J'avais suivi de loin la suite des aventures entre Violet et Prem et la nouvelle de son divorce. J'étais vraiment contente pour elle, surtout parce que lorsque je l'ai connue, elle n'avait pas l'air d'être pleinement heureuse, totalement épanouie, et s'occupait surtout de l'image qu'elle donnait aux autres plutôt qu'à vivre sa propre vie. Pourtant c'était quelqu'un d'une douceur et d'une gentillesse incroyables, le coeur sur la main, toujours penser aux autres, le petit geste ou la petite attention qui font plaisir. En rajoutant aussi le fait qu'elle était d'une élégance rare, parfois même trop soignée et pas assez "folle" bien que j'ai essayé très fort de lui faire mettre des jeans et certaines de mes fringues. En plus je m'en étais tellement voulue lorsqu'elle s'est retrouvée le dommage collatéral de mon arrangement avec Peter, alors que je sortais avec Tyrgan, le hasard ayant fait qu'elle connaisse très bien les deux hommes. Et dire que finalement, je les avais perdus tous les deux, Peter s'étant mis au vert suite à la mort de sa mère, et Tyrgan voyageant par le monde, sans moi et sans nouvelles...
Et après tout ça, je n'ai pas osé revenir vers elle ou donner de nouvelles. J'avais peur qu'elle le prenne mal, qu'elle me dise qu'à ses yeux je n'étais "que" la petite amie de Tyrgan mais qu'elle n'avait rien à faire avec moi et que maintenant qu'il n'était plus là, nous redevenions des étrangères. J'ai ensuite appris sa nouvelle histoire d'amour, puis le fait qu'elle allait devenir maman. J'avoue que j'ai été ravie pour elle, parce qu'elle méritait ce bonheur qui avait l'air beaucoup plus sincère que ce qu'elle montrait dans son manoir immense. Pourtant ce matin, en ouvrant le Times, je manque de lâcher mon mug de thé quand je lis que son amoureux, le père de sa fille, a été victime d'un accident.
J'abandonne thé et muffins pour enfourcher ma moto et filer jusqu'à l'hôpital, et je débarque, mon casque sous le bras et une inquiétude sincère au coeur alors que je la vois de loin, assise dans la salle d'attente. Je m'approche d'elle en tendant les bras.
Oh mon dieu Violet j'ai appris ce qui s'était passée, je suis tellement désolée pour toi... Je... Je suis venue dès que j'ai appris. Est-ce qu'il... il y a quelque chose que je peux faire pour toi? Pour t'aider?
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Etat Civil : En couple avec le beau Tyrgan <3
22.01.22 22:21
Violet Hanovre Hadid
Ft Lowri Campbell
Mai 2026
Je ne voyais plus les heures défiler. Ma pendule était celle des machines auxquelles Prem était relié. Je ne savais rien de ce qui se passait au-delà des quatre murs de la chambre. D’ailleurs cela m’était tout à fait égal. Londres aurait pu brûler. Je ne l’aurais pas vu. Je me sentais totalement écartée du monde. Hypnotisée par la cadence des “bip” et par le mouvement de poitrine de Prem. Je regardais avec insistance les mouvements de respiration. Je les guettais les uns après les autres. Je me raccrochais à cela. Prem respirait.
Rose s’était arrangée pour être assignée à sa chambre. Elle passait de façon régulière. J’imagine une fois par heure et vérifie ce qui se passait. Elle ne disait pas grand chose. Je ne la pressais pas de questions dont je redoutais de toute façon les réponses. Personne ne pouvait dire quand mon beau journaliste allait se réveiller. Personne ne le savait. Alors, nous étions dans notre petit bulle, le bébé, lui et moi…
Jusqu’à ce que la porte de la chambre s’ouvre en grand. Je sursautais presque. Il n’y avait pas eu une telle activité depuis que j’étais à son chevet. -“ Lowri ? ” Etait-ce Rose qui l’avait prévenue ? Je ne savais pas du tout quelle était la relation entre elles deux. Est-ce que Rose la connaissait seulement ? Je l’observais, un peu ébahie par son énergie. Comment faisait-elle pour en avoir autant que cela ? C’était un vrai tourbillon. -“ Tu es venue ?” Elle était la première personne à nous rendre visite. Je n’avais parlé à personne de ce qui venait de se passer. Je voulais limiter les risques d’une fuite d’information. Edward ne devait pas savoir que j’étais ici.
Je tentais de bien me tenir. J’essayais vraiment de garder une bonne mesure devant elle. Mais dès que je sentis ses bras se refermer sur moi, je sentis la digue se briser. Je me suis remis à pleurer. Comme une enfant. Je venais me tenir à elle en sanglotant. -“ Je… Mer… Tu… ” Mes phrases ne pouvaient pas se terminer. J’étais trop bouleversée par mes propres pleurs. J’étais épuisée par la peur et l’angoisse. Moi qui était déjà sensible aux émotions, j’étais à fleur de peau. Je renonçais donc à lui parler pour l’instant. Je me contentais de profiter de ce peu de réconfort d’avoir une épaule amicale sur laquelle je pouvais me reposer.
Je me trouve tellement lâche, d'avoir disparu de la situation comme ça, mais Violet était au centre de deux pertes douloureuses qui étaient survenues et desquelles je ne m'étais pas encore remise. Tyrgan, qui avait décidé de tout plaquer pour se retrouver en voyageant autour du monde, me laissant derrière lui, et Peter, qui lui aussi, après la perte de sa mère et de Christian avait décidé de s'éloigner de Londres, me laissant sans mon vrai et mon faux fiancé... Et elle était au centre, s'étant retrouvée malgré elle prise dans les mensonges que je brodais avec avec Peter pour assurer sa couverture pour lui, joindre les deux bouts pour moi... Il ne s'était jamais rien passé entre Peter et moi à part de faux et chastes baisers, mais de vrais moments de complicité, avec celui qui était deveni un ami sincère... A chaque fois que je la voyais, elle si douce, si gentille et si attentionnée je me sentais mal, comme si je n'arrivais pas à ôter le souvenir de la comédie que je lui ai jouée, et surtout, j'avais peur qu'elle m'en veuille. J'avais peur de passer pour le chat noir, l'oiseau de mauvaise augure, celle qui aura fait fuir non pas une mais deux personnes qui lui étaient proches...
