Der Schwiegersohn….

Votre passage était prévu de longue date. Violet avait évoqué ce projet quand elle était venue nous voir. Katia m’en avait reparlé. Je ne voulais pas fonder trop d’espoir sur une visite. Pourtant, depuis notre réveil, je me sentais habitée par une impatience presque juvénile. Je ne parvenais pas à me poser ou à me fixer sur une activité. Je me trouvais insupportable. Hans devait probablement le penser aussi. Mais il avait assez de finesse pour ne pas m’en fustiger.

Je me sentais hautement soulagée qu’il soit ici. Contrairement à ce que j’avais cru, sa présence avait des effets insoupçonnés. Nous nous faisions une vie ensemble, à deux. A des moments qui n’étaient ni chronométrés, ni secrets. Plus je l’expérimentais et plus je comprenais une partie de vos raisons à vous deux. L’amour était compréhensible pour une fille qui a aimé à vingt ans. Ce qui me faisait le plus peur concernait vos différences.

Votre arrivée s'est bien passée. Ma sœur était venue spécialement pour voir sa nièce. Sa simplicité était bienvenue. Elle barrait la route aux tensions. J’avais longtemps dit qu’elle aurait été une très bonne Princesse. Ce n’était pas ainsi que l’on choisissait. Nous finissions déjà le thé. Je pouvais voir Violet lancer des regards vers l’extérieur. Il faisait beau. Ma fille ne résistait jamais à l'appel de la nature. -” KATIA: Nous allons faire ce tour ? ” Naturellement ma fille réagit. -”Ya!” La coupelle posée, elle se levait déjà.

Je sonda Hans du regard pour m’enquérir de son envie. -”M. Hadid ?” Commençais-je, interrompue par un -”Mutter!” Il est si vif qu’il me prend par surprise. Qu’avais-je donc fait ? Je n’eu pas le temps de poser la question qu’elle y répondit : -”Ne commencez pas à faire ce genre de manières. Je vis avec cet homme, je dors avec cet homme. Il est le père de ma fille. Je suis sa femme. Juste ciel!” J’en demeure coi. Croisant le pouffement discret de ma sœur. Entendre Violet jurer si vertement, me répondre si vertement, avait quelque-chose de… Je ne trouvais pas le mot. Qu’elle avait changé. -”Il s’appelle Prem.” Me dit-elle encore, comme si je n’avais pas compris la première fois. D’ailleurs, je l’observa aller vers vous. Sa façon d’effleurer votre barbe noire racontait une intimité. Je détournais spontanément mon regard.

Une fois avec les hommes je recommençais ma tentative. -”Prem donc… ” Vous dis-je, tout en essayant de conserver un minimum de courtoisie. -”Voulez-vous m’accompagner à la serre ?” Cet endroit était parfait pour parler sans être dérangés.

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Der Schwiegersohn….

Combien de conflits ont accueilli ces pierres magnifiques ? Mères et filles ont dû se déchirer tant et tant de fois ici bas. Je crois que cela fait partie du cycle. -«HANS: Comment parlez-vous à votre mère?» L’intervention de mon cher Hans fit faire volte-face à ma fille. Je vis qu’elle n’était plus ma petite fille. Pas même la jeune compagne du Baron qui cherchait sa place. Elle était ancrée sur terre. Vous le devais-je M. Hadid ? -”De la seule manière qui fait qu’elle prête attention à ce que je lui dit.”

Je vous observe maintenant. Loin de la foule du mariage c’est bien plus simple. Je vois que vous vous êtes un peu raffiné. C’est une bonne chose. Princesse ou non vous avez épousé une femme de haute lignée. -«Violet et moi avons passé un très bon moment à Hambourg. Elle m’a fait visiter les plus beaux endroits, et nous sommes allés au théâtre. C’était très beau. On ne regrette pas du tout d’avoir passé notre lune de miel ici». Bien sûr, notre terre sait se faire aimer. Voilà pourquoi tant ont voulu la ravir au travers des siècles.

J'acquiesce. -”Violet a toujours aimé Hambourg.” Il y a des choses que je sais sur ma fille que vous ne savez pas. Que vous ne saurez peut-être jamais. N’est-ce pas moi qui l’ait porté, mise au monde… Moi qui lui ait ouvert les yeux sur les beautés et les cruautés du monde des Hommes ? Je sais maintenant que je n’ai pas été assez spécifique. Les monstres se parent des plus beaux habits. Cela j’aurai dû lui redire.

