Leur voyage en Inde s’achevait. Dans deux jours, ils reprendraient l’avion pour Londres. Avant cela, Prem comptait toujours faire la grande demande à Violet. Il lui semblait qu’elle ne se doutait de rien, pour l’instant. Il n’avait abordé à nouveau leur visite au plateau de l’éléphant que ce matin-là, pour confirmer qu’elle avait toujours envie de s’y rendre avec lui. Prem n’était pas bon menteur. Il en avait donc parlé le moins possible avant la journée même. Pour se rassurer, il avait visité le plateau de l’éléphant quelques jours auparavant, prétendant qu’il avait besoin de se dégourdir les jambes. Amélia avait dit vrai, l’endroit était intime, magnifique, et le serait sans doute davantage, au coucher du soleil.
Maintenant qu’ils étaient samedi, il s’aperçut qu’il était malgré tout nerveux, appréhendant malgré lui le moment où il s’agenouillerait pour lui demander sa main. Certaines questions le tourmentaient toujours. Violet trouverait-elle qu’il est encore trop tôt? Son divorce avec Edward lui pesait, il le savait. Le mariage ne lui faisait peut-être plus aussi envie que lorsqu’ils avaient abordé le sujet, l’été dernier. Il y avait aussi le conflit avec ses parents. Prem craignait que les minces chances de réconciliations entre les Hanovre et leur fille soient réduites à néant, s’il épousait Violet, mais c’était eux, qui avaient jugé Violet indigne de sa place au sein de leur famille.
Peut-être verraient-ils l’amour sincère que Prem avait pour leur fille, en se déclarant officiellement son futur-mari, et s’adouciraient. Mais cela, il en doutait.
Dans la chambre des invités, Prem s’était préparé le premier. Il avait porté une attention particulière à son apparence, plus qu’à son habitude. Il avait taillé sa barbe, et soigneusement peigné ses épais cheveux noirs, les domptant du mieux qu’il put. Bien qu’il préférait largement son jean et ses baskets, il dû admettre, en se regardant dans la glace, que la tenue d’équitation lui donnait une certaine allure. Presque noble…
Quand il soignait ainsi son apparence, Prem avait toujours l’habitude de demander à Violet comment elle le trouvait, afin qu’il ait son approbation, elle qui avait l’oeil bien aiguisé pour les petits détails. Mais il était si nerveux, autant par leur promenade que part laisser Dalia sans eux, qu’il oublia presque de lui demander son avis. « Comment tu me trouves, ma chérie? Je n’oublie rien? », demanda-t-il en faisant un tour sur lui-même.
L’air distrait, il enfila ses bottes, et il demanda à Violet : « Je vais mettre le dîner au frais, et t’attendrais dans le salon. Est-ce que tout est prêt, pour Dalia? » Ils ne seraient absents qu’une nuit, pourtant cela l’angoissait de partir sans sa fille. Entre temps, s’assurer qu’elle ne manquerait de rien en leur absence le rassurait. Un peu.
Prem terminait de préparer le pique-nique qu’il emporterait jusqu’au plateau. Il avait sa sitar dans son dos, et la bague dans sa poche. Bref, un dîner romantique en tête à tête, espérait-il que Violet penserait.
Le panier de pique-nique terminé, Prem se rendit au salon, pour y attendre de Violet. Dans les bras d’Amélia dormait la plus jolie des petites fleurs. Prem ne résista pas à l’envie de la prendre dans ses bras, une dernière fois, avant de partir. Partir sans elle était une autre source d’angoisse, mais aussi de culpabilité. Si Dalia se réveillait, ou se mettait à pleurer, jamais il n’aurait le courage de partir. C’était plus facile, pour tout le monde, si elle dormait. Prem embrassa le front de sa fille.
Cher Peter, si tu avais pu le voir, je suis certaine que tu aurais pensé comme moi. Cette tenue lui allait comme un gant. A chaque fois qu’il la porte je me retrouve dans l’état d’une adolescente en fleur. Une fois, ou deux, j’aurai volontiers simulé un accident d’équitation uniquement pour pouvoir l’observer me porter rescousse. Je me tenais et approchais pour venir arranger le bas de ses manches et les tirer correctement. -“ Tu es… parfait. ” Le rassurais-je en ne résistant pas à aller poser un baiser sur le coin de sa bouche. Sa barbe était d’une douceur particulière. -“ Tu es… parfait. ”
-“ Mm. Oui. D’accord. ” Lui répondis-je en finissant d’attacher mon bracelet de montre. Je l’observais en coin, amusée et intriguée aussi. Depuis le début de la matinée, il avait l’air… pressé, ou tendu. Je ne saurais dire. -“ J’arrive dans une minute.” J’attendis alors d’entendre la porte se refermer, pour aller vers l’armoire. J’y ai dissimulé mon cadeau depuis quelques jours. Par chance, il n’avait pas été regarder de ce côté. Je le rangea dans mon sac-à-dos et fit un dernier tour de la chambre, avant d’en sortir.
Je restais en retrait le temps que mon adorable journaliste cajole notre fleur. -“ Attends… moi aussi, juste un baiser. ” Je profitais qu’elle soit dans les bras de Prem pour poser un baiser sur son front. Mon cœur lui murmurait une petite prière protectrice. Je suivais toute la scène des yeux. La façon dont la comtesse la prit dans ses bras. Sa façon de lui tenir la tête. Je me suis retenue de faire un commentaire. -“ J’espère que nous n’avons rien oublié… ” Demandais-je à Prem. Nous avions fait une liste et vérifié deux fois. Normalement, tout irait bien… -“ S’il y a quoi que ce so- ” Commençais-je avant d’être coupée. -“ Nous avons votre numéro Violet.” A sa façon de rétorquer, Amélia me fit penser à ma première gouvernante -“ Filez maintenant. Oust. ” Ce petit “oust” me choqua et en même temps me tira un sourire.
