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[CLOS] Bienvenue au château de Beaufort, madame la Comtesse ! (ft Rebecca et Jane)
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week-end écossais
Vincent MacAskill


Ils étaient deux et il n’y avait plus personne pour les écouter, ou les couper. Becca se contenta d’écouter l’introspection de Vincent. Tant ce portrait flatteur de sa personne, que l’autocritique dont il fit preuve, la firent réfléchir, elle aussi. Oui, elle savait les rumeurs qui couraient sur MacAskill. Pour autant, l’homme qui lui tenait la main ne correspondait pas à celles-ci. Peterson ne voulait pas se baser sur des journalisme à la vulgarité facile. -" Tu as fait ce que tu as pu, et ton ex a fait ce qu’elle a pu. " Ce n’est pas parce qu’une chose est courante qu’elle est banale. Un divorce n’est pas un choix facile. Pour les parents il s’agit de faire le deuil d’une histoire et de sauver les enfants. -"Nous avons tous fait des erreurs. Et toi comme moi on cherche à les réparer. C’est important ça. "

Rebecca savait maintenant ce qu’elle ne voulait plus dans sa vie. La solitude n’était pas son choix. C’était un état de fait. Mais, elle aimait le collectif, le groupe et le couple. -" Qu’est-ce qui te fait peur ? " Leur expérience réciproque échauderait tout à chacun. Mais quoi d’autre ? Ce n’était pas en cachant sa peur que l’on la combattait. La peur était un signal d’alarme. -" Je ne sais pas tricher, tu sais. Alors, avec moi c’est facile, soit c’est non, soit c’est oui. " Elle eut un sourire d’autodérision. -" David dit toujours que je suis plus homme que certains à cause de ça. "

Cette tentative d’humour toucha la jeune femme, dans ce qu’elle avait de maladroit. -"Non pas trop vieux, dans “la fleur de l’âge”. " La formule était toute faite, pas plus efficace que celle de l’Ecossais. Becca le savait. Cela ne la dérangeait pas. Elle voulait détendre l’atmosphère. Elle enlaça cet homme, naturellement. Le baiser, elle le reçut et le rendit ensuite. -"Pas besoin… lui il reste ici. Mais toi, tu rentres avec moi. " Rebecca caressa le dos au travers du manteau. Elle garda un sourire espiègle sur ses lèvres. -" Je ne veux pas que l’on passe à côté de quelque-chose. " A son tour de prodiguer un geste tendre, de par la main qui caresse le visage, la joue. L’intimité de deux êtres relève d’un équilibre entre chimie et alchimie. -"On ne se fera pas de mal. " Tout en lançant cette heureuse prophétie Becca enchassa ses doigts à ceux de son guide pour qu’ils continuent la promenade digestive.

Ce fut un courant plus frais que les autres, qui la poussa contre la chaleur de Vincent. Mais c’est par plaisir qu’elle resta contre lui. Elle avait envie de poser des questions. Cependant la pudeur masculine la retenait. Un jour peut-être oserait-il aller plus loin dans la confidence. Becca observait donc la campagne écossaise. Elle y trouvait une certaine beauté et un réconfort. Cela lui rappelait quand elle allait rendre visite à ses tantes petite. La famille vivait dans une jolie vallée, loin du tohu de la ville. Pour s’occupait, on jouait avec les chiens et les chevaux. -“ Comment étais-tu enfant? ” Etait-il aussi curieux et attentionné qu’il l’était grand ?

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09.12.21 19:47
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— Je ne crois pas, non.

Non Vincent n’avait pas fait tout ce qu’il avait pu et c’était bien là le problème, il s’était tourné vers le travail, son refuge. Toutefois, Rebecca avait raison, ils avaient fait des erreurs et ils essayaient tous deux de les réparer. Cette fois-ci, il acquiesça et ne put réprimer un sourire.

Dans un aveu qui lui échappa, il lui révéla sa grande crainte :

— De faire tomber l’armure et d’être blessé à nouveau.

Il aimait bien son humour, il aimait bien sa façon de voir les choses et la franchise dont elle était capable. Avec elle, les désaccords n’avaient pas le temps de devenir des soucis, encore moins des problèmes. Il sentait bien qu’elle était cash et qu’elle partagerait aussitôt chaque chose qui lui déplairait, mais il n’était pas d’accord avec la dernière phrase. “On ne se fera pas de mal”

— Si, on s’en fera. Pas qu’on le veuille, mais notre entourage utilisera cette relation !

