jane se retourna pour sourire à sa mère, avant de reprendre sa tâche « Ça te vas très bien maman! » Cette madame Hughes avait bien du goût! « Mais tu aurais dû te laisser coiffer, si tu veux vraiment jouer le jeu! Ce n’est pas pire que lorsque tu vas chez le coiffeur », dit-elle en haussant les épaules. « Non? » Peut-être avait-elle tort. Peut-être y avait-il une forme d’exploitation que Jane ne voyait pas. Mais parfois, la jeune femme se demandait si les principes de sa mère ne se mêlaient pas un peu avec sa fierté… À la question de sa mère, Jane eut une moue incertaine « Mmmmh. C’est étrange, comme idée, mais original. Je ne pensais pas que ce genre de délire existait réellement. J’aurai préféré garder mon téléphone, mais… j’écrirais des lettres. Pff. Plus personne ne doit faire ça aujourd’hui, c’est un peu ringard faut dire. Enfin… bref. J’ai hâte. Je vais peut-être enfin pouvoir terminer ce roman sans être distraite. Oh! Il y aura de la danse en soirée tu crois? »

« Maman… » commença Jane en reposant son tube de rouge à lèvres sur la coiffeuse, avant de suivre sa mère « Est-ce qu’il se passe quelque chose entre toi et… Vincent? » Jane le demandait avec un demi-sourire, curieuse de connaître la réponse de sa mère. D’ailleurs, l’intéressé les rejoignit peu après. Sa mère posait là une excellente question. Comment on en arrive à connaître des personnes qui transforment leur château en petite faille temporelle. « Vivent-ils toujours ainsi? Comme durant les années 30? » Ça devait être terrible de ne pas pouvoir évoluer, d’être piégé à une seule époque, surtout celle-ci, qui n’était pas la plus joyeuse de l’histoire anglaise. « On doit inventer un personnage? Comme dans un jeu de rôle? » Jane n’en avait fait que très peu, mais le défi l’intriguait. Ce monsieur MacAskill avait vraiment de drôles d’idées!



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19.09.21 5:02
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Vincent sortit de la chambre et eut le plaisir de voir tour à tour Rebecca et Jane en sortir. Jane avait un âge proche de celui de Vittoria. Sa tenue montrait qu’elle était aussi à l’aise avec son époque qu’avec les années trente. Si les concepts de la mode échappaient à Vincent, il savait reconnaître le style et l’élégance. Jane fut vite occulté par la beauté Rebecca, Vincent en eut le souffle coupé, tout simplement. Il lui aurait bien adressé un compliment, un autre que cette admiration qu’il ne sut cacher, mais il s’abstint en présence de Jane.

Certaines femmes avaient une beauté physique exceptionnelle. Son ex-femme et Jessica faisaient sans doute partie de ces femmes-là, mais Rebecca rayonnait par son regard et cette vitalité qui l’habitait. Il ne réagit pas immédiatement à la salve de questions de Jane, car Rebecca le subjuguait par la façon d'observer sa fille.

— Oui ? Euh non.

Il regarda les domestiques et leur demanda de les laisser seuls une petite minute. Un battement cil plus tard, ils n’étaient plus que trois dans les couloirs, seul Crawford traversait l’atrium en direction de la porte d’entrée.

— Je crois que je vous dois quelques explications. Je pensais que ce serait plus drôle de ne rien vous dire, mais mon choix vous met mal à l’aise. Ne vous inquiétez pas, personne n’est fou.

Il posa ses mains sur la pierre de la rambarde et en apprécia la texture.

— La plupart de ses monuments ne supportent plus les ravages du temps. Les amplitudes thermiques mettent les menuiseries et les charpentes à rude épreuve. Deux écoles s’opposent. Certains remplacent les anciennes menuiseries par de matériaux récents bien plus résistants, d’autres respectent la tradition. Mais dans tous les cas, leurs propriétaires croulent sous les dettes et nous pourrions perdre ce patrimoine.

Vincent soupira et ajouta à la gravité : “à court terme”. Il se mit une seconde sur la pointe des pieds. Ses chaussures en cuir trop fermes et le gênaient un peu, malgré leur éclat exceptionnel. Les domestiques venaient de les cirer avec le plus grand soin.

— L’une des personnes que vous allez rencontrer est le véritable propriétaire des lieux. Son idée est de permettre à des gens comme nous d’être immergé dans ce monde révolu.

Vincent prenait grand soin de ne dire ni elle ni lui.

— Cette personne compte beaucoup pour moi. Nous avons été invités pour tester “ce jeu de rôle” avant sa commercialisation. L’objectif est de financer la préservation de ce patrimoine. Cet ami est entouré de bénévoles pour lancer le projet. J’espère qu’ils pourront en dégager des bénéfices un jour. Alors, oui, Jane, je crois que nous pouvons nous inventer un personnage, mais je vais rester moi-même.

Comme ils allaient le découvrir, les plats seront riches, savoureux, le personnel nombreux. Nul doute que ce genre de réception demanderaient des fond importants. Seuls des gens riches, très riches pourront en profiter. Il se pencha vers Jane comme pour lui confier un secret.

— Mon grand-père était un homme assez odieux et bien trop vieux jeu à mon goût, alors je vais quand même garder mon caractère. Oh, j’oubliais le plus important : tant que personne ne répète trois fois le mot “astronaute”, cela veut dire que tout fait partie du spectacle.