Et puis, ce qui m'avait conforté dans ma lâcheté était aussi que les choses semblaient si bien se dérouler pour elle... Elle avait enfin quitté son cul-serré de mari, avait enfin volé de ses propres ailes pour vivre un amour sain et simple avec un journaliste d'origine indienne, à mille lieues de son milieu et de ses repères, ce qui lui avait sûrement fait le plus grand bien. D'ailleurs l'arrivée d'une petite fille en était la preuve et en apprenant la nouvelle, j'ai sincèrement eu les larmes aux yeux, envoyant simplement un panier de choses pour elle et sa petite avec une petite carte, mais sans oser venir. Je préférais disparaître plutôt que de l'entendre me dire à quel point j'étais quelqu'un de détestable, une fille vénale ou que sais-je...
Mais là, poussée par cette nouvelle je n'ai pas réfléchi. Ma place est auprès d'elle, tout simplement, comme j'aimerais que des gens que j'aime trouveraient que leur place est auprès de moi s'il m'arrivait quelque chose à mon tour. La boutique attendra, il y a clairement d'autres priorités. Garant ma moto sur le parking je file jusqu'au bon service et je la vois, si pâle et si perdue. Sans réfléchir à d'eventuels reproches, ou à des critiques, je lui ouvre simplement les bras, dans le geste le plus simple du monde. A mon approche elle se lève et les yeux humides je hoche la tête à sa question.
Bien sûr... En apprenant ce qui s'était passé je me suis dit que tu aurais besoin d'une amie... Si... si bien sûr tu... veux toujours de moi pour jouer ce rôle...
Lorsque je la prends dans mes bras je la sens se raidir, dans un réflexe de quelqu'un qui n'est pas habitué à de telles démonstrations d'affection, avant de se détendre. Puis son corps lâche, comme une marionnette dont on aurait coupé les fils, comme une actrice qui n'aurait plus besoin de jouer un rôle... Elle lâche tout et s'abandonne, s'agrippant à moi avec force alors qu'elle se met à sangloter. Et pendant de longues minutes je la laisse, restant simplement là, à la garder contre moi, à caresser doucement son dos et à murmurer des paroles rassurantes, qu'elle n'était pas toute seule, que tout allait s'arranger, que les choses iraient mieux bientôt. Je n'ose imaginer tout ce qu'elle éprouve à cet instant alors je suis là, juste là et quand elle semble se calmer, je recule légèrement et lui souris.
Et si tu me racontais tout ce qui s'est passé? Je vais nous chercher du mauvais café et je reviens... Ne bouge pas, je fais vite.
Je l'aide à se rasseoir avant de filer à la machine à café la plus proche, revenant avec deux gobelets en plastique fumants. Je lui en tends un avant de m'asseoir à côté d'elle, et sans réfléchir je passe mon bras autour de ses épaules pour la ramener contre moi.
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09.03.22 18:49
Violet Hanovre Hadid
Ft Lowri Campbell
Je plongeais mes yeux dans celui de Lowri. Bien sûr, je comprenais bien le sens de sa question. Elle et moi nous avions un passé compliqué ensemble. Il y avait eu des jeux de comédie, des secrets, beaucoup de secrets. Je leur en ai voulu à tous de m’avoir dupé. Quelque part de m’avoir manipulée aussi. Ils avaient fait comme Edward à leur manière. Mais, je comprenais pourquoi ils l’avaient fait. Je ne voulais pas entretenir de rancœur. Je voulais de la paix. J’en voulais encore plus là maintenant. Maintenant que Prem était étendu dans ce lit sans que l’on sache s’il allait se relever un jour. -“ Je veux bien oui. ”
Je commençais par pleurer. Pleurer toutes les larmes qu’il y avait encore dans mon corps. Je ne pensais pas qu’il était possible d’autant pleurer sur une période aussi courte. J’aurais donné beaucoup pour pouvoir aller voir ma mère et pleurer dans ses bras aussi. Mais, c’était impossible. Ils ne me laissaient plus approcher. -“Oui… D’accord.” Je la laissais repartir et revenais tenir la main de Prem et le regarder. Il avait l’air si calme ainsi.
Je me sentais comme une patiente moi aussi. A vrai dire, il y avait un soulagement à ne plus avoir à réfléchir. Je voulais redevenir une enfant. Pour que l’on me rassure et que la vie reprenne un tour simple et calme. Je tenais le gobelet de café. Il me réchauffait les doigts. -“Prem travaille pour le New Herald.” Peut-être le savait-elle déjà. Je ne sais plus si je le lui avait dit. Mais qu’importe, elle saurait au moins. -“Il fouillait sur une affaire. Je ne sais pas exactement quoi. Il n’a pas trop le droit de m’en parler.” Ce que je ne remettais pas en cause, je comprenais. -“Ca fait quelques jours que je le sentais nerveux.” Mais, notre situation aussi amenait du stress. Edward savait que quelque-chose n’allait pas. Il n’allait pas tarder à découvrir son identité. Nous le savions tous les deux. Nous cacher ne serait plus possible pendant longtemps.
-“Je n’avais pas de nouvelle de lui. Je m’inquiétais. Rose m’a appelée dans la nuit. ” Lowri et moi étions toutes les deux liées aux Campbell. La sœur et le frère étaient dans nos vie. -“Il a été retrouvé inconscient. Personne ne sait ce qui s’est passé. … Il y a une enquête qui est ouverte. ” La police devait faire son travail. Même si elle n’avait pas les journalistes en amour. Ils avaient fouillé le lieu où ils avaient trouvé Prem. -“On ne me dit rien. Puisque officiellement… je ne suis pas de sa famille. Je ne sais pas ce qui s’est passé Lowri. ” C’était aussi effrayant que le reste. Je caressais mon ventre. Ce n’était pas bon pour ce bébé non plus. Il fallait qu’elle se développe dans un climat apaisé. J’arrivais encore à cacher mes formes. Heureusement, c’était encore tôt. Mais, je redoutais qu’il ne se réveille pas. Comment allions-nous faire ?
Nous étions démunis de tout. Je voulais seulement que Prem ouvre ses beaux yeux. Que nous puissions enfin être ensemble. Je posais ma main moite sur son bras. -“Peut-être que toi tu pourrais les aider à trouver ? ” Maintenant, toute aide, même mystique était la bienvenue.