Je prenais la main de Prem. -“ Allons-y. ” Nous passâmes devant Zenon et les chiens. Je lui fis un signe de tête. J’avançais d’un pas heureux jusqu’aux écuries de Bellary. Je me chargeais de Curious III pour le préparer pour notre balade. Ces quelques jours m’avaient fait un bien immense. J’avais de nouveau envie de reprendre l’équitation comme activité. Je dormais mieux. Je mangeais mieux. Je… trouvait le père de ma fille très séduisant. Et tant que je ne pensais pas à tout ce qui nous attendait à Londres, je me sentais sereine. Aidée d’un marche-pieds, je montais en selle. -“ Je suis prête! ” Nous avions tous les deux regarder les cartes.
Je savais que nous devions prendre en direction de l’ouest pour commencer. Je m’aidais du soleil pour tirer les rennes dans la bonne direction. J’inclinais mon chapeau pour ne pas être éblouie par les rayons. Il faisait chaud. Mais ce n’était pas désagréable. Je comprenais pourquoi Parrain était venu s’exiler dans une région aussi clémente. Pendant que nous traversions le village de Bellary, je souriais à mon guide. -“ C’est notre première balade en amoureux…” Lui signifiais-je aux anges. Je mis le cheval au pas, posais les rennes sur mes cuisses et profitais du cadre.
C’était encore dépaysant. Si on avait pu, je lui aurais volontiers proposé de prolonger notre séjour ici. -“ Il faudra qu’on prenne des photos pour tes parents! ” Noor et son mari auraient certainement envie de voir des images de ce splendide pays. Doucement, j’étire le bras, pour effleurer sa main. J’étais contente qu’il ait eu l’idée d’organiser cette excursion pour nous.
Prem tourna la tête vers Violet, qui venait d'arriver dans le salon. Il avait toujours un faible pour cette tenue d’équitation, qui la rendait terriblement séduisante. Peut-être même plus que dans ses nombreuses robes, qui ne mettaient pas autant en valeur ses jolies jambes, pour lesquelles Prem avait un faible horrible. Violet s’approcha de Dalia, déposa un baiser sur son front, puis, la petite fut remise à Amélia, qui chassa gentiment les deux parents, comme on chasse deux petites pestes, ce qui arracha un rire à Prem. « Merci Amélia… »
La démarche enthousiaste de Violet lui tira un sourire amusé. Quelle bonne idée d’être venu ici, se dit-il. Depuis le début de leur séjour à Bellary, il trouvait Violet plus reposée, plus heureuse que jamais. Ici, ils étaient loin des problèmes, mais il se demandait également si la présence des chevaux y était aussi pour quelque chose. Arrivé aux écuries, Prem, encore peu familier avec les cheveux, se tourna vers Violet. « Lequel est le plus sage? ». Il n’était encore qu’un cavalier novice, mais surtout, n’avait pas envie de se casser quelque chose durant leur trajet. Il laissa donc à Violet le soin de choisir sa monture.
Le soleil était déjà bas dans le ciel, presque sans nuage, tandis qu’un vent chaud et sec caressait leur visage. La tranquillité lui permi de se détendre, juste un peu… Il répondit à Violet avec un sourire « Je te promets que ce ne sera pas notre dernière! J’ai déjà hâte de pouvoir revenir. Zenon et Amélia sont charmants… et sont de bons conseils », dit-il, sourire en coin, d’un air énigmatique. Prem espérait que lui et Violet soient aussi amoureux l’un de l’autre au même âge. Il avait pu discuter longuement avec chacun d’eux, et l’avait aidé à comprendre, et anticiper certaines choses dans sa propre relation avec Violet. Il espérait pouvoir les appliquer.
Son sourire diminua quelque peu, lorsqu’il s’expliqua « Tous les deux m’ont dit que je manquais d’indulgence envers toi, et ils ont raison. Je m’y suis mal pris… Je tenais à ce que tu t’adaptes le plus rapidement possible à ma vie, à mon monde. Je pensais sincèrement bien faire, mais j’ai eu tort, et je m’en excuse, ma chérie ». Comme lorsqu’il l’encourageait à trouver un travail, à construire son haras, ou quand il tentait de la persuader qu’un titre ne signifiait rien. Il avait cru agir dans l’intérêt de Violet. Il regarda sa princesse, magnifique dans la lumière enflammée du soleil couchant
Par exemple, il s’était toujours montré inflexible sur la question des employés de maison, qu’il avait toujours vu comme un luxe, et même comme un désir de paresse de la part de ceux ou celle qui les engageait. Prem ne pensait plus totalement la même chose aujourd’hui, et avait réfléchi à un possible compromis. Il ne souhaitait pas se faire servir, mais se faire aider, pourquoi pas. « Si tu le souhaites, j’aimerai que l’on engage Poppy. Quelques jours par semaine, par exemple. Puisque je dois retourner travailler, elle pourrait te donner un coup de main avec Dalia, ou le reste », dit-il, sourire en coin. Violet n’était pas la plus diligente sur certaines tâches ménagères… Ce que Prem ne lui a jamais reproché, puisqu'il s'en acquittais sans se plaindre, mais puisqu'il ne serait plus à la maison aussi souvent, il était normal, pour lui, d'offrir un coup de main à Violet en engageant Poppy. Dalia restait évidemment celle à qui ils devaient accorder le plus de leur temps. « Qu’en pense-tu? »
Une pente douce les menèrent jusqu’au plateau de l’éléphant. Depuis là-haut, on apercevait une rivière coupant le paysage rocheux et montagneux, parsemé de petits oasis de verdure, ici et là. À son tour, Prem admira un instant l’horizon, baigné de la lumière orangée du soleil. Il prit la main de Violet, tout près de lui, et baisa ses jointures. « Installons-nous sous l’arbre, là-bas. Qu’en dis tu? »
Je fermais la boucle de cuir de la sangle. D’une tape de la main, je signalais au cheval que je passais derrière lui. Je fis signe à Prem de me suivre pour le poster devant l’un des enclos du fond. Une jument à la robe grise s’y trouvait. -“ Je te présente Tempérance. C’est une ancienne coureuse, elle est à la retraite. ” Lui racontais-je à présent que je connaissais l’histoire de chaque pensionnat de cette petite écurie. Je devais trouver un peu de courage en moi-même pour reprendre contact avec le comte Leicester. Certes, je ne pouvais plus créer mon écurie idéale aujourd’hui. Mais, avoir un couple serait un début. Peut-être.