En bas, Lady Mary, la fille du comte venait de revenir du village. Vincent invita tout le monde à descendre les escaliers et au détour d’une porte, ils surprirent une conversation. C’était la femme de chambre de Rebecca et une autre femme dans une tenue grise, moins habillée, mais toujours d’époque.

— Tu crois que je vais perdre mon emploi ?
— Comment cela ?
— Eh bien, il y a déjà Lady Sybil qui refuse que je la coiffe et maintenant Lady Peterson. Est-ce que je coiffe si mal que nos hôtes sont prévenus à l’avance ? Qu’est-ce que je vais faire si je perds mon emploi, je ne sais même pas lire…
— Hum hum…


La conversation s’arrêta et les deux femmes de chambre reprirent le rangement dans les chambres. En bas, Lady Mary les attendaient.

— Lady Peterson, Lady Jane, Lord MacAskill, quel plaisir de vous recevoir ! Alors, comme cela vous revenez en Écosse…

Vincent ignorait si dans les années 30, l’homme laissait la place aux femmes pour parler. Il décida d’incarner un personnage progressiste de l’époque, donc un homme un chouilla moins sexiste que les autres. Il resta légèrement en retrait, car au fond de lui, il avait envie de laisser Jane et Rebecca s’inventer un personnage, de participer, de lâcher prise. C’était vraiment son ambition : que Rebecca profite d’un vrai break, le temps d’un week-end. Qu’elle se détende totalement ! Il eut du mal à détacher ses yeux d’elle.
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24.09.21 8:10
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week-end écossais
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Un compliment était agréable de nature. Mais ceux de Jane étaient encore plus efficaces sur sa mère. -“Merci.” Rebecca ne se sentait pas entièrement à son aise dans une robe qui n’était pas la sienne. Mais, elle appréciait l'imagination derrière cette mise en scène. -“ Mh. Pas tout à fait. Je ne pense pas que les personnes qui nous aide soient rémunérées pour ce qu’elles font. ” La fantaisie de cet univers se heurtait donc aux principes de la syndicaliste. Ce n’était pas qu’elle cherchait la complication. Elle était construite comme cela. Personne ne pouvait rien n’y faire. -“Et puis, j’aime me débrouiller par moi-même. ” C’était d’ailleurs un gros sujet de tension avec le père de Jane. Becca s’était mise dans des situations parfois difficiles, uniquement parce qu’elle voulait ne dépendre de personne. Maintenant, heureusement, cela s’était adouci.

Elle eu un rire léger et complice. -“ Ringard, non. Plutôt romantique. ” La génération de Jane n’écrivait plus autant. L’instantanéité des réseaux y était peut-être pour quelque-chose ? Peterson n’avait pas de recul. Elle ne pouvait faire que des hypothèses. -“ Il y a toute une période où ton père et moi on s’est écrit. Ça n'avait rien à voir avec du Shakespeare. Mais ça nous a rapprochés. ” Il faut dire que Clark l’avait rencontrée alors qu’elle sortait à peine des années de lycée. Ils étaient encore en études. Ils se voyaient le week-end. Mais le reste du temps, il fallait bien trouver un moyen de partager. -“ Je suis sûre que Florent va aimer avoir une lettre. ” Un sourire encore plus éclatant raviva alors le visage maternel. -“ Mh. Oui. Surtout si tu veux tenir ton défi de le finir avant 2027! ” L’été approchait de sa fin. La fin de l’année arrivait toujours plus vite.

La musique de cette période était superbe. Ils allaient en profiter. -“ J’en suis persuadée! ” Que serait un huis-clos des années trente sans un bal ? Assurément les organisateurs y avaient pensé. Becca ne connaissait pas grand-chose des danses de l’époque. Mais, elle pouvait apprendre pour peu que l’on lui montre. Le ton que prend sa fille attira son attention. La curiosité de Jane était assez prévisible. Pour autant la réponse méritait un temps de réflexion. -“ Je… crois ? ” Ce qu’elle pressentait n’était encore qu’un frisson. Rebecca était une femme prudente sur le terrain du coeur. -“ En tous cas… je l’aime bien. ” Cela ne faisait de mal à personne et ça distrayait des soucis de tous les jours. Elle clôtura le sujet par un baiser complice. Parler d’elle n’était pas sa plus grande qualité.

Il y eu un moment de latence entre eux. Si bien qu’elle se demanda s’il fallait qu’elle intervienne. Finalement Vincent retrouver sa voix. Il se faisait aussi loquace. Le concept d’un jeu pour attirer du public qui payera des réparations était bien trouvé. Rebecca comprenait l’intérêt de cette démarche. -“ Il y a des budgets pour la sauvegarde du patrimoine. ” Peterson travaillait sur Londres et dans une municipalité. Mais, elle avait un peu creuser sur le sujet de la culture dans le Royaume-Unis. Mais sans doute l’ami de Vincent était-il au courant. Sans doute avait-il aussi pensé au mécénat. -“Est-ce qu’il y a une structure pour que l’on fasse un don ? ” Elles étaient invitées aujourd’hui. Rebecca voulait savoir comment allait évoluer ce dossier. Elle voulait s’impliquer un minimum.