Alors que je m'avance dans le couloir, j'ai vraiment peur qu'elle se mette à me hurler dessus. Qu'elle me dise à juste titre que je n'ai aucune raison d'être là, de venir lui parler dans ce moment difficile alors que je l'ai laissée tomber depuis de longs mois, n'estimant pas qu'elle voudrait continuer à garder contact avec moi maintenant que j'étais une arnaqueuse, et surtout, une arnaqueuse célibataire... Car oui il fallait se l'avouer, je crois qu'on y était maintenant. Les secondes durent des siècles, le trajet est interminable mais finalement je suis devant elle et je me jette à l'eau, l'enserrant de mes bras.
A ma surprise, à mon grand soulagement elle vient contre moi, se blottit et s'abandonne, laissant libre cours à quelque chose qui devait mariner en elle depuis que Prem est ici... les longues heures d'angoisse, l'incertitude, l'attente... l'attente c'est pire que tout. Et après l'avoir laissée se calmer, vider son sac contre moi et qu'elle retrouve un peu son calme je lui propose de chercher du café. Deux gobelets en plastique bien trop fin qui ne promettent rien de bon je la retrouve, m'installe et lui en tends un, avant de la ramener contre moi, abandonnant mon casque sur le sol à mes pieds. Je hoche la tête, attentive quand elle commence à me raconter ce qui s'est passé, écoutant avec intérêt et appréhension ensemble.
Rose... tu veux dire la soeur de Tyrgan?
Rose... ça me fait bizarre d'entendre ce nom, comme un rappel douloureux à une époque plus heureuse, quand nous étions encore ensemble. Pendue à ses lèvres, j'amène machinalement le gobelet à mes lèvres, et grimace en sentant le goût de chaussette sur ma langue, avant de souffler doucement dessus, l'écoutant toujours. Quand elle termine, je soupire doucement, sincèrement triste pour elle, d'avoir à affronter tout ça, elle qui s'est toujours montrée si gentille, si douce et si calme... Comme si les malheurs s'acharnaient sur elle plutôt que sur des gens qui le méritaient... Je tapote doucement son genou de ma main libre.
Je suis vraiment désolée ma pauvre... c'est horrible ce qui t'arrive. Je... Ils n'ont toujours pas trouvé pourquoi il était inconscient? Ce qui faisait qu'il ne se réveillait pas? Je... je n'ose même pas imaginer tout ce que tu traverses et je suis là, si tu as besoin de moi...
Un léger sourire s'étale sur mes lèvres.
D'ailleurs, je ne te l'ai jamais dit mais... je suis vraiment contente pour toi. Pour vous. Et je suis sûre que les choses vont s'arranger.
Sa requête suivante me surprend, et je fronce légèrement les sourcils avant de comprendre où elle veut en venir. Je ne m'inquiète pas de ne pas avoir pris les lettres, elles apparaitront de toute façon si je décide de faire une séance, mais de l'endroit et du motif.
Tu veux dire... retrouver ceux qui l'ont attaqué? Oui, c'est très possible... Il faudrait qu'on fasse ça dans un endroit plus calme... j'aurai du mal à me concentrer au beau milieu d'un couloir grouillant de monde... Mais si tu y tiens on peut tenter ça... et se lancer. Tu veux qu'on se lance maintenant ? Ou je te ramène chez toi pour faire ça au calme?
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02.04.22 19:49
Violet Hanovre Hadid
Ft Lowri Campbell
A quel point Tyrgan et toi avez expliqué à cette jeune femme notre monde ? Je n’en avais alors pas la moindre idée. Je ne pouvais me fier qu’à l’expérience que je vivais avec mon journaliste. Il était informé. Il connaissait certains éléments. Néanmoins, son regard n’était pas toujours juste. Nous devions sans cesse redéfinir ce dont nous étions en train de parler.
-“ La sœur de Tyrgan oui. ” La soeur du premier garçon que j’avais eu envie d’embrasser sur les lèvres, me disais-je. Un souvenir léger, peut-être trop léger pour ma situation actuelle. Je voulais que Prem et moi puissions échanger des baisers, de nouveau. Des millers de baisers comme ceux dont il m’avait appris le goût si particulier. -“ Nous nous connaissons depuis… presque toujours. ”
-“ Ils ne me disent pas grand chose. ” Je n’en avais pas croisé beaucoup. Je ne pouvais pas me présenter comme la compagne de Prem. J’étais une femme mariée. J’étais la baronne de Crawley. Si la presse découvrait… Je n’osais pas encore aller au bout de ce genre de pensée. Cela me faisait trop peur. -“ Ils disent que son corps se maintient ainsi pour se soigner. ” Le corps humain était une machine. Là celui de Prem avait activé le programme de survie. Je pressais la main de Lowri. -“ Attendre, c’est tout ce que l’on peut faire… ” Lui soufflais-je. Je suis d’une nature patiente. J’ai toujours su attendre le moment, attendre que ce soit mon tour. Mais, cette attente là était… c’était de la torture.
-“ Tu l’es ? ” Lui demandais-je confirmation avec hésitation. Il y avait très peu de personnes qui savaient que Prem et moi étions amants. Toutes n’étaient pas encourageantes. C’était même plutôt le contraire. Je coulais un regard sur Prem. J’observais son visage immobile. Je tentais de l’imaginer parler. -“ Merci…. ” Nous devions être optimistes. Lowri avait raison. Je ne pouvais pas faire autrement. Pas quand nous nous étions mis d’accord pour garder le bébé. -“ Tout… va s’arranger… oui. ” La vie devait l’emporter sur la mort. Prem était encore jeune. Il avait toute une vie devant lui!!
Je comprenais parfaitement les conditions de mon amie. Mais, sa requête me fit paniquer. J’avais beaucoup de mal à quitter le chevet de mon amoureux. Je voulais être là. Je voulais le regarder respirer. -“ Je… ” J’étais tiraillée. Je ne savais pas quelle était la bonne action. Rester ici et prendre le risque que Lowri ne puisse rien faire. Ou bien aller à l’appartement et prendre le risque que quelque-chose arrive à Prem. C’était cornélien!! -“ Combien de temps te faudrait-il ? Ensuite tu pourras me ramener ici ? … J’ai peur de m’éloigner trop longtemps de lui. ”
Je m’avançais pour baiser le front du malade. Je prolongeais le baiser en faisant une prière silencieuse. Je lui murmurais que je revenais vite près de lui. J’allais chercher mon manteau pour le passer doucement. J’étais totalement ralentie par ma fatigue nerveuse. J'inspire à fond pour ne pas me décourager. -“ Allons-y. ” Je prenais la main de Lowri dans la mienne pour avoir le courage de sortir de la chambre sans me retourner.