-«Ce n’était pas une visite qu’on avait prévue, mais c’était important pour moi de vous rencontrer. Et vous remercier! Votre discours à notre mariage m’a touché, et Violet aussi». Je ralentis et posa mes mains contre mon bas-ventre afin de cacher leur tremblement. Si mon discours avait porté mon message alors j’en étais contente. Même si je trouvais dommage d’avoir dû attendre jusque là pour avoir une réelle opportunité de prendre la parole. Oliver et Violet ne sont pas les plus simples avec qui cohabiter. Je n’allais pas les accuser devant vous. Les Hanovre forment un clan soudé… N’est-ce pas ?

-«Je ne croyais pas cela possible, après avoir eu affaire à votre mari». Cette fois, j’échangea un regard avec Hans. Il était l’un des rares hommes à connaître la vérité. A savoir qu’être mari et femme impose des responsabilités, des obligations… Comme celle d’observer une posture commune. Si Oliver était venu au mariage, c’est sous ma menace explicite. Mais de cela non plus je n’allais pas vous parler. -”Il est clair que notre fille a fait son choix. Vous êtes son choix.” Mon avis sur ce choix n’importait plus maintenant que Violet avait tourné le dos à son nom, à l'Église. -”Le nier aujourd’hui serait totalement idiot.” Nous en étions tous d’accord.

Je planta mon regard dans le sien. -”J’aime ma fille M. Hadid.” Je n’allais pas parler au nom d’Oliver aujourd’hui. Nous étions entre nous. -”Je n’ai certainement pas espéré tous ces… drames. Mais je lui ai toujours souhaité une belle vie.” Loin de ce que ma propre mère m’avait souhaité. J’avais tant essayé de me détacher d’elle. Voyez à présent, comme tout se répète. Mais, nous allions faire mieux. -” Vous allez la lui donner.” Dalia était d’or et déjà une merveilleuse petite fille. -”Et vous allez la chérir jusqu’à votre dernier souffle.” Lui dis-je encore en avertissement.

Maintenant Oliver ne ferait pas éternellement sa mauvaise tête. Hans et lui veilleront sur vous. Vous ne seriez jamais en difficulté. Cependant, jeune homme, sans doute n’avez-vous pas conscience du joyaux que vous avez subtilisé à notre monde. -” Car vous avez ravit l’un des plus beaux espoirs de cette génération.” Iris ferait le travail. Je n’avais pas de doute. Mais, Iris n’avait ni l’intuition, ni la bonté de sa sœur. Enfin… -”Allez faites-moi donc un bouquet de violettes.” Vous lançais-je afin que vous ayez le temps de peser tout ceci dans votre vivace esprit.

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Der Schwiegersohn….

Votre sincérité ne me fit pas de doute sur l’instant. Vous aviez l’air de penser ce que vous disiez. Un point qui vous distingue tout de suite du premier mari de Violet. Aviez-vous rencontré le Baron de Crawley ? Sans doute lors de la procédure judiciaire du divorce ? Ma fille vous auriez-elle confié ce qui se passait dans leur mariage ? Ils nous était difficile d’évoquer ce sujet elle et moi. Violet se défiait de moi. Je ne savais pas pourquoi. -”Violet a besoin d’amour.” Davantage que sa sœur n’en avait besoin, ou encore leur père. Elle faisait partie des cœurs sensibles.

Je m’étais faite à la rébellion de ma fille. J’étais même disposée à accepter mes torts. Je n’avais pas été la mère qu’elle attendait que je sois. Je l’avais abandonnée, dans une certaine mesure. Mais, cela ne voulait pas dire que nous avions fait fausse route sur tous les points. Un journaliste comprend l’aura d’une personnalité publique. -”Ne faites pas semblant de ne pas saisir ce que je vous dis M. Hadid.”

