Let me explain ?


Le Prince s’était rendu au domaine des jeunes Blakemore pour y partager un déjeuner familial. C’était sa première visite depuis qu’Iris et Léonor avaient quitté la maternité. Ils ont passé un bon moment. La petite était en bonne santé. Ses parents étaient fatigués mais heureux. Tel était le lot des jeunes parents. Tout était pour le mieux. Ce moment avait été simple et agréable. C’était ce dont la famille avait besoin. Oliver en ressortit pourtant tiraillé entre du contentement et une sorte de mélancolie. Il y avait, à quelques lieues de là, une autre petite fille dont il ne savait rien. Dalia avait dix-huit mois et son grand-père ne l’avait vu qu’une fois. Il n’avait pas vu la mère, sa fille, depuis l’été.

Il est vrai, qu’après l’échec de pourparlers avec le journaliste, l’Allemand avait été saisi par le découragement. Le diagnostic d’Alexia est venu achever de disloquer ses quelques espoirs pour la suite. La Princesse s’était installée chez sa sœur depuis lors. Ils s’étaient vus trois fois au cours des cinq derniers mois. Chacune des visites chez Katarina était étrange. Bien sûr, Alex refusait de rentrer avec lui…

Oliver avait la sensation d’avoir été dépossédé de son rôle. Alexia et lui parlaient des filles. Ils parlaient des affaires et des obligations. Mais, malgré ses tentatives, ils ne parlaient plus d’eux. Même sans que les choses aient été dites, l'inventeur s’était rendu à l’évidence. Jamais, il ne retrouverait le chemin du cœur de lady Hanover. Il avait également perdu celui de sa douce Maria. Elle avait fait sa vie avec un industriel Anglais. Ils avaient eu trois enfants, trois garçons, qui débutent leur vie d’adultes.

Une averse couvrait Londres au moment où l’aristocrate se présenta à la porte de son vieux rival. Il entra rapidement dans la maison. Il quitta son haut de forme mouillé pour dévoiler ses cheveux roux grisonnants. Il était de la même génération que le commandant de police. Cependant, l’adversité avait marqué ses traits. Il avait l’air plus vieux et usé. -“ Hans… ” Une poignée de main polie ouvre un espace diplomatique. Oliver ôta son manteau de laine pour le suspendre. Il portait un gilet en laine coloré, soigné.

Le regard du lord s’attarda sur les plantes vertes, les vivaces, les fleurs. Il n’avait pas vraiment la main verte. Mais, il aimait prendre soin des plantes. C’était une activité commune à Lexie et lui. -“ Un thé blanc. ” Oliver tira sur les jambes de pantalon avant de s'asseoir. Il lova son dos au dossier du fauteuil. La chaînette de sa montre à gousset cliquet comme toujours. Il avait la barbe taillée de près. Ses ongles étaient coupés, polis. L’alliance était le seul bijou qu’il portrait.

-“ Mmm. Je vais.” Les filles avaient quitté le nid. le Prince aurait dû se sentir heureux de cette étape. Il devrait être en train de profiter de sa retraite en compagnie de sa compagne. -“ Hanovre t’a réussi.” Ils n’allaient pas faire semblant de ne pas savoir. Cela n’aurait fait que renforcer l’aspect pathétique de toute cette situation. Alexia avait choisi depuis longtemps.

Cependant, ils devaient encore tenir une sorte de courtoisie masculine. Notre noble acceptait de faire ce nouvel effort. -“ Je viens de les voir. Léonor et Iris vont bien. Ils prennent tous les trois leur marque. ” Dans une inspiration, l'Allemand croisa les cuisses et posa ses mains sur son bas-ventre. C’était un sujet délicat entre eux puisqu’Hans avait perdu son seul fils. Oliver n’était pas assez odieux pour songer à une vengeance… sur ce terrain. Il aiguisa son regard avant de renvoyer la balle. -“ Comment vont Violet et Dalia ?” Bien sûr, le père n’était pas un idiot. Il savait comment sa femme fonctionnait. Ce qu’elle avait été capable de faire avec lui, elle le ferait avec les autres. Il regrettait amèrement que ce ne soit pas lui qu’elle ait confié ses volontés. Mais, quel pouvoir avait-il, sur la volonté de sa Princesse ?

Let me explain ?

Le Prince lorgna son interlocuteur avec un petit ressentiment. Un qui n’avait rien à voir avec leur passé commun. Il s’agit plus d’une injustice générale envers les pères. -“ La tradition d’Alexia et la mienne. Notre tradition.” Les hommes ne portaient pas les enfants. Mais que l’on leur laisse leur part dans l’éducation de la progéniture. Le vieux cardiaque ne savait pas non plus qu’Oliver avait intercédé, pour que le second prénom de Léonor, passe en premier: “Camélia”. Lui aussi trouvait cela dommage! Il se tut pourtant. Ils n’allaient pas commencer sur ce terrain.

