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Léandre posa doucement une main sur son bureau. Son geste était calme, mais il était surtout le reflet d’une véritable tempête intérieur. Jessica Kennan avait réussi à le faire sortir de ses gonds. C’était bien la première fois que cela arrivait au tribunal, d’autant plus pendant une audience. Tyler avait senti la colère monter… il avait préféré suspendre la séance. Ce qui représentait pour le magistrat un aveu de défaite. C’était la première qu’il le faisait pour lui-même. Enfin, les débats n’avaient plus rien de serein, puisque du procès, cela s’était focalisé sur son lien avec l’avocate. Keenan avait mordu le trait. Elle avait franchi toutes les limites possibles, son agressivité et son ingéniosité avaient poussés le magistrat dans ses retranchements. Le froid du bois était apaisant. Tyler voulait garder son calme. Quelque part, il aurait voulu faire comme tant d’autre, avoir un geste de colère et casser quelque chose. Mais Léandre trouvait cela risible. Lâcher ses émotions de cette manière n’était pas digne d’une adulte mature émotionnellement… ce qui n’était pas le cas de l’avocate. Keenan s’était montré plus que désagréable. Tyler ne s’était pas imaginé une telle hargne. Le jeune juge s’était peut-être adouci ces derniers temps. Léandre avait désormais sa réputation faîte. Il était reconnu dans ses qualités de professionnels. Il n’était plus le jeunot de Caleb et l’aveugle de service, il était juge. Et même : un bon juge. La considération de ses paires avait amené Tyler à avoir les crocs moins longs. Léandre avait aussi eu de forts moments de fatigue… la faute étant surtout au fait qu’il s’était concentré sur sa propre histoire familiale. D’un point de vue professionnel, c’était un dossier de grande envergure, de l’autre, c’était encore très douloureux. Tyler fit quelque pas dans le bureau vide. Mélanie avait fui dès que possible. Elle n’avait pas envie d’être la victime collatérale du magistrat. Léandre profitait donc des lieux, posant sa respiration pour se calmer. Tyler avait appris à gérer de haut niveau de stress, à l’angoisse… et la colère faisait partie de ces émotions négatives. Léandre posa ses lunettes et ferma les yeux, la main sur le front. La fameuse ride du lion était bien présente. Tout comme une belle migraine. Tyler allait avoir besoin de trouver le moyen de se décharger de cette terrible journée. Il avait assez travaillé pour la journée. Enfin, le plus exacte était qu’il n’était plus en état pour le faire. Le magistrat pourrait toujours venir le lendemain matin à la première heure. Après un long moment, Léandre prit le temps de consulter quelques documents… pour finalement les clore et s’organiser pour rentrer. Il était encore tôt. Assez tôt pour profiter de cette soirée malgré cette après-midi désastreuse. Tyler était donc sur le point de ferme la porte de son bureau. L’agacement revenait en force, surtout au bruit de talons cadencé de l’avocate. Une vraie sorcière. C’était sans doute pour ça qu’il l’appréciait aussi. Se voulant tranquille, Tyler ne lui laissa pas le temps de lancer la conversation. « La suite de l’audience se déroulera demain. ». Que voulait encore Keenan ? | OBJECTION! Messages : 434
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Quatre ans c’est ce qu’il a fallu pour remporter un challenge personnel. Ces défis apportent toute leur saveur au métier. Autrement cela tournerait à l’ennui mortel. Répéter des argumentaires similaires et constater la victoire facile. Non, Jessica ne veut pas tourner en rond, dans ce boulot. Sinon il n’y a aucun intérêt à le faire. Elle est devenue avocate pour défier les règles. Puisqu’il est impossible de mettre un monstre derrière les barreaux dans ce monde, autant aller jusqu’au bout de la monstruosité.
Il faut dire que la partie n’était pas gagnée d’avance. Léandre est un bon juge en soi. Il fait ce qu’il faut. C’est d’ailleurs tout ce qui rend l’interaction stimulante. Jess éprouve une certaine satisfaction en déambulant dans les couloirs du palais. Sur un plan professionnel c’est une nouvelle preuve de sa compétence machiavélique. Bientôt, elle pourra enlever le “&Co” sur le frontispice du cabinet. Il sera à elle et rien qu’à elle. Ensuite, sur un plan intime, c’est un retour de flamme. Bon, certes, Tyler l'a bien énervée sur la fin.