-”Croyez-vous que ce genre de décision se fait à la légère ? ” Peut-être était-il naïf finalement. Violet ne lui avait donc pas expliqué ? La procédure ne pouvait pas être défaite. C’était un acte fort. La Couronne ne reviendrait pas en arrière. Le Roi avait déjà fort mal pris le divorce… alors l’abdication n’avait fait que nous enterrer davantage dans la disgrâce. Nous avions échappé au bannissement de peu. Et cet enfant du peuple croyait…

Enfin pour sûr, il savait bien manier les mots. Je voyais bien pourquoi Oliver avait du mal avec lui. Ils se ressemblaient! Faire appel à mon héritage était astucieux aussi. Je pris le bouquet de violettes pour le mettre en vase sur une autre table. Cela me permet de réfléchir à cette proposition totalement absurde. Oui, je pouvais agir en dehors d’Oliver. J’étais la Princesse d’Hanovre. Mais, ce serait nous fragiliser un peu plus, nous diviser un peu plus. J’abandonna les fleurs pour m’approcher de mon meilleur confident.

Dans ce domaine en particulier je n’étais pas objective. J’en étais pleinement consciente. Mon désir de faire la paix, d’avoir la paix, me poussait à penser autrement. Je chercha donc le regard d’Hans. -”Qu’en penses-tu mon chéri ?” Une telle bataille était-elle à entreprendre ? Moi qui n’aspirait qu’à la tranquilité et le repos, je ne me sentais plus la hargne de mes débuts. Pourtant, il y avait aussi cette voix, en moi, de la femme éprise de lui depuis tant d’année. Cette voix réclamait une justice, un honneur, qui peut-être pouvait passer par ma fille ?

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Der Schwiegersohn….

Là encore, mon oreille saisissait la sincérité de votre parole. Il est vrai que vous étiez resté auprès de ma fille. Chaque fois qu’une porte de sortie lui avait été proposée, vous aviez refusé. Il y avait une réelle chance à ce qu’il soit un meilleur compagnon de route pour Violet et ce malgré ses influences politiques sur elle… Devais-je renoncer à retrouver ma fille, l’enfant que j’avais élevé pour son propre bonheur ? Je suppose que je n’avais plus tellement de choix.

La chronologie des événements démontrait, justement, toute la difficulté dans laquelle nous nous étions trouvés. Violet s’était obstinée tout au long de cette période. Elle aussi avait refusé toute l’aide que nous lui avions proposé. Quant à sa grossesse… bien qu’adorant Dalia, je continuais de me dire que cette enfant était arrivée au mauvais moment. -”Nous n’avons eu de cesse de l’appeler à revenir auprès des siens. Mais vous avez fui en Ecosse. Elle s’est enfuie des bras de son père. Elle a refusé d’écouter les conseils de notre médecin de famille. Violet a clairement et simplement coupé le dialogue.” La pression médiatique fait partie de notre univers. Les filles ont été élevées en étant conscientes de cela. -” Vous êtes encore naïf.” Que croyez-vous qu’il allait se passer en séparant une héritière de renom de sa famille et de son mari ?

-”Dès l’instant où votre liaison a été découverte les choses étaient scellées. Iris devait être préservée et notre nom aussi.” Voilà une vérité qu’un journaliste gauchiste ne pouvait pas comprendre. Nous sommes issus de mondes différents. Il allait falloir se faire à cette idée maintenant que le mariage était fait. Nous avions tous et toutes à vivre avec les conséquences de cette romance totalement folle.

Je pouvais comprendre ce qui agaçait Hans vous concernant. Il avait eu à faire à vous dans d’autres contextes. Mais, je sais que chacun de vous pouvez faire un effort, quand il était question de Violet. Elle n’en avait pas conscience. Pourtant ma fille avait un don pour rendre les gens meilleurs. Intuitivement, je savais aussi que deux hommes s’écoutaient bien plus attentivement entre eux. Vous aviez enfin l’air de comprendre quel était le poids de vos actions. C’était un début.

Je fus d’abord surprise. Mais, il était vrai que l’exemple des de Lascelle tombait à propos. Ils avaient vécu la même chose. Zenon serait allé loin avec Mallory. Ils auraient eu une influence sur la coure. Cela aurait fait du bien au royaume. Mais, ils avaient choisi de s’exiler à l’autre bout du monde. Leur descendants ne voulaient pas du titre. La lignée allait s’éteindre. Quel gâchis. Quelle tristesse.

Je vis, que l’argumentaire de mon doux ami trouvait un petit écho chez vous, monsieur Hadid. J’avais donc bien fait de le faire intervenir dans la discussion. J’inclina du chef dans ta direction pour t’encourager à terminer. Tu étais parvenu à l’amener où il fallait pour qu’il comprenne la réalité. -”C’est honnête de votre part de le reconnaître aujourd’hui.” Des vérités aussi tranchantes, ne sont jamais aisées à accepter. Il m’avait fallu plus de dix ans pour accepter que l’homme que j’aimais n’était pas apte selon les lois à être à mes côtés.

