Bien sûr, il faudrait du temps à Iris et Violet pour assimiler tous les faits qu’il leur avait transmis, car ils n’étaient pas tous faciles à digérer. «Oui, tu as raison, il ne faut pas presser les choses», acquiesça Hans. «Leur laisser du temps et de l’espace est la meilleure chose à faire pour le moment». Quand elles seront prêtes, il était certain qu’elles prendraient les choses en mains, ou du moins, qu’elles accepteraient la situation, et surtout, qu’elles comprendraient mieux le choix de leur mère. Elles le comprendraient peut-être mieux que lui finalement, qui sait.
D’ailleurs, Zenon était d’accord avec lui, pour ce qui est d’encourager la communication entre Violet et sa mère. Rétablir les ponts était ce qu’il y avait de mieux. Cependant, la possibilité que Hadid veuille écarter Violet de sa famille n’était pas probable, selon son vieil ami marin, même s’il aurait bien des raisons de le faire. «Si tu le dis», dit Hans, faisant confiance au bon sens de Zenon. «Je ne peux pas nier que tout ce qui s’est passé est regrettable. J’imagine que, de son point de vue, il ne s’est fait que des ennemis en choisissant Violet pour amante. Sauf toi et Amélia je suppose». Voilà qui donnait matière à réflexion. Les manières rustres de Hadid n’étaient que pour protéger Violet, et lui-même d’une certaine façon.
Si les ponts pouvaient peut-être être rétablis entre la mère et la fille, en créer de nouveaux pour faire accepter Hadid serait une autre paire de manches. Hans doutait même que ce puisse être possible. Quoique… «Je n’aime pas l’admettre, mais accepter ce journaliste sera peut-être le mieux à faire, pour que la relation entre Violet et sa mère soit solide. Ou stable, en tout cas. Accepter Amélia à tes côtés n’a pas été trop douloureux après tout», admit Hans, sourire aux lèvres, pour taquiner son ami. «Et nul doute que si nous ne l’avions pas fait, on ne se parlerait plus depuis longtemps, j’ai raison? Vous alliez de paire tous les deux. Même si Violet retrouve ses proches, sa famille, elle ne tolérera peut-être pas longtemps que son amant soit systématiquement écarté. Surtout quand leur relation sera officialisé».
Pour le moment, parce que les choses étaient si compliquées, elle en faisait peut-être abstraction, mais pour encore combien de temps le ferait-elle? Surtout que le journaliste la soutenait réellement, notamment pour le procès et le divorce. «Oui… La priorité de Hadid n’est peut-être pas là, effectivement», admis Hans «Violet a eu beaucoup de courage de parler de tout ça publiquement. J’espère qu’il en sortira quelque chose de bon pour les prochaines générations».
Quand cessera-t-on les mariages arrangés entre les jeunes nobles? Tout le monde en serait plus heureux; il n’y avait qu’à regarder Zenon et Amélia. Il était trop tard pour Alexia et lui, mais si Hadid, et surtout Violet, pouvaient faire changer les choses, pourquoi pas? Pour le moment, Hans ne pouvait que s’assurer de passer du temps avec celle qu’il aimait. Prendre soin d’elle aussi, si elle le laissait bien faire. Hans regarda alors son ami, l’air intrigué. «Eh bien, si vous avez des médecins à lui conseiller, dites toujours. Il suffira de la convaincre». Pour ça, il lui faudrait du tact, et du temps. Alexia lui avait paru résignée à son sort. Il comprenait qu’elle ne voulait pas se donner de faux espoirs, mais consulter un spécialiste ne pouvait pas être une mauvaise chose!
Tout comme rendre visite à des amis, d’ailleurs. Quand Zenon lui proposa de venir à Bellary avec Alexia, Hans poussa spontanément un rire. «Ah! Vous nous voulez à votre merci n’est-ce pas? Vous savez bien que je ne peux pas faire grand-chose les jours de chaleur, alors je te préviens, je risque d’être ennuyeux», avoua-t-il «Mais je te conseille tout de même de lui rendre visite chez sa soeur, en Allemagne, si tu peux. Alexia t'apprécie Zenon. Elle t’écoutera peut-être. Cependant, je ne suis pas totalement contre l’idée de venir à Bellary. Si Alexia accepte, ça nous changera tous les deux les idées… D’ailleurs, pourquoi ne viens-tu pas avec moi au champ de pratique du club de golf? Je veux améliorer mon putting. Pour la retraite!»
