La fin de soirée se déroulait comme à l’ordinaire entre les murs de l’Hôtel Particulier. Le bar du rez-de-chaussé était encore plein de truands dressés sur leur trente-et-un. Un magnifique piano, trônait dans la salle, pour escorter la voix mélodieuse d’une chanteuse de jazz. Le Directeur, s'apprêtait à descendre écouter la fin du concert, quand son homme de main apparu sur le seuil du bureau. Le grand roux patientait une seconde, pendant que Mr Eirik replaça sa cravate de soie avec minutie.

Le Norvégien posait ensuite un regard gris sur son second. Il tirait ensuite sur la manche droite de sa veste, en l’interrogeant :
« Qu’y a-t-il [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] ? »

Walsh traversait la pièce pour tendre un document à Eliott. Celui-ci le parcourut des yeux. Au fur et à mesure de la lecture ses traits se fermaient. Il avait le visage impénétrable. La journée n’était donc pas tout à fait terminée, enfin de compte. Le vieil homme rendit son bien à l’Irlandais. Il rebroussait chemin pour retourner devant son bureau et attraper une tablette.

Un protocole de gestion était déjà en cours d’exécution. Un Nettoyeur était déjà en route pour le Rosewood. Le Directeur se chargeait de la partie diplomatique:
« Prévenez Goh. »

Une heure plus tard le Concierge de l'Établissement prévenait de l’arrivée de Mr Feuerwald. Il raccrocha le combiné d’un geste calme. Il inclina ensuite respectueusement la tête pour confirmer que tout était en ordre. Cet homme était bien attendu dans les hauteurs. Le regard du Concierge se portait dans le dos de l’Allemand. Il souriait ensuite poliment au visiteur avant de le laisser entre bonnes mains.

« Herr Feuerwald, bonsoir. Par ici je vous prie. » Hector montrait la direction de l’aile ouest, où il le conduisait d’un pas paisible. Il poussait une porte coupe-feu pour les faire pénétrer dans une partie interne de la bâtisse. C’était un espace isolé, on entendait cependant une activité humaine constante, au travers des murs. Ils se rendaient aux Cuisines de l’Hôtel. « Le Directeur est déjà sur place. » Ils continuaient ainsi pendant encore trois couloirs.

Puis, derrière une double porte battante s’ouvrait l’espace de préparation. Il y avait une ambiance chaotique, frénétique même. On voyait qu’il y avait eu une confrontation. Le désordre et la destruction étaient encore visibles. Mais une équipe essayait de mettre un peu d’ordre chez l’équipe des cuisines. Eliott Eirik se trouvait au milieu de tout cela, calme et élégant. Il se tournait vers les deux hommes. Il portait un trois pièces sur mesure, des mocassins vernis, une montre de valeur. Pour autant, il y avait chez lui quelque-chose de l'ordre de la modestie et de l'accessibilité.

Il proposait une poignée de main solide à leur employé. Les rides et l’âge n'altérant pas l’énergie autoritaire de cet homme. Il était le Roi ici. Chacun et chacune attendait après ses ordres:
« Tybalt. Bonsoir. Venez voir. »

Il allait directement vers l’une des chambres-froide. Il ouvrait lui-même les grandes portes. Une fois la dépressurisation terminée il entrait dans le froide. Quatre cadavres étaient étendus contre le sol. Ils n’avaient pas de blessures apparentes. Ils avaient l’air endormis. C'était une situation très inhabituelle. Raison pour laquelle ils venaient de faire appel à quelqu'un de neutre pour s'occuper de l'affaire.

Eliott se décalait pour laisser le champ libre au professionnel. Il se tut pendant un instant le temps que celui-ci prenne la situation en compte:
« Du Cyanure sans doute. Les cuisiniers ont pensé judicieux de les déplacer ici. Nous en avons avant trois autres dans la salle de découpe. Mes hommes vont vous aider. »