Une fois dans le couloir, j’alla vite, pour ne pas rebrousser chemin. Je suivais la jeune femme jusqu’à son véhicule. Je me figeais en découvrant le deux roues. -“ Je… je ne suis jamais monté sur une moto.” En d’autres circonstances cela m’aurait plut! Mais là, tout obstacle me faisait paniquer. Je crois que je n’avais jamais été autant à bout de nerfs. Je lançais un regard totalement désemparé à mon amie. Qu’allions-nous faire ?
Je n'ose même pas imaginer tout ce qu'elle doit vivre en ce moment, tout ce qu'elle doit éprouver et traverser. Avoir rencontré l'amour, un amour si fort qu'il l'a poussé à abandonner son mari et quitter son monde, quitte à se faire rejeter et critiquer, commencer à vivre avec lui, pour finalement voir tout basculer en une fraction de seconde et se retrouver seule. Terriblement seule. J'espère vraiment et sincèrement qu'elle a d'autres personnes que moi, d'autres proches que moi pour l'aider et la consoler, l'épauler dans cette épreuve même si elle a du en perdre certains suite à son divorce et le fait qu'elle se remarie avec quelqu'un comme Prem, de condition populaire et en plus d'origine indienne... Ca a dû faire scandale dans son monde, la pauvre... Et je m'en veux encore plus de l'avoir laissée seule pour affronter tout ça... mais je vais me rattraper, si elle le veut aussi bien sûr...
Alors on se saute au cou et elle commence à me raconter d'une voix tremblante ce qui s'est passé, raccommodant un peu ce qui s'était déchiré par ma faute et rebâtissant des ponts entre nous. Je hoche la tête quand elle me confirme pour la soeur de Tyrgan avant de m'expliquer un peu plus en détail ce qui arrive à Prem et comment les choses peuvent évoluer pour lui. Elle s'étonne que je sois au courant et j'ai un léger sourire triste en sentant ma gorge se nouer.
Oui je... Tyrgan... m'en avait parlé... peu avant que tu viennes pour la première fois dans mon appartement, si tu t'en rappelles... Il m'avait dévoilé la vérité et j'avais été très contente d'apprendre la nouvelle. Vraiment. Ne t'en fais pas, je n'en parlerai à personne... Tant que tu ne m'autorises pas à en parler je garde le secret, une vraie tombe...
Et de toute façon, à qui j'en parlerais? Tyrgan s'est envolé au loin, Peter aussi, les deux seules personnes qui nous relient toutes les deux... Et je ne me vois pas aller vendre le scoop à des tabloïds fouineurs... Il n'y a qu'à Pirate que je pourrais tout raconter en ce moment... putain le couplet de la vieille fille et de son chat borgne... c'est pas vrai. Bref, c'est pas le moment de se plaindre. Vraiment pas. Violet a de vrais problèmes, elle. Et à ma grande surprise, alors que je suis en train d'avoir une engueulade avec moi-même intérieurement je suis surprise qu'elle évoque les esprits et me demande si je pourrais utiliser mes dons pour les contacter. Durant la période où on se voyait régulièrement et où je l'avais initiée au travail dans ma boutique, j'avais pensé qu'elle écoutait toutes mes histoires avec politesse sans y croire un mot, comme quand un de tes amis est passionné par quelque chose et que tu l'écoutes parler parce que tu sais juste que ça lui fait plaisir de partager ça... je n'aurais jamais imaginé qu'elle en soit vraiment convaincue mais peut-être qu'à situation désespérée, mesure désespérée. Au point d'ailleurs qu'elle me demande qu'on s'en occupe tout de suite.
Eh beh... est-ce que c'est vraiment parce qu'elle est perdue, et qu'une séance de divination serait la réponse à ses interrogations, sa seule lueur d'espoir? Une chose est sûre : je peux tenter quelque chose, alors je dois le faire. Ca ne me coute rien mais ça peut l'aider énormément... alors go. Je l'observe déposer un baiser sur le front du jeune homme étendu dans les draps blancs et je passe mon bras autour de ses épaules jusqu'à ce qu'on arrive en bas. Je la vois pâlir en voyant mon bolide et lui souris, sortant le 2e casque que j'ai toujours dans mon coffre.
Enfile ça et installe toi derrière moi. C'est comme monter à cheval, saut que tes bras seront autour de ma taille. Je ferai doucement je te promets. Allons-y.
Je souris et me mets en selle, lui tendant la main pour l'aider et une fois qu'elle est prête je regagne la route, la menant prudemment jusqu'en bas de ma boutique. Je coupe le contact et lui fais signe de descendre la première avant de mettre pied à terre à mon tour et ôter mon casque. Je la guide ensuite jusqu'à mon salon où Pirate nous attend et fais chauffer de l'eau tout en préparant la séance. Je nous sers deux tasses et saisis le sac de lettre qui m'attendait sur la table basse.
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27.04.22 21:56
Violet Hanovre Hadid
Ft Lowri Campbell
-“ Merci Lowri. ” C’était étrange, mais j’avais envie de lui faire confiance. Malgré ce que Peter, Tyrgan et elle ont manigancé. Peut-être étais-je naïve encore une fois ? Il était possible que je me fasse de nouveau avoir. Pourtant, mon intuition me disait que cette jeune femme ne me voulait pas de mal. Qu’elle n’en voulait pas non plus à mon doux journaliste. Que nous avions ici une alliée. Nous en manquions tellement. J’avais besoin d’un peu de soutien.
Bien entendu, je n’aurais jamais envisagé un jour de faire appel à de l’ésotérisme. C’était absolument interdit par l’Eglise. De plus, d’aucun dirait, que c’était absurde de vouloir croire en l’existence de la sorcellerie. Mais voilà, depuis que Prem était entré dans ma vie, tout ce que je prenais pour acquis volait en éclat. Tout ce qui faisait la structure de mon monde s’était effrité. J’étais ballotée par les événements. Je ne pouvais rien faire de plus que de m’accrocher à un radeau de fortune. Alors, pourquoi pas de la magie ?
Ce fût la comparaison avec l’équitation qui me rassura quelque peu. Je posais le casque sur ma tête en jugulant ma nervosité comme je le pouvais. Tout allait bien se passer. Lowri savait conduire cet engin. Je suivais ses instructions à la lettre. Je me tenais donc fermement à sa taille. Au bout de quelques kilomètres mes muscles se décontractaient un peu. L’expérience n’était pas si désagréable. J’aurais même pu y prendre plaisir un autre jour que celui-ci.