Il accompagna sa phrase d’un exemple, car il n’était pas sûr d’être bien clair.

— Les politiciens se serviront de moi pour t’attaquer.

Un bruit dans les buissons attira l’attention de Vincent et un oiseau s’en échappa. Il lui vint une idée.

— Grimpons…

Il désignait la colline, pas l’arbre. Son tronc imposant ne permettait de toute façon en aucune façon de rejoindre la première branche.

— Avec un peu de chance, nous verrons un cerf.

Il garda la main de Rebecca dans la sienne et apprécia chaque instant de cette proximité. Il essayait de mettre un nom sur son parfum, en vain.
Il repensait à ses derniers mots, elle avait ce don de mettre des mots sur ses propres sentiments. C’est exactement ce que pensait Vincent : il ne voulait pas passer à côté de quelque chose avec Rebecca. Cela ne marcherait peut-être pas. Ils étaient tous les deux des bourreaux de travail, son ex-mari était très présent dans sa vie et Vincent ferait sans doute des erreurs quand il retrouverait sa fille. Mais ce serait dommage de laisser passer une si belle aventure.

— Comment étais-tu enfant ?
— Heureux, vraiment heureux. J’ai eu des parents aimants. Ça c’est compliqué au collège et ça m’a rendu combatif. Ma mère souffre d’Alzheimer depuis l’âge de 30 ans. On ne l’a pas diagnostiquée, car à l’époque on pensait que cela ne touchait que les vieux arbres centenaires. Quant à mon père, il fumait trop et il l’a payé cher.

Il ne s’étendait pas sur le tabagisme, car il n’avait pas l’intention de mettre Rebecca mal à l’aise. Et il ne voulait pas éviter le sujet non plus, il n’aimait pas les mensonges, même par omission.

— En bon patriarche, je suis devenu dur et plein d’assurance, comme si c’était à moi, l’homme de la famille de m’occuper de ma mère qui avait des soucis. Au lycée, on a enfin posé le diagnostic pour ma mère, alors je m’en suis voulu de lui en avoir voulu. Oui, elle m’avait oublié plusieurs fois à l’école. Alors, j’ai voulu lui montrer que je réussissais bien dans la vie de la plus mauvaise des façons. En fait, je voulais qu’elle sache que je pouvais me débrouiller pendant ses absences. J’ai redoublé d’efforts, j’ai fait deux écoles en parallèle, commerce et économie. Je bossais le soir. Je crois que c’est de là que vient mon workaholisme !

Vincent se confiait trop, il avait le sentiment d’être trop bavard et il avait peur d’ennuyer Rebecca. Elle le lui dirait si c’était le cas, n’est-ce pas ? Ils arrivaient en haut de la colline et Vincent remarqua une pierre. Il y posa sa veste pour les préserver de l’humidité et invita Rebecca à s’asseoir à ses côtés pour observer le paysage. Il aurait aimé avoir l’avis de la travailliste. La vue était à couper le souffle. Un emplacement propice aux éoliennes. Est-ce que l’énergie renouvelable méritait qu’on gâche cette vue ? Mais il s’abstint.

— À ton tour, Rebecca Peterson ! dit-il à sa voisine en l’enlaçant par la taille pour réduire cette distance pourtant inexistante.
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13.12.21 22:43
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week-end écossais
Vincent MacAskill


Rebecca eut alors un sourire. Un sourire amusé. Femme publique de par ses engagements syndicaux, elle maintenait un voile sur sa vie privée. Les journalistes cherchaient épisodiquement à obtenir des informations par le cercle proche. Il n’y avait pas ou peu de prise. Cependant, avec une personnalité comme le clivant MacAskill ce serait sans doute différent. -“ Oui, c’est vrai. Ils vont se servir de ça, comme du reste. Je ferais avec. Et toi ? … Tes amis vont te reprocher ton accointance avec une Travailliste ? ” La problématique était dans les deux directions.

-“ J’aimerai bien. Je n’en ai pas vu depuis longtemps. ” La famille Peterson chassait. D’ailleurs, Rebecca avait appris à tirer au fusil. Mais, elle ne participait pas à cette activité. Cela ne l’attirait pas.