Qui sur cette terre a le droit de la ghoster ? Personne. Les hommes sont à son service et non l’inverse. C’est une règle d’or dans son code de conduite. Dès que l’un d’eux tente de changer ça, il faut rétablir les choses. C’est comme cela! Jess ne sera jamais dominée. Jamais. Plutôt tuer qu’être tuer. C’est grâce à eux qu’elle a compris ça. Enfin, toujours est-il qu’elle a envie de prolonger le plaisir. Elle prend donc la direction du bureau du magistrat.
Juste à temps, l’Anglais ferme la porte au moment où elle arrive. Il a la posture de celui qui n’en peut plus. La greffière a dû plier bagage. Keenan ralentit et attend qu’il vienne remonter le couloir. Plutôt que de nourrir son agacement, elle veut jouer avec le sien, encore. _ « Je sais. » Ce n’est qu’un premier round. L’affaire va certainement durer un mois, voire deux. L’avocat de l’attaque n’est pas aussi bon que Peter. Mais, il tient la route. L’important n’est pas là. L’important c’est que la tension qu’il y a eu dans la salle a enfin ramené la petite vibration dans le creux du ventre. Cette sensation qui commençait dangereusement à s’estomper.
Telle une vipère elle distille sa victoire d'une voix de velours. _ « Je voulais te remercier. Je me suis amusée aujourd’hui. » Dit-elle avec un sourire en coin digne d’une tigresse. Elle fait deux pas dans la direction de Tyler. Depuis le temps, qu’ils n’ont plus rien fait d’amusant tous les deux. Au moins, ils ont un autre terrain de jeu. « Un peu de difficulté ça fait du bien. Tu ne trouves pas ? » Et puis, franchement, le double langage, tout cet implicite, y a rien de mieux pour lui donner envie de faire des prolongations. C’est là que l’Américaine excelle le plus.
Elle porte le parfum qu’il lui a offert. Bien entendu, cela fait partie de la stratégie. Mais ça n’empêche que ça ajoute encore une petite touche malicieuse. La cour sait aussi qu'il y a eu relation des parties. Aucune raison, donc, de se priver de quoique ce soit. Et puis, provoquer, c'est son arme favorite. Pour se débarrasser de toute la tension il n’y a pas trente-six solutions! Keenan connaît une bonne adresse pour boire un coup et décompresser. _ « Tu viens boire un verre. » Lui lance-t-elle espiègle et claire sur ce qu’elle vient rechercher. Puisqu’ils sont maintenant en dehors de la zone de boulot, autant se le dire, que tout ça peut inspirer la soirée qui commence.
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Oui. Elle le savait très bien. Ils avaient encore bien six semaines devant eux de procès. Ce qui voulait dire qu’ils n’étaient qu’au début et que Jessica avait réussi à imposer son rythme. Cette idée donnait des aigreurs d’estomac au magistrat. Heureusement pour lui-même, Tyler savait qu’il avait encore de nombreuses cartes en main et qu’il avait de quoi reprendre le lead… au moins de ce procès. Quand à la relations avec l’avocate… il était difficile de savoir où ils en étaient réellement. Au point mort surement. Jessica venait pour remuer le couteau dans la plaie. Léandre eu un sourire pincé, mais ne répondit rien sur l’instant. Il avait encore de la répartie en réserve, mais le silence était aussi important. Le double sens arracha pourtant un petit soupire au juge. L’avocate savait ce qu’elle voulait… enfin pas réellement. Tyler ne savait pas ce qu’elle voulait vraiment de lui. Du contact, mais pas trop, de quoi faire un lien mais sans sentiment… Quelque chose de compliqué que le magistrat ne savait pas définir. Et ce n’était pas maintenant qu’il allait réussir à le faire. Ils étaient proches. Keenan s’était rapproché de lui. Un vrai requin, enfin, tigresse. Léandre sentait l’odeur de son parfum. Un parfum unique qu’il lui avait confectionné. Il était doucement idiot avec elle, mais ce n’était pas grave. A la question Tyler eut un moment d’hésitation. Que devait-il faire ? Accepter était tentant, refuser l’était aussi. Léandre ferma d’un coup sec la porte du bureau, puis pris le temps de tourner la vielle clef en fer forgée. Il n’y avait