Je connaissais un peu son appartement. Je dois dire que j’étais soulagée de me retrouver dans un endroit calme et sécurisé. Pendant qu’elle préparait, je saluais son chat en lui faisant des caresses. Je m’installais avec précaution au fond d’un fauteuil. Puis, je l’observais installer son matériel, un peu intimidée.
Il y avait beaucoup de choses que je voulais savoir. Prem allait-il se réveiller ? Notre enfant serait-il en bonne santé ? Edward allait-il découvrir son identité ? Mais, je devais m’en remettre à la science pour les premières… Je réfléchissais en l’observant. -“ Va-t-on retrouver ce qui lui ont fait du mal ? ” Je devais savoir si Prem allait être à l’abri du danger et par extension le bébé et moi-même aussi. Ici à Londres rien n’était certain… Depuis le Brexit le mal s’était infiltré partout. Je redoutais ce qui pouvait nous arriver… Maintenant, cette jeune femme avait-elle réellement le pouvoir de m’apporter les réponses ? Je l’espérais de tout mon coeur.
Je n'ose même pas imaginer comme elle doit être seule dans tout ça, elle qui a quitté son monde, qui a quitté sa famille et sûrement ses amis d'avant, son cercle qui ne lui pardonnera pas de ''s'abaisser" à fréquenter un homme du peuple en plus d'avoir osé divorcer. Tyrgan est loin, Peter est parti lui aussi voguer vers d'autres cieux et je ne sais pas si elle a plus de contacts que moi avec lui. Toute sa vie doit être changée je pense, sa routine de baronne ne doit plus être la même que celle qu'elle a aujourd'hui... elle ne doit plus manger aux mêmes endroits, fréquenter les mêmes magasins... est-ce qu'elle s'est mise à cuisiner? A faire les choses de monsieur et madame tout le monde? Et quelque chose me dit que c'est quelque chose qui au début l'a effrayé, mais qu'elle s'est lancée là-dedans avec détermination et enthousiasme, comme tout ce qu'elle faisait... Peut-être qu'elle a vu ça comme un nouveau défi? Le fait est qu'en la voyant là, seule dans la salle d'attente, je sens une boule se former dans ma gorge en me disant qu'elle n'a personne, personne pour l'épauler, personne pour l'aider à traverser tout ça. Et je m'en veux encore plus d'avoir disparu comme une nappe de brouillard chassée par le vent en me rendant compte que je ne faisais que renforcer sa solitude.
Mais c'était fini maintenant, et si elle avait envie de renouer, je n'allais plus disparaître, bien au contraire. Par chance nos retrouvailles sont plus chaleureuses que ce à quoi je me serais attendu, et j'en suis heureuse. Heureuse de voir sa surprise sincère, heureuse de n'entendre aucun reproche, heureuse de sentir que je peux l'aider ... et à ma grande surprise, elle me demande d'utiliser mes dons pour retrouver les agresseurs de son cher Prem... En temps normal j'aurais été vraiment, vraiment surprise surtout compte tenu de son monde et de son éducation, où on repoussait ce genre de croyances avec une étiquette de charlatanisme, un truc de hippies cradingues ou de gourous qui souhaitaient vous extorquer de l'argent. Je la comprends, moi aussi dans toute ma vie, rares sont les gens de ma connaissance qui avaient un vrai don authentique... Et puis vu ce qui se passe, on se raccroche comme on peut, et on accepte de croire à bien des choses si ça peut nous aider ou nous réconforter.
On n'arrive bientôt chez moi, dans mon petit royaume fait de plantes vertes et de cristaux, et prépare du thé avant de revenir la voir et vérifier qu'elle va bien.
D'ailleurs ça allait la moto? Pas trop violent? En tant que cavalière ça n'a pas dû être trop compliqué de me suivre... Tu t'es bien débrouillée pour une passagère débutante !
Alors que je parle j'ôte mon blouson et mes bottes, restant en chaussette et enfile un gilet avant de chercher le plateau supportant la théière fumante que je pose devant elle. Le sac de lettres, lui, est déjà là. Je nous sers puis attrape le sac sur les genoux. L'air devient un peu plus froid, faisant voleter les rideaux et les feuilles de mes plantes vertes alors que je formule la question dans mon esprit.
Les lettres "OUI" émergent et je croise son regard, lui souriant avec encouragement avant de les remettre dans un cliquetis de plastique. Pour poursuivre la logique je reprends, demandant cette fois qui est derrière tout ça et le nouveau tirage me donne "MAFIA".
Je reprends, secouant le sac après y avoir remis encore une fois les lettres pour un nouveau tirage. Un nom. Je demande un nom.
"LARS" le seul prénom qu'on peut composer avec ces lettres. Je relève les yeux vers elle et l'interroge du regard.
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17.05.22 22:55
Violet Hanovre Hadid
Ft Lowri Campbell
Bien que je sois déjà venue chez Lowri, l’intérieur me fascine encore à chaque fois. Le style de cet appartement est unique en son genre. Je n’en avais jamais vu de pareil. J’aimais l’aura qui se dégageait de cet endroit. Il était accueillant. On s’y sentait bien. -“ Non, non! Tout s’est bien passé. ” Lui répondis-je sur l’instant pour qu’elle soit rassurée. Bien sûr, cela avait été vif, mais je ne m’étais pas sentie dérangée. J’effleurais discrètement mon petit ventre. Notre haricot avait peut-être senti le remous. -“Eh bien… tant mieux. Je dois dire que ce n’était pas déplaisant. La vitesse change les idées. ”
Voyant que mon hôtesse changeait de tenue, je l’imitais pour me mettre pieds nus. J’étais plus sensible de la peau depuis quelques semaines. Je préférais ne rien porter aux pieds. Je m’enfonçais dans les coussins avec plaisir. Cela n’avait rien à voir avec le fauteuil de la chambre d'hôpital. Tout paraissait douillet et réconfortant. Je souris à mon aidante lorsqu’elle pose la théière. Je prend tout de suite la tasse bien chaude entre mes mains. -“ … merci. L’industriel n’a vraiment pas bon goût. ” Lui avouais-je à demi-mot. Je me demandais comment les gens acceptaient de payer pour quelque-chose d’aussi médiocre ?