Vincent s’ouvrait à elle. Il arrivait à évoquer des points de son histoire. Becca appréciait de pouvoir découvrir qui était derrière l'entrepreneur divorcé. Elle ne broncha pas. Bien que la question du soin des maladies mentales donnait à dire. De chaque côté de la Manche le soin mental était négligé. Cela provoque des drames qui peuvent emporter une famille. Quant à la cigarette, l’anglaise avait accepté l’idée qu’elle finirait par subir les conséquences de son addiction. -“ Combatif… ” Ce mot avait un vrai sens dans le monde de valeurs de la jeune femme.

-“ Oui ça a l’air d’être lié. ” Maintenant, elle pouvait comprendre l’itinéraire de vie. Pourquoi cet homme se dédiait à sa réussite personnelle. En quoi être le chef avait de l’importance. Il était encore plus humain. Un rien vulnérable. Cela le rendait encore plus intéressant. -“ Je suis sincèrement admirative et désolée pour tout ce que tu as vécu. Tu t’en es bien sorti… aux vues des circonstances.” Un compliment qui n’était pas exagéré. Tout le monde n’arrivait pas à gérer comme il l’avait fait. -“Est-elle encore en vie ?” La vraie pathologie réduisait l'espérance de vie, pire, elle amenait la personne malade à oublier tout, jusqu’aux mouvements réflexes. Combien y avait-il de chance pour que cette femme ait dépassé la quaraintaine ?

Arrivés en haut du pic, ils purent se poser. Nonobstant les pauses déjeuner dans un parc, Peterson n’avait pas de moment “dans la nature”. Pourtant, plus jeune, elle adorait faire des balades en forêt. Il y avait une relation à la nature qui lui manquait dans le grand Londres. Mais, elle n’avait pas le temps. La contemplation était un luxe qu’elle ne pouvait pas s’offrir. Pourtant, en regardant ce paysage bucolique, elle se sentit bien.

Quand elle sentit la chaleur humaine autour d’elle, elle se sentit encore mieux. -“A moi… ” La dernière fois que Rebecca avait parlé de son enfance, c’était pour un projet d’exposé de Jane. Que lui avait-elle dit alors ? -“Mmm. Je suis née et j’ai grandi à Manchester. Dans le quartier ouvriers, mon père avait un logement pas loin de l’usine. ” Becca avait aimé son enfance, la cour, le marché, les soirées ciné du centre social. -“ J’ai eu une enfance simple. Heureuse aussi. ” Jack et elle ne pouvaient pas faire les voyages scolaires. Mais, ils retrouvaient la famille tous les étés et ils pêchent ensemble dans le lac. Enfin c’étaient des détails.

L'introduction ne répondait pas encore à la question. -“ J’étais… serviable et impertinente. ” Pas étonnant que Jane ait aussi franc caractère à y penser. -“J’ai été renvoyée… trois fois à des écoles. Avec le recul, je regrette d’en avoir autant fait baver à mes parents. Mais à l’époque je voulais être mon propre maître. Il n’y avait que ça qui comptait. J’avais une nette idée de ce que je voulais. ” Comme elle ne pouvait pas défier l’autorité parentale, les autres payaient. -“ J’aurai sans doute pu aller plus loin dans des études. J’étais assez bonne en Histoire. Mais je ne voulais pas coller au cadre. Je suis partie vivre chez David, dès que j’ai pu, un peu avant mes 18 ans. ” Être libre et indépendante, faire des choix d’adultes, loin du modèle. Ne surtout pas finir comme sa mère. -“J’ai adhéré au Parti, Jane est arrivée. La vie a pris le dessus! ” Plus d’une fois Rebecca s’était demandée quelle vie elle aurait eu si elle avait avorté, si elle avait été au bout de la licence de droit, si… Mais c’était un chemin dangereux et douloureux. -“J’aurai voulu qu’on s’en sorte mieux avec David. C’est sûr. Mais… on a eu une fille formidable. ” Voilà tout ce qu’elle voulait retenir de cette passion maltraitée par les aléas politiques.