-“ Je pense que je vais m’inspirer de ma grand-mère Lucy. ” La mère de son père avait été une femme exceptionnelle. Lucy Clark avait été dans les mouvements de protestations et de lutte contre l’appartheid. Elle avait eu des ennuis à cause de cela. Mais, elle avait été une sorte d’idole pour Becca. Lorsqu’ils saisirent la conversation des employées, une gêne s’installa dans l’esprit de Rebecca. Elle fit signe à sa fille d’avancer avec leur guide. Pour sa part, elle s’attarda devant la chambre, attendit une minute et puis frappa à la porte. -“ Excusez-moi… Je me permet. … J’ai changé mon avis. J’aimerai beaucoup que vous vous occupiez de mes cheveux. Si c’est encore possible ? ” Contrairement à son habitude chez le coiffeur, elle ne donna aucune directive. Elle espérait ainsi réparer sa maladresse.

Coiffée, Rebecca descendit les marches en caressant la rampe. Elle profitait de son point de vue pour observer Jane parler avec Lady Mary. Elle avait l’air à son aise. Tout allait bien. Alors les yeux de la comptable dérivaient sur leur ami écossais. Un sourire délicat lui vint à l’idée de partager une danse avec lui. Elle arriva à côté de sa fille et adressa un sourire d’excuse à la noble jeune fille. Elle attendit que plus personne ne parle pour formuler ses excuses. -“... Lady Mary, c’est un plaisir de vous retrouver. ” Becca s’amusa à faire une petite courbette, comme elle en voyait pendant les retransmissions officielles. -“ Jane vous a-t-elle appris la nouvelle ? Nous venons investir! ” Elle posa une main sur le bras de Jane en signe de complicité. -“ Mon cher Père est décédé au printemps. L’héritage est à investir. Comme vous le savez j’ai une affection particulière pour votre beau pays. ” Sur quoi Rebecca regarda le profil de VIncent en souriant. Elle se déplaça pour aller donner le bras à ce dernier. -“ Vincent va nous aider à prospecter mais peut être aurez vous des suggestions ? ” Tranquillement, mais sûrement Lady Peterson entrait dans son personnage. C’était amusant. Elle était curieuse de découvrir le repas et les activités.


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25.09.21 13:44
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Jane remarqua les yeux soudainement illuminés de l’instigateur de ces petites vacances écossaises par l’allure de sa mère, et réprima un petit sourire. Sa mère s’en était seulement aperçue elle-même? Quoi qu’il en soit, Jane laisserait une chance au prétendant. Être privée de son téléphone ne l’enchantait pas du tout, mais tout de même, elle ne niait pas que l’idée et le concept des activités de ce château étaient originaux. Puis, si sa mère l’aimait bien…

Lorsque Vincent retrouva enfin la parole, il expliqua plus en détail les raisons pour lesquelles ils se trouvaient maintenant dans une autre époque. Dire que Jane avait cru qu’il s’agissait d’une de ces excentricités dont ne sont capables que les aristocrates et les nobles! La réalité se révélait plus triste. Tout de même, Jane s’étonnait de ne pas entendre sa mère relativiser sur le sort de cet endroit. Ce n’est pas comme si l’Écosse manquait de châteaux de ce genre. Ce comte manquait-il d’argent? « Qu’a-t-il de spécial, ce château, pour que sa préservation soit une préoccupation? » demanda-t-elle, l’air innocent. Il valait mieux poser la question tout de suite, avant de rejoindre Lady Mary. Elle ne voulait tout de même pas l’offenser.

« Mmh. Astronaute trois fois. Je m’en rappellerais! » assura-t-elle à Vincent en lui rendant le sourire. « Je pense que je vais jouer une débutante qui fait son entrée dans la bonne société. Autant dire moi-même! » Après tout, la jeune étudiante entrait dans un monde très différent du sien.

La conversation peu discrète entre deux employées du château sembla convaincre sa mère de se faire coiffer à la mode des années 1930. Pendant ce temps, Jane refusa de faire patienter plus longtemps Lady Mary, et alla se présenter à elle. Cette dernière portait une tenue faite d’un tissu plus dispendieux, et sa coiffure était magnifiquement réalisée. « Enchantée, Lady Mary. Hum… » dit-elle, hésitante, en essayant plus ou moins bien de réaliser une courbette. « Je suis Miss Jane, la fille de Lady Peterson. Monsieur MacAskill ne nous a dit que du bien de vous! »

Peu timide, à l’instar de sa mère, Jane réussit à meubler la conversation en posant moultes questions au sujet du château et des environs « J’aimerai beaucoup vous accompagner au village, si vous y retourner durant notre séjour. Ce doit être très pittoresque! » Si elle pouvait également laisser sa mère et Vincent en tête à tête pendant quelques heures, alors pourquoi pas. Bonus si elle pouvait récupérer son téléphone et trouver une borne Wi-Fi!

Sa mère arriva quelques instants plus tard, et Jane l’écouta discrètement parler d’argent. Le sort de ce château l’avait visiblement séduite! Entre autres choses...


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30.09.21 19:55
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Vincent tourna légèrement la tête sur le côté quand Jane lui demanda ce qui faisait l’originalité de ce château.

— Euh…

Vincent ne savait pas trop quoi répondre. Ou plutôt si ! Les réponses ne manquaient pas, mais Jane avait des années de moins que lui, sa vision des choses étaient sans aucun doute différente, elle attachait peut-être moins d’importance à la pierre et aux traditions.