Comme Prem j’espérais revenir à Bellary. Zenon prenait de l’âge. Je ne voulais pas manqué de le voir, avant qu’il n’ait plus assez d’énergie pour en profiter. Pour autant, je ne pense pas que nous aurions le budget et le temps pour faire cela régulièrement. Prem ne pouvait pas sauver des économies pour cela tout le temps. -“ C’est vrai que cela fait du bien de parler avec eux. ” La journée que j’avais passé en compagnie de la comtesse avait été… intense en émotion. Je ne savais pas encore exactement comment je me situais par rapport à ce que nous avions entendu. Mais, cela avait au moins le don de faire réfléchir.
Nous étions bien, sur ce sentier rocailleux, chauffé par le soleil. Je me sentais bien. Je laissais mon esprit vagabonder au grès du paysage. Je ne pensais à rien de particulier. Cela faisait du bien de retrouver un peu de tranquillité du le cœur. Je suis persuadée que cet endroit est empreint de bonnes énergies. Il faudrait que je pense à en parler avec notre amie Lowri. Ceci pour dire que je ne m’attendais pas à ce que l’on aborde la question de mon adaptation à la vie roturière. -“ … merci. ” Lui dis-je car c’étaient des paroles rassurantes. J’avais essayé de le lui expliquer. Mais j’avais certainement été trop maladroite, trop sensible. -“ Je sais que tu as uniquement des bonnes intentions. Moi aussi… ” Nous voulions bien faire. Nous étions dévoués. C’était aussi ce qui m’avait attirée à lui. -“ Ca me retire un poids.” C’était même une sensation physique. Ma poitrine s’allégeait. -“ Il m’est arrivé tellement de choses en moins d’un an. ” Lui redis-je. -“ Et puis ce n’est pas fini. ” Mais nous appriochions de la fin tout de même. J’avais hâte que les deux affaires juridiques soient closes. Là nous pourrions dire qu’un chapitre se ferme. -“ Papa et Edward ne nous ont pas encore laissés tranquille. ” Maître Douglas est un très bon confrère à toi Peter. Je crois que tu pourrais apprécier son savoir-faire.
Je souris à mon journaliste. Je me plongeais dans un silence contemplatif. Lui reprend le fil de ses pensées. Il avait réfléchi à beaucoup de choses semble-t-il! Un éclatant sourire lui donna instantanément mon premier sentiment. Poppy me manquait beaucoup. -“ Ce serait… merveilleux… Prem. ” Je lui avais écrit quelques jours plus tôt pour lui parler de ce voyage. Elle m’aurait peut être répondu à notre retour. -“ Oui ce serait très bien! ” Lui confirme-je. J’étais soulagée ! Car vraiment la perspective de devenir une ménagère m’horrifiais. Je ne voulais pas devenir l’une de ces femmes. Je posais ma main sur mon bas-ventre, souriante, trop heureuse que mon cher amant se soit adouci. Je soupçonnais Parrain d’avoir beaucoup intercédé en ma faveur… Je devrais lui dire toute ma reconnaissance.
Tout comme je me suis sentie reconnaissante face à la beauté de la nature en cet instant. Cet endroit était splendide. -“ Oui! ” Il avait raison, cet endroit avait de quoi faire rêver. Je tirais doucement la longe pour attirer Curious III sous le plus grand arbre. Je glissais, et me réceptionnais souplement sur le sol rocailleux. Tout de suite, je retirais la selle du dos de l’animal. -“ Là. Là.” Je passais ma main le long de son dos pour aider à passer les tensions musculaires. Ce n’était pas un terrain aisé et je ne voulais pas que ce cheval s’abîme. -“ Merci… ” Je caressais son encolure, gardant un oeil sur Prem et Tempérance. Je ne voulais pas me substituer à lui et seulement l’aider à apprendre. Comme je le faisais pour le fils de Rose. Cela me faisait plaisir qu’il essaye. Je savais que c’était en grande partie pour moi, qu’il le faisait.
Je fis des étirements de mon dos et de mes jambes. C’était loin d’être déplaisant dans un cadre pareil. -“ On dirait… un paradis. ” J’allais chercher ma gourde pour boire un peu d’eau fraîche. J’en prenais ensuite en creux de mes paumes pour que Curious en profite. -“ Tu es beau. ” Lui soufflais-je doucement et le laissa en paix. Qu’il puisse se reposer sans humaine dans les pattes.
Je souris à mon Prem, venant tranquillement à sa rencontre. Je le pris par la taille et posa un baiser sur sa joue. -“ Merci. ” Pour ce moment, ce voyage en Inde qu’il m’avait promis, pour ses mots, pour m’avoir donné Dalia… pour beaucoup de choses. Cet homme avait révolutionné mon univers. Même si ce n’était pas toujours facile, c'était si enrichissant! Je passais ma main dans ses cheveux de geai pour l’aider à dégager son front. Je l’embrassais aussi tendrement. Il m’avait apaisée. Je me sentais bien. Plus capable d’affronter le retour en Europe. -“ Je reconnais maintenant que je suis contente de n’être qu’à toi pour ce soir. ” Lui avouais-je mi complice, mi coupable.
Prem s’approcha de la jument que Violet lui présentait. « Tempérance… » répéta-t-il avec un demi-sourire. Dans les circonstances, son nom était plutôt bien choisi, se dit-il. « Bonjour ». Comme Violet le lui avait montré, ses gestes étaient doux, lorsqu’il caressa le museau de l’animal. Il sourit à Violet « Elle m’ira très bien. Les vieilles dames me trouvent charmant! », assura-t-il, sourire en coin. Tempérance ne ferait pas exception.