-“Je n’ai pas su conquérir tout ce que je voulais. Mais, je sais où je vais. Je sais pourquoi je fais ce que je fais. Je me dit que c’est le plus important.” La ligne, Rebecca la suivait. Elle n’avait jamais perdu sa conviction. Elle était aussi déterminée qu’à 17 ans. C’était sa force. Ce qui faisait qu’elle en était là. Peut-être aussi pourquoi elle était attirée par cet homme respectueux, calme, et si loin de son monde. Vincent était reposant. -“J’ai beaucoup parlé. ” Jane pourrait donner un point de vue sur sa mère. Jack avait un regard de frère. -“... ça fait du bien, tu sais savoir qu’on peut parler sans jugement. ” Becca se pencha pour poser un baiser sur la joue de son hôte.

-“ Est-ce que tu vas rester sur Londres ? ” Les choses étant ce qu’elles étaient, ils ne pouvaient pas éviter cette question. L’implication émotionnelle était en cours. Becca avait besoin de savoir vers quoi aller.


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22.12.21 20:40
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Vincent tourna la tête vers Rebecca, la tête légèrement en recul et les yeux grands ouverts.

— Trois fois !!! Il rit.

Rebecca envoyait du lourd et cette réputation de combattante ne semblait pas déméritée. Vincent l’écouta ensuite religieusement, sans l’interrompre, cette fois-ci. Quand elle eut terminée, il concéda son incertitude :

— Je ne sais pas…

Qu’est-ce qui était le plus important ? Les récents événements professionnels comme familiaux avaient fait voler en éclats ses certitudes sur les priorités de la vie. Quant à Londres, il lui fit la même réponse, mais il tint à la rassurer en ajoutant quelques mots.

— Mon entreprise est à Londres et c’est là que les décisions se prennent. Donc à moins qu’on ne me saisisse de ma société, je ne devrais pas bouger de sitôt. Quant à l’indépendance de l’Écosse…


Il haussa les épaules devant cette éventualité peu probable, encore moins à court terme. C’est vrai que si l’Écosse obtenait son indépendance, il quitterait l’Angleterre. Il n’y avait jamais cru. Les Anglais sont les ennemis préférés des Écossais, mais c’est comme un frère de sang, difficile de vraiment couper les ponts.

Il apprécia le baiser, mais ne commenta pas. Il avait confiance en Rebecca et mesurait bien combien il était difficile pour une femme de conciler maternité et vie professionnelle. Son siège social comptait bien de plus de femmes que d’hommes parce qu’il avait déduit de ses expériences qu’elle travaillait mieux. L’avenir allait d’ailleurs lui donner raison dans cette confiance accordée, elle ne lui tournerait pas le dos quand des rumeurs allaient se propager à son sujet.

— C’est fréquent de ne pas pouvoir faire ce qu’on veut en temps et en heure, mais trop de monde y renonce. Alors qu’on peut parfois simplement reporter. Qu’est-ce que tu aurais voulu conquérir ? Le poste de premier ministre ?

Elle en aurait le talent. Quelle que soit la réponse, le mot suivant serait sans doute, “Chiche !”. En français.
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11.01.22 18:45
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week-end écossais
Vincent MacAskill


Le sourire de l’Anglaise est terriblement espiègle durant deux secondes. Puis, ele s’apaise et explique. -"Oui trois fois. Le pire c’était avec les professeurs d’histoire. " D’aussi loin qu’elle s’en souvienne Rebecca a tenu tête aux poncifs de la matière. Élevée dans la pensée de Lénine. Admiratrice de grands mouvements ouvriers. Passionnée par les révoltes qui se sont succédées au cours de l’histoire, elle reprochait à l’école de biaiser l’apport culturel. Que les conservateurs imposent, selon elle ils avaient eu un regard politique sur leur matière. Sans pour autant déployer tout le champ politique. Rebecca était jeune. Elle n’avait pas encore le vocabulaire, la rhétorique, et encore moins l’éloquence. Mais ses indignations faisaient des remous dans la classe.