Je m’accrochais à la tasse, lorsque je sentis un courant froid, me refroidir les os. Je ne voyais aucune fenêtre ouverte. C’était étrange. Je bus donc un peu de thé pour essayer de chasser la sensation de mon corps. C’était sans doute la fatigue. Voyant les pièces de jeu bouger, je me penchais pour mieux regarder. J’étais en train d’assister à de la magie! Seigneur qui eu cru cela possible un jour ? Peter savait-il que Lowri avait ce… talent ?
Je demeurais, interloquée, devant les 5 lettres. Comment une mafia ? Prem ne m’avait parlé d’aucune mafia! Jamais. Il ne me parlait pas beaucoup de son travail. Il ne pouvait pas prendre le risque qu’une information fuite. Je le comprenais et je ne cherchais pas à savoir plus que ce qu’il voulait bien me confier… Mais, peut-être aurais-je dû ? -“... non. ” La mafia ? Ici à Londres ? Je n’en avais jamais entendu parler.
Une fois encore, je me pencha pour scruter la réponse. -“ “Lars” ? ” Lisais-je avant de me redresser. Je posais une main protectrice sur mon bas-ventre. Je réfléchissais. Avais-je déjà entendu ce nom ? L’avais-je déjà vu écrit ? Rien ne me revenait. Je secouais négativement la tête. -“ … ça ne me dit rien. ” Comment allions-nous faire ? Je me sentais plus perdue qu’avant.
-“ Peut-être que la police saura, elle ? … Je… Le fils de mon parrain travaille dans la police.” Lui confiais-je. J'ai bu une nouvelle gorgée pour me donner du courage. Zac et moi ne nous cotoyons pas. Je ne le connaissais pas plus que cela. Cependant, il aiderait sûrement pour ce cas de force majeure ? Je l’espérais!
Je devais bien avoir le numéro de Zac de Lascelle dans le répertoire. Peut-être pourrait-il nous aider ? -“ Il est dans une unité spéciale. Je ne sais pas s’il pourra faire quelque-chose. Mais, au moins pourra-t-il donner l’information ? ” Je cherchais mon sac pour retrouver mon téléphone. Par chance, il y avait encore un peu de batterie. -“... Zac… Zac. Je ne sais plus si je l’ai mis à De Lascelle ou… ah si voilà: Sanders. Je l’ai ! ” C’était une bonne nouvelle.
-“ Est-ce que tu penses qu’ils nous donnerait d’autres informations sur ce “Lars” ? ” Lui demandais-je en parlant de son jeu. Je ne savais pas du tout comment cela fonctionnait. Mais, si nous pouvions avoir un nom… Comme cela aiderait!
Je suis contente de l'avoir ici, chez moi, et j'espère qu'un changement d'air, que d'être un moment ailleurs que dans une pièce aseptisée à la décoration existante et qui sent le désinfectant lui fera du bien. Un endroit doux et calme, où elle pourrait se sentir en sécurité, où elle pourrait souffler un peu, en compagnie de quelqu'un qui l'apprécie et qui ne veut que son bien... même si je n'ai pas vraiment été le modèle d'amie ces derniers moi. Mais comme dit le proverbe, mieux vaut tard que jamais non? Presque sans réfléchir je prépare du thé, parce que tous les gens bien aiment le thé et que c'est une boisson merveilleuse... Elle calme, elle apaise, elle réchauffe... contrairement au café qui rend parfois les gens hystériques ou en manque...
Je souris en la voyant s'installer, se détendre et se mettre à l'aise, ses pieds nus dans les fibres du tapis moelleux. La Violet de notre rencontre ne se serait jamais permise une telle familiarité, mais je trouve ça touchant que petit à petit elle ait abandonné le carcan dans lequel elle avait grandi pour vivre, tout simplement.
Une fois le thé servi je commence tout de suite notre séance... A quoi bon attendre? Plus vite elle aura les réponses à ses questions, plus vite elle pourra avancer, et/ou être rassurée... Alors si je peux utiliser mon don à bon escient, je ne vais pas hésiter.
Mais dès que je commence à communiquer avec les esprits, un courant d'air se lève et je poursuis, posant mes questions. Des voix sont là pour me répondre, et surtout, lui répondre. Petit à petit j'obtiens des informations, et le mot ''mafia" apparaît, suivi d'un prénom.
Je hoche la tête à sa réaction et alors qu'elle me parle d'un contact qu'elle a dans la police, ma première idée est de lui dire que c'est une bonne piste, avant de sourire en reconnaissant le nom dont elle parle.
Zac? Je le connais aussi! Je suis allée le voir car j'ai eu un pressentiment sur la disparition d'une fillette et on s'est vus quelques fois depuis. Je ne savais pas que tu le connaissais! Dis-lui que tu as eu les informations de ma part, il te croira et peut-être qu'il pourra creuser dans cette voie...
Je fais une dernière pêche mais les lettres qui sortent sont pour le moins surprenantes ... WKSANOLIW.
Je pense qu'il doit être slave mais là... Je ne peux pas t'aider plus que ça... Peut-être que Zac est bon en anagrammes ou a quelqu'un avec le prénom et ces lettres dans le nom de famille...
Profession : Medium, tient une boutique ésotérique
Etat Civil : En couple avec le beau Tyrgan <3
26.06.22 22:52
Violet Hanovre Hadid
Ft Lowri Campbell
Je ne suis pas certaine d’avoir le droit de parler pendant la séance elle-même. Les esprits étaient souvent décrits comme des sortes d'entités animées par des émotions négatives… La colère, la vengeance, la peine leur donnaient de l’énergie pour défier les lois de la nature. Quel était l’esprit qui répondait aux questions de Lowri ? Était-ce une autre victime de ce “Lars” ? Quelqu’un qui n’avait pas eu autant de chance que Prem ?
Quoiqu’ill en soit, nous devions nous servir de cette piste. De n’importe quelle piste… Avant que le responsable ait l’idée de finir ce qu’il avait commencé. Rien que d’y songer je sentais la panique remonter. Lowri m’apportait un peu d’espoir sans le savoir. Ou bien était-ce le Seigneur qui me montrait la voie à suivre ? -“ Tu connais Zac Sanders ? Le fils de Zenon de Lascelle ? Vraiment ? ô ! ” J’approuvais son idée, je pourrais demander de l’aide au policier. Le fils de Parrain saurait certainement comment se servir de ces informations.