Rebecca retourna se faire coiffer ce qui permit à Vincent de réfléchir à la forme de sa réponse. Il n’était pas très à l’aise avec Jane. Il avait blessé sa fille, il ne voulait pas reproduire cette erreur, alors il croyait marcher sur des œufs.

— Si mon clan avait encore un château dans la famille, je pense que j’essaierai de l’entretenir. Qu’il soit spécial ou non. Je crois que j’aimerais ça.

Il n’insista pas sur le fait que ce monument était unique, imposant et qu’il devait être préservé autrement qu’en simple souvenir. Le clan MacAskill avait émigré à l’époque où le nouveau monde était encore un nouveau monde, ainsi qu’en Australie, car il fallait être écossais pour en supporter les conditions de cette île immense. Il ne lui restait rien, si ce n’est un musée en l’honneur de son aïeul, le géant Angus MacAskill. Il mesurait plus de 2 mètres trente.

L’entretien de ce château était au cœur des préoccupations de ses propriétaires. Le pays allait mal, le Brexit avait créé des ruptures inattendues. Par exemple, c’est via l'Union Européenne que le Royaume participait aux programmes de l’Unesco. Vincent n’avait pas tous les éléments en main, mais le No-Deal avait mis un coût d’arrêt à la participation de la Grande-Bretagne dans les programmes de protection du patrimoine culturel et humain. Alors, il ne fallait pas s’attendre à ce que le royaume soit aidé en retour. Les conservateurs ne s’étaient guère préoccupés de cela quand ils tenaient les rênes. Les travaillistes avaient pris le relais. Ils avaient promis de changer le cap, mais si le navire reste immobile, peu importait le cap.

Il écouta tour à tour Rebecca et Lady Mary. Rebecca le présentait comme un atout à la prospection. Vincent réalisa combien l’influence lui manquait. Il devait développer son réseau, l’enrichir et utiliser la force de frappe de ses entreprises pour orienter. Difficile. Si en France on détestait les lobbys, sur l’île, on les aimait guère. Vincent nota intérieurement qu’il devait créer un nouveau concept. La stratégie qu’il avait développée pour Asap et Herbalife était bonne, mais pas la meilleure. Il devait créer une ONG, mais éviter les écueils de l'écoterrorisme, car au moindre dérapage les grands groupes industriels ne le manqueraient pas.

— Vincent ? Vous allez bien ? demanda Lady Mary après l’avoir interpellé plusieurs fois sans succès.
— Pardon, je me suis égaré dans mes pensées.
— J’en connais un qui aurait bien besoin de déjeuner,
lança poliment la jeune aristocrate pour convier tout le monde au déjeuner.
— Volontiers. Je n’irai pas dire que j’ai l’appétit de mon ancêtre Angus, mais j’ai besoin de reprendre des forces.
— Une livre ou une poignée de thé ?

Vincent rit de bon cœur. Lady Mary leur présenta ses excuses, elle devait se changer pour le repas, mais elle promit que Lady Sybil et la comtesse les rejoindrait d’une minute à l’autre à la bibliothèque. Le majordome était déjà là, bienveillant en leur montrant le chemin de la bibliothèque. Vincent en profita pour expliquer cette “private joke”.

— Mon aïeul a ouvert une épicerie en Nouvelle Écosse. C’était un géant de 2m30.

Vincent était déjà bien grand, mais il ne pouvait pas se comparer à son ancêtre.

— Il avait pris l’habitude de demander à ses clients s’ils préféraient une livre ou bien une poignée de thé. Avec les pénuries et l’inflation galopante, ses clients se contentaient souvent d’une poignée, jusqu’à ce qu’il réalise qu’une poignée de sa main gigantesque pouvait contenir bien plus qu’une livre de thé.

La bibliothèque était majestueuse. De nombreux canapés alternaient avec des fauteuils en cuir, sur le côté un magnifique secrétaire en noyer permettait d’écrire quelques correspondances. Peut-être que Jane voudra s’en servir pour son petit ami. Vincent s’en voulait, il ne savait plus s’il s’appelait Florent ou Florian.

— S’il y a bien quelque chose que j’aimerais avoir, c’est une pièce de ce genre, chez moi. J’adore les bibliothèques et le calme qu’elle dégage.

Vincent n’était pas contre un match de rugby sur grand écran, mais parfois, il rêvait de s’installer dans sa bibliothèque pour y lire la presse économique. Il s’approcha de Rebecca. Sa proximité lui manquait.

— Tu as envie qu’on aille se promener dans le parc après le déjeuner ?

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24.10.21 22:22
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Rebecca approuva secrètement le choix de Jane dans son rôle. Il avait quelque-chose d'approprié. Jane aimait les beaux objets. Elle appréciait aussi le luxe. Dans une autre envie, peut-être se serait-elle vraiment adaptée à une vie de château. Une réflexion qui accompagna l’ouvrière le temps de son absence. David et elle avaient-ils brimé le caractère de leur fille ? Il est vrai qu’un idéal prend beaucoup de place dans la vie d’une famille.