pas à dire : la justice aimait la théâtralité. Léandre n’avait pas envie d’être gentil, ni conciliant. Jessica l’avait emmerdé toute la journée et même si Tyler s’était calmé, le magistrat avait encore la rage. Il se recula et lui prit la main, aussi vif qu’il le pu. Le juge était peut-être aveugle, mais aux vibrations, gestes et présence de la belle, il savait la trouver. Léandre n’avait pas envie de plier une nouvelles fois aux caprices de la rousse, pas cette fois. « Il y a un autre adage qui est que plus longue est l’attente, meilleur est le repas. » Il la lâcha. Que voulait-elle ? Qu’ils couchent ensemble ce soir ? Un excellent moyen de se défaire de leur agressivité de la journée. Quelque chose de plaisant. Une satisfaction que Tyler n’avait pas envie de lui donner. Léandre rangea ses clefs, lissa sa veste par réflexe et attrapa correctement sa canne blanche. « Je suis déjà invité ce soir. » Faux. Enfin, c’était en partie mais Tyler n’allait pas s’y rendre. Il avait beau être un papillon sociale, toute cette agressivité l’avait fatigué. « Quand à la suite du procès ; essaye d’éviter de tout ramener à des choses personnelles. A moins que tu veuille que cela devienne le tien. ». La justice était bafouée, il fallait remettre un peu d’ordre dans tout ça. Pourtant, Tyler sentait bien qu’il n’avait pas envie de la laisser partir. Il souhaitait retrouver ses bras, la chaleur de sa peau… et tout ce contact fiévreux. | OBJECTION! Messages : 434
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L’exaspération du magistrat est lisible sur tous les tons. Il le transpire, le dit, le montre. De fait Jessica n’a pas mémoire d’avoir entamé autant de terrain face à cet adversaire. Il peut y avoir une multitude de raisons à cette progression. La rouquine penche naturellement pour son propre talent. A force d’exercer, elle saisit le fonctionnement de ses opposants, leur méthode, leurs fragilités.
Depuis cet hiver sa tactique a évolué. Elle est moins, dans le frontale, plus dans le sournois. Les infos qu’elle a via le Réseau lui donne un certain avantage. Sans compter qu’elle commence à connaître le terrain. Londres n’est pas si grande. Les viviers sont stables. Il y a eu certains dossiers emportés au nez de la Proc’. Richards ne veut rien montrer. Pourtant le parquet n’est pas tranquille depuis quelque temps. Léandre en est une incarnation parfaite.
Quand il hésite, comme à l’instant, c’est aussi un peu de la Justice qui est fébrile. Au fond Tyler et Keenan sont deux entités antagonistes. L’aveugle l’étonne toujours quand il part à son handicap, qu’il se montre plus véloce qu’un félin. La belle arqua un sourcil. Une main approchant tranquillement de la chemise. Mais tout cela fut avorté aussitôt suggéré. Le soleil est caché par un nuage imprévu.
Jess a une moue. Cette petite résistance masculine contrarie son plan de la soirée. Surtout, quel est l’intérêt de lui tenir tête, alors qu’ils peuvent se faire du bien ? _ « C’est une menace ? » Susurre-t-elle maintenant sur un autre registre. Provoquer son adversaire, avec des petites attaques, et des sous entendu est une chose. Mais s’en est une autre de prévoir une contre attaque juridique.
_ « Tu sais que je réagis super mal aux menaces. » Reprend donc la rousse d’une voix douce-heureuse. Il y a un ex dont le corps peut témoigner de la capacité de défense de cette femme. La mettre en tension peut se retourner contre eux… les hommes. _ « Alors… Ne me fais pas le bad-boy si tu n’es pas sûre d’aller jusqu’au bout… » Elle le toise, de la hauteur de ses talons-aiguilles, mécontante de la tournure de ce petit jeu. Les hommes et leur fierté mal placée!
Jessica a alors un sourire félin au coin des lèvres. _ « Parce que crois-moi Léandre, t’as pas les reins pour me faire plonger. » Décrète l’avocate sans préciser s’il parle de l’affaire publique, ou privée. Quelle importance ? Tout est relié dans leur cas. C’est comme ça quand on couche avec un.e collègue. Ça fait partie de ce qui épice la partie.