Ce n’était pas tout à fait terminé. Il y eut une autre réponse avec le jeu magique. Je me penchais au-dessus pour observer les lettres. Elle avait raison, cette suite de lettres ne voulait rien dire en Anglais, ni même en Allemand. Je cachais ma déception du mieux que je le pu. J’attrapais mon agenda et écrivais cette séquence sur une feuille libre. -“ Merci Lowri. Ce que tu fais … c’est déjà beaucoup pour nous. Merci. ” Doucement, je passais ma main sur mon ventre, pour rassurer le bébé et moi. -“ Je suis certaine qu’avec tout cela… Zac finira par savoir qui est ce Lars. ” De toute façon, partir défaitiste ne nous mènerait à rien n’est-ce pas !?
J'ai bu un peu de son thé. Il était tellement bon. Bien meilleur que tout ce que j’avais pu ingérer à l'hôpital. Cela faisait du bien de retrouver un semblant d’humanité. Je savais que nous ne devions pas trop nous attarder. Ceci dit, cette oasis paisible me faisait de l’effet. Par exemple, ce confortable canapé était très tentant.
Je me frottais doucement la gorge. Maintenant que mon corps se détend, je ressentais les courbatures, de la fatigue… Ces derniers jours ont été les plus difficiles de ma vie. Je dois bien le dire. J’adressais un sourire reconnaissant à ma gentille sorcière. J’osais lui faire une demande un peu plus prosaïque: -“ Pourrais-je utiliser ta douche ? Je ne me suis pas rafraîchie depuis un moment. ” Je me sentais plus en sécurité ici que dans l’autre appartement.
Elle en a fait bien du chemin, l’ancienne baronne devenue femme du peuple, épousant un journaliste d’origine indienne dont elle est vraiment amoureuse, menant une vie banale, acceptant de monter sur ma moto et buvant un thé » dans mon appartement. Bien sûr j’aurais aimé que les choses soient différentes pour nos retrouvailles mais je me dis que si l’accident de Prem a pu servir à quelque chose, autant que ce soit de nous faire nous retrouver, et pour de bon cette fois. Violet est quelqu’un de pur et de fondamentalement gentil que j’ai envie de garder dans ma vie. Mais là, le plus important est de répondre à ses questions, afin de l’aider à comprendre ce qui est arrivé à son petit ami et punir les coupables.
Les réponses arrivent vite, par chance. Les esprits ont envie de communiquer ou tout du moins il y a plusieurs esprits présents qui sont enclin à échanger avec nous. Nous apprenons toutes les deux que la mafia est sur le coup, mafia de l’Est, et que le coupable serait un certain Lars. Les lettres retrouvent leur sac en satin alors que l’on reprend notre discussion, et qu’à ma grande surprise, le nom de Zac vienne sur le tapis. Jeune homme que l’on connaît toutes les deux.
Oui! Alors je ne sais pas du tout qui est son père mais je suis allée le voir un jour où les esprits m’avaient renseigné sur la disparition d’une petite fille. Et contrairement à beaucoup de flics il m’a crue, m’a écoutée sans me prendre pour une folle… ce qui, par chance, a permis l’arrestation de son kidnappeur et de retrouver la petite. Depuis je vais le voir quand les esprits me donnent un « tuyau » de ce genre. Et toi, d’où le connais-tu?
Parce qu’en voyant Zac, plutôt rock’n’roll/jeans/baskets il a l’air de ne pas venir du tout du même milieu que Violet, mais les apparences sont trompeuses, si ça se trouve il vient d’une vieille famille aristocratique et a choisi de vivre une vie normale.
Je l’observe et je la vois se détendre, relâcher des tension qui bloquaient ses fines épaules, avant de porter la main à son ventre dans un geste qui a l’air… prometteur. J’hésite avant de demander.
Violet tu… attends un heureux événement?
En la voyant obtenir enfin les réponses qu’elle devait attendre depuis le moment de l’agression, je ressens sa fatigue qui remplace la peur et l’angoisse. Je hoche la tête en souriant.
Bien sûr. Je vais même te prêter des vêtements pour que tu sois à l’aise… Et si tu veux dormir quelques heures ici, tu peux t’installer sur le canapé ou dans mon lit. N’hésite pas, tu seras au calme ici …
Lowri Conway
LONDON PEOPLE
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20.07.22 17:18
Violet Hanovre Hadid
Ft Lowri Campbell
J’observais Lowri la sorcière, d’abord un peu interloquée par ce qu’elle me raconta. Il était certain que depuis que j’avais fait sa connaissance, je m’étais un peu plus intéressée au surnaturel. Je considérais cela comme une ouverture d’esprit. Si des personnes comme mon cher Peter et même Tyrgan adhérent à cela, pourquoi ne le pourrais-je pas ? Mais, il me paraissait que l’utiliser pour faire des enquêtes policières touchait à un autre niveau. -“ Combien de personnes avaient vous pu arrêter ?? ” Si cela avait pu fonctionner pour d’autres, alors Prem pouvait aussi être aidé par le don de la sorcière.
-“ De l’enfance. C’est le fils de mon parrain, lord de Lascelle.” Expliquais-je. Je ne voulais pas avoir à mentir à Lowri. De plus, je pense qu’elle était l’une des personnes les mieux placées pour saisir le choix de Zac de Lascelle. -“ Il a pris le nom de sa mère pour passer inaperçu. ” Mais, il était bien le fils de son père. L'héritier du titre de comte d’Avon. Comme j’étais celle de mon père le Prince d’Hanovre. Nous étions les premiers nés. -“ Nous ne nous sommes pas vus depuis des années… Je sais qu’il a eu des jumeaux. Sais-tu comment il se porte ? ” Je ne demandais pas souvent des nouvelles des jumeaux à leur père. Je sentais que c’était un sujet… complexe. Je ne voulais pas assombrir l’humeur du comte lors de nos rencontres.
Je relevais mes yeux sur Lowri. J'ai compris que mon geste venait de trahir notre secret. O bien était-ce son don qui le lui avait soufflé ? Je ne pouvais pas savoir. Mais, cela me fit paniquer et me soulagea dans le même temps. Ce serait était un beau secret. Une part de moi avait envie de le partager avec mes proches. -“ Oui… ” Je laissais un sourire se former. Intimidée par mon aveu. Je n’osais pas encore dire la vérité. Que ce trésor ne venait pas de la semance de mon époux. Edward n’avait pas réussi à me féconder. Malgré toute notre assiduité au travail. Aujourd’hui, je le prenais comme un signe de Dieu. -“ C’est tout nouveau. Je ne l’ai encore dit à personne. ” Je la regarda. J’essayais de ne pas montrer ma peur. Plutôt d’être dans une sorte de confidence sororale. -“ Peux-tu le garder pour toi ? Je préfère attendre encore un peu avant d’en parler. ” Autant, ne pas lui imposer mon fardeau de ce lourd secret. Que dire ma trahison!