Peut-être que le Baron aurait accepté un arrangement dans leur mariage. Sans doute que cela aurait simplifié la vie des deux côtés d’ailleurs. Le jour où Violet avait décidée d'assumer sa relation avec un Travailliste ordinaire, elle avait dit adieu à ses prérogatives princières. Ce qu’elle savait très bien. Ma fille connaissait les règles mieux que quiconque. -”M. Hadid, j’espère que vos différents choix, en valent la peine. Je suis sincère. ” Oliver et moi avions cet espoir. Toi aussi mon chéri, je sais que tu as à coeur le bonheur de Violet.

-”Vous avez choisi un chemin difficile.” Tout le monde n’avait pas la force de vivre à la frontière de son ancien monde. Mais, enfin, Violet était une Hanovre, elle était puissante. Elle tiendrait.

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Der Schwiegersohn….

Vous aviez une vision très arrêtée sur ce qui s’était passé. Je n’étais pas aussi convaincue que vous sur la résolution du problème. Nous autres aristocrates disposons d’outils pour que tout à chacun y trouve son compte. Il pouvait y avoir des compromis de fait. Le Baron de Crawley n’était pas tendre mais, il n’était pas stupide non plus. Quant à Oliver… Il se serait montré plus clément. Je connais ma fille. Je suis certaine qu’elle y avait songé. -”Nous ne le saurons jamais.”

Il est vrai qu’il y avait le titre de Zenon dans la balance. Je ne me faisais toujours pas à cela. Quelle idée avait-il eu en faisant cela ? Il n’y avait pas plus clair pour nous désavouer devant la coure… Mais, bien sûr, notre cher ami se moquait des conséquences. -”Amélia fera un bon professeur… ” Ironisais-je. Je connaissais cette femme. Elle allait surtout nourrir la rébellion. C’était ce qu’elle faisait de mieux…

Enfin, vous aviez raison de souligner l’inégalité entre vous et ma fille. Elle avait fait un énorme sacrifice. Nous ne pouvions que lui souhaiter qu’il soit valable. Elle aurait fini par avoir un enfant avec Edward. Cela aurait pu adoucir leur ménage. Elle se serait épanouie à la coure. -”Eh bien faites en sorte qu’elle ne perde pas la santé en plus.” Oliver et moi avions vu ses mains, sa mine, lors du mariage. Je la voyais s’abîmer ma si jolie fleur. Il n’y avait qu’à voir ses petites rides. Vous l’aviez amené dans une vie où elle allait se flétrir et s’épuiser, ma petite chérie.

Bien sûr, vous pensiez pouvoir comparer nos histoires en tout points. Mais, il y avait une différence de fond. Hans et moi venons du même monde. Nous avons les mêmes attentes… les mêmes goûts. Les couples métissés comme le vôtre… ne tiennent qu’un temps. J’avais prévenu Violet. Plusieurs fois je m’avais mise en garde. -”Nous en reparlerons dans cinq ans, dix ans… ” Son monde finirait par lui manquer. Je pouvais le prédire.

Au diable cette pitié. Nous n’en voulons pas. -”Seul l’avenir le dira.” Ce que nous avions fait aurait des résultats pour la prochaine génération. Léonor est maintenant la porteuse des espoirs de deux lignées. Je lui enseignais à ne pas défier l’ordre ordinaire des choses. J’inspirais doucement. Je pouvais sentir un mal de tête cherche sa place sous mon crâne. Ce genre de discussion…

-”RUTH: Madame… Madame, votre sœur et votre fille sont de retour.” Voilà qui tombait bien. Mais… Quelle était cette voix ? Je ne la reconnaissais pas. -” Mh. Qui est-ce ? Où est Olga ?” Toi tu devais savoir où est ma bonne Olga. J'osculte cette inconnue de pieds en cape. J’attendis une réponse. Pourquoi ne m’avait-on pas dit qu’il y avait un changement ? Pourquoi cet air ? -”RUTH: Olga n’est plus à votre service depuis six ans madame...” Quelle mauvaise farce. Qui avait eu cette idée ? -”Sottises. Elle m’a aidée à me coiffer ce matin même! … Je n’aimes pas que l’on se moque de moi. ” Je tendis le bouquet au journaliste et franchit la distance pour rejoindre cette gourgandine.