Ce fut coiffée que Lady Peterson suivit sa guide jusqu’à la bibliothèque. Elle découvrit cette nouvelle pièce, pendant que Vincent leur conta une nouvelle anecdote. -"Généreux par innocence. " Becca avait du mal à s’imaginer un homme d’2 m 30. Cela devait être très compliqué à une époque où les maisons étaient basses. Il avait probablement bâti une maison à son image. Peut-être à l’orée d’un bois ? Ou bien était-ce Joanne Rowling qui influençait son imagination ? -"Est-ce que son épicerie à tenue le coup ? " Le langage de la haute société n’était pas celui de Rebecca. Plutôt que de faire une mauvaise imitation de la haute société elle se faisait prudente.

Elle arpenta la pièce splendide. Approuvant la remarque de Lord MacAskil d’un mouvement de tête discret. C’était aussi une pièce qu’elle aimerait avoir chez elle. Mais ses revenus n’étaient pas suffisants pour avoir une pièce supplémentaire. Quand Jane étudiait à Paris c’était sa chambre qui faisait office de chambre d’amis. Sinon, ils dorment sur le sofa qui est dans le salon. -"Oui je vois ce que tu veux dire. Un endroit un peu coupé du monde. Pour pouvoir se poser et réfléchir. Moi aussi, ça m’a toujours fait envie. " Peut-être que quand Jane sera autonome sa mère pourra se créer un endroit pareil. En attendant c’était plaisant de voir une pièce pareille. -"Tu penses qu’ils en ont lu la moitié au moins ? " Il est vrai qu’un rentier a du temps pour lire. Ceci dit, c’est bien souvent de l’affichage autant de rayonnage plein. -"J’aimerai avoir du temps pour lire. " Lire autre chose que des documents financiers ou bien des articles politiques. Seulement avec de la fiction Becca s’endort en dix minutes montre en main.

Au moment de se retourner la jeune femme trouva leur guide juste là. Elle lui souria naturellement. -" Oui. " Jane avait déjà fait connaître son intention. Sa mère allait la laisser vivre sa vie. C’était déjà bien qu’elle ait accepté de quitter Londres pour le week-end. Lady Mary trouverait de quoi l’occuper dans ce village. Becca, elle voulait se couper du monde. Être au calme avec Vincent lui irait très bien. Elle appuya son épaule contre la sienne le temps d’une pression complice. -" Je veux en savoir plus sur ce géant. Tu me raconteras ? " Peterson caressa la pièce du regard encore un peu. Certains dos de livre avaient des reliures attirantes. Mais les titres des traités scientifiques étaient décourageant.

-"Lady Mary ? Est-ce que vous avez une salle de danse ? " Souvent, dans les filles, ces pièces étaient impressionnantes. Rebecca était donc curieuse. Mais, comme les autres elle avait faim. Il fallait qu’elle mange quelque-chose. Allaient-ils leur servir du gibier ? Cela paraissait peu probable étant donné le prix de la viande. Rebecca attrapa le bras de Vincent pour faire le trajet. -"Assis-toi à côté de moi! J’ai besoin d’un professeur pour bien me tenir dans un repas aussi chic. "

Reb attrapa alors le regard de sa fille. -"Fais moi penser à te prendre en photo. Je veux un souvenir. " Ce n’était tous les jours que sa fille sortait d’une gravure de mode. Elle enverrait la photo au père. Becca proposa son bras libre à la jeune fille pour qu’elle marche à côté d’eux aussi.


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26.10.21 14:42
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La réponse de Vincent amena Jane à se demander ce qu’elle aurait fait si sa famille possédait un château. Y aurait-elle vécu ? Peut-être, peut-être pas. Si elle avait grandi dans une famille aristocrate, cela aurait peut-être été le cas, mais le hasard avait fait qu’elle en était née bien loin. Passer ses vacances à la campagne était plus agréable qu’en ville, évidemment, mais Jane n’était pas certaine qu’elle aurait voulu y vivre.

Quoiqu’il en soit, tant pis pour la réponse de Vincent. Elle ne lui apportait que plus de questions sur cet endroit. Lorsqu’elle aurait l’occasion de visiter le village en compagnie de Lady Mary, Jane se promit de lui demander toute l’histoire de cet endroit, ce que ce château avait traversé, et les scènes qui s’étaient déroulées entre ces murs. Pensive, Jane répondit à Vincent « Mh. Le fait qu’il soit debout est sans doute en soi un fait notable. Quantité d’autres sont en ruine après tout ». Et puis, un château en ruine pour cause de non entretien, c’est bien plus triste qu’un château en ruine pour cause de guerre!

Sa mère les rejoignirent à leur tour, puis après avoir discuté un moment, Lady Mary s’excusa pour aller se changer avant le déjeuner. Jane aussi avait bien faim. Sur le chemin vers la bibliothèque, Vincent raconta l’histoire de son ancêtre Angus, un géant! Jane n’imaginait pas la difficulté que cet homme avait dû avoir pour se trouver des vêtements à sa taille! Encore aujourd’hui, une telle grandeur était inhabituelle. Même les mannequins n’atteignaient pas cette taille. Jane sourit en songeant ce qu’aurait pu avoir l’air de ce Angus à un défilé de mode. Il aurait attiré l’attention de tous, ça, c’était certain.