Poppy avait été la première à les soutenir et les aider. Alors qu’une autre aurait dénoncé Violet à Edward, Poppy avait gardé son secret, sans rien demander à retour, simplement parce qu’elle était dévouée à Violet. Simplement parce qu’elle était son amie. « Poppy est une perle rare. Avec tout ce qui ce passe, nos alliés sont encore plus précieux ». Prem accordait une confiance aveugle à Poppy. Il savait qu’à ses côtés, Violet et Dalia seraient heureuses et ne manqueraient de rien. Prem su qu’il avait pris la bonne décision, lorsqu’il vit Violet se détendre, et lui sourire. Heureux de la voir apaisée, Prem lui sourit à son tour « Tu crois qu’elle acceptera? Que fait-elle en ce moment? ». Il suffisait que cette chère Poppy ait d’autres engagements à honorer pour que son idée ne fonctionne pas. Si elle se trouvait empêchée, il faudrait engager quelqu’un d’autre en qui Prem ne pouvait avoir totalement confiance, ce qui ne le rassurerait pas.
Arrivé près de l’arbre, Violet approcha Curious, tandis que Prem la suivait, descendait de sa monture, puis observait sa douce chérie à la dérobée. Jamais il ne s’effaçait ainsi, pour la regarder, pour l’admirer de loin, sauf quand elle accordait toute son attention à Dalia, ou maintenant, aux chevaux. Tout comme avec leur fille, elle s’adressait à eux avec une telle prévenance, avec une telle douceur dans la voix, qu’il s’en trouvait toujours un peu ému. Il l’avait su dès leur première rencontre : cette femme a un coeur en or. Et comme elle était belle!
Lorsque Violet jeta un oeil vers lui, Prem, le coeur battant, détourna son regard, et s’occupa de Tempérance en imitant les gestes de Violet. « Vous n’avez rien à envier ce jeune poulain, chère Tempérance », dit-il, en parlant de Curious. « Vous êtes toujours au sommet de votre forme, je vous assure ».
Il laissa finalement sa monture rejoindre Curious, et lui, rejoignit Violet. Aussitôt qu’il entoura sa taille de ses bras, ses yeux s’émantèrent aux siens. Comme elle était ravissante… Le regard empreint d’amour qu’elle avait pour lui fit battre son coeur un peu plus vite. Comment est-ce possible d’être à ce point amoureux ? Une nouvelle bouffée de chaleur envahi son coeur. Elle avait tout risqué pour être avec lui. Son luxe, ses titres, sa famille… Alors qu’il n’avait rien. Rien d’autre que tout son amour. « Merci à toi », souffla-t-il, avant de l’embrasser d’un baiser chaud et passionné, d’abord doux, puis avide, pressant sa chérie contre son corps.
Il eut terriblement envie, là, maintenant, tout de suite, de lui demander sa main. Lorsqu’il s’écarta, son regard était en feu. Une brillante flamme de désir brûlaient le fond de ses iris noirs, fixé sur Violet. Le souffle court, il parla, la voix rauque. « Et si tu pouvais n’être qu’à moi jusqu’à demain matin? », demanda-t-il, avec une certaine malice. Un séduisant sourire étira ses lèvres, et il avoua : « J’ai loué une suite pour nous deux ce soir. Zenon et Amélia sont au courant. Je voulais te faire la surprise… Tu aimes l’idée? »
Ce ne serait évidemment pas sa seule surprise ce soir-là d’ailleurs, mais il fallait bien qu’ils célèbrent leurs fiançailles en tête à tête, non? Prem posa un baiser sur le front de Violet, mettant sur pause - à contre coeur- leur petit échauffement. Ils auraient tout le temps de poursuivre à l’hôtel… Il posa sous l’arbre une couverture et invita Violet à s’asseoir près de lui, tandis qu’il déchargeait les samossas, et le petit vin rosé. Il servit un verre à Violet, rempli le sien, et le leva pour trinquer avec elle. « À nous deux. Je t'aime ».
Prem et moi avions le même sentiment à propos de Poppy. Nous l’aimons tous deux. J’étais très heureuse que cela fonctionne entre eux. Prem ne tolère pas le concept d’employé de maison. Il m'a expliqué pourquoi. Ceci dit, à mes yeux, Poppy est un cas particulier. Bien entendu, je lui ai donné un salaire. Nous avions eu une relation d’employeure et d’employée. Mais, je la considérais comme une amie. Bien que ce ne soit pas convenable. -“ Elle est merveilleuse. Je l’aime beaucoup. ” Son attitude avait été pleine d’honneur. Je l’admire énormément. -“Eh bien elle est au service d’un vieux couple de marquis. Celui que j’avais trouvé pour qu’elle puisse quitter la propriété. ” Il n’y avait pas de doute que nous ne pourrions pas lui proposer le même salaire… -“ Peut-être acceptera-t-elle quand même ? ” Répondant à sa question implicite. -“ Je t'inviterais à la maison. Nous verrons bien. Elle aime Dalia. ”
Je riais tout bas de l’entendre bavasser avec la jument. Bientôt, je l’espère, mes chevaux arriveront chez nous. Ils pourront faire connaissance. Je sais que tout se passera bien. Prem apprenait à les aimer. Comme moi j’apprenais à aimer son monde. -“ Tu es entrain de devenir bon cavalier. ” Lui confiais-je.