Un tel manque de respect ne pouvait pas rester sans une réponse. -”RUTH: Madame Olga est décédée l’année dernière…” Mais voilà qu’en plus elle s’obstinait dans son mensonge. Elle était cruelle en plus de cela. -”Entendez-vous cela ? Mon Olga décédée. Elle vient d’avoir un fils. ” Tout de même, je m'étais même rendue au baptême du petit la semaine dernière. Quelle était cette mauvaise blague à la fin. -”Faites la venir ici. Tout de suite. ” Ordonnais-je sans appel. Nous allions régler cela.

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Der Schwiegersohn….

Je ne pouvais m’étonner de l’analogie qui vous vint en tête immédiatement. Bien sûr, ici tout le monde savait que le comte et la comtesse de Lascelle vous avaient pris sous leur protection. Cela avait fait discuter au début. Surtout, considérant le procès en cours entre vous et Oliver… Leur parti pris n’était pas surprenant et pourtant, il démontre, une fois de plus, combien ils se croyaient … en dehors des règles. -”Je ne suis pas certaine qu’il soit de bon alois de vous en référer à eux. ” Pour un travailliste, un journaliste, cet exemple était certainement le bon. Mais pour nous, pour l’aristocratie… sûrement pas.

J'aurais pu passer du temps à expliquer les choses. Je suis une bonne instructrice. Mère m’a toujours dit que j’avais cette qualité. Pour autant, je n’avais pas envie d’entrer dans le cœur du sujet avec vous. Je savais que cela allait tendre notre discussion. Or, je m’étais promis de réparer le lien avec ma fille… -”Enfin, oui, espérons pour Dalia.” Cette petite fille, quelque soit l’histoire de ses parents, a le droit à une vie heureuse. Les enfants sont toujours les innocents. C’était pour les miennes que j’avais si bien tenu ma place.

Je pouvais devenir l’inquiétude monter dans ton regard. -”... quoi ? Il est arrivé quelque-chose ?” Olga avait-elle eu un problème ? Je n’aimais pas que l’on me dissimule des informations. Ici tout le monde le savait. J’attendis que M…. Halaoui. Oui. C’est cela. J’attendis qu’il se soit éloigné pour te montrer mon courroux. Pourquoi diab-...

Comment ? Ses funérailles ? -”Mon Olga morte ? … Non…” Je fouillais mes souvenirs. J’étais pourtant sûre de moi. Bon sang! Je sentit mon coeur se contracter de chagrin. Je pouvais sentir que cette peine… m’étais familière. J’aimais beaucoup cette femme. Elle était l’une de mes meilleures confidentes. Une femme précise et discréte. Une camériste avec un goût raffiné. Je fouilla l’allée des yeux pour trouver mon petit tabouret. Je ne pouvais pas contenir les larmes qui pointent au coin de mes yeux. -” Mon Olga.” Peu à peu me revient une image. Les roses blanches… le garçon d’Olga qui avait grandi. Je pleurai pour de bon à ce malheureux souvenir commun. Je revis peu à peu les éléments. -”... Oh. Excuses-moi. ” Je me sentais mortifiée par la honte. Comment m’étais-je adressée à Ruth ?

Violet connaissait son compagnon. Elle perçut quelque-chose d’étrange chez lui. Même s’il souriait il y avait quelque-chose dans son regard ? Le baiser détourna son attention. -” D’accord. Oui.” Y avait-il eu de la tension entre eux ? Cela pouvait expliquer son air… -” C’est une bonne nouvelle!” Maintenant qu’elle avait passé un peu de temps avec sa tante, la jeune femme se sentait ragailardie. La sœur d’Alexia avait cet effet sur les gens et surtout ses proches. A son tour, Violet dépose un baiser sur la joue de son époux, avant de lui tendre une tasse de thé. C’était thé à la mode allemande… mais, il voudrait peut-être y goûter?