-“Oh.. merci Lowri. Tu es… un ange. ” lui disais-je en allant presser ses mains. Peut-être aurais-je pu venir demander son aide plus tôt ? Je n’avais pas osé. A présent, j’étais heureuse qu’elle soit à mes côtés dans toute cette adversité. Je l'ai suivi pour récupérer les affaires. Je les tenais précieusement, car c’était une vraie aide, dans l’état dans lequel je me trouvais. -“ Je ne serai pas longue. ” La porte se referma lentement sur mon sourire. Je ne verrouille pas la pièce. Je n’étais pas à l’aise dans une pièce fermée à clef.
Cette petite douche me fit l’effet d’une bénédiction. Un petit paradis terrestre qui m’était donné. Je massais mon ventre en murmurant des promesses au bébé. L’aide de Lowri allait nous faire avancer. Je devais y croire et être optimiste pour nous trois. Je lavais aussi mes cheveux ce qui me rafraichie le crâne et les pensées. Une fois séchée et vêtue, je sortis pieds nus. -“ Je me sens beaucoup mieux… Cela fait du bien. C’est comme redevenir humaine. ” Je plaisantais un peu. Mon estomac fit alors de sacrés borborygmes. Je rougissais de honte. Si ma mère avait été là, elle m’aurait rabrouée sur le champ. -“Est-ce que tu aurais quelque-chose à manger ? ”
Dialoguer avec les esprits est une vieille routine qui est aussi banale pour moi que lire mon journal ou arroser mes plantes. Quelque chose d'habituel, qui fait partie de mon quotidien au point que je ne me pose même plus de questions. C'est là, je le fais et c'est tout, sans vraiment y réfléchir, quand l'occasion se présente. Au début il m'a fallu du temps pour trouver le bon moyen de communiquer avec eux, l'outil qui m'est propre, et qui allait servir de passerelle entre leur monde et le mien... pour ma grand mère c'est un vieux pendule fait à partir d'une broche récupérée enfant près d'un tumulus celte qu'elle tient au bout d'une chaîne. L'objet l'a en quelque sorte appelée et depuis elle ne s'en sépare pas... pour moi ça a été le hasard de mes jeux d'enfant qui m'ont fait trouver les lettres de scrabble, et maintenant je me retrouve à les tirer pour Violet, vraiment secouée et perdue, assise sur mon canapé. C'est drôle de se dire que grâce à ces petits carrés de plastique j'ai retrouvé des gens et des objets perdus, réconcilié des familles, répondu à des questions restées sans réponses pendant parfois des décennies, ou encore aidé la police et cette fois je l'aide elle, et son amoureux Prem. Et alors que mes mains s'agitent toutes seules sur la table, je souris à sa question sur le nombre de gens ''qu'on" a arrêtées.
Aucune, ce n'est pas moi qui fais partie de la police... mais j'espère que Zac a pu en arrêter certains grâce à mon aide, ou plutôt grâce à l'aide des esprits oui! Il y a beaucoup trop de mauvaises personnes en ce bas monde, parfois un peu d'aide n'est pas de refus, même si elle vient de l'au-delà!
On se découvre curieusement une connaissance commune en la personne de Zac, et j'ai envie de rire en constatant que le monde est vraiment petit, surtout quand on tient compte de nos deux mondes totalement opposés : Violet qui vient de la haute société, habituée aux rallyes, aux courses de chevaux d'Ascot et aux réceptions où on mange des petits fours servis par des traiteurs, alors que Zac a l'air d'être tellement plus... banal. Sans aucun jugement, simplement qu'il a l'air de mener la vie de monsieur tout le monde, flic, marié, trois enfants, blouson en cuir et cheveux en bataille... Si elle ne m'en avait pas parlé, je n'aurais pas cru qu'il puisse y avoir un lien entre eux, et pourtant...
Oh je comprends... Et la dernière fois que je l'ai vu il allait bien, épuisé par sa tribu mais heureux... Vous ne vous voyez plus beaucoup?
Ca n'était pas un jugement, juste un renseignement... Je sais que la vie est folle et que le temps passe trop vite mais parfois il y a autre chose qu'un manque de temps et d'énergie pour gérer sa vie pro, perso et sociale... Et c'est au milieu de cette discussion que je surprend son geste, un léger mouvement de main évocateur qui tout de suite déclenche une réaction de surprise émue. Alors c'est vraiment du sérieux entre eux s'ils en sont à ce stade de leur relation : fonder une famille. Doucement j'attrapai sa main et la serrai doucement, un petit signe pour lui montrer mon soutien et mon bonheur pour elle.
Bien sûr ne t'inquiète pas. D'ailleurs à qui je le dirai? Peter et Christian sont partis, Zac n'est pas un de mes amis proches et je ne vais pas louer une page dans le Times pour l'annoncer... Rien ne sortira de cet appartement, promis!
D'ailleurs, compte tenu de cette nouvelle, plus de tout ce qu'elle vient de subir, et de sa mine épuisée, je lui propose d'aller se doucher et surtout se changer, même de se reposer un peu. On se lève pour passer dans ma chambre, où je range un peu le bordel avant de lui sortir un legging et une robe ample qui devrait être assez confortables et la guide dans la salle de bains. Je lui sors des serviettes propres avant de la laisser tranquille se rafraîchir, en profitant pour appeler le restau indien du coin de la rue pour commander un repas pour deux. C'est toujours plus agréable d'avoir le ventre plein en temps de crise. La commande passée je prépare à nouveau une théière fumante et m'installe sur le canapé, pianotant sur mon portable. Je souris en la voyant, propre, changée et plus détendue, et lui fais signe de venir. Je ris doucement en entendant son estomac grogner.
Le repas est en route. J'ai pris de l'indien, j'espère que ça t'ira!
A cet instant on sonne et je me lève, filant quelques instants le temps de récupérer la commande et remonter les barquettes fumantes dont l'odeur d'épices embaume déjà le salon, posant tout sur la table basse.
Tu veux regarder un film? Oh tiens essaie ça c'est délicieux. Et sers toi hein, tu manges pour deux maintenant, et tu n'as pas eu une journée facile!