La bibliothèque était à couper le souffle. Il y avait sans doute plus de livres ici qu’elle en lirait de toute sa vie. Jane s’écarta de sa mère et de Vincent pour s’approcher des fenêtres, et voir les jardins. Quel dommage que les téléphones soient «interdits»! Cet endroit possédait tant de potentiel pour de jolis plans, car la lumière y était magnifique. Parfaite pour lire aussi, et écrire. Jane regarda d’un oeil curieux le petit bureau en bois légèrement incliné, incertaine de savoir à quoi cela pouvait-il servir.

Lady Mary revenue à la bibliothèque, et la question que lui posa sa mère attira son attention. Une salle de danse! Jane se réjouit à l’idée de danser, puis perdit son sourire, en se rappelant que Florian ne pourrait pas être son partenaire de danse… Elle avait très envie de danser pourtant, et d’étreiner les jolies robes d’époques sur le rythme de la musique des années 30.

Tant pis pour Florien, se dit-elle, la mine un peu basse. Ça ne lui ferait rien qu’elle danse avec d’autres garçons, n’est-ce pas? Puis tout cela n’était qu’un jeu de rôle après tout… Si les rôles avaient été inversés, ça ne lui aurait rien fait du tout qu’il danse avec d’autres filles, non?… Bien sûr que non!

Sa mère la tira de ses pensées. Jane cligna des yeux, en s’apercevant qu’elle n’avait rien écouté. « Euh, oui d’accord! », dit-il en prenant le bras de sa mère. Elle s’assit à côté de sa mère, et se changea les idées en discutant avec Lady Mary, qui accepta volontiers de lui faire visiter le village. D’ailleurs, Jane fut flatté que Mary s’intéresse autant à son sujet d’étude. Cela leur faisait un point en commun!


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29.10.21 22:47
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Vincent hésitait sur le seuil de la réponse. Le pauvre Angus était mort bien jeune au retour d’un voyage à Halifax où il s’était rendu pour réapprovisionner son épicerie. Vincent occulta ce fait, car il n’avait pas envie de gêner Rebecca.

— Son épouse était une excellente gérante.

Heureusement, la bibliothèque vint faire diversion. Ils changèrent naturellement de sujet. Il remarqua le pragmatisme de Rebecca, elle avait raison : une si grande bibliothèque ne pouvait avoir d’âme si personne n’en lisait vraiment les livres.

— Je n’ose imaginer le temps qu’il faudrait à une seule personne pour lire autant de livres, mais une bibliothèque, ça se partage, non ?

Vincent avait du mal à imaginer une telle bibliothèque rien que pour lui. Déjà ses livres seraient ennuyeux à mourir, passant d’un économiste à l’autre. Donc il faudrait l’enrichir d’autres thématiques et il offrirait bien volontiers l’accès à l’école de son village. Étrange pensée quand on sait que “ce” village n’était plus “sien” puisqu’il avait perdu “sa” maison lors de son divorce.

Vincent apprécia beaucoup la complicité de ce petit coup d’épaule, ce geste anodin dessina un large sourire sur son visage. Il se reprit aussi vite qu’il put pendant que Lady Mary lui expliquait que les réceptions dansantes étaient donnés dans le grand atrium. Elle partit dans une description de l’organisation, la place des musiciens. Elle savait y faire. Cette discussion les conduit jusqu’à la table. Rebecca saisit le bras de Vincent et celui dans un réflexe posa sur autre main sur celle de Rebecca. Jane prenait l’autre bras de Rebecca. Ils s’approchaient de la table quand le comte entra dans la pièce avec entrain. Les valets se fixèrent comme au garde à vous, le majordome s’inclina. Un silence envahit la pièce. Silence aussitôt brisé par la voix forte du lord. Il n’avait rien râté de la proximité entre Jane, Rebecca et Vincent

— Eh bien, en voici une famille unie et souriante. J’espère que votre complicité inspirera plus de bienveillance à ma fille. N’est-ce pas Mary ?

Sur le ton de la complicité, le comte s’adressa à Rebecca, mais sa voix portait suffisamment pour que sa fille entende parfaitement.

— Aucun homme ne semble assez bien pour elle. Je vais finir ma vie sans petit-fils.
— Mais enfin, père, Mary s’insurgeait ce que comprenait fort bien Vincent.

Le comte lança un regard à sa fille qui baissa légèrement les yeux.

— Je vous souhaite un bon appétit, conclut le comte.

Alors qu’on leur servait les entrées, Vincent se pencha vers Rebecca pour lui donner un indice sur les règles de bienséance.

— Le secret, c’est de ne jamais manger avec les doigts !

Le repas passa avec une excellente nouvelle. L’un des valets de pied proposa l’idée de jouer du piano, comme Rebecca avait envie de danser. Son interruption avait été quelque peu maladroite, mais l’idée semblait plaire et Vincent s’en réjouit aussi.

Quant aux plats, ils étaient délicieux, même si Vincent aurait bien été incapable de donner un nom aux différents légumes qu’ils avaient mangé. Des légumes anciens qui n’avaient pas survécu aux objectifs de l’agriculture intensive.

Ensuite, Lady Mary invita Jane et elles partirent avec le chauffeur vers le village. Le comte s’excusa et Vincent proposa à Rebecca une randonnée autour du château. Le majordome leur proposa des chevaux, mais Vincent prétexta avoir besoin de marcher.

Dehors, il s’éloigna avec Rebecca, d’abord en silence, comme s’il voulait créer de la distance avant de parler.

