La proposition du fruit arracha un sourire au magistrat. « Non, merci, je n’ai besoin de rien. » Si, mais Léandre savait très bien qu’il ne trouverait pas ce dont il avait besoin ici. Le juge n’était pas fermé sur lui-même, malgré tout. « Je sais. » Et ce n’était pas ce qu’il lui demandait non plus. Léandre avait besoin d’une aide professionnelle. Chose qu’il avait déjà depuis une longue période, mais le procès avait tout réveillé de façon brutale. Tyler n’était pas au plus bas, il avait déjà touché le fonds, mais il n’était ici que l’ombre du jeune loup qui cherchait à poser ses crocs sur le palais. Une fois le procès passé, le juge aurait tout l’avenir devant lui et le monde à dévorer.

Si Léandre ne voulait pas partager ce traumatisme, il aurait juste souhaité un peu plus de tendresse de la part de l’avocate. Pour le reste, Tyler ne voulait surtout pas créer une quelque sorte de gestion de l’avocate pour lui. Le magistrat resterait indépendant sur tous les points. Il n’y aurait rien de sain à partager cette histoire. Puis Léandre percevait bien que Jessica réprimait sa propre force de caractère pour ne pas l’abimer, lui. Elle faisait des efforts, tout comme il en avait durant la nuit. Chose dont elle ne s’était même pas rendu compte… mais dans l’état où elle avait été, ce n’était pas étonnant.

Le magistrat s’était habillé et avait désormais les deux mains posées sagement sur la tasse. Léandre cherchait du réconfort dans la température de la céramique. La tristesse dégoulinait de ses os pour se transmettre dans sa chair. Tyler était très fatigué, triste et angoissé. Le cocktail d’émotion avait le mérite d’être habituel et donc tout à fait maitrisable. Léandre demanda « Tu sais dans combien de temps le taxi que tu as appelé va arriver ? » De quoi reprendre quelques repères. C’était ce dont il avait aussi besoin. Tout à fait conscient de l’état de sa partenaire, il demanda « Tu as quelqu’un qui puisse venir maintenant ? » Jessica Keenan n’était pas le genre de personne acceptant la frustration. Elle avait bien raison. Reprenant un peu d’assurance, Léandre demanda, malicieux. « Tu veux des contacts ? ». Cela l’amusait. Ils n’avaient pas le même appétit sexuel, mais peut-être qu’il pourrait réussir à la surprendre.