-" On peut parler du printemps. " Rebecca aime parler en saison. Elle s’est souvent dit que le temps humain se cale sur les saisons. Leur société est plus influencée par la nature qu’elle ne veut bien l’admettre. Mais, il y a un lien fondamental entre la Nature de l’Homme. -"Je te montrerais Manchester au printemps. C’est la meilleure saison pour aimer ma ville. "

Becca lança un petit regard sur son hôte. Il est vrai qu’elle reporte rarement ce qui est posé au calendrier. Comme si le report est l’aveu d’un échec. Elle se promit de réfléchir à cela lorsqu’elle retournerait dans les bureaux. Pour l’heure, la question de Vincent prit le devant de son esprit. -"C’est vrai que quand j’étais au lycée, je le voulais ce poste! " Elle inspira à fond, enlaça ses genoux, pour mieux réfléchir. -"Mais déjà travailler en n°2 au ministère du travail. Cela aurait été pas mal. " Avec David pour s’occuper de Jane, qui sait comment elle aurait pu s’investir. -"Maintenant c’est cuit. " Elle désigna le vide pour interpeller la vie, ou la fatalité. -"Mon frère a la préférence. Autant au syndicat qu’au Parti. " Jack Clark est un homme à la réputation solide. D’ailleurs, Rebecca reconnaît son savoir-faire. Sa fierté personnelle s’est faite une raison. Seule compte la victoire qu’ils ont obtenue au dernier scrutin.

-" Je pense que je finirai par entrer dans le Ministère pour ça, je ne me fais pas de souci. " La patience est une vertu. Une vertu que son âme passionnée a appris à manier. Peut-être un peu sur le tard. -"Mais, je ne sais pas si je serai efficace en haut de l’échelle. " C’est typiquement le genre de discussion qu’elle a eu avec David, quand ils ont commencé à s’engager. Mais Rebecca avait un discours différent à cette époque-là. Son militantisme lui a ouvert les yeux. -" Je pense qu’une fois qu’on est trop haut on n’a plus la main sur rien. " Le Royaume-Uni évolue dans un marché hyper libéral. Il ne peut pas être hors compétition. Tout est faussé à la base. Ceux qui les dirigent sont aux prise avec des enjeux trop grands. -" Je crois que je suis un peu plus utile, là, à la base. En ouvrant la discussion avec des personnes à mon niveau. " Ou bien est-ce que tout ceci est de l' autopersuasion pour ne pas observer ses échecs personnels ? Il est complexe de démêler ce qui relève de la sagesse ou bien de l’acceptation.

-" Et toi ? … Est-ce que tu avais autre chose en tête ? Aux débuts ? " Lui demandant cela Rebecca caresse lentement le bras de l'Ecossais.

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18.01.22 21:49
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Il détourna les yeux du paysage pour observer Rebecca et lui dire droit dans les yeux ce qu’il pensait de ses dernières paroles.

— Alors, je vais répondre rapidement pour ne pas paraître impoli, mais ensuite je te dirais ce que je pense de ton laïus là.

Ce n’était pas du mépris dans sa voix, mais on entendait chaque note de son désaccord.

— J’ai eu tout ce que je voulais. Ou plutôt tout ce que je croyais vouloir : la plus belle fille du lycée, la voiture la plus sportive, la plus belle maison du village, de l’argent à foison et une fille. D'avoir tout perdu, je sais maintenant qu'en dehors de ma fille, rien de tout cela ne méritait que je me batte ainsi.

Il balayait vraiment le sujet rapidement.

— Mais toi, là, ce que tu viens de me dire, ça me surprend. Tu sais ce que j’en pense ? Bullshits !

Oui c’est exactement ce qu’il pensait.

— Au pluriel ! Je ne vais pas t’insulter et te dire en quoi tu es meilleure que ton frère, la gamine qui s’est faite virer trois fois le sait très bien. À la rigueur, je veux bien croire que tu es convaincue d’être un excellent bras droit et que tu serais meilleure en chef de cabinet. Je veux bien le croire, mais je ne partage pas ton point de vue. Tu serais meilleure que tous les ministres qui se sont succédés, mais je conçois que tu puisses croire être une meilleure partenaire que la leader.

Il pointa les deux mains vers lui-même :

— Tu crois que je ne maitrise rien de mon entreprise ? Je ne maîtrise pas tout. Ça, je te l’accorde. Mais si la dynamique se grippe, c’est ma faute et si ça roule, c’est parce que personne ne balance de grain de sable dans les rouages. Le secret en politique plus qu'en affaires, c’est de ne rien donner aux autres. Je veux dire ne rien donner pour qu’ils n’aient jamais la moindre influence sur toi.

Les dossiers, le chantage, Vincent et sa naïveté avaient essuyé les plâtres en France. On ne l’y reprendrait plus !