C’était une toute autre cavalcade qui m'occupait la poitrine, lorsque je sentais l’énergie, qui se dégageait de lui. Je répondais à son baiser avec plus de fougue aussi. Je sentais mes joues chauffer. Les régions les plus intimes de mon être le chercher. J’eu un petit vertige. Peut-être à cause du soleil. -“ J’aime cette idée. ” Lui affirmais-je tout de suite. C’était comme s’il répondait à une envie que je venais de comprendre. Cela tombait très bien. J’étais jalousement heureuse de l’avoir rien que pour moi. Je souris. Même si une pensée me venait juste après. -“ Je n’ai rien prévu. Ni robe… ni…” Il y avait certaines tenues que je voulais porter pour ce genre d’occasion. J’avais rêvé de les inaugurer avec mon mari. De fait, Edward n’y avait pas prêté attention. J’en avais été déçue. Mais, Prem aimait assez lui. -“ ma lingerie… ” Je n’allais pas encore être timide, à présent que nous avions une fille… tout de même!
J’aurais volontiers repris la route maintenant qu’il y avait ce programme. Mais, je me tempérais en sentant son baiser frontal. Nous avions du temps devant nous. Nous n’étions pas pressés comme aux débuts. Il n’allait pas partir. Je ne devais pas fuir. Je viens me poser contre cet arbre majestueux. -“ Oui. Je t’aime. A nous deux. ” Je lui souriais tendrement et buvais la gorgée festive. J’inspirais le fond de l’air, et m’adossais pour mieux profiter du paysage. C’était très beau ici. Tout était parfait. Exactement ce dont nous avions rêvé tous les deux. -“ On a réussi. ” Je collais mon épaule à la sienne. -“ On a réussi à être ensemble. ” Murmurais-je. Quand on repensait à l’année passée en février. Par réflexe, j’allais embrasser le crâne de Prem. Il était vivant.
S’il n’y avait pas l’ombre de papa, en fait tout serait parfait. Je pensais à tout cela en dégustant notre pique-nique. Je pensais aux surprises de la vie. Je pensais à demain et après-demain. J’avais moins peur qu’en quittant Londres quelques jours plus tôt. -“ J’étais si fatiguée… Je ne m’étais pas rendu compte. Mais, maintenant, tout ira bien. Nous irons jusqu’au bout. Je sais que l’on finira par gagner. ” Je posais un baiser sur sa barbe. Je me reculais. -“ … tu l’as taillée. ” notais-je charmée. Je me sentis attirée par l’attraction qu’il produisait dans son uniforme. Mon ventre se serrait un peu. Je lui souris. -“ Tu es beau. ” Je posais un baiser sur sa barbe douce.
Et là aux derniers rayons du jour… au bas, un troupeau d’éléphants marchaient tranquillement. Je me levais pour aller voir ça de plus près. Ce pays est splendide.
« J’ai encore beaucoup de choses à apprendre », dit-il modestement lorsqu’elle complimenta ses talents de cavalier. Il n’avait tendance qu’à voir ses défauts, et à ses yeux, il était encore loin d’être parfaitement à l’aise. Il ne serait jamais aussi à l’aise que Violet pouvait l’être, mais finirait bien par être décent, avec du temps, et de la pratique. C’était surtout cela qui lui manquait. Les occasions de monter à cheval n’étaient pas si fréquentes, à Londres. « C’est en grande partie grâce à Tempérance, si j’avais la moindre allure ».
Prem aperçut une étincelle dans les yeux de Violet, quand il lui parla de son idée d’escapade à l’hôtel. Lui aussi avait déjà hâte d’y être. En ce qui concernait la lingerie et les robes de nuit de sa douce chérie, Prem ne pu s’empêcher de sourire. Coquette jusqu’au bout, se dit-il, mais il n’allait pas faire comme si ses déshabillés le laissait indifférent. C’était dommage, juste un peu, mais ce n’était pas important. « Ça aurait gâché ma surprise, si je t’en avais parlé. On fera très bien sans… »
Assis sous l’arbre, il trinqua avec elle, et savoura autant le dîner que ce moment qu’ils avaient tous les deux. Rien que tous les deux. Adossé au tronc de l’arbre, Prem s’approcha de Violet, glissa son bras autour de ses épaules, pour l’avoir près de lui, et admirer la vue, puis discuter de tout. « On a réussi », répéta-t-il à son tour, fier du chemin qu’ils avaient parcouru ensemble. Il ne le devait qu’à leur amour, et peut-être un peu à Dalia.
Ils discutèrent, mangèrent, et Prem lui joua un morceau de sitar, car avec l’atmosphère qui régnait dans cet endroit, s’aurait presque été un affront à Shiva de ne pas le faire. Quand il eut terminé, il écouta Violet, et fut bien sûr d’accord avec elle. Lui non plus ne s’était pas rendu compte de sa propre fatigue. «… Espérons que les mois à venir seront plus doux ». Dalia ferait un jour ses nuits, la presse se désintéresseraient d’eux, et ils en finiraient avec les tribunaux. « Il suffit de tenir bon, et avec toi à mes côtés, je peux tout affronter. Nous gagnerons ». Lui aussi, était convaincu qu’ils auraient un jour la paix, la vie qu’ils désiraient tous les deux. Si Zenon et Amélia avaient réussi, pourquoi pas eux? Ils s’aimaient, c’était le plus important. Tout sourire, Prem laissa Violet l’observer, et lissa sa moustache et sa barbe d’un geste de la main. « Juste pour toi », avoua-t-il. « Et c’est toi qui est belle. J’aime beaucoup cette longueur ». Il glissa une mèche des cheveux bruns de Violet, qu’elle avait laissés pousser au cours des semaines, derrière son oreille.
Prem suivi le regard de Violet, et aperçu les éléphants au loin, près de la rivière, en contrebas. Suivant la princesse au bord de la falaise, il fixa le troupeau, les yeux ronds, fasciné et ahuri par leur chance de croiser ses animaux majestueux par hasard. À moins que ça ne soit un signe de Ganesh, dieu de la sagesse, qui lui soufflait : « Fais-le maintenant, avant que le soleil disparaisse ». La vue, le ciel, la terre, la rivière, le soleil, tout était en place juste pour eux, juste pour ce moment.