-” Qu’allez-vous faire en attendant le dîner ?” Le souper était dans quelques heures. L’Allemande ne savait pas si les choses s’étaient assez bien passées pour pousser la chance jusqu’à rester dans le manoir jusque là. Mais, elle ne voulait pas paraître impolie ou bien encore priver son compagnon de temps ici. Pour cette visite Violet s'adapte aux attentes de Prem. -” Nous n’avons pas planifié grand-chose pour le moment.” Katerina comprit sans plus d’explication et leur adressa un clin d'œil malicieux. -” On se verra cet hiver à noël de toute façon!” Ils étaient encore loin de penser à cela ici.

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Der Schwiegersohn….

Je baissa mes yeux sur nos mains. Elles n’avaient plus rien de nos vingt ans, de nos quarante ans. Nous étions vieux. Combien d’années étaient-elles passées sous mon nez ? Je sentais que les choses n’étaient pas à leur place. Il y avait une pièce manquante. Ta voix reprenait le dessus sur le concert de mes pensées. -”Oui. Je veux aller la voir. ” J’en avais besoin.

Ce baiser avait une empreinte sur ma joue. Même sans leurs souvenirs, je pouvais sentir qu’il y en avait eu d’autres. Beaucoup d’autres. Je pressa l’une de tes mains. Tu étais là, toi. Meine Liebe. Heureusement que tu étais là. Qu’aurais-je fait ici toute seule ? De toute manière, je me sentais vidée de tout courage. Je n’avais pas envie de jouer une mascarade devant Violet. Je ne voulais pas tricher. Ils devaient partir. -”Je veux qu’ils s’en aillent.” J’inspirais doucement pour garder tout mon calme. Je ne pouvais pas me laisser aller à mes émotions n’importe comment. -”Renvoie-les.” Quant à Dalia… nous verrons. Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée.

Je me leva et trouva le reflet d’un bac métallique pour vérifier mon apparence. Je tira sur la peau de mon visage pour effacer les traces de mon chagrin.

- «À quoi ressemble Noël, chez les Hanovre?» La tante et la nièce se regardèrent une seconde. Un beau sourire passa dans leurs regards. Violet n’avait plus fait de Noël dans cette maison depuis ses fiançailles avec Edward. On donnait la priorité à la famille de son compagnon, bien sûr. -” Tout le château est décoré ! Il y a des guirlandes et des feux de cheminée. On coupe un sapin pour le salon. On joue des airs au piano. On voit du vin chaud. Il y a de la danse et des jeux. ” Prem avait donc une bonne intuition. Ici les fêtes de Noël avaient un sens profond. C’était la réunion de la famille, le partage, le don, la joie. Toutes ces belles valeurs qui entourent cette célébration chrétienne.

-”C’est vrai que c’est sympathique.” La première née des Hanovre pondérer car elle ne voulait pas que son compagnon se sente forcé à accepter l’invitation. Il y avait tout ce que la tante Katerina venait de dire. Mais, il y avait aussi les costumes, la messe, les prières, les piques et les critiques. Il fallait composer avec tout. -”Nous vous tiendrons au courant.” Ils avaient le temps de faire le point. C’était une décision commune. -”Bien entendu.” Même si la situation était compliquée, chacun pouvait espérer une réconciliation. Katerina pensait surtout à sa sœur. Lexie avait besoin de faire la paix. -” Et comment allez-vous terminer votre- ” L’Allemande s’arrêta en voyant la silhouette de la Princesse.

Violet obliqua pour connaître la raison. Elle se leva tout de suite pour accueillir la matriarche. Même aujourd’hui, coupée de ce monde, les réflexes étaient présents. En la présence de sa mère, la jeune femme se tenait mieux, se contrôlait et faisait attention à tout. -”Mère.”

Malgré, ces cheveux teints, notre ressemblance est frappante. Je me demande encore pourquoi tu as tenu à en changer… Je fais signe de te rassoir. Je posais mes mains sur mon bas-ventre et observa ces trois convives. -”Nous allons vous dire au revoir à présent. ” Violet et Katia se figèrent interdites. Il était tôt. Le couple était arrivé depuis peu. Cela ne se faisait pas de couper court à une visite.

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Der Schwiegersohn….