— Sans te manquer de respect, tu penses vraiment qu’un syndicaliste peut changer profondément la donne dans l’entreprise ? Je ne dis pas qu’il est inutile, attention. Il peut me faire reconsidérer certaines questions, des avis sur des employés ou des managers qui briment leurs employés, mais ce n’est pas lui qui changera VRAI-MENT la situation des mineurs. Et ce n’est pas moi non plus. C’est la Première Ministre, c’est le Ministre du Travail, le ministre du budget. Trop de taxes, ils me ruinent, ils perdent leur taf. Une décision de Madame Tatcher et les mines ont fermé, etc.

Oui, Tatcher avait tout fermé avec perte et fracas. La dame de fer.

— Et elles doivent fermer à nouveau, ces fichues mines si on veut arrêter de cramer du charbon.

Il lui épargna alors le discours écologique comme les conditions sanitaires dans lesquelles évoluent les mineurs malgré les progrès.

— Du coup, les mineurs sont en sursis. Tu peux les aider si tu es la numéro 1. Pour ton frère, désolé, mais j’en doute.

Il fit un mouvement de moulinet comme pour rembobiner une vieille cassette.

— Je me répète, mais il ne faut rien donner et il a trop donné pour être encore libre à ce poste. Il doit renvoyer beaucoup trop d’ascenseurs, il a fait bien trop de promesses. Des femmes et des hommes d’influence peuvent le détourner de ce cap. Et puis à responsabilité égale, les femmes sont meilleures. Tu serais meilleure que lui. Demande à la gamine qui s’est faite virée trois fois par ses professeurs d’histoire.

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23.01.22 18:26
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Vincent MacAskill


Rebecca hausse un sourcil amusé. Elle le laissa lui répondre. -" Montres moi une photo d’elles ? " Peut être que cette caractérisation de “plus belle fille du lycée” réussissait à piquer sa curiosité féminine. Elle imagina intantanément une femme blonde, rafinée, avec un style très city. Un cliché pour lequel elle s’en voulue un peu en secret.

-" Excus- … moi ? " Totalement prise de cours par ce qu’elle entend. Peterson est si bien désarçonnée qu’elle tangue entre le rire et la rebuffade. Mais, elle se contient. Son franc-parler à trop souvent échaudé ses partenaires. Elle prend donc sur elle et tend l’oreille. -" Meilleure ? What ? " Cette fois, le rire monte à la gorge de la trentenaire. Bien entendu, elle sait qu’elle est un vrai bourreau de travail et qu’elle le fait correctement. Ses yeux détaillent alors son contradicteur. -" Tu as une trop haute estime de moi Vincent. " La vie avait rendue cette femme aussi droite qu’humble. Elle n’était pas disposée à se laisser flatter. Même si cela pouvait faire du bien, sans doute, de voir que quelqu’un semblait avoir de l’estime pour elle.

Becca regarda au loin. Elle était en partie d’accord avec ce qu’il lui racontait. Il fallait se faire une carapace en béton armé. Elle avait essayé. Mais voilà devenir une maman impliquait forcément d’avoir une faiblesse exploitable par ses adversaires. Jane n’avait pas besoin de ça dans sa vie. -" Je ne sais pas si je suis capable d’être aussi lisse. " Dire qu’elle avait pensé avoir trouvé sa posture. Mais cet Ecossais Malicieux ouvrait un vieux dossier. La tentation de la carrière était encore présente quelque part au fond du ventre de Travailliste. Alors que son Parti était au pouvoir maintenant et que tout le monde était déjà désigné. -" D’accord. Je t’entend bien Vincent. " Elle posa alors sa main sur la sienne.

Même l’idée que le chef de Partie soit acheté, elle l’entendait. La mécanique du pouvoir, Becca la voyait agir. Mais, elle savait aussi que son énergie à elle seule ne serait pas suffisante. Ou bien, elle finit écrasée. -"Toute seule, je sais que je n’aurai pas l’envie, le recul. Je le sais déjà. " Oui leur relation débutait à peine. Mais s’il pensait réellement tout ce qu’il venait de lui dire, cela avait-il de l’importance pour le champ professionnel. -"... donc j’apprécie ton enthousiasme. Je t’assure. Mais… T’y crois assez pour me supporter dans ça ? " Les doigts de la jeune femme firent des volutes sur la peau du cinquantenaire. Peut-être pour adoucir les mots d’un geste. Peterson savait ce qu’elle était en train de lui demander.