Prem inspira profondément. À la fois nerveux et mort de peur, il pressa doucement la main de la princesse. « Violet… » La gravité de sa voix était tout aussi grande dans son regard. Ses yeux noirs s’accrochaient à ceux de Violet, tandis qu’il commençait à parler. « Tu es la meilleure chose qui me soit arrivé. Tu m’as séduite, et j’admire tout de toi. Ta bienveillance, ton courage, ton intelligence, ta volonté de changer les choses, de les rendre plus justes. Je t’aime tant que ça me fait mal. Chaque fois que nous avons été forcés de nous séparer, j’ai cru… que la douleur ne cesserait jamais. Tu me manquais tellement… » Sans aucun doute, il s’en souviendrait toute sa vie. Ça avait été une torture d’être loin d’elle tout ce temps, et de n’avoir qu’une nuit à peine de pur bonheur, entre de longs mois d’absence, où il s’était languit d’elle.
« Nous avons failli nous perdre, aussi … » Lui, lors de son accident, et elle, lors de l’accouchement. Ce souvenir lui noua la gorge, et fit trembler sa voix. Il avait eu si peur de la perdre. « Je ne veux plus jamais ressentir cette douleur à nouveau, ma chérie. Je ne veux plus que l’on nous sépare… Ce que je veux, c’est être avec toi, à toi, pour toujours », déclara-t-il, sans la quitter des yeux.
Prem posa lentement un genou à terre.
Les yeux embués de larmes, Prem présenta à Violet la boîte en velour rouge qu’il gardait précieusement avec lui depuis des mois. En l’ouvrant, il crut que son coeur allait exploser, et elle pu finalement voir la [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]qu’il avait choisi pour elle. Un magnifique saphir couleur lavande, entouré de minuscules diamants. « Violet Hanovre, veux-tu m’épouser? », demanda-t-il, en retenant son souffle, un sourire ému sur les lèvres.
Je crois que ce séjour n’a pas uniquement fait du bien à notre corps. Notre mental aussi était plus reposé maintenant. Nous aborderons les sujets avec plus de calme. Je n’irai pas jusqu’à dire que j’étais devenue sereine. Cependant, j’étais d’accord avec Prem nous nous en sortirons. Je ne vois pas ce que l’on pouvait nous faire de plus que ce qui avait été fait, toute cette année. -“ Mh. Oui… il n’y a pas de raison. Nous ne faisons rien de mal. ” Zenon m’en avait convaincu. S’aimer ne pouvait pas être considéré comme une faute. Ou alors c’est que j’étais une pécheresse et que j’étais damnée pour toujours.
Rien qu’à le voir sourire, je me sentais, ravie et chanceuse. Prem était resté. -“ Je ne les avais pas eu aussi longs depuis … mes dix-sept ans au moins. ” Je me sentais jolie sous son regard. C’était devenu important. Le seul regard qui me donne envie de m’apprêter. Avec peut-être celui de notre petit ange aussi. -“ Maintenant je peux avoir la coiffure que j’ai envie. ” Lui signifiais-je complice. Je sais que cela pouvait être superficiel. Mais, je n’avais pas eu le droit de faire ce que je voulais depuis longtemps. Chacun de mes choix propres était une victoire personnelle.
Nos mains étaient entrecroisées. Je lui montrais un éléphant de quelques semaines. Il était protégé par sa mère. C’était une scène naturellement adorable. Je me sentais proche de cette femelle maintenant que je suis une maman. En fait, peut-être bien de toutes les mamans du monde. -“ On devrait prendre une photo, tu ne crois pas ? ” Je tatais mon pantalon, à la recherche de mon téléphone portable. Je ne le trouvais pas. Il était resté dans le sac-à-dos.
L'intonation de la voix de Prem me fit soudain tourner mes yeux sur lui. -“ Qu’y a-t-il ? ” Je m’inquiétais tout de suite. Il avait l’air très nerveux. Je ne comprenais pas pourquoi. Je recherchais donc le signal d’un danger. Mais, tout était calme ici. Rien n’avait bougé. Prem se mit à parler. Je reprends un peu mon souffle. Mes épaules se détendaient. Je l’écoutais. -“ Toi aussi tu me manquais. ” Je n’avais pas envie qu’il reparte au travail loin de nous. Malheureusement, je savais que c’était ce qui devait être fait. Que nous ne pouvions pas vivre à trois tout le temps.
Je ne m’attendais pas à ce que l’on aborde ces sujets-là ainsi. Je sentais que Prem prenait sur lui pour me dire toutes ces choses. Le souvenir de mon accouchement était le choc le plus récent. Je préférais y associer le premier son de Dalia. Que d’imaginer… ma vie sans eux… impossible. -“ Moi non plus, je ne veux plus. ” Peut-être craignait-il que mon Père tente quelque-chose encore une fois ? Ou bien Edward ? Je ne savais pas ce qui lui faisait peur exactement. Mais, j’allais chercher. Je pressais doucement ses doigts pour tenter de le rassurer. Maintenant, personne ne parviendrait à nous séparer. Je le sentais. Nous avions évolués.
-“... Pre-” Je compris ce qui se passait, avant de terminer de formuler ma question. Mon souffle se retrouvait bloqué par la surprise. Un déluge d’émotions me tombait dessus. L’étonnement, d’abord, parce que je n’avais rien deviné. La joie, la peur, la nervosité, l’amour, la tendresse… tout ceci arrivait en même temps. Mon cœur tambourinait tellement fort dans ma poitrine. J’avais du mal à m’entendre penser. J’observais la bague. Elle était parfaite. Tout était… parfait. C’était donc ça. Cet endroit, le pique-nique… J'inspire profondément, alors qu’une larme perlé à la frontière de mon œil.