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Toute cette assurance et tous ces sous-entendus étaient irritants. Si Léandre n’avait pas été autant envoyé dans ses retranchements, les piques de Jessica l’auraient fait sourire. Il répliqua finalement. « …Ce n’est pas une menace. Je t’informe. » Parce qu’il était encore amoureux d’elle. Léandre n’avait pas envie de la blesser, réellement, mais à force de l’attaquer, cela devenait la seule réponse pour le magistrat. « Tu ramènes le privé pour l’étaler en place public et en nourrir les ragots. » Voir la presse. Après tout, Tyler avait bien compris que les journalistes dans la salle s’étaient révélés particulièrement attentif à l’audience. Tout le monde voulait se nourrir de cette débâcle. « Je ne veux pas aller sur ce terrain. Mais si tu continue à me forcer la main, je vais vraiment devenir méchant. » Léandre le disait encore calmement, avec toute le flegme anglais qui le caractérisait. Bien qu’il n’en ait pas une goutte de sang dans les veines… Révélation qui avait mis à mal le juge. Léandre passait beaucoup de temps et d’énergie à travailler sur cette affaire. Il y avait de quoi faire tomber beaucoup de monde. Et même lui-même, s’il mettait trop d’énergie dans cette bataille au détriment de son quotidien. Tyler sentait que Jessica était toute proche et qu’elle s’était peut-être rapprochée à un moment. Léandre n’était pas insensible à ses charmes, loin de là. Il avait envie de la protéger… et de l’aimer. Mais le magistrat savait aussi que son premier devoir était d’arrivé à se protéger lui-même. Jessica était vraiment cruel par moment avec lui, au niveau des sentiments. Chose qu’elle ne rendait probablement pas compte, puisqu’elle était aussi une des rares à le considérer normalement. C’était quelqu’un d’agréable et même attentionnée quand on la connaissait réellement. Alors que ça aurait pu passer pour de l’insolence, Léandre fut franc « Je n’ai pas envie de te blesser. » Parce qu’il savait désormais où appuyer pour faire mal, très mal. Connaître Jessica lui avait permis de savoir comment la blesser très violemment. Tyler était prêt à partir. « Restons en nous là pour aujourd’hui. » Cela serait plus sage. Mais depuis quand Jessica l’était ? Léandre jouait la carte de l’apaisement car ils savait que l’échelle de conflit allait les amenés vers un non-retour et un affrontement mortel pour les deux. Le magistrat n’avait vraiment pas envie d’en arriver là… Et pour le reste, Tyler avait bien compris que Jessica avait la capacité émotionnelle d’une huitre et qu’il ne fallait donc rien attendre à ce niveau. Au moins l’aurait-il vraiment prévenu auparavant. Pour le reste, Léandre n’était pas un jouet que l’on pouvait tordre dans tous les sens, ni un quelqu’un que l’on pouvait appeler uniquement lorsqu’on avait envie de lui. Léandre savait très bien que cette manière de résister au plan de Jessica, ainsi que ses désirs allaient énormément la frustrer. C’était la meilleure réponse à donner, bien qu’elle soit aussi frustrante pour le magistrat quelque part. Tyler était prêt à entendre la répartie de la belle… et il était prêt à répondre en mordant au sang si nécessaire… Bien qu’il espérait vraiment qu’elle ne franchisse pas le cap. Ce n’en était vraiment pas la peine. | OBJECTION! Messages : 434
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Pour l’heure, l’avocate se contente de sourire. Certes, l’influence du jeune juge s’est étendue. Il aurait potentiellement les moyens de nuire au travail qu’elle produit. Mais, c’est une une chose de susurrer des menaces. Il en est une autre de les mettre en œuvre. Les hommes de la magistrature sont aussi flagorneurs que les nouveaux riches, les politicars. Ils en appellent à des guerres qu’ils n’ont pas les tripes de vivre. Tandis que les plus dangereux ne parlent pas. Ils agissent. Voilà la différence entre un John et un Léandre.
_« Méchant. » Ceci dit, parfois, il y en a un qui sort du lot. Il dévoile un potentiel. Jess en a croisé comme cela. Elle les a amené à la bonne porte. Aujourd’hui, ils sont tous des plumes du Réseau. Parce qu’au fond l’être humain ne veut pas de la paix. L’homme aime le pouvoir. Peter Adeane est sur le point de rompre ses vœux. Tyler serait le prochain.
Encore une menace dans l’air. La rousse sourit. Tyler veut-il lui faire croire qu’il est disposé à aller aux armes ? _« Me blesser ? Toi ? » Lui demande-t-elle, un rien curieuse de voir jusqu’où ils ont avancé. Mais Tyler n’a pas les armes de son mentor. Blakemore reste bien plus dangereux. Ses connexions avec le Directeur en font un adversaire retors.
Le dernier homme à avoir attenté à son intégrité physique a mal fini. L’épisode parisien aurait donc si vite été écarté de l’esprit de Léandre ?
_« Pourquoi tu dis que tu veux arrêter ? » Murmure Keenan sans faire le moindre geste. Ils n’ont pas besoin d’un contact pour que la tension augmente. Le désir ne se trouve pas que dans la chair. L’esprit fantasme bien avant que la peau ne touche. La belle ne fait qu’utiliser la méthode des hommes. Ces prédateurs éternels que la société adoube. « Tu ne veux pas arrêter. » Continue-t-elle à chuchoter en mélodie douce heureuse. Siègeant les mâles de toutes les époques et de tous les milieux. Jessica s’est fondue dans leur ombre et elle est celle qui décide.