Les jeunes mariés avaient réellement l’air de s’entendre. Violet avait l’air détendue et apaisée avec cet homme. Rien à voir avec le Baron aux yeux de glace… -”Avec plaisir.” Katerina souria d’un coup. Violet n’avait jamais montré un intérêt particulier pour la musique. Cela avait été un sujet de tensions pendant une période. La petite voulait se consacrer exclusivement à l’équitation. Mais, une héritière ne pouvait pas prétendre à devenir une jokay. Cela ne se faisait pas. Et pourtant, leur petite princesse faisait aujourd’hui ce qui lui avait été interdit. Les choses auraient-elles été différentes s’ils s’étaient montrés un peu plus… souples ? -”KAT: Oh mais il faudra nous en faire profiter! J’adore les concerts à la maison. ” Cela faisait de la peine à tout le monde que leur famille soit divisée de cette manière. En plus de quoi cela les affaiblissent. Ils devaient trouver un terrain d’entente, pour le bien de tous ici.

Le retour de la Princesse coupa net leur petite conversation. Il suffisait d’un regard sur Alexia pour savoir qu’il y avait un problème. Katerina tenta d’intercepter le regard d’Hans pour l’interroger. Il était un allié précieux depuis… la séparation. -« Ce fut un plaisir de vous rencontrer, Lady Hanovre. Prenez soin de vous surtout». Les épaules de Violet se détendirent légèrement. -”Oui. Oui. ” Alex scruta le journaliste de pieds en tête. -”Et la prochaine fois venez avec ma petite-fille. ” Lui intima-t-elle avec son autorité naturelle.

Mère et fille se saluaient selon la tradition, avec le respect intégré dans leur ADN. Violet regrettait maintenant de ne pas pouvoir partager un peu plus de chaleur humaine avec sa mère. Avoir Dalia l’avait changée. Mais, elle savait que sa mère ne le supporterait pas. Tout du moins pas ici devant sa sœur et son “ami”. -”Prenez soin d’elle.” Demanda-t-elle au commandant de police. Car même si Violet leur en voulait pour leur hypocrisie, à tous les deux, elle savait qu’Hans ferait son possible pour préserver sa mère.

Les amants s'éclipsent donc bien plus tôt que prévu. Etrangement, Violet n’en éprouva pas de déception particulière. Elle avait pu parler avec sa tante. Mère et Prem ne s’étaient pas écharpés. C’était déjà une victoire en soi. Elle tient la main de son amoureux. -”Ils n’avaient qu’à y réfléchir avant de me répudier.” Peu importe si c’était Oliver Hanovre qui avait forcé la main. Il n’était pas un Hanovre de sang. Le dernier mot revenait toujours à la Princesse.

Au fond, Violet ne pouvait pas dire qu’elle était étonnée. Chacun tenait sa position. Ils n’étaient pas plus avancés qu’il y a un an. Si ce n’est qu’elle avait eu une fille et qu’elle s’était mariée au père. Enfin, elle retenue son soupir, car rien ne servait de blesser Prem. Il n’y était pour rien concernant l’obstination de ses parents. -”... Si j’ai réussi à mes détacher de mes codes je ne vois pas pourquoi tu ne pourrais pas faire de même, Prem.” En quoi la démarche était-elle différente de celle qu’elle avait faite pour être avec lui ?

L’épisode de crise était plus compréhensible avec l’explication. La jeune femme sentit son coeur se serrer. Bien entendu, elle se souvenait d’Olga. Son décès avait marqué tout le monde ici. Il semblait que la mémoire de sa mère était plus perturbée que ce qu’elle ou bien Iris, voulaient bien lui dire. Violet savait qu’elles agissaient ainsi par habitude. Pourautant elle trouva cela idiot de la maintenir à l’écart, idot et blessant. Si elle l’avait su, elle aurait agi autrement avec sa mère… Enfin, la Princesse les avait congédiés sans appel.

-”Non. Bien sûr que tu ne l’as pas voulu. On est venu faire la paix.” Ils avaient fait un pas, se-dit-elle. -”Non. Je ne t’en veux pas.” Il ne pouvait pas savoir ce qui allait déclencher une crise avec sa mère. Surtout si la famille ne leur en disait pas assez. Violet dissimula sa déception intime dans un sourire de Princesse. Elle déposa un baiser sur sa joue. -”Allez, filons.” Autant qu’ils n’aient pas le temps de s’attarder sur cette victoire douce-amer.

Dans le salon du manoir, Alexia regarda le salon vidé de cette jeunesse. Elle exécuta le même sourire que sa fille. -”Je vais me reposer un moment. ” Quand le réel était un peu trop blessant, le mieux était de se réfugier dans un sommeil réparateur.

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