J’attendis qu’il pose la question. J’écoutais notre silence commun. D’abord j’inclinais doucement de la tête. Ensuite, je lui souriais complice. J’avais des doutes. Je ne savais pas si je serais faite pour la vie de roturière. Mais, une chose dont j’étais sûre: si je devais prendre un autre nom, ce serait le leur. Le sien et celui de Dalia. Il n’y avait rien qui comptait d’autre. -“ Oui. Prem Hadid. Je veux t’épouser. ” Je souriais. Je riais doucement tant il m’avait rendue nerveuse. Je lui présentais ma main gauche pour suivre la tradition. Elle était à ma taille. Je la scrutais de plus près. Le détail était fin. Cela aurait dû lui coûter cher. Mais sincèrement, je m’en moquais. Parce qu’elle était magnifique.
Je lui tendais mes mains, pour l’aider à se redresser sur ses deux pieds. Dès qu’il est debout, je l'attrape pour le presser contre ma poitrine. Oui, bien sûr, nous marier, cela fermait définitivement la porte. Mais, maintenant, il y avait Dalia. Nous avions notre famille. Je ferais sans mes parents. J’aurais Zenon et Noor. -“ … allons fêter ça ? ” Lui proposais-je dans le creux de l’oreille. L’idée de cette chambre d’hôtel me paraissait encore plus pertinente. J’inspirais, et souriante, effaçait les larmes d’émotions de mes joues. Je l’embrassais me laissant aller à exprimer la langueur amoureuse qui me taraudait. -“Mmm viens. ” Doucement, je le tirais vers l’arbre. Je l’embrassais encore une fois, tellement émue et excitée par la nouvelle.
Rieuse, j’attrapais nos affaires pour les rassembler et les ranger. Je voulais célébrer l’amour! Ne pas penser, mais vivre ce moment inouï. J’échangeais des petits regards avec lui pendant toute la préparation. Je me sentais un peu dans le même état que la première fois que j’avais accepté l’idée que je désirais cet homme, plus que je ne respecte mes devoirs. Il avait cet effet sur moi.
Son sourire lui indiqua tout ce qu’il voulait savoir avant même qu’elle ne dise oui. Les yeux embués de larmes de bonheur, Prem saisit la main de Violet, et glissa à son doigt la bague qu’il avait choisie. Fou de joie, il se releva pour serrer Violet dans ses bras. « Merci », répondit-il avec douceur, avant de l’embrasser à son tour. Pour toute la joie qu’elle lui apportait, pour leur petite fille, pour être la femme qu’elle était, pour être elle-même. Prem plongea son regard de ses yeux bleu, sans parvenir à croire qu’elle deviendrait sa femme, et lui son mari. Il l’aimerait, la protégerait, et lui resterait fidèle jusqu’à la fin de ses jours.
La fièvre amoureuse s’empara en même temps de Violet que de lui. Quelle bonne idée il avait eu de louer cette chambre d’hôtel. « Allons-y », lui répondit-il dans un souffle impatient. Il rangea leurs affaires avec empressement, et remonta sur sa monture. Ils devaient d’abord laisser les chevaux, avant de prendre la voiture. Prem ayant mit le chauffeur des De Lascelle au courant de son plan, celui-ci ne manqua pas de féliciter les jeunes fiancés. Ce dernier avait même prévu une petite valise pour eux, avec des vêtements de rechange pour le lendemain. Prem, dans son énervement, n’y avait même pas songé, mais ils étaient plus que le bienvenu.
Assit aux côtés de Violet sur la banquette arrière, Prem avait pris la main de Violet, et contemplait la bague à son doigt. Il posa un baiser sur le dos de sa main, sur ses doigts, dans le creux de sa paume. « Ça me fait plaisir que tu l’aimes », murmura-t-il, le sourire aux lèvres. « J’ai eu beaucoup de mal à choisir. Oscar m’a aidé. Je lui ai demandé d’être mon témoin ». Son ami caméraman avait toujours eu un meilleur oeil que lui pour les petits détails, et en général, plus de style. En ce sens là, Prem savait qu’il pouvait presque aveuglément se fier à lui.
Arrivé à l’hôtel, Prem récupéra la valise, remercia le chauffeur, et rejoignit la réception pour prendre les clés de la suite. Située au dernier étage, la chambre avec une vue imprenable sur les environs, dont ils pourraient profiter depuis un balcon où se trouvait un spa. Le plancher de la salle de bain était chauffé, et le bain à remous était assez grand pour accueillir facilement trois personnes.
Tout cela, Prem ne le découvrit que plus tard, car une fois que la porte de la chambre fut verrouillée, le nouveau fiancé vola jusqu’à sa belle, pour reprendre là où ils s’étaient arrêtés. Il la regarda longuement, des étoiles dans les yeux, et il se pencha lentement pour l’embrasser. Ils avaient tout leur temps maintenant. Il la prit entre ses bras et l’attira doucement contre lui, les mains posées sur ses hanches. Il entrouvrit ses lèvres, sa langue frôlant et explorant la sienne dans un baiser avide. Il avait soif de son amour, d’être désiré par la femme qu’il aimait. Il voulait qu’elle soit folle de lui. Glissant ses mains de ses hanches à son dos, Prem la pressa contre lui, emporté par la passion, l’envie de toucher chaque partie de son corps. Ses joues, sa nuque, son ventre, ses seins, ses jolies jambes.
Au bout d’un moment interminable, Prem mit fin à leur baiser, haletant. « Lit ou douche? », souffla-t-il d’une voix rendue rauque par la gravité de son désir qui embrassait son bas-ventre. Il enfouit son visage dans son cou pour l’embrasser, embrasser sa clavicule, tandis que ses mains déboutonnaient le chemisier d’équitation de Violet. À chaque nouveau bouton libéré, Prem glissait ses lèvres un peu plus bas sur sa peau, qu’il découvrait lentement.