Localisation : À Scotland Yard ou au Gentlemen's Club
Profession : Commandant de la division du crime organisé
Etat Civil : Divorcé
23.03.23 3:45
Zenon de Lascelle
Au moins les deux hommes étaient d'accord sur le fond, le temps était important dans cette histoire, mais il fallait que les gens le prennent et décident de ce qu'ils allaient faire en leurs âmes et consciences. Zenon n'allait pas non plus intercéder dans ce processus. Il pouvait aider, être à l'écoute, répondre aux questions, mais c'était bien tout. Il ne pouvait pas non plus défendre bec et ongle, Hans et Alexia, alors qu'il était un très bon ami, aussi d'Oliver. La situation était un poil compliquée, même s'il voulait le bien de tous.
C'était bien d'entendre qu'en effet, ce n'était pas facile pour Prem de se retrouver dans la situation dans laquelle il se trouvait. Ainsi que Violet bien entendu. Ces deux jeunes ne méritaient pas tout ce qui leur arrivait dans la tête. Ils avaient le droit de s'aimer, de vivre ensemble, de vivre leur vie, sans devoir quoi que ce soit à qui que ce soit. Bien sûr, dans leur monde, c'était compliqué à comprendre, puisque tout le monde devait travailler pour la bonne image, la tradition et tout ce que Zenon avait été prêt à mettre à la poubelle, le jour où il avait choisi Amélia.
- Mmm... voilà des paroles pleines de bon sens. Je pense que Violet et Prem, seraient soulagés de les entendre. Même si je peux en parler à Alexia, si vous vous permettez de le lui dire aussi, elle vous entendra sans doute beaucoup plus que moi. Après tout, la parole d'Hans, auprès d'elle, avait beaucoup de poids. Plus que les paroles du comte. En effet, nous ne parlerions plus à beaucoup de monde par ici. Violet sait parfaitement dans quelle situation elle se trouve et je pense sincèrement que ce n'est pas ce que souhaite son compagnon. Il préférait que sa famille les soutienne. Ce qui serait la moindre des choses et comme vous le dites, ce n'est pas si difficile que cela, d'accepter quelqu'un qui n'est pas vraiment de notre monde.
Il fallait parfois le bousculer, ce vieux monde. Zenon savait de quoi il parlait. Il n'avait jamais réellement oublié tout ce que sa compagne avait dû vivre, ses enfants aussi. Cela l'avait touché, attristé même, à cette époque. Aujourd'hui... il avait appris à faire avec et à ne surtout pas en avoir un fort ressentiment, à quoi bon? Car finalement, les siens avaient finalement été accepté, à leur façon et c'était bien tout ce qui comptait.
- Oui, les générations apprennent des anciennes, enfin, je l'espère.
Zenon sentait que la question de la maladie d'Alexia n'était pas simple. Et la façon qu'avait Hans de dire les choses, le démontrait un peu plus. Il suffirait de la convaincre... rien que par ces mots, De Lascelle se disait qu'il faudrait beaucoup de patience et de discussion pour cela. La maladie était tout aussi taboue dans ce monde, que d'autres problématiques. Ils n'avaient pas le droit de montrer des faiblesses, comme si être malade était une tare, qu'il fallait cacher aux yeux du monde. S'il pouvait comprendre l'inquiétude de son amie, sur ce que cette maladie lui ferait, il ne voyait pas pourquoi il fallait s'empêcher de se faire soigner, correctement. De s'offrir une meilleure qualité de vie. Ce n'était pas une punition de Dieu, bien que certains puissent le croire.
- D'accord, d'accord, je ferai le nécessaire, comme je le peux.
Zenon se calait un peu mieux dans son fauteuil, avec un petit sourire en coin au trait d'humour de son ami. Il n'estimait pas avoir les gens à sa merci à Bellary, il estimait juste que tout un chacun, y trouvait un moyen d'être tranquille. Même si certains étaient incapables de le reconnaître. Il se frottait très légèrement la barbe, tout en croisant les jambes.
- Disons qu'ainsi, vous serez bien obligé de profiter de ne rien faire et ainsi, prendre soin de vous. L'observant. Je n'ai pas peur des gens ennuyeux, nous pourrons faire quelques parties de cartes. Toujours tranquille. Hochant légèrement de la tête. Je vais voir ce que je peux faire pour Alexia, je peux trouver du temps pour me rendre là-bas. Les voyages n'étaient pas très bons pour son dos, mais que ne ferait-il pas pour les gens qu'il aime? Avant de rire légèrement. Qu'avez-vous tous avec le golf? Amusé. Si cela vous fait vraiment plaisir, je vous accompagnerai, mais ne comptez pas sur moi pour y passer toute ma retraite. Taquin. Ce n'était pas le sport qu'il appréciait le plus, il avait plus de plaisir à avoir les mains dans les moteurs de ses vieilles voitures, ou sur le dos d'un cheval. Quand voudriez-vous y aller? Autant prendre rendez-vous, tout de suite.