-“ Ne prends pas cet air.” Saqua l’Allemand avec un air félin. Ils n’allaient pas se donner un genre, alors qu’ils étaient ici entre hommes. Hans avait passé plus de temps avec les filles que lui. Hanovre ne savait pas pourquoi on le lui préférait. Ce que cet homme avait qu’il n’avait pas. Mais, il pouvait au moins lui rappeler son rôle dans cette histoire. -“ Mh.” L’affaire de Violet avait l’air de fonctionner. Les échos étaient plutôt bons. Oli n’avait jamais douté que sa fille avait la fibre commerciale. Il l’avait vu au moment de choisir leurs chevaux.

Cette conversation était, au fond, assez absurde. Oliver se retrouve à parler avec l’amant de sa femme. Il n’aurait jamais, pensé, qu’ils en arriveraient à cela. -“Oui! Tu ne m’as pas appelé pour boire ton thé népalien! On s’en doute.” Piqua le Prince dont l’humeur était aussi sensible que la météo. Il n’avait plus assez de patience avec le monde pour faire beaucoup d’efforts avec son rival.

C’était donc pour cela qu’ils se retrouvaient dans cet échange. Lui fournir une information que l’homme avait saisi depuis longtemps. Bien entendu, au début, il avait cru que les insomnies de sa femme étaient liées à son anxcité. Mais, ce n’était pas cela. Le mal qui la rongeait avait un autre nom. Oli avait compris ce qui se passait vers l’automne. -“ … ” Ce qu’il n’avait pas en tête c’était l’avancée de la maladie. Lexie avait fait en sorte qu’ils n’aient pas le même médecin. Elle avait préparé les choses en bonne maîtresse de demeure.

-“Évidement que je m’en doutais! ” Oliver reposa la tasse d’un geste vif. Des images déplaisantes revenaient dans son esprit. Des images qu’il aurait voulu oublier! Il faisait face à ses émotions. C’était une chose de soupçonner la réalité que d’y être confronté. Son visage se décomposa lentement. Il se leva d’un coup. Il lui était impossible de rester assis. D’après les indices donnés par le commandant c’était un stade viable. Mais, cela voulait dire qu’ils devaient s’organiser. Oli jeta un regard sur sa montre. Il pouvait sans doute avoir un vol en fin d’après-midi. -“ D’accord. … D’accord.” Le roux passa ses deux mains sur son visage. Il réfléchissait rapidement.

Cela faisait accélérer le programme. Mais, ils avaient toujours envisagé de faire leur vieux jours en Allemagne. -“ Je vais faire le transfert des affaires en Basse-Saxe.” Le Bureau lui permettrait un aménagement. Ils trouveraient un accord et un remplaçant pour les dossiers. Il devait aussi discuter avec Caleb des jeunes Blakemore. Leur vieil ami comprend les priorités. Il songea alors à Violet. Le double coup de massue se fit sentir. Violet et maintenant Alex … Pourquoi Dieu les punissait-ils autant ?

Oliver trouva la première chaise sur son chemin. Il se posa dessus. Écrasé par le poids des nouvelles. Il se prit la tête dans les mains et fondit en sanglots. Il n’était pas le meilleur des hommes. Il avait eu son lot d’erreurs. Mais, ses princesses étaient ce qui comptait le plus dans cette vie, sur cette terre. Il ne pouvait pas imaginer Alexia dépérir. C’était sa Princesse… c’était la femme le plus forte qu’il connaissait. -“ Oh non. Non. ” Soufflait-il entre ses pleurs d’homme.

Let me explain ?

Le visage carré du Prince se ferma de plus en plus. Son interlocuteur le prenait-il pour un aveugle ? Le pensait-il idiot ? Qui pouvait ignorer les désirs de ce commandant ? -“C’était pour réunir ce foyer. ” L’erreur d’Oliver avait été de croire qu’Hans serait respectueux des règles. Qu’il s’en tiendrait à son rôle, comme il le faisait depuis le début. Cependant, le constat était maintenant à faire. Ni Hans, ni la belle Alexia n'avaient l’air de tenir à ce que le mariage tienne la barre. -“J’ai eu tort de croire que tu saurais rester à ta place. ” Cette place “d’ami”, qu’ils avaient tous tolérée, par affection pour la Princesse. Mais, vraisemblablement, cette bonté se retournait contre lui aujourd’hui.

C’était donc terminé ? Alexia allait donc disparaître de leurs vies ? Oliver ne pouvait pas croire qu’ils en étaient là. Ils avaient pourtant fait tout ce qu’il fallait. Aucun d’eux n'avait cédé à la tentation. Ils avaient été exemplaires jusqu’au bout. Pourquoi étaient-ils ainsi abandonnés ? Ce n’était pas juste.