— C’est encore plus déconcertant que ce que j’avais imaginé. Assez troublant même. Tu as remarqué comme le comte a insisté sur ce “un héritier”.

Ce n’était pas une question. Même s’il ne connaissait pas parfaitement Rebecca, il la savait suffisamment perspicace pour que ce genre de détails ne passe pas inaperçu.

— Comme si une fille ne pouvait hériter ou gérer un domaine. Heureusement que les mœurs évoluent. Je serais devenu fou à une telle époque.

Il soupira, mais on sentait que cela agaçait vraiment Vincent. Il en était presque tendu, à croire qu’il se prenait vraiment au jeu.

— J’ai préféré refuser la balade à cheval. Je fais honte à mes ancêtres, et pour ne rien te cacher, à cheval, on aurait été trop loin l'un de l'autre.

Vincent offrit à son tour son bras à Rebecca.
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06.11.21 22:14
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week-end écossais
Vincent MacAskill


Le partage était d'ailleurs un des points fondamentaux autour duquel Peterson avait élaboré sa culture politique, économique et plus récemment écologique. Un véritable partage était pour elle un enjeu de société bien réel. Certainement le seul qu’ils auraient à se poser dans une décennie. Un partage des livres, mais aussi du carburant, de l’eau potable, des légumineux…

-" Eh bien elle a raison de prendre son temps. " Rebecca n’avait pas pris le temps de faire les choses dans sa vie. A peine sortie de l’enfance, elle rencontrait David. Du même coup, elle s’engageait dans le combat et devenait une fille-mère. -" Mieux vaut attendre et rencontrer une personne qui nous correspond … si on en a envie. " La précision s’adressait tant à Mary que Jane. -" L’amour ce n’est pas sur commande. "

Il n’y avait rien de plus amusant que de manger avec les mains. Les filles avaient eu une voisine éthiopienne pendant des années. Elles avaient partagé de succulents repas en plongeant leurs doigts dans le plat commun. -" Tu viendras manger éthiopien à la maison. " Becca proposa dans un sourire complice. Elle adorait conquérir des victoires dans les idées des autres, peu importait le sujet. -" C’est une expérience! " Le déjeuner fut bon. Ni trop long ni trop ennuyeux. Les choses étaient bien fait.

Ensuite les groupes se formaient pour la suite de l'après-midi. Il semblait que ce serait donc les jeunes d'un côté et les vieux d'un autre. L'ordre naturel de la vie en somme. Jane avait fait un bel effort et sa mère en était heureuse. Elle lui laissa le choix. Le sien était fait de toute façon. Il y avait un moment qu'elle voulait parler avec leur hôte.

-" Oui. Pauvre Mary. " Il faisait doux. Becca appréciait de prendre l’air, surtout de voir de la verdure où que son regard se posa. C’était ce dont-t-elle avait besoin pour se ressourcer. -" Pas tant que cela tu sais. " David aurait aimé avoir un fils plutôt qu’une fille. Jack n’avait eu de cesse de plaisanter à propos de la survivance du nom. Tout ceci était encore terriblement présent dans les esprits… des hommes particulièrement. -" J’ai subi de la pression pour avoir un autre enfant. Même s’ils ne le disaient pas c’était pour avoir un “garçon”. " Jane devait avoir quatre ans à peine. Rebecca avait déjà du mal à gérer son travail, sa fille, la maison. Naturellement, elle avait dit non. -" Je crois que c’est ce qui a entamé la fin de mon mariage. " Mais aujourd’hui, Rebecca était assez au clair avec le fait que son histoire d’amour de jeunesse n’aurait pas tenue.

Le deuil de ce premier amour avait été plutôt long. Il avait fallu aborder la trentaine avec un bagage émotionnel que d’autres ont souvient bien plus tard dans une vie. C’était son histoire et elle faisait avec. Elle avait eu une ou deux relations avec des hommes de son âge depuis le divorce. Malheureusement, celles-ci tournaient court. Peterson était une femme occupée, qui dormait peu, et son rythme faisait peur. -" … alors tu as bien fait. " Becca n’était pas connue pour être timorée ou menteuse. Or, il y avait quelque-chose qui se passait ici. -" J’ai envie d’en savoir plus sur toi. " Elle colla son épaule contre celle du lord. -"Le vrai toi. " Avec le ce grand jeu de rôle la précision n’était pas inutile.

-"Je ne sais pas tournée autour du pot. Jouer au charme. " Parfois, Becca se disait que c’était un peu dommage. Elle n’avait pas les us et coutumes de la séduction féminine. Mais, elle était une femme constante, loyale et passionnée. -" Alors, je vais le dire comme ça: ta compagnie est agréable. " De plus, Vincent était bel homme. Il était sage. Il savait ce que cela était d’avoir une fille. Même si la sienne… Un fort élan de compassion, ainsi que l’envie d’un contact plus intime, la poussa à lui prendre la main. Becca avait eu un seul amoureux dans sa vie. Elle était pure dans la relation à l’autre, dans le bon et le mauvais. -" Est-ce que tu te sent l’envie de faire des activités romantiques ? " La formule était assez ouverte pour qu’un refus ne blesse pas de trop l’égo de l’Anglaise.