Son œil observe le couloir vide. Les portes sont closes. Les caméras sont un peu partout. Leurs ombres sont enregistrées. Le bureau est un bon lieu de repli. _« Allez, dis-le. » Fait-elle dans le creux de son oreille. Ce petit jeu de rôle l’embrase lentement mais sûrement. Il faut dire que Léandre l’a émoustillé tout l’après-midi avec son jeu de répliques.
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Tyler était exaspéré. Jessica avait poussé trop loin les limites du juge pour qu’il veuille encore jouer. Elle brouillait les lignes entre le privé et le public, elle mettait en danger l’image du magistrat. Léandre n’avait pas tout construit pour que cela s’effondre de la sorte. A un autre instant, Tyler aurait pourtant plus plaisir à se laisse dévorer par le charisme de Jessica. « Non. » Le magistrat avait prévenu l’avocate, désormais, il ne se retiendrait plus lorsque cela serait nécessaire. Jessica était le genre de femme qui construisait tout dans sa vie, même son propre malheur. Tyler mit une main en avant, signe qu’il ne voulait pas avoir de contact physique. Il n’y aurait rien. Il n’y aurait plus rien. Il était nécessaire qu’il se protège de toute ça. Jessica était comme un chat qui jouait avec sa proie, le problème étant qu’il n’était pas comme ça. Tyler n’avait plus envie de jouer. Léandre utilisa sa canne pour la placer contre le mur et suivre ce dernier. Il se mit à avancer. La porte du bureau était fermée, il pouvait désormais partir, plus rien ne le retenait ici, pas même Jessica. Au moins, la colère avait le don d’anesthésier tout autre sentiment. « Trouve toi quelqu’un d’autre. » Et laisse moi tranquille. Il mit un point final à la conversation « Bonne soirée. ». Ils se verraient bien assez tôt le lendemain. Tyler marchait normalement et ne l’attendait pas. Ce n’était pas une comédie pour se faire désirer. Il en avait réellement assez. | OBJECTION! Messages : 434
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Une main se matérialise entre Jessica et le juge. Mais, ça n’a rien à voir avec un geste de jeu, ou de séduction. Non, c’est plutôt un mouvement repoussoir. La rousse baisse les yeux pour observer le barrage. Un barrage que certains être humains ne comprennent pas quelque soit la langue qu’ils parlent.
Enfin, ici, ils atteignent le point de rupture. Même l’homme le plus attaché finit par se rendre à l’évidence. Il est impossible d’aimer une femme vide. Une coquille vidée de sa substance primaire. Jessica le sait aussi bien que son amant. A la seule différence, que d’ordinaire, c’est elle qui annonce la fin. Ce n’est pas l’autre. C’est elle qui décide… _« Tu me dis non. » Constate la tigresse plus étonnée que fâchée.
A son actif, le seul homme à avoir pu lui dire “non” était son paternel. M. Keenan est en effet le seul à avoir résisté au charme de la rouquine. Celle-ci contemple donc la fuite de Tyler, interdite et silencieuse. Elle ne sait pas encore ce que cela provoque chez elle. Parce qu’au fond, elle sait pourquoi il dit “non”. Ils n’en ont pas encore terminé ensemble. La vindicte du jeune juge provoque un doux rire. _« Quelqu’un qui se prend moins au sérieux, oui! » Formule clairement la belle en croisant les bras sur sa poitrine.
Ce n’est pas un partenaire qui manque. Une application et elle aura autant de mecs qu’elle en a envie. C’est un autre aspect de la relation qui a changé. C’est intéressant. Comme toute princesse Jessica est inapte à entendre “non”. Léandre vient d’ouvrir un nouveau challenge personnel. Un défi qui change d'ailleurs de celui qu’ils ont sur les planches du tribunal. _« A demain… chaton. » Puisqu’il n’est rien de plus qu’un bébé qui boude il sera ce petit animal ridicule.
Appuyée contre le mur, Jessica sort son paquet de mentholée pour en préparer une. Un de ces nombreux rituels qui l’aide à poser sa pensée. Sans un regard, sur le couloir, elle prend la direction opposée au juge. Fois de Keenan, un jour, cet homme reviendra réclamer. En attendant, Jess allait soigneusement préparer la contre-attaque du lendemain. Pas de quartier.
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