-“Que … qu’est-ce que tu dis ? ” Non, ce ne pouvait-être ainsi. Ils ne pouvaient pas tout abandonner. Pas après qu’ils aient fait autant de sacrifices personnels. Comment Alex pouvait-elle accepter ? Ce ne pouvait être vrai. Sa femme n’en avait pas parlé. Elle ne lui avait rien dit en ce sens. Hans fabulait.

C’était donc cela. Le petit sportif voulait avoir sa revanche. Il voulait s’accaparer la fin de l’histoire. Oliver posa un regard dégoûté sur lui. C’était un envieux et un traître. Il ne faisait que profiter de la vulnérabilité d’Alexia. Et il n’avait aucune idée de ce dont il parlait. Il ignorait ce que cela avait été d’être marié avec une femme qui en désir un autre. -“... Tu crois que je vais me contenter de ça ?” Oliver n’était pas prêt à abandonner, lui. Il toisa son hôte. Il le détestait. -“Je ne vais pas renoncer à elle parce que tu crois que ton heure est venue. ” Alexia avait donné ses voeux devant Dieu. Ils étaient mariés. Ils feraient front ensemble jusqu’à la fin.

Ce fantôme avait volé une partie d’Alexia. Il avait empếché qu’il ait une vraie chance de se faire aimer d’elle. Il n’allait pas, en plus, lui voler sa femme maintenant. Ce ne serait pas! -“Tu t’es bien assez immiscé entre nous.” Le Prince ne pouvait peut-être pas sauver Hanovre… ni même sa fille, mais son épouse, il la sauverait. -“Je ne vais pas te laisser faire ton petit jeu. ” Hans ne s’en tirerait pas ainsi.

Les yeux de l’Allemand brillaient alors de ressentiment, de haine, de peine. Il en avait assez d’être dans l’ombre de cet homme. Cela ne pouvait plus durer. Oliver quitta sa chaise avec brusquerie. Il s’avança droit sur le seul rival de sa vie.

Let me explain ?

Comme de bien entendu le Prince d’Hanovre éludait ce qui ne lui convenait pas. Il n’avait pas du tout l’intention de donner du crédit à son rival. Hans avait été là depuis le début. Si ce n’était pas physiquement, c’était dans l’esprit d’Alexia. Ce qui était déjà trop. -“ Justement !! 35 ans ! Quel est l’intérêt de venir maintenant ? ” Maintenant, alors qu’ils étaient vieux. Les meilleures années étaient derrière eux. Cela n’avait pas de sens de briser un mariage maintenant. Les Hanovre traversaient une période très dure. Ils avaient besoin d’union. Ils avaient besoin de stabilité.

-“ Non, je ne la possède pas. Mais, je sais comment fonctionne ma femme. ” Ils avaient fait leur vie ensemble. Oliver savait comment lui parler. Il trouverait un moyen pour la faire revenir à la raison. Ce n’était pas possible qu’ils en viennent à tout cela. Ils allaient forcément trouver une solution. Ils le faisaient toujours.

Hans réécrivent leur histoire à tous. Il faisait comme si toute leur vie était un drame. Ce qui n’était pas supportable. Oliver avait appris à aimer Alexia. Il en était tombé amoureux au bout du compte. Il n’allait pas renoncé à cette femme. -“Maria ?” Maria avait eu du bon sens elle. -“Maria a fait sans vie sans moi.” Les anciens amants s’étaient revus. Un moment touchant et agréable. Ils s’étaient raconté leurs vies. Ils s’étaient montrés des enfants de leurs enfants. L’amour s’était métamorphosé en autre chose. Une affection profonde peut-être. -“ Ce que tu aurais du faire toi. ” D’ailleurs, pour cela Alexia était fautive. Sa femme aurait du encouragé son vieil amant à s’éloigner. Au lieu de les mettre dans cette situation intenable!

En fait, Oliver était au pied du mur. Il n’était pas idiot. Une part de lui savait que les jeux étaient faits. Lexie avait fait son choix sans le consulter. Pour autant, devait-il se laisser battre sans rien faire ? Alors qu’il se battait pour tenir cette famille à flot ? Alors qu’il n’aurait jamais cette vie avec Maria ? La provocation d’Hans était ce qu’il attendait. Une raison de laisser sa jalousie s’exprimer. -“Voleur… ” Leurs forces physiques étaient égales. Mais Hans était mieux entraîné.

Ceci dit, l’envie le démangeait depuis plus de trente ans. Le Prince était profondément tenté. Puisqu’il n’avait plus rien à perdre… Il serra le poing et donna un coup dans l'estomac du commandant. Juste un coup avant de reculer le plus vite possible pour échapper à une riposte. -“ J’en rêvais depuis longtemps… ” Souffla-t-il entre ses lèvres, avant de s’écarter pour sortir de cette pièce et de cette affreuse maison.