-" Que ça marche ou pas. " Entre eux ? Dans la bataille politique ? Les deux ? L’enjeu était différent sur chaque plan. A ce stade de la réflexion Becca leur donnait la même valeur. Elle ne voulait pas perdre une chance d’être heureuse. Maintenant, elle ne voulait pas non plus renoncer à l’espoir plus grand. -" Tu n’es pas obligé de me répondre tout de suite. " Le sang pulsait dans ses veines. Cela lui faisait presque autant de bien que le grand air écossais!


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30.01.22 21:50
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Vincent aurait bien fouillé dans son téléphone portable pour lui montrer une photo de son ex-épouse. Il ne les avait pas effacées. Le Cloud les transférait d'un téléphone à l'autre, chaque fois qu'il en changeait. Il les lui montrerait un jour. Rebecca risquait d'être surprise, car la plupart des photos étaient prises par un professionnel montrant un couple peut-être un peu trop mis en scène et son ex-femme était simplement sublime, toujours sur son 31, parfaite, trop parfaite sans aucun doute. Un peu comme les Bekham, une image totalement orchestrée. Mais ce serait pour une autre fois, promit Vincent.

— Je viens de t’avouer que je me suis planté sur ta ma vie. Tu sais, c'est dur, je suis un mâle…

Vincent avait lourdement forcé sur l’accent de ce mot.

— … le mec viril qui doit être le chef de la maison, un exemple de réussite, aucun défaut, par la moindre blessure, contemplé par son épouse, tout ça, tout ça…

Il balayait de la main, cette figure de l’esprit des années 80… des années 2020 pour les néo-boomers…

— Si je l’ai fait, c’est bien que tu comptes pour moi. Un peu trop, comme je te l’ai aussi dit.

Il pensa à cette carapace que Rebecca n’avait pas faite voler en éclat, mais qu’elle avait simplement fait disparaitre.

— J’ai fait des choix par naïveté, par erreur, par machisme aussi. Toi, tu as fait des choix par responsabilité. Tu as élevé une fille brillante, elle est trop maligne pour ignorer ce qu’elle te doit. C’est possible aussi que cela la chagrine un peu. Alors, ce n’est pas elle que cela va déranger si tu fonces pour réaliser tes rêves. Le simple fait que tu me poses toutes ses questions me prouve que tu en as envie. Ni toi ni moi n'avons à rougir. Nous en sommes sortis grandis. Je ne saurais trop te conseiller de faire ce qui te motive vraiment. Mais pas ce qui motive la mère de famille, ce qui motive la femme que tu as mis entre parenthèse. Et comme moi, tu es plus forte aujourd’hui qu’hier !

Il tendit les bras derrière lui et se pencha en arrière pour respirer à plein poumons l’air déchargé de tout polluant.

— Quant à nous deux, ça ne marcherait pas si tu n’étais pas toi-même. En fait, ça n’a aucune chance si l’un de nous d’eux se sacrifient pour l’autre.

Il rit.

— J'exagère, sacrifice est peut-être un peu fort…

Il la regarda convaincu que le désir de reprendre sa vie politique la titillait au plus haut point.

— Ce qui m’a le plus séduit lors de cette toute première soirée, c’était ton assurance. Tu m’as envoyé une pique que personne n’aurait osé me faire. Tu me suis au milieu de nul part. Tu suis ton instinct. Et j’aime bien cette attitude. Ça ne marchera peut-être pas non plus, ta carrière et la mienne nous écarterons peut-être l’un de l’autre, mais nous avons tous les deux envie de prendre notre chemin.

Lui, il avait pris le mauvais en se fourvoyant. Elle, elle s’était écarté de sa carrière en politique en toute connaissance de cause, car la gamine qui s’était faite virer de l’école avait le sens des responsabilités et avait tout donné pour sa fille.

— Mais même si ça ne marchait pas, nous ne regretterons jamais d’avoir essayé.

Il sourit et se releva en tendant la main à Rebeca :

— Allons, madame Peterson ! Allons annoncer à votre fille que vous reprenez du service !

Il était intimement convaincu qu’elle allait s’en réjouir, intimement convaincue qu'elle allait saisir cette main. Pas la main d'un homme qui relève la jeune femme blessée ou autre connerie machiste, non la main d'un partenaire et plus si affinités.
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30.01.22 22:52
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