Je vis une voiture approcher. Alors, je bascula la tête sur le côté. -“ Tu as pensé à tout… ” Dire que je ne m’étais rendu compte de rien. Comment avait-il fait pour tout organiser en si peu de temps ? Je trouvais cela tellement romantique. J’aimais l’idée de surprise et de confiance. Cela me donnait envie d’organiser une nouvelle surprise pour lui aussi. Plus tard, quand nous serions rentrés à la maison. Quand nous serions à la maison… Cette phrase avait encore quelque-chose d’étonnant. Mais, pourtant, j’allais devenir Mrs Hadid. Edward ne pourrait plus jamais avoir de prétention à mon égard.
-“ Je la trouve parfaite. ” J’entrelaçais ma main avec la sienne. La réunion de nos carences de peau me plaisait tant. Je trouvais cela si beau. Dalia était si belle. Rien que de penser à ce que nous avions accompli, je sentais ma poitrine se gonfler. En croisant le regard de Prem, je me sentais chavirer par un doux bonheur. Il ne m’avait pas abandonné. Il avait accepté toutes les complications. Il voulait m’épouser. -“ Ton témoin… ” Chuchotais-je émerveillée. Oscar serait le témoin idéal. Qui serait le mien Peter ? A qui faire une telle requête ? -“ … Aziz sera d’accord ?” Nous n’avions pas la même confession. Papa serait de toute façon contre notre union. Je ne voulais pas que le père de Prem soit à nouveau fâché. -“ Je pourrais peut-être demander à Parrain ? Ou bien à Poppy ? ” Où le ferions-nous ? Certainement pas dans une église. Je n’avais plus le droit. Peut-être… comme j’aimais l’idée de notre union.
J’acceptais d’être guidée par mon amoureux. J’étais totalement à l’aveugle. J’adorais cette sensation de ne pas savoir à quoi s’attendre. L’hôtel avait l’air joli. Je fus étonnée par le luxe qui se dégageait de cet endroit. Trop étourdie par le bonheur, j’oubliais, qu’ici nous étions riches. Je ris, en sentant les bras de Prem m’encercler. Je posais mes mains sur ses joues. Puis, elles remontaient dans ses beaux cheveux noirs. -“Je t’aime. ” Comme j’étais heureuse de l’avoir rien que pour moi. Rien qu’à moi. Je partageais notre baiser. Mon ventre s’enflammait à mesure que je sentais mon envie se répercuter contre la sienne. Comme je le voulais. Je le voulais dans chaque espace de son être. Je voulais adorer son corps. Je voulais faire toutes ces choses que font les femmes qui aiment. Je n’avais plus du tout peur de la sexualité. C’était grâce à lui.
J’aimais l’idée de laver nos corps éreintés par cette belle randonnée. Peut-être cela me venait-il de la tradition des ablutions de l’école ? Je voulais être propre et sentir bon pour lui. -“dou…che. ” Lui répondais-je totalement ensorcelée par ses doux baisers. Je déboutonne tout autant sa chemise, admirant son torse, sur lequel je passais mes mains. La forme de ses épaules, la fermeté de sa peau, tout éveillait en moi des pensées… qui me faisaient rougir de plaisir. -“ Je veux… ” J’avais du mal à suivre le fil de mes pensées. Je posais un baiser sur son épaule, le long de sa gorge. -“ Je veux te toucher… ” Je passais mes mains dans son dos, laissant mon souffle se perdre sur sa peau. Un puissant désir de possession me hantait. Je savais que je ne pouvais posséder une personne. Mais cette attraction que j’avais pour lui… me rendait très irationnelle. -“ Tu es… ” L’allemand, le panjabi, l’anglais se mélangeaient dans mon esprit. Comme je n’arrivais plus à parler, je lui montrais par mes gestes. Je le déshabillais en essayant de ne pas aller trop vite. Plus je le découvrais et plus mes sens s’affolaient.
Je m'expose à sa vue moi aussi. La grossesse avait changé ma silhouette. Je n’étais pas certaine que mes hanches soient aussi jolies qu’avant. Il y avait les marques de la peau étirée. Et puis, mes seins qui étaient encore trop gros et lourds. Je l'attirait dans la cabine de douche. Une peau tiède se répandit sur nous. Je repoussais ses cheveux contre son crâne, caressant son visage, avant de l’embrasser. Je me collais contre lui, si heureuse de sentir nos peaux se retrouver. C’était la première fois que Dalia était un peu éloignée de mon esprit. Je ne voulais que son père. -“ Je veux t’aimer toute ma vie. ” Là, je l’embrassais passionnément. Ce n’était pas encore une nuit de noces, mais cela en avait la saveur.
Au bout d’un long moment, j’arrivais à prendre un minimum de recul pour trouver un pain de savon et m’occuper de laver son corps d’Appolon. J’étais bien moins sage qu’à nos débuts. Prem m’avait réconciliée avec une partie de moi. Je crois aussi, que parler avec ces indiennes l’autre jour, m’avait fait du bien. Mon corps m’appartenait. C’était mon trésor et j’en disposais selon mon désir. Oui, j’étais capable de rendre un homme heureux. Je pouvais combler le désir d’un homme. Je pouvais faire jouir un homme. Prem l’était dans nos moments intimes. -“ Tu m’as manqué. ” Nous n’avions pas été séparés. Mais, je me rendais compte maintenant que l’arrivée de Dalia nous avait coupé en deux. -“ Je veux te sentir trembler. ” Lui avouais-je sans avoir honte, cette fois, de tout ce qu’il provoque en moi. -“ Mon beau fiancé. ” J’attrapais doucement le pommeau pour nous rincer le corps. Je lui souriais, complice et pleine de désirs. Je laissais là les serviettes de bain pour l’attirer vers le lit. Il avait l’air confortable. Tant mieux, car j’avais très envie de savourer les heures à venir.
Doucement, je le poussais contre le lit, je l’invitais même à y choir ensemble. -“ J’ai fini de lire le livre. ” Lui avouais-je avant d’aller cueillir ses gouttes d’eau sur sa peau. Je prenais mon temps, tout mon temps, pendant que ma peau se réchauffait, tant j’étais inspirée par son bel amant.