La vue d’un arbre splendide, la subjugua sur le chemin. Lentement Paterson s’écarta du sentier pour aller le regarder de plus près. Sa main se posa sur l'écorce du tronc et suivit la circulation des ramures. -"Il m’a attiré à lui. Il doit avoir au moins cent ans, non ? " Rebecca en fit tranquillement le tour, pour découvrir son envergure. -" J’ai une copine qui les enlace pour se donner de l’énergie… "

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18.11.21 0:18
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Dehors, Vincent inspira profondément pour souffler ensuite lentement. Cet exercice lui permettait de prendre la mesure du temps, de souffler au sens figuré autant qu’au propre et de relâcher la pression, car tout chez lui tournait autour de l’efficience. Le matin, il se levait pour courir, afin d’oxygéner son cerveau, de se réveiller et de créer une fatigue physique et mieux dormir le soir. Car le stress l’empêcherait de dormir sans cela.

Cette discussion sur le besoin de certains hommes à avoir un héritier le déstabilisa beaucoup. Une fois de plus, de façon anodine, Rebecca bousculait les certitudes de Vincent. Il aurait bien dit que cette vision des choses datait d’un ancien monde, mais il ne voulait pas se montrer désinvolte vis à vis du père de Jane.

— Quand on s’appelle MacAskill, on attend qu’on ait un héritier. Je suis soulagé d’avoir une fille. Elle n’aura à porter le poids de ce nom de famille que si elle le désire.

Il ne voulait pas penser au travail, il voulait profiter de ce moment avec Rebecca car il avait aimé leurs dernières discussions, au café et à une soirée commune où ils s’étaient rencontrés. Là encore, cette simple discussion le bousculait et il aimait cela. Il avait porté sans s’en rendre compte un regard admiratif sur Rebecca.

Il tenta un aveu d’attirance et elle en fit de même. Avec la même maladresse que lui. Il sourit, il apprécia sa main dans la sienne, mais tous ses sens se mirent en alerte quand elle évoqua de vouloir le connaître lui. Le vrai lui. Son pouls accéléra même.

Il se mordit la lèvre supérieure avant de répondre.

— Je suis un homme très distant. Je deviens froid dès qu’on parle de moi. Je détourne alors l’attention Je sais être à l’écoute de mes employés, mais je ne révèle rien à mon sujet, encore moins de ce vrai moi.

Il ne voulait pas en rester là. Il aurait bien évoqué des rumeurs sur sa sexualité et une attirance pour des hommes, ou bien Peter qui avait cru bon de lui payer les services d’une prostituée pour le “détendre”, mais il s’abstint.

— Je n’y arrive pas avec toi. Je crois que tu es l’une des premières personnes à qui je parle de ma fille depuis le divorce parce que, ta compagnie aussi m’est agréable.Si je dis une bêtise, tu me le diras. Ça me plaît. On ne me contredit jamais au travail, même quand j'ai tort. Alors, ta ta façon de vivre, de voir les choses et de l'exprimer me séduisent beaucoup. Tu as une brillante carrière, tu as bien élevée ta fille et tu as su rester présente pour elle malgré ton divorce. On sent que tu souhaites qu’elle ait un père et une mère auprès d’elle. Moi, je n’ai pas su gérer tout cela.

Il leva les épaules, comme pour un étrange renoncement. Vincent ne se demande jamais comment il aurait fait les choses s'il avait su. Il déteste ressasser le passé. On y reste collé, on n'avance pas, on s'enlise dans ses échecs. Mais, au fond de lui, il sait pourtant qu'il ne saurait pas faire mieux que ce qu'il a fait. Heureusement, la marche détourna son attention. Il rit même quand elle parla d’activités romantiques. Un rire qui n’avait rien de moqueur, un rire innocent.

— Je ne sais pas si j’aurais dit cela ainsi, mais je partage ton désir. Et cela m’inquiète.

Il la laissa s’approcher de l’arbre.

— Ça me terrorise, en fait, cet aveu lui avait paru impossible à exprimer.

Vincent s’est tellement trompé sur sa femme et ses sentiments qu’il pensait qu’en n’accordant plus jamais sa confiance à une femme, il serait tranquille, sentimentalement parlant. Mais il n’arrive pas à ne pas accorder sa confiance à Rebecca. Alors, oui, ça le terrorise.

— Il me reste une petite décenie avant les cent ans... Oh tu parles de l’arbre ! Je commençais à me dire que tu me trouvais bien vieux d’un coup.

Sa blague était nulle, mais il s'en moquait un peu. Le visage rieur, il leva les yeux vers le sommet de l’arbre, imperceptible derrière ce toit de feuilles. Il cherchait ses mots, ceux-ci se fracassaient contre les parois de son crâne comme des poissons aveugles incapables de s'ordonner ni de trouver la sortie. Sa blague était donc mauvaise, mais c’était sa façon à lui de lui dire qu’il aimait savoir qu’elle était attiré à lui. Vincent n’était pas naïf dans les jeux de séduction, mais il avait peur que des sentiments sincères naissent, car cela fragiliserait l’armure qu’il se forge depuis son divorce. En fait c'était difficile pour Vincent de s'avouer que son armure avait volé en éclat dès leur première discussion.

Il marcha dans sa direction pour être plus proche d’elle, beaucoup plus proche. Il lui releva le menton avec une grande douceur et pour déposer un baiser sur ses lèvres avant de l’enlacer.

— Je crois que je suis jaloux de ce chêne centenaire, ironisa-t-il.
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04.12.21 17:09
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